Années 1618-1623 - Pagesperso
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Années 1618-1623 - Pagesperso
CORRESPONDANCE DE MONSIEUR D’IRAY INTENDANT DES LA TREMOILLE Années 1618 - 1623 présentée et annotée par Jean Luc Tulot -=- Jean Rogier, sieur d’Iray, entra au printemps 1617 au service de Henri de La Trémoille comme premier secrétaire, dix ans plus tard celui-ci le choisit pour être l’intendant général de ses terres. Sa correspondance conservée aux cotes 1 AP 357, 358 et 361 des Archives nationales de France est une source de premier ordre pour connaître la vie quotidienne des La Trémoille pendant les années 1618 à 1635. Le 19 novembre 2006, j’ai entrepris la transcription de sa correspondance et l’ai achevée le 15 août 2007. Jean Rogier, sieur d’Iray Jean Rogier appartenait à une famille bourgeoise de Poitiers qui fut anoblie par l’exercice de charges municipales1. Jean Rogier, le chef de cette famille, était au milieu du XVIe siècle conseiller du Roi au présidial de Poitiers. Son fils aîné, Aymon, fut conseiller au Parlement de Paris. Son second fils, Louis Rogier, sieur d’Iray2, père de notre Jean Rogier, fut conseiller au présidial de Poitiers dans le dernier quart du XVIe siècle. Son troisième fils, prénommé Jean, devint en 1568 avocat générale au parlement de Bretagne puis en 1574 président à mortier à ce même parlement et mourut le 7 février 1603 à Rennes3. C’est dans une lettre d’André Rivet à Henri de La Trémoille datée du 28 avril 1617 que nous trouvons mentions de l’entrée en service de Jean Rogier auprès de celui-ci : « Le Sr. d’Iray partira dimanche matin, avec M. de La Mazure, pour aller prendre vos commandemens ». Dans sa lettre du 30 du même mois Rivet ajoute : « Monsieur d’Iray vous va trouver. Je suis asseuré qu’il vous servira fidèlement. J’espère qu’il le fera dignement et vous luy sçaurez donner dès l’entrée les commandements qui luy seront nécessaire »4. La première lettre de Jean Rogier conservée dans le fonds La Trémoille est datée du 28 juillet 1618 de Thouars et est adressée à Charlotte-Brabantine de Nassau. Suivant la ligne politique pacifiste définie par la duchesse douairière de La Trémoille, Jean Rogier concourut à retenir Henri de La Trémoille de s’engager au mois de mai 1621 avec Henri et Benjamin de Rohan dans la rébellion contre le Roi. En 1627, Henri de La Trémoille le chargea de l’intendance générale de ses terres. En 1629, Louis XIII lui envoya des lettres de jussion à la Cour des aides par lesquelles il enjoignait à cette cour de lui faire jouir des privilèges de noblesse et en 1635 lui accorda des lettres de noblesses. La dernière lettre de Jean Rogier conservée dans le Fonds La Trémoille est datée de Thouars du 21 août 1635. Il souffrait depuis longtemps de la goutte et il est probable que cette maladie hâta sa fin. La date exacte de son décès n’est pas connue dans l’état actuel de notre recherche. L’on sait 1 H. BAUCHET-FILLEAU, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, 1ère édition, 1840-1854, 2 vol, tome II, p. 633 (fichier 20 082) et Frères HAAG, La France protestante, Slatkine reprints de l’édition originale de 18461859, Genève, 1966, 10 vol, tome VIII, p. 469. 2 Irais est une petite commune à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Thouars. 3 Frédéric SAULNIER, Le Parlement de Bretagne 1554-1790, Réimpression de l’édition originale de 1909 augmentée, Imprimerie de la Manutention, Mayenne, 1991, 2 vol, tome II, p. 766. 4 Archives nationales, 1 AP 353/150 et 151. 1 seulement qu’il était mort en 1638. Sa femme, Jeanne David, est déclarée veuve lorsqu’elle présenta le 13 mai de cette année un chapelain pour la chapelle de Saint-Jean de Thiors5. Des quatre enfants de Jean Rogier ayant atteint l’âge adulte, sa fille, Marie, épousa en premières noces par contrat passé le 20 février 1649 à Thouars Gabriel de Marconnay, chevalier, seigneur dudit lieu et en seconde noces à une date non connue Charles du Bellay, sieur d’Anché 6. Louis son fils aîné, écuyer, seigneur d'Iray et de Thiors, servit dans les armées du Roi. Il épousa le 17 août 1655 Gasparde Lambert, fille de Paul Lambert, chevalier de l’ordre du Roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, capitaine de 50 hommes d’armes de ses ordonnances. Son second fils HenriCharles, écuyer, sieur de Rothemond, épousa dans les années 1650 Elisabeth Tessier. Son plus jeune fils, Jean, épousa le 24 septembre 1658 Eléonore du Bellay, fille de Zacharie du Bellay, sieur du Plessis-Bellay et de Jeanne Herbert qui lui apporta les terres de Belleville et du Grand Lusigny dont il prit le nom. Les trois fils de Jean Rogier furent maintenus dans leur noblesse le 25 février 1666 par l’intendant Barentin. Source essentielle pour l’histoire des La Trémoille La correspondance de Jean Rogier parvenue à nous est constituée essentiellement par les lettres qu’il adressa à Henri de La Trémoille, Charlotte-Brabantine de Nassau, Marie de La Tour d’Auvergne et à Jean du Monceau, sieur de Champdor, qui fut successivement le secrétaire des deux duchesses et à Jacques de Rozemont, chargé d’affaire des La Trémoille à Paris. Nous ne possédons pas de lettres adressées aux autres agents des La Trémoille, pas même celles à son neveu Daniel Guérineau. En dépit de cette lacune, cette correspondance est une source essentielle pour l’histoire des La Trémoille couvrant les années 1618 à 1635, comblant notamment les vides dans les correspondances adressées à Charlotte-Brabantine de Nassau pendant les années 1626 et 1629 à la suite des séjours de celle-ci aux Provinces-Unies et en Angleterre en 1626 et à Paris en 1629. L’un des intérêts principaux de la correspondance de Jean Rogier, sieur d’Iray, est de lever le voile sur les relations entre Henri de La Trémoille et son proche voisin le cardinal de Richelieu après avoir abjuré entre les mains de celui-ci le 18 juillet 1628 devant La Rochelle 7. Elle nous révèle les détails de la vente de la baronnie de l’Ile-Bouchard au Cardinal, les propositions de services que celui-ci lui offrit. Elles nous font découvrir, les hésitations d’Henri de La Trémoille entre le choix de la charge de la lieutenance générale de Bretagne avec Blavet, de celle de colonel de la cavalerie légère et de celle de gouverneur du Poitou8, son refus de vendre le comté de Taillebourg. Elle nous apprend même que les La Trémoille envisagèrent de s’allier au Cardinal de Richelieu par le mariage du prince de Talmont avec une de ses petites nièces. Cette correspondance met également en évidence la part prépondérante que les deux duchesses de La Trémoille jouèrent dans l’administration de leur Maison. Henri de La Trémoille, il faut l’avouer était un brave homme, mais à la fois indécis et impulsif, il fallait savoir lui faire entendre raison pour le mieux de ses intérêts, ce que surent faire sa mère Charlotte-Brabantine de Nassau et son épouse Marie de La Tour d’Auvergne. L’homme privé 5 H. BEAUCHET-FILLEAU, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, 2e édition, 1888-1979, 7 volumes, tome III, p. 89. 6 Marie Rogier donna à Gabriel de Marconnay quatre enfants. Il était décédé en 1659. Marie Rogier fut maintenue en sa noblesse le 11 août 1670 comme tutrice de ses enfants. Elle partit avec son second époux à Berlin dans le courant des années 1670. 7 Répondant ainsi à l’interrogation posée par James B. COLLINS, Classes, Estates and Orders in Early Modern Brittany, Cambridge University Press, 1994, p. 192 et dans l’édition française de cet ouvrage : La Bretagne dans l’Etat royal. Classes sociales, Etats provinciaux et ordre public de l’Edit d’Union à la Révolte des bonnets rouges, Presses Universitaires de Rennes, 2006, p. 214. 8 Cf. Lettre de Jean Rogier du 9 décembre 1629 à Marie de La Tour d’Auvergne. 2 L’on ne sait rien de l’enfance de Jean Rogier. Le fait qu’il cite Homère dans sa lettre du 31 octobre 1623, la qualité de son Français et la clarté de son style font présumer qu’il reçut une solide éducation classique, probablement à l’Université de Poitiers. Comme tous les hommes de son temps il avait lu l’Astré d’Honoré d’Urfé comme le révèle la mention dans ses lettres du 12 et 14 juin de 1621 de Clidaman, le fils de la reine du Forez. Jean Rogier ne donne guère d’indications sur sa famille. C’est seulement dans sa lettre du 30 juillet 1620 à M. de Champdor qu’il fait état pour la première fois de sa femme, Jeanne David. Elle lui donna cinq enfants : trois garçons : Louis, Henri-Charles, Jean et deux filles : Charlotte et Marie. Dans ses lettres du 30 décembre 1627 et du 3 mai 1633, il fait état de la naissance de deux garçons que l’on peut présumer être Henri-Charles et Jean. Nous ne saurons davantage sur celle qui avait la charge des affaires domestiques de sa maison pendant ses longues absences 9. En 1624, au détour d’une lettre, il nous apprend que Daniel Guérineau que Marie de La Tour d’Auvergne avait choisi pour être son secrétaire, était son neveu. L’expression d’une solidarité verticale Pour sauvegarder et accroître les biens qu’ils avaient hérités de leur aïeux et qui faisaient la grandeur de leur Maison, en une période de difficulté économique10, les La Trémoille devaient être d’habiles gestionnaires11. Il leur fallait passer de nouveaux baux avec les exploitants, veiller à l’entretien de leurs forêts, faire réparer au besoin les fermes, veiller à la rentré des droits seigneuriaux. Pour cela ils devaient s’entourer d’agents de qualité comme Jean Rogier, ayant des connaissances juridiques, comptables et l’expérience de la nature humaine. Jean Rogier, comme un siècle plus tard ses successeurs12, avait les intérêts des La Trémoille particulièrement à cœur, s’efforçant de conserver les domaines et d’empêcher leur aliénation, étant parfois plus soucieux des intérêts personnels du duc que le duc lui même. Il en tirait certes des profits pour lui et sa famille, mais peu à peu en était venu à s’identifier à la Maison de La Trémoille, se considérant au fond comme un de ses fils adoptifs13. Une correspondance pratique Les motifs premiers de la correspondance de Jean Rogier résultent de la nécessité pour les La Trémoille de gérer leurs propriétés et de garder la direction économique de leur domaine, cette correspondance permettant de surmonter l’absence de don d’ubiquité propre à la condition humaine 14. Les ouvrages sur l’épistolaire donnent l’impression que pour les écrivants au XVIIe siècle écrire était synonyme de plaisir, de loisirs, de conversation amicale, de badinage. Loin de cette vision réductrice, écrire pour Jean Rogier était une obligation inhérente à sa fonction de secrétaire et conseiller des La Trémoille, comme le souligne Jack Goody savoir lire et écrire est une des conditions 9 Madeleine Foisil fait la même constatation s’agissant les livres de raison : « Les notations qui sont consacrées à la présence et à la vie de l’épouse sont là, mais toujours courtes et élémentaires, la révélant à peine : on ne sait rien de son apparence, de la bonne entente avec elle, des conflits, de son comportement maternel. Mention est faite des naissances […] et qui parfois deviennent un drame où se marque le frémissement de l’attachement et de l’affection ». Madeleine FOISIL, « L’écriture du for privé » in Philippe ARIES et Georges DUBY, Histoire de la vie privée. 3. De la Renaissance aux Lumières, Coll. PointsHistoire, Editions du Seuil, 1999, p. 336-337. 10 Sur la conjoncture économique du XVIIe siècle Cf. le bilan nuancé de Françoise BAYARD et Philippe GUIGNET, L’Economie française aux XVIe – XVIIe – XVIIIe siècles, Coll. Synthèse Σ Histoire, Ophrys, 1994, p. 107-130. 11 Sur ce sujet Cf. Laurent BOURQUIN, La noblesse dans la France moderne (XVIe-XVIIIe siècles), Editions Belin, Paris, 2002, p. 155 et suivantes et William A. WEARY, “ The House of La Trémoille, fifteenth through eighteen centuries : Change and adaptation in a French noble family ”, Journal of modern history, N°49, mars 1977 (On demand supplement). 12 Jean-François LABOURDETTE, “ L’administration d’une grande terre au XVIIIe siècle: le comté de Laval ”, Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, Nouvelle série, N° 46 (248), Octobre-décembre 1977, p.-54-169. 13 Sur ce point Cf. Yves DURAND, Vivre au Pays au XVIIe siècle, Coll. Histoires, Presses Universitaires de France, Paris, 1984, p. 166-168 et Les solidarités dans les sociétés humaines, Coll. L’Historien, P.U.F., 1987, p. 124-130. 14 Bernard LAHIRE, L’homme pluriel. Les ressorts de l’action, Réimpression de la 1ère édition de 1998, Edition Armand Colin, 2005, p. 156-157. 3 pour participer pleinement au système politique du Monde moderne15. Dans ses lettres, il leur expose les mesures qu’il a prise pour la gestion de leurs biens, il narre les rencontres auxquelles il a participé, donne son avis sur telle ou telle affaire, fait des propositions. Comme il se doit son « je » est omniprésent, s’agissant pour lui de convaincre le duc et les duchesses de la valeur et de la pertinence de ses actes. Ses lettres se présentent en apparence souvent comme des séries de réponses et de propositions sans transition. Mais à leur lecture, l’on constate que Jean Rogier dans ses lettres répondait point par point aux questions que lui posaient les La Trémoille dans les lettres rédigées par un de ses collègues à son intention, ces lettres par ailleurs répondaient pour leur part de même à ses demandes d’instruction. Certaines lettres fort longues, lui ayant pris de longues heures à rédiger, comportent des retours à des sujets précédemment traités quelques paragraphes plus haut à la suite de la venue d’une information au cours de la rédaction de la lettre. Les additifs sont réguliers, portés au dernier moment avant de la remise de la lettre au messager, dans l’espace libre laissé au dessus de la signature ou en marge. Les lettres de Jean Rogier relèvent du genre des lettres d’affaires certes, mais elle ne correspondent toutefois pas au degré zéro de l’art d’écrire stigmatisé par Roger Duchêne dans son essai sur l’écriture personnelle au XVIIe siècle16. Comme le souligne Gustave Lanson il faut dans les lettres d’affaires de la précision et de la concision17, qualités qui requièrent en fait une grande pratique de l’écrit et dont fait preuve Jean Rogier dans son exposition des faits, qu’il sait rendre avec un sens réel du récit de façon vivante et imagée. Par les traditions familiales, par l’enseignement reçu au collège, par la consultation probable de secrétaires Jean Rogier étaient au courant des normes épistolaires. Dans la plus part de ses lettres, il satisfait aux conventions sociales, en consacrant un développement à l’attachement qu’il éprouve au service du duc et des deux duchesses et de leur Maison. L’on trouve aussi dans ses lettres des thèmes caractéristiques de la lettre familière. Dans ses lettres, il s’inquiète régulièrement de la santé de la duchesse douairière de La Trémoille et dit qu’il prie pour sa conservation. Voulant lui plaire, il lui donne des nouvelles de ses enfants et de ses petits enfants. Dans ses lettres à son collègue et ami Jean Dumonceau, sieur de Champdor, Jean Rogier ne manifeste pas la même distance dont il fait preuve à l’encontre des La Trémoille. Si les affaires de la Maison de La Trémoille occupent une grande place dans ses lettres, il fait preuve d’une plus grande spontanéité et est plus libre dans ses propos, y exprimant sans détour son amitié et des sentiments intimes. L’on notera toutefois que dans l’interpellation il utilise toujours le terme Monsieur, et n’emploie pas les formules plus chaleureuse de « Monsieur, mon très cher amy » ou de « Mon très cher amy » dont use Champdor dans ses lettres à Rozemont et Guérineau. Une écriture du moi Etre le premier secrétaire du duc de La Trémoille puis son intendant n’était pas sans risque ses qualités devaient être reconnues, il devait se faire apprécier et surtout ne point déplaire, en bref il devait toujours chercher à se montrer le meilleur. « J’ay tasché, Madame, de vous y rendre, comme comme je feray toute ma vie, les services très humbles que je doibs » écrit-il à Marie de La Tour d’Auvergne dans sa lettre du 23 avril 1625. Se trouvant par sa fonction toujours plus ou moins en position d’accusé, comme le souligne Georges Gusdorf, Jean Rogier est lui-même la mesure et le critère de ce qu’il écrit, à la fois le meneur du jeu, arbitre du jeu et enjeu du jeu18. 15 Jack GOODY, Pouvoirs et savoirs de l’Ecrit, La Dispute, Paris, 2007, p. 217. 16 Roger DUCHÊNE, Comme une lettre à la poste. Les progrès de l’écriture personnelle sous Louis XIV, Librairie Arthème Fayard, Paris, 2006, p. 141. 17 Gustave LANSON, Introduction au Choix de lettres du XVIIe siècle, Librairie Hachette, Paris, 9e édition, 1909, p. I. 18 Georges GUSDORF, Les écritures du moi, Editions Odile Jacob, Paris, 1991, p. 127. 4 L’omniprésence de la maladie Etre le meilleur n’était pas évident, à cela s’ajoutait dans ce monde dont nous avons perdu le souvenir que le moindre maux aujourd’hui guéri en quelques jours en ce temps vous clouait au lit pendant de longues périodes faute de remèdes efficaces19. A intervalle régulier, Jean Rogier doit interrompre son activité pendant plusieurs semaines, touché notamment par la goutte cette maladie de pléthore. A cela s’ajoute les maladies épidémiques, pestes, dysenteries,…. dont Jean Rogier se fait l’écho dans ses lettres, maladie dont les déplacements des troupes favorisaient la dispersions et qui envoyaient en quelques mois au cimetière le 1/10e des habitants d’une paroisse et parfois plus. Ces crises démographiques qui furent la cause principale de la chute de la population protestante majoritairement urbaine qui ne disposait pas comme la population catholique du réservoir démographique des campagnes20. Fait qui montre la pertinence de l’opposition à la guerre de la duchesse douairière de La Trémoille, Charlotte-Brabantine de Nassau. * Pour faciliter la compréhension des lettres de Jean Rogier, j’ai mis les accents et une ponctuation et développé les abréviations. Je les ai également organisées, dans la mesure du possible, en paragraphes. Les passages que je n’ai pu encore déchiffrer sont identifiés par >>> >>>. * 1618 Le 20 février, le prince d’Orange, Philippe-Guillaume de Nassau, décéda à Bruxelles. Son frère cadet, Maurice, le stadhouder, hérita alors du titre et devint le chef incontesté de la maison de Nassau. Dans le royaume, les faveurs dont bénéficiaient Luynes et sa famille suscitaient le mécontentement de certains grands qui se rapprochèrent de la Reine-mère toujours en exil à Blois. Charlotte-Brabantine de Nassau vint à Paris à la fin du mois de février. Au mois de mars, elle eut une forte fièvre qui la laissa longtemps affaiblie. Au mois de juillet, elle alla voir le duc et le duchesse de Bouillon à Sedan puis au mois d’août elle se rendit à La Haye où l’appelait la succession de son frère aîné le prince d’Orange, Philippe-Guillaume. A cette occasion elle emmena avec elle son fils cadet Frédéric qui faisait ses études à Sedan. Pendant ce temps les avocats des La Trémoille discutaient avec les avocats des Bouillon les clauses du contrat de mariage d’Henri de La Trémoille avec sa cousine germaine de Marie de La Tour d’Auvergne. Henri de La Trémoille pendant le dernier trimestre se rendit à la Cour pour faire agréer, par le souverain, son projet de mariage avec sa cousine germaine. La première lettre de Jean Rogier, conservée dans les archives des La Trémoille, est adressée à Charlotte-Brabantine de Nassau et date du 28 juillet 1618. 28 juillet 1618 – Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Monsieur de La Mazure21 et moy suivant les commandemens que nous avons de Vostre Excellence passant par Saulmur vismes Monsieur du Plessis22 luy rendismes vos lettres et exposasmes 19 François LEBRUN, Se soigner autrefois. Médecins, saints et sorciers aux XVIIe et XVIIIe siècles, Coll. Points Histoire, Le Seuil, 1995. 20 Yves KRUMENACKER, « Les protestants dans la société française » in Hélène FRECHET (Coordination), Question d’histoire : Les Sociétés Anglaise, Espagnole et Française au XVIIe siècle, Editions du Temps, Nantes, 2006, p. 276-292. 21 Louis Le Liepvre, sieur de La Mazure, devait être le trésorier des La Trémoille. Il était à leur service depuis au moins 1595, année ou il s’était marié à la papauté. Son nom et son prénom ont été longtemps une énigme. C’est Grégory Vouhé, l’historien du château de Thouars, qui en a découvert la mention dans une lettre de Hugues Imbert au duc Charles-Louis de La Trémoille du 5 novembre 1874 et qui a bien voulu m’en faire part le 26 mai 2009. Il mourut semble t-il en 1642. 5 mes créances. Il s’enquist bien particulièrement de vostre désir et intentions sur ce subject où il ne trouva que justice. Nous rencontrasmes au mesme lieu Monsieur du Plessis-Bellay23 avec lequel nous conferasmes et suivant son advis auquel les nostres furent conformes. J’escrivi à Monseigneur que nous estimions bien à propos qu’il prist la peine de faire entendre par lettres audit Sr. du Plessis-Bellay (obligé à faire quelque séjour à Saulmur pour la succession de desfunct Monsieur son frère) sa volonté et les raisons qu’il avoit de se trouver ceste année aux Estats de Bretagne ayant esbauché l’année dernière plusieurs affaires pour le service du Roy et utilité de la province, affin que ledit Sieur du Plessis-Bellay mesnageant les lettres scelon sa prudence s’en servist à temps et les fist voir à Monsieur du Plessis qui promet de travailler en ceste affaire de tout son pouvoir et de ne rien oublier de ce qui pourra apporter le contentement que Vostre Excellence souhaitte pour le bien et honneur de Monseigneur. Monsieur de Rohan24 passa mardy dernier par icy où il n’a parlé que d’affaires générales, et d’où il partit /2/ pour voir Monsieur du Plessis et cercher avec luy quelque accommodement aux affaires de Béarn, je croy que ceste veue n’a pas esté sans parler de l’affaire de Bretagne. Ce voyage à nostre advis n’a eu pour visée que d’éviter la rencontre de Monsieur le duc de Mayenne. Madame, j’entends de Paris que Monseigneur presse le voyage de Monsieur de La Mothe pour mettre à exécution la procuration de Vostre Excellence que j’ay en commun avec le Sieur de La Mothe. Je ne manqueray à vous rendre en ceste occasion comme en toute autre où je seray honoré de vos commandemens le fidelle service que je doibs n’ayant aulcun plus grand désir que de me conserver la qualité, Madame, de Vostre Excellence Très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray iesme A vostre ville de Thouars, ce 28 juillet 1618. Archives nationales 1 AP 357/1 28 juillet 1618 – Thouars à Monsieur de Champdor Monsieur, Je mets celles-cy au hazard de vous trouver à Paris, ayant appris par celles que vous escrivés à Monsieur de La Mazure les commandemens que vous avés d’aller trouver Madame. Je ne laisse de vous supplier si vous n’estes point party de m’envoier la coppie de la procuration que Monseigneur me donnera en commun avec Monsieur de La Mothe pour vendre au Mayne et Bretagne et de retirer de mondit Sr. de La Mothe l’acte d’hommage de Madame la duchesse 22 Philippe du Plessis (1549-1623), sieur de Mornay, gouverneur de Saumur, conseiller écouté de Charlotte-Brabantine de Nassau, second père, avec le duc de Bouillon, de Henri de La Trémoille. Les biographes de Duplessis-Mornay n’ont su percevoir que la duchesse douairière de La Trémoille était son principal soutien politique, pour cela il faut se rapporter à l’Histoire de la vie de Philippe de Mornay publiée en 1647 à Leyde chez Bonaventure et Abraham Elzevier et à ses deux derniers volumes de correspondance publiés en 1651 et 1652 à Amsterdam chez Louis Elzevier. 23 Zacharie du Bellay (1572-1644), sieur du Plessis-Anger, cadet d’une famille angevine, ancien compagnon d’armes du duc Claude de La Trémoille, fut choisi en 1605 par Charlotte-Brabantine de Nassau pour devenir le gouverneur de son fils. Il assuma pendant dix ans cette fonction avec soin et compétence comme en témoigne sa correspondance conservée à la cote 1 AP 645. En 1616, Charlotte-Brabantine de Nassau lui confia le gouvernement de Taillebourg dont Louis XIII le démit en 1622. Après avoir suivi encore quelques années Henri de La Trémoille, il se retira en son château de Puyoger dans la paroisse d’Availles-Thouarsais au sud-est de Thouars, où il s’employa à élever et placer ses nombreux enfants. 24 Henri II de Rohan (1579-1638) 1er duc de Rohan, aurait pu être le mari de Charlotte-Brabantine de Nassau si celle-ci ne lui avait en 1597 préféré Claude de La Trémoille. L’on peut s’interroger sur ce qu’aurait été sa conduite si il avait été son mari, il est probable qu’elle l’aurait détourné de s’opposer au Roi de France comme elle le fit avec son fils et que comme à la fin de sa vie il aurait combattu le roi d’Espagne et l’Empereur. Disputant à Henri de La Trémoille la présidence de l’ordre de la Noblesse aux Etats de Bretagne, Henri de Rohan incarne le parti de la guerre face à la colombe Charlotte-Brabantine de Nassau. Jack Alden CLARKE, Huguenot Warrior : the Life and Times of Henri de Rohan, 1579-1638, Martinus Nijhoff, La Haye, 1966 et Pierre et Solange DEYON, Henri de Rohan, huguenot de plume et d’épée 1579-1638, Perrin, 2000. 6 d’Ampville et nous l’envoyer. J’attends d’apprendre des nouvelles de vous tous par le retour de M. Peleus25 . Je parts présentement pour mettre ordre à quelques affaires qui m’appellent en Gastines où j’attendray les commandemens de Monseigneur premier que d’en partir. Si je ne reçoy nouvelles de vous ou d’ailleurs qui m’en retirent. En quelque lieu que je sois soyés asseuré de mon service et que personne ne prise, n’estime et ne chérist plus que moy vostre amitié que je veus mériter et conserver par le désir que j’ay de vous estre toute ma vie et de bon cœur, Monsieur, Très-humble serviteur. d’Iray iesme A Thouars, ce 28 juillet 1618. Archives nationales 1 AP 357/2 18 septembre 1618 - Paris à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Les commandemens que Monseigneur m’a faict par lettres de ne partir de Thouars sans voir le Sr de Guynetoles et recevoir de luy les ventes d’une terre, La Barotière, mouvant de Montaigu, vendue par Monsieur le comte de Brissac, m’ont jusques à présent retenu dedans le Poictou d’où j’ay party après avoir appris que Monseigneur en avoit traitté en ce lieu avec ledit Sr. de Guinetoles pour me rendre auprès de sa personne et tascher de luy rendre quelque agréable service, à quoy je m’efforceray avec soing et fidélité. Je croy, Madame, qu’il faict entendre à vostre Excellence la résolution qu’il a prise de partir demain pour aller à Monceaux trouver le Roy qui est depuis quelques jours. Monsieur Rivet26, en partant de Thouars, me chargea de lettres addressantes à Vostre Excellence lesquelles je luy envoye. Elle apprendra par icelles l’estat des affaires qui sont venues à sa cognoissance et son sentiment avec celuy de plusieurs et particulièrement de quelques uns de La Rochelle qui s’honorent de la qualité de vos très-humbles serviteurs touchant le séjour de mondit seigneur en ce lieu qui se comporte si bien à ce que je voy, et la fait à ce que j’appren si dignement au passé, ses actions ayans contenté tout le monde, que je ne croy pas qu’il y ait rien à craindre de ceste part là ny à plaindre sinon qu’en un si long séjour il n’a guères advancé en ses affaires et peu receu de tesmoignages de la bonne volonté de ceux qui gouvernent les générales. Dieu le /2/ maintient tousjours en bonne santé par sa grâce. Je l’en loue de toute ma force et le prie qu’il luy continue et augmente ses bénédictions et qu’il vous rende aux vostres en bonne et heureuse santé. Ce sont les prières ardantes que faict, Madame, de Vostre Excellence Le très-humble, très-fidelle et très obéissant serviteur.d’Iray esme A Paris, ce xviij septembre 1618. Archives nationales 1 AP 357/3 25 Pierre Peleus, un huguenot, était le greffier du duché de Thouars. 26 André Rivet, né en 1572 à Saint-Maixent, était depuis 1595 le chapelain des La Trémoille et le pasteur de Thouars. Il avait épousé en 1596 à Thouars, Suzanne Oyseau, fille du pasteur François Oyseau. L’inventaire de la correspondance d’André Rivet établi par Paul Dibon, Eugénie Estourgie et Hans Bots ne fait état d’aucune lettre du sieur d’Iray, hasard de la conservation ou manque d’affinité. Paul DIBON, Eugénie ESTOURGIE et Hans BOTS, Inventaire de la correspondance d’André Rivet (1595-1650), Martinus Nijhoff, La Haye, 1971. 7 11 octobre 1618 - Paris à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, J’ay un extrême regret de ne m’estre trouvé au logis lorsque le messager de Hollande y vint. Non que j’eusse rien de bien particulier à faire entendre à Vostre Excellence, mais seulement pour vous asseurer de la continuation de la santé de Monseigneur que la dévotion du jeusne assigné au dixiesme du courant appelé en ce lieu où grâces à Dieu il est heureusement arrivé le huictiesme. Il a suivy le Roy à Monceau, Villers-Costrets, Soissons, Lan et La Fère pour le gouvernement de laquelle, Monsieur de Luynes a traitté avec Monsieur de Vandosme, et de là tourne visage à Charenton, laissant le chemin de Liesse où le Roy et la Reyne ont esté en dévotion. Tout ce temps là me semble avoir esté bien employé par Monseigneur a faire sa cours encore que la bonne volonté que le Roy luy tesmoigne et les asseurances d’amitié et protestations se service des plus favoris ayent passé jusques icy sans beaucoup de fruict. Le Roy luy tesmoigne et les asseurances d’amitié et protestations de service des plus favoris ayent passé jusques icy sans beaucoup de fruict. Le Roy que l’on attendoit dès hier a changé sa résolution et faict estat de séjourner à Soissons où il a mandé le conseil. Messieurs de Vendosme, de Montmorency, de Rohan, de Montbason ont pris congé du Roy et laissé la Cour ou Monsieur le cardinal de Retz à présent chef du Conseil a appellé Monsieur le duc son parent. Monsieur de Guise y est depuis trois jours, mais à ce qu’il dit pour s’en retourner bien tost. Monsieur l’ambassadeur des Païs-Bas a supplié le Roy d’avoir agréable le nombre des quatre ministres depputés pour le synode27. Ce qui a esté refusé /2/, Sa Majesté ne désirant qu’aulcun des nommés face le voyage que M. du Moulin, que si les Eglises requièrent luy associer un aultre, elle veult que ce soit le Sr. Imbert, ministre d’Orléans, ancien compagnon de Monsieur Deageant, s’il est bien conseillé il s’en excusera n’y pouvant estre avec honneur puisque sans vérification. Mondict Sr. l’Ambassadeur retourne encore une fois pour impétrer la mesme chose. Madame, Monsieur de La Mothe28 est dès longtemps en Bretagne et au Maine pour l’exécution de la procuration que Vostre Excellence nous avoit donnée en commun. J’ay escrit deux fois de Poictou à Monseigneur pour attendre et recevoir l’honneur de ses commandemens touchant le chemin que j’avois à tenir ou pour y aller ou pour me rendre près de luy. Il me commanda celluy-cy sans me parler de l’autre et depuis n’ay receu aulcun commandement nouveau. M. de La Mazure a baillé un mémoire portant que le terme de la ferme de vostre terre de Berrie finissant à Noël prochain, montant à la somme de xvC livres est affecté au payement de la debte des héritiers de feu M. St-Etienne comme aussi que vostre Excellence désire la descharge de deux mille escus deubs à Monsieur de Netz et de ce qu’elle doibt aux juge et lieutenant de Laval. Toutes lesquelles choses très raisonnables. J’ay représenté à Monseigneur avoir esté empruntées pour luy et tournées à son proffict et utilité ce qu’il m’a tesmoigné bien comprendre et agréer. M. Barbarin29, conseiller au prasidial de Poictiers, m’a escrit que Vostre Excellence l’auroit grattifié dès le mois de janvier dernier d’une promesse du tiers des ventes de la maison de Bourcanis mouvante de vostre terre de Berrie. Il en /3/ demande maintenant l’effect. Icelle maison estant adjugée 27 Les Eglises de France avaient chargé Duplessis-Mornay, Pierre du Moulin, André Rivet et Daniel Chamier de les représenter au Synode qui se tint à Dordrecht du 13 novembre 1618 au 9 mai 1619 et condamna l’arminianisme et destitua ses ministres, mais Louis XIII s’opposa à leur départ. Emile G. LÉONARD, Histoire générale du protestantisme, Edition de poche Quadrige, P. U. F., 1988, tome II, p. 219. 28 Daniel Hay (1563-1626), sieur de la Motte, était un cadet d’une des principales familles de la baronnie de Vitré, seigneurs des Nétumières dans la paroisse d’Erbrée. Il avait été baptisé le 20 avril 1563 à Vitré dans la religion protestante que son père, un conseiller au parlement de Bretagne, avait un temps professé. Daniel Hay était devenu, à l’âge de 28 ans, juge civil, criminel et de police de Laval, charge qui faisait de lui le premier magistrat du comté. Par la suite il cumula cette fonction avec celle de capitaine de Laval et de son château. Couronnement de sa carrière, le 18 avril 1605, le jeune comte de Laval, François de Coligny, à la veille de son départ pour la Hongrie, lui remit l’intendance de sa maison et le gouvernement de ses affaires. Lors de la prise de possession de l’héritage de la Maison de Laval au nom de son fils, Charlotte-Brabantine de Nassau l’avait confirmé dans ses fonctions. 29 Isaac Barbarin, écuyer, sieur du Bost, conseiller au présidial de Poitiers. 8 depuis peu à M. de Boisguérin30, veu mesme que la somme de xvC livres luy estoit deub par le deffunct Sr. de Bourcanis pour laquelle comme dernier en hypotecque il n’entre point en ordre. Il appréhendoit que ledit Sr. de Boirguérin obtint de Monseigneur (sçachant qu’il est honoré de sa bienveillance) une grattification du tout. J’ai osé l’asseurer, Madame, que la terre estant en mesme main vostre Excellence n’auroit point changé de volonté qu’elle estoit trop religieuse en ses promesses et faisoit trop d’estime de luy et de la maison à laquelle il s’estoit allié pour en perdre la souvenance. Je croy que Monseigneur retournera bien tost en Cour. Je me tiendray prest à ses commandemens et attendray l’honneur des vostres, me conservant la qualité, Madame, de Vostre Excellence Très-humble, très-obéissant, très-fidelle et très obéissant serviteur et subject. d’Iray esme A Paris, ce xj octobre 1618. Archives nationales 1 AP 357/4 11 octobre 1618 - Paris à Monsieur de Champdor Monsieur, J’ay mis deux lettres au hazard estant en Poictou. Je pense bien qu’elles ne vous auront pas esté rendues. La perte n’en sera pas grande d’aultant qu’elles ne vous parloient point d’affaires et le mal n’en rendra qu’à moy qui me voulois remémorer en vostre souvenir et comme par icelles je vous mettois en peine de la disposition de Mlle du Monceau, vostre cousine. Maintenant je vous asseure par celle-cy de sa guérison. Je vous envoye des lettres que m’a addressé M. de La Mazure pour vous les faire tenir. J’en ay de vous pour luy que je luy envoierai pour eschange. Je vous supplie d’asseurer de mon fidelle service M. Berthold31 et Madame Toinette32 et que je les reveille affin qu’ils perdent la souvenance d’une pauvre personne qui ne les a servi jusques icy à faulte d’en rencontrer les occasions que les attend avec impatience. Cecy part, Monsieur, Vostre très-humble serviteur. d’Iray esme A Paris, ce xj octobre 1618. Archives nationales 1 AP 357/5 28 octobre 1618 - Paris à Monsieur de Champdor Monsieur, Oultre que j’ay receu les tesmoignages continues de vostre bonne volonté par une infinité de bon offices, mais encore de nouveau par les asseurances que vous m’en donnés en vos lettres du dernier du mois précédent et d’abondant en la souvenance que vous avés de moy aux lettres que vous escrivés à M. Brusse. Je vous remercie de vos nouvelles, de nous n’en attendés point et pour vous oster toute espérance d’en avoir pour le moins de celles de la Cour. Souvenés-vous que vous cognoissés un homme, et je le dis à sa confusion, qui a esté si peu curieux que d’avoir passé la meilleure partie d’une année sans voir ny la Cour ny le Louvre, mais quant… , quant… . Souvenés vous aussi que la douceur de vostre compagnie a esté la principale cause. 30 Marc-Antoine Marreau (1557-1633), sieur de Boisguérin, fils d’un receveur des décimes de Loudun, un compagnon de lutte d’Henri IV, ancien gouverneur de Loudun. Cette lettre nous apprend la date à laquelle il acheta la terre de Bourcany en Beuxes. 31 M. Berthold était un Silésien que Charlotte-Brabantine de Nassau avait choisi pour être le précepteur de son plus jeune fils Frédéric. Ce fut pour celui-ci une rude tache, car le jeune comte de Laval défiguré par un bec de lièvre était un psychotique. Cf. sur notre site la correspondance de Frédéric de La Trémoille et de Berthold. 32 Antoinette Guillemar la femme de chambre de Charlotte-Brabantine de Nassau. 9 Je suis pressé si fort par le Sr. de Villefort, que j’ay fort grand peine à m’exprimer. Mes baises mains de grâce à tous mes bons amis et amies. Je ne sçay si Madame Toinette a perdu la souvenance des promesses qu’elle m’a faict de m’aimer, qu’elle y prenne garde, car si elle le faict, je la feray excommunier. Devinés quel suplice, car je ne croy rien si mal >>> que l’excommunication. Encore un coup mes baise mains à tout le monde, mais à vous particulièrement à qui je suis du cœur et d’affection et à ma mode sans trancher un brin du courtisan, Monsieur, Vostre très-humble serviteur. d’Iray esme A Paris, ce xxviij octobre 1618. Archives nationales 1 AP 357/6 4 novembre 1618 - Paris à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Il y a quelques temps que le Sr. Mony, marchant en ceste ville, ayant charge et transport du Sr. Gilles, marchant à La Rochelle, vint trouver Monseigneur pour luy demander payement de la somme de dix huict cens onze livres portée par une promesse de Monseigneur audict Gilles de laquelle ledict mony est porteur ensemble de procuration dudict Gilles, ladicte somme de xviij C xi livres33 restant à payer de plus grande deüe cy-devant audict Gilles pour vendition d’armes. Vostre Excellence a voulu prendre le soing du payement de ceste partie (comme elle a faict de ce qui a esté désjà acquitté) et escrit au Sr. Brusse qu’elle l’a feroit acquiter en Hollande si Monseigneur luy envoyoit un mandement sur M. de Netz ou sur moy la rembourser. Depuis vos lettres escrites, Madame, iceluy Mony a retiré de Hollande la promesse cy-dessus comme luy mesme m’a dict et prétend la faire payer en ce lieu, ce que Monseigneur a promis faire au plustost, encore que je voye pas que cela se puisse si promptement avec facilité. Monseigneur vous en escrit, Madame, et vous rend, je m’asseure humbles grâces des tesmoignages asseurés que de jour en jour vous luy rendés de la continuation de vostre bonté et soing en ses affaires. Je n’ay rien à adjouter à la présente qu’une très-humble supplication que je vous fay de croire que je seray toute ma vie, Madame, De Vostre Excellence, Très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray esme A Paris, ce 4 novembre 1618. Archives nationales 1 AP 357/7 29 novembre 1618 - Paris à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Je vous ay cy-devant escrit l’estat auquel est maintenant la partie deüe au Sr. Gilles marchant de La Rochelle. Pour celle que M. de Netz a fourny de laquelle les deniers ont tourné au service et utilité de Monseigneur. Elle doibt estre acquittée des deniers qui proviendront d’une ordonnance de M. Phelippeaux, thésorier de l’Epargne, de la somme de vMvijC livres à l’acquist du Sr. Guyton fermier des impositions des rivières de Charente et Gironde, la somme de vijC livres qui restera à acquitter le pourra facilement tirer du fonds des assignations de mondict Seigneur. 33 Sur les particularités des signes de numérotation romains hérités du Moyen-Age Cf. Charles HIGOUNET, L’Ecriture, Coll. Que Sais-je ?, Presses Universitaires de France, 5e édition, 1976, p. 107 et Gabriel AUDISIO et Isabelle RAMBAUD, Lire le français d’hier. Manuel de paléographie moderne, XVe – XVIIIe siècle, Collection U, Armand Colin, Paris, 3e édition, 2005n p. 97-112. 10 Pour ce qui est deub à Poictiers aux chanoines de St. Hilaire et à la vefve de deffunct Sausay, nous avons un mandement dudict Sr. Phelipeaux de la somme de xiiij M iijC livres à l’acquist de M. Boyer receveur général des finances audict Poictiers sur les deniers de sa charge des quartiers de juillet et octobre. Monseigneur a cy-devant escrit au Sr. Garnier thésorier de St-Hilaire pour sçavoir si luy et ses confrères voudroient prendre pour contact ledict mandement guarenti bon et valable, acquiter la partie de ladicte vefve Sausay et fournir le surplus ; ou bien retenir entre leurs mains ledict mandement qui leur seroit délivré en donnant récépicé, en faire les poursuittes où il ne pend qu’une signification audict receveur général ou son commis et assignation par devant MM. les thésoriers et en recevoir les deniers pour se payer par leurs mains et restituer le reste. Ledict Sr. Garnier escrit qu’il en a communiqué à ses confrères qui ne peuvent gouster telles ouvertures, que toutesfois luy envoyant coppie dudict mandement (ce que j’ay faict). Il verra ce qui sera de faire pour le service de Monseigneur. Il est vray, Madame, que les avances que vous avés faict, le terme de Noël de vostre baronie de Berrie affecté à M. d’Aubeville, les parties de MM. du Plessis-Bellay et de La Bourdillière, des juge et lieutenant de Laval, celle du Sr. de La Naslière34 et assés d’aultres …/2/, d’aultres qui pressent, attendant un secours prompt et extraordinaire ne voyant aulcun fonds en l’ordinaire pour les acquitter. Je croy, Madame, que le Sr. Brusse aura particulièrement faict entendre à V. E. ce qu’il aura dict et faict en sa négotiation pour de l’argent contant. Monseigneur m’a faict l’honneur de me dire que vous aviés convenu pour la demie année présente des pentions de Monseigneur le Comte et de Madamoiselle recognoissant, Madame, que ce qu’il vous a pleu faire a tousjours eu plus d’égard à son proffict qu’au vostre et eu bien de ses affaires que des vostre propres. De moy, je ne manqueray jamais à aulcun des commandemens que je recevray de V. E. A mon arrivée en ce lieu je trouvay que le Sr. Demeufves35 estoit assigné sur M. de Netz et sur moy pour la somme de iijM vjC livres, à laquelle on a transigé, avec sa belle mère et luy, à payer dedans quatre mois prochains, deux desquels sont desjà expirés. Pour vous mettre hors de toutes les demandes qui vous pourroient estre faictes par les héritiers ou créanciers du deffunct Sr. de Bourron36, mais on ne se souvient pas que auparavant il avoit esté résolu au conseil que ledict Demeufves seroit payé des deniers provenans de la vente que feroit Monsieur de La Mothe en Bretagne. De sorte que cela ne peut empescher le remplacement de la partie de Monsieur de Netz, ledit Demeufves a transporté son deub et assignation au Sr. Demeufves de Thouars, son oncle. J’ay un extrême regret, Madame, que je n’aye acquitté ce que V. E. doibt au Gaigneux. Il m’a esté impossible jusques à présent, n’ayant touché que ce que Monsieur de Netz me délivre pour la despense de Monseigneur et rien d’ailleurs hormis iij Ci iijXX livres du fermier de Montaigu depuis que vous, Madame, et Monseigneur m’avés commis à la recepte et despense de sa maison. Si je puis recouvrer de l’argent je ne faudray de l’acquitter. J’ay veu souvent M. de Ligny par le commandement de Monseigneur qui aussi l’a souvent veu et sollicité. Il a /3/ asseuré Madame d’Elbène37 de sa partie. Je n’ay receu aulcun commandement de Monseigneur pour Bretagne, où Madame la maréchale de Fervacques est malade. On a faict icy les prières pour elle. On l’a creu à l’extrémité, mais ce bruict n’est pas si grand, Monsieur de Joinville a esté la voir à Montfort. La Cour est assé stérile de nouvelles. L’affaire de Béarn s’addoucit, grâces à Dieu, lequel je prie estre vostre guide pour vous rendre bientost aux vostres et ramener en paix en vostre maison. C’est le souhait que faict, 34 Josias Bidault, seigneur de La Naslière de Blanzay. 35 Philippe Demeufves était entré en 1606 au service des La Trémoille. Il était alors l’un de leurs secrétaires à Paris. Il était marié à Anne Vaustel. Leur fille, Charlotte, fut présentée le 17 juillet 1616 au temple de Charenton par Henri de La Trémoille et Louyse de Clermont. Jules DELABORDE, « Copie des fragments des registres de l’Etat civil des protestants détruits par l’incendie du Palais de justice de Paris en 1871 », B.S.H.P.F., tome XXI, 1872, p. 274-275. 36 Gilles de Bourron avait été le chargé d’affaire à Paris de Claude de La Trémoille et de Charlotte-Brabantine de Nassau. Il mourut en 1611. Nous avons publié sur notre site sa correspondance conservée à la cote 1 AP 346 du Fonds La Trémoille des archives nationales de France. 37 Marguerite d’Elbène, veuve d’Alexandre d’Elbène, colonel de l’infanterie italienne. Les d’Elbène étaient venus d’Italie à la fin du XVe siècle. Jean-François DUBOST, La France italienne XVIe-XVIIe siècle, Coll. Histoires, Aubier, 1997. 11 Madame, Très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray A Paris, ce xxixiesme novembre 1618. Archives nationales 1 AP 357/8 18 décembre 1618 - Paris à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Par mes deux précédentes, j’ay amplement respondu à celles dequelles il avoit pleu à Vostre Excellence m’honorer avec mes dernières j’avois enfermé plusieurs lettres que l’on m’avoit apporté de divers endroits pour vous faire tenir. Je croy qu’à présent le Sr. de Villefort, escuyer de Monsieur de Chastillon, aura mis ordre de vous les faire rendre. Suivant vos commandemens, Madame, j’ay délivré au Gaigneux la somme de viij C lxx livres à vostre acquist et retiré avec ses quittances une promesse de M. de La Mothe de la somme de vj C livres pour la garniture des mulets et fausse de vostre littière et une certiffication de MM. Chauveau et de Pontaubré de la sommation de ijC lxx livres pour la garniture de noir de vostre carrosse ayant par les dictes quittances déclaré n’avoir aulcun aultres papiers ne mémoires par lesquels vous luy fussiés obligés, Madame, ny aulcun aultre pour vous. Le Sr. Garnier thesorier de St-Hilaire de Poitiers m’escrit qu’il fera voir à ses confrères la coppie du mandement ordonné pour acquitter lesdictes parties et celle de la vefve Sausay ainsi que je vous escrivois par mes précédentes. J’attens scelon sa promesse qu’il me face entendre leur intention. J’ay envoyé à Thouars une rescription du Sr. Boyer de la somme de xvC livres à l’acquict du Sr. Falloux pour payer ce qui estoit deub de reste à la garnison pour l’année 1617. M. de La Mazure m’escrit que les fermiers de vostre baronie de Berrie se plaignent des poursuittes que faict contre eux le Sr. Bouffet et demandent main levée de ses arrests. Pour empescher que cela /2/ n’engendre du trouble aux affaires de V. E. J’ay esté trouver le Sr. Héraud pour prendre jour avec le Sr. Abbé qui a charge à ce qu’il dict dudict Bouffet et aviser aux moyens d’accommoder cela par compensation de ce qu’il doibt et aultrement. En cela, Madame, et en toute autre chose je m’efforceray de vous rendre le très-humble service que je doibs. Le reste des affaires de vostre maison roule à l’ordinaire. Aux publics le crédit des Jésuites a esclaté aux despens du Sr. Deageant pour sa récompense d’avoir esté l’un des principaux ministres de leur restablissement. Je sçay, Madame, que quelque autre mieux informé que moy vous aura appris sa disgrâce de laquelle les causes se content diversement. La douceur et modération qu’il a voulu apporter en l’affaire de Béarn n’est pas une des moindres. Je regrette son esloignement pour ne voir désormais personne à qui facilement on puisse s’addresser et aussi qu’entre tous c’estoit celuy à qui vous donniés le plus de créance. Il s’est un peu remis, mais avec beaucoup de peur et peu de certitude pour la puissance ce ses adversaires. La disposition de Monseigneur est bonne grâces à Dieu lequel, je prie incessamment pour la vostre en la qualité, Madame, Très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray esme A Paris, ce xviij décembre 1618. Madame la mareschalle de Fervacques est tousjours griefvement malade et sans espérance de guérison. Archives nationales 1 AP 357/9 18 décembre 1618 – Paris à Monsieur de Champdor 12 Monsieur, Je vous envoye un pacquet de Monsieur de La Mazure. Monsieur du Monceau vostre oncle38 ne m’a rien envoié pour vous faire tenir. Il se réserve à escrire d’icy où nous l’attendons tous les jours sur l’asseurance qu’il nous donne par ses dernières si nous le tenons une fois nous l’entretiendrons paisiblement et le gouvernerons en homme de son aage et de son mérite pour l’amour de luy et de vous. De vous dire les raisons de sa venue en ce lieu je ne le sçay point, sinon que ayant affaire à Orléans. Il est de trop bonne compagnie et nous aime trop pour ne donner pas jusques à nous. Je ne sçay que vous mander de nouveau en eschange de tant de nouvelles desquelles vous nous avés cy-devant faict une si bonne part. Je suis si peu curieux, comme vous sçavés et de si peu d’intelligence que je n’ay pas moien d’entretenir ce commerce principalement aux affaires de cour, de laquelle je n’approche jamais sans un tremblement de membres et une palpitation de cœur. Cela me faict croire que je ne seray jamais bon courtisan. Je vous dirois pourtant bien la disgrâce de M. Déageant39, mais pour n’en sçavoir pas les particularités vous n’en apprendrés rien pour l’heure, je ne pourrois parler de cela qu’avec incertitude et y aller qu’a tastons, mais je marche bien plus ferme et m’explique avec beaucoup plus d’asseurance quand je vous di que je suis de cœur et d’affection, Monsieur, Vostre très-humble serviteur. d’Iray iesme A Paris, ce 18 décembre 1618. Je baise les mains à Madame Toinette. Je vous supplie de luy dire. Encore que je vous escrive en papier doré ne croiés pas que ce soit par gentillesse de cour, mais il m’a tombé entre les mains. Archives nationales 1 AP 357/10 31 décembre 1618 - Paris à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Incontinent vostre lettre receu, Monseigneur, a changé la résolution que son conseil luy avoit faict prendre d’envoyer à Poictiers un mandement qu’il a entre main de la somme de xiiijM iijC livres pour satisfaire aux parties des chanoines et de la vefve Sausay. Croyés, Madame, que si Monseigneur avoit ordonné ce mandement (duquel on n’eust peu retirer que la moitié pour l’un et l’aultre dedans six sepmaines ou deux mois scelon les formes et l’ordre que trément les thésoriers et receveur pour l’acquist de telles choses comme V. E. sçait très bien) pour le payement de ce que dessus que ce n’a pas esté manque de soing pour vous Madame à qui il doibt tant et entant de façons et pour Messeigneurs vos aultres enfans. Je puis tire en conséquence (et vous supplie très humblement Madame de donner créance à mes paroles et vous asseurer que jamais je ne vous diray que des vérités) que je vois de plus en plus qu’oultre les recognoissances naturelles, il est vivement touché des ressentimesn pour tant de soing et de peines qu’il vous a pleu prendre, et que vous prenés encores tous les jours à son occasion, mais je ne puis exprimer le regret qu’il a de n’avoir plustost mis ordre à faire fonds pour satisfaire à la rentré de vos deniers dotaux, aux pensions de Monseigneur le Comte et de Mademoiselle et au remplacement des quinze cens livres que vos fermier de Berrie doibvent fournir à Monsieur d’Auberville suivant vos commandemens, Madame, et ainsi qu’il vous a pleu affecter la présente dîme année de la ferme de vostre dicte terre de Berrie au payement de ceste partie. En cela son conseil a la plus grande part de la faulte et moy qui m’excuse qu’en ce que jusque à la réception 38 L’on ne connaît pas le prénom de M. Du Monceau, l’oncle de M. de Champdor. Il avait été un des secrétaires de Claude de La Trémoille et Charlotte-Brabantine de Nassau. Celle-ci le choisit en 1611 pour assumer la fonction d’intendant à Thouars. 39 Guihard Déageant (1574-1639), un Dauphinois, premier commis de Barbin, qui fit parti de la coterie qui contribua à l’élimination de Concini. Pour le prix de cette participation, il fut nommé contrôleur général des Finances. Au bout de dixhuit mois, après s’être fait détester par son caractère à la fois des ministres et des diplomates il fut démit de sa charge de contrôleur général et nommé premier président de la Chambre des comptes de Grenoble. 13 de vos dernières, Madame, je n’avois pas appris au /2/ vray vos communes résolutions pour cest affaire ayant seulement ouy de Monseigneur que vous en estiés d’accord, et aussy que ce qui avoit esté escrit s’est perdu avec quelques autres papiers (non toutefois de grande conséquence) renfermés en sa boeste, laquelle de puis long temps on n’a peu recouvrer. Je supplie très humblement vostre bonté, Madame, de recevoir pour mon excuse que en le peu de cognoissance que j’ay eu desdictes affaires. Les continuelles sollicitations desdis chanoines et vefve Sausay et les menaces de ceux-là de reprendre leurs anciens erremens et vous poursuivre suivant la puissance qui leur en est laissé par leur contract à desfault de payement me faisoient appréhender de vous voir rentrer dedans une affaire de laquelle pour sa difficulté vous avés eu beaucoup de peine à sortir. Et pour y mettre ordre en satisfaisant à vos justes intentions et deux commandemens que vous me faites. Monseigneur commanda hier de traitter avec le Sr. Boyer pour ledit mandement et d’en composer à la somme de xiijMviC livres sçavoir une rescription dudict Boyer addrssant à Monsieur Garnier de la somme de vijM livres à l’acquist du commis à la recepte générale, et le parsus montant la somme de vjM vjC livres doibt demeurer des fonds audict Sr. de Netz jusque à ce que par vostre commandement elle soit retirée. Vous adviserés, Madame, s’il vous plaist avec Monseigneur ce que j’auray à faire pour le remplacement desdicts xvC livres dudict Sr. d’Auberviller estant très raisonnable de vous en rembourser au plustost, ainsi que juge très bien mondict Seigneur qui vous rendra tousjours, Madame, l’obéissance, l’honneur et le respect qu’il vous doibt et mon très humble et très fidelle service à vos commandemens. Monseigneur fut sabmedy à la chasse avec le Roy duquel il n’a point encore pris congé. On tient icy pour certain que Sa Majesté faict levée de huict mil hommes de pied et douze cens chevaux /3/ et mesmes que desja il y a des commissions délivrées. On faict courir beaucoup de faux bruicts. Vous en apprendrés Madame de particulier par Monseigneur ou par autres mieux informés que moy. L’approche de l’assemblée de l’assemblée à La Rochelle allarme tout le monde. Ceux des Rochellois qui sont icy pour affaires publiques ont commandement de ne sortir de la ville sans permission. On a dépesché après le messager pour saisir ses lettres. Monsieur Déageant se remet fort bien. Le Sr. de Champdor m’a faict entendre le commandement que me faict V. E. de vous envoier deux tomes du livres de M. du Moulin intitulé Le Bouclier de la Foy40 ce que je fay par ce porteur. Je n’adjousteray à la présente que les très humbles supplications que je vous fay, Madame, d’avoir agréable que toute la vie je puisse estre honoré de la qualité, Madame, De Vostre excellence Très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray C A Paris, ce dernier jour de l’an MVI xviij. Archives nationales 1 AP 357/11 1619 est une année fort troublée par les affaires publiques. Dans la nuit du 22 février, la Reine mère, Marie de Médicis s’évada de Blois où elle était exilée depuis l’assassinat de Concini et avait rejoint à Loches le duc d’Epernon. La première guerre du fils et de la mère fut brève, un accord, signé le 30 avril à Angoulême, scella la réconciliation pour quelque temps. Le parti protestant pour sa part était en effervescence à propos de l’affaire de Béarn. Conciliant, Louis XIII autorisa au mois de septembre la tenue d’une assemblée à Loudun 41, ville comptant une forte communauté huguenote, située à cinq lieues de Thouars. 40 Pierre du MOULIN, Le Bouclier de la foy ou défense de la confession de foy des églises réformées du royaume de France contre les objections du sieur Arnoux jésuite, Charenton, A. Pacard, 1618, in-8°. 41 Sur l’assemblée de Loudun Cf. Frères HAAG, La France protestante, Tome VI, p. 203-208. 14 1619 est pour Henri de La Trémoille une année décisive à la suite de son mariage avec sa cousine-germaine Marie de La Tour d’Auvergne. Cette union concrétisait le projet que Elisabeth et Charlotte-Brabantine de Nassau avaient élaboré dès la naissance de Marie en 1601. Le contrat de mariage fut passé le 19 janvier 1619 et le mariage célébré le 18 février suivant. Les aléas de la politique arrachèrent rapidement Henri de La Trémoille des bras de sa jeune épouse. Il dut une première fois la quitter pour assurer le Roi de sa fidélité après la fuite de la Reinemère, il dut à nouveau la quitter au mois de juin à la suite de la mort de la maréchale de Fervacques, pour entrer en possession du comté de Montfort en Bretagne42. Louis XIII était à Tours depuis la fin du mois de mai, attendant que la Reine-mère vienne le rejoindre. Henri de La Trémoille, à la fin du mois de juin, alla lui rendre ses devoirs. Pendant ce temps, Charlotte-Brabantine de Nassau était à Paris. A la fin du mois d’août, elle retrouva à Moret sa soeur Elisabeth qui avec une partie de son petit troupeau, emmenait sa fille aînée, Marie, en son ménage à Thouars. Le 9 septembre, elles étaient à Thouars. Dans le courant du mois de septembre, Henri de la Trémoille se rendit en Bretagne pour aller pour la seconde fois présider l’ordre de la noblesse aux Etats qui se tinrent cette année là à Vannes du 28 septembre au 13 octobre. Pendant cette session, il reçut une demande de l’Université de Leyde d’autoriser André Rivet, le pasteur de Thouars, à quitter son service pour enseigner en cette université la théologie. Elisabeth de Nassau dans les premiers jours de novembre prit le chemin de Turenne avec son petit troupeau. 1er janvier 1619 – Paris à Monsieur de Champdor Monsieur, Ce mot vous apprendra que Monsieur du Monceau vostre oncle est heureusement arrivé en ce lieu d’hier au soir. Seulement je ne sçay s’il vous escrira. Je l’ay pourant adverty de la voye du coche et de son partement. Pource que vous avés esté en peine de sa santé, je vous en mande l’estat. J’envoie à Madame deux volumes du dernier livre de Monsieur du Moulin. Je croy que dedans peu nous vous verrons Dieu aydant et aurons tout loisir de vous entendre bien content si en ceste entreveue il se présentoit quelque occasion de vous tesmoigner que je suis de cœur et d’affection, Monsieur, Vostre plus humble et très-obéissant serviteur. d’Iray A Paris, ce premier jour de l’an MVICXIX. Je vous supplie d’asseurer en vostre cœur ceux de qui j’ay l’honneur d’estre cogneu de mon très humble service. Archives nationales 1 AP 357/12 [27] février 1619 – Paris à Henri de La Trémoille43 Monseigneur, A mon arrivée en ce lieu, j’ay veu Monsieur de Netz, auquel j’ay baillé, scelon vos commandemens, la procuration que vous et Madame avés passé en son nom, avec l’obligation de 42 Le douaire de la maréchale de Fervacques, veuve en premières noces de Paul de Coliogny, comte de Laval, était assis sur le comte de Montfort. 43 Cette lettre non datée dont la cinquième page manque, qui est de la main de Jean Rogier, Sieur d’Iray, est classée avec les lettres de Hannibal de La Trémoille, le demi-frère bâtard de Henri de La Trémoille. La référence qui y est faite de l’évasion dans la nuit 22 février 1619 de Marie de Médicis de Blois, où elle était exilée depuis l’assassinat de Concini, permet de proposer cette date. 15 Monseigneur le duc de Buillon de la somme de xxxiij M livres payable en ce lieu et l’estat de payemens que vous avés ordonné estre faict de ladicte somme. Je m’asseure, Monseigneur, qu’il travaillera à l’exécution de vos commandemens. J’ay veu Messieurs Justel et Le Vasseur, qui m’asseurent que l’argent est prest, et que, sans le conseil de direction, qui se tient aujourd’huy, où ledict Le Vasseur a nécessité de se trouver, on eust peu toucher ceste après disnée. Ce sera pour demain, Dieu aidant. Vos lettres, Monseigneur, n’ont esté rendues à Monsieur le Chancelier, ny aux autres suivant leur addresse. Vostre conseil n’ayant pas esté d’avis de parler jusques à vostre retour en ce lieu de l’affaire du juge des exempts de Laval, qui poursuit insolemment les officiers dudict Laval pour avoir règlement au parlement où ils se sont portés appellant de sa réception prétendant le faire déclarer incapable, et pour cet effect ont présenté requeste à ce qu’il fust examiné. Voilà où est l’affaire en la sollicitation de laquelle, le Sr. Vautorte a recouvré un assés gros volume contenant les coppies vidimées par arrest de la Cour de tous les tiltres concernans les privilèges de vostre maison de Laval. Je croy, Monseigneur, qu’il seroit a propos que ledict volume fust entre nos mains ou de quelqu’un /2/ ou de quelqu’un des vostres, pour vous en servir aux occasions et que pour ce faire vous prissiés la peine d’escrire audict Sr. de Vautorte ou qu’il le vous mist entre les mains, ou que s’il y fault observer les formes, faire sçavoir au Sr. Falut le lieü où il est. Je croy qu’il a esté produict en un procès contre des tisserans auquel vous avés quelque intérest, Monseigneur, de sorte qu’en demandant communication dudict procès on pourroit retenir ledict volume duquel vous pouvés juger l’utilité. Je n’ay encores peu voir le Sr. Demeufves, mais j’appren qu’il n’a point fourny les moyens de faux qu’il s’est chargé de dresser sur les mémoires qu’il a entre mains, je tascheray encores aujourd’huy de le voir, tant pour ce subject que pour vos aultres affaires, l’une desquelles, à sçavoir celle d’Arron est en estat d’estre jugée au rapport de Monsieur de Champdieu. Ne reste que d’en faire imprimer les factions, et en poursuivre le jugement. Le procès de Pousauges est és mains de Monsieur Brussol. Pour le jugement il faudra consigner celuy contre le marquis de Nesle est en mesmes mains. Et celuy contre Monsieur de Crequy en celles de Monsieur Boulanger. Celuy contre Monsieur du Bellay et Drouin est ès mains de Monsieur Jubin. Il reste d’Aron les conclusions de Messieurs les gens du Roy à cause de la requeste civile, celuy contre ledit Sr. du Bellay appellant d’une sentence donnée aux requeste à vostre profit, Monseigneur, touchant l’hommage de Terchant est distribué à Monsieur Catinant. Tous ceux là sont en bon train et s’ils sont bien poursuivis, en bon temps, car la chambre de l’Edit est quasi sans affectation. Madame la mareschalle de Fervacques est à l’extrémité. Monsieur le prince de Joinville grandement soucieux de son salut luy envoya sabmedy des cappucins. Les advocats /3/ et procureurs fiscaulx de vostre ville de Laval escrivent à Vostre Excellence et la supplient très-humblement de leur commender ce que vous pourrés lires en la minutte de leur requeste conformément à l’usance de Thouars et Vitré. Je partiray d’icy le plustost que je pourray pour aller où vos commandemens m’appellent. Cela pour vos affaires particulières. Pour les générales, vous avés sceu, Monseigneur, l’enlèvement de la Royne mère, duquel voici les particularités sur la minuit de jeudy à vendredy, elle sortit avec M. le comte de Brennes et deux exempts de ses gardes, quelques uns mettent Marsillac en la trouppe, trois de ses damoiselles : deux italiennes et une françoise, passa par la petite porte, qui donne sur la terasse, pour aller vers le parc, descendit par une petite eschelle de bois (il en fut trouvé de cordes dedans son cabinet) dedans le fossé, traversa la ville, mes portes de laquelle ne ferment point et au fors bourg de Vienne monta en son carrosse qu’elle trouva tout prest. Elle y fut recuillie par xxv ou xxx cavaliers conduits par le Sr. de Sillière, cappitaine de Loches et à demie lieue par Monsieur de Tholoze assisté de cinquante cuirasses, trouva à Montrichard six chevaux de relais pour son carrosse et à unne lieüe dudict Loches rencontra Monsieur d’Espernon assisté de deux cens chevaux. De Loches, où elle de reposa quelque temps. Elle escrivit au Roy et à Madame de Guiercheville à Blois pour l’aller trouver à Angoulesme avec son train. Elle partit sabmedy de grand matin accompagnée de mondict Sr. d’Espernon avec trois 16 cenx chevaux. La nouvelle fut sceue, à St-Germain, sabmedy44 à une heure après-midy, le Roy estant à la chasse. A son retour, il en tesmoigna un grand mescontentement /4/. Il s’achemina dimanche en ceste ville contre la résolution qu’il avoit prise d’aller à Fontainebleau à ce que l’on dict où il assembla son conseil (sans pourtant y attaller aulcun des grands) où il fut résolu de mander le parlement an lendemain pour luy faire entendre son intention contre mondit Sr. d’Espernon et que jeudy il iroit audict parlement en personne pour faire publier sa déclaration et leur parler de la vérification de quelques edicts. Il y fut aussi résolu que Sa Majesté partiroit sabmedy pour aller à Tours. Le lundy matin ces résolutions furent changées. On fit entendre au parlement que le Roy avoit receu lettres de la Royne sa mère, dont il commanderoit la lecture en son conseil, que ce faict il leur feroit plus particulièrement sçavoir sa résolution sur la déclaration contre mondict Sr. d’Espernon. On a dépesché en diverses province de ce royaume, Messieurs de Chomberg et de La Rochefoucauld sont commandés d’aller en leurs gouvernement. On parloit hier d’envoyer vers la Royne Messieurs de Brissac et de Marillac. On a dépesché à Monsieur Desdiguières le Sr. Bernard son secrétaire. On parloit hier d’envoyer vers Monseigneur le duc de Bouillon et Monsieur de Nevers. Monsieur de Rohan a veu Monsieur le Garde des Seaux auquel pour lever tout le soupçon qui eust peu se former de Monsieur de Sully et de luy. Il a offert (à ce que l’on dict) d’envoyer à l’assemblée de La Rochelle, d’où il fera en sorte que l’on escrira au Roy, que tant ladicte assemblée que tout le parti de la Religion portera ses moyens et sa vie pour l’exécution de ses commandemens. On adjouste qu’il a requis quelques uns de faire semblable qui ont remi à attendre les commandemens de Sa Majesté. Il publie assés haut que l’affaire de Béarn est accommodée, mais j’appren d’ailleurs qu’il y a d’assés grandes apparences d’accommodmeent, mais rien encores de résolu. Vous aurés sceu, Monseigneur, l’ordre et le façon qu’on y a tenu et comme l’on vint user des mesmes formes qui furent observées pour l’assemblée de La Rochelle lorsque Messieurs /5/ (la dernière page de cette lettre manque). Archives nationales, 1 AP 388/33 (494-497) 8 mars 1619 – Saumur à Henri de La Trémoille Monseigneur, Partant de Paris, je vous escrivis bien particulièrement ce que j’avois appris en mon séjour aux affaires tant générales qu’aux vostres particulières et à mes lettres j’attendray par vostre response les commendemens de Vostre Excellence pour obéir à ceux que j’ay receu de vous. J’ay veu Monsieur du Plessis et luy ay rendu vos lettres. Il vous rend grâces de vostre souvenir et oultre qu’il vous en asseure par ses lettres m’a baillé la charge de vous rendre certain de son service qu’il conservera mesme désir de vous le tesmoigner à l’advenir qu’il a faict au passé. Que au faict présent, il estime que vous debvés aller trouver le Roy, luy offrir ce qui est en vous et le suivre. Que cela pourra servir à vostre bien et l’advancement des Eglises et mesmes frapper coup à la délivrance de Monseigneur le Prince. Vostre qualité, Monseigneur, joinct à la proximité que vous avés avec luy servant comme d’un gage de sa fidélité. Vous apprendrés par luy mesmes ses propres conceptions m’ayant remis là. Monsieur de Villarnoul porte en Cour lettres et mémoires sur le faict de ceste délivrance, à laquelle il est d’advis qu’on ne recule scelon les expédiens qu’il en donne. Il m’a dict que Monsieur de Monthelon a escript à Monsieur de La Bourdillière que le Roy (en l’absence de Messieurs de Rohan et de La Rochefoucault) luy avoit commandé d’advertir toutes les villes de Poictou de se guarder. Je croy qu’ils le sont à Thouars où je m’en vay Dieu aydant pour commencer l’exécution de la procuration que j’ay de V. E. de laquelle j’atten les commandemens pour y obéir en la qualité, Monseigneur, de Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray 44 L’annonce de l’évasion parvint à la Cour le samedi 23 février. Michel CARMONA, Marie de Médicis, Librairie Arthème Fayard, 1981, p. 380. 17 A Saumur, ce 8iesme jour de mars 1619. Monseigneur, Monsieur du Plessis m’a baillé charge de vous mander qu’il vous baisoit bien humblement les mains et à Madame et particulièrement à Monseigneur son père. Archives nationales 1 AP 357/13 10 mars 1619 - Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, A mon arrivée en ce lieu, j’ay veu les Srs. du Monceau et des Quarts auxquels j’ay faict entendre le commandement que j’avois touchant la recepte des ventes roturières de ce duché. Celuy-là tesmoigne avoir à gré d’estre deschargé de ladicte récepte ; et celuy-cy promet d’y travailler avec fidélité. J’ay parlé audict Sr. du Monceau et à M. de La Mazure pour conférer sur le faict de la procuration que j’ay de recepvoir de Monseigneur le duc de Buillon, la somme de xxxij M livres et aviser aux traittes que j’ay commandement de faire suivant leur advis. Je tascheray de les assembler demain sur ce subiect. J’ay escript de Saulmur à Vostre Excellence tant sur ce que j’avois appris de Monsieur du Plessis touchant la conduitte de Monseigneur que sur les lettres que Monsieur de Monthelon avoit escript à Monsieur de La Bourdillière qui faict faire guarde en ce lieu et comme je croy bien à propos obéissant aux commandemens que ledit Sr. de Monthelon dit venir du Roy et aussi que toutes les villes de la province ont receu pareil commandement, qui comme l’on dict, en usent ainsi, joint que plusieurs publient que Monsieur de Rohannois45 faict amas de gens le temps nous en donnera une plus particulière cognoissance. Je donneray advis à V. E. de tout ce que j’apprendray. J’ay escript au fils de la vefve Barbarin46 affin qu’il vint en ce lieu pour aviser avec Mesdits Srs. du Monceau et de La Mazure ce qui sera à faire pour la partie qui est deüe à sa mère. Je feray tout ce qui sera avisé en ce faict là et en tout aultre pour vostre service /2/ si je ne recoy commandement au contraire, je ne faudray Dieu aydant à me trouver à Poictiers au xijesme du suivant et cependant essaieray de faire un tour en Bretagne. Tout est encore assés calme en tout ce pais où je prie Dieu, Madame, qu’il vous maintienne en santé et prospérité. De Vostre Excellence Le très-humble, très-obéissant et très-fidelle serviteur. d’Iray iesme De Thouars, le X jour de mars 1619. Archives nationales 1 AP 357/14 10 mars 1619 - Thouars à Monsieur de Champdor Monsieur, Je ne cesseray jamais de vous importuner. Pardonnés donc à ma liberté et me conservés vos bonnes grâces s’il vous plaist et soyés asseuré que si jamais je rencontre les occasions de vous servir que je les apprehenderay avec ardeur de vous tesmoigner les ressentimens que j’ay des obligations que vous avés sur moy. Ce mot sera s’il vous plaist pour vous supplier de voir M. Hérauld et luy ramentevoir l’affaire de l’abbé de Chambon touchant l’arrest qu’il a faict sur les fermiers de Talmond affin qu’il prenne la peine de m’escrire ce qui sera à faire en ce faict là ainsi qu’il m’a promis. Si le porteur ne me pressoit point tant je luy eusse escript mais sa précipitation m’en empesche et aussi que je n’ay rien de nouveau à luy mander. Je lui baise les mains. 45 Louis de Gouffier (1578-1642), duc de Rouannez, seigneur d’Oiron, voisin des La Trémoille. 46 Elisabeth Barbade, veuve de Jean Barbarin, écuyer, sieur du Bost, juge-sénéchal des justices de l’Ile-Jourdain et de StGermain-sur-Vienne. 18 Je vous supplie aussi de me faire part des nouvelles générales et celles de la maison. Si Monsieur du Monceau vous escript, vous apprendrés comme il a bien pris l’affaire que vous sçavés. Nous n’avons rien de nouveau de deçà, je ne vous mande rien aussi pour nouvelles. Ne me reste sinon à vous asseurer que je suis de cœur et d’affection. Monsieur, Vostre très-humble serviteur. d’Iray A Thouars, ce xe mars 1619. Archives nationales 1 AP 357/15 13 mars 1619 - Thouars à Monsieur de Champdor Monsieur, Je vous rends grâces de la part que vous me faictes des nouvelles de delà et loue Dieu de la bonne disposition de Madame et de Madamoiselle. Je vous supplie humblement de continuer de à m’en départir à vostre loisir, car il ne seroit pas pas raisonnable que pour si peu de subject vous fussiés diverti des occupations diverses que je m’asseure vous arrestent. J’avois creu du personnage ce que vous m’en escrivés. Dieu luy fera la grâce de mintenir ce qu’il a promis. Icy nous n’avons rien de nouveau sinon que au dire de quelques esprits plustost brouillons que belliqueux nous sommes à la guerre, mais j’espère qu’ils mentiront par leur gorge. Cela est ennuyeux et me mettroit en colère, je le laisse pour vous dire que si vous voulés estre aux nopces de Mlle vostre cousine nous n’avés qu’à vous hâter non qu’il y ait rien d’escrit encore mais la recerche du gentilhomme est agrée de Monseigneur vostre oncle au contentement comme je croy de Mlle vostre cousine. Je pars demain Dieu aydant pour aller en Bretagne où je feray peu de séjour estant obligé de retourner icy au plus tost comme vous sçavés pour les affaires qui me sont commises. Je croy que je trouveray au maître ma besogne faicte, ce me sera un grand contentement. Je vous supplie d’asseurer MM. de Netz et Herauld de mon très humble service et baiser les mains de ma part à toutes vos damoiselles et à la bonne Madame Toinette et à son bon serviteur. Je baise les vostres et suis, Monsieur, Vostre très-humble et obéissant serviteur. d’Iray iesme A Thouars, ce 13 mars 1619. Archives nationales 1 AP 357/16 17 mars 1619 - Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, J’ay commencé l’effect de ma procuration de l’estat des payemens que j’ay à faire par l’affaire le plus important de tous ceux que j’ay commandement de terminer. C’est celuy que vous aviés avec les Sr. et Dame de La Naslière47. J’ay trouvé moyen que celluy-là soit venu en ce lieu avec les pièces principales. Messieurs du Monceau, de La Mazure et moy avons avisé avec luy aux moyens de sortir d’affaire et pour cela avons pris fondement sur la transaction que Vostre Excellence passa à Paris avec la femme dudict Sr. de Naslière en aoust 1613. Par icelle transaction vous estes obligée Madame pour terminer toutes actions et estouffer grand nombre de poursuittes précédentes qui enfin eussent monté à de grandes sommes, de fournir et délivrer audict Sr. de La Naslière la somme de neuf mil six 47 Josias Bidault, seigneur de La Naslière de Blanzay et Jeanne Gillier, son épouse, dame de Mauvergne, maison située dans la paroisse de Beaulieu-sous-Parthenay. Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, tome I, p. 524 et tome IV, p. 141. 19 cens livres, sçavoir six cens livres contant, ce qui fut effectué et neuf mil livres dedans Noël, aultrement que la transaction demeureroit de nul effect. Vous aviés commandé, Madame, que c’est dernière somme fust acquittée ce qui eust sans doubte esté faict sans les arrests faicts entre vos mains par M. le baron de Paillé48, le nommé Sire Jehan et aultres de sorte que sur les contestations qui suivirent il fut ordonné que vous consigneriés à Poictiers ladicte somme de neuf mil livres. Au commencement de nostre traitté ledict Sr. de La Naslière déclara ne vouloir tenir le contenu en ladicte transaction, mais d’aultant que nous luy fismes voir que les arrests qu’il a obtenu depuis contre V. E. (je croy qu’il y en a cinq ou six) ne sont en conséquence de ladicte transaction. Il a estimé avec /2/ nous qu’il estoit à propos de traitter au désir d’icelles en sorte que après plusieurs et diverses contestations. Nous avons tiré parole et promesse par escript que moyennant que dedans la fin du mois de may prochain pour tout délay je consigne pour luy au greffe des consignations à Poictiers la somme de douze mil livres. Il me fera les cessions et transports de toutes les sommes de deniers qui luy sont deues par Monseigneur tant en principal, interests despens qu’aultrement en conséquence de la transaction cy-dessus, et qu’au cas que je ne satisface à la promesse verbale seulement que je luy ay faicte de fournir pour luy auxdicts temps et lieux ladicte somme de xijM livres la promesse par escript qu’il m’a baillée demeurera nulle. Vostre Excellence jugera s’il luy plaist que nous avons assés heureusement commancé à effectuer ce qui nous a esté commandé, car il n’a que son principal et les intérests depuis six cens treize, auxquels la transaction vous oblige et à quoy il n’y avoit aulcun moyen de parer et non encore tous. Nous ne luy avons accordé aulcune chose pour ses frais et despans qui pourroient estre tirés par luy en conséquence, aussi luy avons nous remis la somme de six vingts livres que vous avés, Madame, cy-devant faict délivrer à ladicte Dame son espouse. Il s’est montré fort traittable. Je croy que V. E. aura du contentement que c’est si longue et ennuyeuse affaire ait esté terminée. Reste maintenant et je l’escri à Monseigneur d’aviser avec Monseigneur le duc de Bouillon de faire tenir à Poictiers, sinon tout l’argent porté par son obligation au temps dict en icelle ou à la fin du mois prochain ou commencement de moy à cause de la difficulté et peu de seureté qui se pourra trouver aux chemins pour le moins de quoy satisfaire à ladicte partie promis de xij M livres et à ce qui reste aux chanoines de St-Hilaire sçavoir deuxM livres car ils ont receu la somme de vij a livres par les mains du Sr. de L’Estang commis du Sr. Boyer, receveur des finances audict Poictiers à l’acquict de Monseigneur /3/ et encore ce qui est deub à la vefve Sansay sçavoir iija vjC seize livres, sinon et que l’on ne puisse seurement faire transporter aulcuns deniers que je le puisse sçavoir affin que je mette peine de faire patienter les desnommés. J’ay receu lettres et mémoires des fermiers de Thalmond et abbaye desdicts lieu qui continuent à tesmoigner leur mauvaise volonté, car ils recerchent malicieusement toutes sortes de personnes à qui Monseigneur doibt et font faire arrests entre leurs mains, celuy qui est faict est faict à la requeste des abbé couvent et religieux de Chambon m’en sert de preuve, car j’ay appris par ceux mesmes qui ont arresté que ils l’ont faict à la sollicitation et induction desdicts fermiers. Je les ay mandé à compte par l’advis du conseil avec charge d’apporter les derniers qu’ils doibvent, et les acquicts des payemens prétendus faicts. J’escri aussi à Monseigneur que le Sr. procureur fiscal m’escrit pour les réparations qu’il fault faire aux fours, moulins et pons dudict Talmond. Je le remets aux comandemens de mondict Seigneur. Il adjouste que il est deub au Sr. de La Bassetière49 de qui sont tenu tenues les dixmes de Remartin un homage en rachapt et des devoirs de service, et que ledict Sr. de La Bassetière désire estre satisfaict. Pour l’hommage, je le remets au temps que mondict Seigneur sera au pais, ou qu’il m’ait envoyé procuration pour cela qu’au reste je trouve de la répugnance en ce qu’il demande rachapt et des 48 Louis de Lostanges, baron de Paillé (Charente-Maritime), né du premier mariage de Jeanne Gillier avec François de Lostanges, baron de Mauzé (sur-Mignon), seigneur de Paillé et de La Chagnée. En 1595, Jeanne Gillier, veuve, avait du vendre la baronnie de Mauzé à Madeleine de Bouillé, épouse de Louis de Rochechouart. Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, tome VI, p. 228. 49 Gédéon Dorineau, sieur de La Bastière, baptisé le 31 août 1574 à La Rochelle, d’une famille de financiers gérant les biens des La Trémoille. Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, tome III, p. 145. 20 services annuels d’aultant que ce sont droicts diferens et que ou il y a droict de service annuel il n’y a point de rachapt. Si Monsieur du Chastelier-Porthault eust esté en ce païs nous eussions mis peine de terminer avec luy, car il continue ses poursuittes et faict des frais. Il est à Paris où sont tous les papiers. J’estime Madame que vostre conseil peut entendre ses demandes et par un accord arrester le cours de ses poursuittes. Il y a quelques arrests faicts sur luy entre vos mains. Si l’on accorde il sera nécessaire ce me semble qu’il les face vuider /4/. Nous avons escript aux procureur fiscal et fermiers de La Trémoille affin qu’ils nous apportent les baulx à ferme et les acquicts des payemens par eux faicts affin que suivant cela nous avisions de terminer avec la vesve Barbarin. J’espère Dieu aydant partir demain pour aller au Maine et en Bretagne où je ne pourray faire grand séjour pour ceste fois à cause des affaires que j’auray dedans trois sepmaines icy à Poictiers et à La Rochelle pour effectuer ma procuration. Je supplie très humblement Vostre Excellence de croire que j’apporteray en tous les commandemens que j’ay receu et recevray à l’advenir de vous, Madame, et de Monseigneur le soing et l’entière fidélité que vous pouvés attendre de celuy qui ne prendra jamais aultre qualité que celle, Madame de, De Vostre Excellence Très-humble, très-obéissant et très-fidelle serviteur. d’Iray iesme A Thouars, ce 17 mars 1619. Archives nationales 1 AP 357/17 24 mars 1619 - Laval à Henri de La Trémoille Monseigneur, Je vous ay escript par la voye de Thouars et mandé ce que j’ay faict durant mon séjour de neuf jours audict lieu où Messieurs du Monceau, de La Mazure et moy avons assés heureusement employé ce peu de temps tant en l’accord faict avec M. de La Naslière que en l’acheminement de toutes les autres affaires mentionnées en la procuration et estat que j’ay de Vostre Excellence. Depuis ce temps là, je me suis transporté à Vitré et en ce lieu suivant vos commendemens. A Vitré, j’ay veu vos officiers, Monseigneur, et conféré avec eux sur le subject de la commission que vous leur avés faict expédier pour faire procès verbal des usurpations faictes aux landes et forests de vostre baronie dudict Vitré. Ce qu’ils ont commencé par la lande de Bréal 50, mais peu advancé encore. J’ay receuilly de leurs discours que sans doubte ceste affaire estant bien conduitte vous apportera de l’utilité. Il n’y a rien de nouveau en ce costé là qui regarde vostre service Monseigneur au moins qui sont venu à ma cognoissance. Icy j’ay trouvé les affaires en tel estat que si ceux qui cy devant avoient mis prix aux mille journaulx de bois que vous avés résolu de vendre se fussent portés à la raison ou mesme que l’appréhension qu’ils ont de la guerre ne leur eust faict changer les conditions du marché duquel ils ont présenté des formulaires nouveaux, nous eussions aujourd’huy terminé ceste affaire. Ils n’ont offert que la somme de soixante et cinq mille livres pour lesdits mille journaulx de bois, les mestairies des Genetais et les maisons et jardin /2/ du Petit Jeu de Paulme51 et encores soub des conditions rigoureuses et grandement préjudiciable au bien de vostre service (je dy cecy scelon mon sentiment) sçavoir qu’ils demandoient d’avoir vingt-et-deux journaulx pour vingt et où la terre seroit vague ou peu couverte de bois, trois journauls pour deux de sorte que ne croyant vendre que mille journaulx de bois vous eussiés esté obligé Monseigneur d’en faire fournir plus de treize cens cinquante quatorze cens. Ce prix si bas, et ces conditions si désavantageuses nous ont retenu de rien adjuger en gros et estimé à propos pour vostre service que si les enrechisseurs ne haussent ledict prix. Soubz les 50 Bréal à l’est de Vitré. 51 L’Abbé Angot fait état d’un lieu dit du Jeu-de-Paume dans les communes d’Arquenay et de Juvigné-des-Landes. Abbé ANGOT, Dictionnaire de la Mayenne, op. cit., tome II, p. 494. 21 conditions que vous leur avez faict proposer ou qu’une ultre trouppe qui semble avoir désir de s’accommoder des choses exposées en vente, ne die de meilleures paroles. Nous proposions de vendre par parcelles, car sans doubte vous en tirerés meilleur prix, Monseigneur, mais il y aura un peu plus de longueur non toutesfois telle que dedans un mois vous n’en retirés bien près de quarente mille livres. Nous avons reffusé des deux mestairies la somme de dix mille livres à la charge de l’usufruit de la dame de St-Victor ou bien la somme de xiiijM livres des maisons et jardins du Petit Jeu de Paulme aussi à la charge de l’usufruit et plusieurs aultres sommes de divers particuliers, de sorte que pour bien conduire ceste affaire nous avons estimé à propos et ainsi a il esté ordonné que jeudy et vendredy après la feste. On se transportera sur les lieux où les particuliers assisteront qui feront les brisées et mesme des choses qu’ils désireront. A cela, Monseigneur je ne pourray assister (aussi n’y seray-je pas nécessaire). Vos commendemens m’appellent en ce temps la mesme à Poictiers où je ne maqueray de me trouver, si je ne recoy de vous des commendemens au contraire. Nous n’avons point /3/ adjugé la ferme de vostre comté de ce lieu, Monseigneur, ayant entendu de faire entendre premièrement à V. E. l’estat où nous en sommes. L’ancien bail estoit à huict mil livres compris le moulin d’Olivet qui maintenant en est distraict d’aultant que le fermier de vostre fourneau d’Olivet52 en jouit de sorte que les anciens fermiers n’ont mis prix qu’à vij MijC livres. Il y a eu d’autres encherissemens, les derniers sont venus à la somme de vij MvjC livres. J’ay espérance de l’un d’eux que ladite ferme pourra monter à pareille somme de viij M livres. Mon opinion sur cela, Monseigneur, est que si lesdicts anciens fermiers desquels on vous a rendu beaucoup de bons tesmoignages et qui n’ont encore esté confirmés depuis mon arrivée en ce lieu viennent à pareil prix que les autres et mesme à quelque chose moins, ils doibvent estre préférés. Nous attendrons sur cela l’honneur de vos commandemens. A mon arrivée, j’ay pressé le forgeron pour le prix du terme escheu de sa ferme, lequel j’ay retiré moins cinq livres et l’enveré à vostre argentier, sçavoir la somme de sept cens vingt livres pour l’office de surgarde de vos forests d’Allouée et de Boyère, mais d’aultant qu’il y a du péril aux chemins, j’ay pris icy une lettre de change de toutes les deux sommes du Sr. du ChastelierAudouyn53 ; qui, pour le service qu’il vous désire rendre, n’a voulu prendre aulcune chose pour le change. J’ay mis entre les mains de Monsieur de La Mothe le règlement que vous avés faict pour Quintin, ensemble les lettres de provision des offices de séneschal du Désert et de sergent de Marcillé, ainsi que vous me l’aviés commandé Monseigneur pour des deniers qui proviendront desdits offices payer les soldats de la garnison de Vitré et les appoinctemens au Sr. de Jaulnay qui tesmoigne estre plein d’affection à vostre service, comme faict en ce lieu le Sr. de St-Laurent54 qui en tout ce que j’ay veu s’est porté très-dignement et en bon serviteur. Pour la construction de vos forges55, j’en mettray demain Dieu aidant la /3/ proposition sur le tapis et par mes premières feray entendre à V. E. ce qui se sera passé sur ce subject. J’espère partir d’icy lundy prochain Dieu aydant pour aller en Poictou et retourner au temps que j’estimeray. Vous y pouvoir servir de l’advis de Monsieur de La Mothe. J’ay baillé la commission que vous avés faict expédier, Monseigneur, sur la démission du Sr. Blanchet pour recevoir les deniers provenans de la vente de vos forests, et des tauls et amendes au fils 52 Ce fermier du fourneau d’Olivet s’appelait Michel de Guern, sieur de La Curée. 53 Ambroise Audouin, sieur du Châtelier dans la paroisse de Saint-Berthevin-lès-Laval, d’une famille bourgeoise de Laval. 54 Annibal de Farcy, écuyer, sieur de Saint-Laurent, procureur fiscal du comté de Laval appartenait à une branche cadette d’une famille noble de Normandie. Il est mort dans la Religion réformée le 18 septembre 1650 à Vitré. Paul de FARCY, Généalogie de la famille de Farcy, Laval, 1891, rééditée à Nantes en 1980 par la branche de Pontfarcy avec des aditions. 55 Le développement de la métallurgie française fut largement impulsé par quelques familles nobles qui comme Henri de La Trémoille confiaient l’exploitation de leurs forges à des entrepreneurs qualifiés dont ils attendaient un fermage. Sur ce point Cf. L. BOURQUIN, La noblesse dans la France moderne (XVIe-XVIIIe siècles), p. 183. 22 du desfunt Sr. de La Vauselle56 qui vous a très-bien servy en la charge de procureur fiscal de ce comté et aussi m’aviés vous commandé d’ainsi le faire. Monsieur de Bouillé57 envoya vendredy en ce lieu un des siens pour requérir la ville de luy trouver une maison pour son logement. A cela ils n’ont respondu aultre chose (ainsi me l’ont ils faict entendre ) sinon que s’il venoit icy il se pourroit loger où bon luy sembleroit. Cela est de conséquence ni vos officiers ni vos habitans Monseigneur ne le désirent et appréhendent grandement sa venue. Gerraiseau messager ordinaire de ce lieu à Paris a enchéry du bois à prix raisonnable, vous luy debvés Monseigneur la somme de xijC livres ou environ pour laquelle payer Monsieur de La Mothe a de longtemps ordre et commandemens de Madame vostre mère. Nous ne luy avons encore rien desfinitivement adjugé, mais je puis vous asseurer, Monseigneur, qu’oultre l’affection qu’il a à vostre service il y a de la commisération, car estant chargé d’une muméreuse famille et nécessiteuse il languist en attaendant le payement de cette partie. Le Sr. de La Qeurie, forgeron susdit, vous envoye un mémoire contenant une proposition pour la construction de vos forges. Le Sr de St-Laurent vous en escrit. J’attendray d’en estre mieux informé pour vous donner avis sur ce subject. Je supplie très humblement Vostre Excellence de croire que par tout où je seray commandé d’elle, je serviray avec fidélité et affection comme estant, Monseigneur, Vostre très-humble, très-fidelle et très-obéissant serviteur. d’Iray ième A Laval, ce 24 mars 1619. Monseigneur, J’oubliois à vous escrire que Denis Chanthuon, Sr. de La Pelisonnière58, qui est maintenant pourveu de l’office de surgarde des forests de Boière et d’Allouée et m’a fourny la somme de sept cent vingt livres ainsi que je vous ay escript cy-dessus, désire avoir un acquict de vous de ladicte somme de vijCxx livres par luy déboursée d’aultant qu’il n’a rien pour justiffier ledict déboursement et que si vous révoquiés sa provision son argent seroit perdus. Je croy, Monseigneur, que cela est raisonnable moyennant que vous y faciés employer que luy rendant ladicte somme de vij Cxx livres par luy financé vous le pourrés déposséder quand il vous plaira. Il promet de vous bien servir. Archives nationales 1 AP 357/18 24 mars 1619 - Laval à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Après avoir estanché les affaires pour lesquelles j’estois commandé de passer en Poictou. Je me suis rendu en ce lieu à Vitré au 21iesme et en ce lieu au 23iesme du courant. Là j’ay trouvé quelque acheminement à la commission que les officiers ont de faire des procès verbaux des usurpations faictes aux forests et communs de la baronie, mais pour conduire ceste affaire de laquelle (scelon l’air que j’ay peu prendre dedans le païs on peut sans doubte retirer de l’utilité). Il fault du temps et du soing et pour cela j’y retourneray incontinent que les affaires du Poictou seront terminées. Icy nous n’avons rien adjugé d’aultant que ceux qui avoient mis prix aux bois ont apporté des conditions si rigoureuses et offert is peu que nous n’avons nullement trouvé à propos de leur adjuger. Ils demandent 22 journaulx pour 20 et trois journaulx pour deux aux endroits où il n’y aura que peu ou point de bois, contre ce qui avoit esté accordé qu’ils n’auroient aulcune terre au de là desdicts Thomas Duchemin (1557-1611), sieur de La Vauzelle à Argentré, un huguenot, fut procureur fiscal du comté de Laval. A. JOUBERT, "Note généalogique sur Thomas Duchemin, sieur de La Vauzelle", Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, 2e série, I, 1888-1889, p. 304-305. 56 57 René de Bouillé, marquis de Bouillé, fut gouverneur de Laval de 1611 à 1644. 58 Denis Champhuon, sieur de La Pelissonnière à Saint-Denis-du-Maine, était grenetier à Laval. Abbé ANGOT, Dictionnaire de la Mayenne, op. cit., tome III, p. 244. 23 mille journaulx et que pour cet esfect le fort portant le foible ils prendroient tant plein que vuide sans distinction, car aultrement il leur faudroit je m’asseure au lieu desdicts mille journaulx bien près de treize ou quatorze cens, et aussi qu’ils n’offrent tant dudict bois des mestairies des Genetais que des maisons et jardins du Petit Jeu de Paulme que la somme de LXM livres. Il y a un autre party qui se forme. Madame de St-Victor qui comme l’on dit est malade du /2/ petit Jeu de Paulme iiij M livres et ainsi de diverses personnes plusieurs petites sommes pour le bois, mais pour bien le vendre et affin d’avoir une bien particulière cognoissance de tout. Nous avons esté d’avis qu’il se failloit transporter sur les lieux et y faire transporter ceux qui veulent achepter affin de voir si le nombre des journaulx et la valeur d’iceux selon qu’ils se trouveront couverts de bois. Ainsi je croy que dedans peu de temps on pourra faire une somme bien notable. Pour la ferme Vostre Excellence sçait que l’ancien bail estoit ha viij M livres, mais l’appréhension de la guerre, la distraction qui a esté faicte du moulin d’Olivet duquel jouist à présent le forgeron a retenu les anciens fermiers qui n’offrent que vij M ijC livres d’aultres ont enchéri et le dernier prix est à vijM vjC livres. Le Sr. du Chastelier Audouin m’a baillé espérance de hausse jusques à viijM livres nonobstant les considération cy dessus. Mon advis à cela (et je l’escri à Monseigneur) est que si Lesdicts anciens fermiers offroient pareille somme ou peu moindre que les autres, il seroit bien à propos de les préférer, veu les bons tesmoignages que tout le monde rend d’eux, mais pour cela il est nécessaire d’avoir les commandemens de Monseigneur au plustost. J’ay mis entre les mains de Monsieur de La Mothe le règlement que Monseigneur a faict pour Quintin et les lettres de provision des offices de seneschal du Désert et de sergent de Marcillé affin que des deniers qui proviendront de la vente d’iceux il pare et acquitte ce qui est deub à la garnison de Vitré et les appointemens de M. du Jaulnay s’il y a de quoy suffire à tout. J’ay vivement pressé le forgeron en sorte que j’ai retiré de luy à desduire sur la demie année escheue de sa ferme la somme de quatorze cens livres de laquelle (appréhendant le hazard des chemins) j’envoye une lettre de change à l’argentier de Monseigneur et en son absence à Monsieur de Netz. Je luy envoye cent pistoles par le mesme ordre, lesquelles j’ay retirées de l’office de /3/ surgarde des forests d’Allouée et de Boyère. Suivant les commandemens que j’avois et de l’advis de Monsieur de La Mothe, j’ay mis entre les mains du fils du deffunct Sr. de La Vauzelle la commission expédiée sur la demission du Sr. Blanchet pour recepvoir les deniers provenans de la vente ordinaire des forests et des taulx et amendes jugées. Il est à présent marié59 et promet de se bien acquitter de son debvoir, et d’ailleurs il ne pourra estre receu sans donner bonne et suffisante caution. Je ne puis encores rien mander à Vostre Excellence sur les propositions faictes pour les forges. Je mettray aujourd’huy cela en délibération et vous donneray advis, Madame, de ce qui se sera passé. Monsieur de La Mothe a par sa prudence tellement levé les troubles oppositions et traverses que faisoient cy-devant les usagers, que lorsque nous avons esté à l’audience pour faire les ventes cydessus aulcun n’a formé d’opposition. Si je ne reçoy commandement au contraire, je retourneray icy pour aider à parachever toutes les affaires cy-dessus incontinent que nous aurons mis ordres à celle de Poictou, que j’appréhende estre retardées par l’appréhension qui pourra saisir les gens de Monseigneur le duc de Buillon et les empescher de porter l’argent qu’ils doibvent fournir à Poictiers. Je supplie très-humblement Vostre Excellence de croire qu’en tout je serviray avec affection et fidélité. Les habitans de ce lieu appréhendent grandement l’arrivée de Monsieur de Bouillé qui a envoyé un des siens afin que les habitans luy cerchassent un logis, mais ils l’ont remis à en faire cercher luy mesme et à se loger où bon luy sembleroit. Le forgeron sort d’icy qui a mis un mémoire concernant les forges entre les mains du Sr. de StLaurent pour vous faire entendre certaine proposition sur la construction desdictes forges, delaquelle n’estant pas bien esclairci je ne puis rien dire à Vostre Excellence pour ceste fois. Vous aurés 59 François Duchemin, sieur de Barbein, fils aîné de Thomas Duchemin, Sieur de La Vauzelle, et de Judith de Launay, avait épousé le 5 février 1619 au château de Montjean Suzanne Journée, fille d’Isaac Journée, Sieur de La Ronce et de Jeanne de Gennes, née le 5 février 1595 à Vitré. 24 souvenance s’il vous plaist, Madame, que de longtemps Monsieur de La Mothe à ordre et mandement de vous de payer la somme de xijC livres ou environ /4/ à Gerraiseau messager qui a mis prix, comme plusieurs aultres, à quelque canton de bois. Nous ne luy avons rien adjugé deffinitivement, mais je vous asseure, Madame, qu’il y a de la commisération et que sa famille numéreuse et nécessiteuse languist après le payement de ceste partie. Il a mis le bois à bon prix voire à plus haut qu’aulcun aultre de sorte que Monsieur de La Mothe. MM. les officiers et moy sommes bien d’avis de luy satisfaire en ceste part si vous le trouvés bon, Madame, et que Monseigneur l’ait agréable. La crainte que j’ay que Mondict Seigneur ne soit à Paris m’a obligé d’adresser la lettre de change de la somme de ijM Cxx livres à M. de Netz en l’absence dudict Guérin. Voylà Madame ce qui s’est passé depuis mes dernières, de sorte qu’il ne me reste sinon de prier Dieu pour vostre prospérité et santé et qu’il me rende tousjours si heureusx que je puisse estre aimé de vous en la qualité, Madame de, De Vostre Excellence Très-humble, très-obéissant et très-fidelle serviteur. d’Iray iesme A Laval, ce 24 mars 1619. Archives nationales 1 AP 357/19 24 mars 1619 – Laval à M. de Champdor Monsieur, Je vous ay escript par le messager de Thouars du xviie, mais je ne puis me lasser de vous entretenir et vous asseurer de la continuation de mon invariable affection à vostre service. Vous apprendrés par les lettres que j’escri à Madame ce que j’ay faict depuis que je suis arrivé en ce lieu. J’envoye au Sr. Guérin une rescription de la somme de deux mil cent vingt livres ou en son absence à M. de Netz, à qui j’en fay l’addresse. Je vous supplie d’affection de veiller à ce que celuy des deux qui la recevra et ladicte somme de ij M Cxx livres porté en icelle m’en envoye le récepicé par la voye du messager de Thouars auquel si vous ou quelque autre prenés la peine de m’escrire vous donnerés s’il vous plaist vos lettres car je partiray Dieu aydant demain ou mardy pour y aller. J’ay appris icy les fiançailles de Madame Toinette60. J’en loue Dieu et en suis grandement aise, mais elle ma donné le contentement d’y assister. En partant de Thouars je laissais Monsieur du Monceau qui se portoit bien. Pour moy, je me haste pour estre aux nopces de Mlle vostre bonne cousine. Faites mois l’honneur s’il vous plaist de me mander ce que vous aurés appris depuis vos dernières et le temps auquel nous seront si heureux que de voir toute nostre seigneurie que Dieu conserve et vous aussi. Je suis, Monsieur, Vostre très-humble serviteur. d’Iray iesme A Laval, ce 24 mars 1619. Je vous supplie d’aller au logis de Périer ou chez Pacard61, libraires demeurans près Monsieur Herauld, et vous enquérir s’ils ont le Traitté de Parlemens par Bernard de La Roche-Flavin62, semblable à celuy que vous voyés au logis de M. Arnaud et l’achepter en blanc et me l’envoyer par le 60 Fiançailles d’Antoinette Guilmar, femme de chambre de Charlotte-Brabantine de Nassau, avec Gilles Brosseau son argentier. Le Fonds La Trémoille conserve de ses lettres aux cotes 1 AP 656 et 658. 61 Adrien Périer et Abraham Pacard étaient deux marchands libraires huguenots originaires de Lyon, établis au faubourg Saint-Germain, rue Saint-Jacques, le premier à l’enseigne du Compas d’or et le second à celle de l’Etoile d’or. Henri-Jean MARTIN, Livre, pouvoirs et société à Paris au XVIIe siècle (1598-1701), Préface de Roger Chartier, Librairie Droz, Genève, 1999, 2 vol, tome I, p. 332 et 394-395. 62 Il doit s’agir des Treize livres des Parlements de France de Bernard de La Roche-Flavin publié en 1617 à Bordeaux, gros in-folio de 968 p. 25 messager de Thouars d’aultant que le bonhomme M. le Sénéchal me persécute pour luy faire venir. Je vous envoyeray ce qu’il vous aura cousté me le mandant. Archives nationales 1 AP 357/20 8 avril 1619 – Thouars à M. de Champdor Monsieur, Je vous rends grâces des nouvelles que vous me mandés, j’en reçoy un contentement extrême car par icelles l’heureuse issue deux affaires qui me faisoient appréhender pour leur conséquence. Je vous rends grâces aussi de ce que vous avés escript à Monsieur de La Mothe touchant la rescription de ijMCxx livres que j’addressoy à Monsieur de Netz par la voye de Laval et de j’avoye chargé le papier de Gerraiseau. Je suis grandement estonné qu’elle n’ait esté rendue audict Sr. de Netz. Je vous supplie d’affection de vous en enquérir et me mander par ce présent voye ce que vous en sçaurés affin que ie tasche promptement à y mettre odre. Vous me manderés, s’il vous plaist, ce que vous aura cousté le livre que je vous ay supplié de m’envoyer et je vous vous envoieray par la première voye, laquelle attendant je vous baise les mains et suis de tout mon cœur, Monsieur, Vostre très-humble serviteur. d’Iray iesme A Thouars, ce 8 apvril 1619. Archives nationales 1 AP 357/21 8 avril 1619 – Thouars à Henri de La Trémoille Monseigneur, Par mes dernières de Laval je vous ay faict entendre particulièrement ce qui s’estoit passé pour vostre service durant mon séjour audit lieu et à Vitré vous suppliant comme je fay encore trèshumblement Monseigneur de nous donner sans cela vos commandemens. Par icelles je remetois à celles-cy à vous mander ce que j’apprendrois pour la construction de vos forges. A cela j’ay à vous dire Monseigneur que le Sr. de La Cuerie qui a présent exploite vostre fourneau d’Olivet n’ayant pas assés de commodités et de force seul pour effectuer ce qu’il avoit […] près, recerché de toutes parts, de s’associer quelques personnes solvables. J’ay appris qu’il a veu pour cet effect M. de Vanve, escuyer, riche de quatre ou cinq mil livres de rente, qui a aultres fois tenu les forges de Monsieur le mareschal de Brissac à Pouansay63, comme aussi le Sr. de Sourches, escuyer, mtre des forges de Monsieur le duc de Mayenne64, et aussy quelques marchands du païs lesquels jusques icy n’y ont voulu entendre. Les uns prennent prétexte sur l’insolvabilité dudit de La Cuerie, les aultres sur le grand prix qu’il est obligé de payer pour lesdites forges. En [cette] extrémité il a cerché des remèdes pour se relever et ainsi […] que l’on luy trouvast jusques à 15 ou 16 M livres pour employer tant à la construction de la forge que pour achepter une maistairie et moulin nommé Pinchault lieu fort propre pour cela (à ce que j’ay appris dedans le païs) distant d’environ de deux lieux de Laval et en ce faisant il offre payer l’intérest de ladicte somme à raison de l’ordonnance et augmenter sa ferme de xij ou xvC livres. Il me semble qu’il n’y a pas grande apparence d’entendre à ceste proposition d’aultant que ce seroit tousjours davantage s’engager avec luy et se mettre en plus grand hazard tant en considération de son insolvabilité que pource qu’il pourroit divertir ses deniers où il est pressé de payer. Toutes fois d’aultre que ceste condition est grandement advantageuse si l’on trouvoit /2/ la seureté ou qu’il se peut associer avec quelque homme de moyens qui fist les advences ou qui peut les asseurer si l’on estoit contraint de les faire. Monsieur de La Mothe s’est efforcé d’y faire entre les Srs. 63 La forge de Pouancé (Maine et Loire) sur l’étang de Tressé à la limite de la Bretagne et de l’Anjou. 64 La forge de Chailland (Mayenne). 26 du Bois-Belin65 et de Bourgon66, gentilshommes du païs, et celuy là pour certaines bonnes considérations plustost que celluy-cy. Mondit Sr. de La Mothe m’a asseuré qu’ils font paroistre quelque volonté pour cela, mais jusques à mon partement dudit Laval il n’y avoit rien de résolu. Depuis ledit La Cuerie a faict une aultre ouverture de laquelle il a dressé mémoire qui a esté envoié à Madame vostre mère par le Sr. de St-Laurent cela m’empeschera de vous la réitérer. J’ay encore à vous dire sur ce subject, Monseigneur, que le Sr. de La Poulardière67 marchant en vostre ville de Laval, riche d’environ cinquante ou soixante mil livres, a offert à mondit Sr. de La Motte de faire advance de la somme de seize mil livres, tant pour l’acquest des mestairies et moulin cy-dessus que pour la construction de la forge et de se contenter de cinquante arpens de bois pour les forges et fourneaux à prendre en la forest de Missedon ou Concise ou grande forest de La Gravelle ne reprendre son remboursement de ladite somme de seize mil livres que sur telles années que l’on voudra voire sur les dernières de sa ferme. Il n’a encore offert que sept mil livres, mais mondict Sr. de La Mothe s’asseure qu’il pourroit hausser le prix. Si V. E. commande que l’on entre en quelque traitté avecque luy. J’estime, Monseigneur, qu’il doibt asseurer ledict La Cuerie d’aultant qu’il a un contract, et pour autres considérations que scelon vostre bonté et charité vous pouvés asser juger. J’avois oublié en mes dernières (pour obéir de poinct en poinct à vos commandemens) de vous mander, Monseigneur que mondict Sr. de La Mothe a faict l’extraict de ses comptes, mais on ne peut tirer au vray des payements faicts à divers particuliers sans avoir les quittances qui, comme im m’a appris sont encores à Paris en diverses mains, lesquelles il est très nécessaire de retirer, et particulièrement celles qui sont entre les mains de Bontemps, ce qui luy est deub se trouvera au bas de ses parties arrestées par mondict Sr. de La Mothe, qui estant à Quintin, a receu les procès contre les gentils hommes de /3/ de Basse Bretagne et baillé charge au procureur fiscal, dont Monsieur de Lorial à mémoire. Voyla Monseigneur ce que j’ay a adjouter à mes précédentes, encore que je croye que mondit Sr. de La Mothe vous aura donné advis de tout. Aujourd’huy expire le temps que Monseigneur le duc de Buillon a pris pour vous faire toucher à Poictiers la somme de trente-deux mil livres. Je pars pour m’y trouver demain Dieu aydant incertain si je trouveray personne de la part de mondict seigneur de Bouillon à cause de la difficulté et peu de seureté qu’il y a aux chemins et principalement en ce pais là où il y a quantité de gens de guerre qu’a levé Monsieur le comte de La Rochefoucault, M. Le Chastelier-Barbot oultre M. de La Gorronnière lève en Bas Poictou l’un et l’aultre sont [à] Saint-Maixent avec Monsieur de Rohan qui n’a pas [reçu] de La Rochelle le contentement que quelques uns luy faisoient espérer. On ne luy a pas mesme envoié faire les complimens ordinaires. Je croy qu’il a esté bien conseillé n’ayant pas pris résolution d’y aller. Plusieurs croyent qu’il ne s’en fust pas retourné content. L’assemblée estoit presté à se séparer quand un courrier du Béarn arriva et fit changer le dessein de ceste séparation, d’aultant qu’audit Béarn ils ne vouloient [en] aulcune façon entendre aux propositions d’accommodement [qui] avoyent esté envoyées. Icy vos affaires roulent à [l’accoutumée. Les] fermiers de Thalmond se couvrent tousjours d[…] à la requeste des religieux et couvent de Chambon […] d’un autre faict à la requeste du Sr. Berny ministre […] affin qu’ils apportent coppies des pièces justifficatives des payemens qu’ils prétendent avoir faicts […]. Je travailleray en tout avec fidélité comme, Monseigneur, Vostre très-humble, très-fidelle et très-obéissant serviteur. d’Iray iesme A Thouars, ce 8 apvril 1619. Archives nationales 1 AP 357/22 65 Gilles du Grasmesnil, seigneur du Bois-Belin à Erbrée, demeurant à Bréal-sous-Vitré, fils du conseiller au parlement de Bretagne Jean de Gramesnil et de Catherine Morel de Lespinay. 66 François de La Corbinaye, seigneur de Bourgon et des Moulins-Neufs. 67 Nicolas Le Macon, sieur de La Poulardière, un riche entrepreneur dont il sera souvent question dans les lettres de Jean Rogier. 27 8 avril 1619 – Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, J’ay escript de Laval à Vostre Excellence tout ce que nous avions négotié tant là qu’à Vitré. J’escri amplement à Monseigneur ce qui est venu à ma cognoissance touchant les forges, mais la crainte que j’ay que son absence empesche que vous ne voyrés mes lettres. J’ay à vous dire, Madame, (je croy pourtant que Monsieur de La Mothe vous en aura donné advis) que le Sr. de La Qeurie qui a présent exploite le fourneau estant grandement incommodé a recerché et recerche tous les jours de s’associer quelques personnes solvables. Il en a faict parler aux Srs de Vanve et de Sourches, gentilshommes fort accommodés desquels celluy là a tenu à Pouansay les forges de Monsieur le mareschal de Brissac et celluy-cy tient encore celles de Monsieur le duc de Mayenne, mais ne l’un ne l’autre jusques icy n’y a voulu entendre à cause de l’insolvabilité dudit La Qeurie qui depuis a demandé que l’on luy advancast la somme de xiij M livres pour achepter une mestairie et un moulin nommé Pinchault et faire là le bastiment des forges, offrant de payer l’intérest d’icelle somme et d’augmenter sa ferme de xvC livres mais à cela on doibt appréhender que la nécessité ne luy fist divertir les deniers qui luy auroient esté advancé et les employer ay payement et acquist des debtes pour lesquelles il est pressé. On croit que Monsieur de Bois-Belin et Monsieur de Bourgon ont volonté d’entrer en son marché. S’ils le sont je croy, Madame, que ce sera la meilleure et plus utile de toutes les propositions qui ont esté faictes sur ce subject, car lors la seureté y sera toute entière. Vous aurés aussi receu Madame une seconde ouverture proposée par leidt La Querie de laquelle le Sr. de St-Laurent a envoyé mémoire à Vostre Excellence. Le Sr. de La Poulardière, marchant de Laval grandement accommodé, comme m’a faict entendre Mondit sr. de La Mothe offre de faire les advances de ce qui sera nécessaire tant pour l’achapt desdits mestairie et moulins que pour le /2/ bastiment de la forge et ne se rembourser de ses advances que durant les dernières années de sa ferme, mais il n’offre encore que sept mil livres (il y a pourtant espérance de plusà aussi ne demande il que cinquante arpens de bois pour les forges et fourneau à prendre en la forest de Missedon en Concise ou grande forest de La Gravelle. Il y avoit bien de la difficulté de traitter avec celuy-cy sans Le Querie qui a un contract et d’ailleurs je croy Madame qu’il y a de la charité de le faire entrer en partie de quelque marché qui se face. Je pars présentement pour aller à Poictiers car aujourd’huy expire le temps porté en l’obligation de xxxijM livres de Monseigneur le duc de Buillon. Il y a des gens de guerre aux environs dudict Poictiers. L’on craint que cela n’empesche les gens de mondict Seigneur de Buillon de s’y trouver. Je n’ay encore rien receu des fermiers de Thalmond et d’Angles. Ceux-là se couvrent des arrests faicts entre leurs mains et tout fraischement d’un faict par le Sr. Berny, ministre. Je n’ay receu aulcunes nouvelles ny commandemens de V. E. depuis mon partement de Paris ; si j’ay l’honneur d’en rencevoir je m’y conformeray entièrement comme, Madame, de Vostre Excellence le très-humble, très-obéissant et très fidelle serviteur. d’Iray iesme A Thouars, ce 8 apvril 1619. Archives nationales 1 AP 357/23 10 avril 1619 – Poitiers à Henri de La Trémoille Monseigneur, Il ne s’est passé qu’un jour depuis mes dernières de Thouars par lesquelles j’ay donné advis à V. E. de tout ce que j’ay appris sur le faict de vos forges de Laval, et des autres choses desquelles vous m’aviés donné commandement que je ne vous avois faict entendre par mes pénultiesmes de Laval d’aultant que lorsque je les escrivis elles n’estoient encore venues à ma cognoissance. 28 Hier me furent rendues les lettres du Sr. Chastellier-Cornillau68 cy incluses en lesquelles il discourt amplement du dessein et volonté qu’il a de renouer la vente en gros des mil journaux de bois, métairies des Genetais et Petit Jeu de Paulme. Vous verrés par icelles, Monseigneur, son inetention, son prix et les conditions qu’il demande. Cella m’empeschera des les réitérer. Seulement ay-je à vous dire qu’il est besoing d’avoir sur ce promptement vos commandemens comme ledict Cornillau mesme le désire pour les raisons employées de sesdictes lettres. Icy je n’ay trouvé personne de la part de Monseigneur le duc de Bouillon. J’attendray encore quelques jours pour ne manquer en rien à obéir à vos commandemens, mais j’appréhende que les gens de guerre qui sont en Limouzin les auront retenu chez eux. Monsieur le comte de La Rochefoucault n’est party que d’hier pour aller à St-Maixent où Monsieur de Rohan se doibt trouver. Mondict Sr. de La Rochefoucault a mené cinquante ou soixante carabin ausquels il a faict prendre des casaques, ceux là sont ordonnés pour sa garde. Il y a nombre de gens de pied qui rodent le païs et se sont desja estendus jusques à Montmorillon où il a mis garnison. Tout est aussi esmeu en ce lieu comme calme à Thouars et environs où vous estes grandement désiré Monseigneur. Je prie Dieu qu’il vous y amène scelon vos désirs et vous donne des assiduels accroissemens de grâces et de toutes sortes de prospérits, ce sont les souhaits, Monseigneur, de Vostre très-humble, très-obéissant et très fidelle serviteur. d’Iray A Poictiers, ce 10iesme apvril 1619. Archives nationales 1 AP 357/24 10 avril 1619 - Poitiers à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Depuis mes dernières de Thouars, j’ay receu du Sr. du Chastelier-Cornillau les lettres cyincluses. Vostre Excellence verra par icelles son dessein et son prix et soubz quelles conditions. Icy n’est encore arrivé aulcun de la part de Monseigneur le duc de Buillon. J’ay crainte que les gens de guerre qu’a Monsieur le comte de Chomberg en Limouzin et partie mesme de ceux qu’a levé Monsieur le comte de La Rochefoucault qui se sont desja estendu jusques à Montmorillon ne facent appréhender à ceux qui ont charge de mondit Seigneur de Buillon de commettre leur argent aux chemins ou certes il n’y a plus guères de seureté. J’attendray pourtant encore quelques jours affn qu’il n’advienne faulte de ma part. Icy les esprits sont grandement esmeus et jusques à présent tout fort tranquille à Thouars. Je verray ce matin Dieu aydant Monsieur le thésorier de St-Hilaire affin que le chapitre dudit St-Hilaire ne face point de frais pour ce que Monseigneur leur doibt de reste. En tout je me porteray tousjours comme je doibs avec soing et fidélité priant Dieu que les effects de mon service respondans à mon affection vous donnent subject de me tenir en la qualité, Madame, De Vostre Excellence Vostre très-humble, très-obéissant et très-fidelle serviteur. d’Iray iesme A Thouars, ce X apvril 1619. Archives nationales 1 AP 357/25 13 avril 1619 – Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau 68 Pierre Cornilleau, sieur du Châtelier, d’une famille bourgeoise lavalloise. 29 Madame, Le Sieur de Grandmont69 arriva jeudy dernier à Poictiers et apporta la somme de trente deux mil livres que Monseigneur le duc de Buillon devoit faire fournir à Monseigneur en ce temps là audit Poictiers où ladicte somme de xxxijM livres m’a esté délivrée et mise ès mains par ledict Sieur de Grandmont, thésorier de mondict Seigneur le duc de Buillon. J’en ay baillé acquict conforme à celluy que le Sr. de Netz a baillé au Sr. Le Vasseur à Paris pour la somme de xxxiij M livres. Le conseil de Monseigneur audit Poictiers a assisté à tout ce que j’y ay faict. J’ay payé ce qui restoit aux chanoines et ce qui estoit deub à la vefve Sausay. J’ay faict conduire le reste en ce lieu appréhendant les mouvemens qui commencent et principalement en ce païs là. J’ay veu Madame de Ste-Croix70 que j’ay asseurée de la bonne disposition de Vostre Excellence. Je vous asseure aussi de la sienne Madame et de le grande joie et contentement qu’elle tesmoigne de l’heureux mariage de Monseigneur. Tout est encore en icy en grande paix ou je prie Dieu qu’il vous maintienne en sa saincte garde et qu’il me face la grâce d’estre recognu toute ma vie, Madame, De Vostre Excellence Vostre très-humble, très-obéissant et très-fidelle serviteur. d’Iray esme A Thouars, ce xiij apvril 1619. Archives nationales 1 AP 357/26 31 avril 1619 – Thouars à Monsieur de Champdor Monsieur, Le messager m’a rendu les lettres de Madame du 16iesme de ce mois et iesme les vostres du 21 . Je n’ay point receu celles que Madame me mande m’avoir faict l’honneur de m’esscrire à Laval. Vous verés par celles que je luy escri comme je respon à ce qu’elle me faict l’honneur de me mander touchant les abbayes. Il fault que je me soye mal expliqué là dessus au passé, car quand j’ay parlé d’arrests et saisies j’entendois qu’ils estoient faicts sur la principaulté de Thalmond comme les arrests faicts à la requeste des religieux abbé et couvent de Chambon pour la somme de xijCxxx livres et à la requeste de M. Casar Berny ministre de Mouilleron pour la somme de xiCiiijxx xij livres x S […] bien que les fermiers des abbayes et particulièrement celuy de l’abbaye de Thalmond faisoient de grands frais car par l’estat qu’il m’a envoyé il prétend ne debvoir de la dernière demie année que la somme de ijC Lix livres ix S de sorte que ce mal entendu est venu pour ne m’estre pas faict entendre. Je vous remercie humblement de la peine et du soing que vous prenés de me mander ainsi particulièrement des nouvelles de la maison et des générales qui viennent à vostre cognoissance. Je vous supplie de continuer et vous m’obligerés de plus en plus encore que je le soye en beaucoup de façons et tout fraischement en ce qu’il vous a pleu prendre la peine d’achepter et m’envoier le Traicté des parlemens où il y a un cahier entier à dire ainsi que vous verrés par le petit mémoire du libraire à qui je l’avois baillé pour le faire relier de sorte que je vous supplie de porter ledict mémoire à celuy qui vous a vendu le livre affin qu’il fournisse ledict cahier de quoy il ne doibt faire de difficulté. Je vous envoye les cent dix sols qu’il vous a cousté. Nous n’avons icy aulcune nouvelles. Le Fresne a parachevé les reliques de sa vie avec celles de son poulmon. Il a décédé ce matin. Pour moy je suis tout malade, non grâces à Dieu retenu au lit mais en l’appréhension de m’y voir réduit si mes dégoustemens et ma lassitude continuent. Je vous supplie d’affection de vous servir de moy et de m’employer en quelque chose pour revanche de tant de bons 69 Au vu de la lettre précédente le Sieur de Grandmont était un officier de la vicomte de Turenne. 70 Flandrine de Nassau, quatrième fille de Guillaume de Nassau et de Charlotte de Bourbon, née le 18 août 1579 à Anvers, elle fut élévée par sa tante Jeanne de Bourbon, abbesse de Jouarre et de Sainte-Croix de Poitiers. Elle abjura le 15 août 1588, prit le voile le 19 septembre 1590 et fit sa profession le 21 novembre 1593. Elle devint abbesse de Sainte-Croix de Poitiers le 25 juillet 1604. Elle mourut le 10 avril 1640. Sur le rôle de Flandrine de Nassau fut une des grandes abbesses réformatrices de Sainte-Croix. Cf. Edmond-René LABANDE (Dir), « Histoire de l’abbaye de Sainte-Croix de Poitiers », Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 4ème série, Tome XIX, Années 1986-1987, p. 271-305. 30 offices que vous me rendés. Si Monseigneur appelle à son service le Sr. de Rosemont, je m’asseure qu’il en recevra du contentement. Je vous baise les mains et à luy, et suis, Monsieur, Vostre très-humble serviteur. d’Iray A Thouars, ce dernier jour d’apvril 1619. Archives nationales 1 AP 357/27 1er mai 1619 – Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, J’ay receu celles qu’il a pleu à Vostre Excellence m’escrivit du 22iesme mars et 16eme du précédent pour respondre à ce que les denières touchant des abbayes j’ay voulu dire au passé que les fermiers d’icelles nous veulent faire croire avoir faict de grands frais et particulièrement celuy de l’abbaye de Thalmond lequel suivant l’estat qu’il m’a cy-devant envoyé ne se prétend reliquataire du prix de la dernière demie année de la ferme, que de la somme de ij C lix livres ix sols iiij deniers de laquelle j’ai bien eu de la peine à la faire désaisir, m’ayant tesmoigné beaucoup de mauvaise volonté en cela, comme en ce qu’il ne m’a voulu délivrer aulcuns deniers pour le prix de la ferme de la principaulté dudit Thalmond se couvrant des arrests faicts entre ses mains à la requeste des religieux, abbé, couvent de Chambon et de M. Casar Berny, ministre de Mouilleron, ceux-là pour la somme de xijC xxx livres et celluy-cy pour la somme de xjC iiijXX xij livres x sols. Pour terminer avec ceux-là nous avons promis à leur fermier ayant charge d’eux la somme de vj C livres laquelle il n’a voulu accepter. L’aultre des fermiers à sçavoir celuy d’Angles71 m’a faict délivrer la somme de douze cens livres de sorte que je n’ay touché desdicts deux fermiers que la somme de quinze cens livres que j’ay délivré à M. de La Mazure à déduire sur ce qui vous est deub par Messeigneurs pour la rente des deniers dotaux de Vostre Excellence. Monseigneur me faict l’honneur de m’escrire et me commander que j’aille le trouver incontinent que j’auray mis ordre aux placemens qu’il m’a commandé faire des deniers que j’ay touché à Poictiers de Monseigneur le duc de Buillon par les mains du Sr. du Grand Mont et mesmes avant qu’aller en Bretagne que je me rende près de luy ; de sorte qu’il me sera impossible de me trouver à l’adjudication de ce qui est esposé en vente en ce païs là. Car comme vous /2/ sçavés très bien, Madame, il est malaisé de pouvoir traitter si promptement tant de diverses et importantes affaires estant nécessaire de faire divers voyages pour cela comme à Lodun pour l’affaire du Sr. de La Valette, à La Rochelle pour celle du Sr. Chalmot, et à Poictiers où je me doibs trouver dedans la fin du mois courant pour terminer avec le Sr. de La Naslière et consigne pour luy la somme de xij M livres. Ce qui ne s’est fait plus tost à cause qu’il est obligé par la transaction que V. E. à cy-devant faict avec Madame sa femme ayant charge et procuration de luy de fournir plusieurs papiers, desquels les uns sont à Paris les autres ailleurs, et lesquels il est nécessaire de retirer, car ne les fournissant pas comme il est obligé de faire par ladicte transaction et fault qu’il donne asseurance et l’occasion de les fournir, ou que l’on consigne seulement à la charge qu’il les fournira dedans un certain temps.Je ne feray rien sans l’advis du conseil. J’ay aussi baillé assignation à la vefve Barbarin audict Poictiers de sorte que si Dieu me rend un peu ma santé je ne manqueray de m’y trouver. J’ay baillé à mondit Sr. de La Mazure la somme de cent soixante et douze livres pour le remboursement de pareille somme par luy cy-devant fournie sur les mandemens de Monseigneur au Cappitaine La Perrière72 et sergent Amat. Je n’ay point receu celles qu’il a pleu à V. E. m’addresser par la voie de Laval. Le Sr. du Monceau s’est chargé d’envoyer à Monseigneur la coppie de la transaction que luy et moy avons ce jourd’huy faict avec Mlle de Blazay sur le droict de fief qu’elle 71 L’abbaye d’Angles au sud-est de Talmont, ancien prieuré érigé en abbaye au début du XIVe siècle. 72 Jean Guymeleu, dit le capitaine de La Perrière, un soldat de la garnison de château, qui s’établit à Vitré à la suite de son mariage le 19 juin 1591 avec Suzanne Lefebvre. 31 prétend en ceste ville. Le Sr. du Monceau avoit commandement par lettres de Monseigneur, et moy seulement un verbal, mais d’aultant qu’elle a désiré que je fusse estably en ladicte transaction je l’ay volontiers faict ayant mesmes depuis mon arrivée en ce lieu recognu plus particulièrement le mérite de ceste affaire. Cela se peut mieux dire de bouche que par escript. Nous sommes obligées de fournir la rattiffication de Monseigneur, lequel je supplie très humblement nous l’envoyer et me faire entendre ses commandemens. Ne me reste sinon à prier Dieu pour vostre prospérité et santé, et à vous supplier très-humblement de croire que je n’ay d’autre désir plus grand que de me conserver la qualité, Madame, De Vostre Excellence Très-humble, très-fidelle et très-obéissant serviteur. d’Iray A Thouars, ce premier jour de may 1619. Archives nationales 1 AP 357/28 22 mai 1619 – Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Le conseil de ce lieu avoit esté d’advis de mander le Sr. Berny pasteur de l’Eglise de Mouillerons avec les pièces fondamentales et justifications de ses prétentions et suivant icelles luy accorder (soubz le bon plaisir de Monseigneur) ce qui luy est deub en principal et despans taxés avec les intérests et à taxer s’en est retournée sans fruict ny pour nous ny pour elle. Le Sr. du Monceau s’est chargé d’envoyer à Vostre Excellence la coppie de la transaction que luy et moy avons faict avec le Sr. La Jault tant en son nom que comme ayant les droicts cédés des religieux, abbé et couvent de Chambon touchant les arrérages qui leur ont deubs. Nous luy prometons (soubz le bon plaisir de Mondit Seigneur de luy bailler et payer dedans six sepmaines la somme de neuf cens livres, sçavoir les rachapts de Bouchet et de la Chapelle de Viel Pont pour la somme de quatre cens livres à laquelle ils luy ont esté adjugé, et la somme de quatre cens livres de […], et aussi de fournir de rattification de mondict Seigneur dedans ledict temps à faulte de laquelle la transaction demeure nulle à quoy il estime que Monseigneur a un notable intérest d’aultant qu’il y a desjà de liquide xijCL livres ou environ, et que le tout pourroit monter xviij C livres qui s’acquittent pour la moitié si ladicte transaction a lieu. C’est pourquoy, je supplie très humblement Monseigneur de nous envoyer ladicte rattification. Il n’y a point encore eu de moyen d’amener à raison la vefve Barbarin qui m’escript et faict escripre qu’elle ne veult rien diminuer du principal de ce qui luy est deub non plus que des intérests et despans. Le Sr. Bourceau de Poictiers me mande qu’il la rendra enfin plus traittable. Quant au /2/ Sr. de La Naslière il me mande qu’il ne peut fournir les pièces et actes à quoy la transaction l’oblige. Il me semble Madame que puisque Vostre Excellence faict entretenir de point en point ce qu’elle luy a promis par ladicte transaction et mesmes payer tous les intérests quasi depuis le terme expiré. Il est raisonnable mesme nécessaire que de sa part ledict Sr. de La Naslière fournisse lesdictes pièces d’aultant qu’elles pourroient demeurer en mains de personnes qui cy après en feroient peut-estre de nouvelles demandes. Je luy escripray demain Dieu aydant. Les Srs du Monceau, de La Mazure et moy avons veu la coppie du partage provisionnel de Messeigneurs. Nous en escrivons tous ensemble à V. E. C’est tout ce que j’ay depuis mes dernières et je prie Dieu, Madame, qu’il vous tienne sa saincte garde, et qu’il me face la grâce de mériter la qualité, Madame, Vostre très-humble, très-fidelle et très-obéissant serviteur. d’Iray iesme A Thouars, ce 22 may 1619. Archives nationales 1 AP 357/29 32 22 Mai 1619 - Thouars à Monsieur de Champdor Monsieur, Il est nécessaire que mes lettres ne soient que remerciements de tant de peine que vous prenés à mon occasion et nouvellement du soing que vous avé eu de faire cercher le cahier qui rendoit imparfaict le traitté de parlemens que j’ay receu et vous en rends mille graces. C’est trop m’obliger de vous mettre en […] de mes indispositions qui continue mais parfois avec plus de relance qu’au passé, aussi a elle esté plus grande depuis mes dernières. Dieu a faict une grande grâce à Madame la mareschalle de Fervaques de l’avoir appellé en son repos, et Madame un grand honneur de luy avoir menée comme par la main73. Je suis bien aise de l’adjudication des mil journaux, mestairie des Genestais et Petit Jeu de Paulme. Vous m’en avés appris les premières nouvelles dont je vous remercie. Le Sr. Rozemont m’a escript le mauvais estat de son affaire. Je ne sçay que luy respondre. Je vous supplie le saluer de ma part et l’asseurer du desplaisir que j’en ay. Je luy eusse escript mais la pesanteur de ma teste me servira d’excuse. Continués s’il vous plaist à m’honorer de vos lettres. Nous sommes incertains du lieu où est le Roy et du chemin qu’il veut tenir quelques uns tiennent qu’il descendra jusques en Bretagne. Nous tenons la paix faicte grâce à Dieu que je prie vous maintenir en sa garde. Cecy part, Madame, de Vostre très-humble, très-obéissant serviteur. d’Iray esme A Thouars, ce xxij may 1619. J’ay receu l’exécution contre le Sr. du Breuil-Goulard de la somme de xliiij livres xvj sols. Archives nationales 1 AP 357/30 2 juin 1619 - Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Monsieur de Beaurepère74 m’a rendu celles dont il a pleu à Vostre Excellence m’honorer par lesquelles vous me commandés d’aller à Paris, après que j’auray donné quelque ordre aux affaires qui me retiennent icy. A cela, Madame, j’ay à vous dire que si j’eusse rencontré quelque facilité en aulcunes et seureté aux autres avec lesquels j’avois commandement de traitter. Les choses contenues en ma procuration seroient il y a longtemps exécutées, mais l’insolvabilité de ceux-cy et l’opiniastreté de ceux-là nous ont retenu jusques icy et retarde en partie l’effect de madicte procuration. J’ay escript à La Rochelle au Sr. Chalmot et n’ay eu aulcune response. J’ay pareillement escript et faict escripre à la vefve Barbarin, mais jusques icy sans fruict, n’ayant appris par ses responses qu’une résolution de ne rien diminuer de son principal intérest et despans. C’est à dire une volonté de ne point traitter d’aultant qu’il se pourra présenter quelque autre créancier plus traittables duquel nous pourrons tirer quelque composition. Nous avions convenu cy-devant avec M. de La Naslière comme j’ay faict entendre à Vostre Excellence, mais lorsque nous luy avons mandé les pièces et actes qu’il est obligé par la transaction de nous délivrer en luy payant la somme promise. Il a faict la sourde aureille et depuis aulcunes nouvelles. J’y ay envoyé et en atten response aujourd’huy. 73 Anne d’Allègre, veuve en premières noces de Paul de Coligny et en secondes noces du maréchal de Fervacques, est décédée dans la première quinzaine du mois de mai 1619. Elle fut assistée sur son lit de mort par Charlotte-Brabantine de Nassau et par le ministre Pierre du Moulin. Sa mort permettait à Henri de La Trémoille d’entrer en possession du comté de Monfort. 74 Isaac Fouquet, seigneur de Beaurepaire de Saint-Martin-de-Macon, d’une famille noble dont les origines remontent au milieu du XIVe siècle. Il avait épousé en 1613 une catholique, Anne Gaschignard, et ses enfants furent catholiques. 33 Nous avons voulu traitter avec le Sr. de La Valette et luy payer le principal et arrérages en nous donnant caution ce qu’il n’a peu faire ni pour l’un ni pour l’autre. De sorte que par l’advis de M. Adam et du conseil de ce lieu, je luy ay baillé trois cens livres sur le principal pour subvenir à sa nécessité et ayder à mettre quelque ordre à ses affaires en faisant lever les arrests ou autrement ; et pour sortir Vostre Excellence et de l’importune involution des chicquaneries des fermiers /2/ et soubs fermiers de La Valette de ses créanciers et cohéritiers. J’ay consigné au greffe à Lodun la somme de sept cens dix neuf livres quinze sols et sans en cela comprendre la somme de xxxj livres cy-devant délivrée par M. de La Mazure à un des dicts cohéritiers, recevans les deux sommes a sept cens cinquante livres que se montent lesdicts arrérages. J’ay présentement receu une lettre du Sr. Fremillon, procureur fiscal de Montaigu, par laquelle il me donne advis que la veille de la St. Jehan l’on faict les fermes muables de la baronie ; mais d’aultant que je n’ay aulcun commandement pour le bail de la ferme générale qui aussi expire à la St. Jehan, et que si lesdictes fermes muables estoient baillées avant la générale le total de ladicte somme pourroit en estre moins prise d’aultant que le fermier voudroit peut-estre retenir aulcunes desdictes fermes muables qui luy seroient commodes ce qu’il ne pourroit faire si elles estoient baillées. Je luy ay faict response qu’il differast jusques huict jours après ledict jour de St-Jehan affin que nous puissions recevoir vos commandemens pour les luy faire entendre ou ceux de Monseigneur sur ce subject. Cela presse, c’est pourquoy, Madame, je vous supplie très-humblement d’en avoir souvenance. Je n’ay receu aulcune lettre ne commandement de Monseigneur touchant l’amortissement de le rente deüe à M. du Plessis. Mon indisposition depuis deux mois ou environ, m’a empesché de monter à cheval, mais les lettres des pères et nouveaux fermiers de Thalmond me font prendre résolution d’y faire un voyage sur la fin de la prochaine sepmaine pour aviser aux réparations nécessaires et en faire faire procès verbal, d’aultant que si lesdicts nouveaux fermiers ne trouvent les lieux en bon estat ils n’y entreront point sans faire leurs protestations. Si j’avois quelques commandemens pour cela, je ferois passer oultre. Je sçay Madame qu’il est très-raisonnable de satisfaire et vous rembourser de la somme avancée par V. E. pour les pandans d’aureille de Madame Vostre belle-fille, mais je n’ay à présent aultre deniers antre mes mains que ceux qui me restent de la somme que j’ay cy-devant receu à Poictiers. Je suis prest d’obéir de poinct en /3/ poinct à vos commandemens et par toutes mes actions faire paroistre que je suis, Madame, De vostre Excellence Le très-humble, très-obéissant et très fidelle serviteur. d’Iray iesme A Thouars, ce 2 juin 1619. Archives nationales 1 AP 357/31 2 juin 1619 – Thouars à Henri de La Trémoille Monseigneur, La vefve Barbarin persiste tousjours opiniastrement à ne rien diminuer des interests et despans non plus que du principal de sa somme. Cela nous a empesché de la payeret aussi que la partie que Vostre Excellence luy avoit ordonné pourra (si elle ne change d’avis) estre délivrée à quelque créancier avec lequel on traittera plus avantageusement. Nous n’avons nulles nouvelles du Sr. de La Naslière depuis que nous luy avons demandé les pièces et actes qu’il est obligé de vous délivrer par sa transaction lorsque vous luy ferés payer la somme promise. J’ay envoyé vers luy et et atten sa réponse. Pour sortir Vostre Excellence d’une grande involution de procès et des chicquaniers des fermiers et sous-fermiers de la terre de Berrie, du Sr. de La Valette auquel vous debvés, de ses 34 créanciers et cohéritiers. J’ay suivant vos commandemens, Monseigneur, et l’advis de vos conseils de Lodun et de ce lieu consigné audict Lodun la somme de sept cens dix neuf livres quinze sols pour les arrérages escheus, n’ayant payé sur le principal que cent escus à cause de l’insolvabilité dudict Lavalette qui ne nous a peu bailler de caution. J’ay escript au Sr. Chalmot et n’ay point receu de response. La négligence et insolvabilité de ceux-cy et l’opiniastreté de ceux qui ont retardé jusques icy partie de l’effect de ma procuration n’y ayant perdu de ma part un seul quart d’heure de temps. Le Sr. Frémillon, procureur fiscal de vostre baronnie de Montagu, m’escript que les fermes muables de ladite baronie se baillent la veille de la St. Jehan cela (s’il n’estoit retardé) pourroit apporter préjudice à la ferme générale d’aultant que le fermier général retiendroit en les dites fermes muables ce qui lui seroit commode. Ce qu’il ne pourroit après, d’aultant que nul en ce lieu n’a commandement de bailler ladite ferme générale qui expire audit jour de St-Jehan. Je ne laisseray d’en faire faire les proclamations /2/ attendant l’honneur de vos commandemens sur ce subject desquels j’ay besoin dedans la St-Jehan ou un peu après vous suppliant très-humblement, Monseigneur, me faire entendre comme j’ay à me gouverner en ceste affaire et si à présent vous aurés faict partage provisionnel à Messeigneurs vos frères et sœurs d’aultant que par la coppie que j’en ay veu vous leur laisser ladite terre de Montagu. On m’escript de là que celuy qui en est fermier ne veult donner la prix accoustumé. Vostre procureur fiscal de Thalmond et ceux qui en sont nouveaux fermiers m’escrivent de plusieurs affaires qui me font résoudre (bien que depuis deux mois mon indisposition m’ait empesché de monter à cheval) à y faire un voyage sur la fin de la sepmaine et principalement à cause des réparations qu’il fault de nécessité faire à l’entrée desdits nouveaux fermiers pour leur bailler les lieux en bon estat auxquels autrement ils n’entreroient point sans faire leurs protestations. Si j’avois quelque commandement de Vostre Excellence sur ce subject, je serois plus hardy à y faire ce que j’estimerois pour le bien de vostre service. Je l’attendray et cependant prieray Dieu pour vostre prospérité et santé comme, Monseigneur, Vostre très-humble, très-obéissant, très-fidelle serviteur et subject. d’Iray esme A Thouars, ce 2 juin 1619. Archives nationales 1 AP 357/32 12 juin 1619 - Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Je vous escrivy dernièrement et vous manday par Garton ce que j’avois appris de Thalmont et de Montaigu et comme il estoit nécessaire de faire un voyage en l’un et l’aultre lieu en celles-cy pour aviser aux baux tant des fermes muables que de la générale en celluy là pour faire faire procès verbal des réparations nécessaires et de l’estat auquel les choses se voient mises entre les mains des nouveaux fermiers, mais que premier il estoit à désirer d’avoir le commandement pour les transporter. J’avois escript à Monseigneur et supplié très-humblement de me commander ce que j’avois à faire en cela. Je n’ay rien receu qui me peut apprendre son intention, mais d’aultant que la chose presse audict Thalmond. Je partiray demain, Dieu aydant, pour y aller, et y serois desjà si le Sr. de La Naslière ne m’avoit retenu, et fait espérer de pouvoir terminer avec luy l’humeur duquel se recognois estre porter à ne sortir point d’affaire. J’ay cy-devant et par plusieurs fois faict le récit à Vostre Excellence de ce qui s’estoit passé entre luy et nous. Je l’ay pressé de parachever et de nous fournir les actes et pièces qui est obligé par la transaction, il fuit, et dict qu’il fournira ce qu’il est obligé par la promesse qu’il m’a bailler. Je luy rescri et luy explique comme la promesse l’oblige aux mesmes choses que le transaction, car par le promesse il s’oblige que moyennant que je fournisse et consigne pour luy à Poictiers dedans la fin de may la somme de xij M livres, il me ferra cession et transport de toutes les sommes de deniers que luy peut debvoir Monseigneur tant en principal, intérests, despans, qu’autrement en conséquence de ladicte transaction ; et ainsi il me semble que /2/ 35 puis que nous debvons agir en conséquence de la transaction que ladite transaction doibt estre suivie et luy nous délivrer les pièces comme elle l’oblige en luy fournissant et consignant pour luy ladicte somme de xijM livres porter ladicte promesse. Je luy ay escript cela dès le mois d’apvril, il m’a tousjours entretenu de responses qui ne signifient rien, et encore tout fraichement d’une que je vien de recevoir. Je luy avois envoyé lundy dernier un homme exprès. Par mes lettres, je le suppliois de m’esclaircir, et me faire entendre la façon de laquelle il vouloit prendre l’affaire. Il me respond en deux lignes comme au passé, et simplement qu’il est prest de satisfaire à la promesse qu’il m’a faicte sans me parler en aulcune façon des pièces sans lesquelles à mon advis on ne doibt traiter, comme il ne les a pour justiffier ses demandes. Il ne luy sera deub aulcun chose d’aultant que la transaction l’oblige à les rapporter, et s’il les a pourquoy le payer sans les rendre. Voylà où nous en sommes. Je verray encore ce jourd’huy MM. du conseil pour me conduire et gouverner par leur advis. Vostre Excellence par celles dont il luy a pleu m’honorer me faict esperer une response à mes pénultiesmes. Je l’en supplie très-humblement comme aussi à mes dernières , affin que obéissant entièrement à vos commandemens, je me conserve la qualité, Madame, de Vostre très-humble, très-obéissant et très-fidelle serviteur. d’Iray esme A Thouars, ce xij juin 1619. Archives nationales 1 AP 357/33 25 juin 1619 – Thouars à Henri de La Trémoille Monseigneur, J’estois à Thalmond lorsque celles desquelles il a pleu à Vostre Excellence m’honorer m’ont esté rendues. J’en arrive présentement là, j’ay trouvé plusieurs réparations nécessaires desquelles, vos officiers avoient avant mon arrivée faict un procès-verbal. J’ay veu aulcunes des mestayries des Abbayes. Je vous puis asseurer Monseigneur qu’il est très nécessaire de les faire réparer, car toutes celles que j’ay veu menacent ruine et appris que les autres plus esloignées sont en plus mauvais estat, cela est de très grande considération, car si les logis et granges ne sont réparées et qu’à faulte d’y avoir pourveu à temps elles tombent , elles ne pourront estre remises sans de très-grands frais si d’ailleurs les mestairies n’estant pas logées, il ne se trouvera point de mestayers pour ces exploitations. Vous en jugerés, s’il vous plaist, la conséquence, Monseigneur, et y mettrés l’odre que vous verrés nécessaire en donnant vos commandemens à quelqu’un des vostres pour ce faire. De Thalmond, je me suis transporté à La Gillaudière l’un des principaux membres de l’abbaye dudit Thalmond pour empescher la levée des fruicts que vouloient faire les Srs de La Roche-Henry a faulte d’hommage non faict par l’abbé. Ils ont levé les fruicts de La Gillaudière par deux années consécutives. La première par le rachapt qui leur estoit deub par la mort de l’abbé, l’aultre à faulte dudict hommage. C’est un droict que la coustume leur donne et auquel on ne peut parer tant que l’abbaye sera sans abbé, ladicte Gillaudière est affermée la somme de vC livres de laquelle (si lesdicts Srs. de La Roche-Henry eussent levé lesdits fruicts) le fermier eust demandé diminution sur le prix de sa ferme pour la non jouissance. J’ay composé avec lesdits de La Roche-Henry à la somme de cent cinquante livres. Il estoit temps d’y arriver, car ils vouloient faire coupper les foins. Les dixmes de Remartin75, lesquelles /2/ desfunct Monseigneur fit annexer à vostre principaulté de Thalmond lors de la vente des biens ecclésiastics, sont tenues du Sr. de La Bassetière qui les vouloit lever pour le rachapt qui luy est deub depuis la mort de Monseigneur. A le vérité cela a esté in peu long, lesdictes dixmes sont affermées ijC livres. J’ay composé pour ledict rachapt avec ledict Sr. de La Basetière à la somme de six-vingts livres. Vous me commandés d’aller à Montaigu pour bailler le ferme de la baronnie, mais à mon arrivée en ce lieu j’ay trouvé lettres du Sr. Manceau, advocat de Vostre Excellence à Poictiers, 75 Remartin est un fief situé dans la paroisse de Saint-Vincent-sur-Jard. 36 responsives à un factume et à celles que je luy avois envoyé touchant l’affaire du Sr. de La Naslière. Je luy mandois c’est en effect qu’il fault que je me transporte à Parthenay et de là à Mauvergne 76, maison dudit Sr. de La Naslière, et là avec deux notaires le sommer d’exécuter ce qui est de sa promesse et de prendre jour pour l’exécution d’icelle qui est de payer et consigner par moy comme ayant commandement de Vostre Excellence et faisant pour elle ladite somme de xij M livres et par ledit de La Naslière me faict cession et transport de ses droicts et sommes de deniers mentionnées par le contract de transaction faict à Paris avec Madame vostre mère l’année 1613, et me mettre entre les mains toutes les piè[ces jus]tificatives desdicts droicts, soit arrest, soit quittances, mentionnées au contract ainsi qu’il est obligé et à faulte d’y respondre par ledit Sr. de La Naslière déclarer que pour l’exécution de ladite promesse et pour faire telle consignation que je me trouveray à heure jour et lieu certain auquels je le sommeray de se rendre pour exécuter de sa part ladite promesse. C’est affaire est de conséquence, Monseigneur, de sorte que dès ce soir ou demain matin je commenceray l’exécution de cest advis pour faire en tout ce qui sera jugé nécessaire pour le bien de vostre service scelon mon debvoir et ma conscience. Cela me fera différer le voyage de Montaigu pour lequel j’ay vos commandemens et de me trouver près Vostre Excellence après mon retour dudit Montaigu. Le mal est que toutes les affaires nécessaires et de conséquence vienne toutes ensembles, mais je seray tousjours à cheval jusques à ce que j’y aye mis tout l’ordre possible. J’ay escript au Sr. de Romagné, mais /3/ je n’ay receu aulcune response de luy. Incontinent que je seray de retour j’iray recevoir l’honneur de vos commandemens. Je feray entendre à M. du Plessis-Bellay ce qui est de vostre intention pour la rente qui luy est deue. J’ay faict parler et escripre à M. du Chastelier-Porthault. J’en ay mesme conféré avec celuy qui faict ses affaires. Il ne laisse de poursuivre et ne se lasse point de plaider. Il n’y a encore rien de certain pour le temps de l’assemblée provinciale. C’est à l’Eglise de Chastellerault de la convoquer. Le conseil de la province s’assemble aujourd’huy à St-Maixent. Il veult haster le temps à ce que l’on dict & presser ceux de ladite Eglise de Chastelerault de la convoquer contre leur intention de n’appeler les aultres Eglises que sur la my-aoust. La raison de ceux-cy est ce me semble grandement considérable, car il ne vas pas de ceste province si proche du lieu où l’assemblée générale est arrestés77, comme des autres provinces plus esloignées et qui ont besoing de temps pour se préparer et transporter audit lieu de l’assemblée générale, n’y ayant lieu en la province duquel facilement on ne se transporte en deux jours à Lodun, que cependant quelque nouveauté pourra arriver sur laquelle les députés seront instruicts et préparés, et aussi que ce seroit un grand bien si les desputés nommés pour la générale ne faisoient que peu ou point de séjour en leurs maisons après leur nommination et ainsi ne peussent recevoir autre teinture que celle qu’ils avoient prise au lieu où ils auroient esté nommés. J’ay crainte que cela ne brouille car dès à présent on recognoist manifestement une brigue pour la nommination. Monsieur de Rohan est au Parc où il chasse. Il visite la noblesse et est visité d’elle. Monsieur des Roches-Baritault78 le fut voir mercredy dernier. Je feray proffict de vos commendemens, Monseigneur, et continueray à faire entendre à tous les gens de bien la bonne intention et volonté que vous avés de vous tenir uni aux sentimens des Eglises et de contribuer avec grand soing et affection ce qui est en vous pour leur conservation n’ayant autre but que la gloire de Dieu et leur affermissement. C’est ce que l’on croit de vous, vos actions au passé en ont rendu des preuves tout-entières et font espérer le mesme à l’advenir. Chacun en parle ainsi, 76 La maison de Mauvergne située dans la paroisse de Beaulieu-sous-Parthenay au sud du bois de La Meilleraye, appartenait à Jeanne Gillier la femme de Josias Bidault, seigneur de La Naslière. Celui-ci était en mauvaise santé et mourut au cours du mois d’octobre. 77 Le 24 mai 1619, Louis XIII avait signé un brevet assignant une assemblée générale à Loudun pour le 25 septembre. Léonce ANQUEZ, Histoire des assemblées politiques des réformés de France (1573-1622), Réimpression de l’édition de 1859, Slatkine reprints, Genève, 1970, p. 316. 78 Gabriel de Chasteaubriant, seigneur des Roches-Baritaut, comte de Grassay, fils de Philippe de Chasteaubriant, seigneur des Roches-Baritaut et de Philiberte du Puy-du-Fou, sa seconde femme. 37 ceux desquels on a parlé aultrement font leur pouvoir pour se remettre et regaigner l’authorité qu’ils ont laissé en l’affaire. Si en mon voyage, j’appren quelque chose je vous en advertiray. Cependant je prie Dieu qu’il vous tienne en sa sainte garde et me face la grâce d’estre tousjours recognu de vous, Monseigneur, pour Vostre très-humble, très-obéissant et très fidelle serviteur et subject. d’Iray A vostre ville de Thouars, ce 25iesme juin 1619. Archives nationales 1 AP 357/34 25 juin 1619 - Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, J’arrive présentement de Thalmond où j’ay trouvé plusieurs réparations nécessaires. Les officiers ont faict un procès-verbal de celles de la principausté aux quelles j’en ay faict adjouster une sans laquelle le moulin de Longeville dépendant de ladite principaulté n’estoit point en estat de servir de Thalmond. Je me suis transporté à La Gillaudière, qui est un des principaux membres de l’abbaye dudit Thalmond affin d’empescher que les Srs. de La Roche-Henry (desquel tient ce lieu là) en continuant les erres des deux années dernières n’eslevassent les fruicts à faulte d’homage non faict par l’abbé de Thalmond. La mestayrie est affermée cinq cens livres. J’ay composé avec eux pour lesdits fruicts à la somme de cent cinquante livres. J’ay aussi veu le Sr. de La Bassetière duquel tiennent les dixmes de Remartin. Il vouloit lever lesdites dixmes pour le rachapt qui estoit deub depuis le décès de desfunct Monseigneur lesdites dixmes sont affermées deux cens livres. J’ay composé pour ledit rachapt à la somme de quarente escus. A mon retour en ce lieu, j’ay trouvé les lettres du Sr. Manceau advocat de Vostre Excellence à Poictiers responsives à un factum et à celles que je luy avois escript touchant l’affaire du Sr. de La Naslière pour apprendre par son advis et d’un autre advocat ce que j’avois affaire et comme je m’y debvois gouverner. Il me respond la mesme chose que ce que je luy escrirois. C’est en effect qu’il estime à propos que je me transporte à Parthenay et de là à sa maison à Mauvergne avec deux notaires et là sommer ledit Naslière de ma part comme ayant charge et commandement de Monseigneur d’exécuter ce qui est de sa promesse et de prendre jour pour l’exécution d’icelle qui est de payer et consigner par moy la somme de xijM livres et par ledit Sr. de La Naslière me faire cession et transport de ses droicts et sommes de deniers mentionnées par le contract de transaction faict à Paris aveques Vostre Excellence l’année 1613 et me mettre entre les mains toutes les pièces justificatives desdits droicts, soit arrests, soit quittances prentionnées par ledit contract de transaction. De sorte /2/ que je suis résolu de partir demain pour l’exécution de ce que dessus et m’en retourner en ce lieu pour porter à Poictiers ladite somme de xijM livres et la consigner suivant vos commandemens, Madame et l’avis de vostre conseil audit Poictiers. J’ay faict escrire et parler au Sr. du Chastelier-Portault pour terminer l’affaire qu’il a avec Monseigneur. J’en ay mesme conféré avec celuy qui faict ses affaires. Il ne laisse cependant de poursuivre. Incontinent que je fus arrivé de Paris, je fis mon pouvoir pour disposer les habitans de ce lieu à contribuer leur possible pour un présent à l’entrée de Madame vostre belle-fille. J’en trouvay aulcun assés résolu de bien faire ; et reschauffay de mon possible ceux qui sembloient plus refroidis. Enfin ils se sont résolus de faire achester pour ijMiiij livres de vaisselle d’argent. J’appren à mon arrivée qu’ils ont envoyé à Paris pour ce faire. Je suis bien marry que leur bonne volonté ne se soit davantage estendue. J’y ay faict tout ce qui a esté en moy. Je hasteray mon voyage de Partenay et de Poictiers le plus que je pourray pour me transporter à Montaigu. En tout je me gouverneray avec soing et fidélité pour me conserver la qualité, 38 Madame, De Vostre Excellence Très-humble, très-obéissant et très-fidelle serviteur. d’Iray A Thouars, ce 25iesme juin 1619. Archives nationales 1 AP 357/35 15 juillet 1619 - Tours à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Suivant vos commandemens et l’avis du conseil de Poictiers, j’ay cy-devant esté avec deux notaires que je pris à Partenay en la maison du Sr. de La Naslière pour le sommer d’exécuter de sa part la promesse par écript qu’il m’avoit baillée, comme de ma part j’offrois ainsi qu’au passé d’exécuter la promesse verbale que je luy avois faict à sçavoir de consigner pour luy des deniers de Monseigneur au greffe de consignations à Poictiers la somme de xij M livres en me faisant les cessions et transports de ses prétensions et de toutes les sommes de denier qui luy estoient deues par Monseigneur tant en principal, intérest, frais, dépans qu’autrement et me rendant et mettant entre les mains les actes et pièces qu’il doibt convenir ainsi qu’il estoit obligé par la transaction que Vostre Excellence à cy-devant passé à Paris avec la femme du Sr. de La Naslière que pour ce faire il eust à prendre soin certain pour se trouver audict Poictiers et au refus qu’il fit de cela. Je luy déclaray que le 2iesme du courant je me trouverois audict Poictiers au logis du Sr. Contant où je le sommois de se trouver aultrement fis mes protestations, cela luy fut un pressant esguillon, car il avoit grand volonté de rétracter sa parole et résilie de la promesse qu’il m’avoit baillé ; ce qu’il eust faict sans que je faisois paroistre et justifiois de mes diligences et le debvoir auquel je m’estois mis par les responses qu’il m’avoit faict enfin contre le serment qu’il avoit faict de de ne s’y trouver point il se transporta au jour dict à Poictiers en ladicte maison où M. Manceau, deux notaires et moy l’attendîmes, et où après plusieurs contestations et difficultés qu’il fit de me remettre les principales pièces qu’il avoit entre mains nous traittasmes et terminasmes ladicte affaire et luy me rendit lesdictes pièces que ledict Sr. Manceau suffisantes et telles que je m’en debvois contenter (oultre ce qui est escript en ladicte cession de xijM livres que je fis employer (oultre ce quy est escript en ladicte cession qu’il m’a faicte) en l’acte de consignation qu’il leva pour sa seureté estre provenu des deniers de Monseigneur procédans du dot de Madame son espouse. Après mon retour de Poictiers, Monsieur de La Mazure et moy aussi suivant les commandemens de Vostre Excellence avons esté à Montaigu où nous avons baillé la ferme scelon les formes ordinaires et quasi à mesme prix hormis vingt Francs auxquels /2/ équitable l’avance que le fermier (appellé François Frémillon soubs la caution d’Amaulry Frémillon, procureur fiscal dudit Montaigu) doibt faire par demies années. Ledict Sr. procureur fiscal nous fit une proposition touchant le casuel dudict Montaigu à sçavoir qu’il avoit parole de certaines personnes qui me bailleroient six cens livres par chacun an. Cela avec le prix de l’ordinaire monteroit jusques à la somme de ij M iiijC xl livres. Je croy que si le tant alloit iusques à la somme de ij M vC livres la chose seroit à son poinct. J’en parle scelon ce que j’ay peu apprendre sur le lieux. Monsieur de La Mazure mande je m’asseure à Vostre Excellence les particularités de ce que nous avons négocié en ce voyage au retour duquel je me suis rendu auprès de Monseigneur pour continuer à luy rendre le très-humble service que je suis obligé. Je prie Dieu qu’il vous soit et à luy aussi agréable comme je travaille icy avec soing et fidélité. Mondict Seigneur vous envoye deux procurations pour l’affaire de Royan de laquelle Monsieur du Plessis-Bellay escript amplement à Vostre Excellence. Monseigneur escript à Monsieur de Netz suivant vos advis, Madame, pour terminer l’affaire de M. du Chastelier-Portault ainsi que vous l’ordonnerés. Comme aussy pour se rembourser du debet du denier comptable qu’il a rendu et pour séparer les ordonnances que Monseigneur a baillé à divers particuliers à estre acquittés par ledict Sr. de Netz. J’ay souvent parlé à celuy qui faict les affaires de mondit Sr. du Chastelier affin qu’il fist lever les arrests faicts entre vos mains, Madame, à la requeste 39 de ses créantiers, que puis après l’affaire se terminast avec plus de seureté. Il ne m’a jamais bien respondu sur cela bien que comme il m’a dit j’en ai escript souvent à son maistre qui ne l’a point informé de sa volonté sur ce subject. Je n’adjousteray à la présente que mes prières à Dieu pour vostre prospérité et santé et qu’il me face la grâce d’estre tenu de vous en la qualité, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très-fidelle serviteur et subject. d’Iray iesme A Tours, ce xv juillet 1619. Archives nationales 1 AP 357/36 15 juillet 1619 - Tours à Monsieur de Champdor Monsieur, Je vous escri ce mot à la haste pour vous supplier tant de la par Monsieur de La Mazure que de moy de faire tenir les lettres et pacquets cy-inclus suivant leur addresse. J’arrive présentement de Thouars après avoir faict le voyage de Montaigu avec mondit Sr. de La Mazure où nous avons baillé la ferme de Montaigu aux conditions que vous verrés par celles que nous escrivons à Madame. Je ne suis icy que d’hier où je voudrois avoir les moyens comme ailleurs de remontrer les occasions où je puisse vous rendre des preuves que je suis de tout mon cœur, Monsieur, Vostre très-humble, et très-obéissant serviteur. d’Iray iesme A Tours, ce xv juillet 1619. Archives nationales 1 AP 357/37 23 juillet 1619 - Tours à Monsieur de Champdor Monsieur, J’ay failly, je le confesse, d’avoir laissé escouler quelques occasions sans vous renouveller les asseurances de mon service, mais croyés que j’estois bien pressé et qu’elles estoient bien prompte puisque je ne me suis pas acquitté de ce debvoir. Je veux croire de mesme de vous, qui avés laissé venir premièrement le messager et en suitte le Sr. Demeufve, sans que ny l’un ny l’autre m’ait rien apporté de vostre part, sinon la certitude qu’ils m’ont laissée de vostre bonne disposition. Ledit Sr. Demeufves me dict que M. son nepveu vouloit faire taxer les despans contre des Hayers au préjudice de la promesse par escript qu’il m’a baillé de se contenter et faire contenter son oncle pour cinquante ou soixante livres. Je ne sçay lequel des deux… . J’ay en tout la mémoire très mauvaise. C’est de quoy je m’estonne. Je sçay que de sa part il se plaindra de moy qui luy avois promis lorsqu’il me bailla ladicte promesse de luy fair payer ladicte somme dont il convint dedans un certain temps qui véritablement est passé, mais il doit considérer, s’il luy plaist, et je l’en prie (encore que ce ne soit pas mon affaire, mais l’affection que j’ay au service de nostre maistre commun et le regret de voir des brouilleries pour si peu de choses), que depuis ce temps là je n’ay pas esté à Paris pour en parler et que luy mesme a peu sollicité son payement veu mesme que la conseil avoit esté d’advis de ceste composition. Je baise les mains à toute vostre noblesse de l’un et l’autre sexe ensemble à M. et Madame Brisseau. Faictes-moy l’honneur de me conserver vostre amitié, laquelle je chériray comme je doibs et demeureray à jamais, Monsieur, Vostre très-humble et très-obéissant serviteur. d’Iray iesme A Tours, ce xxiij juillet 1619. 40 Encore une fois, je baise les mains à M. Berthold. Archives nationales 1 AP 357/38 29 juillet 1619 - Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Avec celles dont il vous a pleu m’honorer, j’ay receu les lettres que Monsieur Schvertz vous escript et l’estat présent du comté de Montfort et une consultation sur iceluy. Par les lettres dudit Sr. Schvertz Monseigneur a recognu la nécessité qu’il y a de vous payer la somme de neuf mil livres qu’il vous doibt de reste de la somme de douze mil livres laquelle vous avés payée et avancée à son acquist scelon la supplication qu’il vous a cy devant faicte pour les pendans d’aureille dont il a faict présent à Madame son espouse. Je luy ay aussi faict entendre, Madame, que s’il ne pouvoit satisfaire présentement à la somme entière, qu’au moins il estoit nécessaire qu’il donnast ordre de vous délivrer la somme de trois mil livres. Il m’a tesmoigné estre en ceste volonté, Madame, et de faire son possible affin que en cela et toutes autres choses vous receviés le contentement que vous pourrés souhaitter. Pour cette partie, il a jugé à propos d’employer la moitié de la somme de six mille livres portée en une rescription sur le Sr. Boyer recepveur général de […]79 acquitter ou à Paris ou en ce lieu. Sinon se servir pour […] les plus prompts qui se présenteront pour retirer ladicte partie. J’ose asseurer Vostre Excellence que je le voy grandement recognoissant de tant d’obligations que vous avés sur luy et en toutes sortes, et de la peine et du soing qu’il vous plaist prendre pour ses affaires. Il est vray, Madame, que mondict Seigneur estant à Tours mit entre les mains de M. de Largier pour faire tenir à M. de Netz ladicte rescription délivrée pour les six premiers mois de l’appointement et entretenement que le Roy luy ordonne durant la présente année, estimant que ledict Sr. de Rozemont fust à Paris et que ledict Sr. de Netz retirast de luy (sinon de l’argent content) au moins ou une rescription sur le recepveur de ceste ville nommé Rimbault de pareille somme de six mil livres ou une ordonnance à son commis à Poictiers pour la délivrer. C’est comme Monseigneur l’a entendu et la charge qu’il baille maintenant à mondit Sr. de Netz. J’ay aussi faict voir à mondict Seigneur ledict estat de Montfort ensemble la consultation en iceluy et vostre bon advis affin qu’il me donne ses commandemens pour Bretagne. Je ne les ay point encore receus pour cela. Premier que vos lettres, Madame, fussent rendues à Mondit Seigneur, il en avoit receu de M. de La Mothe qui luy donnoit advis que plusieurs affaires pressantes et importantes l’appelloient à Rennes et en Bretagne à Montfort particulièrement pour les fermes et réparations. Pour response, mondit Seigneur luy manda qu’il seroit très aise qu’au plustost après /2/ la réception de ses lettres et avoir mis ordre à luy faire tenir les deniers qu’il avoit entre les mains, il partist pour faire ce voyage. Monseigneur n’a point encore receu de response sur cela. Pour moy, Madame, je seray tousjours prest d’effectuer les commandemens dont je seray honoré. Je croy qu’à présent mondict Sr. de La Mothe aura mis ordre à ce qui pressoit le plus suivant vos bons advis. Mondict Seigneur escript au Sr. Demeufves et l’exhorte à continuer son travail, l’asseurant de le faire payer de ce qui luy est deub à la première occasion qui se présentera. Ne me reste qu’à prier Dieu pour vostre prospérité et santé et à vous supplie très-humblement, Madame, de croire que je seray jusques à la fin, Madame, De Vostre Excellence Très-humble, très-obéissant et très-fidelle serviteur. d’Iray iesme A Thouars, le xxix juillet 1619. Archives nationales 1 AP 357/39 79 La fin de cette ligne est dissimulée par une pliure de la page. 41 22 août 1619 - Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Depuis mes dernières, il ne s’est rien passé icy qui soit digne de vous estre mandé sinon que Monseigneur a baillé ses lettres de nomination de l’office de contreroolleur au grenier à sel de Laval au Sr. Duchemin sur la résignation du Sieur de La Roche et sans retirer aultre proffict non plus que du précédent qu’il a nommé hormis le huistiesme dernier dont ce à quoy l’office est estimé à raison de l’ancienne finance qui est en effect deux cens livres pour le précédent et deux cens cinquante pour le dernier. Monsieur de La Mazure et moy allasmes hier à vostre baronnie de Berrie pour faire adjuger les réparations nécessaires, mais nous ne trouvasmes aulcuns ouvriers qui se voulussent mettre à la raison. Je n’ay encore receu aulcunes nouvelles des fermiers des Abbayes. Incontinent qu’ils seront venus et qu’ils m’auront mis entre les mains le prix de leur dernière année, je le mettray en celles de Monsieur de La Mazure. Vostre Excellence apprendra s’il luy plaist par celle-cy la bonne disposition de Monseigneur qui est fort visité de ses amis et serviteurs. Il avoit hier Monsieur le comte de Fiesque. Il a visité à leur maison MM. de Roches-Jarret, de La Brise, commandeur de Prailles, Boisgirault et Mesnardière. Je croy Madame que cy-devant il vous a mandé ce qu’il avoit appris de l’assemblée de Chastelerault d’où MM. de Laudrière et de Bessay le vindrent voir. Ledit Sr. de Bessay, Monsieur de Vérac sont depputés à la générale pour la noblesse, Monsieur Clémenceau pour l’Eglise, MM. de La Milletière, de Maleray pour le Tiers estat80. Le voyage et séjour de […] /2/ n’apporta pas grand fruict au public, ny a luy comme on dict beaucoup de contentement. On parle moins certainement de le venue de la Royne-mère qu’au passé. C’est ce que je sçay pour le présent de sorte qu’il ne me reste qu’a prier Dieu qu’il vous conserve en sa garde et vous ameine en santé avec Messeigneurs vous suppliant très humblement de me tenir tousjours en la qualité, Madame de, Vostre Excellence très-humble, très-fidelle et très-obéissant serviteur. d’Iray iesme A Thouars, ce 22 aoust 1619. Archives nationales 1 AP 357/40 26 septembre 1619 – Vannes à Monsieur de Champdor Monsieur, Je vous supplie d’asseurer Madame que j’ay retiré de Monseigneur les lettres que le Sr. Falut escript à madite dame touchant la poursuitte du tuteur des enfans de Monsieur le président de Thou. Incontinent que M. de La Mothe sera icy je luy communiqueray pour y donner ordre. Nous sommes icy d’hier à midy où Monseigneur est heureusement arrivé grâces à Dieu avec toute la suitte. MM. de la ville luy vinrent au devant plus d’une lieües et MM. d’Aradon et de Coesquen avec la plus part de la noblesse. Monsieur de Vandosme et Monsieur de Retz arrivèrent sur le soir. On attend aujourd’huy Monsieur le mareschal de Brissac et MM. les commissaires de Rennes, les diverses affaires, de ce commancement avec la participation du porteur, et le peu ou point de nouvelles que nous avons encore m’empesche de rien adjouster à la présente sinon à vous asseurer que je suis, Monsieur, Vostre plus humble serviteur. 80 Jonas de Bessay, gouverneur de Talmont, Olivier de Saint-Georges, seigneur de Vérac, Jacques Clémenceau, pasteur de Poitiers, Etienne Chesnevert, sieur de La Milletière, avocat à Talmont et André Maleray, avocat au siège présidial. James S. VALONE, Huguenot politics : 1601-1622, The Edwin Mellen Press, Lewiston, 1994, p. 227. 42 d’Iray A Vannes, ce xxvje septembre MVIXIX. Archives nationales 1 AP 357/41 13 octobre 1619 - Vannes à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Je vous escrivi hier bien au long ce qui s’estoit passé de plus mémorable en ceste assemblée et de la cause qui avoit obligé Monseigneur de faire plus de séjour qu’il ne pensoit, ne me reste à vous dire Madame sinon qu’aujourd’huy sans remise (après avoir grattiffié MM. les commissaires à l’ordinaire) se doibt bailler la ferme de laquelle je vous discourois hier. Ceste action sera celle qui y mettra fin et laquelle mondit Seigneur attend pour aller voir le fort de Blavet. Vostre Excellence me commande par un mot de sa main au dos de celles que M. Rivet escript à M. Brusse et à moy en commun de retirer de Monseigneur les lettres qu’elle luy envoye et les luy renvoyer. Lorsque le jardinier arriva je ne me remontray pas au logis, de sorte qu’aulcunes ne me tombèrent entre les mains, mais bien de Monseigneur duquel je n’ay peu retirer que celles de Monseigneur le prince d’Orange cy incluses. Tout continue grâces à Dieu à se porter scelon vostre intention et vostre contentement. Monseigneur escript à MM. Rivet et Herpenius81. Je croy Madame qu’il vous faist bien particulièrement entendre son intentions qui a mon advis va ne laisser point aller Monsieur Rivet. Il ne s’est rien passé depuis mes précédentes qui mérite de vous estre mandé de sorte que je n’ay ay adjouster mes prières à Dieu pour vostre prospérité et santé, ce sont les plus ardentes que faict, Madame, De vostre Excellence Le très-humble, très-obéissant, très-fidelle et serviteur et subject. d’Iray e A Vennes, le xiij octobre MVICXIX. Archives nationales 1 AP 357/42 30 octobre 1619 - Montfort à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Monsieur de La Mothe et moy arrivons de Bécherel où suivant vos commandemens nous avons conféré avec ceux qui nous pouvoient donner cognoissance particulière de la consistance et revenu de la terre. Nous y avons appellé le Sr. du Plessis naguères sorti de ferme qui en a joui xxij ans, Le Sr. de La Falaise à présent chastellain et fermier, le Sr. de La Vieuville, l’un des plus anciens et entendus de tout le païs, et tous les officiers du lieu en ceste conférence tant par le rapport des susnommés que par les mémoires qui nous ont esté fournis par ledit Sr. procureur fiscal et du Plessis de la consistance de ladite terre. Nous avons appris que toutes charges desduittes tant ordinaires qu’extraordinaires comme instructions de procès criminels &c, elle pouvoit valoir tant en ordinaire que casuel en y comprenant les greffes (qui sont engagés pour la somme de iij MiijClx livres) la somme de iijMijC livres, mais d’aultant que lesdits greffes ne sont raquittés en l’estat qu’à présent est la terre, elle ne peut valoir que la somme de ijMvjC livres de ferme. Elle est affermée audit Sr. de La Falaise pour trois ans commencés le premier jour de décembre 1617 à ijM livres par chacun an, et cent livres de deniers d’entrée. Il prend les ventes jusques à six cens livres et non plus. 81 André Rivet avait été contacté par un professeur de l’université de Leyde Thomas Van Erpe (1584-1624) dit Erpenius pour venir professer dans cette université la théologie. Sur cette affaire consulter Gustave COHEN, Ecrivains français en Hollande dans la première moitié du XVIIe siècle, 1920, Librairie Edouard Champion, Slatkine reprints, Genève, 1976, p. 293-310. 43 Passant par Rennes, je prendray coppie du bail et du contract de l’engagement des dits greffes /2/ qu’il est nécessaire de s’acquitter. Il sera besoing de faire fonds pour le racquit de la somme de iiijM livres ou environ car oultre la somme principale il fault payer les ventes qui pourront monter à quatre cens livres et plus, et les frais qu’ils prétendront avoir faicts pour entrer en possession et jouissance. Ils peuvent valoir de ferme pour le moings six cens livres. Il n’y a point de rachapts, ny d’aultres parties casuelles que les lods et ventes, mais ceste terre est de grande estendue et de laquelle (comme l’on nous a faict entendre) relèvent xvij Clx maisons nobles. Le peu de soing de desfuncte Madame la mareschale de Fervacques a faict que beaucoup de choses menacent ruine et aussi que pour en augmenter le revenu et maintenir ce qui y est à présent il est nécessaire d’avoir les tiltres et papier de ceste terre et la faire réformer en un seul article. Il y a une rente de quarante mines de froment évaluée à iijCiijXX livres que doibt le seigneur de La Tour, laquelle il ne paye point. Le discours de cela seroit long, je remets à faire entendre cela à Vostre Excellence de vive voix. Monseigneur est icy du xxviije de ce mois et en bonne santé grâces à Dieu bien resjouy de l’heureuse nouvelle qu’il a receu de la délivrance de Monseigneur le Prince82 pour s’en conjouir avec luy. Il a dépesché ce matin M. de St-Marsole. Il hastera son voyage le plus qu’il pourra. Je luy ay faict voir derechef la coppie des lettres que Monsieur du Plessis-Mornay vous a cy-devant escript et faict entendre ce que vous me commandés, Madame, touchant la députation de M. Herpenius. J’estime et m’asseure qu’en cela comme en toutes autres choses il se conformera à vos bons avis. Je croy qu’il ne fera pas long séjour en ce lieu. Il n’y a faict aulcune affaire qui mérite de vous estre mandée, hormis /3/ qu’il a continué la pluspart des officiers de ce comté pourveus par Madame la mareschale de Fervaques depuis le contract que vous avés faict. Elle …. Il ne s’est rien passé d’ailleurs dont j’aye souvenance, non plus qu’à Quintin83. J’ay parlé à M. de La Mothe suivant vos commandemens, Madame, touchant les acquists qui vous sont nécessaires. S’il ne les porte luy mesme il m’asseure qu’il me les baillera pour vous les rendre. Je n’ay rien a adjouster sinon à continuer mes prières à Dieu pour vostre prospérité et santé, ce sont les plus ardentes que face, Madame, De Vostre Excellence, Le très-humble, très-obéissant et très fidelle serviteur et subject. d’Iray esme A Montfort, ce 30 octobre 1619. Archives nationales 1 AP 357/43 1620 Au mois de janvier, Charlotte-Brabantine de Nassau se rendit à Paris pour aller suivre les procès pendants au Parlement et aussi pour morigéner son fils cadet le turbulent Frédéric. Elle arriva dans la capitale le 6 février. L’assemblée de Loudun poursuivait ses séances et ne se sépara qu’au mois d’avril en précisant que si les promesses faites par la Cour n’étaient pas tenues, elle se réunirait à nouveau dans six mois à La Rochelle. A Angers, Marie de Médicis réunissait autour d’elle les “ brouillons ”. Ce qui décida Louis XIII à intervenir. Rouen (10 juillet), Caen (15 juillet) se rendirent sans combat. Le 2 août le Roi était au Mans et delà fit marche vers La Flèche et Angers. Le 7 août, les partisans de la Reine mère furent dispersés par l’armée royale au Pont-de-Cé. Le 10 août la paix d’Angers mit fin à la seconde guerre de la mère et du fils. 82 Luynes, craignant l’influence de la Reine mère, avait obtenu de Louis XIII la libération le 20 octobre 1619 du prince de Condé, interné depuis septembre 1616. 83 En cette année 1619 à Quintin, Sébastien Le Coniac, sieur de Lanvéac, fils de Jean Le Coniac, sieur de La Ville-au-Pilon, fermier du comté, succéda dans la charge de sénéchal à Jean Suasse, sieur de Collédo, qui exerçait cette charge depuis 1591. 44 Henri de La Trémoille en dépit des conseils de prudence que lui donnait sa mère, mécontent du peu de cas qu’on faisait de lui à la Cour et de l’indifférence du Roi à son encontre 84, rejoignit la Reine-mère. Elle lui donna commission pour deux régiments et une compagnie de gendarme. Mais avant qu’il n’ait pu réunir ces troupes, la paix était conclue. Henri de La Trémoille dut passer sous les fourches caudines. Suivant l’avis de son cousin, le prince de Condé, il assura le souverain de sa fidélité lorsque celui-ci en route pour Poitiers, passa le 18 août à Montreuil-Bonnin85. La décision de Louis XIII de descendre au Béarn pour y rétablir le catholicisme (19 octobre) fut pour les La Trémoille un cruel dilemme. Le 25 décembre, se réunit à La Rochelle, sans l’autorisation du Roi, une assemblée protestante d’une soixantaine de membres. Henri de La Trémoille s’y était fait représenter par La Bourdilière qui commandait en son nom à Thouars. Il est vrai que son épouse, venait d’accoucher le 17 décembre d’un fils : Henri-Charles, le futur prince de Tarente. 19 février 1620 - Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, M. de Netz escript à Monseigneur que la procuration qu’il avoit baillé à M. de La Mothe pour emprunter de l’argent à Paris affin de payer la partie deüe à Messieurs de Tillières 86 et de Thavanes se trouve desfectueuse, et que M. Herauld debvoit luy envoyer la minute d’un autre. Il ne l’a point receu encore, mais suivant l’advis dudict Sr. de Netz il a escript à Laval affin s’il y a moyen de disposer les adjudicataires des mil journaux etc, à s’aobliger au payement de ladicte partie dedans trois mois et pouvoir faire envoyer leurs promesses à Paris. Mondict Seigneur n’a rien appris encore sur ce subject. J’ay peur que les oppositions qui restent à lever leur serviront d’excuse et donneront prétexte de ne donner point ce contentement que l’on requiert d’eux. Il y a de la malice aux fermiers dudict Laval de n’avoir point envoyé l’obligation aux héritiers de feu M. de Thou ainsi qu’ils ont promis de bouche à Monseigneur et depuis par leurs lettres. Je leur en escripray par la première occasion. M. du Monceau s’est chargé d’escrire au Sieur Fallut qu’il y a un deffault prest à juger contre vous, Madame, comme tutrice de Messeigneurs à faulte d’avoir pris le faict et cause de la Dame du Cheval blanc poursuivie à Paris par le Sr. Commandeur de Prailles qui prétend la maison dudit Cheval blanc tenir de luy immédiatement. Il n’y a aulcun doubte Madame que par le jugement qui interviendra sur ledit desfault vous serés debboutée de toutes deffances, car ladite Dame du Cheval blanc vous a tousjours servie /2/ mesmes paré les ventes à feu Monseigneur duquel elle a acquist que j’ay veu. Il ne s’est rien passé icy au particulier depuis vostre partement, sinon que Mademoiselle se trouva un peut mal lundy dernier, mais à ce que j’appris hier elle se portoit beaucoup mieux. Au public les Srs. de Bellujon87 et de La Fontan ont esté ouis en l’assemblée de la part de MM. Desdiguières et de Chastillon, le dernier non avec tant de mescontentement de la compagnie que l’autre pour n’avoir pas tant dict, mais tous deux avec peu de fruict pour ceux à qui ils parloient et peu de contentement de satisfaction pour eux. Après qu’ils eurent esté ouis la response de Monseigneur à 84 Pourtant, Louis XIII avait écrit le 26 juillet 1620 de Caen à Charlotte-Brabantine de Nassau qu’il souhaitait donner à son fils le “ moyen de faire valoir son courage et la générosité de ses ancêtres ”. Eugène GRISELLE (Editeur), Lettres de la main de Louis XIII, Société des bibliophiles français, Paris, 1914, 2 vol, tome I, p. 59-60. 85 Lettres de Duplessis-Mornay à Charlotte-Brabantine de Nassau des 10 et 20 août 1620. DUPLESSIS-MORNAY (Philippe), Mémoires... contenans divers discours, instructions, lettres & depesches par luy dressées ou escrites [...] depuis l’an 1600 jusqu’à l’an 1623, op. cit., tome II, p. 407-408 et 412-413. 86 Tanneguy II Le Veneur de Carrouges (1585-1652), comte de Tillières. 87 Daniel de Bellujon, gentilhomme bourguignon, était le porte parole de Lesdiguières. 45 l’assemblée fut leüe et trouvée très bonne suivant les tesmoignages de MM. de La Forest 88 et du Plessis-Bellay jusques là qu’elle fit dire à plusieurs et presques à tous que si tous les autres escrivoient et parloient comme Monseigneur les affaires générales en iroient mieux. Il est en très bonne estime en ceste compagnie la et particulièrement envers les gens de bien qui tous ont le cœur et les yeux fichés et attachés sur vous, Madame, de laquelle seule ils espèrent et font estat, recognoissans que ce qui vient d’ailleurs ne sent rien de la bonté, piété et franchise que tout le monde recognoist en vous 89. Dieu qui vous conduit partout, vous a mené au lieu sans où sans doubte il se veult servir de vous pour maintenir son Eglise en repos. C’est le discours d’un chacun et ma croiance que vostre voiage estoit aussi nécessaire pour cela, que pour le particulier des affaires de Messeigneurs qui avoient très-grand besoing de soing et sage-conduite de Vostre Excellence pour retenir les affaires penchantes, fortiffiées les douteuses, et affermir celles desquelles il falloit craindre l’événement sans vostre arrivée. Le Sr. /3/ Bellujon vit Monseigneur avant que se présenter à l’Assemblée et luy rendit des lettres de la part de M. Desdisguières, aultant simples qu’elles pouvoient estre. Monseigneur luy faict response trouvée bonne au jugement de plusieurs. Il vous en envoye coppie et nous escript amplement de tout ce qui s’est passé, comme de la résolution prise à l’assemblée de desputer encore, et des autres choses qui luy ont esté mandées de Lodun ou celles que vous luy aviés escript ont esté portées incontinent après leur réception en sorte que je ne les ay point veües, ne sachant point s’il vous y faict response particulièrement ainsi que Vostre Excellence m’a commandé de le faire souvenir, ne voulant manquer en aulcune façon d’obéir aux commandemens que vous m’aurés faict l’honneur de me faire affin de me conserver toute ma vie la qualité, Madame, De Vostre Excellence Très-humble, très-obéissant et très fidelle serviteur. d’Iray e A Thouars, le 19 febvrier 1620. Archives nationales 1 AP 357/44 26 février 1620 - Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Mademoiselle m’a faict l’honneur de me dire celuy que vous me faicte de me commander de vous escrire aux occasions les choses de deçà qui viendroient à ma cognoissance à quoy j’obéiray avec tout le besoing et affection qu’il me sera possible et à tous les autres commandemens dont Vostre Excellence m’honorera, estant obligé en toutes sortes et très estroittement par tant de tesmoignages et d’effects de vostre bonne volonté vers moy où par la souvenance qu’il vous plaist en avoir. Je n’ay jusques icy laissé passer aulcune occasion prompte sans vous escrire et n’en perdray point à l’advenir puisque vous me faictes l’honneur de me le commander. M. de St-Marsolle90 m’a cy-devant escript par vostre commandement, Madame, le discours qu’il a eu avec le Sr. Bernabé, advocat de M. de Rohannois, affin que je le fisse sçavoir à Monseigneur qui n’a point response à toutes les choses qu’on luy propose sur ses affaires sinon que vous estant à Paris, Madame, et ayant agréable d’en avoir le soing vos volontés et résolutions estoient les siennes. Le Sr. de St-Marsolle me mande que vous me commandés de vous faire entendre les sentimens de mondict Seigneur sur ce subject. C’est celuy que j’en ay peu apprendre. Je respondray 88 Moïse Suzannet, sieur de La Forêt-Brédurière, un huguenot poitevin, était le lieutenant du duc de Bouillon au gouvernement de Castillon. 89 Ce passage fait de Charlotte-Brabantine de Nassau la chef de file du parti de la paix contre les faucons favorables à la guerre et explique le choix de Loudun comme siège de l’assemblée à égale distance de Thouars et de Saumur et de DuplessisMornay. 90 Isaac de Farou, écuyer, seigneur de Sammarçolles, un huguenot du Pays Loudunais. 46 audit Sr. de St-Marsolle que l’on ne peult que trouver bonne la proposition qu’il faict d’esbaucher cet accommodement et qu’il sçait que vostre maison, Madame, est une maison de paix et que jamais vous ne vous reculés de la raison ny des accords pourveu que d’ailleurs on s’en approche de bonne grâce. Car il me semble que c’est à M. de Rohannois à recercher et vous tesmoigner l’envie qu’il a de sortir d’affaires, mais cecy est un discours faict à un des vostres par son advocat peut-estre /2/ sans son sceu qui a mon advis eust eu beaucoup meilleur grâce avant le jugement du procès de Pousauges. J’ay escript aux fermiers de Laval par le commandement de monseigneur le desplaisir qu’il a de leur retardement a envoyer l’obligation pour les héritiers de feu M. de Thou. Nous avions il n’y a que deux jours un homme exprès envoyé par M. de Vautorte91 qui mande à Monseigneur que les religieux de Clermont ne veulent recevoir aulcune proposition d’accommodement et traitté pour la place que l’on demande auprès d’eux pour la construction des forges ne donnant aultres raisons pour prétexte de leur reffus que l’appréhension du voisinage de La Cuerie et ses associés. Monseigneur luy commande de persister et de tascher de les amener à raison. Le Sr. Lezarie mande au Sr. de St-Laurent qu’il ne croit pas que ces personnes s’y puissent rendre et que si Monseigneur luy veult donner mandement qu’il fera travailler bon gré mal gré. Cela n’a point encore esté résolu et pense qu’il vaudroit beaucoup mieux ou recercher une autre place, ou attendre encore quelque temps pour pour amener lesdicts religieux au point que l’on désire que non pas bastir de tour et acte grands frais en un lieu où il n’y auroit aulcune seureté. Ledict Sr. de Vautorte escript aussi à Monseigneur qu’il a veu et conféré avec la plus part des usagers qui consentoit mainlevée et pourveu que Monseigneur les dédommage cy-après ou en deniers ou en bois au dire d’experts, et que pour l’asseurance de ce dédommagement certaine somme d’argent demeure es mains des adjudicataires jusques à ce qu’il ai esté faict, que pour cela ledict Sr. de Vautorte et lesdicts adjudicataires s’obligent en privé nom. Monseigneur luy respond qu’il trouve bonne ceste proposition mais que premier qui passe oultre à l’effect d’icelle, il veult sçavoir si M. l’abbé de Clermont et aultres prétendans usage qui se trouveront à Paris auront cet expédient agréable, affin de faire tout par un mesme /3/ traitté que pour ce faire il vous en escrira et vous suppliera de commander que l’on s’enquière d’eux, mais qu’il s’est trouvé beaucoup meilleur de traitter dès à présent, puisqu’aussi bien tousjours le fault il fera sans laisser aulcun levain ny matière de brouiller cy-après, car les fermiers n’estans obligés de payer que six mois après qu’ils auront entré en jouissance si ce traitté ne se faict avant les six mois expirés, avec lesdicts usagers, lesdictes adjudicataires ne délivreront aulcuns deniers à mondict Seigneur puisque ledict traitté sera préalable, ou à tout le moins retiendront tousjours la somme dont on aura convenu jusques après l’affect dudict traitté, que cela seroit de notable préjudice pource qu’ayant faict estat de toute la somme que devront lesdicts adjudicataires, lesdicts six mois expirés partie d’icelle ne pourroit demeurer entre leurs mains et cepandant jouir de toutes les choses qui leur ont esté adjugées sans que les affaires de Monseigneur en resseussent du domage, que toutesfois il attendroit vos lettres et luy feroit entendre sa volonté. J’atten la response desdictes adjudications sur la proposition faicte par M. de Netz, à sçavoir d’envoyer leurs promesses à Paris pour sur icelles emprunter la somme de xxxvj M livres pour trois mois. Ils le doibvent et à mon advis puisque c’est pour acquitter les debtes de Monseigneur et à présent mesmes que Madame de St-Victor les a laissé, par sa mort, jouissans des mestairies des Genetais. Le Sr. advocat fiscal de ce lieu s’est chargé d’escripre à Paris et envoyer un factum de l’affaire de la Dame de La Plantière qui tourmente grandement Monseigneur pour son payement. C’est tout ce que j’ay à pour le présent au particulier de vostre maison. Pour le public MM. de Bertheville, de La Haye, de La Chappelière, de La Milletière, etc92 sont chargés de s’ouvrir à vous, Madame, et vous portent des lettres. Je leur remets à vous dire le mérite de tout, et atten l’honneur de vos commandemens pour y obéir avec le soing et affection que doibt, 91 Louis Cazet (1586-1651), sieur de Vautorte, appartenait à une des plus notables familles catholiques de Laval. Son père Jean Cazet, ancien avocat au duché de Mayenne avait été de 1586 à sa mort en 1605 conseiller au parlement de Bretagne, son frère aîné François avait hérité de cette charge. Louis Cazet avait acheté en 1610 à Daniel Hay, sieur de La Motte, avec l’agrément de Charlotte-Brabantine de Nassau, la charge de juge ordinaire de Laval pour la somme de 30 000 livres, ce qui lui conférait les attributions, sinon le titre de maire de la ville. Il détenait également la charge de juge des exempts. 92 Cf. Léonce ANQUEZ, Histoire des assemblées politiques des réformés de France (1573-1622), p. 323. 47 Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très-fidelle subject et serviteur. d’Iray A Thouars, ce 26e febvrier 1620. Archives nationales 1 AP 357/45 3 mars 1620 - Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Monseigneur a veu en celles que vous m’avés faict l’honneur de m’escrire ce que vous y avés adjousté de vostre main sur quoy je n’ay receu aulcun commandement estant tousjours prest et à toutes heures d’obéir et servir par tout avec pareille affection. Nous avons eu icy un homme de la part de M. de La Cressonnière93 qui demande payement de la somme de iijMvijCiiijX trois livres xiij S, qu’il prétend luy estre deub de reste de la somme de quinze mille livres cy-devant et de longtemps emprunctée de M. de Pontlevoy son beau-père, scelon la liquidation qui en a esté faicte sur vostre offre en l’année 1608 et de la somme de cinq cens iiij XXxiij livres ix S contenue en deux exécutoires de despanse de Poictiers. Il supplie très-humblement Monseigneur de le faire payer contant ou à tout le moins de passer en Cour condemnation des intérests pour l’advenir. Ses lettres sont grandement soumises et pleines de protestations de services et toutes telles qu’elles peuvent partir d’un homme qui demande de l’argent. Monseigneur luy respond que Vostre Excellence ayant eu agréable (scelon la très-humble supplication qu’il luy on a fait) de prendre le soing de la conduitte de ses affaires desquelles elle a toute cognoissance, qu’il luy escrira et le suppliera très-humblement par l’équité qu’elle recognoistra en sa demande de luy consentir condemantion pour les dicts intérests. Je ne sçay Madame si mondict Seigneur vous en escripra. Ce ne sera faulte de l’en faire souvenir. Vous sçavés, Madame, mieux que personne le mérite de cet affaire de laquelle je n’ay aultre cognoissance /2/ que celle que me donne la coppie des arrests qu’il a dit avoir obtenu laquelle se trouvera en ce pacquet avec la lettre qu’il a escript à Monseigneur. Vostre conseil de ce lieu a esté d’avis d’obtenir commission de Poictiers pour faire appeler Monsieur le marquis de Royan affin de voir déclarer la parage d’Aspremont finir à quoy à mon advis il ne se trouvera point de difficulté. Monsieur de La Mazure vous porte ladicte commission laquelle mondict Seigneur à commandé vous estre envoyée pour y faire ce que vous estimerés à propos. On nous a rapporté les lettres que Monseigneur avoit cy-devant escript à M. de Monts de Royan qui est à présent à Paris. J’envoye lesdictes lettres affin que par leur datte il voye le soing que vous avés eu Madame de luy donner contentement. Monsieur de La Mazure vous dira beaucoup mieus de bouche que je ne pourrois vous escrire les affaires d’icy. L’Assemblée est maintenant entre la crainte et l’espérance du succès du voyage de ses desputés, mais plusieurs craignent plus qu’ils n’espèrent. On n’y faict pas grandes affaires à présent. La plus part des desputés se sont retirés avec congé et charge de se rendre au 12e. M. Le Vidame a esté malade, mais à présent il est entièrement guéry. M. Chauvé a esté à Saumur. Ce voyage a empesché celuy que Mondit Sr. le Vidame devoit faire en ce lieu pource qu’ils ne peuvent s’absenter en mesme temps. Les adjudicateurs de Laval ne doibvent à mon advis plus faire de difficulté d’envoyer leurs promesses à Paris pour emprunter de l’argent d’aultant qu’il ne reste plus à payer que la somme de xviijM à M. le comte de Tillières94 et aussi qu’ils reffusent dix-sept mil livres contant des deux mestairies des Genetais pour lesquelles on ne leur faict aulcun trouble quy empeschent. 93 Henri Bastard, marquis de la Cressonnière dans la paroisse de Cesay, gouverneur de l’Ile et du château de Maillezais. Il avait épousé en 1595 Louise de Pontlevoy, fille de Louis de Pontlevoy et de Françoise de Broé. Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, tome I, p. 321. 94 Tillières (Maine et Loire). 48 J’appren, Madame, que mondit Sr. le Vidame a très bien faict de passer les jours gras à Lodun y ayant /3/ esté nécessaire à cause de l’arrivée du Sr. Gillier, envoyé de Monsieur des Diguières, pour apporter la coppie de la déclaration du Roy95, et oster dit-il l’allarme qu’elle pourroit causer d’aultant (ce sont ses mots) que les nouvelles qui a leur abbord sont estimées mauvaises ont des aisles plus fortes que les bonnes, et faict une présupposition à mon advis au commencement de sa lettre qui ne se trouvera pas conforme à la charge qu’on les desputés. Vous verrés, Madame, par la coppie de ladite lettre que je vous envoye. J’eusse faict de mesme de la déclaration mais vous en sçavés la substance, et aussi cela ne seroit tousjours que trop tost. Monseigneur reçoit à mesme heure cet advis de vous, Madame et de MM le Vidame 96 et de La Moussaye97 et depesche en diligence vers MM. de La Forest et du Plessis pour les rappeler. Les gens de bien sont nécessaires en l’assemblée à laquelle on veult faire peur pour l’obliger à prendre des délibérations desquelles aulcuns veulent tirer le gré qu’ils n’ont pas mérité. Plusieurs croyent ceste déclaration du Roy plustost mandiée et recerchée par aulcuns des nostres pour venir à leur but que procéder de la mauvaise volonté de Sa Majesté envers nous. Mon appréhention est pour le public qui est en danger de souffrir si Dieu n’opère puissamment puisque nous contribuons à nostre mal et que nous n’en pourons recevoir de plus grand que celuy que nous faisons nous mesme. Je ne doubte point, Madame, que vous qui voyés cela de plus près et en prévoyés le malheur mieux que personne ne le supportiés avec un extrême regret, mais Dieu enfin fera son œuvre à la confusion de ceux qui auront en de mauvaises intentions contre le bien commun de ses Eglises. Je le prie ardemment qu’il vous conserve vostre santé et vous donne la force de vois ces désordres et les supporter parmy le grand soing et sollicitude que vous prenés pour les affaires particulières de Monseigneur, pour lesquelles, Madame, il /3/ continue ses très humbles supplications envers vous. Il est en très bonne santé grâce à Dieu avec Madame son espouse et Mademoiselle. Je loue Dieu de voir une telle intelligence et amitié entre eux trois, et la grande affection qu’il tesmoigne et a en effect pour Monseigneur le comte duquel il prend les intérests avec pareille part que si ils luy arrivoient en propre. Je ne recevray jamais de plus grand contentement que de le voir vivre avec le respect et honneur qu’il vous doibt. C’est dont je prie Dieu et qu’il vous maintienne en sa sainte guarde et vous conserve en santé et qu’il me donne les moyens de vous rendre les très humbles services que je suis obligé comme, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidelle serviteur et subject. d’Iray e A Thouars, le 3 mars 1620. Archives nationales 1 AP 357/46 10 mars 1620 – Thouars à M. de Champdor Monsieur, Vous m’avés escript plus que vous ne deviés et qu’il n’estoit nécessaire, cela ne pourra avoir esté sans vous avoir faict perdre beaucoup de temps inutilement et que vous eussiés mieux employé ailleurs. Jamais les lettres de mes amis ne me sont à importunité, moins plus de mes intimes et plus asseurés comme vous. Nous avions appris de Madame et à mesme 95 Léonce ANQUEZ, Histoire des assemblées politiques des réformés de France (1573-1622), p. 324. 96 Prégent de Lafin († 1625), vidame de Chartres, fils de Jean de La Fin, seigneur de Beauvoir-La-Nocle et de Béraude de Ferrières, un vétéran des guerres de la Ligue, représentant de l’Ile-de-France, président de l’assemblée de Loudun. 97 Amaury II Gouyon (1577-1624), marquis de La Moussaye, comte de Plouër, vicomte de Pommerit dans l’évêché de SaintBrieuc, était le chef d’une des branches cadettes de la Maison de Gouyon-Matignon ayant embrassé le protestantisme dans le dernier quart du XVIe siècle. Il représentait la Bretagne à l’assemblée de Loudun. Durant cette assemblée, dans le cadre des réseaux de réciprocité des échanges, caractéristiques aux relations nobiliaires du XVIe siècle et XVIIe siècle, il offrit son amitié aux La Trémoille. 49 temps de Lodun ce qui s’est passé au conseil touchant la déclaration du Roy contre les depputés de l’assemblée et la veriffication et publication d’icelle au parlement. J’ay bien du regret de le peine et du soucy que Madame a pris pour envoyer coppie de ladicte déclaration car nous en avions coppie dès long temps ainsi que Monsieur de La Mazure nous pourra avoir dit. Nous avons aussi appris les termes à plus près de la harangue de Monseigneur le Prince en présentant ladite déclaration à MM. du Parlement, mais non sans souspirer et regretter qu’elle n’ait esté en façon qu’elle ait donné contentement à tous les gens de bien, qui se resjouissent en la ferme créance qu’ils ont que les pauvres huguenots ont Dieu pour tout potage qui ne les abandonnera point. Et bien il se trouvera qu’en fin il les guarentira de mals, et puis voyla tout. Nostre assemblée est muette et sans prononcer avec paroles que du respect et obéissance et ceux qui la composent attendent le succès de la négotiation de leurs depputés. Ils voudroient estre quasi sans bouche et sans oreilles, pour ne voir ny ouïr la publication de ladicte desclaration et en suitte la signification qui est capable de faire plus de mal que la peste. Toute nostre cour se porte bien grâces à Dieu hormis me maistre qui est enrumé, mais avec moins De relapse qu’au passé. Pour moy, je me porte guaillard comme un guardon et qui atten les moyens de vous tesmoigner par effects l’entière affection que j’ay d’estre reçu de vous, Monsieur, Vostre très-humble serviteur. d’Iray e A Thouars, ce 10 mars 1620. Ayés agréable de supplier Madame Briseau de commander deux fers de rabats et vous de les payer et je vous rendray l’argent. Archives nationales 1 AP 357/47 11 mars 1620 - Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Depuis mes dernières, il n’est rien survenu de nouveau ny au général ny au particulier sinon que Monseigneur a esté acceuilli d’un rhume qui l’a empesche quelques nuits de dormir mais qui à mon advis a beaucoup diminué grâce à Dieu il n’en a point guardé le lict mais seulement la chambre. Cela, Madame, ne vous doibt point mettre en peine et soucy de l’événement, car je m’asseure que nous en avons la fin avec celle de la sepmaine. Il n’est survenu aulcun accident ny fiebvre, mais le mauvais temps qui continue a esté grandement contraire à ce ma. Il vous escript, Madame, l’estat auquel a présent il est, et je m’asseure que Madame son espouse et Madamoiselle vous en rendent certaine. Monseigneur est intervenu (mais soubs promesse d’indemnité pour l’événement) en un procès qui se poursuit à Angers pardevant les juges des traittés par les marchans de ce duché contre un nommé Bartel qui se dit fermier desdicts traittes en Anjou à cause des exactions qu’il veult faire prétendant xlvi S pour chacune pipe de vin qui sort du duché pour aller plus en avant en Poictou, et xx S pour cent pesant qui en soit ou qui y entre. Les habitans de ceste ville qui y ont grand interest y sont aussi intervenus et Monseigneur à leur requeste et supplication moyennant ladicte promesse d’indemnité. J’envoye à M. de La Mothe une assignation donnée à la requeste de Jehan Jamet 98, cy-devant fermier de vostre principaulté de Thalmond, et luy mander ce que je sçay là dessus. Le remettant du reste /2/ à M. de La Mazure qui est pleinement instruict du mérite de l’affaire. 98 Jehan Jamet avait été le fermier de la principauté de Talmont jusqu’au 31 décembre 1618. Le 27 janvier 1618, CharlotteBrabantine de Nassau avait affermé la principauté pour cinq ans à compter du 1er janvier 1619 pour la somme de 2 376 livres pas an à René Jacquelin, conseiller et élu pour le Roi en l’élection des Sables. G. LOQUET, « Essai Historique sur le Talmondais », Annuaire de la Société d’Emulation de la Vendée, 48e année, 1901, p. 172-173. 50 On me rend présentement une lettre que vous m’avés faict l’honneur de m’escrire par laquelle vous me commandés Madame de dire à Monseigneur que vous avés trouvé bon l’avis qu’il a donné à l’assemblée. Je n’y manqueray aussi tost que je pourray avoir l’honneur de le vois. Ce matin il n’a rien encore appris de Monsieur de Roannois ny d’aucun de sa part. Si j’ay cognoissance des ouvertures que Madame de La Rochepot fera j’en advertiray Vostre Excellence, et de toutes autres choses que j’apprendray. Monseigneur remet MM. de La Mothe et Herauld touchant la difficulté et le doubte du lieu où se doibvent commencer les poursuittes pour les réparations nécessités à Montfort sur ce qu’il vous plaira adviser, comme aussi mondict Sr. de La Mothe pour ce qu’il luy escript du Sr. Fallut. Nous avons à présent M. de La Forest et attendons M. du Plessis-Bellay à demain. Il a esté à Royan où il avoit baillé rendés-vous à M. de Pernan qui ne s’y est pas trouvé pour n’avoir pas esté en sa maison lorsque les lettres de mondict Sr. du Plessis y arrivèrent. Cela faict appréhender de ne rien conclure ainsi qu’il me mande à cause que sans entremeteur on ne peut guère advancer avec celuy auquel il a affaire. MM. de l’assemblée ne laissèrent de courir la bague dimanche dernier en partie de quatre vieux cavaliers contre quatre jeunes. M. le comte d’Orval99, chef des derniers, y eust une disgrâce à cause de son cheval qui tomba au milieu de la carrière, cela avec malheur, mais sans mal ny aultre accident que de desplaisir. Le procureur du Roy de Lodun avoit résolu de faire publier aujourd’huy cette injurieuse déclaration /3/. On taschera de la faire retarder jusques à vendresy. Le procureur du Roy d’Angers l’a envoyé à Saumur avec l’arrest de commandemens aux gouverneurs de souffrir les Jésuites prescher aux villes de seureté, pour le mesme effort mais je croy que Monsieur du Plessis n’en a encore souffert la publication. Je n’ay rien d’ailleurs pour le présent sinon à continuer mes prières à Dieu pour vostre santé et prospérité affin qu’il vous rende bientost aux autres où vous estes grandement souhaittée et qu’il ne rende si heureux que je puisse tousjours estre recognu de vous, Madame pour, Vostre très-humble, très-obéissant et trèsfidelle serviteur et subjet. d’Iray A Thouars, ce xie mars 16xx. Archives nationales 1 AP 357/48 14 mars 1620 - Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Il ne s’est passé qu’un jour depuis le partement de nostre messager, durant iceluy Monseigneur a faict sa première sortie et l’a employée à la chasse d’un cerf qu’il a pris et Madame la marquise de La Moussaye100 a visité Madame la duchesse et Madamoiselle. Nous avons à présent MM. de La Forest, du Plessis-Bellay et de La Berlaudière. Monsieur le Vidasme se faict attendre aujourd’huy. Ceux de l’assemblée qui avoient pris congé pour faire un tout en leurs maisons avec charge de se retrouver au 12e commencent à se rendre à Lodun où la déclaration fut publiée mercredy sans aulcune opposition, ny mesme que l’on se soit mis en debvoir de l’empescher. Je croy qu’on l’eust peu avec moins de bruict qu’a La Rochelle où elle avoit esté envoyée pour y estre publiée avec l’arrest portant permission aux Jésuites d’y prescher, mais le peuple y a faict beau mesnage et s’en est pris au moine et au procureur du Roy et qu’il a pensé mes arriver en ce tumulte en son point de publication. Vous aurés, Madame, des lettres de Monseigneur et d’autres qui vous diront plus de particularités de l’affaire de Royan que moy qui sçay seulement qu’elle est bien avancée. Nous 99 François de Béthune (1598-1678), comte d’Orval, fils de Sully et de sa seconde épouse Rachel de Cochefilet, était un des représentants du Haut Languedoc et de la Haute Guyenne à l’assemblée de Loudun. 100 Catherine de Champagne de La Suze, épouse de Amaury II Gouyon, marquis de La Moussaye, l’un des représentants de la Bretagne à l’assemblée de Loudun qui avait accompagné son mari. 51 n’avons encore rien ouy de Madame de La Rochepos ny de Monsieur de Rohannois. Vous sçaurés, Madame, comme la vérisfication et publication de la déclaration au Parlement est en termes plus rudes et en tout autres /2/ sens que ladite déclaration par laquelle le Roy vouloit qu’elle fust signiffiée à MM. de l’assemblée pour se séparer trois sepmaines après la signiffication qu’on estimoit devoir estre différer pour donner plus de moyen et déplaisir aux depputés qui suivent le Roy de faire entendre leurs raisons et traitter avec plus de facilité, mais MM. de la Cour enjoignent que à la requeste et poursuitte du procureur général. Elle sera publiée au bailliage et séneschaussée du ressort et que le délay des trois sepmaines courra dès le jour de la publication à Lodun avec charge et commandement aux substituts dudict procureur général d’en faire le rapport et asseurer la cour de ladicte publication dedans huictaine ce temps de huict jours au lieu d’un mois qui est donné d’ordinaire pour cela témoigne l’ardeur que l’on a de courir au mal, aussi bien que ceste explication de faire courir le délay du jour de la publication sans attendre que scelon l’intention de Sa Majesté elle fut publiée. Vos bons et sages advis, Madame, sont maintenant aussi nécessaire à Monseigneur que jamais, car ceste précipitation de MM. de la Cour met tout le monde en cervelle et faict moins espérer de bon succès de la négotiation des desputés, que craindre de la mauvaise volonté de ceux auxquels ils ont principalement affaire. Icy tout est en bonne santé grâces à Dieu et je le prie ardemment pour la vostre Madame affin qu’il vous la conserve parmi une telle diversité d’affaires publiques et particulières dont elle est agitée et qu’il me rende si heureux que je puisse toute ma vie me conserver la qualité, Madame, de Vostre très-humble, très-obéissant et très-fidelle serviteur et subjet. d’Iray e A Thouars, le 14 mars 1620. Archives nationales 1 AP 357/49 15 avril 1620 - Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Je me suis rendu dès sabmedy donner de fort bonne heure auprès de Monseigneur et luy ay particulièrement faict entendre ce que vous m’avés faict l’honneur de remettre en moy qui croyois partir aujourd’huy pour me rendre à Paris sur la fin de la sepmaine courante ainsi que vous aviés mandé à mondict Seigneur. Sa résolution avoit tousjours esté telle jusques à présent aussi bien que la créance de tous ceux de deçà et la mienne, mais lors que je pensois prendre mes dépesches il m’a commandé de demeurer près de luy pour les raisons qu’il m’a faict l’honneur de me dire qu’il vous escriroit, Madame, et qu’il me feroit sçavoir cy-après. Je vous supplie très-humblement, Madame, de croire que je n’ay affection pour demeurer ou pour aller sinon ou vos commandemens et ceux de Monseigneur m’appelleront et que j’estois aussi prest et disposé de me trouver à Paris dedans la fin de ceste sepmaine si Monseigneur me l’eust commandé, que je fus pour me rendre en ce lieu lorsque j’en receus les commandemens de V. E. En quelque part que je soye, Madame, je serviray tousjours sinon avec beaucoup d’utilité au moins avec toutes sortes d’affections de fidélité. Lundy dernier Monseigneur fut à Loudun dire adieu au général et aux particuliers de l’assemblée, et fit cela avec tant de grâce tant en l’action publique que aux complimens des particuliers que rien ne s’y pouvoit adjouter. Je le vy Madame, et vous supplie très-humblement de donner cest créance à mes yeux. Car certes rien ne se pouvoit mieux. Je luy ay faict entendre le soing et la peine que /2/ vous prenés pour ces affaires. Il tesmoigne en avoir un très grand ressentiment. Je croy qu’il vous en asse[ure] Madame et qu’il n’a désir ni intention en […] d’un nouvel ordre dans ses affaires que celluy que vous apporterés par vostre prudence. Je luy ay aussi faict connoistre les frais qu’il vous avoit esté nécessaire de faire pour la poursuitte de ses affaires. Il fera, je m’asseure, Madame tout ce que vous aurés agréable en cela. Il m’a dit de vous l’escrire. Il vient d’avoir nouvelles 52 du Roy retourné à Fontainebleau ou à Paris. Je ne sçay encore qu’elle résolution cela-luy fera prendre quoy quelque fois je le voy très disposé d’effectuer vos conseils auxquelles il déffere entièrement. L’affaire que M. du Plessis a req>>tié est maintenant fort divulguée en Xaintonge et Angoulmois. Il y a à mon advis de grandes raisons pour l’advancer et de la perte et que je ne die de la >>>> la laisser plus longtemps sans certitude. Je croy que Mme de Buillon a lettres de Monseigneur son mari pour >>>> la somme dont on a besoing et en accommoder Monseigneur qui n’a point encore escript à M. le P. et doubte aussi bien que vous Madame s’il le doibt faire. MM. du Plessis et de La Forest s’en sont allés. Celluy-cy en sa maison et l’autre en son gouvernement. Monseigneur, Madame son épouse et Mademoiselle se portent bien grâces à Dieu. Ils ont esté fort aises d’apprendre toutes les particularités que vous m’avés commandé de leur dire. Je croy que l’on vous escrira de Madame la Duchesse nouvelles qui vous plairont. Monseigneur a receu response de M. de Monts qui v […] recevoir la moitié de ce qui luy est deubt […] nant qu’on l’asseure de luy donner l’autre partie de […] un an prochain. Le procureur de Taillebourg a eu main [levée] /3-51/ de la saisie apposée sur vostre baronie de Didonne par Goutte mais quoy qu’on puisse dire il sera bien malaisé de sortir des mains de cet homme et de ses associés sans leur donner quelque chose pour les frais cy-devant faicts. C’est l’avis de vostre conseil de Xaintonge, Madame, c’est pourquoy Monseigneur commande audict Sr. procureur de Taillebourg d’en sortir au meilleur marché qu’il pourra. Cela ne pourra au plus revenir qu’à lx livres. Le Sr. du Tertre grand vendeur de Montfort est décédé depuis que je suis icy. Son fils est venu pour estre préféré en la charge, mais trop tard, car j’appren que Monseigneur l’a promis à un gentilhomme nommé Fleuriaye101 pour la somme de iijM livres. Je n’ay pas eu le loisir de guère apprendre autre chose des affaires depuis mon arrivée et aussi que je me préparois de partir pour aller recevoir vos commandemens Madame et y obéir entièrement scelon mon possible, comme je feray tousjours lorsque j’en seray honoré affin que je me puisse conserver la qualité, Madame, de Vostre très-humble, très-obéissant et très fidelle serviteur et subject. d’Iray e A Thouars, ce 15 apvril 1620. Archives nationales 1 AP 357/50 et 51 15 avril 1620 - Thouars à Monsieur de Champdor Monsieur, Vous aurés appris la peine que j’eu à trouver des chevaux de poste et comme je fus jusques à Pluviers sur mon hongre, cela n’empeschera pas que le vendredy je ne vinsse coucher à Tours avec l’assistance de Dieu. Pensés si le lendemain nous fusmes de bonne heure en ce lieu d’où je croyois partir demain matin et n’y avois plus rien a faire qu’à y recevoir mes dépesches. J’estois auprès de Monseigneur pour cela lorsqu’il m’a commandé de demeurer pour beaucoup de considérations. Je n’estois pas moins prest d’aller vers vous que lorsque j’y estois de venir icy, je n’ay aulcune acception de lieux pourveu que je soye si heureux que de servir par tout avec le gré de ceux qui me commandent, comme sers avec affection. Pleust à Dieu que ce fust avec utilité. Vous sçavés les obligations que je vous ay & si je les sçay aussi, mais cela ne m’empeschera pas de vous importuner encore. Je vous supplie très affectueusement de faire tenir à Sedan avec soing et par voye seure à Monsieur Le Comte102, gouverneur dudit Sedan, la lettre cy-incluse affin que j’en puisse avoir 101 Il s’agit peut-être de Hardy de Vay, sieur de La Fleuriais, un gentilhomme huguenot de Treffieux, second fils de Claude de Vay, seigneur de La Rochefordière et de Suzanne Chauvin de La Muce-Ponthus. Il épousa en 1629 Jeanne Le Maistre, dame du Plessis, fille de Guillaume Le Maistre, seigneur de La Garelaye à Derval. 102 Antoine de La Marche des Comtes, sieur de La Roche et de L’Eschelle, capitaine de 50 chevau-légers sous les ordres de Henri de La Tour d’Auvergne, était depuis 1599 gouverneur de Sedan. Il exerça cette fonction jusqu’à sa mort au mois de 53 response encore une fois je vous supplie ayés en soing. Si Marot est près de vous avec mes chevaux et ma valise, je vous supplie aussi de luy commander qu’il me vienne trouver et plustost à petites journées. Sinon ayés s’il vous plaist agréable d’envoyer un homme exprès à Angerville-la-Rivière près de Machecoul103 où Daulphin où il a esté malade affin que s’il est en estat de pouvoir monter à cheval jusques à Orléans et de là s’en venir par eau jusques à Saumur qu’il parte au plustost. Je croy qu’il aura assés d’argent, mais s’il en a faulte vous m’obligerés beaucoup de l’asssiter de ce dont il aura nécessité. J’ay laissé certains papiers au Sr. Briseau qui importent Madame Givrais avec des lettres addressantes à M. de La Mazure. Je vous supplie de retirer le tout dudit Sr. Briseau (à qui je baise les mains et à Madame sa femme) et le mettre ès mains de mondit Sr. de La Mazure à qui j’estois chargé de les délivrer. Tous vos amis de deçà se portent bien. Je vous supplie baiser les mains de ma part à Madame de Schelandre à Mlle de Madaillan, à M. de […] que j’oublie, beaucoup usé à vous escrire, mais je suis pressé comme un homme qui pensant prendre la botte est obligé d’escrire. Faictes moy response s’il vous plaist et me croyés autant que personne, Monsieur, Vostre très-humble, et très-obéissant serviteur. d’Iray e Thouars, ce 15 apvril 1620. Si vous jugés que Marot puisse se mener, faire conduire icy la vaisselle de terre que j’ay achepté, je vous supplie de luy faire délivrer pour me l’ammener. Archives nationales 1 AP 357/52 22 avril 1620 - Thouars à Monsieur de Champdor Monsieur, J’escri à Monsieur de La Mazure. J’ai peur qu’il ne soit plus à Paris. S’il est parti je vous supplie bien humblement d’ouvrir le petit pacquet que je luy envoye et de faire rendre les lettres scelon leur addresse. Je m’oubliay de vous dire en vous quittant pour ce que je croyois retourner que Mlle de Grande Maison m’avoir mis ès main une pistole pour délivrer à Mademoiselle de Madaillan (à laquelle je baise très-humblement les mains) affin de luy achepter quelque petites choses. Je vous supplie de la donner pour moy ou de prier M. Briseau qu’il luy délivre ce sera aultant à déduire sur ce que je kuy ay donné. Tous vos amis et parens de deçà se portent bien et moy je vous baise les mains qui suis, Monsieur, Vostre très-humble, serviteur. d’Iray e A Thouars, ce 22 apvril 1620. Archives nationales 1 AP 357/53 14 juin 1620 - Taillebourg à Charlotte-Brabantine de Nassau Cette lettre n’est pas du 14 juin 1620 mais du 14 juin 1621 Archives nationales 1 AP 357/54 septembre 1640 à Paris dans l’hôtel de Soissons « où il estoit logé par le commandement de Monseigneur le Comte ». E. HENRY, Notes biographiques sur les membres de l’Académie protestante et les pasteurs de l’Eglise réformée de Sedan, Sedan, 1896, p. 11-12. 103 Angerville-La Rivière et Manchecourt (Loiret) au nord-est de Pithiviers. 54 30 juillet 1620 – Thouars à Monsieur de Champdor Monsieur, En celles qu’il vous a pleu m’escrire j’ay de nouvelles et certaines asseurances de la bonne volonté de Madame envers moy par le soing qu’il luy plaist avoir de ma femme104 et de l’estat de sa santé. Je recoi cela à tant d’honneur et d’obligation que je ne puis en exprimer mon ressentiment ny l’en remercier comme je doibs ce que je puis est de continuer ardemment mes prières à Dieu par sa santé, et qu’il luy donne aultant de prsopérité et de contentemens que je recognois de lui devoir de services par tant de tesmoignages qu’elle me faict sentir de son affection. Je suis bien marry que je n’aye de quoy luy escrire ne sçachant aulcunes nouvelles pour n’avoir sorti de ma maison depuis son partement de ce lieu, sinon ce matin que Dieu m’a faict recognoistre quelque petit amendement en ma maladie que j’ay veu à l’extrémité, mais maintenant j’espère plus que je ne crains par sa grâce. Encore une fois, j’ay à vous dire que je reçoy extrême honneur et obligation ce soing de Madame. Je vous supplie très humblement l’asseurer que je n’auray rien plus à cœur que de lui rendre quelque agréable et très humble service ainsi que j’y suis obligé et pour vous. Asseurés-vous, s’il vous plaist, que je tiendray à grand bonheur et contentement si je puis trouver l’occasion de vous donner des preuves certaines que je suis de cœur et d’affection. Monsieur, Vostre très-humble et plus affectionné serviteur. d’Iray e A Thouars, ce 30 juillet 1620. Je vous supplie de tout mon cœur d’assurer Monsieur de La Mazure que je suis son très humble serviteur et que je luy baise très-humblement les mains, comme je fay à tout ce monde de l’aun et l’autre sexe. Archives nationales 1 AP 357/55 12 août 1620 – Les Aubiers105 à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Je suis très-asseuré que rien ne vous peut venir du plus agréable que ce qui vous rend certaine de la bonne disposition de Monseigneur à quoy celle-cy servira s’il vous plaist. Il a pour le moins soixante maistres avec luy qui à mon advis le serviroient de bon cœur s’il s’en présentoit occasion. Dieu veuille qu’il n’en ait point besoing. Il ira aujourd’huy visiter Madame de Rohan qui envoya hier vers luy et luy vers elle. Celuy qui vint de sa part avoit un commandement bien exprès de s’enquérir de l’estat de vostre santé. Mesdamoiselles ses filles sont avec elle, Monseigneur n’est esloigné que de deux petites lieues du Parc où elle est. Elle escrivit à mondit Seigneur et demandoit d’apprendre des nouvelles. Il n’oublira rien de ce qu’il avoit de plus certain. Messieurs ses enfans ont rebroussé à Maillezais sur l’avis de la prise du Pont-de-Cé. Ils avoient advancé jusques à Champdenier et celuy qui apporta les lettres de Madame de Rohan nous voulut faire croire qu’ils avoient avec eux huict cens chevaux et seize cens hommes de pied. Ils attendront la fin de tout cecy. Monsieur de Raiz106 est à Mortagne. On nous dict qu’il a congédié tous les gens de guerre qu’il avoit. Il s’excuse fort de ce qui court sur ce que Monsieur de Vendosme luy contesta le rang et le 104 Il s’agit de la première lettre où Jean Rogier fait état de sa femme, Jeanne David, ce qui fait présumer qu’il venait de se marier. 105 Les Aubiers entre Thouars et Mauléon. 106 Henri de Gondi (1590-1659), 2e duc de Retz, fils de Charles de Gondi, marquis de Belle-Isle et d’Antoinette d’OrléansLongueville, petit-fils du maréchal et 1er duc de Retz Albert de Gondi (1522-1602) et époux de Jeanne de ScépeauxChemillé. 55 commandement. Peu de gens à mon advis prendront ce prétexte en payement, le rang de l’un et de l’autre estant incogneu de peu de personnes. Ce sont pourtant les discours des siens qui se trouvent bien empesché à lever le soupçon que chacun prend de leur maistre. L’infanterie de Monseigneur crie à l’argent et demande monstres aultrement prétexte de se desbander. J’estime qu’il seroit à désirer qu’elle fut retirée et que chacun fuste en sa maison, car oultre le temps qui nous faict espérer la paix /2/, elle apporte moins d’assistance et de support que de peine et incommodité en l’estat où est Monseigneur. Ce que je souhaitterois savoir que cela se fit avec honneur et seureté pour ceux qui l’ont voulu servir et assister, mais aussi de leur donner ce qu’ils demandent pour les faire subsister en corps. Je ne voy pas grand fruict de ceste subsistance et suis trompé si la plus part ne se retire mesme après avoir esté contentés. Ils doibvent aujourd’huy loger à Saint-Amand et Monsieur du Fresne à St-Mars107, l’un et l’autre ne sont qu’à une lieue d’icy. Je croy que M. du Tablier les joindra aujourd’huy. Comme Monseigneur vouloit monter à cheval le Sr. Bail luy a rendu vos lettres. Je ne croy pas Madame qu’il y puisse faire response. Nous n’avons rien, Madame, qui mérite de vous estre escript. Je prie Dieu pour vostre prospérité et santé et vous supplier très humblement de croire que je suis et seray toute ma vie, Madame, Vostre très-humble, très-fidelle et très-obéissant serviteur. d’Iray e Aux Haubiers, ce 12 aoust 1620. Monseigneur doibt demain coucher à St-Georges. Archives nationales 1 AP 357/56 27 août 1620 - Tours à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Monseigneur vit Monsieur du Plessis en passant par Saumur et l’entretint environ deux heures qui furent tout le temps qu’il demeura au chasteau et tousjours auprès de son lict où il estoit depuis quelques jours à cause d’un rhume, cela joinct m’empescha de luy pouvoir parler. Il ne sçait à ce que j’enten quel jugement faire de tout cecy, voyant les régimens de ceux de la Religion licentié (et entre ceux-là, celluy de M. de Villarnoul) et d’autres qui subsistent dont les commissions estoient >>>>> postérieures. On ne croit point en ce païs là que le Roy passe Poictiers. S’il en part on appréhende que son partement ne face du mal quand ce ne seroit que d’alarmer le Béarn et les provinces voisines. On envoya dire au Père Bérule passant par là les grandes raisons qu’on avoit de doubter de cet armement. Il fit l’innocent et protesta d’en ignorer la cause, aultre que pour faire venir MM. du Mayne et d’Espernon à l’obéissance, mais qu’il s’estonnoit de la résolution de ne partir de Poictiers changer depuis qu’il avoit quitté Sa Majesté. Je croy Madame que Monseigneur vous fait entendre leur conférence. Il arriva icy au jour qu’il avoit dict. Il vous escript les particularités. Il n’a point veu le Roy qui partit hier matin pour aller chasser à Amboise. On attend Monseigneur le Prince aujourd’huy et croit-on le partement de Poictiers pour demain. La Reyne ira aussi et la Reyne mère s’y doibt trouver. Monsieur de Mayne a envoyé assurer le Roy de son service /2/ et obéissance avec très-humble supplication de luy donner les moyens de licentier ses troupes. A cela les uns disent qu’il a commandement de desarmer J’ay veu ce matin, Madame, suivant vos commandemens Monsieur de Rousselaï qui vous baise très-humblement les mains disant prendre à très grand honneur d’avoir receu celle que vous luy avés escript, du sujet de laquelle il n’estoit neulement en doubte l’ayant appris de vostre bouche et de celle de Monseigneur, oultre que d’ailleurs il recognoissoit que l’avantage de Monseigneur alloit à attendre les asseurances et commandemens que le Roy luy avoit depuis faict par son courrier, que toutes-fois puisque vous l’aviés agréable il voiroit la date de l’acte qu’il a parcouru tout du long. Il promet de 107 Saint-Amand-sur-Sèvre et Saint-Mars-la-Réorthe au sud-ouest de Mauléon. 56 vous faire response ce soir que je retireray s’il y a moyen de le faire, et vous le feray tenir par les premiers. Monseigneur est en très bonne disposition grâces à Dieu que je prie pour la vostre et qu’il me donne les moyens de mériter par mes services la qualité, Madame de, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidelle serviteur. d’Iray A Tours, le 27e aoust 1620. Ainsi que je veux fermer ma lettre, on me veult asseurer que le Roy ne retourne que demain et que son partement est retardé jusques à sabmedy. Archives nationales 1 AP 357/57 Mardi 31 août 1620 - Poitiers à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Vous aurés avec celle-cy la response de Monsieur de Rousselay à celle que vous luy avés escript et par M. de Lessart l’arrivée du Roy en ce lieu de hier, et celle de la Royne qui sera aujourd’huy. Monseigneur y arrive présentement avec Monseigneur le Prince qui tesmoigna en son passage à Tours désirer que mondit Seigneur vint icy avec luy. Je croy Madame que cela ne peut estre mauvais et me semble cognoistre que mondit Seigneur le Prince s’en ressent obligé. Tout le train a passé à l’Isle-Bouchard où Monseigneur croyoit devoir coucher hier. Il en recevra sans doubte quelque incommodité, mais elle ne sera pas longue, car j’estime que tout sera icy à ce soir. Monsieur de Vendosme n’a point suivi le Roy depuis Tours où il demeura un jour entier pour attendre Monseigneur le Prince sans lequel à ce qu’on dict on n’a rien voulu délibérer, moins résoudre. Il a esté et Monseigneur avec luy descendre au logis au Roy où il y a eu conseil aussi tost, mais Monseigneur après avoir eu faict la révérence au Roy (qui luy a faict très bonne chère et la entretenu) il est venu se sécher et refraischir en la maison de M. des Anges procureur où il est logé. Il est bien malaisé de rien escrire de certain tant les conseils sont secrets. Icy se prendra la délibération pour le Béarn. Aulcuns croyent Monsieur du Mayne avoir désarmé, cest autre le contraire. Il semble toutesfois que le dessein pour la Guyenne se continue. Il n’y a rien icy de la part de la /2/ Royne mère. On doubte si elle viendra. On parle que M. le Grand doibt faire un voyage vers Monsieur d’Espernon, mais comme personne privée et non comme envoyé du Roy. Monseigneur le Prince nous faict bien espérer, il a les moyens de nous procurer bien et avantage ; Si vous voulés voir la Royne, Madame, l’occasion s’en présente commode, mais il fault sa haster d’aultant que si le Roy passe oultre, elle ne fera icy que fort peu de séjour. D’ailleurs vostre voyage à mon advis ne seroit pas infructueux. Je croy que Monseigneur vous faict sçavoir comme il est désiré et par qui. Celluy de Madame vostre belle-fille est souhaitté aussi. Madame la Princesse l’a ainsi dict à mondit Seigneur le peu de temps qu’il y a que nous sommes arrivés, de loisir que j’ay à cause du partement de Monsieur de Lessart m’empeschent de rien adjouster sinon mes ardentes prières à Dieu pour vostre santé et prospérité et qu’il me face la grâce d’estre tousjours recognu de vous, Madame, pour Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray A Poictiers, ce dernier jour d’Aoust 1620. Archives nationales 1 AP 357/58 57 1621 les La Trémoille se trouvèrent au milieu de la tourmente. Pendant les trois premiers mois de l’année Henri de La Trémoille, pressé par sa mère, conjointement avec Duplessis-Mornay et Henri de Rohan, tenta de persuader l’Assemblée de La Rochelle de se dissoudre pour obéir à la volonté du Roi tant que celui-ci conservait une attitude conciliante108. L’assemblée de La Rochelle ayant refusé de se dissoudre et une ultime tentative de médiation du maréchal de Lesdiguières ayant échoué, Louis XIII décida le 18 avril de marcher à la tête de son armée contre les protestants qui refusaient de reconnaître son autorité. Le 1er mai, il était à Orléans, le 3 à Blois, le 13 à Saumur où il démit Duplessis-Mornay de son gouvernement. Le 10 mai, l’assemblée de La Rochelle organisa la défense en divisant la France en huit cercles sous le commandement général du duc de Bouillon. Chaque cercle devait être commandé par des Grands du parti protestant : La Force, Rohan, Soubise et La Trémoille. Le duc de Bouillon, rendu impotent par la goutte et qui considérait que le sort du protestantisme ne se jouait pas en France mais en Allemagne, refusa ce commandement et assura le souverain de sa fidélité. Henri de La Trémoille, dûment chapitré par son oncle et sa mère, se voulait “ bon françois ”109. Mais alors que sa mère s’était rendue à Saumur au devant de Louis XIII pour l’assurer de sa fidélité et l’accueillit à Thouars le 17 mai110, il était resté à Taillebourg et se fit quelque peu tirer l’oreille avant de faire de même. Le souverain par trois lettres adressées les 13 mai 1621 de Saumur, 21 mai de Parthenay et 27 mai de Niort l’invita à le rejoindre. Pour sa part, Lesdiguières lui écrivit trois lettres le pressant de satisfaire à la volonté du Roi. A cela s’ajoutaient les pressions de sa mère, de sa femme et de certains de ses agents. Le duc de La Trémoille céda à ce courant pacifique et rejoignit l’armée royale qui depuis le 17 mai assiégeait la ville de Saint-Jean-d’Angély tenue par Soubise. Pendant ce temps en Bretagne, le 28 mai, le duc de Vendôme, gouverneur de la province s’emparait de la ville et du château de Vitré et en démettait le capitaine de la garnison Jean Nouail, sieur de Launay. Henri de La Trémoille avec le concours du maréchal de Lesdiguières pendant les mois de juin et juin chercha à convaincre l’assemblée de La Rochelle de se dissoudre et d’obtenir son pardon, mais ce fut peine perdue111. L’on peut présumer que c’est avec soulagement qu’après la capitulation le 24 juin de Saint-Jean d’Angély, que Henri de La Trémoille et sa mère virent l’armée royale prendre le chemin de Montauban qu’elle investit le 18 août. Louis XIII ayant refusé de restituer Vitré à Henri de La Trémoille, le duc de Bouillon craignant que ce refus incitât son neveu à se joindre à Henri de Rohan, l’invita à le rejoindre à Sedan où son épouse, dépressive s’y était retirée dans le courant du mois d’août. Henri de La Trémoille arriva le 22 octobre112. 31 janvier 1621 - Paris à Henri de La Trémoille Monseigneur, J’ay receu par le Sr. Bressuire celle que vous m’avés faict l’honneur de m’escrire et les lettres et mémoire de l’Assemblée pour Monseigneur le duc de Buillon vers lequel vous me commendés d’aller, mais vous ne me prescrivés point si ie doibt estre ou avant avoir receu mes responses ou après. 108 James S. VALONE, Huguenot politics : 1601-1622, The Edwin Mellen Press, Lewiston, 1994, p. 160. 109 Daniel Ligou dans son essai sur le Protestantisme en France de 1598 à 1715, SEDES, 1968, p. 75, écrit que Henri de La Trémoille “ n’avait aucune envie de se battre ”. Les archives des La Trémoille font fait apparaître qu’en fait c’est l’ensemble de sa maison sous l’impulsion de sa mère qui se lia pour l’empêcher de se joindre à Monsieur de Rohan et aux Rochelais. A cela s’ajoutera le Roi et la maréchal de Lesdiguières. 110 Louis XIII, venant de Saumur, passa le nuit du 17 au 18 mai au château de Thouars puis partit pour Parthenay. Journal de Jean Héroard, tome II, p. 2757. 111 Léonce ANQUEZ, Histoire des assemblées politiques des réformés de France, op. cit., p. 354-359. 112 Le 28 octobre 1621, Louis XIII par une lettre, écrite du camp de Montauban, donnait son assentiment à ce voyage. Louis Charles de LA TREMOILLE, Chartrier de Thouars, op. cit., p. 145-146. 58 Le temps que M. Justel a esté (à sçavoir un mois) à retirer la sienne quelque soing et industrie qu’il y ait apporté m’a faict appréhender que remettrai jusques à avoir retiré la mienne, les affaires n’ayent tout à faict changé et ainsi que sans aulcun doubte lesdictes lettres et mémoires ne parvinssent à mondict Seigneur de Buillon lorsqu’il n’en seroit plus temps ou pour le moins si tard que le préjudice y seroit très grand tant pour luy que pour ceux qui luy écrivent. D’ailleurs partis de ce lieu et n’avoir point mes responces et mesmes qu’on ne me vist pas en poursuivre l’expédition seroit donner de la desfiance icy et faire mal penser des bonnes intentions de l’entreveüe de Lodun, estant très vray que deux heures après que je fus icy on sçavoit et que j’y estois et ce que j’y estois venu faire. C’est pourquoy, Monseigneur, de l’avis d’un de vos asseurés serviteur et amis, j’ay estimé plus expédient et pour le public et pour vous et pour mondit seigneur de Buillon de luy envoyer par celuy qui me les apporte les dites lettres et mémoires auquel quand bien mesme je l’eusse rendu, je n’eusse peu rien adjouster estant bien ample et signé et ne laissant aulcune créance au porteur. Il faict mention de certaines coppies de lettres et mémoires que vous ne m’avés point envoyés, qui toutesfois eussent esté très nécessaire. Ce que j’eusse peu faire à Sedan eust esté de recevoir les avis de Monseigneur de Buillon et les rapporter à vous sur les choses que vous me commandés de luy exposer lesquelles il sçait dèsja les ayant communiquées à Madame sa femme de point en point et supplié de vostre part monseigneur que nous puissions avoir ses bons conseils sur icelles ainsi que je vous ay escript ou à Madame vostre mère par vostre lacquais, ce qu’elle m’a promis et à l’Assemblée sur les choses dont ils l’enquièrent, et pour ce faire /2/ je le supplie très humblement de m’envoyer une bonne et ample instruction de ce que j’auray à parler ou à présenter jusques où à qui et comme quoy, affin que je m’y conforme entièrement soit en la faisant vois après l’avoir receüe ou en la supprimant après m’en estre rendu capable. Ou bien s’il est encore malade et qu’il ne puisse escrire avoir agréable de m’envoyer quelqu’un de créance informé de ses intentions qui me les fait entendre pour les mesnager ainsi qu’il luy plairay ou bien me mandoit si après avoir receu mes responces j’yray le trouver, mais je ne croy pas qu’il face choix du dernier pour ce que ce temps est incertain que ce seroit trop attendre une personne qui n’a rien à dire ny pour le public ny pour le particulier, estant informé pleinement de celluy-cy par Madame sa femme et ce qui en a resté que vous me commandés par les vostre en celles que je luy vien d’escrire de l’autre par le mémoire qui luy est envoyé. Vous me commandés d’ailleurs, Monseigneur, de retirer resp>> partir sans l’avoir seroit manquer à vos commandemens à faire l’un et l’autre ensemble il ne se peut faire le dernier eust esté très mal interprété icy ou on est en desfiance de tout et où on ne donne point de chevaux, ny à la poste ny au relais sans certificat d’ailleurs. Le Roy est absent et a quasi toute la Cour avec luy à Lezigni d’où les uns croient qu’il passera oultre, vers Fontainebleau ou ailleurs, et les autres qu’il retournera demain ou mardy. Et les affaires sont sur une estrange pente. M. de Favas a dépesché à La Rochelle sur sa response. Le Roy premier que partir assisté de Monseigneur le Prince passa au logis de M. de Schomberg, où de sa main il raya toutes les pensions sans exceptions, ou pour les restablir ou pour employer les deniers ailleurs. Vos lettres au Roy ont, Monseigneur, esté très bien receües, mais je ne sçay quel goust Monseigneur le Prince aura trouvé aux siennes. Il ne s’est rien passé depuis hier que je ne vous escrivi par Espérance. Je n’espargneray rien de ce peu qui est à moy pour vous rendre le très humble et fidèle service que je doibs. C’est chose estrange que M. de Rohan qui avoit promis d’estre si diligent n’ait encore faict sçavoir icy aulcune chose sur vos résolutions communes. Je prie Dieu, Monseigneur, qu’il vous maintienne et conserve en ce temps calamiteux que plusieurs appré /3/hendent avec raison, mais qu’il veuille que je puisse bien augurer il me semble que la response faicte en termes si graves à M. Favas qui donne naissance à de nouvelles craintes aux coeurs de plusieurs gens de bien, n’est pas si rude qu’on la crie car nous demandons l’observation des Edicts et l’exécution de choses promises. Le Roy nous le promet si nous nous séparons. Est-il possible que s’il ne tient qu’aux formes. Dieu pour empescher la désolation de son Eglise n’ouvrira point un moyen pour recommencer la seureté des choses qu’on nous promettra. Mon opinion est qu’on veult attendre M. Desdiguières et le rendre entremetteur. C’est tout pour ceste fois après vous avoir très humblement suplié de croire que je suis et seray tousjours comme j’y suis obligé, 59 Monseigneur, Vostre très-humble, très-fidelle et très-obéissant serviteur. d’Iray A Paris, ce 31e janvier 1621. Archives nationales 1 AP 357/59 11 mai 1621 – Thouars à Henri de La Trémoille Monseigneur, Le soing de Mesdames a esté tel que vous estes à présent informé pleinement de l’estat des choses de deçà. Les nouvelles, que trois valets de pied despeschés sur les mineurs vous ont portées, vous auront servi de nouvelles raisons pour demeurer dans vos résolutions louables. Car oultre les considérations de l’obéissance deüe au souverain, sa puissance contre la foiblesse de ceulx qui se veulent rendre exécuteurs des résolutions de l’assemblée, sans attendre à qui on en veult, si au public ou simplement pour estre obéi, les avis que vous avez donnés et auxquels vous avez persisté, l’exemple des plus capables qui ne changent point, et l’impuissance des plus eschauffés au commencement, auxquels à présent les rames tombent des mains et qui protestent (comme on nous dit) tout à fait d’obéissance, une particulière considération, vous peut selon les avis de Mesdames et de vos serviteurs de deçà, assez faire cognoistre qu’à présent vous ne pouviez varier sans rendre vostre condition et des vostres pire que de tous ceux qui ne sont pas tenus dans les bornes ou de leurs promesses ou de l’obéissance, c’est, Monseigneur, la présence du Roy qui est ou sera dans peu d’heures à Saumur et dans peu de jours chez vous, s’il tient la route de Niort à Fontenay. Son avant guarde a la face tournée de deçà estant logée au pont St-Just. Cela, je m’asseure, Monseigneur, vous doibt faire cognoistre de quelle importance est vostre fermeté et persévérance, sans en estre diverti par aulcune considération. Je ne doubte point que si vous eussiez creu le Roi si proche, vous eussiez donné advis à /2/ M. de Diguières et à M. du Plessis de vos peines à La Rochelle et exortations à l’Assemblée, du refus que vous avez fait des commissions et de vostre résolution de vous trouvez à Pons pour rendre la province où vous estes, capable de vos raisons, affin de faire encore un effort vers l’Assemblée, mais Madame vostre mère a suppléeé et despesché M. de l’Essart avec un mémoire dont vous envoye coppie. Par la vous verrés, Monseigneur, comme elle s’oblige de leur envoyer de vos lettres après la tenue du conseil de Pons par lesquelles vous leur ferés entendre ce qui s’y sera passé. Si vous envoyés quelques blancs à Mesdames elles les feront remplir scelon les occasions. Lorsque vous recevrez la présente, vous serez informé des personnes qualifiées de la province qui se doibvent trouver à Pons et des sentimens de la plus part. Il semble de deçà que si vous les trouviez conformes à vos intentions, et que vous aiez subject d’espérer que la résolution qui s’y prendra responde à vostre désir, il est bien à propos, Monseigneur, d’en faire le voyage affin que tout le monde voye que vous n’auriez rien obmis de ce que vous avez creu pouvoir servir au service du Roy et utilité de nos Eglises, et en retiriés l’avantage d’estre recognu fidèle en vos promesses et constant en vos résolutions113. Si aussi comme il est à craindre on a faict des brigues au contraire pour porter en continuant toutes choses et en toutes les provinces a des extrémités blasmables et ainsi vous attirer en une compagnie de personnes préoccupées d’où vous vous auriés de la peine à vous retirer avec gré sans vous laisser saisir de leur créance, on seroit bien d’avis que le mieux seroit de vous en excuser par quelque occasion et prétexte comme de maladie feinte ou autre qui vous puisse faire demeurer en l’estat où vous estes jusques à ce que le masque soit levé et l’intention de >>>>> dont il vous apparoistra /3/ sans doubte un effort à Saumur, place de telle considération que difficilement la pourra on laisser sans changement ou nouvaulté si le dessein est général, vous vous souviendrés s’il vous plaist si vous allés au conseil à Pons et que vous y trouviés des eschauffés et qui vous pressent 113 La première partie de cette lettre de Jean Rogier, sieur d’Iray, du 11 mai 1621 à Henri de La Trémoille jusqu’à ce mot a été en partie publiée par A. de BARTHELEMY, “ Documents relatifs à l’assemblée de La Rochelle ”, Annales Historiques du Poitou, tome VIII, 1879, p. 262-263. 60 de la façon dont vous avés usé envers M. de Chastillon. Lavalade qui ne s’en retournera pas mescontent pour ne rompre avec personne jusques à ce que vous voyrés plus clair. Je n’ay rien faict ny veu depuis mon arrivée que ce que dessus que j’ay eu commandement de vous escrire. Je feray tousjours ce qui sera en moy pour vous rendre le très-humble et très-fidèle service que je doibs, Monseigneur, comme Vostre très-humble, très-fidelle et très-obéissant serviteur. d’Iray e A Thouars, ce xj may 1621. Archives nationales 1 AP 357/63 19 mai 1621 - Parthenay à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, J’ay creu du bien de vostre service et de Monseigneur de voir en passant Monsieur le duc de Desdiguière pour l’avertir de ce que vous aviés appris depuis le partement du Roy touchant Vitré et pour sçavoir ce qui se passoit affin de le vous faire entendre. J’arrivay donc hier au soir en ce lieu et y vis mondit Sr. Desdiguière qui continue tousjours à vous donner des asseurances de son soing avec promesse s’il est employé par vous et par mondit Seigneur de contribuer ce qui sera en luy pour vous faire recevoir contentement. Il s’estonne du discours que vous fit ce bon seigneur. Il croit que c’est un trait de son humeur ou pour avoir mandé ceste commission, ou pour s’avancer jusques à des choses sans charge. Il croit plustost le donner que l’autre mais qu’il en apprendra la vérité et taschera d’y apporter tout l’ordre qu’il luy sera possible. Cepandant, il demeure tousjours dans l’avis qu’il vous a donné Madame et à moy pour mondit Seigneur croyant qu’il est nécessaire de faire diligence. Le Sr. Arnaud est de retour de St-Jehan. Il a apporté deux lettres l’une que M. de Rohan laissa pour Monsieur le Connestable avant son partement et l’autre de M. de Soubise par laquelle il faict entendre les sentimens de M. son frère. En son absence, l’un et l’autre ne parlent point de venir, mais au contraire sont fermes et tesmoignent résolution, la dernière beaucoup davantage. Ledit Sr. Arnaud rapporte que dedans St-Jehan il y a deux mil hommes de pied et plus de quatre cens vins chevaux. Cela fera haster le Roy qui est résolu d’y aller par le plus court chemin. Sa Majesté ne part pas aujourd’huy ny peut estre demain, mais elle a envoyé l’ordre à Monsieur d’Auriac qui n’est qu’à demie lieüe de St-Jehan. Monsieur Desdiguières n’a appris qu’icy le changement faict de M. d’Armaignac 114. Il en a faict un grand bruict et en a parlé fort hault au Roy et à M. le Connestable qui l’a asseuré que tout se passeroit à son contentement et à plus près par sa volonté. Ledit Sr. d’Armagnac a aussi tost bien parlé au Roy luy disant qu’il s’estonne comme Sa Majesté le souffre coucher dans sa chambre et à ses pieds puisqu’elle ne se fie pas en luy de la guarde d’une place qu’il a acceptée par son commandement, en laquelle il a mis tout son bien et qu’il se trouve réduit à l’extrémité. On luy a respondu que c’estoit pour peu de temps et qu’il seroit restabli. Monseigneur Desdiguières m’a donné une lettre pour mondit Sr. d’Auriac d’aultant que je doibs passer au milieu de toutes les trouppes. Voyla Madame ce que j’ay appris icy. Je pars pour continuer mon voyage. Dieu veuille qu’il puisse estre utile à vostre contentement et au service de Monseigneur et toute sa maison. Je ne désire rien si ardemment et par quelques actions faire voir que je suis, Madame, Vostre très-humble, très- obéissant et très-fidèle serviteur. d’Iray 114 Jean d’Armagnac († 21 avril 1635), seigneur de La Mothe-du-Nouâtre, premier valet de chambre du Roi, était gouverneur de Loudun depuis 1617 et bailli du Loudunais depuis 1620. 61 Parthenay, ce 19e may au matin. Archives nationales 1 AP 357/60 21 mai 1621 – Pons à Charlotte-BrabantinDieu e de Nassau Madame, Je ne doubte point que les lettres et discours de M. de La Grange ne vous ayent mis en peine. Ils m’y mirent aussi et me firent faire la meilleure diligence que je pus. Je suis icy d’hier à cinq heures où j’ay trouvé Monseigneur en fort bonne disposition. Il est à présent assisté d’un assés bon nombre de noblesse, mais dont la plus part prend congé pour aller en leurs maisons. Vous verrés, Madame, par la coppie de la lettre que Monseigneur escript à M. Desdiguières l’estat du lieu où nous sommes ; qui n’est pas mauvais grâces à Dieu et le trouve tel à présent que nous pourons encore cheminer en nos voyes. La lettre est longue et raisonnée affin qu’on puisse tirer asseurance par escript et la créance est pour une chose que vous pouvés penser à sçavoir pour 82771 552 961, 81 3795 768, 32610, 81 576241, 81, 82, 6755 854,1153110102910 81 71 51106515 19 591 81 717 326 7797. Monsieur de L’Escure est chargé de vous escrire la response qu’il vous aura. Il fera ce voyage aussi bien et mieux que moy. Pour ce que peut-estre on se fust contenté de me donner des paroles, mais il luy faudra un escript. Madame le temps est si cher que je ne croy pas devoir retarder ledit Sr. de Lescure aussi que je n’ay rien a adjouster sinon que je 105731 666 591 10517 45 29 81 376 48 1771. C’est pourquoy nous nous sommes hastés 817 65 651. Je me suis servi du chiffre de Madame vostre belle-fille. Je vous supplie très humblement, Madame, qu’elle apprenne par celle-cy ce que je sçay. Je travailleray tousjours avec affection et conscience 9757 91 773317 pas si 1762 253317 que 2615. Dieu mercy et aussi que plus nous irons en avant plus nous recognoistrons que 977 8133252. Je prie Dieu, Madame, qu’il vous tienne en sa guarde et me face la grâce d’estre tousjours recognu de vous, Madame, Vostre très-humble, très-fidelle et très-obéissant serviteur. d’Iray e A Pons, le 21 may 1621. J’appréhende grandement que vous n’ayés envoyé à la Cour 817 81 10 10 517 que M. de La Grange 175102. Archives nationales 1 AP 357/61 28 mai 1621 - Pons à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, M. d’Auvilliers115 estoit parti et avoit advancé quelques lieües quand il a faict rencontre de M. de L’Escure116 retournant de la Cour portant des lettres que j’ay coppiées en haste pour vous en faire entendre le contenu. Elles vous diront mieux que moy les bonnes paroles et les promesses dont elles nous veulent faire espérer quelque agréable succès. Enfin Monseigneur se résoult de partir demain pour aller à Taillebourg, de là Chisé ou en autre lieu que le Roy sera. Dieu nous y conduise. Je vous supplie très humblement Madame d’avoir agréable que je vous die que jamais je ne me suis trouvé en pareille peine, hier on me croyoit et publioit pensionnaire du Roy, aujourd’huy du Roy 115 Pierre Frétard, écuyer, sieur de Auvilliers ou de Haut-Villiers, un gentilhomme du Mirabelais. Il épousa le 18 mars 1631 au château de Terchant Renée Lemoyne d’une famille bourgeoise huguenote de Vitré. Sa jeune épouse décéda malheureusement le 9 novembre suivant. Le Sieur d’Auvillier testa le 16 novembre 1644 au château de Thouars. Il déclara être “ résolu de parachever le reste de la vie ” que Dieu lui donnera “ en la profession de la vérité & de la religion où j’ay toujours vescu, que les édits du Roy nous enjoignent de nommer prétendue resformée ”. Sa correspondance est conservée à la côte 1 AP 642. 116 Jean de Saulières, alias de Solier, écuyer, seigneur de Lescure. 62 et de Monsieur le Connestable. Si nous arrestions encore quelque jours icy, je le seroy sans doubte de l’Espagnol et du Pape à leur dire. Mais Dieu m’est témoing de mes intentions et je me persuade que vous me serés, Madame, un bon guarent de mes procédures. Monseigneur en recognoist l’intégrité. Je n’ose importuner Madame vostre belle-fille d’une seconde lettre à cause de son indisposition. Dieu luy rende son ancienne santé, vous conserve la vostre et me doint d’estre tousjours recognu de vous, Madame pour, Vostre très-humble, très-fidelle et très-obéissant serviteur. d’Iray e A Pons, le 28 may à minuit 1621. Archives nationales 1 AP 357/62 12 juin 1621 - Taillebourg à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Il y a trois jours que M. de Pontaubré croyoit partir et moy je l’estimois avec luy, mais la commission pour Vitré n’a esté expédiée que depuis, ledit Sr. vous dira Madame les particularités de la despesche. Je vous escrirois par luy les nouvelles d’alors. Depuis nous avons eu MM. de La Bourdillière et de Champvernon117 qui n’ont rapporté autre fruict de leur voyage, que d’avoir conservé leurs personnes ou de mort ou de prison. Dieu m’a grandement assisté de n’avoir pas esté de la partie, car sans doubte on m’y eust assassiné et tous ceux qui m’eussent voulu guarentir et si le maire mesme s’y fust opposé il eust couru mesme fortune. Le Sr. de Loubrie de Béarn m’a presté cette charité. Il estoit à Pons lorsque j’y arrivay et publie que plus qu’aulcun autre je suis cause que Monseigneur n’ait accepté les commissions. Dieu et vous me serés tesmoins, Madame, que mes sentimens n’ont esté que tendans au bien public, à celuy de Monseigneur, à la conservation de La Rochelle et à la seureté de l’assemblée et à présent de ces deux je n’ay pour récompense que des calomnies, mais encore trouveray je grande ma rétribution si le service de Dieu demeurant en son entier le public puisse jouir paisiblement de la liberté de l’exercice et que Monseigneur y rencontre seureté, honneur et contentement. Leur calomnie passe mesme si avant qu’ils disent que vous avés commandé au Sr. de Jaulnay de laisser entrer M. de Vendosme à Vitré118. M. de La Bourdillière a laissé leurs responses à M. le mareschal Des Diguières qui l’a ainsi désiré aultrement je …/2/, je vous en eusse envoié coppie. Clidaman119 et Bacchus se sont veus et salués, mais sans se parle. On bat tousjours St-Jehan de grande furie. On despesche encore aujourd’huy M. de St-Angel à M. de Rohan120, mais j’ay peur que son voyage soit trop long pour StJehan. Je pense recognoistre de plus en plus qu’icy 79 91 615 621 959 31419 81 775061 19 679715 52 910 825610756101 85 574. Lorsque je me suis voulu escrier sur la despesche de Vitré on m’a asseuré avec serment que Monseigneur en auroit tout contentement et qu’il en estoit demeuré d’accord, mais s’il l’a faict c’est 117 Laurent Chapeau, sieur de La Bourdelière, le gouverneur de Thouars et Guillaume Rivet, sieur de Champvernon, pasteur de Taillebourg, frère d’André Rivet avait été envoyé à La Rochelle par Henri de La Trémoille pour >>>>>>>>>>> 118 César de Vendôme lorsqu’il avait saisi Vitré le 28 mai 1621 sur l’ordre du Roi, avait démis de ses fonctions le capitaine de la garnison du château Jean Nouail, sieur du Jaunay, un des plus fidèles partisans des La Trémoille à Vitré. Jean Nouail comptait de nombreux adversaires politiques à Vitré et notamment le vicomte de Terchant et ne put jamais être rétabli dans son commandement. Il mourut le 22 janvier 1628 à Vitré. 119 Clidaman est un personnage de l’Astrée d’Honoré d’Urfé. Fils d’Amasis, la reine du Forez et sœur de la nymphe Galathée, il mourut pour estre resté fidèle au tyrannique roi Childéric. Rappelons que L’Astré met en scène un monde où règne la justice, la concorde et la foi religieuse dans une société immobile de bergers et de bergères dirigée par une femme au pouvoir incontesté et incontestable. Jean-Marie CONSTANT, La folle liberté des baroques (1600-1661), Perrin, 2007, p. 151. 120 Le baron de Saint-Angel porta à Henri de Rohan une lettre de Luynes datée du 11 juin 1621. Georges SERR, Henri de Rohan. Son rôle dans le parti protestant, Tome II, 1617-1622, Société de l’Histoire du Protestantisme Français, Paris, 1975, p. 599. 63 sans doubte qu’il 82 32885 110 9568 257610 211567 que 82 51778510679 19 17107610 15671. Ils asseurent qu’ils donneront de l’argent pour 81 62979 110 951 Clidaman 19 1710 8131551 8266758. Monsieur de St-Angel assure que Monsieur de Rohan désire que l’assemblée se sépare et qu’après Sa Majesté ait agréable de donner contentement à nos Eglises que si elle ne le faict 82 515810 24429879915. S’il tient ce langage 61 710 9568 92 958817 375617 25774 8610 79 951 854 110 M. de 82 375613 97910 951 105767 6197 373317 81 1618 110952519101 6215252 ; Hier 79817 6565610 26976 25 574. A la Cour on m’a asseuré et de bonne part que le Béarn a révoqué et désavoué ses députés que la basse Guyenne fera le mesme au premier jour. On nous apporte ce matin pour nouvelle fascheuse les uns que M. de Créqui fut tué hier au soir, les autres qu’il n’est que blessé. M. de Pontaubré qui passe par l’armée et apprendra certaines nouvelles. J’y estois hier à neuf heures du soir et on n’en parloit point. Je fis hier une proposition nouvelle à sçavoir que puis que l’Assemblée en est là, que Sa Majesté tesmoigneroit une grande bonté et justice si elle avoit agréable de donner aux personnes qualifiées de la Religion ce qu’elle ne veult concéder à l’Assemblée, moyennant que ceux là s’obligeassent de faire séparer l’Assemblée et obéir le Roy, ainsi il semble que Sa Majesté y trouveroit contentement /3/ pource qu’elle seroit asseurée d’obéissance, et que l’Assemblée y rencontreroit satisfaction, mais je ne sçay encore comme on prendra cela. On nous dict à M. de La Bourdillière et à moy que demain on nous envoyeroit quérir. Je ne sçay pourquoy M. de Jarnac 121 va faire un effort vers La Rochelle 79 82 817 691 282 6755 il ne porte que ce que MM. de La Bourdillière et de Champvernon avoient porté. Sans doubte il s’en reviendra aussi peu édifié. J’escrivi dernièrement, Madame, à Madame vostre belle-fille. J’ay peur que mes lettres luy ayent ayent esté importunes, mais je la croyois en santé. Dieu luy redonne et vous conserve la vostre et me face trouver quelque moyen où je puisse tesmoigner que je suis, Madame, Vostre très-humble, très-fidelle et trèsobéissant serviteur. d’Iray e A Taillebourg, le 12 juin 1621. Je m’oubliois de dire qu’on nous a asseuré et mesmes M. 8161991710 que si M. 81 62 5926 326610 81 574241 591158 27331 91 675552 75561 621369 81 762 67557 262571 81 854 61710 59 1017374 49241 95687 51581910 105 75515 9518951 37419 282 8756155. Archives nationales 1 AP 357/64 13 juin 1621 - Taillebourg à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, J’ay receu celle dont il vous a pleu m’honorer par le Sr. de La Roche-Mesnil122, hier je vous escrivis par M. de Pontaubré. Depuis son partement, est arrivé celuy de M. de Jarnac bien résolu de dire à l’Assemblée ses sentiments et de tous ceux avec lesquels il a conféré. Je crains bien qu’on ne le renvoye comme les autres c’est à dire sans fruit. Il est vray Madame que je ne vous ay point donné advis de l’arrivée de M. d’Auvilliers, mais je croyois que Monseigneur l’eust faict ainsi qu’il m’avoit asseuré ; aussi que vos lettres me parlant que de l’affaire de Montjan j’attendois à y respondre lorsque nous verions l’affaire en estat d’en pouvoir parler ce que j’ay faict depuis, et comme M. de Pontaubé vous aura dict. 121 Guy II de Chabot, baron de Jarnac, avait participé à l’assemblée politique de Loudun, mais en 1621, il avait refusé les fonctions de lieutenant-général de la Saintonge que lui avait proposé l’assemblée de La Rochelle. Les Frères Haag mentionnent que le 16 juin, il se présenta devant cette assemblée “ pour l’assurer de son affection au bien des églises ” et tâcher en même temps de l’amener à conclure la paix. Frères HAAG, La France protestante, tome III, p. 311. 122 Jacques Potin, sieur de La Roche-Meny, était un vassal des La Trémoille pour le fief de Puy-Jourdain à Louzy. 64 J’ay bien du regret, Madame, que vous ayés esté si long temps sans recevoir de lettres d’icy mais lorsque j’ay appris quelque chose qui méritast de venir jusques à vous je n’ay pas manqué à vous la faire sçavoir, et vous aurois plus souvent donné des nouvelles de Monseigneur si j’avois esté en lieu commode ou mesme lorsque j’ay sceu le partement de quelqu’un en endroit où je peusse escrire non que je m’excuse sur le peu de loisir pource que j’employerois volontiers la nuist ou le temps de repos à faire chose qui vous peust apporter le moindre contentement. Les divers voyages qu’il me fault faire et les peines diverses qui se remontrent tant dedans que dehors en ce mauvais siècle ne laissent guères les gens de bien sans quelque travail et beaucoup de soucy, d’ailleurs nous trouvons 4619 817 1716917 1997 71051 679856101 12534 61 115181. Je ne sçay, Madame, si je vous ay escript que si Clidamant 91 315710 5195 2826755 79257610 517785 8151965 8576610 666 11021797. Je ne manqueray à /2/ représenter ce que vous me faictes l’honneur de me commander qui mérite qu’on y ait esguard et qu’on le considère comme on doibt, car si le Roy par sa prudence et justice n’arreste le cours des violences contre ceux de nostre profession il sera impossible en fin d’empescher un désordre public. Je ne doubte point que ceux qui ont veu les lettres et mémoires de Monseigneur à l’Assemblée et qui se sont bien informés de ses procédures ny rencontrent suffisante matière de louer ses résolutions que de blasmer son dessein, mais il est bien malaisé de contenter tout le monde, de satisfaire aux malicieux et de guérir les maladies des ignorans. Je pourray aujourd’huy faire un voyage de Cour si on y mande M. de La Bourdillière et moy ainsi que vendredy on nous dict, bien qu’à mon advis on n’y ait affaire que de luy, car si c’est pour rapporter son voyage de La Rochelle. Je n’en puis parler que par luy avoir ouy dire. Toutesfois, je feray tout ce qui me sera ordonné. M. de St-Angel tardera à beaucoup de gens à venir. Je croy que si M. de Rohan se porte à l’obéissance il pourra recevoir contentement. Dieu veuille qu’il s’y résolve. Ceux qui sont à présent dedans Pons, fors les chevaux eschappés. De là on juge combien la présence de Monseigneur y estoit nécessaire, pour contenir cette ville et la et peut estre une bonne partie de la province ou l’obéissance de Sa Majesté. Parmy tout cela je continue mes prières à Dieu pour vostre santé, qu’il redonne celle de Madame vostre belle-fille et conserve celle de Messeigneurs vos enfans et me face la grâce de vous paroistre par toute fidelité et humilité comme je suis, Madame, A T. le 13e juin 1621. Archives nationales 1 AP 357/65 14 juin 1621 - Taillebourg à Charlotte-Brabantine de Nassau123 Madame, Depuis le partement de M. de Pontaubray, j’ay faict quelque séjour à la Cour par le commandement de Monseigneur pour diverses affaires à sçavoir pour obtenir une sauvegarde pour vostre maison de Bournezeau et paroisses qui en dépendent. Je l’ay retirée mais seulement la maison et le bourg y sont employés et non les paroisses. Je tascheray de les y faire comprendre et vous l’envoyeray. Pour obtenir un adveu de ce que M. de Boisrond a cy-devant mis des gens à Pons à la prière de Monseigneur. Ce qu’aussy j’ay obtenu pour avoir des archers affin de conserver ce comté. Ce qu’on m’a promis. Et pour sçavoir ce qu’on a envie de faire des canons qui ont esté tirés de Vitré, on m’asseure que Monseigneur s’est contenté d’en avoir la valeur. On luy a offert et à présent luy offrent en informant qu’ils ne sont point [au] Roy. J’espère toutesfois que nous lèverons cette difficulté ! Je n’eusse jamais esté d’avis qu’onn eust deu désirer ny demander autre chose que le restablissement d’iceux, mais Monseigneur a ses raisons. 123 Cette lettre a été classée à tort avec les lettres de 1620. 65 J’y ay encore parlé 8591 81101051 1755 28815 21561051, mais je croy qu’on attend que M. de Terchant 2610 1517101 81 71531910 25 574. Si Clidamant 91315710 5195 79257610 517785 81 32651 4125 31792 41 19 779 46191. A ce qu’on m’a dict M. de Jarnac qui debvoit estre de retour dès lundy est encore attendu. Je ne sçay s’il n’y a pas raison de bien espérer de ce long séjour. Dieu veille que luy et M. de St-Angel nous rapportent quelque moyen qui nous tire de toutes ces misères, car certes elles sont grandes. On n’entend parler que de révoltes ou faictes on en proches et tous ces gens de bien sont inspirés maintenant que le malheur semble nous avoir acceuilli. C’est un des fruicts de l’aleurtement de l’assemblée. On nous asseure icy de la dissipation de l’Eglise de Paris et de celle de Bourdeaux qui toutes fois est la pluspart receuillie à Castillon. Je ne sçay, Madame, si vous aurés veu la déclaration du Roy du 27e du mois passé124. Peu l’on veue à la Cour, moy seulement d’hier, Monseigneur y va aujourd’huy pour en parler d’aultant /2/ que plusieurs semblent s’en esfaroucher d’aultant disent-ils qu’on trouvera par ce moyen criminel qui on voudra. Si Dieu n’a pitié de nous nous sommes à la veille de voir bien des maux. Je croy toutesfois encore que si l’Assemblée et M. de Rohan vouloient rendre l’obéissance que le Roy demande les choses seroient restablies. Pons faict à présent guerre ouverte. On nous asseure que Monsieur du Maine est près de Nérac qu’il veult prendre. Aussitost que lesdits Srs de Jarnac et de St-Angel seront de retour je ne manqueray Madame à vous donner advis de ce qu’ils auront négotié s’il vient à ma cognoissance. Cepandant je prie Dieu qu’il espande ses bénédictions sur vous et vostre illustre maison vous conserve et guarde en ce siècle plein de calamité, et me face la grâce d’estre recognu de vous, Madame, pour Vostre très-humble, très-obéissant et très-fidèle serviteur. d’Iray e A Taillebourg, ce 14 juin 1620. J’ay encore parlé d’une lettre pour aller à Vitré, mais je croy qu’on attend que M. de Terchant, est presté le serment au Roy. Sy Monseigneur ne fust venu, on avoit résollu de faire beau mesnage en son bien à ce qu’on m’a dit. Archives nationales 1 AP 357/54 25 juin 1621 – Taillebourg à Monsieur de Champdor Monsieur, Je ne vous ay pas si tost faict response que je debvois mais je me promets que vous m’excuserés, vous estes mon très bon ami pour tirer ceste faulte à la rigueur. Je n’ay manqué de faire entendre à Monseigneur le contenu de vostre lettre touchant M. de Merad, laquelle mesmes il a leües. Il tesmoigne à l’esfect beaucoup de disposition et en viendra là à mon advis losqu’il y aura plein pouvoir. Je me resjouis grandement du recouvrement de vostre santé que je prie Dieu vous continuer et augmenter. C’est le souhait, Monsieur, Vostre très-humble et très-affectionné serviteur. d’Iray e A Taillebourg, le 29 juin 1621. Archives nationales 1 AP 357/66 124 Dans sa déclaration faite à Niort le 27 mai 1621 et enregistrée le 7 juin à Paris, Louis XIII s’il avait confirmé sa protection aux protestants demeurant dans l’obéissance, avait qualifié tous ceux qui étaient retirés à La Rochelle et à Saint-Jean d’Angély et ceux qui les favorisaient, directemenr ou indirectement, de criminels de lèse-majesté au premier chef ; voulait qu’il fut procéd contre eux selon la rigueur des lois et ordonnances, par saisies de leurs personnes, annotations de leurs biens ; défendait à tout gentilhomme et autres de se rendre dans ces villes et enjoignait à ses sujets de quelque qualité qu’ils fussent de désavouer l’assemblée de La Rochelle et de jurer d’aider le Roi contre elle. Léonce ANQUEZ, Histoire des assemblées politiques des réformés de France, op. cit., p. 353. 66 29 juin 1621 - Taillebourg à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Je vous envoye les responses de Messieurs Desdiguières et de Pontchartrain. Je n’ay peu encore retirer celle de M. de Rucelaï qui ne quitte point du tout la maison de Monsieur le Connestable, je la retireray et la vous envoyeray. Vos lettres, Madame, ont frappé un très grand coup pour faire surseoir l’exécution de la seconde déclaration, le Roy ayant ordonné en son conseil que lettres seroient envoyées aux juges royaux de toutes les provinces et villes du Royaume, par lesquelles il leur feroit entendre que son intention est que ladite déclaration soit sursise jusques à ce qu’il en ait autrement ordonné. Ce que maintenant on promet faire ou faire entendre l’intention de Sa Majesté bien au long. Je vous envoye, Madame, la lettre pour le présidial de Poictiers affin que chacun sçache comme on a grandement defféré à vos lettres et remonstrances. Vous commenderés, s’il vous plaist, qu’elle soit envoyée au plustost jugeant l’importance du retardement un des officiers en pourra estre le porteur et retirer certifficat de l’avoir rendue. J’ay aussi retiré celle pour Xainctes à cause que les officiers en pressoient grandement ceste Eglise. J’ay faict despescher celle pour Bretagne et m’a on asseuré que celle pour Touraine sur laquelle j’ay faict grande instance à cause de l’Isle-Bouchard estoit partie, sinon qu’on nous l’envoyera. Si cela est nous ne faudrons à vous la faire tenir. J’ay envoyé une sauvegarde du Roy cydevant à Benon. Hier j’en envoyay une à Montaigu et aujour’huy j’en envoyeray une à Didonne à cause du passage de l’armée, si le Roy va en Guyenne à quoy il y a grande apparence veu le chemin qu’il prend. On nous veult faire croire que Monsieur du Mayne y asseure toutes les places en l’obéissance du Roy, qu’il a pris Nérac et est allé lever le siège de Caumont investi par M. de La Force. C’est chose /2/ chose estrange, Madame, que Monsieur de St-Angel ne soit point encore de retour et qu’on n’ait sceu aulcunes nouvelles de luy. Tout semble contribuer à mettre les affaires en mauvais estat. J’appréhende bien qu’à présent veu ce qui s’est passé depuis peu on ne se porte pas si volontairement à l’accommodement des affaires publiques. Les pertes de St-Jehan et autres villes n’esmeuvent en aulcune sorte l’assemblée de laquelle on n’entend que du mal. N’est ce point un tesmoignage que Dieu est courroucé contre nous de dire qu’il n’y a pas un mois que Monseigneur eust peu obtenir de Sa Majesté que la ville de pons eust demeuré soubs son obéissance en l’estat qu’elle estoit, que les habitans le désiroient, et cepandant il a fallu que par la résolution de l’Assemblée en l’envoy de M. le marquis de Chasteauneuf125 la ville soit maintenant réduitte à estre sommée sans aulcune puissance suffisante de résister et que sans doubte elle soit obligée et forcée de souffrir telle les nouvelles qu’on luy voudra imposer. Monseigneur avoit de plus asseurance que Sa Majesté advoueroit tout ce qui s’y estoit passé jusques à l’arrivée dudit Sr. marquis. Voyla encores un des fruicts de ces belles et fortes résolutions. Le Roy est à présent à Brisambourg d’où il partira après disner pour aller coucher à Cognac où Monseigneur sans doubte ira demain. M. Desdiguières s’y trouvera. Ils veront pour une bonne fois ce qu’il y a à espérer pour le public, or mondit Seigneur pour son particulier car le Roy passant oultre il ne croit pas devoir aller plus avant tant pour l’incommodité de ses affaires, que pour d’autres raisons que vostre prudence cognoist et sçait très bien. Je vous envoye la coppie de la cappitulation de St-Jehan. Nous y verrés, Madame, que la condition de Monseigneur n’est pas la plus mauvaise est certes il eust bien mieux valu obéir de bonne heure que de 32651 713482910 81 517671015. Ceux qui s’y /3/ entendent disent qu’on eust encores pour quelque temps peu soustenir. M. de Pontaubray vous dira le particulier de tout cela pour y avoir esté présent, et comme il a esté impossible de retenir les soldats qu’ils n’ayent ptité et emporté quelque chose, aulcuns disent ce qu’ils ont peu. Je ne puis en rien dire de certain, pour n’y en avoir entré. Je croy que St-Jehan perdra le nom de ville et que les fossés seront comblés et les murailles abbatues. Voyla une estrange persistance de l’assemblée qui pourroit sauver ceste ville là et plusieurs autres que leur subsistance ne pourra recouvrer. 125 Charles de Pierre-Buffière, marquis de Châteauneuf, d’une des principales famille protestante du Limousin. 67 M. de Pontaubray vous dira aussi Madame ce qui s’est faict pour Vitré. Il est grandement malaisé de faire affaire au Conseil à présent qu’il suit, et que le Roy marchera car les affaires publiques employent tout le temps. M. de Seaux m’a promis de faire expédier une sauvegarde pour Olivet. Je finis, Madame, en priant Dieu pour vostre santé et le recouvrement parfaict de celle de Madame vostre belle-fille et la prospérité de tous ceux de vostre illustre maison en la qualité, Madame de, Vostre très-humble, très-obéissant et très-fidèle serviteur. d’Iray e A Taillebourg, le 29 juin 1621. Il eust mieulx vallu obéir de bonne heure que de faire semblant de résister. Archives nationales 1 AP 357/67 1er juillet 1621 - Cognac à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Les dernières de Monsieur de La Mazure me commandent de vostre part de vous faire entendre ce qui se passe et ce qui s’est faict sur les plaintes de la dernière déclaration. Les lettres sont du 27 e du passé. J’y ay satisfaict avant leur réception en ce que j’ay peu par trois despesches, l’une par Anthoine, l’autre par Peussier, et l’autre par M. de Pontaubray. Je ne doubte point, Madame, que le temps que vous avés esté sans recevoir nouvelles de deçà n’ait peu à bon droict vous apporter un désir d’en apprendre. J’estois à la Cour où je ne pourrois y donner ordre. Je vous supplie trèshumblement de le croire et que si je ne satisfais entièrement à toutes sortes de comandemens que vous me faictes l’honneur de me faire que je ne le puis pas estre occupé ailleurs premier que de les avoir receu. J’ay peur Madame que ce long discours vous enuye, mais j’ay tant de crainte de vous desplair que je ne puis rien obmettre pour vous asseurer de l’affection entière que j’ay de vous rendre toute ma vie tout respect, service et obéissance. Monseigneur vient présentement de partir pour aller à Jarnac presser le seigneur du lieu d’aller à La Rochelle pour la seconde fois affin de les exhorter à se mettre en leur devoir et escrire à mondit seigneur qu’ils veulent obéir à Sa Majesté, et la mesme chose à Monsieur la maréchal des Diguières et ce d’aultant que M. de Favas a pris les armes. S’ils font cela sans doubte le Roy leur pardonnera et après effectuera (à ce qu’on promet) toutes choses justes et raisonnables que nous pourrions demander, et respondra favorablement toutes nos plaintes qui seront de ceste qualité. Après ceste foy je ne voy plus de prompt remède aux malheurs publics. Je di tousjours que si on se met en debvoir à La Rochelle nous aurons la paix, mais je n’espère pas mesme de là qu’au passé tant l’esprit d’estourdissement domine. M. /2/ de St-Angel est de retour d’hier à midy en ce lieu, où mondit Seigneur n’arriva qu’à quatre heures. Son voyage a esté long pour avoir esté arresté prisonnier huict jours durant à StNicolas, mais il ne semble pas inutile d’aultant que par son moyen. Monsieur de Rohan a despesché M. des Isles à La Rochelle où il est pour les exhorter à solliciter à l’obéissance. Son arrivée a causé la seconde despesche de mondit Sr. de Jarnac. M. de Malret est aussi arrivé avec ledit Sr. de St-Angel. Celluy-là ne nous a pas appris le subject de son voyage. Il avoit promis icy beaucoup de choses qu’il n’a peu tenir comme de faire desputer icy par la province de Basse Guyenne affin de protester de toute sorte d’obéissance, mais il asseure que le passage de 37976155 815729aa, l’a empesché non de tout mais en partie, plusieurs villes demeurans dans l’obéissance et d’autres comme Bergerac et autres ayans receu guarnisons. Je croy qu’il est venu 81 82 12510 81 379761 5581476771 233 69 825765 817 67336 776797. Il asseure que Monsieur de Boisse n’a point armé pource qu’il n’a point eu de charge, que seulement il demeure sur la desfensive et pour empescher qu’on ne luy face mal. M. de La Force faisant loger sur ses terres. 68 M. du Mayne est devant Nérac où on n’a peu capituler d’aultant que ceux de la ville désiroient que la place fust mise entre les mains du cappitaine de ses guardes pour la mettre en celles de M. de Pairdaillan qui en disposeroit ainsi qu’il plairoit au Roy d’en ordonner, mais mondit Sr. du Mayne dit que c’est la première place qu’il a assiégé durant ce mouvement qu’il veult sans milieu la mettre en l’obéissance de Sa Majesté. 688610 9568215736781 715565 81574 956881 3152 9579 72667581 76 79515810. Ces Messieurs disent qu’il y a quatre mil hommes à Bergerac, que M. de Rohan est à Montauban où il y a assés bon nombre d’hommes qui s’y sont jettés pour sa desfense. On desmantèle St-Jehan et Pons est rendu. C’est à dire a protesté d’obéissance, Sa Majesté luy donnant advis ce qui a esté faict et M. le mareschal des Diguières pour y aller mettre l’ordre. On croit que /3/ M . Zamet sera laissé dedans. Le Roy faict estat de partir lundy s’il n’est retardé jusques au retour de M. de Jarnac il sera bien malaisé de traitter en courant. On assure icy que les depputés de l’Assemblée ont esté renvoyés d’Angleterre sans rien faire. L’Ambassadeur en retourne, d’aultres le disent retourné d’hier au soir. Je n’ay point veu. Il doibt icy arriver un nonce qu’on dit devoir donner advis à Sa Majesté de nous laisser en la liberté de l’exercice ainsi qu’au passé mais aussi de se faire obéir. Le bruict est que Buquoy a desfait Bethleem Gabor. On croit le roy de Dannemark puissant et résolu de recouvrer les pays du roy de Bohème. Monseigneur doibt retourner aujourd’huy de Jarnac et M. Desdiguières de Pons demain. Dieu ait soing de nous. Je vous supplie très-humblement Madame de croire que je ne perds aulcun temps ni occasion pour vous rendre et à Monseigneur toutes sortes de très-humbles et fidèles services. Si je juge nécessaire de vous despescher ce porteur, nous vous tiendrons adverties de ce qui se passera, cepandant je prie Dieu qu’il vous tienne en sa guarde, redonne la santé à Madame vostre belle-fille et me rendra digne d’estre nommé, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très-fidèle serviteur. d’Iray A Coignac, ce 1 juillet 1621. Archives nationales 1 AP 357/68 25 octobre 1621 – Thouars à Henri de La Trémoille Monseigneur, Nous avons eu advis certain par M. d’Auvilliers de vostre passage en bonne santé par Meaux. Dieu vous la conserve, soit vostre guide en vos actions et les face réussir à vostre contentement. Depuis vostre partement, Monseigneur, nous avons receu une lettre de M. de Rulles responsive à celle que vous luy aviés escripte touchant la commission qu’il avoit envoyé à Faye-Labasse126 pour faire contribuer la paroisse. Il s’excuse et proteste n’avoir sceu que Faye-Labasse fust dedans vostre chastelanie qu’il ne se fust pas tant oublié s’il l’eust sceu et n’eust point oultrepassé les limites que vous luy aviés prescrites, qu’il a mandé qu’on retirast ladite commission. Il escript cela de Fontenay où il est auprès de M. le comte de La Rochefoucault auquel quelqu’un disant vostre partement et la cause d’iceluy tout cela avec émotion luy sans s’esmouvoir respondit qu’il l’avoit desjà appris et loüé, le subject en estant si juste. Les habitans papistes de Lodun à l’ouye de vostre partement furent trouver M. de La Chesnaye et le supplièrent d’aviser à luy et que vostre voyage avoit ses raisons autres peut-estre qu’on ne disoit. Vous pouvés penser, Monseigneur, que chacun en aura parlé selon son sens ou sa passion /2/ mais jusques icy nous n’apprenons pas qu’il change en rien l’estat où vous nous avés laissé. Nous verons par le retour de M. de Lessart de quel goust il aura esté à la Cour d’où nous n’avons rien appris de certain non mesme par ouy dire depuis le partement de Goubelet. 126 Faye-l’Abbesse à l’Est de Bressuire. 69 Le cappitaine La Pierre est de retour de Vitré avec M. des Hayers127, qui m’a délivré la somme de six mil livres, de laquelle j’ay rendu la somme de trois mil six cens livres que j’empruntais à vostre partement de ce lieu. J’ay Monseigneur suivant la charge et pouvoir qu’il vous a pleu me faire l’honneur de me donner baillé acquit audit Sr. des Hayers de ladite somme de six mil livres. Il estoit venu en intention de vous faire une très humble supplication à ce qu’il vous pleust pourvoir son gendre128, fils du procureur de vos eaues et forêts de Vitré, de la survivance de l’office dudit procureur. Il m’a chargé d’un mémoire et requis de le vous envoyer de sa part, mais je n’ay pas creu que nous fussions eu temps de vous en importuner. Toutesfois j’en attendray vos commandemens pour y obéir. M. de Trélan129, cy-devant sénéchal de Vitré, et celuy130 que vous avés eu agréable de pourvoir de son office vous ont escript, Monseigneur, pour un différent survenu à cause dudit office, mais qui a sa naissance dès avant que vous eussiés délivré vos provisions. C’est que premier qu’on vous eust parlé de faire changement de la personne du Sr. de Trélan à celle du Sr. Duverger, ils avoient convenu et compromis que celuy-là se desmettroit de son dit office en faveur de celluy-cy moyennant la somme /3/ de douze mil livres et pour cent pistoles de perles. Cependant vous vous souviendrès des feintes difficultés que faisoit ledit Sr. de Trélan lorsqu’on luy parloit de résigner, bien que desjà il y fust obligé par ledit compromis, lequel pour ne sçavoir, vous eustes agréables d’accorder audit Sr. de Trélan la somme de dix mil livres pour récompense de sa démission entre vos mains, laquelle somme fut incontinent après acquittée par le père su sénéschal qui à présent exerce sur le mandement que vous en luy en donnastes dont à présent n’est content ledit Sr. de Trélan et poursuit pour le payement entier de ladite somme de xijMviC livres. Tout ce mal est venu faulte de vous avoir descouvert Monseigneur la teneur dudit compromis, cepandant par le commandement de Madame vostre mère, j’ay escript à l’un et à l’autre, et convie de n’enfoncer point l’affaire jusques à ce que vous eussiés faict un voyage à Vitré où vous rendriés à chacun justice. Tout ce que j’y voy de mieux est que s’il y a de la perte, ce sera au Sr. de Pontdavy à s’en guarentir, car aulcun d’eux n’a droit de rien désirer de vous que ce qu’il vous plaira. Je ne sçay Monseigneur sy Madame vostre mère vous escrira ce que ledit Sr. des Hayers avoit charge de vous dire 54884829 sa 19659654 à sçavoir que 845 429 669 48ab 18799861 64 1454 482992 59469 987891 54 857491 18664 49 241 4469 3a981 a5a1 5597a469. Bien marris 541 9615 8466415a 44a484. Mais ce sont peut-estre paroles. Le cappitaine La Pierre les allarma à sa venue pour ce qu’il n’en fit pas sçavoir le subject à M. des Perrières. Par le commandement de madite Dame j’ay délivré trois cens livres pour le Sr. de 88342294224 /3/. On nous dit que 9974249419482994 45a2 35 6989647848a. Vous pourrés Monseigneur en avoir mieux appris la vérité par d’autres. Voylà ce que nous avons pour le présent à quoy je n’aajousteray que mes ardentes prières à Dieu à ce qu’il luy plaise avoir soing de vous et vous faire recevoir toutes sortes contentemens par tout et me donner les moyens de vous rendre des services aultant agréables et utiles que fidèles et pleins d’affection en la qualité, Monseigneur de, 127 André de Gennes (1574-1629), sieur des Hayers, était l’un des fermiers de la baronnie de Vitré. Il était membre d’une des principales familles bourgeoises de Vitré. Si son père fut protestant, il présente la particularité d’avoir été baptisé dans la religion catholique et d’avoir fait baptiser dans cette religion les enfants nés de son mariage avec Jeanne Leziart. 128 Dans son relevé des registres catholiques de Vitré, l’abbé Paris-Jallobert n’identifie pas ce gendre du Sieur des Hayers. 129 Jean de Couesnon, sieur de Trélan (1560-1632), sénéchal de Vitré de 1596 à 1619, était le fils de André de Couesnon, sieur de Lorgerie, sénéchal de Vitré de 1548 à 1592 et de Jeanne de Trélan. Il épousa en premières noces en 1587 une protestante Rachel Chevallerie (1564-1602) puis en secondes noces en 1605 une catholique Andrine de Gennes. Les Archives des La Trémoille à la cote 1 AP 679/XVII conservent de lui une lettre à Henri de La Trémoille en date du 19 juillet 1622 où il sollicite la charge de connétable sans titulaire depuis la mort du sieur de Cohigné et se plaint de n’avoir pas été payé par Mathurin Duverger, sieur de Pontdavy, de la vente en 1619 de son office de sénéchal « pour la somme de douze mil sept cet vingt livres ». 130 René Duverger, sieur de Boislebault, fils de Mathurin Duverger (1560-1632), sieur de Pontdavy, avait été le 20 novembre 1619 reçu sénéchal de Vitré. Abbé Paul PARIS-JALLOBERT, Journal historique de Vitré ou documents et notes pour servir à l'histoire de cette ville, Réimpression augmentée de l’édition originale de 1880, Editions régionales de l'Ouest, Mayenne, 1995, p. 71. 70 Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray A Thouars, le 25e octobre 1621. Archives nationales 1 AP 357/69 1622 Henri de La Trémoille passa la plus grande partie de l’année 1622 à Sedan auprès du duc de Bouillon. Après avoir défait Soubise à Rié (14 avril) et pris le fort de La Chaume près de Talmont, Louis XIII marcha sur Saintes, puis entreprit le siège de Royan qui capitula le 11 mai. A l’occasion de ce siège, considérant l’attitude du Sr. du Plessis le gouverneur de Taillebourg suspecte, il le démit de sa charge et plaça la garnison sous les ordres de M. de Fouquerolles 131. A cette nouvelle, Charlotte-Brabantine de Nassau vint le solliciter pour qu’il lui remette la place entre ses mains, mais il refusa alléguant qu’il importait à son service et à l’intérêt du duc que cette place qui contrôlait le “ passage de la rivière ” reste sous la garde du Sr. de Fouquerolles et qu’il lui la remettrait dans quelques temps132. Après la paix de Montpellier (18 octobre), Marie de La Tour d’Auvergne retourna à Thouars et Henri de La Trémoille se rendit à Paris pour obtenir les terres qui avaient été confisquées. 1er janvier 1622 – Thouars à Henri de La Trémoille à Sedan Monseigneur, Depuis hier que je vous rescrivy par M. Le Heaulme nous avons receu nostre messager de Paris et par luy estre asseurés de la bonne disposition de Madame et de Monseigneur le Prince que nous aurons demain ou mardy en ce lieu Dieu aydant je partiray aujourd’huy pour leur aller au devant et les asseurer de la bonne santé de Madame vostre mère. Mademoiselle à la sienne un peu altérée par une enhumure mal général icy et duquel peu ou point de personne ont esté exempts. Je croy, Monseigneur, que madite Dame vous envoye la coppie de l’estat que dressa icy M. de La Mothe duquel je me promets que Vostre Excellence apprendra ce qui se passe tant en la ferme de Vitré qu’autres affaires concernants vostre service lorsqu’il en survient qui méritent de vous estre mandées. Icy il n’est rien arrivé de nouveau. Vous aurés sceu, Monseigneur, le bruict qui dict que le Roy veult avoir des asseurances de Messieurs qu’ils ne feront point la paix avec le Roy d’Espagne si Sa Majesté entreprend la deffence de ses alliés qu’on opprime. On asseure et cele vient de La Forest-sur-Saivre qu’il est arrivé des commissions de La Rochelle pour faire démolir le fort qui est devant la fortification d’Aiguillon. Vous en aurés des nouvelles plus /2/ certaines au premier jour. On dit que M. de Chamdolant à une asseurance pour son restablissement à Marans et Madame de La Boulaye a promesse pour le sien à Fontenay. Monsieur du Plessis m’escript que son affaire et autres de mesme nature sont remis à Paris et que les paroles tant de S. M. sur icelles que de ses ministres ont esté fort bonnes. Je n’ay rien d’ailleurs quant à présent sinon à prier Dieu pour vostre prospérité et santé et qu’il me doint d’estre tousjours creu de vous, Monseigneur, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray A Thouars, le premier jour de l’an 1622. 131 Lettre de Louis XIII à Henri de La Trémoille écrite le 30 avril 1622 de Saintes, Louis-Charles de LA TREMOILLE, Chartrier de Thouars, op. cit., p. 146. 132 Lettre de Louis XIII à Henri de La Trémoille écrite le 14 mai 1622 du camp de Royan. Ibid., p. 146-147. 71 Archives nationales 1 AP 357/70 6 avril 1622 - Thouars à Henri de La Trémoille Monseigneur, J’ay receu par celle qu’il vous a pleu me faire l’honneur de m’escrire du 15e du passé de nouveaux tesmoignages de vostre bienveillance envers moy au soing que vous daignés avoir de ma santé dont je remercie très-humblement Vostre Excellence et prie Dieu pour tant de bienfaicts vous accroistre les grâces et advantages que vous avés receu de luy et qu’il départ à ceux qu’il aime le mieux. Vous aurés ouy parler Monseigneur de l’acte de l’assemblée de La Rochelle et de la lettre du Sr. de La Chappelière qu’un gentilhomme de M. de Jarnac porta à Paris lorsque le Roy y estoit et cela sur l’envoy par luy faict à La Rochelle par conférence de M. le Guarde des Seaux, lesdites lettres et actes portent qu’en continuant en la volonté qu’ils ont tousjour eüe et qu’ils ont faict sçavoir cydevant à M. le vicomte de Doncastre ils sont tous prest d’envoyer des desputés de leur corps tels qu’il plaira à S. M. chosir pour se venir jetter à ses pieds et luy demander la paix. Que si sa dite Majesté n’a cela agréable ils authoriseront pour ce faire ou M. de Jarnac ou M. de Chalas. Sur cela ledit Sr. de Jarnac envoya demandé des passeport pour aller à La Rochelle ce qu’on ne trouva pas bon, mais bien une lettre du 20e du passé à M. d’Espernon pour la laisser aller et venir seurement à La Rochelle. Madame vostre mère avoit envoyé en Xainctonge pour en apprendre les particularités à la source, mais M. de Jarnac estoit en Perigort. Elle en sçaura bientost la vérité par un mendement cy-inclus dont vous cognoissés l’escriture vous apprendra, Monseigneur, ce qui se passoit en Xainctonge, Angoulmois et Guyenne et par les coppies de deux lettres aussi cy-incluse /2/ en l’une ce qui se passoit en Languedoc et Daulphiné les redditions véritables du Poussin ou est M. du Perse cappitaine des guardes de M. de Lesdiguières qui à l’honneur d’estre cogneu de vous et de Bares et la vérité du meutre du président de Cros en l’autre, l’intention de Sa Majesté touchant le restablissement de M. du Plessis à Saumur où elle est attendue aujourd’huy les logis y estans marqués il y a deux jours. On ne sçait qu’elle route elle tiendra de la plus commune voix est qu’elle descendra à Nantes où M. de Vandosme est allé devant. Si le Roy faict quelque séjour audit Saumur ou que la Royne mère y demeure tant soit peu. Madame vostre mère ira rendre ses debvoirs. Si Sa Majesté ne prend le chemin de Bretagne mais celuy de bas Poictou il y a apparence qu’elle passera par icy, mais jusques à présent nous n’avons rien appris. On ne sçait 80 34 51 65 a5 18 24 54 68 69 41 19 656 25 a2 38 92 4d a6 61 86 24 74 69 8a 25 a4 26 47 46 90. On dict que 100 84 16 299 888 99 3a 48 84 65 62 45 98 19 74 15 87 41 54 8ac 641 49 54 a42 649. Vous aurés sceu, Monseigneur, l’arrivée de M. de Montsizet en court de la part de M. de Lesdiguières. Le Roy se monstre très bien disposé à la paix, à quoy Monsieur le duc de Savoye le porte par ses advis sur le doubte que j’ay que vous n’ayés sceu que ceux de La Rochelle ont escript à M. la baron de Languerach133 le supplians de se vouloir employer à ce bon œuvre. J’ay creu ne le debvoir obmettre et que lesdits de La Rochelle protestent par leur lettre se vouloir soubs mettre à tout debvoir vers Sa Majesté laquelle a eu communication de cette lettre a monstré l’avoir agréable comme en la plus part de MM. les ministres de l’estat qui tesmoignent désirer grandement le retour de Monsieur le vicomte de Doncastre estimans qu’il pourroit y frapper coup. Je sçay de certain que M. de 161577422878654 Monsieur de 88 61 84 94 92 64 2814 que nous aurions la paix. Monseigneur le Prince est attendu à La Roche-aux-Aulbiers pour tenir un enfant ou /3/ s’il vient il veult accorder le Seigneur du lieu et ses enfans avec MM. de Crissé, M. de La Chasteignerai avoit prié dimanche le Sr. des Cottières qui lève une compagnie sur commission de Sa Majesté de desloger de Faye-la-Basse ce qu’il reffusa et mesmes donna quelques coups à celuy qui luy porta la lettre ce qui obligea mondist Sr. de La Chasteignerai de s’assister de ses amis et y mener un provost qui les changea. On fit un cappitaine sans gens. Aussy telles petittes trouppes sont dedans le païs des maux à viloence qui ne se peuvent exprimer. M. de Soubize est venu jusques à La Chaize-le-Vicomte 133 Gideon van Boetzelaer et Asperen (1569-1634), baron de Langerack, fut de 1614 à sa mort ambassadeur des ProvincesUnies à Paris. 72 et lors M. le comte de La Rochefoucauld estoit à Bourneseau où il loge. Cinq jours au grand dommage des habitans et du païs ils ont faict divers logemens à deux lieues l’un de l’autre, mais enfin et il y a environ dix ou douze jours celluy-cy se retira à Fontenay et laissa la campagne à l’autre qui s’est mis dedans Lusson sans aulcune résistance ou il est encore à présent et faict estat à la prière et instance de MM. de La Rochelle de nettoyer la coste s’il n’y entrevient empeschement. Il a pour certain de quatre à cinq mil hommes de pieds bons, trois cens maistres et deux cens que carabins que mousquetaires à cheval avec trois pièces de batterie. Monsieur le comte de La Rochefoucault après avoir guarny Fontenay d’hommes s’est acheminé en hault Poictou. Il avoit laissé là M. du Chastelier-Barlot et maintenant on dist qu’il y retourne assisté des régiments dudit Sr. du Chastelier et d’Estissac. M. de Favas est toujours en Médoc et faict son cas à part. On nous dict icy, mais nous n’en sçavons rien au vray qu’il est arrivé à La Rochelle six vaisseau d’Angleterre avec LX hommes chacun on ne dict point de la part de qui, ny par quelle subvent ils sont venus. Qu’à présent ils ont là six vingts vaisseaux et six mil hommes dedans. Que M. de La Noue y est arrivé, que MM. de Kergrois et de La Mothe-St-Surin y estoient attendus. Celuylà avec quatre cens hommes et celluy-cy avec […]. On nous dict que le Roy ne partira point de ces provinces qu’il n’ait nettoyé le Poictou. Voyla Monseigneur tout ce /4/ que j’ay ouy du général. Pour venir au particulier V. E. sçaura que j’ay receu les quatres commissions pour faire vente de bois en ses terres de Laval, Vitré, Montfort, Quintin qu’elle m’a envoyées et suivant vostre commandement Monseigneur je les ay scellés, contresignées et incontinent envoyées à M. de La Mothe par homme exprès parce que le temps presse. Je n’appren rien de vos fermiers de Thalmond bien que j’y aye bien souvent envoyé, mais estans habitans des Sables ou ayans encore leurs fruicts lorsque Monsieur de Soubize y a entré ils pourront sans doubte avoir beaucoup perdus. C’est pourtant leur faulte qu’ils n’ont apporté ce qu’ils doibvent, car je leur ay souvent mandé avant la prise des Sables. J’ay leurs responses. On nous avoit cy-devant envoyé de Paris une commission pour faire appeller Madame de Frontevrault134 touchant les fromentages sur le renvoy que demandent les partis adverses par devant leurs juges ordinaires. Je la renvoye à M. Malherbe avec l’assignation donnée à ladite Dame. On m’avoit envoyé un compulsoire pour faire appeler M. le marquis de Fourvilles et faire vuidimer l’advis de Belleville sur l’opposition formée par vostre procureur aux criés dudit Belleville, qu’on vouloit vendre avec droict de haulte justice bien qu’il vous soit rendu et tienne de vous seulement à droict de justice foncière, mais d’aultant que ledit Sr. de Fourvilles n’a point esleu de domicille en ce lieu et que l’affaire presse, partie adverse ayant produict. J’envoye par le commandement de Madame vostre mère et advis de vostre conseil l’original dudict adveu affin qu’il soit vuidimé à Paris, partie appellère renvoyé en ce lieu. Je leur renvoye ledit compulsoire pource qu’il leur pourra servir, et nous est icy inutile. Doisseau promet encore de vouloir terminer à l’amiable, mais il ne se peut rien dire de certain d’un tel homme et qui a si souvent manqué à sa parole. J’envoye aussi au Sr. Malherbe une procuration de La Chaume cessionnaire des offices de jaulgeage pour en user ainsi qu’il sera trouvé bon par vostre conseil. Il n’est rien arrivé /5-72/ icy de nouveau en vos affaires particulières. Madame vostre mère se porte mieux, Monseigneur le prince et Mademoiselle se portent bien Dieu soit loüé, que nous ayons aussi tost appris vostre convalescence que vostre maladie. Je le supplie qu’il vous donne une parfaicte santé avec toutes sortes de contentemens et vous Monseigneur que vous me faciés l’honneur de me croire pour toute ma vie, Monseigneur, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Thouars, le 6 apvril 1622. Archives nationales 1 AP 357/71 et 72 134 Jeanne de Bourbon-Lavedan, abbesse de Fontevraud depuis 1611, décédée le 11 janvier 1637 à l’âge de 89 ans. 73 13 avril 1622 - Thouars à Henri de La Trémoille Monseigneur, Vous sçaurés bien particulièrement par celle de Madame vostre mère ce qu’elle a appris à Saumur durant le temps qu’elle y a esté lorsque la Cour y a passé et depuis les raisons qui l’ont meüe d’envoyer à Nantes M. de Pontaubray. En quoy elle a eu pour principal but et le bien des affaires de V. E. Vous avés sceu Monseigneur M. de Soubize à Lusson d’où on croyoit qu’il deust faire emporter toutes sortes de provisions dont ce païs est fort abondant, mais il y a simplement vescu et n’en a rien tiré soit ou faulte de commodités pour la voiture ou par defférence à quelque recommandation ou pour favoriser le seigneur du lieu ou avec telle chose. On croyoit que de Lusson il tireroit vers La Rochelle par le marais n’ayant eu sur son chemin d’obstacle que la Brault petit fort sur la rivière qui luy eust esté très aisé de forcer n’estant basti que de mauvaise matière ny guardé que par cent hommes qui sans doubte n’eussent pas attendu mais il a rebroussé en Poictou jusques aux Essarts et Puybeliard où il estoit vendredy que M. le comte de La Rochefoucaud partit de Fontenay avec ce qu’il peut de cavalerie (ayant derechef mandé la noblesse de la province) et les régiments de Navarre, de Champagne, de Burie, du Chastelier, de La Rainville et de St-Vivien et celuy de M. le prince de Marsillac, son fils, l’attendant à Maseuil espérant avec ses forces /2/ se mettre entre Monsieur de Soubize et les Sables, ce qu’il a voulu estant beaucoup plus avant que M. de Soubize qui ne va que bien lentement à cause de cinq pièces de canon qu’on dit estre tirées par des bœufs. Cepandant on ne voit point d’autre passage asseuré pour M. de Soubize que les Sables et sera bien malaisé que cela se passe sans combats. Il est aussi fort et plus que Monsieur de La Rochefoucault, car il a pour le moins cinq mil hommes de pied et six cens chevaux et tous les régiments cy-dessus ne font qu’environ trois mil cinq cens hommes, mais aulcuns croyent que le bourg des Sables à l’ayde du régiment de Marsillac a investi La Chaume et que M. de Vendosme a faict couler quelques trouppes de Nantes. Cela est encores incertain, mais s’il y a forces suffisantes entre M. de Soubize et la Mer, il aura incontinent le Roy sur les bras, car on assure qu’il prendra la route de Fontenay, de Niort et peut estre de Xainctes, cepandant ceux de La Rochelle et M. de Soubize ont escript à la Royne mère pour la supplier très-humblement d’intercéder pour la paix, de laquelle on parle diversement scelon les inclinations diverses qu’on recognoist en ceux qui ont l’honneur d’approcher Sa Majesté. M. de Schomberg assure que quoy qu’on die il fera son possible affin que le Roy (son auctorité sauvé) la donne à ses subjects la recognoissant nécessaire à l’estat. La conférence de Messieurs de Lesdiguières, de Rohan et de Chastillon qui se devoit faire à Baignols ou au St-Esprit le 25e du passé a esté différé jusques au 5e du courant à cause des empeschemens que M. de Montmorency avoit mis sur le passage de M. de Rohan. On attend de là les ouvertures de la paix, et à la Cour on asseure que si elles sont telles, voire un peu moindres que celles qu’autrefois on a ouy dire à M. de Lesdiguière /3/ comme nécessaires nous aurons une paix et repos asseuré en ce Royaume et que Sa Majesté ne demande que l’obéissance de ses subjets pour secourir ses voisins et alliés à quoy elle sera de nouveau convié par l’Ambassadeur de Venise qui doibt bientost arriver. M. de Favas faict tousjours son affaire à part et il avoit il y a quelque temps pris une abbaye dont nous ne sçavons le nom, mais que ses gens ne guarderont guères ayant au mesme instant quasi esté enveloppé par ceux de M. d’Espernon qui leur firent quitter prise et les desfirent. Le lieutenant de M. de St-Surin y fut tué et dit–on bon nombre de braves gens. Voylà Monseigneur ce que je sçay à présent à quoy je n’adjousteray que mes prières à Dieu pour vostre prospérité et santé et de Madame et vous suppliant très humblement de croire que je suis et seray jusques au tombeau, Monseigneur, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A vostre Thouars, le 13 apvril 1622. Archives nationales 1 AP 357/73 74 21 avril 1622 - Thouars à Henri de La Trémoille Monseigneur, Le voyage du messager se rencontre au mesme temps que le partement de Monseigneur le prince que Dieu vous meine et conduise en parfaicte santé135. A son arrivée vous apprendrez par M. Brusse l’estat de vos affaires de deçà et ce qu’il a ouy de particulier au séjour qu’il y a faict, cependant j’ay creu que vous n’auriés pas désagréable, Monseigneur, que je vous disse que Sa Majesté est à présent à Niort où elle faict estat de séjourner toute la sepmaine pour de la prendre de la route de Chizé et de Xaintes où M. du Plessis-Bellay l’ira trouver. M. de Bullion l’a desjà veüe et mesmes on a tenu conseil sur ce qu’il a apporté. Un bruict court qu’il n’y a pas contentement suffisant et luy mesme dit qu’il luy fault retourner en Daulphiné sur quelques circonstances. Cepandant les desputés qui doibvent parler au nom des Eglises sont à St-Maixent et attendant un commandement sur ce qu’ils auront à faire, mais on ne croit pas qu’ils voyent Sa Majesté que l’affaire ne soit plus advancé et après le retour dudit Sr. de Bullion qui doibt voir la Royne mère premier que partir. Elle est demeurée malade sur le chemin plusieurs plaignent son absence d’auprès Sa Majesté pour les bonnes inclinations qu’on luy recognoist à la paix. On tient pour assuré que M. de Soubize s’est sauvé à La Rochelle luy sixiesme où à ce qu’on dict il a souffert avec patience les rebuts et comices du peuple. Les prisons sont pleines de gens de toutes qualités. Hier au soir fut pris icy près le Sr. du Coudray-Chézelles, le comte de Marenne et La Mothe-St-Surin sont prisonniers à ce qu’on dict. On leur faict suivre la Cour. Le Sr de La Riodornière est aussi prisonnier à Fontenay. Il y a danger pour ceux qui ont esté dedans St-Jehan ou rendu leur déclaration. Il y a arrest à la sollicitation et proffit à ce qu’on /2/ tient de M. la comte de La Rochefoucault par lequel le bien de tous ceux qui estoient avec M. de Soubize est confisqué et ceux de quelque religion qu’ils soient qui les ont retirés déclarés criminels de lèze majesté et leurs biens aussi confisqués. Si cela est tiré à la rigueur il n’y aura guères de maisons à la campagne exempts. Les provosts, les communes et les païsans sont tousjours aux escoutes pour surprendre ceux qui se retirent, cela faict beaucoup de mal parce que tout ce qui se rencontre à présent sur les chemins de quelque costé qu’il puisse venir court fortunes. Les païsans près des Herbiers ont assommé M. de La Mothe d’Anjou qui estoit à Monseigneur le Comte. Il est bien à craindre que la paix ne soit retardée par cet affaire, mais Dieu la tournera s’il luy plaist au bien. Je parleray à M. de Bullion lorsqu’il passa icy du voyage de Monseigneur le prince lequel il ne desapprouva pas puisque vous Monseigneur et Messeigneurs ses autres proches le désiriés près de vous. Voylà ce que nous avons à présent dont M. Brusse vous dira le particulier à son arrivée et moy je continueray mes prières à Dieu pour vostre prospérité et santé et qu’il me doint d’estre tousjours recognu de vous, Monseigneur par, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Thouars, le 21 apvril 1622. Archives nationales 1 AP 357/74 23 avril 1622 - Thouars à Henri de La Trémoille Monseigneur, Vous aurés appris par M. de Bellujon les particularités de l’entrevüe de MM. de Lesdiguières et de Rohan, et ce qui se passe en Dauphiné et Languedoc où ceux de la Religion font de grandes plaintes de M. de Chastillon pour leur faire à présent guerre ouverte et le pis qu’il peut à ce que rapportent les depputés qui assistent M. de Bullion, lequel à ce qu’il croit porte les ouvertures d’un 135 Henri-Charles de La Trémoille arriva le 12 mai 1622 à Sedan. 75 accommodement général, tant par ce qui s’est passé et résolu en ladite entreveüe que par l’avis que donne en particulier mondit Sr. de Lesdiguières portant à ce qu’on dit son se […] advis du moyen que Sa Majesté peut tenir pour donner la paix ce qu’il croit raisonnable qu’elle accorde. Avec eux ont passé MM. du Grosi et des Isle-Maison. Le dernier a charge d’aller à La Rochelle et en amener des desputés et un de la part de M. Soubize à St-Maixent où ils doibvent tous séjourner attendant des nouvelles desdit Sr. de Bullion qui est allé tout droit vers Sa Majesté, laquelle a tousjours montré beaucoup d’inclination de désir de donner la paix à son estat mais à présent aulcuns doubtent que ce qui s’est passé près de l’isle de Rié136 ne tarisse l’espérance qu’on en pouvoit avoir ce que plusieurs prennent au contraire estimans que Sa Majesté prendra ce moyen pour faire vois à ses subjects de la Religion que la paix qu’elle leur donnera deppendra purement de sa bonté affin qu’ils n’en ayent obligation qu’à luy seul et luy en rendent les grâces qu’ils doibvent. Je ne doubte point Monseigneur que le bruict commun ne vous ait porté ce qui s’est passé audit Riés à quoy aulcun et mesme quasi tous ceux qui y estoient imputent trahison, d’aultres y croyent seulement de l’improividence /2/ aux chefs qui bien difficilement s’en peuvent excuser. Je vous ay cy-devant escript, Monseigneur, l’arrivée de M. de Soubize à Lusson, son partement de là pour son logement aux Essars d’où il partit pressé pour sçavoir Sa Majesté près de luy et hasta le plus qu’il luy fut possible son voyage audit Rié où il se présenta le mardi douziesme du courant, mais non plus tost que M. du Bois de Kergrois137 avec quelques trouppes de cavalerie et infanterie que le Roy luy avoit commencé de conduire et se jetter dans ladite isle de Rié fut sommé. On y reffuse l’entrée à M. de Soubize qui fit donner l’assault et emporta l’isle, mais sans moyen de retenir les soldats qui aussi tost se jettèrent au pillage en toute l’estendue de l’isle qui dit-on contient sept lieues ou environ. Après il falut combattre ledit Sr. du Bois de Kergrois, qui avoit entré par une autre des advenues de l’isle, cependant qu’en l’isle on s’employe la temps à ramasser et rallier les soldats Sa Majesté arrive mais n’entre point dans l’isle où le jeudy quatorziemse MM. d’Esplan et Marillac virent M. de Soubize auquel ils parloient en public et l’exhortoient de n’attendre point les forces et puissance de Sa Majesté qu’ils avoient sur les bras, mais de recercher leur salut en sa bonté sans l’espérer de leur résistance qui ne pouroit estre que très foible contre une si belle armée et plusieurs autres discours que Vostre Excellence jugera convenables en telle matière. Il parle aussi en particulier à M. de Soubize où dit-on se tenoit là MM. de Bessaye et Freton. Cepandant Sa Majesté se tenoit là sans en aulcune sorte temoigner de vouloir entrer en l’isle les tenant enfermé et à sa mercy s’ils en eussent sorti cela durant quelque temps que ceux de l’isle s’employoient à former les advenues ce qu’ils taschèrent de faire mais non jamais de>>>>, Surquoy on tint conseil si on cappituleroit, si on se retrancheroit ou si lorsque le mer seroit basse on se retiretoit à gué, le dernier fut pris et suivy. De sorte que la nuict du vendredy au sabmedy qui estoit du 15e au 16e chacun se mit en état de partir et de faict la cavalerie passa à que et partie de l’infanterie jusques à la /3/ gorge, le mousquet et la bandolière sur la teste. Il y avoit quelques petites barques restées sur la vase ou la pluspart de l’infanterie se jetta espérant se sauver par la mer lorsque la marée retourneroit, mais on croit que cela aura esté taillé en pièces. Quant à ce qui passa on avoit donné rendés-vous aux officiers de l’armée pour se trouver à La Chaize-Le-Vicomte, mais comme ils marchoient Monsieur de Soubize à la teste, un de la file s’endormit et au lieu de suivre son cheval le mena par un autre chemin où après luy ce qui suivoit, ce qui ne fut recogneu que long temps après la mesprise. On cerche des guides, on n’en trouve point, au jour chacun disoit sçavoir les chemins de sorte que ce qui restoit se sépara en six ou sept bandes dont la plus part tirent à La Chaize, où on ne trouve rien de là à Bourgnesau où on devoit aussi avoir des nouvelles de leur général, on ne l’y trouve non plus. Enfin on crie qu’on se sépare et sauve qui peut. Voyla tout en route, M. de Soubize estoit 136 Le 16 avril 1622, Louis XIII a la tête de son armée a dispersé celle de Benjamin de Soubise retranchée dans l’île de Riez. Cette île a été reliée au continent au XVIIIe siècle lorsque furent asséchés les marais et que le cours du Ligneron fut détourné pour en faire artificiellement un affluent de la Vie. 137 Louis d’Avaugour (1574-1640), sieur du Bois de Kergrois dans la paroisse de Carquefou, avait été au début du XVIIe siècle une des figures marquantes de l’Eglise de Nantes jusqu’à la rébellion des fermes du parti protestant contre l’autorité royale. Les baptêmes de deux de ses enfants à Saint-Léonard de Nantes en 1621 et 1623 témoignent de son ralliement à la Religion du Roi. Yves SAGET, « Les Avaugour de Kergrois, seigneurs de Mauves, de Saffré et du Bois en Carquefou » (1514-1758), Cahiers du Centre de Généalogie Protestante, N° 87, Troisième trimestre 2004, p. 139-149. 76 suivi de six ou sept vingts chevaux. Il a passé, mais seulement avec six en la forest de Chizé jusques où il a esté poursuivi et s’est scelon l’apparence retiré vers La Rochelle. Le reste a esté pris et dévalizé, tout la bagage perdu, les chemins et les prisons sont pleines de genset ce qui a eschappé a esté mis en chemise. C’est la plus grande grâce qu’ils ayent receu. C’est la plus grande et estrange desroulte qu’on puisse imaginer, car elle est universelle, mais à ce que nous nous apprenons moins sanglante d’aultant que les communes et les paisans se contantent de prendre les fuyards ou de les dévaliser. De demander la raison pourquoy lorsqu’il sceurent certainement que Sa Majesté approchoit ils ne se retirèrent de Lusson en Aunix par les marais, ils respondent que de La Rochelle on manda à M. de Soubize qu’il n’y esparast point de retraitte s’il n’y portoit du pain, qu’on n’en avoit point pour ses trouppes. Cependant on ne peut estre de l’esprit de tout ce qui estoit là hormis des chefs, qu’ils n’ayent esté trahis et livrés et que cela n’ai esté concerté. Sa Majesté coucha hier à Fontenay /4/ et le Reyne sa mère à St-Hermine. On attend quelqu’un de vostre part à la Cour Monseigneur pour se joindre aux desputés des Eglises pour demander en leur nom la paix à Sa Majesté. Ceste négotiation sera bientost liée, mais cela ne durera que peu et les depputés ne verront point Sa Majesté qu’après que les choses seront accordées. M. de Pontaubray est tousjours à la Cour avec promesse de Monseigneur la Prince d’estre favorablement expédié et commandement de M. de Schomberg de suivre. Il en fault attendre le succès. Si Millières ne trompe à l’accoustumée, on sortira aujourd’huy d’avec luy en luy payant douze cens livres contant et luy donnant mon obligation du reste, qui pourra monter environ deux mil huict cens livres payables le tout dedans deux ans. Sçavoir la moitié d’icy à un an et le reste d’icy à deux. Tout présentement le Sr. Malherbe de Paris m’escript que Doisseau ne veult tenir la parole qu’il a donnée à M. de Rozemont de s’accommoder. Ce mauvais affaire et toutes sortes de malheurs tant par les malices du principal auteur qui est Milliers que par ces cessionnaires. Il ne s’est rien passé d’ailleurs en vos affaires Monseigneur aux quelles je m’employeray tousjours avec le soing et fidélité que je doibs. J’obmettoy que l’armée de Sa Majesté ne suivit point celle que conduisit Mondit Sieur de Soubize à cause dit-on qu’elle ne pouvoit passer que par l’endroit ou celle-cy avoit passé à gué ce que l’autre ne peut à cause de la marée qui monta. Aultres disent qu’il fut faict un ban de ne tuer personne, mais cela n’est pas bien certain. M. de Chastillon doibt aussi envoyer un desputé à la Cour. Voyla Monseigneur ce que j’ay maintenant de sorte qu’il ne me reste qu’à vous supplier très-humblement de m’honorer de la qualité, Monseigneur de, Vostre très-humble, très-fidèle et très obéissant serviteur. d’Iray e A Thouars, le 23 apvril 1622. Archives nationales 1 AP 357/75 15 mai 1622 - Taillebourg à Henri de La Trémoille Monseigneur, Je n’ay point esté en lieu depuis quinze jours où je pusse vous escrire aussi n’avois rien de bon. Je suis tousjours allé et venu par le commandement de Madame vostre mère des lieux ou elle a séjourné à la Cour et retourné aux accasions. Monsieur d’Auvilliers en a veu une partie et des peines que Madame vostre mère a prises en ce mauvais rencontre. J’ay receu le 13e de ce mois celle qu’il a pleu à V. E. m’escrire du 19e du passé et veu celle que vous escrivés à madite Dame à laquelle vous me remettés l’occasion de vostre despesche cesse maintenant comme depuis la datte de vos lettres vous aurés peu apprendre par le retour de M. de Bullion et de ceux qui l’assistoient le subject qui a mené Madame vostre mère en Cour n’est pas ignoré de vous Monseigneur ledit Sr. d’Auvillier vous en dira la suitte et ce qui s’y est passé. Je luy ay dict tout ce que j’ay seu plus que luy pour vous le rapporter je le remettray à luy s’il vous plaist 77 Monseigneur pour ne vous estre ennuyeux et aussi de peur de retarder plus long temps son partement. Il seroit inutile de vous dire mon extrême affliction sur ce changement de Taillebourg. Dieu sçait si je me suis espargné à tascher à vous y rendre le service très-humble et fidèle que je doibs. Madame y a travaillé au delà de ses forces. Je prie Dieu qu’il vous comble de ses saintes bénédictions et me doint d’estre recognu de vous toute ma vie, Monseigneur, Vostre très-humble, très-fidèle et très-obéissant serviteur. d’Iray e A Taillebourg, le 15 may 1622. Archives nationales 1 AP 357/76 8 juin 1622 - Thouars à Henri de La Trémoille Monseigneur, Depuis nos dernières Madame vostre mère a receu des lettres de M. de Pontaubray qui n’escript rien de nouveau touchant le public, seulement confirme il le traitté de M. de La Force et l’acheminement de M. de Vendosme avec six mil hommes pour blocquer Montauban. Monseigneur le Prince est près de Sa Majesté qui dès le 26e du passé estoit sur le chemin droict de Thoulouse autres disent depuis qu’elle passera par Foix. De traitté général on n’en parle point, mais le bruict des particuliers continuent. Toutesfois nous n’en sçavons rien au vray. Ledict Sr. de Pontaubray escript que MM. de La Forest, de Rignac et luy sont allés ensemble à la Cour que le premier a esté bien veu et bien receu de Sa Majesté. Il y a eu une recommandation quasi générale de tous les voisins de toutes qualités tant d’une que d’autre religion pour ses bons comportements. On n’a rien changé en sa place sinon qu’on a retranché cinquante hommes de sa guarnison on met aultant icy. Ledit Sr. de Pontaubré en a la commission et l’estat, et lors qu’il escrivoit qui estoit le 28e du passé il avoit ordonnance de payement pour un mois et demy seulement et en poursuivoit l’assignation mais le remboursement des advances de Taillebourg est remis à Paris par Monsieur de Schomberg qui en escript à Madame vostre mère pour l’en asseurer et M. de Pontaubré en a les lettres. Le Roy a faict bonne chère à Monsieur de Duras 138 et luy a osté la guarnison qui l’incommodoit. M. de Schomberg escript à M. du Candal qu’il paye ce qui /2/ est deub à Vostre Excellence pour l’entretenement des guarnisons. La cavalerie arrive à la file aux environs de La Rochelle aulcuns disent qu’il y est arrivé quelques gens d’Angleterre. On ne dict point asseurément où est à présent M. de Soubize. Un gentilhomme venu de la Cour pour haster M. de Luxembourg a dict à Madame vostre mère que l’Ambassadeur d’Angleterre a esté à La Rochelle et s’en retourne à la Cour, mais c’est dont elle n’a ouy parler qu’à luy, et M. du Plessis n’en a rien appris non plus. Mondit Sr. de Luxembourg et Messieurs les comtes de Lude et de Torigny doibvent aujourd’huy passer par icy pour aller à la Cour. Madite Dame a envoyé son carosse au premier qui l’en a envoyé supplier. La Royne mère avoit advancé quelques journées sur le chemin du Roy, mais elle a rebroussé et debvoit arriver hier à Poictiers où elle fera fort peu de séjour et de là prendra le chemin de Pougues. Le Prévost de ce lieu fut hier pris prisonnier en sa maison à la requeste du Sr. du Sauvage qu’il avoit mis en prison sabmedy dernier, qu’il le trouva à deux lieues d’icy près du village de Coullonge et en l’abordant luy assisté de ses archers luy porta le pistolet à la teste qui a ce que dist l’autre manqua et luy donna de la bouche dudit pistolet dedans la joue où il le blessa et encore l’amena prisonnier. Le Sauvage demanda qui estoit sa partie. Il ne s’en trouva point, le procureur du Roy ayant déclaré n’avoir faict aulcun réquisition contre luy, ny point sçavoir qu’il y eust d’information ny 138 Jacques de Durfort (1547-1626), marquis de Duras, seigneur de Blanquefort et de Rauzan, l’un des principaux seigneurs huguenots de Guyenne comme les La Trémoille avait refusé de s’engager dans la rebellion contre Louis XIII. Yves DURAND, La Maison de Durfort à l’Epoque moderne, Imprimerie Lussaud, Fontenay-Le-Comte, 1975. 78 mesme de plainte, cepandant il l’écroüa l’accusant d’avoir donné advis à quelques personnes sur qui il avoit des décret, recellé et assistés ou conduict les rebellles, que d’ailleurs il avoit envoyé un procèsverbal au conseil contre le Sauvage et autres sur lequel estoit intervenu arrest. Cepandant les amis de celluy-cy se /3/ pourvoyent au Présidial de Poictou obtiennent jussion au geollier d’ouvrir les portes de la prison aultrement et en cas de refus ordonnent qu’elles seront rompues pour en extraire le prisonnier en présence d’un de vos juges Monseigneur ou de deux notaires. M. le Séneschal s’y est trouvé, M. le lieutenant estant audict Poictiers pour vos affaires et en présence de celluy-là les portes des prisons furent hier rompues et le prisonnier extraict sans qu’il y fust apporté aulcun empeschement de la part dudit provost qui ne parut point se doubtant du décret que ledit Sr. du Sauvage avoit obtenu du présidial, lequel depuis à l’après fut mis en exécution. Il fut donc pris et est à présent conduict à Poictiers par le sergent qui l’a pris et quelques amis du Sauvage, assistés de ceux que Madame vostre mère leur avoit donné pour leur tenir main forte voyla les fruicts de la présomption et ce qui suit d’ordinaire ceux qui s’oublient du respect et s’esguarent de leur debvoir. Je respon Monseigneur à celles que M. de Rozemont m’a escript par vostre commandement, Madame vostre mère a faict tenir à M. de La Motte celle que vous luy aviés envoyée non par homme exprès, mais par voye aussi prompte. Elle a receu des lettres de M. Berthold par lesquelles elle apprend que Monseigneur le Comte est avec Monseigneur le prince Henry, qu’il se porte bien. Dieu veuille qu’ainsi soit de vostre disposition de Madame et Monseigneur le Prince. Nous attendons de vos nouvelles et moy vos commandemens sur la provision de la charge de Lieutenant général à Laval139 auxquels je rendray en action les autres dont vous m’honorerés l’entière et parfaicte obéissance que doibt, Monseigneur, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Thouars, le 8 juin 1622. Archives nationales 1 AP 357/77 14 juin 1622 - Thouars à Henri de La Trémoille Monseigneur, J’escrivi le huictiesme à Vostre Excellence ce que nous avions et sçavions, depuis il ne nous est pas venu grand’nouvelles. M. de Pontaubré n’en a […] point mandé en une lettre que Madame vostre mère a receu depuis. Elle est du 7e de Moissac140 près Montauban. Sa Majesté y estoit et avoit envoyé sommer St-Anthoni141 de se rendre par un des enfans de M. de La Force, qui y fut retenu, cela fit que le Roy commandé qu’on y fist advancer les trouppes avec menace à ce qu’on dict de tout mettre à feu et à sang si ils résistent. Ledict Sr. de Pontaubré debvoit suivre jusques à St-Anthoni ou Thoulouse pour faire sceller l’arrest de restablissement de l’Election de ce lieu. Il se plainct qu’on ne faict aulcune affaire à ma Cour, que celles de la guerre sont seules sur le tapis. On a entièrement ruiné Tonneins et le feu parachève le reste des ruines. On parle aussi de Clairac de mesme que les habitans de Négrepelisse et Monflanquin où par désespoir faict ainsi de leurs villes, M. de La Force, avec deux de ses fils, a veu le Roy et s’est retiré à ce qu’on dit pour réduire aulcuns de ses enfants a l’obéissance. On ne sçait point au vray si Sa Majesté s’engagera à Montauban. La plus part croit que non, mais tirera droict au Bas Languedoc pour leur oster la récolte et sur l’espérance que quelques gouverneurs traitteront. M. 139 La justice ordinaire de Laval appartenait au comte. Elle était exercée par un juge ordinaire, un lieutenant général, un lieutenant particulier, un avocat et un procureur fiscal. Alain CROIX (Coordination), La Bretagne d’après l’Itinéraire de Monsieur Dubuisson-Aubenay suivi du Profit de la Bretagne par Jean-Baptiste Babin (1663), Presses Universitaires de Rennes – Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, Rennes, 2006, p. 881-882. L’Abbé Angot n’identifie pas ce personnage. 140 Moissac au nord-ouest de Montauban. 141 Saint-Antonin-Noble-Val au nord-est de Montauban. 79 de Chastillon […] en armes descouvertes contre M. de Rohan y a pris la […] /2/ l’abbé après cent volées de canon et s’en alloit attaquer celle de Pequés pour se rendre maistre des salines. On dict que M. le maréchal de Lesdiguières devoit s’aboucher avec M. le prince de Piedmont au fort de Barroz et que M. de Sully rentre aux finances pour les administrer soubs Monseigneur le Prince en lui remettant ce qu’il luy doibt de Mourront et laissant la charge de l’Artillerie à M. le comte de Schomberg. Nous n’apprenons rien de ce qui se passe devant La Rochelle ny mesmes où Monsieur le Comte est. On parle encore de quelques Anglois arrivés, mais de cela rien de certain. Voylà Monseigneur ce que j’ay peu receuillir de diverses endroicts. On ne dict rien du tout à Poictiers et aussi a on peu de nouvelles de la Cour à cause de la difficulté et danger des chemins, qui, à ce que rapportent ceux qui ont peu s’eschapper sont bordés de corps morts. Le prévost de ce lieu est encore prisonnier à Poictiers. Il ne veut point respondre devant le président, mais prend à partie M. le lieutenant criminel. J’obmettois à vous escrire, Monseigneur, que ledit Sr. de Pontaubré escript qu’il a une lettre du Roy aux habitans de ce lieu par laquelle S. M. leur ordonne d’obéir aux commandemens de Madame vostre mère, laquelle n’est pas en santé telle qu’il seroit à désirer. Elle vous a escript par la voy de Poictiers, mais le jour mesme qu’elle vous escrivit, et depuis elle a tousjours esté malade. Madamoiselle a faict venir M. d’Issoddeau. Les maux publics qui percent les cœurs de tous les gens de bien sont le principal subject de sa tristesse, et la tristesse à mon advis la cause de son mal. Dieu luy veuille oster, luy redonner sa santé première, vous conserve la vie celle de Madame et de Monseigneur le Prince, vous donne tousjours toutes sortes de contentemens et à moy de moyens de tesmoigner avec quelle affection et fidélité je suis, Monseigneur, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Thouars, le 14 juin 1622. Archives nationales 1 AP 357/78 29 juin 1622 - Thouars à Henri de La Trémoille Monseigneur, J’ay receu par le Sr. Peussier celle que vous m’avés faict l’honneur de m’escrire du 7 e du courant, en laquelle vous me donné vos commandemens d’obéir à ceux de Madame vostre mère, à quoy je ne manqueray d’aucun respect, humilité ny affection et me faites entendre vostre intention et volonté de donner contentement à Madame de Ste-Croix en conférant une pention de Religieux à Pierre Bouin en l’abbaye de St-Laon de ce lieu. Sur quoy Monseigneur vous aurés à présent appris le commandement que madite Dame vostre mère m’a cy-devant faict d’en escrire au Sr. de Rozemont et luy mander pour les faire entendre à Vostre Excellence les difficultés qui se rencontrent et dont j’ay desja escript à madite dame de Ste-Croix par mesme commandemens et l’affaire qui maintenant est poursuivie par ledit Bouin et deffendue par Moreau héritier et se prétendant en cette part successeur de feu Moreau son oncle. Vous aurés aussi veu Monseigneur la consultation faicte sur ce subject que j’ay envoyée audit Sr. de Rozemont. J’attendray vos commandemens pour y obéir en tout. Quant au commandement que vous me faictes Monseigneur de sçavoir de ma dite dame si elle ne trouveroit pas à propos d’avoir un titulaire abbé de ladite abbaye de St-Laon, je n’ay peu ny osé depuis la réception de la vostre luy parler d’affaire. Sa maladie nous en ostant le moyen aussi bien qu’à elle de les entendre. C’est ce que luy recommandent principalement les médecins et de ne point en charger son esprit, et ce qu’ils nous desfendent bien soigneusement. Sa maladie dure plus que nous estimions, mais la fiebvre qui au commencement sembloit plus lente et ne duroit que peu s’est opiniastrée en sorte qu’à présent les accès sont plus longs et recognoissons que c’est une fiebvre double tierce à sçavoir un jour bon et deux mauvais, mais, Dieu aydant, elle la laissera bientost scelon le jugement des médecins et nos désirs passionnés, tousjours y a t-il en cette maladie grandement à plaindre les douleurs qu’elle 80 souffre, mais non rien à craindre que la longeur au pis. Elle n’est pas par la grâce de Dieu travaillée des grandes douleurs /2/ qu’elle ressentoit à Paris durant sa grande maladie, celle-cy la traitte plus doucement. Bien et vray qu’au commencement et mesme depuis elle eu de grandes et assés fréquentes foiblesses, mais à présent j’apprens qu’elle n’est pas tant travaillée. Les maux publics l’affligent extrêmement et de vray ils fendent les cœurs aux gens de bien. Monsieur de Pontaubré à son arrivée nous avoit promis un mémoire de ce qu’il avoit de particulier de son voyage, mais il est parti pour aller à Bourgneseau sans nous donner l’effet de sa promesse, et ainsi faulte de souvenir il nous prive du moyen de nous informer des particularités de ce qui s’est passé à Negrepelisse dont toutesfois Madamoiselle envoye un mémoire, mais bien en gros en attendant que par le retour dudit Sr. de Pontaubray nous puissions estre mieux informés car il a fort peu séjourné icy et encore avons nous eu moins de loisir de l’entretenir. J’ay pourtant appris de luy et depuis veu par les lettres et états que Madame vostre mère m’a faict l’honneur de me communiquer qu’il a apporté un estat de cinquante hommes que le Roy a ordonné d’estre enttretenus en ce lieu en qualité de guarnison nouvelle soubs l’auctorité de madite Dame commandés par… . Le nom est en blanc de sorte qu’elle y establira celuy qu’il luy plaira. Je ne vous envoye point Monseigneur coppie dudit estat d’aultant qu’il est semblable à tous les autres mais bien de l’assignation donnée pour un mois pour l’entretenement de ladite guarnison et d’un mois et demy pour cent hommes qui ont tenu guarnison à Taillebourg. Je vous envoye aussi Monseigneur les coppies d’une lettre escripte par Sa Majesté aux habitans de ce lieu, d’une de Monsieur de Schomberg à madite Dame vostre mère, d’une de mondit Sr. de Schomberg à M. du Candal pour vous payer ce qui est deub de l’année dernière à cause des guarnisons de Taillebourg et Vitré. Par là Monseigneur vous verrés que ledit Sr. de Pontaubré a peu faire et de vray est-il grandement difficile de beaucoup advancer aux affaires particulières, que personne n’a plus d’expédition. Il m’a dict qu’en recevant les commandemens de Monseigneur le Prince lors qu’il partit, il luy demanda si madite dame n’avoit pas en crainte que le Roy se voulust accommoder de vostre maison de Taillebourg, qu’il avoit appris qu’elle en avoit eu quelque opinion, mais que ny elle ny vous ne debviés rien appréhender de cela et qu’il engagoit son honneur que le lendemain de la paix vos maisons seroient rendues et de cela donnoit de telles asseurances de bouche qu’il eust volontiers imputé à crime d’en doubter. Il n’y avoit personne à la Cour de la part de Monsieur de Lesdiguière. On ne sçavoit point le dessein du Roy après le siège de St-Anthoni, s’il tireroit à Castres ou à Montpellier. M. de Chastillon envoya Villefort pour supplier /3/ qu’on se souvint de luy pour luy continuer le gouvernement du dernier. On luy promist, mais non à ce qu’on dict de l’avoir en qualité de ville de sûreté. On disoit M. de Rohan assés fort aux Sévenes. Ledit Sr. de Pontaubré rapporte que le Roy eut advis à son arrivée à Moissac que six jours avant il avoit entré quatre mil hommes à Montauban et plus de deux mil qui y estoient desjà et que la ville estoit très bien munie de tout. Il dit qu’à son partement il apprist que les forces de Sa Majesté estoient de près de trente mil hommes. Il passe tous les jours des trouppes qui se vont rendre à l’armée de Monseigneur le comte de Soissons qui est à présent à La Jarriée. Vers le six ou 7e du courant arrivèrent dix gualères à Royan, mais elles ne firent que mouiller l’ancre et tirèrent à Bordeaux, où on a creu ici que le Roy estoit venu en poste, mais ce bruict ne continue pas, et au contraire qu’il n’a pas quitté son siège de St-Anthoni lequel nous n’apprenons point encore certainement rendu. Un passant passant qui venoit de l’armée de Sa Majesté nous dict que le bruict estoit que Sadite Majesté pourroit prendre la route de Millau en Rouergue, mais cela est fort incertain. M. de La Forest avoit faict demander un passeport pour venir en Poictou en sa maison avec sa famille pour se divertir un peu et esloigner sa veüe de tant d’horribles spectacles. Il ne l’a pas obtenu pour luy mais bien pour Madame sa femme. J’appren de La Forest-sur-Saivre que pour certain Lescure a eu la teste tranchée à Bordeaux et ses despesches bruslées par arrest. On tient que M. de La Noüe142 est rentré dans La Rochelle et depuis pris quelques deniers qu’on menoit à Monseigneur le Comte, pour le moins aulcuns disent XLVM . 142 Claude de La Nous, seigneur de Montreuil-Bonnin, fils d’Odet de La Noue. 81 Je vous rens très humbles grâces Monseigneur de l’honneur que vous me faictes de m’entretenir du traitté que vous avés faict avec le Sr. du Marais pour l’office de lieutenant général en vostre comté de Laval143, et ne faudray à informer Madite Dame vostre mère lorsque nous pourrons luy parler d’affaires de vostre intention touchant vostre géole et conciergerie dudit lieu ainsi que vous me le commandés affin qu’on n’y presse rien. Depuis sa maladie, il ne nous est rien arrivé d’extraordinaire en vos affaires. Les fromemnables de ce duché n’ont point diminué par la malice du temps, mais augmenté de quelque chose contre oppinion et apparence. J’y ay assité aux baux comme je fay à tout ce qui importe en quelque sorte vostre service. Sans mentir la longue maladie de madame vostre mère nous trouble, non Monseigneur que vous ny Madame ny ses amis ayés rien à craindre de la suitte si Dieu n’envoye de bien fascheux accidens, mais elle est fort foible et changée. Madame de Schelandre a promis de faire les observations pour les jours de sa maladie et les escrire à Sedan, à quoy je m’asseure elle satsifera. Le prévost de ce lieu est tousjours prisonnier à Poictiers où le présidial l’a tenu jusques à présent. Il a eu recours au conseil pour obtenir une jussion et estre mendé /4/ à Paris, cependant on travailloit à ouïr des tesmoins pour juger le procès. J’obmettois à vous dire Monseigneur que madite Dame vostre mère n’a point voulu encore faire voir l’estat de la guarnison nouvelle et que le marquis de Maloze est dedans Montauban. Madamoiselle envoye à M. de Schomberg. Le Sr. de La Chesnaye, le cadet, va maintenant à la messe, comme faict le Sr. Arnaud le cappitaine et assés d’autres de cette sorte. Vous verrés, Monseigneur, par un mémoire faict par M. d’Issodeau et signé de luy et de M. Brusse l’estat de la maladie de madite dame jusques à ce jour. Dieu luy redonne bien tost sa santé, vous augmente la vostre, celle de Madame et de Monseigneur le prince et me faire la grâce d’estre tousjours recognu de vous, Monseigneur, par Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray A vostre Thouars, le 29 juin 1622. Archives nationales 1 AP 357/79 2 novembre 1622 – Thouars à Henri de La Trémoille Monseigneur, Le jour mesme que partit de ce lieu Verdelet, arriva sur le soir une lettre du Sr. Nicolas Le Prince144 de le somme de quinze cens livres payable à huict jours de veüe à Paris par le Sr. Le Brun à moy ou à mon ordre vous m’avés donné celuy de l’addresser à Monsieur de Netz et pour obéir à vostre commandement Monseigneur je luy envoye ladite lettre de change avec une lettre d’avis et deux de moy, l’une pour luy et l’autre pour ledit Sr. Le Brun, lequel je supplie de faire bon payement de ladite somme audit Sr. de Netz en mon absence et pour oster toute occasion de double et difficulté que pourroit trouver un mauvais payeur sur ce qu’il pourroit dire, ne recognoistre point mon escripture pour estre privée j’envoye ma procuration audit Sr. de Netz pour recevoir ladite somme, en donner argent ou acquists et à faulte de parent faire faire toutes significations et sommations nécessaires et tout cela de peur que de ce qui deppend de moy vostre service ne soit retardé d’un seul moment. Le mesme jour arriva aussi Monseigneur à Madame vostre mère un gentilhomme appellé M. de La Vionnière, cy-devant intendant des affaires de feüe Madame la duchesse d’Auville, avec lettres et créances de la part Monsieur le duc de Rouannois145. Madite dame vostre mère me commande de vous 143 Dans sa lettre du 6 juin 1622 à sa mère Henri de La Trémoille annonce à celle-ci qu’il a traité pour cette charge avec Pierre Marest, fils de Jean Marest, sieur de La Tremblaie. Archives nationales, 1 AP 393/113. 144 Nicolas Le Prince était un marchand flamand protestant qui vécut à Saumur entre 1610 date du baptême du premier enfant né en cette ville de son mariage avec Angélique Baus et 1631 année de son décès. 145 Louis Gouffier (1575-1642), duc de Roannez ou de Rouannois, seigneur d’Oiron. 82 envoye coppie de ladite lettre qui sera cy-incluses et sa créance estoit de la supplier très-humblement de la part de mondit Sr. de Rouannois de luy dire qu’elle grattiffication /2/ il devoit attendre pour les rachapts qui vous estoient avenus par le décès de feüe Madame sa tante et ce qu’elle ou vous auriés agréable de luy remettre soit le tiers ou la moitié affin qu’après que madite Dame et luy se seroient enquis de la juste valeur des terres, et sçachant sur cela ce qu’il auroit à fournir la grattiffication desduiste. Il le fist tenir prest à jour dit, et empescher qu’aulcuns créanciers ne l’arrestassent. Qu’il laisseroit homme au païs qui recevroit les commandemens de Madame vostre mère durant qu’il feroit un voyage à Paris où il voudroit pouvoir servir avec toutes sortes d’honneurs et complimensque j’obmetz. Surquoy madicte Dame luy fit dire qu’elle vous en escriproit, Monseigneur, pour apprendre vostre intention là dessus. Elle m’a présentement faict l’honneur de me dire qu’elle vous en touchoit quelque chose, mais qu’elle le remettoit à ce que je vous en escrirois comme l’en ayant entendu parler, de sorte qu’elle estime qu’il seroit à propos que Vostre Excellent luy fist responce sur ce subject qui […] peust faire voir affin qu’en cette occasion ou mondit Sr. de Rouanois supplie et requiert montant ce semble pour la valeur de la grattiffication qu’il espère estant à présent très riche et accommodé que pour s’approcher honnestement il y fut d’aultant plus convié par vostre lettre à Madite dame vostre mère en laquelle vous feriés voir et cognoistre vostre volonté sur cela en disant la grattiffication qu’il vous plaist faire à présent ou la remettre à madicte Dame ou en quelque sorte à luy mesme, à ce que je puis apprendre les deux terres qui despandent d’icy ne sont pas de grande valeur, celle qui dépend de Thalmond est meilleure. Il a tesmoigné à madite Dame beaucoup d’affection et de soing avant, durant et depuis sa maladie et à présent ce moyen semble arriver à propos pour l’obliger puisqu’il requiert ainsi ce qu’il ne fit pas après le décès de desfuncte Madame de La Rochepot146, car il enjoignit à ses fermiers de payer entièrement ce qu’ils debvoient /3-81/ dont il vous peut souvenir. Vous en ferés scelon vostre prudence. Monsieur de Plessis-Bellay a présenté à Madame vostre mère compte portant ses advances qu’il a faictes à l’entretenement de la guarnison de Taillebourg depuis que vous arrestates ce qui luy estoit deub durant le séjour que V. E. fit audit Taillebourg jusques an temps qu’il en fut sorti sans y comprendre le mois dont il fut payé du Roy et les deniers que sur icelles il a receus ou des vantes de Brisambourg soubs vostre procuration ou d’ailleurs par vostre commandement. Il a aussi employé en son compte en en despense la somme de douze cens livres pour deux ans de vostre estat de gouverneur dudit Taillebourg dont il n’a rien receu sur vos blancs, lesquels il a rendus. Il employoit aussi la somme d’onze cens tant de livres pour pareil temps de deux ans de l’ancien estat de sept soldats entretenus audit Taillebourg dont aussi il n’a receu aulcune chose ainsi qu’il a faict voir par les sommations faictes aux trésoriers parroiciaux, mais madicte Dame a mis cet article en sursiance attendant de sçavoir vostre intention d’aultant que les comptes précédens par luy rendus n’ont donné aulcune lumière ; telle n’étant point arrivée cy-devant. Celuy que Madame vostre mère avoit envoyé en Bretagne vers MM. de La Mothe et des Hayers pour les haster est de retour. Il rapporte de bouche que nous aurons icy l’un et l’autre cette sepmaine et une lettre dudit Sr. de La Mothe à madite Dame qu’il sera icy dedans trois ou quatre jours et à moy qu’il ne m’escript rien remettant toutes choses à la vive voix. Je croy qu’ils apporteront de l’argent ou auront ordre pour en faire tenir à Paris, Madame le commandoit ainsi au Sr. des Hayers. Je ne manqueray Monseigneur à vous informer de ce qui se passera en leur voyage. Madite Dame continue à toutes occasions d’escrire à Paris pour vos affaires dont elle a un très grand soing, mais vous en avés assés de cognoissance. Il ne s’est rien passé de deçà en vos affaires d’ailleurs qui mérite de vous /4/ occuper en sa lecture des publiques nous n’en avons rien que de Paris d’où vous avés plustost et plus souvent des nouvelles que nous chacun en escript la paix ; et de Poictiers on dict la memes chose mais non quelle paix si générale ou pour le Languedoc seulement ny à quelles conditions. Dieu la veuille donner bonne par sa grâce et remettre tout en repos. Il y a deux jours que M. de Beauvois, gouverneur de Montreuil-Bellay, passa par icy et fist voir à Madamoiselle une lettre d’un sien amy, laquelle il avoit receüe à Marans d’où il venoit, par laquelle on luy mandoit que jeudy et vendredy il y avoit eu un grand combat sur la mer près de Ré, auquel 146 Jeanne de Cossé, mère du précédent, veuve en premières noces de Gilbert Gouffier, duc de Roannez, épouse en secondes noces d’Antoine de Silly, comte de La Rochepot. 83 Messieur de Guise et de La Rochefoucault, qui estoient dans un vaisseau appellé Nostre Dame, furent attaqués par le vice-amiral des Rochelois appellé Marquin et les autres vaisseaux tant d’une part que d’autre faisans bon debvoir de combattre que six vaisseaux des Rochelois furent calés à fort et autres bruslés d’un et d’autre costé ledit Marquin pris prisonnier par mondit Sr. de Guise, qui quitta ses armes pour prendre une p[…] avec cinquante autres de La Rochelle et que de l’autre part […] personnes de marque. M. de Viceguerre qui avoit un des premiers commandement soubz M. de Guise avoit esté tué et aussi M. le chevalier de Tenie aultrement commandant de Villegua qui commandoit dedans Thalmond. Voyla à plus près la teneur de la lettre ainsi que je l’ay appris par ceux qui l’ont entendu lire. Si j’eusse peu voir ledit Sr. de Beauvois je luy eusse demandé coppie pour vous l’anvoyer. D’ailleurs le séneschal de Bournezeau arriva hier de sa […] qui dit qu’on ne s’est point encore battu et qu’un courrier passa vendredy qui tiroit vers Nantes pour dire à M. de Guise que la paix estoit faicte. Tousjours est-il très vray que jeudy et vendredy vers Fontenay, Niort et aux environs on ouït continuellement un bruict de canonades. Vous estes au lieu Monseigneur où vous pouvés prendre des bons et salutaires advis pour les procédures dont vous userés sur cette nouvelle de paix si elle est véritable et les […] que vous tiendrés pour remémorés à Sa Majesté les promesses qu’elle /5-82/ vous a faictes pour la restitution de vos places dont et particulièrement pour Taillebourg. Elle donna parole à Madame vostre mère au camp devant Royan et à vous de Vitré lorsque vous estiés près de Sa Majesté et la suivite jusques à Barbesieux. Je ne sçay si Monseigneur le Prince qu’on dit estre parti pour aller à Lorette147 n’aura point en mémoire avant son partement des promesses avec serment qu’il fit à M. de La Bauge et depuis à M. de Pontaubray qu’incontinent qu’il verroit les affaires accommodées il vous feroit rendre vos maisons sans délay. Je croy que Madame vostre mère vous escript son sentiment sur ce subject. Si je sçavois les conditions et circonstances particulières du traitté, je prendrois la hardiesse de vous dire le mien, mais en tout cas sçay-je que vous recognoissés très-bien combien cela vous est important, et que vous jugerés assés que lorsque le temps sera propre pour en faire les demandes on ne doibt le laisser écrouler, mais encore en reviens je à ce point que vous estes à la source des bons et sages conseils. Icy tout va à l’ordinaire en repos Dieu mercy et vous et le soing de Madame vostre mère. Et cette province a depuis longtemps demeuré bien tranquille. Madame vostre mère et Mademoiselle sont en très bonne santé, Dieu mercy, que je prie pour la conservation et augmentation de la vie de Madame, de Monseigneur le prince et de tous les vostres et qu’il vous face recevoir les advantages que vous mérités scelon les souhaits, Monseigneur, de Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray A Thouars, le 2 novembre 1622. Archives nationales 1 AP 357/80, 81 et 82 7 novembre 1622 - Thouars à Henri de La Trémoille Monseigneur, Cette voye est grandement pressée pour moy qui ne la sçay que peu avant le partement du porteur cepandant puisque vous m’avés commandé de n’en laisser passer, je vous diray que depuis quatre jours M. de La Motte est en ce lieu d’où il doibt partir demain pour retourner chez luy. Il nous donnoit espérance de venir par l’homme que Madame vostre mère luy avoit envoyé. Elle luy a commandé de dresser les estats du revenu et employ diceluy de vos terres de Bretagne et des ventes 147 A la suite des erreurs stratégiques répétées du prince de Condé lors du siége de Saint-Antonin et devant Montpellier, Louis XIII avait confié le commandement de l’armée à Lesdiguière de retour du Dauphiné et s’apprétait à conclure la paix. Pierre CHEVALLIER, Louis XIII, roi cornélien, op. cit., p. 235. 84 qui y ont esté faictes à quoy il a satisfaict. Il n’a aulcuns deniers entre ses mains. Vous en verrés, Monseigneur, le particulierpar les états qu’il en a dressés et pareillement de ce que Vostre Excellence peut toucher de net et clair aux dites terres pour le terme de Noël de la présente année et aussi ce qu’il estime à propos d’estre acquitté sur cela. Le Sr. des Hayers est aussi venu au mandement de madite Dame vostre mère et apporté la somme de deux mil deux cens livres, laquelle il dit et soustient estre plus qu’il ne doibt de sa ferme, laquelle expire en avril prochain et de cela a donné un estat sommaire depuis octobre 1621 jusques à présent que je n’ay rien touché pour toute cette année là que ladite somme de deux mil livres dont je luy ay baillé récépicé /2/, le reste du montant de sa ferme ayant esté employé en réparations et menus frais. Monsieur de La Motte asseure qu’incontinent qu’il sera dedans le païs il vous fera tenir Monseigneur la somme de trois mil livres s’il n’apprend point de Paris ou de ce lieu que vous soyés parti pour venir et s’il sçait que cela soit il envoyera ladite somme icy ou à Paris s’il en a ordre, et asseure aussi qu’à Noël il fera tenir où il vous plaira la dernière année qui escheu à ce temps là de la terre de Quintin. Pour moy, Monseigneur, j’ay faict ainsi que vous m’aviés commandé tenir à Paris une lettre de change à M. de Netz de la somme de quinze cens livres dont vous aurés je m’asseure bientost nouvelles, et feray tousjours ce que je pourray pour ne manquer en rien à effectuer vos commandemens. Hier, Madame vostre mère receut le Sr. de La Rivaudière148 avec les bonnes chères et agréables nouvelles de vostre santé, de Madame, de Monseigneur le Prince et les promesses que vous luy faictes que bien tost elle jouira du contentement de vostre présence. Elle se resjouit et Mademoiselle extrêmement en l’attente de cette veüe et tous vos serviteurs en ont des joyes qui ne se peuvent exprimer, moy particulièrement qui attens avec une ardente impatience cet honneur. Ledit Rivaudière nous apporte quelque bruict de la paix, mais non rien de si certain que Madame vostre mère en receut hier par le Sr. Peussier qui revint de La Forest-sur-Saivre de voir M. du Plessis qui fait sçavoir à madite Dame que S. M. entra à Montpellier le 20e du passé seulement et que dans la fin du mois elle pourra estre à Lyon que les choses se sont bien passées à l’entrée de Sa Majesté audit Montpellier, qu’un soldat qui avoit faict insolence fut pendu sans rémission. Vous en sçavés Monseigneur plus de particularités que nous. Ledit Sr. de La Rivaudière a aussi apporté vostre rattisfication Monseigneur /84/ du contract que Madame a eu agréable de me passer pour ce qui m’est deub et la descharge qu’il vous a pleu m’envoyer dont je vous remercie très humblement, Monseigneur et vous supplie très-humblement de croire que je n’ay en cette affaire aulcun mien advantage, mais pour principal but vostre service m’asseurant d’ailleurs que vous aurés soing de moy comme de celuy qui veut vire et mourir, Monseigneur, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Thouars, le 7 novembre 1622. M. de Guise a pris le Rocher de La Dive. Rien ne s’est faict sur mer depuis mes dernières qui sont venu à ma cognoissance. On dict qu’un courrier du Roy est entré à La Rochelle. Archives nationales 1 AP 357/83 et 84 31 décembre 1622 – Thouars à Henri de La Trémoille Monseigneur, Nous attendons et prions pour l’heureuse arrivée de Madame et Monseigneur le prince. Nous n’avons point encore avis du jour que nous serons honorés de leur veüe. Ils trouveront icy Madame 148 Urbain Turpin, seigneur de La Rivaudière dans la paroisse de Chevaigné au nord de Rennes. Abbé GUILLOTIN de CORSON, Les Grandes Seigneuries de Haute-Bretagne, Réédition de l’édition originale de 1897-99, Le Livre d’Histoire, Paris, 1999, 3 vol., tome I, p. 391-396. 85 vostre mère et Madamoiselle en très bonne santé Dieu aydant elle est telle à présent. Il ne s’est rien passé en vos affaires de deçà, Monseigneur, lesquelles coulent à l’ordinaire. Je croy que d’ailleurs on en donne advis à Vostre Excellence quand quelque chose survient de nouveau. Nous demeurons tousjours en l’espérance laquelle vous nous avés donnée d’estre bientost honorés et bienheurés de vostre présence en ce lieu ou et par tout ailleurs Dieu ait soing de vous et vous soit en conduite, vous faisant recevoir tous contentemens et satisfaction scelon vos souhaits et mes prières. L’approche du Roy vers Paris vous apprendra toutes nouvelles, Monseigneur, tant du général que de vos affaires particulières. Je m’asseure que M. de La Bourdillière n’aura pas obmis à luy remémorer comme il s’est rendu guarent et caution de toutes vos maisons et de bouche /2/ et par escript. Il est vray que depuis ses promesses et asseurances on s’en est asseuré, mais tousjours demeure il engagé et à grande occasion de s’employer à ce que promptement elles vous soient rendues, mais je n’estime point que rien soit si ferme que la parole de Sa Majesté à laquelle vous avés tenu la vostre et rendu de grands services par vostre obéissance qui mérite non seulement la restitution de ce qui est vostre, mais des recognoissances et biens faicts qui puissent estre un exemple à tout le monde puis que tout le monde a cognoissance de vos procédures, ayant tousjours demeuré et suivy une mesme route. M. du Heaume sçait si particulièrement l’estat du lieu où il vient et des environs que je n’entreprendray pas de rien adjouster à ce qu’il en peut dire. Cette province n’est pas en petite peine de l’avis qu’elle a receu de Guyenne et Xaintonge d’une résolution prise au conseil de mettre quelques imposition sur le sel et mesme de ce que desjà on dit qu’on n’en laisse point enlever des salines sans une levée de cinquante sols par mois. On se délibère à Poictiers de s’y opposer avec les desputés des lieux susnommés par requeste vers Sa Majesté et remonstrances des causes et raisons de leurs exemptions, cepandant ils appréhendent que duranr le temps qui leur sera nécessaire pour se pourvoir on ne passe oultre et mesme qu’on leur dit que desja il y a commissaires nommés et partis pour faire ladite imposition. Hier passa en ce lieu un gentilhomme de M. du Plessis retournant de Lyon et Grenoble, d’où il partit avec M. de Lesdiguière qui y a /3/ laissé M. le comte de Sault 149 pour avoir principalement esguard à l’arsenal dont MM. de la cour de Parlement ont instamment poursuivi la démolition vers Sa Majesté, jusques là que n’ayons rien peu d’eux mesmes ils ont faict intervenir les gens d’Eglise particulièrement les cordeliers faisant plainte qu’il estoit basti en leur terre de tout temps destinées pour servir d’emplacement à leur église. On dit que cela ne fut pas porté aux aureilles de Sa Majesté sans induction d’ailleurs et promesse d’estre favorablement escoutés, mais la présence de mondit Sr. le Connestable l’a emporté dessus tout et l’arsenal demeure. Je ne vous di point, Monseigneur, que MM. les comtes de Sault et d’Orval vont à la messe non plus que plusieurs autres petites choses que nous avions desjà apprises par Paris, vous le sçavés plustost que nous. Ce gentilhomme rapporte que le duc de Savoye150 fit une très belle harangue au Roy pour l’exhorter à la guerre de La Valteline. Il fut très bien entendu tant qu’il parla de cela, mais interrompu par Sa Majesté lorsqu’il demanda permission d’assiéger Genève, laquelle luy desfendit en disant qu’elle ne luy permettroit jamais, la résolution de cette guerre pour l’assistance des alliés est remise à Paris. M. de Rohan et ses gens estoient à Lyon avant le Roy pour poursuivre le payement de ce qui leur a esté promis. Il tesmoignent estre en peine de ce qu’il avoit à faire ou de retourner en Languedoc ou de suivre le Roy jusques à Paris. Il ne disoit point encore son intention sur cela. M. de Soubize estoit encore au païs ces derniers jours. Monseigneur le comte de Soissons et MM. le cardinal de Sourdis, de La Rochefoucault et de St-Luc ont passé à Poictiers pour aller à Paris. Voyla Monseigneur ce que /4/ nous avons quant à présent. C’est pourquoy il ne me reste qu’à adjouster mes prières à Dieu pour la santé et prospérité de Vostre Excellence à laquelle je rendray toute ma vie avec fidélité et affection entière les très-humbles services que je doibs en qualité, 149 François de Bonne de Blanchefort, comte de Sault, fils de Charles de Blanchefort, marquis de Créquy et de Madeleine de Bonne, était le petit-fils du maréchal de Lesdiguières. 150 Charles Emmanuel, duc de Savoye, était venu rencontrer Louis XIII à Avignon. Pierre CHEVALLIER, Louis XIII, roi cornélien, op. cit., p. 241. 86 Monseigneur de, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray A Thouars, le dernier jour de l’an 1622. Archives nationales 1 AP 357/85 1623 Au début de l’année, Henri de La Trémoille était à Paris pour obtenir la restitution de sa principauté de Talmont, de ses baronnies de Mauléon et de Vitré et de son comté de Taillebourg, saisis sur l’ordre du Roi en 1621 et 1622. Louis XIII lui rendit Talmont, Mauléon et Vitré. Marie de La Tour d’Auvergne accoucha à Thouars au mois de mars d’une petite-fille qui ne vécut que quelques mois. An mois de mai, Henri de la Trémoille partit à Vitré alors que son épouse et sa mère se rendaient à Sedan pour aller réconforter la duchesse de Bouillon, inconsolable depuis le décès de son époux le 25 mars 1623. Marie de La Tour d’Auvergne revint à Thouars à la fin du mois de juillet. Le 2 août, elle partit en Bretagne rejoindre son époux. Elle arriva à Laval le 7 août. A la fin de l’année, le duc de La Trémoille présida pour la troisième fois l’ordre de la noblesse aux Etats de Bretagne151 qui se tinrent à Nantes du 28 novembre 1623 au 27 janvier 1624. Le 6 décembre, les Etats lui proposèrent d’accepter la démolition du château de Châtillon-en-Vendelais, moyennant une indemnité de 30 000 livres. Mercredi 4 janvier 1623 - Thouars à Monsieur de Rozemont (?) Monsieur, Hier 3e, je receus à mesme temps deux pacquets de vous : l’un par le nepveu de M. Bonne152 et l’autre par la voye de Chinon. Au premier estoient une lettre de Monseigneur à Madame sa mère, une à M. du Monceau, un mandement à moy pour ouyr et arrester les comptes des fermiers des terres de Monseigneur qui sont en Bretagne et au Mayne, une lettre de vous à madicte Dame, une de M. Brusse à elle mesme, et une à Madamoiselle, une à M. de Pontaubré, et celle que vous m’escrivés par commandement de Monsseigneur avec les actes que Monsieur de La Motte luy a envoyés concernant l’affaire et demande de M. de Foulgeray. Je vous particularise toute ce que dessus d’aultant que le pacquet dudict nepveu dès le 12e novembre et rendu par luy le jour susdict seulement, il semble n’estre pas hors de propos de vous détailler ainsi tout ce qui estoit dedans. Au second pacquet estoient seulement deux lettres de vous, l’une à moy l’autre au Sr. Favereau. J’ay rendu à Madame celles qui s’addressoient à elle, et ay adjousté à la vostre de bouche ce que vous me mandés pour luy dire. Elle me tesmoigne de la satisfaction de l’un et de l’autre. J’ay pareillement rendu les autres scelon leur addresse hormis celle dudict Sr. Favereau que M. de Champdor luy a envoyée. J’escriray du mandement et actes susdicts suivant les commandemens de Monseigneur. C’est à dire après que j’auray receu ceux de Mesdames, mais vous aurés seu par l’estat de Monsieur de La Motte, dont Madame a envoyé coppie à Monseigneur la response à cela. C’est à dire la raison qu’il rend des deniers de toutes les fermes. Pardonnés-moy si je vous dis que vous me faictes peine de me faire excuse de vos lettres qui sont très bonnes et qui m’apportent beaucoup de continuité, et lesquelles je reçoy à honneur. Je 151 Par l’institution des Etats, la noblesse bretonne moyenne dans une certaine mesure pouvait faire entendre sa voix. Ce qui explique l’intérêt pour un grand comme Henri de La Trémoille d’y présider l’ordre de la noblesse pour renforcer son réseau de clientèle et de fidélité. 152 Nicolas Bonne, originaire de Turenne, était à Sedan l’apothicaire d’Elisabeth de Nassau qui le cite fréquemment dans ses lettres à sa sœur la duchesse de La Trémoille. Nicolas Bonne fut inhumé le 13 février 1630 à Sedan. 87 devrois bien plustost vous en faire des miennes si mal raisonnées et escriptes, mais je m’asseure que la bonté de mes amis supplée à mes deffaulx, laissés donc ces cérémonies s’il vous plaist, et m’aimés. J’estime que le réuny qu’a faict Monseigneur du différent de MM. de Vautorte et Marest à MM. de son conseil de Paris les oblige l’un et l’autre à leur oster les moyens d’entrer en un procès où à mon advis Robin auroit bien trouvé Marion, car ils sont assés apprès vous deux. M. de La Motte m’a dict qu’il n’avoit aulcune quittance de M. de Netz de la somme dont vostre lettre faict mention. Il a assuré, Madame, qu’il vouloit sortir des comptes qu’il a à rendre au plustost et cela pour /2/ respondre à ce que vous m’en escrivés. La présence de Monseigneur à Paris, où on nous dict qu’il est à présent, pourra terminer l’affaire contre Mlle de Montpensier à metre ordre aux autres. J’escri à M.. Malherbe ce que j’estime des nouvelles prétentions du Sr. Clercelier en qualité de cessionnaire de M. le duc de Chevreuse et si je ne revivatre bien j’en suis bien marry, mais aussi ne sçai-je point le vray et mérite d’icelles. Le Sr. Favereau a à présent receu vos lettres. Je ne sçay si son traitté avec le Sr. Quentin réussira. C’est une histoire qui mérite la vive voix et est bien malaisé que les choses ainsi prises s’effectuent. Je croy bien ce que vous me dites que Madame n’en a point escript en sa faveur. MM. de La Mazure, de La Salle, de Champdor et tour nostre monde vous baisent les mains et vous remercient de vostre souvenir. Je n’ay rien à présent à escrire à M. Le Maistre et aussi j’espère que nous aurons bientost Monseigneur et vous tous. Je suis et seray tousjours son serviteur très humble, et vous supplie aussi de croire de mesme que je suis, Monsieur, Vostre bien humble et très-affectionné serviteur. d’Iray e A Thouars, le 4 jour de l’an 1623. Archives nationales 1 AP 357/86 Samedi 28 janvier 1623 - Paris à Monsieur de Champdor Monsieur, J’ay receu celle qu’il vous a pleu m’escrire par Goublet avec le lettre que M. de La Mothe escript à Madame sur les rencontres arrivés en la ferme de la baronie de Vitré dont les affaires de Monseigneur ont receu des advantages. Depuis mes lettres escriptes à Mesdames, je luy en ay parlé et il en tesmoigne de la satisfaction. Je croy qu’il leur fera entendre luy mesmes. Je luy ay aussi dict quelque chose touchant les plainctes que faict mondit Sr. de La Mothe à Madame de vostre lieutenant de Laval. Il dict n’avoir ouy parler de cela et a regret de voir tant de division partout. M. de La Mothe ne luy en a point encore escript. M. du Chastelet 153 fut tout hier depuis le matin jusques au soir avec luy, il m’a faict l’honneur de me dire qu’il se pleut à son entretien. Je ne doubte point que vous ne voyés mes lettres et par icelles que vous n’appreniés comme j’ay trouvé icy toutes choses. Je n’ay point encore veu M. de Netz depuis la réception de la vostre pour sçavoir s’il n’a pas baillé les lettres à Madame la duchesse de Guise. Vous y verrés aussi que MM. de La Haye et de Villars ne sont plus capables de rien faire en l’affaire de la restitution des maisons. Nous avons eu tant d’affaires aujourd’huy qu’il m’a été impossible d’escrire à M. de La Mazure. Je vous supplie très humblement de luy baiser et à Mlle sa femme très humblement les mains de ma part. J’en présente aultant à Monsieur et Mlle du Plessis et leur suis à tous très humble serviteur. 153 Paul Hay (1592-1636), Sieur du Chastelet, fils de Daniel Hay, Sieur de La Motte et de Gillette de Pélineuc, après avoir été conseiller au Parlement de Bretagne (1616) puis avocat-général à ce même parlement (1618), remarqué par Louis XIII, avait décidé de quitter la Bretagne pour poursuivre sa carrière à Paris. Frédéric SAULNIER, Le Parlement de Bretagne 15541790, op. cit., tome II, p. 488-492. 88 Je ne crois pas que nous facions icy long séjour. Nous avons à présent et j’estime que vous aurés bien tost Monseigneur le Comte grandement creu, haussé et de très bonne grâce. Chacun en a receu une grande satisfaction, Monseigneur particulièrement en a eu de la joye. Dieu les veuille conserver tous deux. Je vien présentement de voir le pauvre Sr. Demeufves154. Il dit qu’il ne peut rendre les papiers qu’il ne soit hors de prison et Monseigneur veult qu’il commance à les rendre et puis qu’il luy aydera, certes c’est pitié. Le temps me presse et suis contrainct de finir en vous remerciant de vos bons offices et vous assurant que je vivray et mourray véritablement, Monsieur, Vostre bien humble et très-affectionné serviteur. d’Iray e Paris, le 28 janvier au soir 1623. Archives nationales 1 AP 357/87 Samedi 28 janvier 1623 - Paris à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Hier, sur les trois heures ou quatre du soir, arriva en ce lieu Monseigneur le Comte155 en très bonne santé grâces à Dieu. Ceste nouvelle est trop bonne et vous apportera trop de joye pour ne vous estre escripte que de moy, Monseigneur et luy sans doubte vous la diront assés en leur grande joye mutuelle de leur entreveüe. La mienne en est telle Madame que je ne puis commancer mes lettres par un autre discours. Monseigneur apprist jeudy à deux heures après midy par M. de Chasteauneuf 156 l’arrivée de Monseigneur le Comte à Montataire, dès lors il luy envoya le carrosse de Madame la Princesse avec MM. de St-Marsolle et de Mazeuil. M. de Montataire le retint chez luy tout le jeudy. Il est aussi puissant que M. de St-Marsole, mesme plus hault. Je croy que vous aurés bientost le conatantment de sa veüe. Il a couché avec Monseigneur et depuis qu’ils sont ensemble il n’y a eu moyen de les divertir tant soit peu pour leur parler. Il n’a amené avec luy depuis Boulogne que M. de Chasteauneuf, un gentilhomme flamand qui doist demeurer icy et un homme de chambre. Je di de son train car M. le baron de Montataire est venu des Païs-Bas avec luy. Ses lacquais se sont rendus les premiers. M. Berthold pourra estre icy aujourdhuy avec le bagage, le Sr. Inguel fut laissé pour recevoir quelque argent. Il n’a peu joindre. Messeigneurs virent dès hier ensemble Madame la Princesse, mais non encore le Roy qui est absent à la chasse et ne sçait on où depuis mardy ayant desfendu à tous les grands de suivre. J’ay trouvé icy un estrange changement aux affaires publiques, M. de Tronson, secrétaire du /2/ cabinet eut commandement de porter une lettre de Sa Majesté à M. de Schomberg157 portant créance à sçavoir qu’il retournast en sa maison sans en partir pour retourner en Cour qu’il n’eust commandement de Sa Majesté qui auroit soing de ses enfans, et incontinent ledict Sr. de Tronson fut 154 Philippe Demeufves, le chargé d’affaire des La Trémoille à Paris, avait été emprisonné pour avoir acheté une maison à Conflans que désirait le Premier président au parlement de Paris. Ses officiers firent courir le bruit que Demeufves avait acheté cette maison pour y faire célébrer le culte et l’accusait d’y vouloir accueillir des gens d’armes. Demeufves fut arrêté et interné au Châtelet. Les archives de France à la cote 1 AP 347 conservent les lettres qu’il adressa à Charlotte-Brabantine de Nassau pour que celle-ci lui viennent en aide. Ces lettres font apparaître que les membres du conseil des La Trémoille n’intervinrent guère en faveur de Demeufves, voyant en cette affaire le moyen de s’en débarasser. 155 Frédéric de La Trémoille après une absence prés de trois ans venait de rentrer en France. 156 Charles de Marconnay, sieur de Châteauneuf, d’une famille huguenote du Mirabelais. Il avait accompagné en 1620 Frédéric de La Trémoille pendant son Grand Tour qui fut interrompu par la bataille de la Montagne blanche et avait continué à veiller sur lui pendant son séjour en 1621 et 1622 aux Provinces-Unies. 157 Pressé par les ministres, Louis XIII le 20 février 1623 avait démis Schomberg de sa charge de surintendant des finances qu’il assumait depuis 1619. 89 aus logis de MM. les intendans et arresta leurs papiers leur enjoignant de par Sa Majesté de ne sortir de leurs maisons sans en avoir permission d’elle. Mardy dernier la superintendance fut baillée à M. le marquis de La Vieuville, le contrerolle général que tenoit M. de Castille à M. de Champigny et M. du Beauclair faict intendant, depuis M. le président de Chevry a esté restably et M. de Castille remis en sa charge première d’intendant. Le mesme jour M. de Loménie porta de la part de Sa Majesté le seaux à M. la Chancelier. Ces changemens ne sont pas désagréables à tout le monde, mesmes plusieurs estiment qu’ils serviront à affermir la paix. La Royne mère a MM. le Chancelier et de Pisieux ont très grand regist près de Sa Majesté, et la Royne mère à ce qu’on dict veult qu’on croye qu’elle a travaillé tant qu’elle a peu à esloigner M. de Schomberg. M. de Caumartin ne la fit pas longue. On dict qu’il n’estoit point serviteur ny amy de la maison. Le Roy depescha ledit jour de mardi un courrier à Monseigneur le Prince, lequel à ce que m’a dict Madame sa mère158 doibt estre à Gennes le 2e du prochain. Il doibt retourner au plustost. Chacun croit que ce pourra estre trop tard. Toutesfois Madame sa mère m’a faict l’honneur de me dire qu’elle a eu de très bonnes paroles de Sa Majesté qui tesmoigne tousjour en eux beaucoup de confiance. On ne parle plus du voyage de Picardie et de Champagne, mais cepandant on croit que Amiens pourra tomber ès mains de M. le duc de Chevreuse qui est veu de très bon oeil de Sa Majesté, mais qu’elle escoute très-volontiers la Royne sa mère et les susnommés sur les affaires. J’ay veu et salué de la part de Vostre Excellence M. le Connestable qui vous baise très-humblement les mains. Madame de Longueville n’est point encore en cette ville. Elle a receu vos lettres à présent. Je tascheray d’en retirer response. J’ay esté plusieurs fois pour saluer de vostre part /3/ Madame la duchesse de Chevreuse, mais elle est quasi tousjours auprès de la Royne. Son secrétaire a eu vos lettres, Madame, pour luy donner et promis d’en envoyer response. Je n’ay point envoyé celle de M. de Schomberg. Monsieur Boutillier vous baise très-humblement les mains, Madame, et proteste qu’il est vostre très-humble serviteur qu’il ne manquera point à l’office que vous désirés de luy vers la Royne-mère, laquelle il dict vous avoir voüé beaucoup d’affection et sans feintise. Il n’a rien dit-il à présent sion à vous renouveller les asseurances de son service. J’ay trouvé à mon arrivée en ce lieu que Monseigneur avoit eu trois lettres de Sa Majesté : une à M. de La Rochefoucault, une à M. de Villegna et une à M. de Rulles par lesquelles elle leur commande de remettre entre les mains de Monseigneur ou de ceux qu’il envoyera pour les recevoir les maisons et chasteaux de Thalmond et Mauléon. Ils demandent quelques jours pour poursuivre le payement de ce qui leur est deub et après promettre de sortir. J’appren aussi et voy que M. d’Oquerre159 a baillé pareille expédition pour Vitré où Monseigneur envoye M. de Mazeuil pour recevoir de M. des Perrières les chasteaux desdits Vitré et de Chastillon-en-Vendelois. Je croy Madame que vous le sçavés par luy mesmes et l’ordre qu’il estime devoir estre guardé pour la conservation. On n’a point encore dressé le petit estat et ainsi l’entretenement des guarnisons pour ces lieux la est à faire. On promet de rendre Taillebourg mais on demande du temps et qu’on ne presse point le Roy à ce que j’appren jusques icy des paroles et estime qu’il fault juger du restablissement de cette place par ce qui se fera au fort devant La Rochelle. On donne pareillement des paroles à M. de Villarnoul pour Saumur. Madame la Princesse m’a dict après avoir veu les lettres, Madame, que Monseigneur le Prince vous a escript et à Monseigneur plus particulières beaucoup que les vostres, et toutes deux de sa main que le restablissement de Taillebourg est l’affaire de Monseigneur son fils. Il fault attendre. J’ay veu M. du Chastelet sur le faict des abbayes. Il faict de grands doubtes pour Thalmond, toutesfois M. le comte de La Rochefoucault en a parlé à Monseigneur ainsi que j’escri à Madame 158 Charlotte-Catherine de La Trémoille, princesse douairière de Condé, belle-sœur de Charlotte-Brabantine de Nassau. 159 Nicolas IV Potier († 1628), sieur d’Ocquerre, secrétaire d’Etat. 90 vostre belle-fille. Il poursuit a présent l’expédition de /4/ celle de Chambon avec promesse du père Saguirant et de M. d’Erbault de l’avoir promptement, pourveu qu’elle soit pour son frère. Sur cela Monseigneur n’avoit point appris vostre intention de sorte que sur la dispute et question de la tenir en confidence ou de la posséder effectivement en vous faisant ordonner une pention mondit Seigneur a consenti qu’il y fist nommer son frère à la charge qu’ayant le brevet et les lettres d’œconomat il luy mettroit tout entre les mains pour en disposer scelon vos volontés ce qu’il a promis. Je croyois Madame que des Thouars vous en aviés demeuré d’accord avec M. de La Mothe et luy auriés faict entendre vostre intention, laquelle M. du Chastelet dict ne point sçavoir sur ce faict. Cette affaire estoit tellement advancé à mon arrivée qu’il n’y avoit à l’advis de tous vos serviteurs de deça aulcun lieu de là retarder sans péril après le brevet et les lettres d’œconomat obtenues elle se conservera bien aisément si on veult. Pardonnés-moy Madame si j’entre si avant en cette affaire mais le zèle ardent que j’ay à vostre service et le mérite de l’affaire me font vous dire qu’il est de vostre prudence d’y aviser de bonne heure. Je m’asseure que M. de La Mothe y fera ce que vous voudrés. J’ay dict icy que j’estimois que vostre intention estoit que cette piéce ne sortist pas de vostre maison, et que je vous avois toujsours ouy parler de la conserver et non de la donner. M. de Chalas et les depputé de Montpellier sont icy, ceux qui les ont ouy parler et discourir de la procédure qu’on a tenu vers eux que cest pitié. Dieu ait soing de tout s’il luy plaist. J’ay dict à Monseigneur ce que vous m’aviés commandé et à Monseigneur le comte de que vous estimiés meilleur de leur demeure ensemble icy. Vous verrés ce qu’ils en escriront à Vostre Excellence et la résolution qu’ils prendront. M. de Lessart est allé vers Madame la mareschale de Chastillon avec vos lettres et celles de Monseigneur pour se condouloir160. J’ay receu Madame celle qu’il vous a pleu me faire l’honneur de m’escrire par Goubelet avec celles que M. de La Mothe vous a escript et à moy (Monseigneur le prie par lettres de sa main qu’il /5/ assiste ledit Sr. de Mazeuil de tout ce qu’il pourra en l’affaire qui le meine) ensemble le mémoire pour faire voir à Monseigneur, contenant ce que vous avés estimé à propos sur le restablissement de ses maisons. Vous jugerés, Madame, qu’il est venu trop tard par ce que dessus, et n’eust pas mesmes esté à temps quand je l’eusse apporté. Je ne l’ay peu encore faire voir à mondit Seigneur ny aulcune desdictes lettres. Il a eu les siennes mais luy et Monseigneur son frère qui ne se quittent point me font craindre que je ne pourray vous renvoyer la lettre de M. de La Mothe. J’y feray pourtant ce que je pourray, mais je prens tant de plaisir à les voir ensemble et faire si bonne chère que je sentirois conscience de les divertir tant soit peu. M. de Lussé et le lieutenant de Laval se plaident icy à la table de marbre sur quelques petites pointilles dont M. de La Mothe vous parla, à sçavoir pour cette harbequze ostée dans les forests à La Frégate qui faict parler de luy. Il seroit à désirer qu’ils fussent accommodés, mais le feu y est encore et d’ailleurs les plaintes que faict M. de La Mothe dudict Sr. lieutenant semblent le presser trop pour y consentir. Je n’ay appris de cela icy aulcune chose sinon par la lecture des lettres de mondit Sr. de La Mothe et l’entretien de MM. du Chastelet et de Lucé. J’ay bien du regret de voir toutes ces divisions et souhaitterois avoir assés d’industrie et de bonheur pour les appaiser. J’en ay trouvé icy une très grande et qui avoit commancé à esclatter, ce qui a présent arrivée tout à faict, c’est entre MM. du conseil sur l’acceptation faicte par Monseigneur du fils de M. Galland à présent les esprits s’accordent mais ne sont encore en l’estat que seroit à souhaitter. Nous ferons tout ce qui se pourra. Ceste acceptation estoit faicte quand j’arrivay et Monsieur Galland parle de cela comme de chose faicte et résolue et suivant laquelle son fils et l’homme qu’il luy donne pour l’assister ont desja plusieurs fois travaillé. Je ne les ay point encore veus ensemble à présent ils se parlent. Je feray entendre ce que vous me commandés, Madame, à Monseigneur touchant la ferme de Vitré aux rencontres de laquelle les affaires de mondict Seigneur s’améliorent. Je n’ay point encore 160 La maréchale de Châtillon venait de perdre sa mère Anne d’Albin de Valzergues, épouse de Gabriel de Polignac, seigneur de Saint-Germain-de-Clan. 91 donné vos lettres à M. d’Herbault, Monseigneur a remis à quelque temps. Il a envoyé dire au Sr. Demeufves qu’il vouloit avoir ses papiers premier que de luy donner de l’argent. Je vous supplie très humblement me pardonner, Madame, si je suis si long, mais à une arrivée il se rencontre tant de diverses choses à dire et à faire qu’on ne peut s’exprimer en peu de paroles, et aussi que vous m’avés commandé d’escrire ainsi. Ma joye me faict finir par ou j’ay commencé et dire à V. E. le contentement que nous avons eu de voir Monseigneur le Comte en si bon estat et heureuse santé. Présentement il m’a faict l’hommeur de me dire le grand désir qu’il a de vous voir avec Madame vostre belle-fille, Monseigneur le Prince et Mademoiselle. Dieu vous conserve tous en bonne et heureuse santé avec contentement et me doint de vous faire voir par mes très humbles et fidèles services que je suis et seray toute ma vie, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Paris, le 28 janvier 1623. Thomas a eu le vent fort contraire et a demeuré fort longtemps sur mer. MM. de La Haye et de Villars vous remercient très-humblement de l’honneur que vous leur faictes et vous baisent très humblement les mains. Depuis ma lettre escripte, j’ay veu MM. de Lucé et lieutenant de Laval qui sont à présent amis et sont d’accord, mais ils n’ont encore rien escript. De peur d’user de redites et de vous importuner, Madame, je ne vous redi point ce que je pourray avoir escript, estimant que vous vous communiquerés vos lettres. Je vous envoye une de Madame la Princesse. Archives nationales 1 AP 357/88 Mardi 31 janvier 1623 - Paris à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Si vous avés veu le Sr. Prévost, chirurgien, il aura dict à Vostre Excellence que nous estimions escrire par luy le 28e , mais sur ce qu’il dist qu’il feroit séjour à Orléans, Monseigneur estime plus à propos que ses lettres et les miennes vous fussent et à Madame vostre belle-fille portées par un de ses lacquais qui vous rendra et celles-cy et les autres ensemble. Depuis celle-là Sa Majesté est retournée de sa pourmenade et Monseigneur le Comte luy a faict la révérence. Monseigneur m’a faict l’honneur de me dire qu’elle l’a très bien veu et reçeu. Je ne sçay quelle résolution ils prendront pour leur partement si ensemble ou séparément. Je n’appren pas qu’on ait parlé de Taillebourg depuis le retour du Roy qui est encore aujourd’huy party pour aller à la chasse. On dressera bientost le petit Estat à quoy il est besoing de veiller à bon escient. Monseigneur à ce qu’il m’a faict l’honneur de me dire a veu MM. d’Erbault et de Beaumarchais161 et n’a point trouvé M. le marquis de La Vieuville. Si aultre fois mondit Sr. de Beaumarchais a eu le vouloir de prendre en payement la partie de XLM livres du don, il a maintenant tout pouvoir de la faire passer, car oultre la charge de M. son gendre il est en année. Présentement, Madame, on a rapporté à Monseigneur que le procès que vous aviés contre Maillet, Sr. de La Morestière, est jugé à vostre profict. L’affaire a esté très bien /2/ sollicitée par Monseigneur en personne et encore par son commandement. On y estoit encore hier au soir à sept heures et maintenant mondit Seigneur retourne de voir et remercier MM. de Bellièvre et Bavin et les supplier de ne point s’arrester ny prester l’aureille aux clameurs dudict Maillet qui n’a arrivé en ceste ville qu’au mesme temps qu’on sortoit de l’audience où il a appris des mauvaises nouvelles qui luy donnent de l’exercice et à ses amis, mais Monsieur le rapporteur Bavin a promis de dresser l’arrest aujourd’huy et M. le président de le signer et faire mettre demain matin au greffe. 161 Vincent Bouhier (1599-1632), sieur de Beaumarchais, était trésorier de l’Epargne et un des principaux financiers de cette époque. Il fut emporté en 1624 par la chute de son gendre, le marquis de La Vieuville. 92 M. Cottière sollicite le restablissement du temple de Tours au lieu où il estoit cy-devant basti. Je ne croy pas qu’il l’obtienne audict lieu, mais on le consent à ce que dict M. le Chancelier en un autre aussi proche et commodes. Cela ne les contente pas. J’ay regret, Madame, de n’avoir plustost escript et de n’escrire plus souvent, mais les occasions manquent. On se doibt assembler jeudy prochain pour aviser aux affaires. Nos MM. ne s’entendent point encore. Nous ferons ce que nous pourrons pour les accommoder. Messeigneurs se portent très bien grâces à Dieu. Vous aurés de leurs nouvelles par eux mesmes. Il ne s’est rien passé depuis mes dernières qui mérite de vous estre escript. MM. les ducs prétendans pairie n’y ont point encore esté receus, leurs contestations pour la promotion et préséance en sont cause. Deux le cèdent à M. de Rohannois qui est opposé par M. de Lavalette fondé paincipalement dit-on sur la volonté du Roy à cause de l’alliance qu’il a prise en se mariant. Nous attendons aujourd’huy M. Berthold. Vous sçaurés sans doubte plus certainement Madame par Monseigneur le comte ce qu’il a résolu pour le temps de son partement. Il ne quitte guère Monseigneur et je loüe Dieu de les voir ainsi mutuellement et fraternellement s’entre aimer scelon mes souhaits. Je n’escri point à Madame vostre belle-fille, d’aujourd’huy, n’ayant rien à adjouster à ma première. Je prie Dieu pour vos santés communes, de Monseigneur /3/ le prince et de Madamoiselle et qu’il me doint d’estre tousjours creu et recognu de vous toute ma vie, ainsi que je suis, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray A Paris, le dernier jour de janvier 1623. Madame, J’ay scelon vos commandemens faict entendre à Monseigneur vos bons advis touchant MM. du Plessis et de La Mothe. Il m’a faict l’honneur de me dire qu’il est tout porté et disposé à faire ce qu’il pourra pour ce qui reguarde le premier à quoy encore vos bon advis et tesmoignages le confirment et résolu de faire pour ce qui reguarde mondict Sr. de La Mothe sçelon ce qu’il vous pleut me dire. On me dict que la calomnie dont il se plainct vient d’un nommé La Frégate, lequel pourtant n’a pas esté si osé d’en escrire à Monseigneur, mais à luy mesmes à ce qu’on nous rapporte, supprimé sa lettre après toutesfois l’avoir monstré à plusieurs. C’est une grande audace et témérité à ce compagnon là. Le lieutenant de Laval s’en deffend. Je luy en ay parlé. Il aura bientost affaire à partie, car M. de Vautorte qui est en dissent avec luy pour les esmolumens de leurs ofices viendra au premier jour. Ils ne sont nullement d’accord tous deux, et Monseigneur leur veult donner un règlement pour l’advenir. Je renvoye à Vostre Excellence la lettre que M. de La Mothe luy a escript. M. du Chastelet a encore veu aujourd’huy Monseigneur qui luy faict tousjours très bonne chère. Archives nationales 1 AP 357/89 Samedi 4 février 1623 - Paris à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Vous me commandés de vous escrire quelle espérance il y a d’estre parés de la somme portée par la rescription de l’espargne délivrée par M. Moiant à acquitter par M. de Villautray et mise ès mains du feu Sr. Charviel vivant commis dudict Sieur luy absent et ce pour partie de ce qui est deub pour l’entretenement des guarnisons de Thouars et Taillebourg. Surquoy j’ay à vous dire, Madame, que la mort dudict Charviel entre les papiers duquel est ladicte rescription a jusques icy empesché le payement de cette partie. Celuy qui a sa charge à présent demande seulement quatre ou cinq jours pour cercher et recouvrer ladicte rescription, laquelle trouvée sera acquittée et payée à M. de Netz incontinent ou en argent ou en seures assignations. Je n’ay veu icy personne qui fust chargé de deffendre et s’opposer à la translation de l’élection de Mauléon à Mortagne. Si quelqu’un se fust présenté à Monseigneur il l’eust assisté et faict assister 93 en tout. Vostre Excellence a grand intérest à mon advis d’empescher en tout ce qu’elle pourra un tel changement. Les esprits de MM. du conseil sont un peu addoucis et commencent à s’approcher. Monseigneur les assemble jeudy dernier où il ne fut pas parlé bonnement de choses qui méritent de vous estre escriptes. Les affaires de Berry, Rocheesnard et bois de Perrettes tinrent quasi toute l’après disnée. J’ay bien du regret que je voye tout aller scelon mes souhaicts. Je ne manqueray jamais à ce que j’y pourray contribuer. Le Sr Demeufves est tousjours en /2/ prison. Il m’a envoyé un mémoire de sa main où il parle de plusieurs pièces qu’il dict importantes, mais non qui les a ny ou elles sont ny ce qu’il y a à faire sur iceluy. Je l’ay faict voir à Monseigneur qui s’en est grandement irritté d’aultant dit-il que par ledict mémoire il recognoist une mauvaise volonté et foy en ce qu’il porte une description desdicts papiers simplement comme appréhendant de s’enlacer s’il disoit qu’il les a. Je luy remontreray le tort qu’il se faict. Il se plainct de MM. du conseil, particulièrement de ce qu’il sçait sa charge occuppée. J’ay bien du regret tant pour le service de Monseigneur si d’avanture il a des pièces importantes que pour son propre bien, de ne pouvoir faire de cela quelque chose d’utile, car Monseigneur veult qu’il commence à rendre les papiers premier que de luy subvenir davantage. J’ay faict voir ledict mémoire à M. Heraud qui asseure que ledict Demeufves n’a point lesdicts papiers, mais bien souvent en telles matières on se peut tromper et faudroit une bonne mémoire pour se souvenir de tout. Il y a fort longtemps que je n’ay entendu parler d’aulcun advancement aux affaires des maisons. Je croy que Monseigneur ira luy mesme vous en dire des nouvelles bientost. Nous ferons aujourd’huy endosser d’un acquit de quatre mil livres la promesse que M. de Netz à de vous Madame de la somme de six mil quatre cens livres cy-devant empruntée pour les affaires de mondict Seigneur et dès l’an 1617. Ledict Sr. de Netz a esté remboursé de ladicte somme de iiij M livres sur ladicte somme de vjM iiijC par le compte qu’il a rendu à Monseigneur de sa négotiation durant trois années et plus lequel a seulement esté signé cejourd’huy. Je vy hier MM. le chevalier de Royan et du Chastelet touchant l’affaire des abbayes de Chambon et Angles. Ils ont promesses, mais la réception de M. du Chastelet en sa charge et l’affaire de son mariage162 dont les résolutions ne sont encore entièrement prises l’empesche de pouvoir vacquer tant qu’il désire audictes affaires. On ne parle point de la charge de M. du Chastillon163 pour s’en desfaire à aulcun, moins à celuy qu’on disoit en avoir la promesse par le traitté de Montpellier. On dict que la paix s’affermit et que hier les conventions avec l’Anglois, le duc de Savoye, les Vénitiens, les Suisses et quelques princes d’Italie devoient estre signées. Dieu veuille avoir /3/ soing de tout s’il luy plaist. Monseigneur se porte très bien et Monseigneur le Comte aussi. Ils ne se quittent guères que la nuict. Vous recevrés je m’asseure bientost le contentement de leur veüe, plustost de Monseigneur le Comte si Monseigneur ne le retient. On nous dict qu’il n’y aura plus de guarnison entretenues aux villes de seureté, et qu’on doibt dresser un petit estat nouveau dont on ne sçait encore les formes. Hormis pour ce qui est des pensions de ministres et entretenemens d’académies auxquelles on dict que rien ne sera retranché. Voyla le bon estat auquel les affaires de ceux de nostre profession ont esté mises. Encore une fois Dieu en ait soing. M. Berthold lequel à ce que j’estime sera près de vous le premier pourra dire à V. E. l’estat auquel nous sommes. Lundy on se doibt assembler au logis de M. Malherbe pour voir les papiers retirés des mains de Mlle Arnaud. M. de Netz m’a dict avoir retiré de l’Espargne des rescriptions pour vostre pension Madame et celle de Monseigneur durant une demie année de 1621. Elles sont a 162 Paul Hay du Châtelet, veuf en première noces de Marguerite de Renouard (1603-1619), fille d’un maître des Comptes de Bretagne, épousa le 27 février 1623 à Paris dans la paroisse Saint-André-des-Arts Madeleine Danguechin (1606-1688), fille d’un conseiller et commissaire au parlement de Paris. Il avait acheté une charge de mâitre des requêtes et en fut pourvu le 3 avril 1623. Frédéric SAULNIER, Le Parlement de Bretagne 1554-1790, op. cit., tome II, p. 488-492. 163 Gaspard III de Coligny, sieur de Châtillon, était colonel-général des gens de guerre à pied françois au service des Etats des Provinces-Unies. 94 acquittés sur les deniers de la vente, revente et taxe en hérédité des courtiers de vin. Par le compte dudict Sr. de Netz il luy est deub vc tant de livres. Je prie Dieu pour vostre conservation et parfaicte santé et suis ainsi que j’y suis par tant de diverses sortes d’obligations et devoirs obligé à estres et demeurer toute ma vie, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray A Paris, le 4e febvrier 1623. Je ne fay longue lettre à Madame vostre belle-fille estimant que ce seroit estre importun que de redire tout ce que je dis icy qu’elle verra je m’asseure. Archives nationales 1 AP 357/90 Mercredi 10 mai 1623 – Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, La santé de Monseigneur, de Monseigneur le Comte et de Monseigneur le Prince est telle qu’on la peut souhaitter grâces à Dieu à qui je fay mes prières très ardentes pour la vie qui pour n’estre pas parfaicte lorsque vous partistes d’icy, me mettra en peine jusques à ce que par quelqu’un j’en aye eu les nouvelles que je désire et atten impatiemment. Monseigneur parle de partir d’icy dans deux jours pour son voyage du Mayne et de Bretagne. Je ne sçay si Monseigneur le Comte en sera. Vostre Excellence apprendra sans doubte par eux la résolution qu’ils ont prise ensemble sur cela. M. Malherbe escript icy qu’il a réservé pour vous le faire voir et à Madame vostre belle-fille l’estat général des affaires. Si vous avés pris la peine et que vous ayés en le loisir de le voir, Madame, je m’asseure que vous y aurés recognu qu’une bonne union et correspondance est nécessaire entre ceux qui les font, et que pour cela ils ont besoing de vostre prudence et auctorité. Je n’escriray point Madame le peu de choses que MM. Galland le jeune et Malherbe escrivent, vous les aurés sans doubte apprises par leurs bouches et aussi que ledit Sr. Malherbe remet à escrire plus amplement lorsqu’il aura eu l’honneur de vous voir. J’avois commencé quelque /2/ peu de temps avant vostre partement à […] de M. Trinquant et de ses beaux-frères […] seulement de l’affaire des chaussées […] que de mil livres et qui n’a point […] pas raisonnable à Monseigneur […] quelque raisons et considérations à les […] condition que les autres. Ils sont les plus […] de se deffendre et mesmes de servir et ont les […] leurs mains. M. de La Mazure et moy en avoient [parlé] à Monseigneur qui d’ailleurs trouve l’offre trop […] croy qu’il mettroit ces raisons en considération s’ils […] de donner davantage, mais ils ne veulent que ce […]. Monseigneur n’a point eu de Paris nouvelles qui pu[ssent le] contenter sur la proposition faicte pour se départir de […] sur l’abbaye de Thalmond, car on ne parle de donner que [en] cas de paisible possession et qu’on face changer le brevet au nom de celuy de qui la proposition est partie. Si la possession estoit paisible on n’auroit point besoing d’en traitter. Vostre prudence avisera, Madame, s’il y a quelque chose à faire à Paris sur cela. On nous dict que l’œconomat de Millet est finy et n’a on point ouy parler que les bulles de M. l’abbé de Réau fussent venues. Monseigneur me commande d’envoyer exprès à Thalmond pour apprendre la consistance du temporel de ladicte abbaye et le temps de receuillir les fruicts Il n’est survenu aulcune chose aux affaires de Monseigneur depuis vostre partement qui mérite de vous estre escripte. Monseigneur me commande de le suivre en son voyage ce que je feray, Dieu aydant, ayant assés de santé pour cela et d’affection de le suivre. J’obmettois à dire à Vostre Excellence que on n’a point relevé l’appel au conseil interjetté par les fermiers de l’abbaye de Thalmond des jugemens donnés à Fontenay et aussi que Millet, qui s’en dict oeconome, ne les a point faict appeler en déjection d’appel /3/ tesmoigne qu’il ne poursuit pas vivement l’affaire. Ce me faict doubter s’il n’est pas expédient de nry rien […] la part de 95 Monseigneur puisqu’ils n’y font aulcune procédure de leur costé, et qu’il n’y a pas grande […] de commenncer et aussi que je n’estime pas que l’affaire vuide par là. Depuis ce que dessus escript, j’ay veu Monseigneur le Comte en volonté de partir pour aller à l’Isle-Bouchard. J’ay eu l’honneur de luy faire la révérence et recevoir ses commandemens. Je croy, Madame, que Monseigneur et luy vous font entendre ce qu’ils ont résolu ensemble. Ils se sont séparés avec mutuels et reciproques tesmoignages d’amitié, et depuis encore j’ay eu l’honneur de voir et ouïr Monseigneur sur ce subject je vous diray Madame comme j’ay tousjours faict que je le trouve tousjours plein d’affection cordiale et entière envers luy et pour le dire en un mot fraternelle. Je prie Dieu qu’elle demeure et dure entre eux jusques au tombeau et que e[…] longue et heureuse santé vous puissiés voir cette concorde entretenue. Je le prie aussi de me rendre assés heureux pour vous faire des services agréables et utiles à quoy mon soing sera tousjours appliqué affin que je puisse estre maintenu et conservé en l’honneur de vostre bienveillance et de vostre service, ce que j’estime et prise au delà de toutes autres choses, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Thouars, le x may 1623. Archives nationales 1 AP 357/91 21 mai 1623 - Laval à Monsieur de Champdor Monsieur, J’ay veu ces mots au commencement d’une lettre. Après avoir salué vos grâces je vous diray que je suis vostre serviteur. Elle vient de basse Bretagne , d’où qu’elle puisse venir je la trouve bonne et vous déclare que je désire et entens que la mienne à vous se commence et finisse ainsi, car cela est scelon mon sens et m’attache moins aux mots qu’aux choses. J’y adjouteray pour le milieu que Monseigneur et toute sa belle suitte arriva icy en bonne santé le 18 e , que nous laissasmes Monseigneur le Prince en bonne disposition, et que ma femme me mande qu’elle continue. Voyla pas (sic) bonnes nouvelles. Je ne doubte point que M. de Rozemont ne vous en escrive beaucoup d’autres, pour moy vous sçavés et voyés en lisant la présente que j’escript mal que je donne peine à lire mon escripture. Je vous supplie de me mander comme quoy Mesdames sont arrivées. Si le voyage et le long chemin n’augmenta point le mal qu’avoit Madame à son partement de Thouars, et si nous aurons l’honneur de la revoir bientost. Je pren la hardiesse de luy toucher un mot de ce que je vous dis en partant, mais le peu de temps qu’il y a que je sers Monseigneur et en iceluy le peu de service que je luy ay faict a rendu a plume tellement honteuse qu’elle n’a osé exprimer mes conceptions et aussi sans la grande bonté de Madame en qui je constitue la principale force de ce que je puis désirer et la volonté que j’ay de servir son illustre maison toute ma vie je n’eusse pas entrepris d’en dire le moindre mot puisque je n’ay point de raisons pour me fonder en mes services passés et aussi que j’ay trop peu de temps servy pour en espérer résompense, mais, Madame m’a promis qu’elle auroit tousjours soing de moy, et tesmoigné estre satisfaicte de mes services. Je vous supplie, si elle vous demande l’explication de ce que je ne luy dis qu’en crainte et quasi sans m’expliquer de la donner telle que vous avés eu agréable de l’entendre de moy et me mander si ou non elle aura bien reçeu ma lettre et scelon cela mesnager pour vostre serviteur ce que vous verrés luy estre utile comme aussi me faire sçavoir comme j’ay à me gouverner et si j’en doibs encore escrire, car si cela importune, je n’en parleray jamais. S’il y a de la disposition, je m’asseure que Mademoiselle me fera l’honneur de se souvenir de son très-humble service. Elle me l’a promis. Vous voyés comme librement, j’use envers vous, aussi servés vous de moy à toutes occasions et je vous rendray des preuves véritables de la parfaicte affection et désir que j’ay d’estre toute ma vie, Monsieur, Vostre plus humble et très-affectionné serviteur. 96 d’Iray e A Laval, le 21 may 1623. Mes baise mains à tout le monde tant de l’un que de l’autre sexe. Archives nationales 1 AP 357/92 27 mai 1623 - Vitré à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Je vous escrivis il y a huict jours de Laval et vous fis sçavoir la bonne disposition de Monseigneur et de Monseigneur vostre petit-fils. Elle est encore telle grâces à Dieu que je prie pour la continuation de la vostre laquelle nous apprenons bonnes par M. de Frolles ; celuy qui vous la rendue telle en soit loüé et bénit à jamais. Je le prie aussi de tout mon cœur qu’il soit vostre guide en vostre chemin et en vostre séjour, et vous doint de parfaire vostre voyage heureusement et à nous l’honneur de vous revoir bientost. Je vous escrivois par mes dernières, Madame, la résolution que Monseigneur avoit prise de célébrer icy le jeusne. Il y arriva le mercredy 24e pour cela au contentement, au moins en apparence, de tout le peuple, mais particulièrement de l’Eglise. Il a remis le geollier et les portiers sans s’arrester aux requestes des habitans qui depputent vers luy sur le faict de ceux-cy. Les plus factieux tesmoignent du regret des choses passées et promettent de mieux vivre à l’advenir. Les autres se réjouissent de la présence de leur maistre et seigneur et tous ensemble asseurent d’une affection et fidélité entière. Le principal est que toutes choses sont à présent restablies par la prudence et sage conduitte de Monseigneur tant icy qu’à Laval où il a laissé aux cœurs des habitans des regrets de son absence, et à la noblesse qui l’a visité un désir de le revoir et de le servir, car il s’est très bien et dignement comporté envers les uns et les autres. Icy /2/, il faict de mesme et si le monde n’y est desraisonnable il en acguerra bientost les volontés. La il a commandé à ses officiers de remettre au Thrésor tous les actes d’hommages, adveus, déclarations et aultres tiltres qu’ils pourroient avoir entre leurs mains affin de tenir tout en estat de pouvoir assigner les homages généraux que ses officers pressent comme nécessaires à la conservation des fiefs sur lesquels les voisins font des usurpations. Il en a toutes fois différé l’assignation jusques à ce qu’on voye un bon et certain affermissement à la paix. Il a aussi faict faire les proclamations de la ferme du comté et en a aussi diffusé l’adjudication pour n’estre encore à prix raisonnable. Elle estoit au passé à neuf mil deux cens livres en y comprenant les parties casuelles. On n’en promet encore de tout que huict mil cinq cens livres. Il est vray que Olivet et la maison et jardin des Lices sont osté du […]laire du bail et qu’à la requeste et prière des Esleus […] le fermier d’employer quatorze escus par an à l’entretenement des ponts, chemins et chaussées. Je croy que le prix en montera. Il y a divers partis qui s’eschauffent. Monseigneur a ordonné aux officiers des chastelanies du comté de Laval de ne plus recevoir les adveux des vassaux, mais bien d’assister lorsqu’ils seront receus par ceux du comté. Cela s’est faict aussi pour les déclarations. On y parla en sa présence de l’arrest donné à la poursuitte des sergens priseurs vendeurs, etc à ce qu’on fist ou refformer ou expliquer l’arrest qui semble leur donner plus de privilèges d’avantage que l’edict de leur création et l’institution ne leur en attribue. On en doibt escrire à Paris de Laval où Monseigneur parla au sergent qui a poursuivy pour obtenir l’arrest. Il promet de s’accorder et s’accommoder en retranchat le nombre des sergens de Monseigneur. On luy parla de créer un receveur ou chastelain général au comté pour poursuivre le payement des cens et devoirs et avoir l’œil à la conservation des fiefs. Tout le conseil approuva et loüa cette proposition, mais Monseigneur a encore différé d’y pourvoir. On luy parla aussi des forges qu’il a veües et nous avec luy. C’est un très bel ouvrage /3/ qui mérite d’estre conservé. La fanderie se parachève. Reste à présent de pourvoir au desdomagement et récompense de ceux dont l’eau de l’estang couvre les terres. Sur quoy le Sr. de Bourgon 164 faict de 164 François de La Corbinaye, seigneur de Bourgon. 97 grands cris et demandes. Les autres prennent leurs affaires plus patiemment et offrent de se contenter de la raison. Monsieur de La Mothe a desjà mis ordre à une partie, mais il n’a peu convenir avec ledict Sr. de Bourgon, qui est à ce que je voy de très difficile convention. Peut-estre que la présence de Monseigneur le rendra plus traittable. On a mis isus de deux endroits une proposition d’arrenter la forest, laquelle dit-on ne se peut conserver aultrement ny les forges subsister plus de quinze ans si cela ne se faict, mais Monseigneur n’a encore rien résolu là dessus. Icy on parla hier au conseil de la réünion des chastelanies de la baronnie de ce lieu. On propose plusieurs grandes utilités tant présentes qu’à l’advenir de cette réünion mais aussi y a il quelques difficultés comme de contraindre les vassaux des chastelanies à venir plaider jusques en ce lieu. Il y en a d’autres mais on y trouve des remèdes, et à celle là on asseure que les vassaux donneront les mains bien volontiers, et que bientost on fera en sorte que Monseigneur en sera prié ou aura leur consentement soubz leur seing. On propose de hausser la ferme de plus du quart, de rendre la ville et les marchés plus beaux et meilleurs, de mieux conserver les frêts, et mesme les les chastelanies, de hausser les offices de prix et de recevoir une bonne somme présentement. A quoi M. de La Mothe et moy avec luy qui avons veu et ouy les consultations qui en ont esté faictes à Paris bien qu’on ne fust pas du tout d’avis de faire ladicte réünion, estimons toutesfois qu’on y doibt travailler. Si on tient ce qu’on promet et luy se faict fort d’apporter le consentement de la plus part des plus notables vassaux qui sont ses proches et alliés. Vous avés cy-devant entendu parler de toutes les choses, Madame, et ce que je vous en dis n’est que pour vous informer de ce qui s’est passé. J’obmetois à dire à Vostre Excellence que la chose a esté proposée icy avec plus d’apparence d’utilité, et moins de difficulté qu’à Paris où on ne parla point des moyens et expédiens qu’on veult tenir pour les lever. Monseigneur a receu la coppie de l’arrest donné contre du Val et l’estat du procès de Paris, mais Madame vous en avés sans doubte plus de nouvelles que nous et en apprendrés le mérite et les particularités à vostre retour audict Paris. Vostre Excellence a icy généralement tout ce qui s’est passé depuis mes dernières. Ce sont jusques icy des propositions, mais aussi avant que les exécutés méritent-elles d’estre considérées. Me reste à présent de vous supplier comme je fay très humblement, Madame, de me vouloir continuer les effects de vostre bienveillance et de vos soings et promesses pour moy, qui atten de vostre bonté, de la libéralité de Monseigneur, de la bienveillance de Mme vostre belle fille et de l’affection et fidélité que j’apporteray toute ma vie à vos services, quelques preuves, qui oultre le passé me facent cognoistre que mes services sont agréables. Pardonés-moy s’il vous plaist, Madame, mais vostre bonté qui pardonne tout à tous se souviendra s’il luy plaist des protestations que je luy ay souvent faictes, et que je réitère encore que jusques à la mort, je seray, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Vitré, le 27 may 1623. Archives nationales 1 AP 357/93 27 mai 1623 - Vitré à Monsieur de Champdor Monsieur, Je touche encore un mot à Madame de ce que je vous escrivy de Laval il y a huict jours et la supplie très humblement que par son moyen je voye et reçoive des preuves et asseurances que mes services sont agréables. Je m’assure que vous vous souvenés de ce dont je vous entretins sur le chemin de Lodun, et me promets que vous en aviés mesnagé et faict entendre les raisons aux occasions. Excusés s’il vous plaist ma liberté je n’en ay encore rien voulu dire à Monseigneur qui je croy recognoist assés avec quelle affection je le sers et me persuade que si Madame daigne se souvenir de moy et m’honorer de sa faveur d’avoir tout contentement. Mandés-moy, je vous supplie ingénument et franchement comme je doibs me gouverner, si insister, si espérer et ce que j’ay à faire et servés vous s’il vous plaist de moy, qui suis et serais jusques à la fin invariablement, 98 Monsieur, Vostre bien humble et très-affectionné serviteur. d’Iray A Vitré, le 27e mai 1623. Archives nationales 1 AP 357/94 1er juin 1623 - Vitré à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Vous aurés par la présente la continuation de la bonne disposition de Monseigneur et de Monseigneur le Prince, dont je m’assure tousjours des nouvelles plus particulièrement par la voye de Thouars. Depuis mes dernières par le précédent messager, j’ay rendu compte à Monseigneur des deniers que j’ay receu et mis pour son service durant deux ans finis hier et m’est un très grand contentement et satisfaction de voir que Monseigneur en reçoive de mes services et particulièrement desdicts comptes. Je souhaitterois qu’il eust esté rendu avec aultant d’ordre et de moyen de servir que de fidélité et bonne conscience. Monseigneur m’en a tesmoigné sa satisfaction non seulement en paroles, mais en m’ayant libéralement accordé pour la rente que je paye, ainsi que je luy ay faict voir et cognoistre des deniers que durant ledict temps j’ay empruntés pour son service et par son commandement et aussi ayant voulu considérer les frais de mes maladies et pour mieux dire en continuant envers moy ses biens faicts la somme des trois mil livres qui est plus que je ne pouvois attendre ny espérer. A cela, Madame, je sçay combien m’ont esté utiles vos favorables recommandations et les bons tesmoignages que Vostre Excellence a eu agréable de rendre de mes foibles services. Je n’ay point de paroles, Madame, pour vous en remercier comme je doibs et aussi vostre bonté est au de là de toutes paroles, mais Dieu vous rendra tant de bien-faicts s’il luy plaist ainsi que je l’en prie ardemment et qu’il vous doint en parfaicte santé toutes sortes de contentemens. Ce qui se pourroit faire en ce lieu pour la pancarte est parachevé. Les lettres du Roy et la vériffication de la Cour de parlement /2/ de cette province restent. Monseigneur qui parle d’aller mardy ou mercredy prochain à Rennes pourra en conférer avec son conseil et y prendre l’ordre nécessaire pour commencer ce qui y sera avisé, dont je ne feray faulte de donner advis à Vostre Excellence et de ce que j’y apprendray. Les landes et communs et la réunion des chastellanies suivent. Au premier l’utilité est certaine, à l’autre elle est apparenté, mais l’un ny l’autre ne seront sans difficulté. Monseigneur a mis ordre de faire voir et conférer avec ceux qui ont le plus d’intérest à la lande d’Isé, lesquels tesmoignent y vouloir donner leur consentement mesme promettent de travailler à y faire condescendre les autres. Monseigneur y alla jeudy et de là fut soupper au Chastelet où Monsieur de La Mothe le receut et traitta très bien et fit paroistre la joye qu’il recevoit de voir Monseigneur en sa maison. Mondict Sr. de La Mothe a plus d’espérance qu’il n’eust jamais qu’on pourra faire l’affaire de tout ou partie desdictes landes non qu’il n’y croye des difficultés mais il estime qu’on les pourra surmonter, Monseigneur l’envoya hier à Laval pour accommoder et remettre les humeurs des habitans sur les oppositions et difficultés qui se sont formées touchant les deniers dont a esté achepté le présent qu’ils veulent faire à Madame vostre belle-fille. Vous les avés sceües cy-devant, or je croy que M. de La Mothe les lèvera par sa présence. Il doibt retourner aujourd’huy. Vostre Excellence me faict l’honneur et daigne se souvenir de moy en toutes sortes, mesme se remémorés que cy-devant j’ay pris la hardiesse de luy dire que pour la conservation de ma santé les eaües de Pougues m’estoient nécessaires sçelon l’avis des médecins et me commander de passer pas Paris. J’ay faict voir à Monseigneur ce qu’il vous a pleu m’en escrire et suis prest d’obéir à tout, l’ayant toutesfois très humblement supplié de me permettre (s’il me commandoit de demeurer auprès de luy) et me donner congé vers la fin du courant pour aller à Pougues s’il reste du temps ou à Thouars prendre les eaües que j’en ferois apporter lesquelles on me dict plus utiles que celles de Spa. Encore une fois je prie Dieu, Madame, qu’il vous rende pour tant de biens pour tant de soings. Ce que 99 vous luy demandés et attendés de sa bonté. C’est ce que je puis, Madame, que de luy continuer mes prières pour cela et de vous rendre toute ma vie toutes sortes de très humbles services ainsi que j’y suis si estroittement obligé. Monseigneur reçoit présentement des lettres de Monseigneur le Comte du 28e passé qui est en très bonne/3/ disposition grâces à Dieu. Il est tousjours à Bournezau d’où Monseigneur le priera de partir pour le venir trouver incontinent que les bleds seront couppés à Thalmond où Monseigneur ne faict point estat d’aller si M. le comte de La Rochefoucault ne va en Poictou. Je di, Madame, que Monseigneur le Comte attendra quelques jours pour voir si ceux qui sont pour Monseigneur à Thalmond ne recevront point d’empeschement à la récolte d’aultant qu’en ce cas Monseigneur le Comte les pourroit asseurer et fortiffier par sa présence ainsi que Monseigneur l’en a supplié. La moisson fust à présent bien advancé en ce païs là sans les pluyes trop fréquentes. Le Sr. Peussier qui escript du 27e du passé mande qu’on y debvoit commencer dedans huict jours. Cela faict on commence. Je croy, Madame, que nous ne serons pas longtemps sans voir Monseigneur le Comte qui sans doubte fust icy sans cela. Je n’ay à changer à ce qu’au passé. J’ay escript à Vostre Excellence touchant la bonne union et amitié qui est entre Monseigneur et luy, et je prie Dieu qu’elle continue et s’il se peut reçoire de l’accroissement. M. de La Servannière165 n’est point encore asseuré à l’Eglise de ce lieu et aussi le synode de Normandie n’a point encore tenu et n’est on pas mesme certain du temps qu’il tiendra. Monseigneur le trouve bien à son gré et aussi certes est-il honneste homme, d’humeur douce, docte, et qui parle avec grande facilité. Il est fort désiré et aimé en cette Eglise où il a plusieurs parens et amis et s’y est marié. Il faict de son coté paroistre beaucoup de désire pour y demeurer, mais il craint qu’il se trouve des difficultés en sa province pour le changement d’Eglise. Voylà, Madame, ce que nous avons quant à présent icy ; où et partout ailleurs rendra à vos commandemens une entière et parfaicte obéissance, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray A Vitré, le premier de juin 1623. Archives nationales 1 AP 357/95 4 juin 1623 - Vitré à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Avec l’honneur de vos commandemens, j’ay reçeu par celle qu’il vous a pleu me faire l’honneur de m’escrire avec joye et actions de grâces à Dieu les bonnes et agréables nouvelles de vostre meilleure disposition et de la force qu’il vous donne au milieu de tant d’affaires et de causes de tristesses et ennuys de demeurer en l’estat qu’on espéroit de vostre arrivée pour l’ordre des affaires d’une telle maison et consolation de Madame vostre sœur qui en attendoit principalement de vous, aussi Monseigneur le duc de Buillon166 escript il que vostre arrivée Madame et de Madame vostre belle-fille leur ont rendu Madame sa mère qui avoit tant besoing de vous. J’en loüe Dieu et le prie de vous fortifier de plus en plus pour parfaire là ce que vous avés si bien commencé, après vous rendre aux vostres scelon mes souhaits. Monseigneur a eu la migraine qui l’a plus tormenté qu’au passé. Il a prist hier un peu de casse dont il receut beaucoup de soulagement. Il se portoit bien hier au soir grâces à Dieu et sans douleur ny inquiétude. Il ne guarda point le lict ce ne sera rien Dieu aydant. Monseigneur le Prince a esté un peu enrhumé. M. Dissodeau l’a veu qui dit que c’est une petite fluxion causée et attirée par ses dents. On 165 Jean Blanchard, sieur de La Servanière, fils de Guillaume Blanchard, pasteur de Condé-sur-Noireau en Normandie. Les liens étroits unissant cette Eglise et celle de Vitré expliquent cette requête. Jean Blanchard après avoir été pasteur de Condésur-Noireau en 1626, fut pasteur à Vire de 1626 à 1637 et enfin de Fresnes. 166 Frédéric-Maurice de La Tour d’Auvergne, devenu duc de Bouillon à la suite de la mort de son père. 100 escript, Madame, qu’il se fortifie grandement et croist en corps et en cognoissance aultant qu’on peut désirer qu’il va à présent tout seul. Dieu en soit loüé. Nous en aurons bientost des nouvelles. Monseigneur le Comte a un grand soing d’en faire sçavoir des siennes à Monseigneur. L’abbé de Réau luy a faict parler d’accommodement. M. de La Bourdillière doibt partir demain 5e pour aller à Thalmond /2/ pour préparer et disposer toutes choses au dessein qu’a Monseigneur de faire lever le revenu de l’abbaye. Il ne se trouvera point sans doubte d’empeschement, et aussi Vostre Excellence se souviendra s’il luy plaist que nous avons faict tout ce que nous avons peu par l’advis du conseil de Paris pour empescher que les fermiers en fussent despossédés et ainsi que ledict Sr. abbé ou l’œconome les pourront contraindre au payement en vertu des jugemens qu’ils ont obtenu à Fontenay, cependant il n’y a point d’autre moyen à ce que chacun dit. Si nous apprenons quelque chose, je ne faudray à vous en donner advis et de ce qui se passera. Mondict Seigneur la Comte a et faict paroistre avoir beaucoup d’affection et de soing de cet affaire. M. de La Bourdillière le doibt voir en passant. On a parlé de la proposition antienne de réunir les chastelainies de cette baronie. Chacun le croit à présent utile et M. de La Mothe travaille avec ses amis pour la faire réussir comme aussi celle de La Lande d’Isé qui serviroit d’exemple pour avoir plus facilement raison des autres. Vous sçavés Madame l’utilité de cela mieux que personne. J’avois escript à Vostre Excellence quelque chose touchant la proposition d’arrentement des forges de Laval et forestz de Missedon et La Gravelle sur ce que de toutes parts on dict et faict sçavoir à Monseigneur et particulièrement ses officiers de Laval que s’il ne faict ledit arrentement il n’y aura pas de bois pour entretenir la forge vingt et cinq ans. Ils en disent plusieurs raisons, mais la plus apparente et vray semblable est que les deux forestz sans toutes fois y comprendre les cantons ordonnés pour les usages aux quels on ne touche point, ne contiennent pas trois mil arpens. Ils disent beaucoup moins ce que tous les ans le maistre de forges ayant droit d’en prendre quatre vingt arpens. C’est à dire durant les dix-huict années que dure son bail, et le bois ne rejettant pas comme faict le chesne, la forest se trouvera incontinent dépeuplée et ainsi à la fin du bail ou peu après les forges inutiles. Voyla à mon advis la plus considérable raison qu’il y ait pour commuer le ferme en rente, d’aultant que ledit maistre de forges sembleroit lors plus obligé de conserver les forestz en estat qu’il n’est maintenant, ne luy important pas quel bois ou en quelle quantité restera après la fin de son /3/ bail167. Je proposois qu’il pourroit prendre moins de bois, mais aussi on répond qu’il diminueroit à raison de ce qu’il laisseroit. Et ainsi on ne retireroit de plusieurs années grand utilité de la forge et mesme a peine de quoi récompenser et desdomager M. de Bourgon et les autres particuliers, dont les terres sont noyées par l’estang des forges. Elles sont très belles et bientost la fenderie travaillera. La chaussée dudit estang est aussi des plus belles. L’intention donc de Monseigneur est de perpétuer s’il est possible le prix des fermes de la forge et de la verrerie et ainsi d’arrenter lesdites forestz de Missedon et La Gravelle auxquelles par le bail à ferme on ne pouroit faire de couppes ny vendre de bois. La seureté semble estre la chose plus requise. Le Sr. Poulardière168 propose d’y engager et spécialement hypothéquer lesdites forestz où il ne pourra rien vendre, engager ny aliéner en aulcune autre façon, de ne prendre par chacun an qu’aultant de bois qu’il a droict d’en prendre, qu’il ne pourra faire les couppes sans y appeler les officiers qu’il les fera clore de fossés deffensables par chacune des couppes. Que les bastimens qu’il a sur les lieux luy coustent plus de quatre vingts mil livres et qu’il acquera un fonds dans le comté de Laval et baronnie de Vitré pour quarente mil livres de domaine dont il fera constre dedans dix ans à Monseigneur, à quoy sa femme s’oblige avec luy en tous ses autres biens. Il est vray que la seureté des temps de sa ferme n’est pas plus grande car il n’a point de cautions. Cette proposition a esté faicte il y a longtemps par M. de La Motte ainsi que vous pourrés 167 La protection du patrimoine forestier fut une préoccupation constante de MM. de Laval tant au XVIIe siècle qu’au XVIIIe siècle. Cf. Jean-François LABOURDETTE, “ L’administration d’une grande terre au XVIIIe siècle: le comté de Laval ”, Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, Nouvelle série, N° 46 (248), Octobredécembre 1977, p.-54-169. 168 Nicolas Le Macon, sieur de La Poulardière, acheta en cette année 1623 à Henri de La Trémoille ses forges de Port-Brillet et leurs annexes dans les forêts de Misedon et La Gravelle pour une somme de 30 000 livres payable en cinq ans et une rente annuelle de 6 360 livres. François DORNIC, Le fer contre la forêt, Ed. Ouest-France, Rennes, 1984, p. 24-25. 101 vous ressouvenir, Madame, mais depuis traversé par Lezerie169 de Laval et autres de ses amis et parens. En quoy MM. les officiers taschent à frapper leur coup, mais en tout événement je voy Monseigneur disposé à préférer ledict Poulardière auquel aussi à mon advis on ne peut oster le marché premier puisque vous avés eu agréable, Madame, de rattiffier la subrogation à luy faicte par M. de La Mothe du contract faict avec de Guerne. Il y a dix ou douze jours qu’on en est là et qu’il n’y a point de moyen de le faire joindre. Il est vray aussi qu’il demande cent journaux de bois de plus /4/ d’aultant qu’il s’obligeroit de ne point toucher à pareil nombre le plus proche du parc d’Olivet. Et ledit bois proche dudit Olivet faict à ce qu’il dict la sixiesme partie de toute ladite forest de Missedon. Oultre ce que dessus et plusieurs autres clauses longues à déduire mais prises sur le bail faict à Paris par mM. de vostre conseil avec ledict de Guere. Monseigneur désire deux promesses de luy et de sa femme par actes divers. L’une portant que Monseigneur pourra résilier et faire résoudre et casser ledict contract d’arrentement lorsqu’il sera en aage de parfaicte majorité si bon luy semble en consentant de luy payer la somme de deux mil escus laquelle luy a esté promise par M. de La Mothe et MM. les officiers de Laval lorsque suivant la commission de Monseigneur ils luy donnent l’emplacment de sa forge et chaussée et qu’à cause dudict emplacement, plus commode pour Monseigneur et moins commode pour luy. Il avoit esté contrainct d’allonger la chaussée de plus du tiers et que pour ce faire il luy auroit cousté plus de quatre mil escus. Par le procès-verbal faict en vertu de ladicte commission de Monseigneur il apper que mondict Sr. de La Mothe et lesdicts officiers ont arbitré son desdomagement et récompense à ladicte somme de deux mil escus, laquelle ils supplieront Monseigneur de lui accorder ce qui en cas de résolution dudict contract seroit accordé. Par l’autre promesse Monseigneur désire que ledit Poulardière et sa femme s’obligent de payer dedans cinq ans pour l’amortissement de la rente sçavoir la somme de trente mil livres à Monseigneur ou à ses créanciers selon le mémoire qui en sera lors baillé ; et nonobstant iceluy payement de trente mil livres qu’il continue de payer la mesme rente qu’il payeroit dès à présent qui est le prix des fermes des forges et verrerie à sçavoir viMiijC lx livres par an jusques à ce qu’il eust fourny à mondict Seigneur la somme de six vingt mil livres jusques auquel temps il ne pourroit rendre, eschanger, engager, surintcéder ny en aulcune autre sorte atitrée aulcune des choses contenues audict contract d’arrentement, mais il ne peut venir à raison et les dix mil escus cy-dessus luy font peur, estant tousjours obligé au payement de mesme rente. Il faict sur cela diverses propositions. Monsieur de La Mothe vous a parlé et escript aultres fois Madame de descharger s’il y avoit moyen les quantons ordonnés pour les usagers du droict qu’y ont les usagers et leur bailler la valeur ou en leur délaissant du bois en propre, ou en leur donnant des terres vaines ou vagues, et /5-97/ ce d’aultant que lesdits quantons sont inutiles, ledit Poulardière demande aussi lesdits quantons avec pouvoir de partager ou récompenser les usagers, puis dit il que Monseigneur n’en retire aulcun prosfict, sur quoy Monseigneur luy respond qu’il luy laissera procuration pour en traitter avec M. de La Mothe en luy donnant advis de ce qui se passera pour conclure puis après selon son commandement, et qu’estant approprié des dicts quantons il luy en baillera quatre cens journaux tant pour le récompenser des cent qu’il laisse près d’Olivet que pour ses peines à traitter et aussi e faveur desdictes promesses qu’il feroit. Voyla où on en est, j’y travaille, Madame, et en tout ce qui concerne le service de Monseigneur avec tout le soing et affection que je puis avec regret que la cappacité manque. M. de La Mothe parle de faire un voyage à Montfort. Il n’estoit hier icy, c’est pourquoy je n’ay peu encore obéir au commandement que Vostre Excellence me faict de luy parler de la pension qui doibt estre retenue sur Chambon. Je luy ay envoyé vos lettres. Nous l’aurons icy demain, Dieu aydant. Monseigneur a quelque envie de faire un voyage à Rennes pour voir la Court de parlement. Aussi à la vérité en est-il bien proche pour perdre l’occasion de cette visite. Vous avés assés recognu en passant par Paris l’estat auquel j’avois osé vous dire qu’estoient les affaires qui ont besoin ou qu’en passant ou qu’en séjournant vous y apportiés par vostre prudence 169 François Debonnaire, sieur de Laizerie dans la paroisse de Bonchamp, un grainetier, d’une famille bourgeoise de Laval. Abbé ANGOT, Dictionnaire de la Mayenne, tome II, p. 18. 102 cognoissance et auctorité l’ordre que vous jugerés et recognoistrés nécessaire. J’ose dire, Madame, qu’il est besoing que vous en preniés s’il vous plaist un peu la peine et que Madame vostre belle-fille y apporte aussi ce qui despend et est en sa puissance et auctorité. Monseigneur escript à M. Malherbe qu’il trouve bon ce qu’elle luy a commandé de faire faire par un de ses clercs et le prie de continuer. L’affaire de M. Trinquant et de ses beaux frères est remise au retour de Monseigneur à Thouars. Ils ne veulent en rien accroistre leurs offres. Il y a des raisons particulières pour leur part, ainsi que je les ay cy-devant escripts à Vostre Excellence. Je n’ay rien de plus pour le présent, c’est pourquoy je n’adjousteray que la continuation de mes prières à Dieu à ce qu’il vous soit guide et conduit en vos voyages, que partout où vous serés il vous face recevoir le contentement qui est deub à vostre bonté et piété, que bientost nous recevrons l’honneur et la joye d’estre honoré de vos commandemens par vostre bouche, qu’il vous ramène aux vostres avec aultant de santé et de prospérité que vous en souhaittera toute sa vie, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant, très fidèle et obligé serviteur. d’Iray e A Vitré, le 4 juin 1623. Monseigneur se porte très bien grâces à Dieu. Archives nationales 1 AP 357/96 et 97 4 juin 1623 - Vitré à Monsieur de Champdor Monsieur, Je suis en peine de vostre disposition. Les lettres que vous avés escripts à M. de Rozemont m’en donnent de la crainte. Je prie Dieu qu’elle soit telle que je la désire pour moy mesme qui recevrois un regret extrême de sçavoir que plus longtemps elle souffrit de l’altération, car vous estimant et honorant parfaictement comme je fay et que j’y suis obligé par tant de bons offices. Je prendray tousjours une grande part à ce qui vous arrivera de bien et de mal. Je vous supplie bien de le croire et que je suis aultant à vous qu’à moy mesme. Je vous di cela sans parler à la mode, car c’est du cœur et du meilleur de mon affection. Monseigneur a eu quelque interruption en sa santé par une migraine qui l’a bien travaillé près d’un jour. A présent grâces à Dieu, il se porte très-bien, comme faict tout ce qui a l’honneur de manger son pain. Nous n’avons nulles nouvelles. C’est pourquoy je ne vous en diray point. J’atten un mot de response et un effect de la bonté de Madame et de ses promesses. J’enten rester à celles que j’ay escriptes par les deux précédens voyages à elle et à vous. Je n’ay encore rien entamé en ma proposition. Je ne sçay si j’en attendray vostre advis ou si je commenceray premier que d’avoir en vos lettres. Je vous baise les mains, comme fait M. Brusse et nous disons le mesme à tout vostre monde de l’un et de l’autre sexe. Il me voit escrire la présente en laquelle il va lire tout présentement que je suis, Monsieur, Vostre plus humble et très affectionné serviteur. d’Iray e A Vitré, le 4 juin 1623. Archives nationales 1 AP 357/98 10 juin 1623 - Vitré à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Depuis mes précédentes par le lacquais, Monseigneur a affermé son comté de Laval tant ordinaire qu’extraordinaire et casuel la somme de huict mil livres au Srs. Barbin, Begéon et Bois 103 Gast. Olivet et les Lices n’y sont compris, le revenu desquels avec les charges nouvelles qu’on leur impose valent sept cens livres, ce seroit en tout la mesme somme de la précédente ferme. Monseigneur a pourveu le Sr. de St-Laurent170 de l’office de receveur du domaine à Laval. La charge sera utile pour l’esclaircissement des droicts et le recouvrement des cens, rentes et debvoirs dudit comté moyennant qu’on s’en acquitte bien, tous ses droicts et attributions ne doibvent charger la ferme que de vingt et cinq livres par chacun an. J’estime qu’aujourd’huy l’affaire des forges dont j’ay cy-devant escript amplement à Vostre Excellence se parachèvera scelon le désir que Monseigneur en a tesmoigné en avoir. Les conditions ne sont du tout semblables à ce que j’escrivi à l’autre voyage, elles diffèrent en ce que Monseigneur s’oblige par le contract de remplacer sur les quantons des usages les cent arpens délaissés près Olivet et outre le nombre de trois cens arpens sur les dicts quantons de dans cinq prochains à la fin desquels le Sr. de La Poulardière doibt payer à Monseigneur la somme de trente mil livres, mais d’aultant que Monseigneur ne dispose pas et par avant mesme n’en disposera pas lors dedits usages. Le Sr de La Poulardière baille une contre promesse de ne tirer la clause à conséquence que pour deux cens arpens à prendre sur les autres bois de /2/ Monseigneur proches de ladite forge au cas qu’il n’eust lors traitté avec les usagers desdicts quantons. Que si aussi on peut traitter avec eux, la clause tiendra pour ledit nombre de quatre cens arpens. Icy à Laval chacun croit ce marché fort advantageux pour Monseigneur et que sans iceluy les forges n’eussent peu subsister vingt ans, oultre que on n’eust peu à ce qu’on dit vendre les forests arrentés trente mil escus. Dieu veuille que cela se passe au contentement de Vostre Excellence et de celuy de Monseigneur et de Madame sa femme à…, au bien de leurs affaires. Hier M. de La Motte fut à la maison de ville pour faire enregistrer les lettres de Connestable de ce lieu dont Monseigneur a pourveu M. de La Grange171. J’escri à Madame vostre belle-fille ce qui s’y passa. On y depputa pour travailler sur la refformation de la Pancarte suivant l’arrest de la Cour 172. On en espère beaucoup d’utilité pour cette terre. Vostre Excellence la sçait mieux qu’on ne luy peut dire. En suitte Monseigneur veult faire travailler à la réunion des chastellanies de l’utilité de laquelle chacun demeure d’accords et promet-on d’y travailler ardemment de tous costés. M. de La Mothe se résout d’aller aujourd’huy à Rennes pour préparer et disposer les amis et serviteurs de Monseigneur à l’y recevoir. Il est toutesfois encore en doubte du temps qu’il fera le voyage. Nous n’avons rien sceu cette sepmaine de Monseigneur le Comte sinon par bruicts qui nous disent qu’il se porte bien et se comporte aussi judicieusement qu’il est possible. M. de La Bourdillière doibt l’avoir veu à présent et estre à Thalmond pour l’affaire de l’abbaye. La santé de Monseigneur et de Monseigneur son fils est telle qu’on la peut souhaitter. Dieu veuille vous augmenter la vie, Madame, et vous donner par tout le contentement que vous désirerés, et à moy la grâce d’estre toute ma vie honoré de la qualité, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Vitré, le 10 juin 1623. Madame, 170 Annibal de Farcy, écuyer, sieur de Saint-Laurent, ajoutait cette nouvelle fonction à son emploi de procureur fiscal du comté de Laval. 171 Jean Perrier, Sieur de La Grange, avait été nommé le 2 juin 1623 Connétable de Vitré. Abbé Paul PARIS-JALLOBERT, Journal historique de Vitré, op. cit. p. 559. 172 Du 19 juin au 1er juillet 1623, Antoine Laval, sieur de La Trouche, conseiller du Roi, premier avocat en la sénéchaussée et siège présidial de Rennes, avait fait procédé à la révision de la Pancartes, c’est à dire des devoirs dûs au baron de Vitré : droits de péage et de provosté, de foires et marchés, de coustumes, de cohuage, de minage, de mesurage et de porche, de levage et de pavage. Cette réformation avait été faite en application d’un arrêt du Parlement de Bretagne du 18 juillet 1618 pris à la requête de Charlotte-Brabantine de Nassau pour la conservation des droits de son fils. E. FRAIN de La GAULAYRIE, Tableaux généalogiques, notices et documents inédits au soutien du mémoire où il est fait mention de plusieurs familles établies à Vitré et paroisses environnantes aux XVe, XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Vitré, 3 vol, 18891898, tome I, p. 131-144. 104 Depuis ma lettre escripte on me dit que vous estes toujours tormenté de vostre douleur de jambe, cela met en peine vos serviteurs, moy particulièrement, Madame, qui ne reçoy au monde de si grand contentement que quand j’appren vostre santé par faictes, comme aussi rien qui m’afflige passionnément que d’y apprendre l’altération Dieu par sa grâce vous la rende toute entière, et à nous l’honneur d’estre bien tost honorés par vostre bouche et vostre heureux retour & de vos commandemens. Archives nationales 1 AP 357/99 24 juin 1623 - Vitré à Monsieur de Champdor Monsieur, Celle-cy ne sera plus pour vous importuner de mon affaire, mais pour vous remercier très-humblement et affectueusement du grand soing que vous en avés eu. Madame m’a faict trop d’honneur d’avoir voulu entendre par vostre bouche mes intentions et désirs sur les promesses de sa bienveillance qu’il luy avoit pleu me faire. Il est vray que je ne m’en suis pas expliqué. Je ne suis pas assés hardi pour cela et n’ay pas rendu d’assés longs et utiles services, et aussi suis-je peut estre plus malheureux que plusieurs qui ne doibvent pas moins à leur bonne fortune qu’à leurs services les biens faicts et grattiffications dont je les voy tous les jours honorés. Je me replie tousjour sur la bonté de madite Dame de laquelle j’ay jusques icy beaucoup attendu et attendray toute ma vie. Et aussi n’en ay je encore escript ny parlé qu’à elle. Encore une fois je vous remercie très-humblement et vous supplie de ne vous en mettre plus en peine et laisser cela comme chose hors de saison. Seulement tenés-moy, s’il vous plaist, en vos bonnes grâces et croyés que je conserveray toute ma vie le souvenir de vos bons offices, bien heureux si une fois en ma vie je puis rencontrer l’occasion de vous en tesmoigner le ressentiment que j’en ay et combien passionnément je suis, Monsieur, Vostre très-humble et plus affectionné serviteur. d’Iray e A Vitré, le 24 juin 1623. Archives nationales 1 AP 357/100 8 juillet 1623 - Vitré à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Par celle qu’il vous a pleu m’escrire du 26e du passé vous me faictes l’honneur de me mander le temps de vostre partement de Sedan, et depuis j’appren vostre arrivée à Grouaincy, dont je loue Dieu qui vous aura guidé et conduict en tout vostre chemin s’il a exaucé mes prières ainsi que je le croy. Vostre Excellence me faict aussy l’honneur en me mandant des nouvelles de sa bonne disposition de me donner part à la joye que tous ses serviteurs en recevoient. La mienne doibt estre daultant plus grande que j’y suis plus obligé par une suitte continuelle de tesmoignages et d’effects de bienveillances qui tirent de moy des prières fréquentes et ardentes pour la continuation de vostre santé à celuy qui vous l’a redonnée. Je ne vous ay escript aulcune chose, Madame, sur ce que vous m’aviés faict l’honneur de m’escrire touchant la pension sur l’abbaye de Chambon d’aultant que M. de La Mothe a deu vous informer amplement de ce qui se passoit et aussi qu’il en voulut lors bien prendre la charge. Je croy qu’il vous y donnera tout le contentement que vous en souhaittés, Madame, il me l’a ainsi asseuré et que vous le recognoistrés par bons et véritables effects. Si je le voy avant le partement du messager, je sçauray si ce voyage ne luy aura rien appris de nouveau sur ce subject. Hier il me dict qu’ayant sceu l’arrest intervenu au renvoys du Sr. Dannelot, procureur du Roy en la mareschaulsée et que quelques personnes avoient envie de brouillet cet affaire, il auroit envoyé à Thouars le Sr. Blanchet pour faire receuillir et percevoir les fruicts de 105 l’abbaye. Depuis nos dernières, Monseigneur, a eu des nouvelles de Monseigneur le Comte et luy a envoyé des siennes le conviant encore à le venir voir et luy ayder à préparer la bienvenue de Madame sa belle sœur. Je croy qu’il sera icy dedans peu de temps car quand mesme il auroit volonté d’attendre que les fruicts de l’abbaye de Thalmond fussent receuilis, ce la ne peut guères /2/ tarder, car les mestives sont fort advancés là. Il m’a faict l’honneur de m’escrire et commander de vous envoyer Madame les lettres cy-incluses. Il est en très bonne disposition Dieu mercy. Je m’asseure que par luy mesmes vous en aurés les asseurances. Monseigneur n’a point encore faict son voyage de Rennes. Il est résolu de partir le 10 e pour cela sans plus de différé. Il est en très bonne disposition grâces à Dieu. Nous avons appris de mesme depuis deux jours de Monseigneur le Prince. M. de Netz a envoyé à Monseigneur une response à une lettre qu’il avoit escript à M. Elbœuf à ce qu’il envoyast procuration à ceux qui font ses affaires en cette province pour assister à l’ouverture de la chambre du thrésor, ladicte response porte qu’il se fie entièrement à Monseigneur et que seulement il le supplie de commander qu’on mette à part les tiltres et papiers qui se vont trouver concernant ses terres et maisons, désirant en tout luy faire paroistre la confiance qu’il prend en luy et le résolution de traitter et terminer toutes leurs affaires franchement faisant un grand estat de l’amitié de Monseigneur. Cela aussi témoigne franchise en toutes sortes à mon advis. Il ne s’est passé icy aulcune chose aux affaires depuis mes dernières. M. de La Mothe et moy avons par le commandement de Monseigneur esté voir voir quelques landes et communs que MM. du Boullay et de La Morinière173 veulent afféager, cela est bien peu de choses, n’y en ayant que soixante-dix ou quatre-vingt journaux ou environ, mais ce seroit un commencement. Tout semble se bien préparer pour la lande d’Isé dont Monseigneur presse l’afféagement, mais cela ne peut estre estre travaillé qu’après son retour de Rennes, où on dict qu’il est attendu avec intention de luy bien recevoir. Je prie Dieu, Madame, qu’il vous ait de sa guarde et vous doint toutes sortes de contentemens et à moy les moyens de pouvoir par très humbles services et fidèles quelques fois mériter dignement la qualité que je désire plus que chose du monde, Madame, de Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Vitré, le 8 juillet 1623. Archives nationales 1 AP 357/101 18 juillet 1623 - Vitré à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Obéissant à vos commandemens, je ne laisseray passer aulcune occasion de vous escrire depuis mes dernières par le messager auxquelles je donnois advis à Vostre Excellence du retour de Monseigneur de Rennes et de ce qui s’estoit passé durant son séjour audict lieu. J’ay veu MM. les officiers de cette baronie desquels je n’ay rien appris de nouveau ny qu’en l’absence de Monseigneur il se soit passé aulcune chose qui mérite d’aller à vostre cognoissance. J’ay receu des lettres de M. de Rouvray par lesquelles il me recommande de faire tenir seurement et promptement à Vostre Excellence le pacquet cy-inclus. On l’a porté à Thouars d’où il m’a esté envoyé, ainsi j’y crains quelque retardement. La santé de Monseigneur est très bonne grâces à Dieu que je prie pour la continuation et augmentation de la vostre. Monseigneur le Prince se porte très bien, ainsi que nous avons appris par les nouvelles de Thouars que Monseigneur a receües. Il est vray que le 4e de ce mois M. de Guise arriva à La Palice avec cinq grands vaisseaux cela a tout allarmé. Cependant, je vi hier par lettres d’un marchand de La Rochelle du 8 e à un autre 173 Julien Léziart, écuyer, sieur de La Morinière dans la paroisse de Mecé au nord-ouest de Vitré. 106 marchand de cette ville que mondict Sr. de Guise n’avoit empesché et n’empeschoit les vaisseaux marchands d’aller et venir à La Rochelle. Un bruict court que le Roy l’a mandé pour apprendre les raisons de son approche et séjour audict lieu de Palice. Monseigneur n’a receu de Monseigneur le Comte aulcunes nouvelles non plus que de ce qui s’est passé et se passe à Thalmond pour la récolte des fruicts. Il en attend d’heure à autres. Incontinent qu’il en aura receu, je ne feray faulte, Madame, à vous donner advis de la disposition de Monseigneur le Comte. M. de La Tour duquel vous parloient mes dernières est en ce lieu /2/ pour traitter de l’affaire du moulin et estang près Bécherel, à quoy je voy ce me semble Monseigneur disposé, mais l’absence de M. de La Mothe qui n’est encore de retour de Rennes en a jusques icy arresté l’effect, d’aultant qu’ayant plus de cognoissance que personne du mérite de cet affaire. Il seroit bon à mon advis de la traitter et terminer par le sien. Les affaires des landes et communs semblent aller de bien en mieux, et desjà se trouvent assés de personnes qui veulent contracter. Monseigneur attend aussi pour ce faire mondit Sieur de La Mothe que nous pourrons avoir icy aujourd’huy avec M. le président des Neptumières . Voylà, Madame, ce que nous avons quant à présent. Je prie Dieu qu’il soit vostre guide et conduitte partout, qu’il vous doint toutes sortes de contentements et à moy de mériter tousjours par mes très humbles services la qualité, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Vitré, le 18 juillet 1623. Archives nationales 1 AP 357/102 22 juillet 1623 - Vitré à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Tous les vostres ont grande occasion de louer Dieu et le remercier de la continuation de vostre santé à laquelle vous debvés veiller comme au principal et considérer le reste comme accessoires auxquels on pourra tousjours remédier pourveu que vostre santé vous demeure. Vous me faictes l’honneur de me dire que vous n’estes pas de ceux qui appréhendent le plus le mal dont l’air de Paris est infecté174. Je sçay assés, Madame, que par constance et vertu vous mesprisés ce qui faict frémir les autres, mais à ce qu’on escript de tous costés le mal se rend universel, et faict que par s’en esloigner la plus part se résolvent à l’éviter s’ils peuvent. Je sçay bien aussi comme vostre présence et vos soings sont nécessaires aux affaires, mais le temps est mauvais et les affaires peuvent souffrir remise. Il me semble, Madame, qu’un autre air seroit meilleur pour prendre des eaües que celuy de Paris que chacun fuit. Pardonnés, s’il vous [plaist]175, à cette hardiesse à un serviteur qui a l’affection et la fidélité vivement emprainctes au cœur, qui ne reçoit point de joye si parfaicte qu’aus nouvelles de voste santé et qui en craint l’altération. J’ay faict entendre à Monseigneur ce que Vostre Excellence m’escript touchant M. de Netz. Je croy qu’il vous y respond, Madame, et le remet à vostre prudent advis. M. de Champdor obéissant à vos commandemens m’escript ce qui s’est passé au conseil en vostre présence. Sur quoy, je luy respons sans l’employer icy de peur de vous importuner de redites. Monseigneur m’a faict l’honneur de me dire qu’il vous escriroit son sentiment touchant le voyage de M. de La Mothe. Mondict Seigneur est en peine, Madame, de vous sçavoir à Paris en un temps que chacun s’en esloigne. Il ne s’est passé aulcune chose /2/ aux affaires de deçà depuis mes dernières par 174 Paris de 1438 à 1638 fut le point le plus pesté du royaume. Notamment pendant les dix années s’écoulant de 1622 à 1631 la peste y joua à cache-cache d’un quartier à l’autre, partiellement contrôlée. Pierre CHAUNU, La mort à Paris. XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Librairie Arthème Fayard, 1978, p. 185. 175 Pressé, D’Iray n’a pas écrit ce mot. 107 voye extraordinaire avec lesquelles je vous envoyay un pacquet de M. de Rouvray. Nous attendons à toutes heures des nouvelles de Monseigneur le Comte. La santé de Monseigneur est fort bonne grâces à Dieu. Il parle de partir sur la fin de la sepmaine prochaine pour aller à Laval, et y faire préparer ce qui sera nécessaire pour la bien venue de Madame vostre belle-fille. Les choses semblent préparées pour l’afféagement des landes, mais rien n’a encore esté faict en cela. Je prie Dieu Madame qu’il vous inspire le conseil que vous avés à prendre pour vostre séjour ou partement de Paris. Le premier me faict craindre. Je le prie aussi qu’il vous doint partout de recevoir les contentemens qui sont deus à vostre bonté et à moy d’estre tousjours honoré du tiltre, Madame de, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Vitré, le 22 juillet 1623. Messieurs Brusse et Rozemont vous remercient très-humblement de l’honneur que vous leurs faictes de vous souvenir d’eux. Archives nationales 1 AP 357/103 23 août 1623 - Thouars à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, J’ay appris en ce lieu par lettres de Paris et de St-Mor la continuation de vostre bonne disposition dont je loue Dieu et le prie ardemment de tout mon cœur de vous l’augmenter et vous donner toutes sortes de contentemens. Je suis icy depuis dix jours et espère y faire encore aultant de séjour pour parachever à prendre les eaües de Pougues dont j’ay commencé l’usage et me rendre incontinent auprès de Monseigneur scelon ses commandemens et y attendre ceux de Vostre Excellence pour y rendre ainsi que je doibs une entière et parfaicte obéissance. Icy tout roule à l’ordinaire. J’y ay assisté au conseil où on parle des affaires dont j’escri à M. Malherbe et luy envoye les mémoires qui ont esté dressés sur celle de Colasseau176. Monsieur de La Mazure et moy avons conféré avec M. Demeufves touchant la cession à luy faicte par feu son nepveu177. Il s’est résolu d’envoyer un de ses enfans au païs de son nepveu, où il croit qu’il a du bien. Son père luy debvoit deux mil escus qu’il luy avoit presté pour entretenir sa famille, acquérir des domaines et marier deux de ses filles. Ledit Sr. Demeufves oncle en a l’obligation, laquelle sondict fils doibt faire voir à MM. du conseil à recevoir d’eux ordre et advis pour s’y confirmer /2/ scelon les mémoires qu’il en a tant pour ce qui concerne la seureté de ce que Monseigneur a desjà payé en conséquence de ladite cession que pour celle dudit Sr. Demeufves de ce lieu que l’affaire reguarde principalement. Je ne diray point icy à Vostre Excellence l’estat auquel je laissay à Laval Messeigneurs et Madame vostre belle-fille, car je sçay que depuis vous aurés en de leurs nouvelles qui lors estoient très bonnes ainsi qu’elles sont encore Dieu mercy à ce que j’appren par un homme qui vient de là. Pour le général nous n’avons rien en cette province, laquelle j’appren estre toute en paix. Le Sr. Peussier n’a trouvé aulcune opposition à la récolte des bleds de l’abbaye de Thalmond. Rien ne l’a troublé que la pluye. Un peu de bon temps l’en mettra bien tost hors. Resteront les vendanges. Voylà Madame ce que je sçay pour le présent. Je prie Dieu encore une fois ainsi que je feray tous les jours de ma vie qu’il vous doint en parfaicte santé et longue et heureuses années et à moy de pouvoir vous rendre les très humbles services que vous doibt, 176 Prosper Ier de Colasseau, seigneur de Beaulieu, capitaine au régiment de Boissy, époux de Marie de La Fontaine, Dame de Bouillé-Loretz, avait rendu aveu le 23 novembre 1617 de tout ce qui à Bouillé-Loretz relevait du duché de Thouars. Il avait intenté une requête contre les La Trémoille « pour oster un poteau planté à Bouillé-Lorets » (Cf. lettre du 9 septembre 1623 à Charlotte-Brabantine de Nassau). 177 Cette mention laconique nous apprend que Charlotte-Brabantine de Nassau qui était intervenue en sa faveur lors de son séjour à Paris n’avait pu obtenir du Roi la grâce de Philippe Demeufves et que celui-ci avait été exécuté. 108 Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray A Thouars, le 23 aoust 1623. Archives nationales 1 AP 357/104 9 septembre 1623 - Vitré à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Je suis depuis deux jours de retour auprès de Monseigneur que grâces à Dieu j’ay trouvé et Messeigneurs vos autres enfans en très bonne disposition. Il est vray que Monseigneur le Prince a encore de reste une petite toux de laquelle on aura bientost la fin. Ce bon Dieu qui luy a redonné sa santé vous conserve la vostre par sa bonté et nous doint par l’accroissement de vostre prospérité de plus en plus matière de louanges. Icy j’appren que le procès-verbal de la pancarte de ce lieu cy devant dressé par un des substituts de M. le procureur général du Roy n’a pas encore esté soubsigné par les habitans qui mesme ont de nouveau faict une depputation de quinze pour entendre la lecture d’iceluy et en faire leur rapport à la maison commune et ainsi pour ne finir jamais. Aujourd’huy se doibt trouver en ce lieu ledit Sr. Substitut et à la requeste du Sr. procureur fiscal faire sommer et assigner les quinze nommés et depputés pour ouïr la lecture de sondict procès verbal et en cas d’absence d’aulcun d’eux prendre d’autres habitans d’office. Je n’appren point qu’on ait beaucoup avancé en l’affaire des Landes et croy qu’enfin Monseigneur se résoudra de prendre lettres de triage pour celles où les habitans proches prétendent usage. M. Malherbe m’escript qu’ils attendent les pièces concernants la première et ancienne concession du droict de nomination aux offices royaux de Laval pour faire voir à MM. les gens du Roy sur quoy se sont fondés MM. du conseil pour la concession des lettres de confirmation et restablissement audict droict, mais Monseigneur remet, M. de Netz qui aussi luy en a escript, au premier voyage du messager, et que durant ce temps là il les fera tenir prestes. Vostre Excellence aura eu advis sans doubte de l’accord et traitté faict avec M. de La Tour touchant les moulins ruinés de la tour près Bécherel. C’est pourquoy Madame je ne vous importuneray point de redites. J’ay laissé toutes choses à Thouars à l’ordinaire. L’arrest intervenu sur une requeste présentée par Colasseau pour oster un poteau planté à Bouillé /2/ Loretz nous a mis un peu en peine. Incontinent que nous en eusmes advis je depeschay à M. Malherbe avec amples mémoires pour advoir l’advis du conseil et s’y gouverner scelon iceux, mais principalement pour opposer et empescher l’exécution dudict arrest dont la commission est addressée à MM. les lieutenans général ou particulier d’Anjou, celuy-là me semble y avoir procédé civilement et judicieusement, car premier qu’exécuter ledict arrest il ordonna que Monseigneur seroit appelé et ouy par devant luy. Nous avons faict comparoistre à l’assignation et demandé délay de quinzaine que nous avons eu pour advertir Monseigneur veu son absence et la précipitation dont on a usé audict arrest, car l’instance de réintegrande n’a esté intentée qu’à la fin de juillet dernier et jugée le 13e aoust suivant. Depuis que je suis en ce lieu Monseigneur a envoyé procuration pour récuser lesdicts Srs lieutenants si besoing est et cela pour avoir le loisir de recevoir de Paris ou une surséance ou des déffences. Ledict Sr. Malherbe m’escript qu’il a envoyé l’advis du conseil à Thouars, si on eust allégué la possession de Monseigneur qui est immémoriale, certaine et très aisée justiffiée. Je ne croy pas que l’arrest fust intervenu et de Thouars on pouroit envoyer cela facilement. On estime qu’à Paris il y a pièces suffisantes pour cela, et n’est qu’un incident et qui ne faict aulcun préjudice au fonds où Monseigneur à tous les droicts du monde, mais cependant cela ne laisse de luy apporter de la fascherie. Je ne voy point encores qu’on ait parlé d’autres affaires aussy il y a il fort peu de temps que je suis arrivé de Thouars où Madame j’ay laissé une joye très grande aux cœurs de vos très humbles et fidèles serviteurs en l’espérance qu’ils avoient que bientost ils seroient honorés et bien servis de 109 vostre présence tant agréable et souhaitte de tous les gens de bien, principalement de la famille de vostre très-humble serviteur bien obligé à continuer de plus en plus les prières à Dieu pour la santé et le contentemens de Vostre Excellence. Cette nouvelle nous estoit arrivée au temps que j’y estois, M. Berthold me la continua et Dieu sçait avec quelle allégresse nous la receusmes, ce sera en son temps et Dieu veuille que ce soit toutes les fois que sa santé et son contentement le requèreront scelon les souhaits, Madame, de Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Vitré, le 9 septembre 1623. Archives nationales 1 AP 357/105 9 septembre 1623 - Vitré à Monsieur de Champdor Monsieur, Je veux recommencer mon commerce et vous donner encore la peine cy-après de lire mes lettres, non que j’en veuille exiger de vous qu’à vostre loisir, car je ne désire pas que pour m’escrire vous vous mettiés au moindre soucy, ny que vous vous destourniés tant soit peu des affaires qui je m’asseure vous occupent tout entier fussiés vous plus hault de demy pied que vous n’estes. Vous n’aurés pas désagréable que je vous die mon retour en ce lieu, et mes belles vaillances à bien boire tous les jours six choppines d’eaüe, si c’eust esté du vin il eust mieux value, et ce conseil là m’estoit bien donné par Marot, mais je ne l’ay jamais creu grand médecin, nous n’avons toutesfois pas laissé de prendre des temps de nous souvenir de vous en la façon qu’on doibt se souvenir de ses amis et en beuvant en nos petites compagnies du voisinage vous souhaitter des biens qui iroient sans doubte au delà de vos propres souhaits. Le bon M. Berthold arrivoit à Thouars au temps que j’en partois. Il vous aura dit ou dira de bouche la joye que j’ay receue de ce qu’il m’a dit qui le concerne. A dire vray il contenta grandement mon esprit et prise beaucoup la compagnie et société des gens de sa sorte et de la vostre. J’en voy peu de semblables. Je me hastay de retourner et n’ay entièrement parachevé mes eaues sur les commendemens que Monseigneur me faisoit, réitérois de retourner. Je prie Dieu que je puisse luy estre utile en quelque chose. Au nom de Dieu ne perdés pas les occasions d’asseurer, Madame, de la continuation de mon très humble et fidèle service, et que rien n’est plus grave dans mon cœur que la volonté de luy en rendre qui luy soit agréable, faictes moy s’il vous plaist cette faveur d’en asseurer aussi Madamoiselle à la bonté de laquelle moy et ma famille avons des obligations infinies. Je pren beaucoup de hardiesse, mais vostre prudence la mesnagera et me rendra excusable, et aussi qu’il est bien malaisé que de l’abondance du cœur la bouche ne parle. Icy je trouve tout ainsi que je le laissay. Tout le monde y est en bonne disposition grâces à Dieu. J’escri à Madame ce que j’ay appris aux affaires. J’ose croire qu’elle ne l’aura pas désagréable ny vous la parfaite volonté que j’ay d’estre tousjours creues et recogneur de vous, Monsieur, Vostre très-humble et très affectionné serviteur. d’Iray e A Vitré, le 9 septembre 1623. Archives nationales 1 AP 357/106 16 septembre 1623 - Vitré à Monsieur de Rozemont (?) Monsieur, J’atten en ce lieu de Vitré M. de La Mothe pour aller avec luy à Laval cercher et faire cercher les pièces consernantes l’ancienne concession et octroy du droict de 110 nomination aux offices royaux à Laval. Je trouve ce petit loisir que je ne veux pas perdre et ne puis mieux l’employer qu’à vous escrire. Je vous remercieray donc pour ma femme avec toute l’affection qu’il m’es possible de la faveur que vous luy avés faicte de luy envoyer des pseaumes. Vous estes trop soigneux de ce qui me touche. Vous me comblés de vos biens et me trouvés tousjours inutile à vous servir. J’en ay bonne volonté mais point de moyens dont je suis bien marry. Patience ! Nous ne serons point batu on ne le savons que peu icy car nous ne faisons point grand chose. Nostre pancarte est sur le bureau. J’espère que nous en aurons bonne issue. Dieu la doint telle à Madame de toutes ses affaires. Je l’espère telle puisqu’il bénist tousjours ce dont elle a agréable de se mesler. Nos landes et communs sont tousjours terres vaines et vagues, assés de personnes en demandent mais quand il fault joindre on nous ne les pressons pas assés où ils reculent trop, ainsi prou paroles, mais point ou peu d’effetcs. Je croy que vous aurés bientost à Paris un homme bien patient et raisonnable, le Sr. Chesneau qui va si on ne change d’avis poursuivre les lettres royales pour la pancarte et la réunion des chastellanies de cette province. Il travaille assés, mais il n’avance guères icy. Peut-être qu’ailleurs son labeur ne sera pas si ingrat. En vérité je suis estonné qu’il n’a la pia mator transpiores et grandement estoné de coups de pancarte, de réunion, de landes et communs, etc. Je vous remercie aussi de la peine que vous avés prise de m’escripre le 2e du courrant. Mes dernières vous aurons appris comme je me suis réintégré en Bretaigne et depuis quel temps. Nous ne sçavons point icy où nous irons voir MM. les Estats ny où ils sont assignés. Mais mon Dieu il m’a semblé ouïr lire ès dernières de Madame à Monseigneur quelque chose qui ne me faict point croire que si tost, elle parte de là. En vérité, je suis étonné de sa résolution d’avoir si longtemps demeuré en un tel air. Je vous supplie de me mander tousjours des nouvelles de sa santé que je souhaitte estre parfaicte et en prie Dieu du meilleur de mon cœur et de luy donner et faire recevoir chacun jour toutes sortes de contentemens. Mademoiselle me faict plus d’honneur que je ne mérite de daigner se souvenir de son très humble serviteur. Je ne doubte point que ma femme ne luy ait envoyé ce qu’elle luy a commandé. Elle l’avoit desja voulu faire, mais le messager ne peut le porter. Maintenant que Mlle de Madaillan est en santé, il luy fault mari. Elle en vault la peine. Elle a eu trop de courage. Pour moy je donne ma voix à M. du Ponthieu. Il est digne d’elle et elle de luy. Je leur baise à l’une et à l’autre très humblement les mains il ne tient qu’en eux qu’ils ne me façent bien aise, car, en vérité, je le seray quand j’apprendray leur mariage. Si vous les voyés dites leur s’il vous plaist de ma part. Je vous supplie aussi que Mlle Dully, et Mlle de La Verrie, M. de Pontaubray. M. et Madame Briseau trouveront icy mes très humbles baise-mains. Que le bon M. de Champdor les y trouve aussy. Je luy suis, je luy suis et seray toute ma vie, Monsieur, Très-humble et très affectionné serviteur. d’Iray e A Vitré, le 16 septembre 1623. J’adjoute cecy de Laval le 17e juin au matin où nous avons mis par ordre toutes les pièces énoncées et contenues au veu de l’arrest du conseil concernant la confirmation du droict de nomination. M. de La Mothe les a mises ès mains du messager pour les mettre en celles de M. de Netz. On ne les a pas retirées sans peine au commencement à cause de quelques petits riettés survenus cy devant entre MM. les oficiers de ce lieu. Chacun n’estoit pas content. Le voyage n’a pas esté sans fruict. Archives nationales 1 AP 357/107 17 septembre 1623 - Laval à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, 111 Celle qu’il a pleu à Vostre Excellence m’escrire du 3e du courant m’a esté rendue à Vitré où je laissay hier Messeigneurs et Madame vostre belle-fille en très bonne disposition, grâces à Dieu, que je loue d’apprendre la vostre si bonne et le prie ardemment de la vous continuer telle, mesme l’augmenter longuement et heureusement. Monseigneur a de nouveau despesché en Anjou conformément aux advis de Paris et de Thouars pour empescher s’il y a moyen l’exécution de l’arrest donné en faveur de Colasseau et faire que les parties soient sur les causes d’opposition de Monseigneur renvoyées au Parlement pour recevoir règlement. Nous attendons de sçavoir ce qui s’y sera passé. J’ay suivant vos commandemens (auxquels Madame je rendray toute ma vie une entière obéissance) parlé à Monseigneur pour sçavoir ce qu’il aura agréable de contribuer pour les bastimens du temple de Charenton et vous l’escrire, mais il m’a faict l’honneur de me dire qu’il vous en avoit escript cy-devant assés au long. Depuis ma précédente, il ne s’est passé aulcune chose à Vitré qui mérite d’aller à la cognoissance de vostre Excellence sinon que Monseigneur a faict mettre entre les mains des depputés du corps de ville dudit lieu le procès-verbal de la Pancarte pour leur faire voir que rien n’a esté adjousté ny diminué à ce qu’eux mesme ont délibéré et avisé sur ce subject et aussi pource qu’il est nécessaire qu’il soit signé d’eux, ce qui ne pouroit estre que premier ils n’en eussent /2/ eu la lecture. Je loüe Dieu, Madame, de voir tousjours une telle union entre Monseigneur et Monseigneur son frère. Je m’asseure, Madame, que vous en recevrés un très grand contentement, ceste créance redouble ma joye qui ne sera jamais que entière, que lorsque je verray que quelque chose deffaudra à vostre satisfaction à laquelle procurer tous les vostres sont bien estroittement obligés et vos serviteurs à y contribuer tout ce qui peut et pourra dépendre d’eux. Je di que tous le doibvent et ne crois pas aussi qu’aulcun ait autre pensée. Pour moy, je n’ay en cela ny en toute autre chose moyen meilleur que mes souhaits et mes veux et prières et si je puis quelque autre chose qui vous soit agréable, Madame, je ne desfaudray jamais en un seul point. Je désirerois avoir des paroles qui me peussent mieux exprimer et vous faire croire et pleinement persuader cette vérité. Monseigneur le Prince est en parfaicte santé grâces à Dieu, mais vous en aurés d’ailleurs des nouvelles plus particulières. Monseigneur a envoyé en ce lieu M. de La Mothe auquel j’ay tenu compagnie pour cercher et mettre à part les pièces nécessaires à la vérification à la Cour des Aydes du droict de nomination de Monseigneur aux offices royaux de ce comté et sur lesquelles l’arrest pour la confirmation dudict droict est cy-devant intervenu au conseil, lequel nous avons veu et retiré toutes les pièces et actes énoncés en iceluy qui estoient ès mains de Vautorte, lesquels mondict Sr. de La Mothe a mis ès main du messager de ce lieu pour les rendre en celles de M. de Netz qui je m’asseure ainsi qu’il est bien nécessaire aura soing de les conserver jusques à ce qu’il soit besoing de les produire, et après de les retirer. Monsieur de La Mothe luy en envoye un inventaire. Monseigneur nous a aussi commandé de voir icy s’il y aura moyen de trouver prix raisonnable de certains bois taillis assés inutiles esloignés d’icy et desquels on n’a de longtemps retiré aulcun proffict, et aussi de luy cercher un fermier de la glandé des forests de Boyère et Allouée, et après de retourner auprès de luy. Je croy que nous employerons ce jour de demain à l’exécution de ce commandement. Je prie le bon Dieu qu’il bénie vos desseins, accomplisse vos désirs, partage tous les affaires dont vous avés /3/ agréable de prendre soing et la peine et vous doint tousjours et en tout d’en recevoir et ressentir les fruicts et les contantemens que vous mérités scelon les souhaits et les prières, Madame de Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Laval, le 17 septembre 1623. Archives nationales 1 AP 357/108 112 23 septembre 1623 - Vitré à Monsieur de Champdor Monsieur, Vous me dites tant de belles et bonnes choses que je n’ay pas de mot à répliquer point de moyens de vous remercier, point d’occasions de vous servir. Je vous jure pourtant le bon vrayement que s’il s’en présente vous recognoistrés qu’estant personne sans considération, au reste il y a en moy une bonne volonté, une parfaicte affection et une fidélité entière vers mes amis. Que je serois content si ma bonne fortune vouloit que je vous procurasse une moitié de vous, qui fust aultant digne de vous que vous et celle serés honorés et estimés de moy ; et je vous jure que puis en voulés prendre une de ma main je ne jetteray jamais les yeux que sur une belle et qui ait pour le corps et pour l’esprit les qualités qui vous sont nécessaires. Je sçay un peu ce qu’il vous fault, mais premier je veux sçavoir quand l’envie voue en prendra, et lors nous tascherons de vous pourvoir scelon vos appétits, car vous en valés la peine. Madamoiselle me faict des honneurs dont je suis indigne. Je suis assés redevable et obligé à sa bonté et à ses biensfaicts sans de nouveau me daigner honorer de son souvenir. Je prie Dieu qu’il luy doint tousjours les contentemens qu’elle mérite et que je luy souhaitte. Je n’ay point veu encore la personne que vous me nommer par vostre lettre d’aultant que le messager n’est arrivé qu’à ce matin et veult repartir incontinent. Vous aurés veu M. de La Mothe sans doubte avant que la présente soit parvenue à vous. C’est pourquoy il seroit superflu de vous entretenir d’affaires ny de nouvelles. C’est une très bonne lettre parlante à laquelle rien adjouster seroit superflu. Tout est icy en très bonne santé grâces à Dieu que je prie continuellement et prieray tant que je vive pour celle de Madame et sa prospérité. Je suis si pressé que je ne sçay si je pourray faire response à M. Berthold. Ce sera pour demain ou lundy que Monseigneur envoyera. Depuis le commencement de ma lettre que j’ay prise et laissée plusieurs fois on me faict peur de la disposition de Madame et de faict je voy par celle qu’elle m’a faict l’honneur de m’escrire qu’il y a eu de l’altération. Dieu par sa grâce luy veuille rendre une santé parfaicte et à moy me donner les moyens de luy rendre des très humbles et agréables services, et de pouvoir vous tesmoigner combien je suis passionnément, Monsieur, Vostre bien humble et très affectionné serviteur. d’Iray e A Vitré, le 23 septembre 1623. Archives nationales 1 AP 357/109 30 septembre 1623 - Vitré à Monsieur de Champdor conseiller et secrétaire de Madame à Paris Monsieur, Je regrette avec vous que les pièces nécessaires à la vériffication du droict de nomination aux offices royaux de Laval n’ayent esté plutost porté, mais incontinent que j’ay esté retourné de Poictou et que j’ay receu commandement d’en aller avec M. de La Mothe faire recerche et les envoyer je n’ay ay pas manqué et […] y servir plustost et encore ne les eusmes non pas sans mistère. Toutesfois puisque Madame en a daigné prendre le soing, je ne desespère de rien sçachant assés par l’expérience et la cognoissance du passé combien son affection est grande pour ce qui touche Messeigneurs et comment elle sçait par prudence faire tout tourner à leur bien et advantage et en un mot faire ce qui sembleroit impossible et que d’autres n’oseroient tenter. M. de La Mazure m’a escript touchant l’assignation sur la vente des offices des nouveaux conseillers en Poictou. Je croyois avec luy que ceux de Poictiers y fussent compris et pensions bonnement avoir trouvé marchand. J’en ay escript à Fontenay et Niort et non à La Rochelle que je n’estimois pas y estre comprise. Nous verons ce que ferons nos lettres. Il en a aussi escript et faict escipre. 113 J’ay receu la coppie de la lettre de la Dame de Rocquemadour178 qui desjà avoit faict pareilles plainctes à Monseigneur. Je trouve la procédure de M. de Rouvray bien estrange et m’estonne de la rigeur dont il use, cependant voyla les effects de tant de belles parolles et promesses. Tout ce qui se peut faire en cela scelon mon jugement est ou de payer s’il y a condemnation pour les intérests en cas qu’on ne puisse traitter avec luy. Ce dont je m’estonne le plus est des poursuites qu’il a faictes contre Madame qui ne luy doibt aulcune chose et n’a aultre intérest en l’affaire que celluy de Monseigneur qui a lé vérité luy a tousjours esté très sensible et de grand ressentimens. J’ay faict entendre à Monseigneur ce que vous m’escrivés de la continuation de la mésintelligence entre MM. du conseil. Il est en grande peine et m’assure qu’il en escrira à Madame et la suppliera d’y mettre par sa prudence et auctorité l’ordre qui ne peut que bien malaisément y estre mis par autre, et de faire tout ce qu’elle jugera estre expédient sur tout cela, vous m’obligés bien fort de me parler avec tant de franchise. Vous sçavés combien je l’aime et ceux qui en usent, vous me ferés un singulier plaisir de continuer. Je suis bien aise que nous ayons à Thouars M. de La Pilletière179. C’est un personnage de grand mérite qui je m’asseure servira utilement à l’Eglise. Je prie pour l’heureux voyage de Madame à St-Germain et qu’il luy doint toutes sortes de contentement et de prendre une bonne résolution pour son partement ou son séjour à la Cour. Dieu sçait si son contentement et de prendre une bonne résolution pour son partement ou son séjour à la Cour. Dieu sçait si son contentement et service s’y rencontroit, lequel des deux je souhaitterois, vous m’en croyés je m’asseure sans jurer et combien j’ay de joye d’estre honoré par sa bouche de ses commandemens. Dieu la veuille conserver et luy donner en santé de longues et heureuses années. Vous sçavés je m’asseure la grande affliction de M. et de Mlle de La Bourdillière et de M. de Nerlu par la mort de la pauvre Mlle de Nerlu180, que je m’asseure tirera des regrets de la bonté de cœur de Madamoiselle que Dieu veuille conserver par sa grâce et me donner de pouvoir vous tesmoigner aussi véritablement par mes service en effect que jusques icy je vous ay, mais inutilement puisque ce n’a esté qu’en paroles asseuré ce qu’encore toutefois je vous réitère que je suis, A Vitré, Vostre très humble et plus affectionné serviteur. d’Iray Je baise avec vostre permission à amis et amies très humblement les mains. Je n’escri point à M. Berthold n’ayant rien à adjouster à celle que je luy ay respondu et aussi que je le croy parti. C’est un bon et docte Allemand qui mérite d’estre aimé. A la bonne Mlle de Madaillan mes baise mains s’il vous plaist. Archives nationales 1 AP 357/110 7 octobre 1623 - Vitré à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Pour ne laisser passer aulcune voye que vous n’appreniés des nouvelles de la disposition de Messeigneurs et de Madame vostre belle-fille. Je supplieray très humblement Vostre Excellence d’avoir agréable que j’asseure qu’ils sont tous en très bonne et parfaicte santé grâces à Dieu que je 178 Jeanne Prévost, la veuve de Jacques de Rocquemadour, le défunt procureur fiscal de Taillebourg. 179 Pour remplacer André Rivet, parti pendant l’été 1620 aux Provinces-Unies pour enseigner la théologie à l’Université de Leyde, le choix de la duchesse douairière de La Trémoille s’était finalement porté sur Paul Geslin, sieur de La Piltière. Originaire de Nantes, il avait auparavant exercé le ministère à Châtellerault pendant une dizaine d’années. Il avait épousé une protestante d’Angers Marie d’Escorsse, fille de Symphorien d’Escorsse et de Jeanne Huet, et en eut cinq enfants : trois fils et deux filles. Paul Geslin de La Piltière mourut dans le courant de l’année 1630. Le Fonds La Trémoille des Archives Nationales et le Fonds Rivet de la Bibliothèque de l’Université de Leyde conservent une trentaine de ses lettres. 180 Au vu de ce passage l’on ne peut que présumer que Laurent Chapeau, écuyer, sieur de La Bourdillière, capitaine de Thouars, et Gabrielle de Maulay son épouse venaient de perdre leur fille Antoinette. 114 prie pour la vostre du meilleur de mon cœur. Je croy, Madame, que vous en aurés la certitude par leurs lettres depuis les mêmes dernières. Le Sr. de La Poulardière a rendu compte à Monseigneur du prix de soixante arpens de bois dont on luy avoit faict délivrance avant son dernier contract sçavoir trente à luy seul, et trente à luy et au sr. Lezerie en société lors. Ledit bois pris en Missedon à raison de cent livres l’arpent. J’avois obmis en mes précédentes a faire entendre à Vostre Excellence que sur l’avis que j’avois eu des propositions que faisoit le Sr. Barateau de donner à Monseigneur pour estre continué en sa ferme de St-Laon la somme de deux cens livres par an oultre le prix courant de cinquante escus d’or de pot de vin et de quitter ce qu’il pouvoit demander à Monseigneur pour les payements que durant la ferme courante il a fait et fera des décimes ordinaires auxquelles il n’est point obligé par ladicte ferme courante, et aussi de s’obliger à les payer durant la ferme qui suivra et que ce dont il disoit pouvoir demander restitution monteroit à plus de neuf cens livres. Sur cet advis dis-je, j’en parlay à Monseigneur pour sçavoir s’il n’auroit point agréable que je fisse entendre cette poursuitte dudit Sr. Barateau au Sr. Prevost, chirurgien, et mondict Seigneur me commanda de le faire, ce que je fis et le priay de ma faire sçavoir son intentions et ses offres. Cependant le Sr. Barateau arriva icy, mais Monseigneur ne voulust rien affaire avec luy qu’il n’eut appris les intentions dudit Sr. Prvost /2/ quatre jours après l’arrivée de celluy-là, la response du Sr. Prevost me fut apportée. Par icelle il me disoit que l’affaire valoit bien que luy mesme vint faire son offre, ce qu’il ne manqueroit d’exécuter le sabmedy ou dimanche suivant. Monseigneur attendit ce temps là jusques au mardy au soir qu’il traitta avec ledict Sr. Barrateau aux conditions cy-dessus hosrmis qu’au lieu de deux cens livres par an il en a baillé tois cens oultre le prix courant sa première ferme n’estant encore finie, qui faict pour sept ans que Monseigneur luy continue la somme de deux mil cent livres et qu’il a payé contant, sçavoir sept cens cinquante livres en deniers et le surplus en une obligation payable à Noël. Monseigneur envoyera à Rennes un des jours de la prochaine sepmaine pour consulter ce qu’il fault faire sur le procès-verbal de la refformation de la Pancarte de ce lieu, lequel les habitans ne veulent vériffier au parlement de Rennes les lettres du Roy pour la perception de ce droict ; comme aussi pour consulter si certaines lettres obtenues par feu Monseigneur le comte de Laval père en 82 et revériffiées audict parlement audict an pour establir et refformer ses foretz et landes en Bretagne ne pourront pas servir à Monseigneur pour suivre les erremens passés sans estre obligé à en obtenir de nouvelles. Cela est principalement pour restablir les usurpations faictes sur les dictes landes et forests. Voyla, Madame, ce que je puis dire pour ce voyage à Vostre Excellence laquelle je prire Dieu ardemment vouloir conserver longuement en bonne et heureuse santé et me donner de pouvoir par très humbles et fidèles services tesmoigner que je suis et seray toute ma vie, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Vitré, le 7 octobre 1623. Archives nationales 1 AP 357/111 14 octobre 1623 - Vitré à Monsieur de Champdor à Paris Monsieur, Quoy qu’on en die quelque difficulté que puisse faire M. du Lis, advocat fiscal aux aydes, quelque peu de temps qui reste, si est ce que j’espéreray tousjours bien de la viriffication des lettres de nommination aux offices royaux de Laval puisque Madame est au lieu où l’affaire s’agite, car comme vous dites il n’est donné qu’à elle d’entreprendre la poursuitte des choses 115 difficile, mais vous me dite un achoppement à sçavoir que Madame de Buillon a loué son logis 181, et ainsi que Madame est à loger ou y sera au 20e du courant. A la vérité il ne seroit ny bon ny raisonnable que Madame arrestant et allongeant son séjour à Paris pour mettre ordre et avoir soing des affaires de Monseigneur qui ont grand besoing de sa bonne conduitte et prudence pour estre très importantes et pesantes portast la despense nécessaire pour un logement nouveau. Aussi croy-je que Monseigneur luy en escript amplement, vous verrés cela sans doubte la lettre ou en entendrés le contenu touchant ce point. Il fault dire vray que la bonté et le grand soing de Madame pour Messeigneurs n’a ny bornes ny mesure ny moy de paroles pour l’exprimer. Je prie Dieu qu’il la conserve longuement en bonne santé pour eux et pour ses bons et fidèles serviteurs au rang desquelz j’ose hardiment prendre place que je ne quitteray que par la mort. Madame me faict trop d’honneur et à ma pauvre famille de daigner se souvenir de nous qui n’avons que nos prières pour sa santé et prospérité. Par vostre première qui est du 2 e du courant vous me faictes la faveur de me dire son soing. Je vous supplie de luy en faire de ma part les très humbles remercimens auxquels je suis obligé. Je baise bien humblement les mains à Mlle de Madaillan la ressuscite. Je vous asseure qu’elle vault trop d’avoir si bon courage. Je luy conseille de n’y retourner plus de peur qu’elle n’en fust pas quitté pour le prix. Je vous asseure qu’elle vault trop d’avoir si bon courage. Je luy conseille de n’y retourner plus de peur qu’elle n’en fust pas quitte pour le prix. Je vous asseure que sa maladie ou plustost la peur que j’avois de sa mort et sa reconvalescence ont eu doubles larmes de moy, à sçavoir de tristesse et de joye. Mes baisemains, s’il vous plaist, à Mamoiselle, à M. et Madame Brizeau et à tous mes amis et amies. J’ay faict entendre à Monseigneur ce que vous m’escrivés par commandement de Madame touchant l’accommodement désiré par M. Vincent sur ses prétentions et ce qu’elle vous a dict sur la somme de 2 329 escus demandés par le rapporteur général et solliciteur des restes. Monseigneur recognoit en tout ce grand soing et cette tendre affection de Madame que Dieu veuille bénir et conserver en longue et heureuse santé avec contentement. J’arrive de Rennes ainsi que vous verrés par celle que j’escri à madicte Dame. Durant mon absence, M. du Plessis-Bellay a eu nouvelles que Mlle sa femme estoit malade de la petite verolle. Il est allé à Thouars et ne l’ay plus trouvé. C’est pourquoy, je n’ay peu luy faire les recommandations que Madame me commenda en vostre lettre. Ce sera par lettres au premier jour et que je luy escriray parce que Madame ne luy a escript par ce voyage. Je vous di cela d’aultant […] laissé un mot de lettre pour moy par laquelle il me prie de retirer […] Paris pour luy et luy envoyer. J’ay obmis d’escrire à Madame que M. Peleus m’escript ayant charge du consistoire qu’on désire de moy que je sache de Monseigneur s’il n’a pas agréable de commander au Srs. Barateau et Demeufves de continuer a fournir à M. de La Piltière qui desja est à Thouars avec sa famille la subvention accoustumée à M. Rivet. Je n’en ay encore parlé à Monseigneur n’ayant bonnement pas eu de loisir pour faire nos despesches. Adieu, dispensés moy des cérémonies ordinaires lesquelles dites n’adjoustereoient rien au désir et affection que j’ay de vous tesmoigner plus par effets que par paroles et escripts que je suis inviolablement de tout le cœur, Monsieur, Vostre bien humble et très affectionné serviteur. d’Iray e A Vitré, le 14 octobre 1623. M. de La Motte est parti je croy qu’il ne sera point hors de propos d’ouvrir celles que luy escript Monseigneur. J’ay obmis d’escrire à Madame que le conseil de Rennes est d’avis d’obtenir lettres du Roy pour restablir les usurpations faictes aux landes et forestz en la forme qu’estoient celles de Monseigneur de Laval peu avant qu’obtenir lettres de tierçage. Archives nationales 1 AP 357/112 181 L’Hôtel de Bouillon était situé à Paris dans le faubourg Saint-Germain rue de Seine. 116 14 octobre 1623 - Vitré à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, J’ay receu celle qu’il vous a pleu m’escripre par Espérance le 2e du courant en laquelle Vostre Excellence me faict l’honneur de me dire que les miennes luy sont agréables en ce qu’elle y list les nouvelles de la disposition de Messeigneurs et recognoist la continuation de l’affection et fidélité de mes services. Je ne manqueray jamais aux choses que je sçauray vous estre agréables ny au debvoir que je suis obligé de rendre non plus qu’à l’obéissance à tous les commandemens dont il vous plaira ou honorer vostre bonté et vostre soing se font recognoistre par tout et en toute occasions pour Messeigneurs. La peine que vous prenés aux affaires de Monseigneur, vos sollicitudes pour les faire réussir, les effects qu’elles produisent font cognoistre, Madame, que personne n’a tant de soing et d’industrie que vous et que vos peines sont considérées par celuy qui seul envoye la bénédiction sur les actions des siens et aussi puis-je asseurer Vostre Excellence que Monseigneur voit et reçoit cela comme il fault et recognoist combien il est redevable à vostre soing. Depuis le retour d’Esperance le messager a apporté celles que vous avés escriptes de Paris à vostre retour de St-Germain par lesquelles, Madame, on apprend que M. de La Vieuville ayant sceu au vray pour qu’elle somme de Monseigneur est employé en l’estat de l’année, a refformé la lettre qu’il escrivoit à M. Morant et au lieu de six mil livres luy a baillé ordonnance pour douze. On y apprend aussi que le Roy a commandé que Monseigneur fust payé d’une dernière année de sa pension pour l’année courante et que l’assignation en fut donnée sur les deniers qui seront accordés à Sa Majesté par les Estats de cette province en la présente année. Je n’estime pas qu’on tire grande subvention de ce costé là à cause de l’establissement et institution qu’on veult faire des trésoriers nouveaux. Toutefois il n’y en peut avoir si peu qu’il n’y en ait pour suffire /2/. S’il n’est détourné ailleurs. Le lieu de Quimper où ils sont assignés n’est point agréable à la pluspart, particulièrement aux commissaires de Rennes, aulcuns desquels s’escuseront sans doubte du voyage qui sera long et pénible. J’arrivay hier au soir assés tard de Rennes où j’ay appris cela, j’y estois allé par commandement de Monseigneur pour apprendre où et en quelles mains sont les lettres et les tiltres des terres de Bretagne, et pour voir et convenir avec ceux qui les ont de l’ordre et moyen de les retirer avec leur seureté. Il y en a ès mains des Srs. de Lorial et Alain, celuy-cy a un coffre du feu Sr. Geslin et ainsi je croy qu’ils concernent cette baronie, celuy là a plusieurs papiers concernant Montfort, mais la plus grande partie est ès mains de Mlle de Broize qui me remist à M. Turquant, lequel j’ay veu et doibt donner mémoire audict Sr. Alain de la procuration qu’il désire estre donnée par Monseigneur à celuy qui les ira retirer avec la lettre ou coppie collationnée de M. d’Elbœuf portant consentement d’ouvrir le thrésor de ce lieu. Lequel de faict a esté ouvert après procès-verbal faict par notaires royaux suivant l’avis du conseil de Rennes auquel assista M. de La Motte au dernier voyage qu’y a faict Monseigneur. Il semble, Madame, que tous les papiers qui sont à Rennes où ils se guastent et pourrissent seroient mieux au thrésor d’icy où on en feroit inventaire lorsque les autres qui y sont seront mis d’ordre dont ils ont besoing. J’avois aussi commandement de consulter quelques affaires à sçavoir à qui la cognoissance appartient en cette baronie des faultes que commettent ceux qui vont à la chasse sans permission : aux juges ordinaires ou aux officiers des forestz. On l’attribue à ceux-cy. S’il seroit à propos d’estre appellant d’une sentence donnée au proffit du Sr. de Martimont182 contre le Sr. de La Paillardière, condamné au payement des loyers d’une maison afféagée par feüe Madame de Fervaques à feu M. de Martimont, lors intendant des affaires de la maison de Laval et ce pour récompense de services payant ses gages et le remboursant des frais faicts à la construction de ma maison. Ce qu’on avoit à faire sur la pancarte à cause de la diminution et refformation que prétendent faire les habitans de ce lieu sur le premier procès verbal faict avec eux, sur quoy on estime qu’il fault présenter requeste et demander un commissaire. C’est un grand tour et comme à commencer de 182 Philippe de Vassault, sieur de Martimont, un membre de l’Eglise de La Roche-Bernard, réfugié à Vitré dans les années 1590. 117 nouveau si on est bien fondé à se pourvoir contre un arrest de ce parlement donné en faveur des habitans de ce lieu il y a environ dix-huict ou vingt mois contre un nommé Bernier183 que Monseigneur avoit nommé à M. de Rennes, et M. de Rennes avoit /3/ receu en qualité de prieur de StNicolas. C’est une affaire où à mon advis Monseigneur n’a intérest qu’à la fondation du droict de nomination d’aultant que la fondation faicte par un des prédécesseurs de Monseigneur ne porte que chappelenie et non prieure, laquelle depuis a esté annexée à l’hospital, de sorte que ce que la cour a retranché de la pension du chappelain est appliqué à la nourriture et entretien des pauvres, mais la question est sur ce que Monseigneur désire y pourvoir conformément à la fondation et les habitans disent que cela a changé de nature par la réunion faicte à l’hospital et partant que conformément à l’ordonnance ils ont droict d’y commettre que et nommer. La consulatation que j’ay faicte est en nostre fabveur. Ils disent en avoir une qui faict entièrement pour eux. Il y a encore un secret à sçavoir que par la fondation et depuis par augmentation de feu Monseigneur André de Vitré 184 on accorde et donne plusieurs choses aux chappelains de cette chapelle de St-Nicolas dont on ne paye rien et appréhende que si on veult tirer cette fondation à conséquence en faveur de Monseigneur que de l’autre part on ne soit bien fondé d’en demander l’entretenement à quoy il y auroit du désavantage estant question de plus de six cens livres de rente dont on ne paye rien. Le meilleur à mon advis que la chose n’est que de petite conséquence pour Monseigneur à présent qu’on en sçait le mérite ce qu’auparavant on ne disoit pas. J’ay scelon ce qu’il a pleu à Vostre Excellence me faire l’honneur de me commander faict vos recommendations à MM. du Plessis-Bellay, Brusse et à tous ceux de la maison. Ils s’en ressentent grandement honorés et vous remercient très humblement, Madame, de l’honneur de vostre souvenir. Le premier durant mon absence de ce lieu a receu nouvelles de Thouars d’où on luy mande que Mlle du Plessis à la petite vérole. Il est allé et croy que son retour auprès de Monseigneur sera réglé par la reconvalescence de sa malade. J’espère tousjours bien de la veriffication de la Cour des Aydes du droict de nomination aux offices royaux de Laval puis qu’il vous plaist prendre la peine d’en avoir soing, car je sçay et ay esprouvé que Dieu vous aime et bénit vos peines. J’ay faict entendre à Monseigneur ce que Vostre Excellence a commandé à M. de Champdor de m’escrire touchant l’accommodement désiré par M. Vincent et les 2 329 escus demandés à mondict Seigneur par les receveurs et solliciteurs des restes. Je m’asseure, Madame, qu’il vous escript le grand ressentiment qu’il a de vos soings pour ce qui le concerne. Je recognois tousjours la continuation d’une bonne union et amitié parfaicte entre luy et Monseigneur son frère. Ils sont en très bonne santé, grâces à Dieu, ainsi qu Madame vostre bellefille et Monseigneur le Prince. Je m’asseure, Madame, que Monseigneur le Comte recognoit assés avec qu’elle affection vous luy escrivés l’avis de ses amis et serviteurs pour un voyage en poste à la Cour et que tout ce qui luy vient de vous ou par vous luy est et sera tousjour /4/ très utile et advantageuse n’ayant pour but principal que le bien et advancement des vostres. Il vous aura sans doubte faict entendre ses raisons pour son séjour icy. En ce temps là les advis de Monseigneur sembloient conformes à ceux qu’on donnoit de là sur ce subject. Vostre Excellence me faict l’honneur de me dire que lors on croyoit du bien en ce voyage, mais que le temps et les occasions changent. Vous en pourrés mieux juger que personne Madame et faire la différence nécessaire des temps. Je tiendrois à grande grâce de Dieu de pouvoir penser, dire ou faire quelque chose qui peut vous faire recognoistre au vray quelle affection j’ay pour vostre service et des vostres, quelle joye de vous voir et eux en parfaicte santé, quels souhaits et prières je fay pour la prospérité et accroissement de vostre très illustre maison, vous verrés que personne au monde n’est avec un cœur plus entier, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Vitré, le 14 octobre 1623. 183 Vincent Bernier. Abbé Paul PARIS-JALLOBERT, Journal historique de Vitré ou documents op. cit., p. 578. 184 André Ier baron de Vitré de 1090 à 1135. 118 Archives nationales 1 AP 357/113 21 octobre 1623 - Vitré à Monsieur de Champdor Monsieur, Par celle qu’il a pleu à Madame me faire l’honneur de m’escrire du xje, elle me commande d’envoyer à Paris (si toutesfois il m’a tombé entre les mains) l’extraict de l’article du compte de François David, receveur des tailles à Thouars, faisant mention des ij MiijCxxix escus demandés à Monseigneur par le solliciteur des restes d’aultant que sur ledict extraict on pourroit lever l’apostille, sur quoy je vous diray (n’estimant pas que cela méritast de luy escript) que j’ay envoyé tout ce que j’ay receu à sçavoir le commandement faict par ledict payement dans lequel il me semble qu’il est faict mention tant dudict article que de l’appostile en ces mots ou semblables alloué pour le comptable sauf à recouvrer la somme susdicte sur Monseigneur et sur quelque habitant de Thouars du noms duquel je ne me souviens. Il est vray que Madame ayant faict passer en allouant plusieurs parties purement et simplement on pourroit avoir deschargé Monseigneur sur le mesme article en cas que celle dont il s’agist en fust une. Je ne doubte point que puisque Madame a eu agréable d’en parler à M. Durand on n’en puisse par son moyen plus de lumière. Madame me commandoit aussi de luy achepter deux pièces de Quintin185. J’ay faict un voyage à Rennes depuis avoir receu ce commandement auquel j’ay obéi. Je les vous addresse, c’est du plus beau que j’ay peu trouver. Je vous supplie très-humblement de luy vouloir présenter de ma part. Ce ne me sera pas un petit honneur et contentement si il se trouve à son gré. J’ay faict voir à Messeigneurs et à Madame sa belle-fille la coppie de la lettre que luy escript M. d’Aersen. Vous me faictes trop de faveur de me témoigner de l’appréhention pour la santé et me la souhaitter bonne. Je vous en remercie très-humblement. J’ay eu quelques craintes, lesquelles par la grâce de Dieu commencent à s’esvanouir. Je le prie pour la continuation et augmentation de la vostre, que partout et tousjours il vous donne occasion de contentement et à moy de pouvoir vous tesmoigner avec quelle affection je suis et veux demeurer tant qu’il me laissera au monde, Monsieur, Vostre très-humble et très-fidèle serviteur. d’Iray e A Vitré, le 21 octobre 1623. Archives nationales 1 AP 357/114 21 octobre 1623 – Vitré à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Je continue encore, grâces à Dieu, à commencer mes lettres par asseurer Vostre Excellence de la bonne disposition de tous Messeigneurs. Je le prie que par sa bonté nous puissions tousjours avoir de pareilles nouvelles de la vostre tant désirées des vostres et tant nécessaire à vos serviteurs à moy particulièrement qui en ay tant d’occasion suivant le commandement que vous me faictes, Madame, par celles qu’il vous a pleu me faire l’honneur de m’escrire du xje du présent. J’ay faict entendre à Monseigneur ce que vous m’escrivés touchant les autre mil six cens livres que Monseigneur le Comte et Madamoiselle ont droict de prendre par chacun an pour parfournissement sur Bécherel et Gaël comme plus proche et cela seulement comme en luy renouvelant la mémoire dont toutes fois j’ay recognu qu’il se souvenoit assés et aussi n’a il rien touché de Bécherel ny encore de Gaël qui ne se paye qu’à terme à sçavoir à Noël. Le fermier sollicite continuellement que la refformation qui est commencé de cette terre là se parachève. M. de 185 Quintin était un centre de production renommé de toiles de lin de qualité dites « Bretagnes » et connues également sous le nom de « Quintin ». Cf. Jean MARTIN, Toiles de Bretagne. La manufacture de Quintin, Uzel et Loudéac (1670-1830), Presses Universitaires de Rennes, 1998. 119 La Boessière en est commissaire, mais à Rennes on estime que pour la parfaire la présence de M. de La Motte est nécessaire d’aultant qu’on a à agir avec plusieurs gentilshommes assés qualiffiés et qui ont faict des entreprises et usurpations auxquelles il est malaisé de pourvoir et remédier s’il n’y a quelque personne qui sont recognue pour avoir auctorité et moyen de maintenir des visiteurs et arpenteurs qu autrement n’y travailleroient qu’avec crainte et sans cette refformation ledit fermier dict qu’il ne payera que le prix antien et là qu’il n’est obligé à plus sinon au cas de ladicte reffomation. Il est vray que son bail est faict à cette condition il n’y a à travailler sur les lieux que pour quinze joursou trois sepmaines à ce que j’appren de M. de Lorial, lequel est un des adjoincts à cette commission. Je ne feray faulte, Madame, de faire ressou/2/venir Monseigneur de commander que la somme de deux mil livres soit réservées du prix de la ferme dudit Gaël lorsque le terme d’en payer le prix sera venu. Comme aussi de ce qui peut-estre deub à mondict Seigneur le Comte et à Madamoiselle pour les termes passés desdicts iiijMvjC livres jusques à Noël 1622. Il ne s’est passéa aulcune chose aux affaires de Monseigneur depuis mes dernières. Je suis allé par son commandement à Rennes pour apprendre quelque chose de ce qui se doibt proposer aux Estats. J’y ay veu et aux environs aulcuns des amis de Monseigneur qui je m’asseure y sera avec moyen d’y servir le Roy. Je n’ay rien d’ailleurs quant à présent sinon à supplier très humblement Vostre Excellence d’avoir agréable que je puisse tousjours estre honoré de la qualité, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Vitré, le 21 octobre 1623. Archives nationales 1 AP 357/115 28 octobre 1623 - Vitré à Monsieur de Champdor Monsieur, Je vous remercie bien humblement et aultant affectueusement que je puis du soing et peine qu’il vous plaist prendre de me mander des nouvelles de la santé de Madame et de sa maison. Pour récompense ayés d’ici que tous Messeigneurs et Madame la duchesse se portent bien, grâces à Dieu, que Monseigneur le Prince est parfaictement joli. Ce que vous m’escrivés des promesses faictes à M. de Netz par M. le Procureur général de la Cour des Aydes sont des fruicts et effects des sollicitudes et soings de Madame que je prie Dieu vouloir conserver en longue et heureuse santé, comme aussi Madamoiselle et leur donner des contentemens à l’esgual de mes souhaits et prières. Vous ne ma mandés point ce que vous croyés du séjour de Madame à Paris. Je mesnageray ce que vous m’escrivés, ainsi que j’ay faict au passé ce que vous m’avés escript. Je vous supplie de l’asseurer de mon très-humble et fidèle service et que jamais je ne desfaudray à ce que je luy doibs. Je sçay que chacun en dict aultant mais si chacun dict vray je ne sçay. Je suis trop désireux de son contentement trop obligé à ce devoir et ay trop de cognoissance de sa bonté et de son affection vers Monseigneur pour y manquer. Ce que vous me dites de M. Testar186 n’adjouste pas peu à la bonne opinion que, sans le cognoistre, j’avois conceüe de luy sur le rapport et les bons tesmoignages qu’en rend M. Durand 187, 186 Paul Testard (1597-1650), sieur de La Fontaine, était le fils d’un notaire de Blois Paul Testard et de Marguerite Bellay, son épouse. Charlotte-Brabantine de Nassau l’avait choisi sur les recommandations du ministre de Charenton Samuel Durant pour être le chapelain de son fils aîné. Il resta deux ans à son service. Au mois de janvier 1626, l’Eglise de Blois l’ayant demandé pour ministre, le duc de La Trémoille consentit à son départ. Il est à l’origine de la querelle de la grâce universelle par la publication en 1633 à Blois de son Eirenicon seu Synopsis doctrinae de natura et gratia. En 1637, lors du synode d’Alençon, il fut avec Moïse Amyraut l’objet d’un procès par les adversaires de l’universalisme hypothètique. 187 Samuel Durant (1574-1625), fils d’un bourgeois de Paris Jean Durant et de Madeleine Couët du Vivier, était ministre à Charenton depuis 1607. Pondéré, stricte observateur de la discipline, il assumait une place éminente dans l’Eglise réformée de France de son époque. 120 car pour vous dire vray j’en croirois aussi tost vostre advis et en ferois aussi tost vostre advis et en ferois aussitost choix à vostre relation que de beaucoup d’autres plus sçavans aux langues que vous n’estes et ne vous en offenses pas. Je n’avois rien sceu du mariage de M. du Moulin188, mais vostre lettre m’a rendu curieux et j’ay creu ne pouvoir estre mieux satisfaict par personne que par Madame Schélandre 189 si elle vouloit me faire l’honneur de m’en dire ce qu’elle en pouvoit sçavoir, car il est bien malaisé que rien de telle nature luy eschappe. J’en ay donc appris les particularités qui le confirment tousjours en l’opinion que j’ay que les ministres sont hommes sensuels, charnel, etc aultant que les autres et qui bien souvent font choses qui peuvent aussi tost apporter en leurs familles le trouble que le repos. Au reste, on me dict icy que vous n’estes pas en santé parfaicte. Je vous jure que j’en suis en aussi grande peine que si vous estiés mon propre frère. Je di frère bien aimé, car je suis de cœur et d’affection et ne seray jamais autre que, Monsieur, Vostre bien humble et très-affectionné et fidèle serviteur. d’Iray e A Vitré, le 28 octobre 1623. Je ne vous escri point d’affaire pour n’avoir rien à présent à vous mander de cette sorte. Archives nationales 1 AP 357/116 28 octobre 1623 - Vitré à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, J’ay receu par M. de Mazeuil190 celles qu’il a pleu à Vostre Excellence m’escrire du 22e du courant par lesquelles elle me commande de faire entendre à Monseigneur que Madame de Vendosme vous a faict supplier qu’il ne se fist aulcune saisie ny frais pour les rachapts advenus à Monseigneur par le décès de feue Madame la duchesse de Mercoeur. Monseigneur en a escript à M. son procureur fiscal de Thouars conformément à ce que dessus et moy encore présentement la mesme chose et aussi qu’on escrive icy ce que valent de ferme les terres tombées en rachapts et quelle distraction il fault faire du prix des desdites fermes tant pour ce qui ne court en rachapt que pour aussi quel pourroit y avoir y avoir quelque chose esdites terres qui reléveroit d’autres seigneurs. Nous aurons leur response dedans huict ou dix jours. Vous me commandés aussi Madame de ramentevoir à Monseigneur l’Eglise de Thouars et la personne de M. de La Piltière191. Je croy qu’à présent ledit Sr. aura receu ou recevra bientost les mesmes subventions de bois, bled et vin qu’avoit de coustume de recevoir M. Rivet d’aultant que Monseigneur a envoyé pour ce faire ses mandemens aux Srs. Demeufves et Barateau. Il n’est deub à l’Eglise en derniers que trois mois. Et on n’a point accoustumé de payer que par demies années. En mon dernier voyage à Thouars j’acquitay ce qui estoit deub pour les six premiers mois de la présente année. J’ay aussi remémoré à Monseigneur ce que Vostre Excellence me commande pour sa contribution au temple de Charenton. Il m’a faict l’honneur de me dire qu’il donneroit cent pistoles et 188 Pierre du Moulin (1568-1658) ancien ministre de Charenton, ministre à Sedan depuis 1621 avait perdu le 12 août 1622 sa première épouse Marie Colignon, âgée de 52 ans, lors d’une épidémie qui sévissait dans la ville. Il avait six enfants en sa charge et après 15 mois de veuvage se remaria avec Sarah du Gelhay, âgée de 26 ans, fille d’un capitaine. Il eut dix enfants de ce second mariage. 189 Agnès de Lisle (1560-1627), veuve de Robert Thyn de Schélandre, écuyer, sieur de Soumazannes, ancien capitaine et gouverneur de Jametz. 190 Pierre de Marconnay, sieur de Maseuil, comme son frère, Charles, sieur de Châteauneuf, était au service des La Trémoille. Il avait en octobre 1621 accompagné Henri de La Trémoille à Sedan. En 1623, le duc de La Trémoille le chargea de prendre possession du château et de la ville de Vitré en Bretagne que le Roi lui avait restitué. Il épousa en 1624 Marguerite Garnier. 191 Paul Geslin, sieur de La Piltière, le nouveau pasteur de Thouars. 121 que par cette voye il en envoyeroit mandement à M. de Netz. C’est le plus beau et le plus asseuré bastiment qu’on puisse faire que celuy où s’assemblent les saints pour faire de commune voix prières à celuy qui donné abondamment de quoy bastir des maisons quand on a travaillé comme il fault à bastir la sienne qui doibt servir comme de fondement aux nostre. Il ne s’est passé aulcune chose aux affaires /2/ de Monseigneur depuis mes précédentes. Les promesses qu’on donne pour asseurances à M. de Netz des conclusions favorables de MM. les gens du Roy de la Cour des Aydes sont effects du soing de Vostre Excellence et continuation des preuves de sa bonté et de la grande affection qu’elle a pour ce qui touche Monseigneur, lequel aussi Madame en a des recognoissances et sentimens dignes de luy. Il se porte grâces à Dieu très bien ainsi que tous Messeigneurs. MM. de Coesquen192, de La Roche-Giffard193, de St-Jouan194 et de Pouigny195 partirent hier d’icy, où ils estoient venus visiter Monseigneur. Je me persuade, Madame, que vous n’aurés pas désagréable que je continue à vous dire que l’amitié et bonne union entre Monseigneur et Monseigneur son frère est telle qu’il n’y a rien a y souhaitter. Je prie ce bon Dieu que cela continue tousjours et reçoive ses accroissemens s’il en a besoing. C’est ce que je souhaitte le plus au monde et de voir que vous receviés avec une parfaicte santé. Les contentemens et satisfactions qui vous sont si raisonnablement deubs. Vostre Excellence aura sans doubte par autres plus particulièrement que par moy des nouvelles de l’estat et de la santé de Madame vostre belle-fille. Monseigneur le Prince est si parfaictement joly et advancé en jugement que je n’ay point de paroles pour l’exprimer, voua aurisés bien du contentement, Madame, si vous le voyiés en cet estat et prendriés bien du plaisir à vous faire entretenir par luy car il dit et entend tout et respond très agréablement. Dieu pas sa saincte grâce le veuille de plus en plus bénir. Nous sommes tousjours en attente du lieu et du temps des Estats. De Rennes on escript à Monseigneur la mesme chose que vous, Madame, à sçavoir qu’il y aura changement au lieu. Si cela est, il faudra nécessairement esloigner aussi le temps, mais jusques icy on ne voit rien de certain, le premier advis n’a point esté demandé et cepandant nous touchons le temps de l’assignation et sommes fort esloignés du lieu. Nous n’avons eu encore qu’un jour M. de La Motte. Je prie Dieu, Madame, qu’il vous maintienne en santé et qu’il me doint de pouvoir toute ma vie rendre à vos commandemens l’entière obéissance que doibt, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Vitré, le 28 octobre 1623. Archives nationales 1 AP 357/117 31 octobre 1623 - Vitré à Monsieur de Champdor Monsieur, Je ferois préjudice notable à la bonne volonté que je sçay que vous reservés d’entretenir de bonnes paroles tirées du fonds de la poictrine (comme font les bons amis or ainsi que parloit Ulisse dans nostre grand oncle Homère). M. de Rozemont qui n’est pas moins gros et désireux de la mesme chose. Il vous dira ce que nous faisons et m’asseure mesme qu’il ne se feindra 192 Louis de Coëtquen, marquis dudit lieu à Saint-Helen, un catholique, gouverneur de Saint-Malo. 193 Samuel de La Chapelle, seigneur de La Roche-Giffart, était le principal seigneur huguenot du pays de Châteaubriant. Il était marié à Françoise Marech la fille de l’ancien gouverneur de Rennes René Marech, sieur de Montbarot et d'Esther du Boays de Baulac. Il mourut en 1626 dans un accident de chasse. 194 Mathurin de Rosmadec, seigneur de Saint-Jouan de l’Isle, un catholique, d’une branche cadette de la Maison de Rosmadec. 195 Jean-Jacques d’Angennes, marquis de Poigny et seigneur du Boisorcant dans la paroisse de Noyal-sur-Vilaine. Abbé GUILLOTIN de CORSON, Les Grandes Seigneuries de Haute-Bretagne, op. cit., tome I, p. 68-74. 122 pas (bien qu’il ne soit des plus grands prophètes) en pénétrant dans l’avenir de vous dire quelque chose de ce que nous ferons. Je l’ay particulièrement supplié (et vous en conjure ensemble) de vous faire ressouvenir de moy et de vous entre esveiller parfois sur la mémoire d’une pauvre petite personne qui n’a pas moins d’attention pour vous, et n’en faict pas moins d’estime que si vous estiés ses frères. D’une personne dis-je qui n’entend pas si bien le breton et manceau que le poictevin non au deux tiers près. Je ne veux toutesfois pas dire de ce païs ce qu’un docteur disoit du sien, que le mal y vient semer et y croist sans peines, mais bien que je ne suis pas sans soing et peine non plus ceux qui entreprennent d’y vivre avec franchise et intégrité, car vivre ainsi n’est pas […] à la mode Baste, n’en pleurés pas pourtant encore qu’il soit vray. Je serois bien marry de vous voir des conforté, faictes bonne chère et vous tenés joyeux. Je vous donne de bon advis et tasche de les suivre, mais faictes en si vous estes sage mieux vostre proffict que moy qui sans fraude ny barat suis de cœur et d’affection, Monsieur, Vostre très-humble et très-affectionné serviteur. d’Iray A Vitré, le dernier octobre 1623. Au nom de Dieu faictes moy naistre quelque occasion de vous faire service et vous verrés qu’il ne teindra à moy que tout n’aille bien. Le Sr. Inguel est marié196. Archives nationales 1 AP 357/118 31 octobre 1623 - Vitré à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Je sçay bien que M. de Rozemont est une bonne lettre parlante et que par luy vous allés apprendre bien particulièrement la bonne disposition de tous Messeigneurs et l’estat auquel sont toutes choses en ce lieu où on est encore en incertitude du temps et du lieu des Estats. Le retardement de Monsieur de Vendosme causera l’absence de plusieurs qui appréhenderont de s’exposer aux incommodités d’un voyage en hyver. J’en ay ainsi ouy parler à plusieurs. Où qu’ils soient Monseigneur se résout d’y aller. Il y sera utile au service du Roy et au bien du païs auquel à ce qu’on dict on fera des propositions nouvelles dont on est en peine sans les sçavoir. M. le procureur fiscal de ce lieu suivra bientost ledit Sr. de Rozemont, Monseigneur ayant délibéré de l’envoyer solliciter des lettres royaux pour la refformation de la pantcarte de ce lieu, réunions des chastelanies et restablissement des choses usurpées sur les landes et forests des terres de Bretagne conformément à celles que pour cecy obtint en quatre-vingt-deux feu Monseigneur le comte de Laval père. Ledit Sr. de Rozemont a bonne cognoissance de tout qui le fera beaucoup mieus entendre à Vostre Excellence que je ne pourrois l’exprimer par mes lettres. C’est pourquoy, Madame, après avoir loüé Dieu de ce qu’il luy plaist vous continuer vostre santé, je vous supplieray très humblement me faire l’honneur de croire que personne ne rendra jamais à vos commandemens une obéissance plus entière et fidèle, Madame que, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray A Vitré, le dernier d’octobre 1623. Archives nationales 1 AP 357/119 4 novembre 1623 - Vitré 196 Jean-Godefroy Inguel ou Ingel, qui avait été le valet de chambre de Frédéric de La Trémoille pendant les années 16201622, venait d’épouser le 12 novembre 1623 à Vitré Marie Lasnon (1594-1650), la fille d’un gendarme de la garnison. Il devint par la suite receveur de la baronnie de Vitré. Il mourut le 6 avril 1646 au château. 123 à Monsieur de Champdor Monsieur, Vous aurés avant que ma lettre soit parvenue à vous tout loisir d’entretenir M. de Rozemont qui vous dira toutes nouvelles du général et des particuliers du subject de son voyage quelles lettres il porte et comme Monseigneur remet tout à Madame dont les soings pour les affaires de mondict Seigneur et les bontés pour ses serviteurs. Pour moy particulièrement ne se peuvent exprimer ny assés loüer et remertier. Suivant ce qu’elle a escript à Monseigneur et conformément à ce que par son commandement vous m’en dites vous trouverez une lettre pour M. le marquis de La Vieuville portant remerciement des ordonnances qu’il a baillées pour avoir les assignations de ce qui est deub pour l’année passée et une supplication de tenir la main à ce que Madame et mondict Seigneur puissent jouir de ce qu’il a pleu à la bonté du Roy leur continuer pour la courante ; et pas un mot de pention puisqu’il les a tant à contre cœur, n’importe des mots si on trouve les choses. J’ay faict entendre à mondict Seigneur ce que par le commandement de Madame vous m’escrivés touchant l’ambassadeur de Savoye. Quant au moyne La Haye, sçavés-vous pas que chair de telles gens est venaison en paradis. Peut-estre à présent sçaurés vous l’intention de sa mère et à quoy vont ses prétentions. Le soing de Madame y fera donner ordre et esclaircir ce qui luy est justement deub si ladicte La Haye se met à raison si j’avois ou […] qu’y contribuer je le ferois de bon cœur. Vous aurés bientost M. le procureur fiscal de ce lieu qui va pour plusieurs grandes affaires. J’ay bien peur que ses sollicitations ne soient interrompues par ses ennemis, je voulois dire ses créantiers et aussi sont ce de dangereux ennemis quand ils demandent à qui n’a de quoy pour l’heure les contenter. Ledict Sr. de Rozemont (à qui je fay mes bien humbles baise mains et que je remercie de la faveur de son souvenir en la lettre qu’il a escript icy de Laval) vous aura discouru du subject du voyage dudict Sr. procureur. Mandés-moy, je vous prie, si vous estes bon courtisan et si les Estats seront à Nantes. Je tascheray de faire un tour jusques à Thouars pour mander s’il est encore où il estoit au passé. Je di sans raillerie que je tascheray d’y aller et ferois plustost ce voyage à cause des couches de ma femme dont je ne ne suis pas en petite peine. Si mon debvoir m’obligeoit d’aller aux Estats. Vous ne m’avés point escript si vous aviés receu une boette couverte de papier blanc et cachettée en plusieurs endroits en laquelle il y avoit deux pièces de Quintin. Je voudrois que vous eussiés pris guarde si elle n’aura point esté ouverte. Souvenés vous s’il vous plaist de m’en escrire un mot, car j’aurois regret si elle s’estoit perdue. M. de Rozemont se souviendra qu’il prist la peine de la mettre ès mains du messager. Que vous diray-je plus ? Les affaires de Paris sont soubz le soing de Madame, nous n’en avons point icy de nouvelles. Toute vostre cour se porte bien. Nous avons grande vinée en nos quartiers. Vous sçavés tout cela. C’est pourquoy il ne me reste plus de nouvelles. Car ce n’en seroit point de vous asseurer que je suis, Monsieur, Vostre bien humble et très-affectionné serviteur. d’Iray e Vitré, le 4 novembre 1623. Archives nationales 1 AP 357/120 4 novembre 1623 - Vitré à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Je post poseray tous les honneurs que je recevray jamais à celuy que Vostre Excellence me faict en approuvant la fidélité de mes très-humbles services et tesmoignant qu’ils luy sont agréables. Ce bonheur me vient de Dieu et de vostre bonté, Madame, qui considérées et agrées aultant l’affection et bonne volonté de ceux qui vous servent que l’utilité qui vient de leurs services. Hors qu’il plaira à Dieu rendre les miens utiles, ils respondront à mes souhaits pource qu’il n’y aura jamais manqué 124 d’affection et de fidélité. A l’approbation qu’il vous plaist d’en faire vous daignés adjouster les asseurances de la continuation de vostre bienveillance. Je vous en rends très-humbles grâces, Madame, et vous supplie très-humblement de croire que personne n’obéira jamais à vos commandemens avec plus de courage et de fidélité que moy, à qui vous ne vous lassés point de faire et procurer du bien. Je ne doubte point, Madame, qu’il ne se trouve sur ce qui sera accordé en la présente année à Sa Majesté par les Estats de cette province de quoy acquitter les ordonnances de la présente année. Monseigneur en escript à M. de La Vieuville ainsi que vous luy avés mandé et me l’avoir commandé et à M. de Champdor de m’en escripre plus amplement. Nous ne sommes point encore certains du temps et du lieu des Estats. On escript que ce sera au 20e à Nantes où on attend M. de Vendosme. M. de La Motte est à Rennes pour aviser à la perfection de la refformation de Gaël avec M. de La Boessière. A son retour, je ne manqueray de luy mettre entre les mains les lettres, pièces et mémoires concernans vos comptes, qui ont esté mises en les miennes par Madame vostre belle-fille. M. de Rozemont /2/ part pour Paris dès le premier de ce mois avec les lettres ouvertes de Monseigneur à MM. de son conseil, lesquels il remet à ce que Vostre Excellence aura agréable d’ordonner. Cela a très grand besoing de vostre bonne conduitte, Madame, et du soing que vous avés agréable d’en vouloir prendre vos peines y sont à plaindre. Mais vous avés tant d’affection au bien des affaires de Monseigneur que vous les surmontés. Je croy que le Sr. procureur fiscal partira avec, ou incontinent après, ce messager. Ledit Sr. de Rozemont aura sans doubte faict entendre à Vostre Excellence le subject du voyage de cettuy-cy, c’est pourquoy ce seroit vous importuner que le redire. Il ne s’est rien passé aux affaires de Monseigneur depuis le partement dudict Sr. de Rozemont. Tous Messeigneurs sont en très bonne disposition grâces à Dieu, que je prie et prieray pour la vostre aultant qu’il me laissera au monde. Je feray entendre à Monseigneur combien il est raisonnable qu’il assigne en lieu seur ce qui est deub de reste à Monseigneur le Comte et à Madamoiselle des termes escheüs à Noël 1622 pour le parfournissement du partage sur Bécherel et Gaël, ce qu’il fera je m’asseure de bon cœur et très volontiers. Je prie Dieu qu’il me continue la grâce de voir que mes services vous soient, Madame, et à Monseigneur aussi longtemps agréables qu’ils seront fidèles ne désirant au monde d’aultre qualité que celle, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Vitré, le 4 novembre 1623. Archives nationales 1 AP 357/121 7 novembre 1623 - Vitré à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, J’ay cy-devant escript à Vostre Excellence la résolution qu’à prise Monseigneur d’envoyer à Paris M. le procureur fiscal de ce lieu pour suivant les commandemens que vous auriés agréables de luy donner, obtenir des lettres royaux pour plusieurs choses très importantes au service et bien des affaires de Monseigneur, particulièrement pour la réunion des chastellanies de ce lieu, refformation de la pantcarte, restablissement des choses usurpées sur les landes et forests despendantes des terres de Monseigneur en cette province et tiercement desdites landes et pour diverses autres affaires, desquelles estant bien informé et portant les tiltres, actes et mémoires qui y peuvent servir. Il est beaucoup plus capable de les exposer et d’en faire cognoistre le mérite et utilité à Vostre Excellence que je ne pourrois l’exprimer par escript. Il porte avec luy les mémoires qu’il a sur l’affaire de Quintin et un tiltre en original qui pourra beaucoup servir au procès contre les habitans de la paroisse d’Isé. Monseigneur escript à MM. du Conseil le subject du voyage dudit Sr. procureur et les prie de 125 l’assister de leurs bons advis pour les suivre s’il en reçoit vos commandemens. M. de La Mothe n’est point encore de retour de Rennes depuis mes dernières. Le substitut de M. le procureur des Estats a asseuré Monseigneur par lettres que les Estats se tiendroient à Nantes au 24e du courant. M. de Vendosme n’y estoit encore arrivée le 2e où l’y attendoit M. de Lessongère197, intendant de ses affaires, y estoit. Il a dist beaucoup d’honnesteté à M. le procureur d’Estat touchant Monseigneur et particulièrement que quand M. de Vendosme auroit toutes les passions du monde pour faire entrer Monsieur son fils dans l’assemblée des Estats, il s’en déporteroit en considération de Monseigneur qui attend de jour en jour nouvelles de ses amis de Rennes où à mon advis il en peut faire un grand nombre et /2/ mesmes de ceux qui y tiennent les principales charges et y sont les plus considérables. C’est un de mes principaux souhaits et de le voir partout aimé, estimé, honoré, et en aussi grande considération qu’il le mérite. Il est en très bonne santé ainsi que sont tous Messeigneurs qui sont icy grâces à Dieu que je ne cesseray jamais de prier pour la vostre, et qu’il vous doint toutes sortes de contentemens et à moy de mériter par mes très humbles et fidèles services, Madame de, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Vitré, le 7 novembre 1623. Archives nationales 1 AP 357/122 11 novembre 1623 - Vitré à Monsieur de Champdor Monsieur, J’ay tant faict de despesches aujourd’huy en divers lieux et suis si pressé pour celles de Paris que j’appréhende bien de n’avoir du temps à suffire pour vous respondre et remercier comme je doibs. Je croy que l’absence de M. Malherbe peut avoir arresté les conclusions de Messieurs les gens du Roy de la Cour des Aydes, car il y a en telles rencontres certains petits secrets qui ne se communiquent à gens de haulte estoffe. Je croy donc plus cela que je ne crains l’autre. J’ay bien du regret que le partement de M. de Rozemont luy ait esté le moyen de porter les actes et pièces dont il eust receu les commandemens de Madame si son voyage eust esté retardé de quelques jours. J’ay mis és mains de M. de La Motte les dicts actes et mémoires. Il m’a asseuré qu’il y fera prompte response et y satisfera au désir de Madame scelon ses commandemens. Je suis bien aise que Monseigneur soit assuré de M. Testar198 et que nous ayons bientost parmi nous une personne de laquelle vous rendés des tesmoignages qui serviront à la faire estimer de plusieurs, mais surtout de moy qui adjouste créance entière à ce que vous dittes et puis vous avés servi de moyenneur. J’ay receu la lettre escripte à Madame par Merlat, Guarrier et Boullanger caultion avec autres de Monseigneur pour la somme de trois mil livres. Vous avés aves là présenté un mémoire contenant ce que je sçay de l’affaire. C’est pourquoy je vous y remets, s’il vous plaist, et une promesse que je donne à Madamoiselle de la somme de quatre cens livres causée pour les raisons que me mandés et celles qui sont contenues audict mémoire, ladicte promesse payable à volonté. Si elle n’est bien ainsi 197 Jean Blanchard, sieur de Lessongère, d’une famille noble de Fay-de-Bretagne, était le surintendant général de César de Vendôme. Il avait débuté dans les offices en 1602 comme procureur du Roi au Présidial de Nantes, puis était devenu en 1612 procureur général à la Chambre des Comptes. En 1619, ill quitta cette Chambre pour prendre en charge la gestion des affaires du duc de Vendôme. Il exercera cette fonction jusqu’en 1630. Il couronna sa carrière avec le poste de premier président à la Chambre des Comptes où il exerça de 1634 à 1641 avant de le céder à son fils, tout en conservant le privilège de siéger sans gages, mais avec voix délibérative. Il avait été maire de Nantes en 1611-1613 et était titulaire d’un brevet de conseiller d’Etat depuis 1614. Il acheta en 1623 la châtellenie du Bois-de-La-Muce aux portes de Nantes qui sera érigée en 1644 en baronnie puis en 1651 en marquisat. Guy SAUPIN, Nantes au XVIIe siècle. Vie politique et Société urbaine, Collection Histoire, Presses Universitaires de Rennes, 1996, p. 184, 306 et 334. 198 Paul Testard, sieur de La Fontaine, le chapelain que Henri de La Trémoille venait de prendre à son service (Cf. lettre d’Iray du 28 octobre 1623). 126 me la renvoyant j’en envoyeray une autre et telle forme qu’on désirera, car je ne veux manquer à aulcune chose qui me soit commandé non que l’estat de mes affaires soit commode ainsi que pourra dire M. de Rozemont depuis le partement duquel nous n’avons receu aulcuns deniers et il sçait combien j’en estois chargé quand il me laissa et pour avoir aussi cognoissance de la presse que me font divers créanciers, mais quoy faire ou dire à cela, rien du tout, tousjours bon courage et bonne espérance jamais. Je me rendray tant que je pourray fournie ou aller, car j’ay trop de confiance en la bonté de Madame, de Monseigneur et de Madame la duchesse pour appréhender rien, au contraire j’en espère tout puisqu’ils ont cognoissance de l’intégrité de ma vie et de mes actions en ce qui reguarde leur service. Je di trop de confiance en la bonté de Madame et en son équité pour doubter de rien. L’approbation qu’elle me faict l’honneur de faire de mon service m’apporte une joye et une satisfaction en l’esprit que je prise sans comparaison plus que je ne puis l’exprimer, mais je dois tout cela à sa bonté. Je prie Dieu qu’il luy retribue ses biens faicts. Je ne croy pas que nous recevions plus de vos lettres icy, Monseigneur en partira un des jours de la prochaine sepmaine pour aller aux Estats à Nantes, d’où, Dieu aydant, je feray un tour à Thouars où l’estat de ma femme m’appelleroit bien plustost estant sur son terme d’accoucher, mais je ne puis quitter à présent. Dieu en aura soin s’il luy plaist. Monseigneur remercie très humblement Madame de ses bons advis suivant iceux il escript le lettre de laquelle vous me parlés en la vostre par commandement de Madame pour la santé et prospérité de laquelle et de Mademoiselle. Je prie Dieu qu’il me doint de pouvoir vous tesmoigner quelque jour par bons services que je suis aultant que personne qui vive, Monsieur, Vostre très-humble et très-affectionné serviteur. d’Iray e A Vitré, le xj novembre 1623. Il m’est du tout impossible d’escrire à M. de Rozemont. Je luy fay des excuses et luy suis serviteur très affectionné. Nous n’avons peu encore retiré le procès-verbal de la refformation de la pancarte de ce lieu à cause qu’on demande pour les sallaires de l’advocat du Roy six vingt escus et il n’en fault pas quarente. On me le promet à demain. Je mettray ordre si je puis le retirer qu’il soit envoyé par l’autre voyage. Je vous supplie de le dire à M. le procureur fiscal de ce lieu ou à M. de Rozemont à qui je baise les mains. Archives nationales 1 AP 357/123 29 novembre 1623 - Nantes à Monsieur de Champdor Monsieur, J’ay ce matin escript à Madame par la voye ordinaire. Je n’ay en le loisir d’adjouster qu’un mot de response à une lettre de Monsieur de Rozemont depuis M. de Chasteauneuf est arrivé et au mesme temps de son arrivée, Monseigneur a advis du partement de ce courrier, cela l’empesche et ses serviteurs moy particulièrement de faire response à celles qu’il a pleu à Madame me faire l’honneur de m’escrire par ledit Sr. de Chasteauneuf et à celles de M. de Rozemont. Ce sera pour la première occasion Dieu aydant, aussi ne pourois-je rien de moy à cause qu’elles parlent d’affaires sur lesquelles je n’entrepren pas de respondre que par commandement et conseil. Je plains surtout la peine de Madame qui ne pourroit que succomber si elle n’estoit douée de prudence et patience extraordinaire, mais ou qu’elle soit il fault que son soing et son affection pour les siens paroisse aux despans mesmes de sa propre santé, ne pardonnant à peine ny travaille pour faire réussir ce qu’elle estime importer au bien des affaires de son illustre maison. Je vous convie et supplie de faire mes excuses si je ne luy escri par cette voye, mais j’ay escript ce matin et le reste du jour n’a produit aulcune nouveauté. Nous avons ouy toutefois depuis la 127 harangue de M. de Cahors199 qui a dignement représenté les nécessités de Sa Majesté et demandé pour elle un secours de six cens mil livres. L’affaire des généraux n’a point encore esté entamées. La bonne santé de Monseigneur continue. Il en pourra asseurer Madame par ses lettres. J’ay ce soir une mauvaise teste qui me contraint contre mon gré de finir. Je vous baise à M. de Roozemont et tous mes amis et amies très humblement les mains et suis, Monsieur, Vostre très-humble, et très-affectionné serviteur. d’Iray e A Nantes, le 29 novembre 1623. J’ay crainte que Madamoyselle ne blasme ma hardiesse si j’ose me ramentevoir à son souvenir et luy renouveller par vous les asseurences de mon très humble service bien heureux si je pouvois en ma vie luy en rendre qui luy fust agréable. Je prie Dieu qu’il luy doint toutes sortes de contentemens et prospérité. Archives nationales 1 AP 357/124 29 novembre 1623 - Nantes à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Depuis les lettres de Monseigneur trois jours ont seulement passé qui n’ont guères produit de nouveauté. Il est vray que les Estats furent ouverts hier à une heure après midi. Toute l’audiance se passa en harangues. Celle de Monsieur de Cahors reste pour ce matin. Plus nous allons avant plus recognoi-je le pouvoir et les moyens qu’aura Monseigneur de servir le Roy à quoy il s’employe de telle sorte, qu’il seroit désirable que la Cour on pensast à luy avec aultant d’affection. Monsieur de Vendosme continue ses protestations et asseurances d’amitié. Il sçait assés qu’il ne sera jamais trompé par Monseigneur sur lequel chacun a les yeux et se repose pour rencontrer et ajuster le service et contentement de Sa Majesté dans le bien et conservation des privilèges de la Province. On dict icy et cela vient de la Cour que le Roy tient pour très indifférent ou d’establir des généraux ou de tirer à plus près en deniers la valeur des offices. S’il en est ainsi je ne doubte point que tout n’aille et ne responde au désir de Sa Majesté en ce que le païs pourra faire. Hier, Monsieur l’Evesque de Rennes200 obéit au commandement du Roy et partit de ce lieu pour aller en cour à ce que ses amis disent. Je ne croy pas toutesfois qu’il s’esloigne beaucoup pour quelque temps. Vostre Excellence en peut conjecturer les raisons. Il y auroit choses à dire que le papier ne peut souffir de crainte qu’il tombe en d’autres mains. J’obmettois à vous dire, Madame, que Monsieur de Vendosme et M. de Cahors mandèrent M. de Rennes avant son partement, mais il n’y alla point. Depuis le cappitaine des guardes et quelques uns de ses soldats de M. de Vendosme furent envoyés apprès pour luy faire à /2/ ce qu’on dict commendement de par le Roy de s’esloigner de dix lieues de ce lieu toutesfois cela ne se sçait point d’aultant qu’on ne le trouva point. Je croy que cela n’aura pas diminué les aigreurs mutueles à l’accommodement desquelles Monseigneur a voulu s’employer, mais en vain ayant trouvé de tous costés de la résistance. Nous ne sçavons où nous méneront les Estats. Il y a apparence qu’ils seront longs bien que chacun se dispose à les advancer et y apporter toute diligence. Je serois très honoré et m’estimerois très heureux si je pouvois y rendre quelque service utile et agréable. On ne parle icy d’autres affaires que d’estats c’est pourquoy, Madame, je ne vous 199 Siméon-Etienne de Popian, évêque de Cahors de 1607 à 1627. 200 Pierre de Cornulier (1575-1639), un Nantais, licencié dans les deux droits, jurisconsulte éminent, conseiller du roi en ses conseils d’Etat et Privé. Il avait été conseiller clerc au Parlement de Bretagne, abbé commendataire de Sainte-Croix de Guingamp, de Saint-Martin de Gaël, de Blanche-Couronne, commissaire des Etats près la Chambre des Comptes, député du clergé de Bretagne aux Etats Généraux de 1614. En 1616, il avait été nommé à l’évêché de Tréguier où il résida très peu puis en 1619 à celui de Rennes. Georges MINOIS, La Bretagne des prêtres en Trégor d’Ancien Régime, Coll. Les Bibliophiles de Bretagne, Editions Beltan, 1987, p. 88. 128 importuneray de longues lettres. Seulement vous diray-je que Monseigneur est en parfaicte santé. Vous aurés sceu l’estat de celle de Madame vostre belle-fille depuis nous, qui depuis Rennes n’en aons rien eu non plus que celle de Monseigneur le Prince. Je prie et prieray Dieu inncessamment pour la vostre si nécessaire aux vostres et à vos serviteurs. Je ne doubte point, Madame, que l’affection que vous portiés à feu Monsieur du Plessis ne vous ay donné plus de regret de sa mort201, qu’il n’en a eu luy mesme, aussi certes doibt-on des regrets à sa perte et de l’honneur à sa mémoire. Monseigneur a envoyé ses consolations à Messieurs ses gendres. S’il se passe icy quelque chose qui soit digne d’aller jusques à vous je ne faudray à vous en informer et de ce qui viendra par tout ailleurs à ma cognoissance puisque que j’en ay receu vos commandemens aux quels je rendray toute ma vie une entière obéissance en qualité, Madame de Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Nantes, le 29 novembre 1623. Archives nationales 1 AP 357/125 Jeudi 7 décembre 1623 - Nantes à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Il me fut impossible de satisfaire autrement à mon debvoir par M. Mesmin secrétaire de Monsieur le duc de Vendosme pour le peu de loisir que nous donne la cognoissance de son prompt partement, que sans entreprendre de dire à Vostre Excellence choses mal arrengées, informer quelqu’un des vostres pour vous en donner advis de la bonne disposition de Monseigneur. Celle-cy, Madame, vous en dira la continuation et la réception de celles qu’il vous a pleu me faire l’honneur de m’escrire du 18e du passé par M. de Chasteauneuf202, qui s’est rendu auprès de Monseigneur depuis peu. Par icelles, Madame, vous me faictes l’honneur de me dire que vous n’estimés par le temps grandement favorable pour les affaires qui ont donné lieu au voyage du Sr. Chesneau procureur fiscal de Vitré, que mesme il est à craindre que quand elles passeroient favorablement, elles pourroient porter mauvaise conséquence pour autres sans comparaison plus importantes comme celle de Taillebourg et autres, d’aultant qu’à la Cour on veult que les petites choses, et qu’on ne reffuse que peu ou point tiennent lieu de grandes obligations et ferment la bouche aux demandes que d’ailleurs on pourroit faire quoy que justes et promises, oultre que la personne n’estant cogneue et peut-estre peu agréable, se trouveroit moins utile à l’effect de ce pourquoy elle a esté envoyée. A cela, Madame, je n’ay rien à dire ny escrire et M. de Rozemont qui a esté présent à tout peut fidèlement raporter quels ont esté mes sentimens sur ce faict s’il s’en veut souvenir j’ay faict entendre les vostres à Monseigneur auxquels je m’asseure, Madame, qu’il vous fera response si les compagnies et le temps luy peuvent permettre vous pouvant asseurer, Madame, qu’il n’en prent assés pour dormir, car dès le matin huict heures il entre aux Estats d’où il ne sort qu’à midi assisté et suivi de grande trouppe de noblesse et de bonnes qualités dont la pluspart disne avec luy qui ne le quitte point et incontinent est visité de plus grande trouppe qui le faict patienter une /2/ et deux heures pour retourner à la compagnie d’où il ne revient qu’à cinq heures et passe les soirs aux compagnies et comédies où se trouvent tousjours M. de Vendosme, qui faict convier MM. de Brissac, de Guesmené et tous les autres qui n’en retournent qu’à onze heures. Monseigneur en est le plus incommodé pource qu’il est seul subject aux exercices ordinaires du lendemain. Voylà à quoy les heures se passent. 201 Duplessis-Mornay, l’ami et conseiller de Charlotte-Brabantine de Nassau, est décédé le 11 novembre 1623 en son château de la Forêt-sur-Sèvre entouré de ses filles et de ses gendres. 202 Charles de Marconnay, sieur de Châteauneuf, revenait des Provinces-Unies où il avait participé au siège de Goch au sud de Clèves. 129 Vous avés sceu, Madame, comment M. de Rennes s’est absenté par le commandement du Roy qui luy a ordonné de l’aller trouver pour affaires importantes, le dispensant mesmes de se trouvera aux Estats. On croit toutesfois qu’il n’est encore fort esloigné et qu’il attend nouvelles de la Cour. Cepandant son absence a donné matière de parler à plusieurs qui estiment qu’il avoit bonne cognoissance des moyens qui pouroient faire rencontrer et adjuster le service du Roy et le bien et contentement de la province. Il est vray que le lendemain de son partement M. de Vendosme et MM. les Commissaires firent l’ouverture des Estats qui ont agité aulcunes de leurs affaires avec assés de quiétude et de douceur jusques à ce qu’ils ont appris que ces deux clauses du contract faict en l’année dernière entre MM. les Commissaires du Roy et eux n’ont esté entretenues : l’une que la ferme des imposts et billets se feroit actuellement en leur assemblée pour les deniers en provenans estre mis ès main du receveur général de cette province ; l’autre que bien que par la dernière clause d’iceluy contract l’édict de l’establissement des trésoriers de France et généraux en cette province eust esté révocqué et supprimé, et que depuis au mois de juin dernier le Roy eust rattifié et appouvé ledit contract en tous ses poincts, cepandant au mesme mois de juin Sa Majesté auroit remis sus ledit édict. Cela a faict que tous les Estats et de tous ordres ont semblé n’avoir qu’une voix tant les sentimens pour supplier trèshumblement Sa Majesté de supprimer ledict édict ont esté unanimes. C’est l’affaire sur laquelle ils sont maintenant et supplient MM. les commissaires de leur […] ladite suppression ou qu’aultrement ils ne peuvent délibérer sur les propositions faictes par M. de Cahors commissaire extraordinaire, qui a mon advis se trouve estonné et en peine de voir telle résolution. Nous verrons ce que le temps produira. Je n’ose entreprendre de dire mon sentiment et ce que j’entens dire aux particuliers cela mériteroit la vive voix, mais bientost on y verra à ce qu’on dict une résolution une résolution laquelle viendra à la cognoissance de tout le monde, les choses estant encore jusques icy incertaines. Je m’asseure, Madame, que vous me faictes l’honneur de croire que je rens en cecy à Monseigneur comme je feray toute me vie en tout les services que mon peu d’industrie mais mon affection et fidélité entière me fournist et espère avec l’ayde de Dieu que le Roy, le Païs et luy auront contentement de sa procédure. C’est au monde ce que je souhaitte le plus et de voir qu’on rende à Vostre Excellence l’honneur, le respect et l’obéissance qui pour tant et tant de raisons vous est deüe, et que vous recevriés les contentemens des vostres que si justement vous mérités. Il est vray qu’une bonne partie du contentement que je reçoy au monde gist en cela. Mais j’ay peur de /3/ vous importuner, c’est pourquoy après vous avoir dict que je ne sçay où nos Estats nous mènerons ny quel séjour Monseigneur fera icy, je retourneray aux affaires particulières. Par ledit Sr. Mesmin Monseigneur escrivit à M. de Netz qu’il eust a retirer mesmes en composant s’il y avoit moyen de l’argent de l’ordonnance de xij M livres à acquitter par M. Morant pour satisfaire et payer MM. du conseil pour tout le passé. Car icy je puis vous asseurer Madame que ce qu’ont peut faire est de fournir à la despense et mesmes que partie des termes de Noël est desja prise comme la somme de deux mil quatre cens livres ordonnée par Monseigneur pour estre payée à M. Turquant sur la ferme de Quintin, et encore ce qui est deub à Poussin pour la composition faicte avec luy dont il n’a touché que cent escus par moy ainsi que sçait ledit Sr. des Hayers auquel mesmes Monseigneur manda hier d’en fournir à Madame vostre belle-fille. M. de Vendosme n’a encore parlé ny faict parlé de ses rachapts et aussi estime-je qu’il est bon de remettre telles affaires après les générales qui donnent d’ordinaire luy et loy et mouvement à tout. On a parle icy de vendre La Roche-Bernard, mais il y a tant de lenteur et de différentes opinions à ceux qui veulent acquérir qu’on ne sçait à quoy se tenir. M. de La Mothe en parle assés à ses amis et cognoissances, mais il ne trouve rien qui responde encores à son désir. Pour moy, Madame, j’espéreray et attendray tant que je pourray et ferois en continuant si je pourrois quelque chose davantage car je ne feray jamais assés selon mon affection et mon debvoir, mais il me sera malaisé voire impossible de plus advancer. Vostre Excellence sçait mon peu de pouvoir. Je ne puis que je ne die assés souvent à Monseigneur qu’il luy est nécessaire de vendre pour payer. Le temps de sa majorité apporche, je prie Dieu qu’il luy veuille inspirer tousjours et surtout de bons conseils. 130 Je retourne aux Estats pour dire à Vostre Excellence que leur résolution met beaucoup de monde en peines nous particulièrement pour ne voir quasi point de milieu pour accommoder cet incident, Monseigneur s’y comporte avec honneur et louange pour le service du Roy et l’utilité de la province. Aujourd’huy ou demain se pourra faire une proposition aux Estats par M. le procureur sindic portant que plusieurs de tous ordres luy ont faict de grandes plainctes de ceux qui cy-devant commande dans Chastillon-en-Vendelois, dont mesmes il a entre mains plusieurs informations que cette place est grandement préjudiciable à la Province particulièrement aux circumvoisins et ainsi qu’il estimeroit à propos que Monseigneur fut très humblement supplié par MM. les Estats d’en consentir la démolition et razement. A quoy je ne doubte point que Monseigneur ne donne les mains moyennant récompense raisonnable dont toutesfois il est est résolu de faire juges MM. les Estats, Vostre Excellence jugera si en allées et venues cette affaire n’occupe pas une bonne partie de nostre temps. Dieu veuille que cela succède au bien et contentement de Monseigneur, auquel M. de Chasteauneuf et moy parlasmes hier encore, en présence de M. du Plessis, du Sr. Chesneau pour luy faire cognoistre ce que vous avés dist sur cela audit Sr. de /4/ Chasteauneuf. Sur quoy il tesmoigna avoir regret du choix que pour ces affaire et avoir faict, que toutes fois il n’y avoit esté meu par autre considération que pource qu’il avoit les pièces et tiltres entre les mains, dont il n’auroit voulu se dessaisir que puisque vous luy faisiés l’honneur de prendre le soing de ses affaires il s’estoit remis en vostre prudence pour surtout donné l’ordre que vous estimerés nécessaire ainsi que s’il peut escrire à Vostre Excellence, mais il vint hier au soir si lassé que je doubte qu’il ait peu escrire, s’il ne l’a faict ce sera pour vendredy ou sabmedy. A la sortie des Estats, il fut chez Monsieur de Vendosme où la compagnie l’avoit supplié d’aller et 14 autres depputés avec luy. Il y parla très bien et en bon serviteur du Roy et bon patriote. Je sçay mesme que la pluspart. Je di la plus part de Messieurs les commissaires luy donnent louanges de sa procédure. Il m’a esté du tout impossible de luy parler avec aultant de loisir qu’il faudroit de ses affaires particulières non plus qu’à M. de La Mothe qui n’a vraiment pas de temps assés pour vacquer aux présents ce sera après que la résolution aura esté prise sur ce grand article pour lequel M. de La Mothe est un de ses desputés. Mais je sçay, Madame, que ce qui faict que Monseigneur ne se met beaucoup en peine de ce qui le touche est la grande asseurance qu’il a sur vostre soing et prudence. Si de moy je pouvois y adjouster quelque service, je passerois volontiers les jours et les nuicts pour vacquer icy et à ce qui pourroit estre utile là, mais par celle que Vostre Excellence m’a faict l’honneur de m’escrire et par tiers de M. de Rozemont. Je voy qu’il ne tient qu’à l’argent que toutes choses n’aillent comme il fault par le bon ordre qu’il vous a pleu establir. A cela je ne puis que mes sollicitations et dire mes foibles sentimens. Pour après sur ce qui me sera commandé y servir avec fidélité et attention. Voylà, Madame, ce que j’ay et sçay. Quant à présent, je prie le bon Dieu qu’il vous doint avec contentement toute santé et prospérité et à moy de vous rendre des services aultant agréables qu’ils seront tousjours fidèles et plein d’affection en qualité, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Nantes, le 7 décembre 1623. Archives nationales 1 AP 357/126 Vendredi 8 décembre 1623 - Nantes à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Je vous ay escript par la voye du messager ordinaire, deux jours n’ont encore passé depuis. Ainsi nous n’avons guères de nouveauté. Ce que nous ont rapporté MM. les généraux de cette province n’est pas nouveau à Vostre Excellence, il l’estonne icy à plusieurs. Ils sont arrivés au temps 131 que la résolution se prenoit d’envoyer les présents desputés dont le voyage se fait pour obtenir de la bonté du Roy l’exécution de ses promesses touchant la révocation et suppression de l’édict des douze généraux. Le retour de ceux-cy et les expéditions qu’ils apportent ne rendent tout le monde esgualement content. Je ne sçay encores au vray si Monsieur de Rennes parachèvera son voyage. Il y a de grandes raisons pour cela et aussi que j’estime que Monseigneur le duc de Vendosme se résoudra difficilement à le mander. L’affaire de la démolition de Chastillon-de-Vendelais fut proposée hier et sur icelle résolu que deux de chasque ordre viendroient traitter avec Monseigneur pour sa récompense et le remercier des tesmoignages qu’il donne au païs de son effection. Ladite récompense fut aussi arbitrée et résolue à trente mil livres payable dans trois ans à sçavoir dix mil livres par chacun an à la charge que Monseigneur fera faire les démolitions. J’estime que Monseigneur vous répondra particulièrement, Madame, à ce que vous luy escrivés touchant le Sr. procureur fiscal de Vitré. Il m’a faict l’honneur de me le dire ainsi. Il reçoit icy grâces à Dieu de grandes occasions de contentement. Ce n’est pas une petite joye à ses serviteurs de voir que ses procédures soient approuvées du Roy et des ministres de l’Estat ainsi qu’elles sont icy du général et des particuliers de la province. Cette depputation nous ménera bien loing, si j’appren quelque chose qui mérite d’aller jusques à vous je ne manqueray pas aux occasions d’en donner advis à Vostre Excellence et vous tesmoigner que je suis, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Nantes, le 8 décembre 1623. La haste me servira s’il vous plaist d’excuse à ma mauvaise escriture. Ce qu’on a accordé à Monseigneur pour Chastillon a esté plustost par recognoissance et grattification que pour importance qu’on jugeast y avoir à démolir la place. Monseigneur a esté bien sceu. Archives nationales 1 AP 357/127 Samedi 16 décembre 1623 – Nantes à Monsieur de Champdor Monsieur, J’ay cy-devant escript à Madame les commencemens de l’affaire traittée avec Monsieur de Coniac203 qui luy en dira la fin. Je m’asseure qu’elle la trouvera utile et advantageuse pour plusieurs raisons. De Thouars, M. de La Mazure nous le conseilloit et nous hastoit avec raison. Le plus grand offre qui soit venu de là n’a esté de bien loing si considérable que les conditions que vous pourrés lire en l’escrit que porte mondit Sr. de Coniac. Monseigneur en escript à madite Dame. Je ne puis luy escrire pour cette fois, car oultre que je n’ay rien digne d’elle. Je suis attaché au lit par ce mauvais mal dont autres fois vous m’avés veu plaindre un pied. Vous ferés donc s’il vous plaist mes excuses et aussi que deux jours sont seulement passés depuis que je luy ay escript. Je ne puis que je ne vous die que son soing et affection pour Monseigneur et ses affaires est digne d’admiration, et m’estonne comme elle peut supporter tant de peine et résister à des solicitudes continuer. J’en ay souvent entretenu Monseigneur qui véritablement en a de grand ressentimens à quoy j’adjouste que les frais et la despense qu’elle faict mérite qu’il y pense à bon escient, et en supporte une partie. Ce que je croy il fera ce bon cœur et très volontiers. J’ay recueilly cela de ses discours qui partent, et je l’ose asseurer aultant du cœur que de la bouche. 203 Cette lettre n’a pas été conservée. Les Le Coniac étaient des catholiques de Quintin, originaires de Cohiniac (Côtes d’Armor) sur laquelle les comtes de Laval s’étaient appuyés pour gérer cette possession loitaine de leurs autres terres. Ses membres contrôlaient une bonne part des charges du comté et de la ville de Quintin. Jean Le Coniac († 31 juillet 1631), sieur de La Ville-au-Pilon à Saint-Bedan, le chef de la famille était le fermier général du comté de Quintin. Son fils aîné Henri, né en 1587, était depuis 1614 conseiller au Parlement de Bretagne. Son second fils, Sébastien, était depuis 1619 sénéchal de Quintin. Son troisième fils Jean, né en 1605, après avoir reçu la tonsure en 1621 des mains de l’évêque de Quimper, était à la veille d’être nommé par le Roi le 31 décembre 1623 abbé de Saint-Laon de Thouars. 132 Je ne doubte point qu’il n’eust très agréable que Madame composast des ordonnances qu’il a à Paris et que des deniers qui en proviendoient elle en prist telle part qu’elle adviseroit. Peut-estre que le succès de Monseigneur en ce lieu facilitera les moyens de convertir le papier en deniers. Je souhaitte et recerche tous moyens de pouvoir rendre à Madame quelques services y estant obligé en tant de sortes. Je n’escri point à M. de Rozemont qui trouvera icy mes bien humbles baise-mains. Je n’ose vous dire la douleur que me faict ce mauvais pied, ny dequel nom j’appelle mon mal. Ce seroit vous entretenir d’un trop mauvais discours. J’aime mieux vous supplier de m’aimer tousjours et de me croire, Monsieur, Vostre très-humble et très affectionné serviteur. d’Iray e A Nantes, le 16 décembre 1623. Archives nationales 1 AP 357/128 Jeudi 21 décembre 1623 - Nantes à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Hier estoit le jour du messager ordinaire que je laissay partir sans escrire à Vostre Excellence scelon mon debvoir. Je n’y eusse manqué si je n’eusse esté seigné le matin au bras droict, je vous eusse dict Madame comme maintenant je fay la continuation de la bonne santé de Monseigneur et celle de ses bonnes procédures envers le public et les particuliers qui le font aimer, estimer et honorer. Le succès du voyage des desputés luy donnera Dieu aydant par vostre soing et sollicitude continuelle nouvelle matière de contentement et d’honneur. M. de Coniac vous aura à présent porté Madame la conclusion de l’affaire commencé pour StLaon. Je ne doubte point que vostre crédist et auctorité ne luy soit nécessaire pour la faire heureusement succéder. Ainsi c’est une suitte de peines que je plains et les craindrois pour vostre santé si vostre affection toute parfaicte ne les surmontoit avec plaisir. Je supplie très-humblement Vostre Excellence de croire qu’en cette affaire et toutes autres sur lesquelles je suis honoré de quelques commandemens. J’y fais ce que je puis pour le bien advantage et contentement de Monseigneur bien heureux lorsque j’apprendray qu’il sera approuvé de vous. Car jusques là mon contentement n’y peut estre. Je ne puis assés m’estonner de l’imprudence et la légèreté du Sr. procureur fiscal de Vitré d’avoir osé changer, ny souffrir estre changé aulcune chose à ce qui par le conseil, honoré de vostre présence, avoit esté avisé. Les lettres que Monseigneur luy a escriptes auront faict cognoistre à Vostre Excellence, si elle a eu agréable se les faire lire, l’ordre qu’il avoit de recevoir et suivre surtout vos commandemens. Je m’asseure que sa procédure ne sera nullement approuvée de Monseigneur puisqu’elle vous a esté désagréable, sçachant assès le desplaisir qu’il recevra tousjours quand quelque chose sera passée qui vous donne du mescontentement. M. de Rozemont aura je m’asseure dict à Vostre Excellence si vous l’avés daigné /2/ enquérir le jugement que j’an ay tousjours faict. Mais, Madame, je laisse cela pour vous dire que Monseigneur ayant voulu continuer à ses anciens fermiers de Thalmond leur ferme qui expire dimanche prochain et eux ayant demandé cinq cens livres de diminution l’a promise à un des enfans du feu Sr. de La Gandivière qui a eu l’honneur d’en estre longtemps fermier. Le preneur l’a aux mesmes charges que les précédans et au mesme prix sinon qu’il donne par an deux fournitures de toile de plus évaluées à xl livres. C’est toit ce qu’on a peu faire de mieux et encore avec peine. Les conclusions favorables obtenues pour la vérification du droict de nomination aux offices royaux de Laval sont effects de vostre affection et crédit, et aussi de vostre prudence, laquelle y estoit si nécessaire. M. de La Roche-Jarret va à Paris pour son affaire contre Collasseau. Il en entretiendra assés souvent Vostre Excellence c’est pourquoy de peur de l’en importuner je ne luy diray que cecy. Il a 133 désiré une procuration de Monseigneur en laquelle le nom du procureur fust en blanc pour poursuivre et faire poursuivre vivement le procès qu’a Monseigneur contre ledit Collasseau jusques à arrest définitif ce que mondit Seigneur luy a accordé à cause qu’il luy a baillé promesse par escript de faire la poursuitte à ses frais et mesme d’indemniser Monseigneur de l’événement. Il recevra surtout l’ordre de Vostre Excellence pour la santé de laquelle, sa prospérité et son contentement je prie tous les jours Dieu, et qu’il me doint d’estre toute ma vie honoré de vostre bienveillance et de la qualité que je prise sur toutes choses, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Nantes, le 21 décembre 1623. Archives nationales 1 AP 357/129 Mercredi 27 décembre 1623 - Nantes à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, J’ay esté en doubte si je devois envoyer à Vostre Excellence une lettre de Monseigneur à demy faicte. Il avoit remis ce matin à vous escrire attendant tousjours quelque chose de nouveau, mais M. de Cahors l’a tenu jusques à dix heures et Monsieur de Vendosme jusques à onze. Ils sont sortis ensemble et vont disner aussi ensemble chez M. du Rocher-Portal204 qui traitte Monseigneur, MM. les autres présidens et tous Messieurs les commissaires. Ce que je voy de la lettre de Monseigneur respond à ce que Vostre Excellence luy a escript touchant le procureur de Vitré, lequel il blasme pour les mauvais moyens dont il a usé mais particulièrement de ce qu’il vous a dépleu. J’ay creu, Madame, estre de mon debvoir d’adjouster cecy pour vous oster du soucy que vous aurés peu prendre pour n’avoir point de lettres de Monseigneur. Je vous supplie très humblement de l’avoir agréable et que jusques à ma mort je puisse estre honoré de la qualité, Madame de, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Nantes, le 27 décembre 1623. Archives nationales 1 AP 357/130 Mercredi 27 décembre 1623 - Nantes à Charlotte-Brabantine de Nassau Madame, Depuis le partement d’Espérance j’ay receu celle qu’il a pleu à Vostre Excellence m’escrire du 16e. Vous me faictes l’honneur de me dire par icelle l’arrivée à Paris des courriers de M. de Vendosme depuis lesquels y sont arrivés MM. les dépputés des Estats il nous estoit impossible Madame de vous escrire le subject du voyage desdits courriers, car bien que nous nous en imaginassions les raisons. Nous n’eussions peu toutesfois en asseurer les causes. Et aussi qu’on avoit plustost advis de leur partement que de la délibération de les faire partir, mais puisque tout cela se faisoit à cause du voyage desdits depputés leur présence n’aura rien laissé en doubte. On est icy entre la crainte et l’espérance pour le succès de ce voyage particulièrement si ou non on traittera, ou conviendra du traitté à la Cour. Aulcuns désirent en cela ce que les autres appréhendent. 204 Gilles Ruellan, seigneur du Rocher-Portal et de Tiercent, originaire d’Antrain. Tallemant des Réaux a consacré une Historiette, à ce financier lié à Richelieu. Gilles Ruellan mourut au mois de mars 1627 à Paris et fut inhumé le 31 mars du même mois dans l’église des Grands carmes de Rennes. 134 Tout ira assés à mon gré si Monseigneur reçoit celuy qu’il mérite et que vostre affection et vos soings luy procurent. Icy on traitte de légères affaires dont la pluspart ne sont bonnes qu’à envoyer le temps jusques à ce qu’on ait pour nouvelles les intentions du Roy sur le subject de la dite desputation. On ne parle point encore que sourdement des rachapts des Essars et Rié. M. de La Mothe a faict ce qu’il a peu pour trouver marchands de La Roche-en-Nord. Il ne se présente personne qu’il veuille tout. Quelques particuliers prendroient ce qui les accommode. On continue tousjours à y veiller. J’y contribueray ce qui despendra de moy. Vostre Excellence me faict l’honneur de m’escrire ses sentimens sur la résolution que Monseigneur doibt prendre de vendre quelque chose qui …. /2/, qui puisse mettre ses affaires hors de la presse des incommodités passée et présentes en danger mesme de venir continuelles ou plus grandes s’il n’y est remédié par une vente. Je ne doubte point, Madame, que oultre le ressentiment que vous avés pour celles de Monseigneur l’estat des vostres ne s’en ressentes. J’ay souvent pris la hardiesse de luy dire ce que j’estimois sur ce subject et représenter le gouffre où les arrivages de rentes, les condemnations d’intérests et les frais des mauvaises affaires emportent et attirent. J’ay tousjours veu en luy des désirs d’en sortir par cette voye et croy que s’il en trouvoit les occasions il donneroit bien volontiers les mains. Depuis deux jours, je me suis traisné à son logis, mais les fréquentes visites ne permettent pas pas qu’on puisse beaucoup luy parler. Il est besoing que vos bons advis, vostre soing et vostre prudence interviennent en cela et y coopèrent. Car Dieu bénist vos procédures et vostre expérience fournist tousjours de bons moyens. Monseigneur se porte très bien grâce à Dieu. On nous asseure aussi souvent de la bonne disposition de Madame vostre belle-fille et de Monseigneur le Prince qui se rend de plus en plus si joli et agréable qu’il ne se peut trouver de paroles pour le dire. Les dernières nouvelles que nous avons eues de Monseigneur le Comte nous asseuroient de sa bonne disposition. Je luy ay escript scelon les commendemens qu’il luy a pleu m’en faire. M. de Chasteauneuf est allé le trouver il y a longtemps. Je prie Dieu qu’il luy inspire de bons conseils pour sa conduitte et l’accroisse en toutes sortes d’honneurs. Il les mérite et les grands dons et rares qualités dont Dieu l’a voulu doüer sont de bons moyens pour les obtenir s’il suit vos sages conseils. A tout cela vostre santé est absolument nécessaire. Celuy qui vous la donne, la continue et l’augmente par sa grâce en longues et heureuses années, celle de Madamoiselle en toutes sortes de prospérité et envoye sur vostre très illustre maison les bénédictions du Ciel et de la Terre sçelon les souhaits, Madame, Vostre très-humble, très-obéissant et très fidèle serviteur. d’Iray e A Nantes, le 27 décembre 1623. Messieurs Brusse, du Plessis et les autres vous rendent très-humblement grâce de l’honneur de vostre souvenir. Archives nationales 1 AP 357/131 -§Jean Luc Tulot, F Saint-Brieuc, 1er juin 2009 135