La femme, le serpent et le dragon - Paroisse Saint-Symphorien

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La femme, le serpent et le dragon - Paroisse Saint-Symphorien
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La femme, le serpent et le dragon (I)
Symboles de la Bible 1
lundi 17 août 2009, par Père Alain Dumont
Quel est donc ce « dragon » dont nous parle l’Apocalypse ? Curieux récits dont on se demande
parfois s’ils ne seraient pas mieux classés parmi les contes de Grimm, ou les Nouvelles d’Edgar
Po… Et pourtant non ! Il suffit de connaître les symboles bibliques pour entendre ce que ce
texte exprime, ce que cette Parole a à nous dire.
La femme, le serpent et le dragon (II)
De Genèse 3 à Apocalypse 11, à l’occasion de la fête de l’Assomption 2009
LE SERPENT, SYMBOLE DE LA SAGESSE DES NATIONS
Pour comprendre un adulte, il faut toujours se rappeler quelle a été son enfance. Même chose pour le
dragon. Un jour, le dragon a été… un serpent.
Le serpent, dans le Moyen-Orient du 1er millénaire avant Jésus-Christ, est le
symbole de la sagesse. Parce que le serpent a droit de vie et de mort : il accorde la vie ou condamne à
mort qui il veut. L’uræus, le cobra femelle dressé et prêt à l’attaque que porte le Pharaon égyptien sur sa
couronne, en est le meilleur exemple : le roi d’Égypte est le maître de sagesse de son peuple et exerce le
droit de vie ou de mort. Considéré aussi comme l’œil de Râ, il représente la déesse Ouadjet qui protège le
roi et symbolise l’inondation nécessaire à la vie. L’uræus a donc une double fonction : destructrice et
protectrice.
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Une lutte de pouvoir autour de la connaissance du Bien et du Mal
Cette sagesse symbolisée par le serpent, la Bible la nomme : « Sagesse des nations » ou « Sagesse du
monde » , par opposition à la « Sagesse de Dieu ».
Toutes deux se combattent sur le sujet de la connaissance du Bien et du Mal, c’est-à-dire, ultimement,
sur le droit de vie ou de mort. Cette lutte est celle du pouvoir. Tel le serpent de la coiffe de Pharaon, «
Connaître le bien et le mal », c’est être « comme des dieux » afin de s’octroyer le droit de vie ou de
mort sur toute chose.
C’est autour de cette question absolue que se joue tout combat de pouvoir ! Entre le serpent et Dieu,
une lutte s’engage.
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Le péché : se laisser séduire par la Sagesse des nations
Ce que la Bible nomme péché n’est autre que l’acte par lequel l’homme, séduit par la Sagesse des
nations, s’émancipe du commandement de Dieu (cf. 1Co 1,18-29).
Le péché, c’est donc le refus qu’un autre impose des normes “morales”, dirait-on aujourd’hui, c’est--dire qu’il y ait un Bien et un Mal objectifs auxquels nos actes doivent rendre des comptes. Ceci est
insupportable à la Sagesse des nations.
Dans le fond, le péché procède d’une mesquinerie incroyable !
Il met la main sur une vie qu’il ne sait qu’extorquer à travers la menace d’une mise à mort. Le péché ne
sait pas donner la vie. L’homme ne sait pas donner la vie ; au mieux, il la transmet. Seul Dieu est
capable de donner et de soutenir la vie. Mais le cœur du péché consiste à oublier ce préliminaire pour
se mentir à soi-même et se croire le maître de la vie. Ce que Dante appelle : la « Divine Comédie ».
Il ne s’agit pas uniquement d’une querelle de “religions”. Revendiquant le pouvoir de vie et de mort, le
péché est meurtrier à travers la tentative de justifier ce pouvoir face à qui s’oppose à lui : l’autre, ou Dieu.
C’est ce qu’exprime saint Paul lorsqu’il écrit : « Par un seul homme, Adam, le péché est entré dans le
monde, et par le péché est venue la mort ; et ainsi, la mort est passée en tous les hommes, du fait que tous
ont péché. » (Rm 5,12). Le serpent est donc loin d’être neutre… Saint Jean dit même qu’il fut homicide dès
le commencement (cf. Jn 8,44).
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Une problématique très contemporaine
Ne croyons pas que la question soit obsolète !
Aujourd’hui, le même combat se joue à travers ce qu’on appelle l’« éthique de situation ». La pensée
unique dit : « Il n’y a pas de morale fixe ; il n’y a pas de vérité en soi ; il n’y a que des situations qui, au
moment où elles se présentent, me dictent ce qui est bien et ce qui est mal. Selon les époques, selon les
circonstances, la vérité n’est pas toujours la même pour tous, et donc le bien et le mal peuvent changer. »
Dès lors, la mentalité contragestive, la légalisation de l’avortement, la revendication de l’euthanasie… tout
cela constitue ce que Jean-Paul II appelait la « culture de mort » que l’humanisme gnostique résume ainsi
: « L’homme est seul à décider ce qui est Bien et ce qui est Mal. Tel est son pouvoir et sa dignité. Il est
dieu à la place de Dieu. »
C’est ce que la Révolution française a tenté d’imposer à travers le Culte de la Raison.
La femme, le serpent et le dragon (II)