" Médiacteur" du développement local

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" Médiacteur" du développement local
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THÉMATIQUES ET TERRITOIRES
FORMATION ANIMATEURS ET ACTEURS DE LA CITE
" Médiacteur" du
développement local
Dans une enquête menée par l’Inirep auprès des employeurs de HauteNormandie, 70% des structures interrogées exprimaient le besoin, dans les
3 années à venir, d’animateurs de développement local. Leur rôle : prendre le
relais des politiques définies par les élus pour monter sur le terrain des
micro-projets, avec la participation des habitants.
léo
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E
n milieu rural, on pratiquait depuis longtemps le développement local, impliquant des rencontres entre décideurs et
populations et des synergies autour de
projets culturels ou sociaux. On a ainsi
appris à identifier les besoins ou les ressources
pour des publics variés, pour des bassins de vie
ou d’emploi et à monter des actions transversales,
partenariales. Parmi les travailleurs sociaux, ce
sont les animateurs qui ont acquis ces compétences. Et c’est ainsi qu’ils se retrouvent aujourd’hui en première ligne.
Chez Léo Lagrange, ces compétences enrichies,
complétées par un volet de culture du développement, structurées, sont proposées comme formation.
C’est le cas du Beatep " Animateur technicien
avec option développement local " , proposé par
l’Inirep en Normandie, transformé d’ailleurs cette
année en BPJEPS. C’est le cas de la formation
" Agent de développement de territoire " proposée par Cité-Club en Rhône-Alpes, en partenariat
avec l’Université de Lyon.
Car la loi d’orientation pour l’aménagement
durable du territoire de 1999, avec l’émergence
de nouveaux pays, de groupements de communautés de communes, leurs Conseils de développement et leurs Chartes de développement local,
entre aujourd’hui dans une nouvelle phase. Les
regroupements constitués, les " pays " nouvellement nés deviennent maîtres d’ouvrage de projets
qui doivent fédérer les habitants et faire de chacun
un acteur du développement de ce territoire. Le
métier d’animateur ne change pas mais l’environnement et les attentes changent.
L'animateur repère le besoin d'animation
Le Beatep transformé en BPJEPS
En Normandie, le BPJEPS remplacera cette année le Beatep, comme J&S l’a décidé. Il a fallu reprendre tous les contenus pour les réorganiser. L’architecture est modifiée pour faire apparaître des Unités capitalisables (UC) compatibles avec des parcours individuels et la valorisation des acquis de l’expérience (VAE). En principe, les stagiaires devraient pouvoir choisir telle ou telle Unité, ce qui suppose de planifier
toutes les séquences sur l’année. En fait, tout le monde suit toute la formation, mais on a perdu en souplesse.
Autre modification, le temps de stage pratique est augmenté, avec alternance pendant 7 mois de 15 jours de formation et 15 jours
de stage. On demande au tuteur de devenir formateur en entreprise, avec un carnet de liaison, des grilles d’évaluation et un véritable investissement dans la formation de son stagiaire. Ce qui va nécessiter une formation des tuteurs.
rubrique léo+
Programme de la formation Agent de Développement de
territoire, Cité-Club
Programme de l’UC 10 du BPJEPS, Inirep
Référentiel de compétences des métiers du développement
social urbain,Délégation interministérielle
Dossier Espace ressources, avec notamment :
Sélection d’articles des cahiers de l’Education permanente
Sélection d’articles de la Gazette des communes
Cahiers du Centre de ressources Développement Social Urbain
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Les directeurs
de projet traduisent
les attentes des élus,
les agents de développement local expriment davantage celles
de la population. ”
Créer du lien social
Un véritable partenariat avec l’Université
Quand Cité-Club a mis en place la formation " Agent de développement de territoire " les formateurs se sont rapprochés d’universitaires pour couvrir le volet plus théorique d’analyse stratégique et de culture du développement. Ce partenariat a ensuite
été institutionnalisé avec l’appui de Jacques Bonniel, doyen de l’Université Lyon 2, et la formation, d’un niveau 3, est validable
dans le cadre de la licence de sociologie. Cette formation qui se déroule en alternance avec un stage pratique, marque une
reconnaissance des compétences capitalisées par Léo Lagrange sur le terrain. Elle enrichit le réseau de formateurs de Cité-Club
des compétences d’universitaires.
Les liens
www.injep.fr Institut national de la Jeunesse et de l’Education populaire. Ministère de la Jeunesse, des sports et de la vie associative
www.adels.org Association pour la démocratie et l’éducation sociale et locale
www.unadel.asso.fr Union nationale des acteurs et des structures
de développement local
www.professionbanlieue.org et www.crdsu.org centres de
ressources sur le développement local urbain en Seine Saint-Denis,
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acteurs et opérateurs : quelle population, où la trouver, avec quelles techniques, enquête, analyse… Et
enfin une méthodologie pour monter des projets.
L’animateur de niveau IV fait remonter les projets du
terrain aux élus via les animateurs concepteurs de
niveau II ou III. Il n’a pas besoin de connaître en
détail les lois ou les stratégies, mais dans son rôle
d’intermédiaire il doit comprendre le fonctionnement des institutions. " Même sur les élections, sur
la vie démocratique, souvent ils ne savent rien. "
Christine Schwebel, formatrice à l’Inirep, insiste
avec passion dans cette formation, sur l’importance
du tissu associatif dans le développement local,
reconnue d’ailleurs par la loi qui a créé les Conseils
de développement. " C’est à l’animateur de repérer
les associations, de faire comprendre aux élus leur
rôle dans la participation démocratique et leur
importance économique, car la population s’investit
là dans son territoire. Les jeunes n’ont pas conscience d’être dans une association, même s’ils font partie d’un club de foot. Ils viennent consommer. Mais
c’est là que l’animateur peut les toucher. S’il n’a pas
cette conscience, il ne va pas le faire. " Et joignant
la pratique à la théorie, les stagiaires ont monté en
2003 une association d’entraide " Loisir des stagiaires de l’Inirep " qui existe toujours : la nouvelle
promotion s’apprête à prendre le relais.
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C’est ce que les stagiaires s’efforcent de faire, dès
leur stage pratique. Dans le pays de Bray, par
exemple, un stagiaire a investi des jeunes rencontrés sous l’abri-bus dans le montage de manifestations culturelles - marchés nocturnes, fête de la
musique, fête du vélo, avec un véritable consensus
entre jeunes et adultes.
Dans le BPJEPS, les formations de base aux techniques d’animation sont complétées par une Unité
Capitalisable (UC) " Etre capable de monter et de
promouvoir des projets d’animation socioculturelle
en partenariat avec les divers acteurs du développement local. " Cette UC comprend une partie plus
théorique sur les politiques d’aménagement du territoire, les stratégies économiques et sociales, et une
autre partie sur la connaissance du territoire, des
Bénédicte Madelin
directrice du centre de ressources
Profession banlieue.
léo
" A l’animateur qui travaillait pour une commune on
demandait de valoriser les équipements ou d’organiser une certaine " paix sociale ". Pour cela, il rendait les jeunes acteurs du projet " explique Gil
Vallée, responsable de la formation à l’Inirep.
"Dans le nouveau dispositif, il s’agit d’impliquer la
population d’un ensemble de communes dans le
développement et la valorisation du territoire et c’est
le lien social qui devient le plus important. Les pays
ont des ressources, des valeurs, un potentiel existant. L’animateur doit savoir le faire émerger et monter des projets en faisant participer la population. Il
a un rôle d’intermédiaire entre le Conseil de développement ou les concepteurs du projet global et la
population avec qui il monte des micro-projets. " A
la clé, l’identité du bassin de vie, sa capacité d’attraction pour la population et son développement.