Nouveaux prêts PME chez Belfius et bientôt chez BNPPF

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Nouveaux prêts PME chez Belfius et bientôt chez BNPPF
L’ECHO MERCREDI 18 NOVEMBRE 2015
16
Entreprises
Finances
LE RÉSUMÉ
Troisième matinée
d’audience dans le volet civil
du procès qui voit les
petits actionnaires de
Fortis s’opposer au
démantèlement de
l’ex-bancassureur.
L’avocate d’Ageas, revenant
sur les faits, a démontré que
l’Etat devait intervenir pour
sauver Fortis, qu’aucune
solution n’était venue du
marché.
NICOLAS KESZEI
«Si l’Etat n’était pas intervenu pour sauver Fortis, c’est un curateur de faillite
que vous auriez en face de vous.» En
s’adressant aux juges du tribunal de
commerce
francophone
de
Bruxelles, Françoise Lefèvre, l’une
des avocates d’Ageas, n’y va pas par
quatre chemins. Ce n’est pas le genre
de la maison. Après deux matinées
d’audience consacrées aux demandeurs (les petits actionnaires de Fortis), c’était au tour de l’assureur né
sur les cendres de Fortis de plaider.
liards d’euros. Et enfonçant un peu
plus le clou, l’avocate d’Ageas a rappelé que personne n’avait rien
trouvé à redire lorsque l’opération
de reprise d’ABN Amro avait été présentée au marché. «Et quand, de l’autre côté de la barre, on dit que Fortis ne
savait pas boucler le financement, c’est
faux!» a plaidé Françoise Lefèvre.
Cette dernière a profité de l’occasion pour répondre, point par point,
à la plaidoirie de Mischaël Modrikamen. «Quand on dit que l’augmentation de capital du 26 juin 2008 a été
souscrite par des investisseurs sulfureux, c’est faux. Parmi les 145 souscripteurs, il y avait un Libyen, un Russe et
143 autres», a plaidé l’avocate
d’Ageas.
Revenant sur l’histoire, rappelant
la faillite de Lehman Brothers le 15
septembre 2008, l’avocate a précisé
que plus de six milliards d’euros
avaient été retirés par les investisseurs institutionnels en deux jours,
au plus fort de la crise.
Cette dernière a également rappelé qu’aucune solution viable
«Si l’Etat n’était pas
intervenu pour
sauver Fortis, vous
auriez un curateur en
face de vous.»
FRANÇOISE LEFÈVRE
AVOCATE D’AGEAS
n’était venue du marché. Après une
data room organisée au cours du
premier week-end de sauvetage,
ING et BNP avaient, sur base orale,
valorisé l’action à 1,5 (ING) et à 2 euros (BNP) par action. Cet élément
valorisait Fortis à un montant allant
de 3,7 à 5 milliards d’euros. A ce prixlà, pas question de vendre. «C’est ce
qui a poussé les Etats à intervenir pour
augmenter le capital», a précisé Françoise Lefèvre. Une décision prise
également en raison de la taille de
Fortis et l’impact éventuel d’une faillite sur l’ensemble de l’économie. On
appelle cela un risque systémique.
«Il y avait pour 800 milliards d’euros de
dépôts chez Fortis. On ne pouvait pas
rester les bras croisés», a précisé l’avocate, avant de continuer à présenter
les faits au tribunal.
Finalement, Françoise Lefèvre a
rappelé que tant la Commission européenne que l’assemblée générale
du 28 avril 2009 avaient validé la
vente de Fortis Banque à la SFPI puis
à BNP Paribas.
Circulez, il n’y a rien à voir!
Investissement risqué
«De l’autre côté de la barre, on a entendu qu’Ageas s’en est bien sorti. Cela
vaut aussi pour les actionnaires. Le discours des demandeurs est dichotomique», a entamé Françoise Lefèvre
à l’adresse de Mischaël Modrikamen,
le conseil de plus de 1.000 actionnaires. Ce dernier a pris cette première salve sans broncher, ce qui n’a
pas toujours été le cas des suivantes,
frôlant l’incident d’audience à l’une
ou l’autre occasion.
Tout en replaçant les choses dans
leur contexte de l’époque, l’avocate
d’Ageas a précisé «qu’investir dans
une seule société cotée correspondait,
par définition, à de l’investissement
dans du capital à risque».
L’avocate, répondant encore à des
griefs exposés par l’avocat des actionnaires, a rappelé qu’au moment
d’imaginer la reprise d’ABN Amro
(et de devoir payer 24 milliards d’euros pour cela), Fortis tablait encore
sur un bénéfice annuel de 4 mil-
Françoise Lefèvre et Eric Pottier, deux des avocats d’Ageas. © BELGA
Nouveaux prêts PME chez
Belfius et bientôt chez BNPPF
La Banque européenne d’investissement (BEI) a renouvelé une ligne de
crédit de 200 millions d’euros à Belfius Banque, à charge pour celle-ci
d’octroyer le double en crédits aux
PME et aux entreprises de taille intermédiaire (jusqu’à 3.000 salariés)
en Belgique. Les deux institutions
ont annoncé l’accord mardi.
Fin 2013, Belfius avait déjà conclu
un accord du même type, de quoi financer 1.500 entreprises pour un total de 550 millions d’euros, situe la
banque.
Nouvelle tranche en
vue chez BNPP Fortis
BNP Paribas Fortis (BNPPF), Belfius,
KBC ou ING Belgique: les quatre
banques belges ont toutes signé de
semblables deals. Chez BNPPF par
exemple, c’est un total de 1,4 milliard d’euros, dont la moitié fournie
par la BEI, qui est allé à quelque
2.700 PME depuis 2009, indique la
première banque du pays.
Et ce n’est pas fini: BNP Paribas
Fortis devrait bientôt signer avec la
BEI pour une nouvelle tranche de
250 millions d’euros. Le principe en
a en tout cas été approuvé par le
conseil de la BEI, fin octobre.
Au total depuis 2010, la BEI a signé pour 2,2 milliards d’euros de
lignes de crédit «spécial PME» avec
les quatre grandes banques belges,
indique l’institution détenue par les
28 Etats membres de l’Union européenne.
«La porte est ouverte»
2,2
milliards€
Depuis 2010, la BEI a signé pour
2,2 milliards d’euros de lignes
de crédit «spécial PME» avec les
4 grandes banques belges.
Les grandes banques aiment ces
moyens fournis par la BEI car elles
leur permettent de servir à leurs emprunteurs des taux préférentiels,
souvent de 25 points de base et parfois plus. Pourquoi? Parce la BEI
jouit d’un rating optimal (AAA) sur
les marchés financiers.
Les petites banques apprécient
nettement moins le mécanisme, y
voyant une concurrence déloyale. La
BEI s’en défend et assure que «la
porte est ouverte» aux banques de
moindre taille.
PAUL GÉRARD
© BELGA
«Il y avait pour 800 milliards
d’euros de dépôts chez Fortis»
La triathlète Alexandra Tondeur bénéficiera du soutien de Bestrong.
Des entreprises pour
aider des sportifs
belges de haut niveau
La Fondation Bestrong veut
convaincre les entreprises de
venir en aide aux sportifs d’élite
moins médiatisés.
À moins d’un an des JO de Rio, un
quarteron d’entreprises entend redorer le blason des sportifs belges.
Car – et le constat n’est pas neuf – nos
athlètes prestent moins bien que
leurs voisins dans les grandes compétitions. En principe, la Belgique
devrait ramener une dizaine de médailles à l’issue de chaque JO. Avec 2
breloques à Pékin en 2008 et 3 à Londres en 2012, on est loin du compte.
En cause, essentiellement un
manque de moyens financiers. Une
récente étude de la VUB indique que
la Belgique n’investit que 35 millions
d’euros par an dans le sport de haut
niveau. C’est proportionnellement
bien moins que dans les pays les
plus performants.
Afin de lever des fonds pour permettre à l’élite sportive d’améliorer
leurs performances, Max Cap
Production, Com On et Clay Shaw
Management, trois PME, actives
dans le marketing et le management sportif, ainsi que le cabinet
d’avocats Célès, ont créé la fondation Bestrong. Le focus a été mis sur
les jeunes athlètes actifs dans des
sports moins médiatisés. Cinq ont
déjà signé avec Bestrong jusque fin
2016. Ils devraient être une trentaine à terme. Il s’agit d’Eléonor
Sana (handiski), Lianne Tan (badminton), Si Mohamed Ketbi (taekwondo), Sami Chouchi (judo) et
Alexandra Tondeur (triathlon).
Chacun recevra une enveloppe
de 600 euros par mois levés auprès
de sponsors que Bestrong se fait
fort de sensibiliser. Un seul s’est
déjà formellement engagé: le fournisseur d’accès à l’internet EvoNet.
Quatre autres seraient sur le point
de le rejoindre. Pour les convaincre,
Bestrong vante l’apport du sport et
de ses valeurs pour l’image de
marque d’un pays ou d’une entreprise, en citant les Diables rouges.
Le retour en termes de visibilité
sera toutefois relativement limité
dans la mesure où les sponsors
n’apparaîtront que via le logo
Bestrong, mais d’autres outils
seront développé pour les valoriser,
comme l’organisation d’événements en présence d’athlètes.
Reste à voir si Bestrong ne chassera pas sur les terres du Comité
olympique belge. «Tout ce qui peut aider les athlètes à s’améliorer est le bienvenu, mais nous allons devoir travailler
en bonne intelligence, réagit Luc Rampaer, porte-parole du COIB, en rappelant que l’usage de toute la symbolique olympique (logo, etc.) reste
de l’unique ressort du COIB. Chez
Bestrong on assure vouloir être complémentaire au COIB.
J.-F. S.
«Faute de moyens, les
sportifs belges sont en
manque de résultats.»
CHARLES CAPRASSE
PRÉSIDENT DE BESTRONG
La fusion Degroof Petercam
a coûté plus de 20 millions d’euros
Une armée de conseils et de
techniciens est intervenue dans le
dossier au fil des mois, ce qui
explique la note finale.
PAUL GÉRARD
ET MARC LAMBRECHTS
Selon nos informations, la fusion
entre Banque Degroof et Petercam a
coûté plus de 20 millions d’euros.
L’enseigne n’a pas souhaité commenter. Le 1er octobre dernier, jour
de la fusion, Philippe Masset,
l’homme fort du nouvel ensemble,
indiquait: «En moins de 10 mois, nous
avons achevé le processus de due diligence, l’accord de fusion, le processus
d’approbation par les autorités et l’intégration de nos équipes.» Ce sont toutes
ces étapes qui ont généré une importance consultance, notamment juridique et financière.
Tout bénéfice pour
Rothschild, JPMorgan,
White&Case, Cleary
Gottlieb, Boston
Consulting Group, etc.
contribution car les actionnaires des
deux maisons ont minutieusement
négocié le poids de chacun dans le
nouvel ensemble, ce qui passe
notamment par l’exercice toujours
délicat de la valorisation de l’un et de
l’autre.
À cela s’ajoute le conseil en gestion pour la fusion elle-même, mission confiée au Boston Consulting
Group. Sans oublier le travail des fiscalistes, comptables, auditeurs, etc.
Pour rappel, Banque Degroof et
Négociations
minutieuses
On peut citer les banques d’affaires
Rothschild et JPMorgan, qui ont
conseillé respectivement Degroof et
Petercam. Ou encore les cabinets
d’avocats
White&Case
pour
Degroof, et Cleary Gottlieb
Steen&Hamilton du côté de
Petercam.
Ces conseils ont été mis à forte
Philippe Masset (à gauche) et Xavier Van Campenhout dirigent le
nouvel ensemble. © JONAS ROOSENS
Petercam ont fusionné par absorption de la seconde par la première,
selon un rapport 70/30. Ce que reflètent les valorisations retenues pour
la fusion: 961 millions d’euros pour
Degroof et 412 millions pour
Petercam («L’Echo», 15/10). La valeur
de l’ensemble fusionné atteint donc
1,4 milliard d’euros.
50 milliards d’actifs
Pour rendre ces parités possibles, la
Banque Degroof s’est auparavant
allégée d’un peu plus de 145 millions d’euros qu’elle a transférés
dans une nouvelle société, Degroof
Equity.
Celle-ci héberge 40 millions
d’euros de participations cotées et
non cotées, mais aussi 106 millions
d’euros de cash. Cette scission partielle, entre autres opérations préalables, a contribué à faire grimper
les frais de consultance.
Actif dans la banque privée, la
gestion institutionnelle et le corporate finance, Degroof Petercam
emploie 1.400 personnes et compte
plus de 50 milliards d’euros d’actifs
sous gestion. La nouvelle entité a
par ailleurs indiqué samedi avoir
passé sans encombre l’examen des
actifs (AQR) de même que les stress
tests menés par la Banque centrale
européenne.

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