RAJCHMAN Chil - Université Paul Valéry

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RAJCHMAN Chil - Université Paul Valéry
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RAJCHMAN Chil (1914 - ?)
1) Le témoin :
Chil Rajchman est l'un des rares survivants de l'insurrection dans le camp d'extermination de
Treblinka qui a eu lieu le 2 août 1943. IL est né à Lodz, une ville de Pologne, le 14 juin 1914. En
1931 sa mère meurt, il vivra par la suite avec son père, ses trois frères et ses deux sœurs et sa
jusqu'à la guerre. Après l'annexion de la Pologne par l'Allemagne et l'Union soviétique, Lodz se
trouve dans la région Litzmannstadt qui est annexée par l'Allemagne. Un des frères de Chil arrive
à rejoindre l'autre partie de la Pologne où il survivra à la guerre. En octobre 1939, Chil Rajchman
et sa plus jeune sœur quittent Lodz et gagnent Pruskow (à 21km de Varsovie), le reste de sa
famille est enfermée dans le ghetto de Lodz. L'auteur est réquisitionné pour du travail forcé, par
la suite il rejoint sa sœur dans le ghetto de Varsovie. On ne sait comment ni quand mais il obtint
des papiers pour lui et sa sœur, tous les deux gagnent la ville d'Ostrow Lubelski (à environ 30km
de Lublin) jusqu'à ce que les Allemands décident de « libérer » la région des Juifs. Ils sont alors
conduit à Lubartow d'où ils prennent le train pour Treblinka, sa sœur n'en sortira pas vivante, elle.
Chil Rajchman a été enfermé d'octobre 1942 à août 1943 à Treblinka, il a fait parti de ceux qui
ont travaillé dans les camps d'exterminations car les Allemands choisissent des Juifs déportés au
camp pour s'en servir de main d'œuvre. Bien que l'espérance de vie de ces hommes soit plus
élevées que les autres déportés pour les chambres en gaz, leur taux de mortalité est haut car les
Allemands qui fouettent les Juifs toute la journée les tuent régulièrement pour différentes raisons
voir aucune raison. Ceux qui font mal leur travail sont tués, ainsi que ceux qui sont blessés au
visage, ceux qui sont épuisés, trop lent, ou qui font mal leur travail. Ces Juifs forment les
« Kommandos de travail » ou les « Kommandos juifs ».
Le camp de Treblinka où Chil est enfermé est à 2km du camp de travail forcé mis en fonction en
1941, c'est à moins de 100km de Varsovie mais c'est tout de même isolé. Le camp
d'extermination entre en service en juillet 1942, c'est dans les chambres à gaz de Treblinka que
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meurent les Juifs du ghetto de Varsovie, ainsi que ceux bulgares venus de Salonique ; entre
700.000 et 500.000 Juifs y sont acheminés. Lors de la révolte de août 1943 plusieurs bâtiments
sont détruits par les flammes, de plus des chambres à gaz ne peuvent plus fonctionner mais le
camp continu de fonctionner au ralentit jusqu'en octobre 1943 où il est démantelé entièrement, on
installe sur l'ancien site de camp d'extermination une ferme pour un paysan ukrainien chargé de
surveiller que personne ne vienne fouiller ici, on y plante aussi du lupin et des sapins, mais il
reste encore dans le sol des traces du massacre avec des os qui remonte à la surface.
Durant sa période de captivité à Treblinka, Chil Rajchman a vécu beaucoup de choses différentes
il a subit de multiples blessures plus ou moins graves dues aux coups de fouet constants. Il attrape
aussi le typhus lors de l'épidémie qu'il y a eu dans le camps à cause du cruel manque d'hygiène
des « Kommandos juifs », un médecin, docteur Zimerman, lui sauve aussi la vie lorsque ses
blessure dues au fouet s'infectent. Il a fait de multiples travaux différents durant sa période de
captivité, il a commencé comme trieur des habits et des biens des Juifs déportés (avant d'aller
dans la chambre à gaz tous les Juifs devaient se déshabiller et laisser tous leur biens). Ensuite il
est devenu coiffeur ; il était chargé avec d'autres Juifs comme lui de couper les cheveux des
femmes et des filles à l'entrée de la chambre. Puis il devient transporteur de corps : il travaille de
l'autre coté du camp, du coté où les chambres sont vidées et où les corps sont mis dans des fosses
par la suite le corps y sont aussi brulés. Après il devient dentiste : il doit arracher les fausses
dents, les couronnes et autres des cadavres.
Après sa fuite de Treblinka, Chil arrive à survivre et à échapper aux battues qui ont lieux pour
retrouver les fuyards. Grâce à des paysans polonais il survit et rejoint Varsovie où il se cacha
jusqu'à ce que la ville soit libérée. Durant cette période de liberté relative il rédige son
témoignage, Je suis le dernier Juif, il conserva son manuscrit avec lui jusqu'à sa mort sans le faire
publier mais en le faisant lire à ses proches. Après la guerre, Chil parti pour Montevideo en
Uruguay où il fonda sa famille et mena une vie professionnelle. Il ne témoigna qu'à deux procès
d'officiers nazis : celui de dénaturalisation de Ivan Demjanjuk aux Etats-Unis en juin 1981, qu'il
croit reconnaître comme l'un de ses tortionnaires à Treblinka ; il témoigna aussi dans le procès de
Ivan à Jérusalem en 1987. Jusqu'à sa mort Chil Rajchman est la figure du survivant en Uruguay
où il vécu jusqu'à sa mort.
Ce n'est qu'après sa mort que son récit est publié.
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2) Le témoignage :
Le témoignage est consultable en librairie.
L'auteur n'a pas pris de pseudonyme pour se témoignage bien qu'à la suite de son évasion de
Treblinka il se cache en Pologne sous le nom de Henryk Romanowski et qu'après cette période il
conserve le prénom Henryk à coté de Chil, son livre est publié sous son vrai nom, son nom de juif
déporté et destiné à la mort.
Son livre se nomme Je suis le dernier Juif, Treblinka (1942 – 1943), sa première et seule édition
a été faite en 2009 par les éditions Arènes. Le texte originel, lui, est en Yiddish et traduit par
Gilles Rozier.
Avec le récit de Chil se trouvent aussi des cartes. Une de la Pologne en 1943 (avec dessus les
frontières, les voies ferrées, les camps de concentrations, ceux d'exterminations et ceux mixtes), il
y en a une autre du réseau ferré de la zone nord-est du gouvernement général de Pologne en 1943,
enfin il y a une carte du camp d'extermination de Treblinka au printemps 1943.
Ce témoignage est un souvenir, Chil y raconte une période précise de sa vie, il ne raconte pas
toute la guerre mais juste sa vie au camp de Treblinka ou plutôt sa survie dans le camp.
Il a rédigé son témoignage durant l'hiver 1944 durant lequel il se cache à Varsovie. Il n'y a pas eu
de réécritures c'est un récit écrit après les faits mais encore durant la guerre.
La préface a été rédigée par Annette Wieviorka.
Cet ouvrage n'a pas été censuré mais il n'est connu du public que depuis 2009, après la mort de
l'auteur. Le style de l'auteur est direct et sobre. Même si son récit est court il est chargé car il y
raconte les atrocités des camps d'extermination avec simplicité et réalisme. Dans son récit se n'est
pas lui qui est au premier plan mais ce qu'il s'est passé à Treblinka, l'histoire de l'individu s'efface
face à l'histoire de ces violences.
La dédicace de l'auteur est faite « à tous ceux à qui il ne fut pas possible de raconter. Andrès,
Daniel, José Rajchman ». On ne sait pas si l'auteur avait prévu d'être publié, de son vivant il
conservait son récit avec lui et le faisait lire à ses proches. Chil Rajchman a écrit son histoire pour
témoigner de Treblinka : « Oui j'ai survécu et je suis libre, mais à quoi bon? Je me le demande
souvent. Pour raconter l'assassinat de millions de victimes innocentes, pour témoigner d'un sang
innocent, versé par ces assassins. Oui j'ai survécu pour témoigner de ce grand abattoir :
Treblinka .»
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3) L’analyse :
Dans son récit de sa vie à Treblinka Chil Rajchman emploi fréquemment la première personne du
singulier lorsqu'il évoque des événements, des épreuves que le reste de son groupe ne vit pas avec
lui comme lorsqu'il arrive dans le camp n° 2 de Treblinka (côté du camp qui ne communique pas
avec la partie où les gens arrivent des trains car les « kommandos juifs » qui s'y trouvent
s'occupent des corps, une fois que les chambres à gaz ont tué tout le monde) « Mais quand j'arrive
à l'endroit où on vide les brouettes, je me rends compte que l'on verse le sable sur des corps […].
Je ne parviens pas à reprendre pleinement conscience […]. » (chapitre 8). Mais l'auteur utilise
qu'en même très souvent le « nous », il désigne sous ce terme tous ceux qui vivent la même chose
que lui : « Nous essayons de nous consoler l'un l'autre, autant que faire se peut. » (chapitre 5). Le
« eux » est utilisé pour parler des soldats allemands et ukrainiens qui sont le plus souvent tous
nommés « assassins ». Tous au long de son témoignage apparaissent des noms de ses camarades
comme Volf Ber Rojzman, le docteur Zimerman, Leybl Goldfard ou encore Yankel de
Czestochowa. Son récit est le plus souvent décrit en fonction de lui ou bien lorsqu'il explique le
fonctionnement du camp en fonction des différents « kommandos juifs » dont il prend la place
pour nous permettre de voir le fonctionnement quasi industriel de Treblinka. Chil Rajchman
utilise le plus souvent des phrases courtes où il montre peu ses émotions, sa nous permet de
comprendre qu'il a certainement du mal à revivre ces évènements douloureux et aussi que
lorsqu'il était à Treblinka il ne se posait pas beaucoup de question car il se rend compte que tous
les Juifs qui travaillent dans ce camp ne sont que « des morts en sursis », des hommes qui n'ont
pas le choix de faire des choses atroces alors que tous les leurs sont morts et que eux aussi
mourront bientôt, des hommes qui sont battus à coups de fouets toute la journée et parfois abattue
dans une fosse ou sur le sol avant que le soleil se couche. Dans ces conditions de vie l'auteur a
vite compris que se poser des questions rendrait les choses encore plus difficiles.
Dans son témoignage Chil parle de beaucoup de choses concernant le camp d'extermination de
Treblinka, il en donne le fonctionnement au fur et à mesure de son récit régulièrement il explique
comment travaillaient les « dentistes » les « trieurs de vêtements » (deux choses qu'il a fait) ou le
fonctionnement de la « brigade du feu » ou de la « brigade des cendres » dont il n'a pas fait parti.
IL parle aussi de la vie courante dans le camp : de la nourriture de la faim, du manque cruel
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d'hygiène « La vie est dure, nous sommes sales en permanence » (chapitre 13 p91) des maladies
et épidémies qui s'en suivent comme le typhus 'chapitre 13), des mauvais traitements avec le
fouet et le manque de place pour dormir dans les baraques (chapitre 5). Chil parle aussi de la mort
de son omniprésence : des Juifs pendus dans la baraque tous les matins (chapitre 9), du fait que
tous ont perdu leurs proches et tous les autre Juifs « Nous sommes tous assommés à cette idée :
hier, les nôtres vivaient, et à présent, ils sont tous morts. Nous restons là, pétrifiés. » (fin du
chapitre 5 p. 46), ce qui débouche sur la question : est-ce que Dieu existe : « « A qui s'adresse
vos prières? Vous croyez encore? En quoi croyez-vous, qui remerciez-vous? Vous louez le
Seigneur pour Sa clémence, vous Le louez de vous avoir pris frères et sœurs, pères et mères 'est
de ça que vous Le remercier? » » (chapitre 5 p. 46). Nous avons aussi quelques nouvelles venues
de l'extérieur comme lorsqu'ils apprennent la révolte du ghetto de Varsovie (chapitre 16). Il
témoigne aussi sur l'évolution du monde de fonctionnement du camp : lorsque les fosses sont
vidées et que les corps sont brulés par exemple, à partir du chapitre 14. Il y aussi la peur, la
douleur continue, l'envie de s'évader et enfin l'évasion.
Dans le camp, les Juifs sont soumis aux Allemands qui ont leur fouet à la main ou bien sont
armés et prêts à leur tirer dessus « « Ressaisis-toi! A quoi çà sert? Tout cela est terrible, mais
n'oublie pas le fouet! » » chapitre 6, voilà ce que lui dit un des hommes qui travaille avec lui au
tri des habits lorsque Chil retrouve la robe que portait sa sœur avant de mourir. Tous continuent à
faire ce qu'ils font pour ne pas se faire fouetter à mort ou bien se faire tirer une balle dans la tête.
Les groupes que forment les Juifs travaillant dans le camp de Treblinka sont composé de
centaines d'entre eux parfois et au début ils sont renouvelés rapidement pour qu'ils n'aient pas le
temps d'apprendre à se connaître à se faire confiance « Tous les jours, ils abattent quelques
dizaines de déportés qui sont remplacés par d'autres issus de convois plus récents, afin que l'on ne
se connaisse pas entre nous. » (chapitre 9 p. 68). Par la suite il y en a de plus en plus qui
travaillent longtemps dans le camp car ils sont formés aux taches qu'on leur demande de faire et
ils en ont l'habitude au fil du temps. Lors de la première nuit qu'il passe au camp Chil entend la
prière que célèbre des Juifs dans la baraque ce qui le révolte et le pousse à remettre en question
l'existence de Dieu. Le plus souvent dans le camp c'est une vie solitaire, bien que le groupe forme
une entité et qu'il soit très important chacun vit ses émotions pour sa bien que tous vivent
quasiment les même. Ils sont seuls car n'importe qui peut mourir n'importe quand ils ne
s'attachent donc pas trop les uns aux autres.
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Chil Rajchman décrit les Allemands et les Ukrainiens qui dirigent le camp comme des
« assassins » c'est ainsi qu'il les nomme tout au long du son témoignage. Ils sont décrits comme
des barbares, des sauvages qui les fouettent sans arrêt et dès qu'un Juif fait une erreur, qu'il va
trop lentement il est fouetté d'autant plus fort. Parfois des hauts gradés sont nommés et ont un
surnom en lien avec leur barbarie : le Scharführer ou le commandant Mathias (qui est le chef du
camp) est surnommé « le Blanc » car c'est un expert du pistolet, l'Obersturmführer Franz et son
chien Bari, surnommé « la poupée » : il fait mordre par son chien les Juifs qui ne se relèvent pas
après qu'il les ait giflé. Il y aussi l'homme qui met en place les buchers à Treblinka que Chil
nomme constamment « l'artiste » on ne peut que supposer que cet homme était Herbert Floss. Il
nomme aussi Mikolai, Ivan et Finkelstein qui sont des soldats ukrainiens redoutés. En enfin le 1er
juillet 1943, l'auteur site le nom de Himmler qui était venu faire une visite du camp.
Son cercle des proches varie selon la période de son enferment à Treblinka, mais le plus souvent
se sont tous le Juifs qui travaillent avec lui dans le camp, les personnes qui partagent son sort. Il a
aussi des amis plus proches, des gens qu'il connaissait d'avant la déportation ou des hommes
rencontré dans le camp. Seuls ceux qui sont les plus proches de lui sont nommés (voir les noms
cités précédemment). Souvent se sont des personnes qui l'aident à tenir qui le réconfortent avec
qui il pleure et partage ses émotions le soir. Ou bien comme avec Yankel de Czestochowa avec
qui il travaille car c'est un Juif qui est là depuis longtemps ce qui permet à Chil de ne pas se faire
tuer. Le diamètre du cercle proche varie donc parfois il correspond à tous les hommes enfermés
dans la baraque avec lui ou bien tous les « kommandos juifs » du camp. Parfois sa correspond
aux 5 coiffeurs qui travaillent avec lui ou au 20 dentistes. Le plus souvent c'est ses quelques amis
avec qui il parle le soir et avec qui il pleure.
Tout au long de ses 10 mois à Treblinka Chil dépéri physiquement il attrape le typhus et la gale.
Mentalement, moralement il ne sait comment il fait pour ternir « Nous sommes vivants, et face à
ce terrible malheur, nous sommes durs comme la pierre, nous pouvons encore manger et
supporter cette souffrance morale. Comment peut-on être aussi dur, posséder la force surnaturelle
d'endurer cela? » (chapitre 5 p. 45). C'est seulement lorsqu'il a réussi a s'échapper de camp et à se
cacher chez un de ses ami qu'il craque et fait une dépression « Après quelques jours chez lui, je
m'écroule moralement et physiquement. Je perds l'appétit et me persuade que je n'ai plus le droit
de vivre après tout ce que j'ai vu et vécu » (chapitre 19 p137). Durant sa période de captivité il
semble que Chil n'arrivait pas à réaliser pleinement ce qu'il se passait, ce qu'il faisait, comment
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réaliser qu'il coupe les cheveux de femmes qui vont mourir d'ici quelques minutes asphyxiées
dans un chambre à gaz? Comment réaliser qu'il transporte les corps de ces camarades tous tués
simplement parce qu'ils sont Juifs?
Face à la vie dans le camp Chil la vie sans se poser de question : il doit faire de son mieux pour
être blessé le moins possible même si cela signifie déplacer des corps le plus vite possible ou bien
arracher des dents. Ils n'ont pas le choix la violence est constante « les coups de fouet s'abattent
sur nos têtes tout au long du chemin », « je reçois un coup de cravache si violent que je manque
de m'évanouir » (chapitre 2). Dans le camp n°1 de Treblinka il est constamment frappé et
lorsqu'il devient coiffeur il doit faire face aux futures victimes des chambres à gaz, à de centaines
de femmes et de filles qui courent nues vers les coiffeurs pour échapper au fouet. Il doit faire face
à leur douleur, leurs questions, leurs peurs. Mais il ne peut rien faire, « Nous sommes spectateur
de tout cela, nous ne pouvons rien dire. » « Nous ne sommes que des outils » (chapitre 6 p 51 et
53). IL est désemparé face à ces femmes. Lorsqu'il arrive au camps n°2 et qu'il réalise l'horreur il
est pétrifié, et ne prend pas la mesure de ce qu'il se passe. Comme lorsque les buchers
commencent à être mis en place, il ne comprend pas pourquoi au début puis il se rend compte que
les « assassins » ne veulent laisser aucune trace derrière eux et que donc eux aussi, membre des
« kommandos juifs » vont être tué et brûlés. C'est véritablement là que l'envie de s'enfuir est
présente dans l'esprit de Chil. Les violences sont quotidiens et deviennent comme normales,
l'auteur en parle au début puis par la suite il en parle quand les fouets claquent vraiment forts et
que la douleur devient insupportable comme lorsqu'il devient dentiste dans le camp n°2 et où il se
fait fouetter que l'Allemand qui tenait le fouet « a failli me casser la colonne vertébrale. Quand
j'ai réussi, à grande peine, à me relever, je ruisselais de sang, il coulait jusque dans mon
pantalon. » (chapitre 11 p. 85).
La mort est omniprésente dans les camps d'exterminations, les hommes y meurent tout le temps
de façon variée mais le plus souvent se sont les chambres à gaz qui tuent. Dans le chapitre 11,
Chil Rajchman prend le temps de décrire les corps qui sortent des chambres, il remarque les
différences entre les corps gazés dan les plus grandes chambres et les plus petites. Cette
description semble dénuée de sentiments. Durant son enfermement il raconte aussi que durant
l'hiver les « assassins » ont « inventé un jeu » qui consiste à laisser des jeunes femmes nues dans
le froid par moins vingt degré mourir de froid. Il nous raconte aussi la mort des Juifs d'Ostrowiec
qui a eu lieu le 10 décembre 1943, il raconte comment il se sont défendus nus dans les couloirs
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du bâtiment qui abrite les chambres à gaz, et comment ils ont été tué là plutôt que dans les
chambre. La mort fait parie du quotidien de l'auteur parfois il envie même la mort de certains :
comme ceux qui se sont pendus la nuit dans la baraque ou bien comme son ami Yankel qui meurt
simplement dans son sommeil. Quand on lit sa nous avons le sentiment que l'auteur n'est pas
affecté par toutes ces morts ou plutôt qu'il essaye de ne pas l'être car il ne faut pas se poser de
question à Treblinka « Mais à Treblinka, il fallait aussi supporte cela » (Chapitre 13).
Les facteurs de démoralisation sont plus nombreux que ceux de ténacité : la mort est toujours
présente et tous peuvent mourir à tout moment, ils ne sont qu'en sursis, tous ses proches sont
morts, il est seul et pense ne pas y survivre mais fait tout pour que son sursis dure le plus
longtemps possible. L'auteur ne semble pas avoir de ténacité, de volonté de vivre, il fait les
choses car il n'a pas le choix, pour lui il est déjà mort. Ils sont tous déjà mort, comment pourraiton les sauver de cet « enfer ». Se n'est que lorsqu'il prend conscience du fait qu'il ne restera
aucune trace du massacre, aucune trace de tout ce que les Juifs ont subit à Treblinka qu'il réagit et
sa devient sa motivation pour s'évader et échapper à l'oubli total de son existence et de celle de
tous les autre.
Pauline ROBERT (Université Paul-Valéry Montpellier III)