Des aiguilles pour soigner
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Des aiguilles pour soigner
Animaux 19 FÉVRIER 2015 13 L’acupunctrice introduit les aiguilles à des points précis des méridiens, afin de libérer les blocages énergétiques. Chacun de ces points correspond à un organe interne. CHEVAL Des aiguilles pour soigner Depuis quelques années, les médecines vétérinaires complémentaires connaissent un bel essor. En plein développement, l’acupuncture est pratiquée par quelques vétérinaires romands spécialisés, dont Leslie Tahon Schmid. Découverte. Comment fonctionne l’acupuncture? L’acupuncture (du latin acus aiguille et de pungere piquer), une des branches de la médecine traditionnelle chinoise, est utilisée depuis des millénaires. Elle repose sur le principe que le corps véhicule en permanence un flux constant d’énergie, appelée Qi, par un réseau de méridiens. La maladie résulte d’un déséquilibre de l’énergie dans l’organisme. En insérant des aiguilles en des points précis des méridiens, l’acupuncteur va lever les blocages énergétiques. Il existe plus de 400 points répartis sur 12 méridiens principaux. Pour Leslie Tahon Schmid, vétérinaire acupunctrice à Aumont (FR) , l’acupuncture apporte un complément intéressant à la médecine conventionnelle, car elle propose une approche plus globale de l’animal, en ne se limitant pas uniquement au corps et à ses symptômes. Le caractère, le lieu de vie, ainsi que l’alimentation de l’animal et la saison sont pris en compte. trême sensibilité lui cause des tensions au bas du dos. Avec un mouvement précis et sûr, la vétérinaire introduit alors une à une de fines aiguilles d’acupuncture en des points particuliers de divers méridiens, au niveau de l’encolure, du dos et de la croupe de l’animal. Chaque emplacement correspond à un organe interne. Après une vingtaines de minutes, les aiguilles sont retirées. «Je suis régulièrement ce cheval destiné à la compétition de haut niveau, afin d’anticiper des problèmes plus graves, ÉCLAIRAGE Intéressant pour les chevaux de sport et de loisir Les propriétaires qui font appel à l’acupuncture sont d’une part des professionnels, qui travaillent avec des chevaux de course, de saut ou de dressage, et ont également l’habitude d’avoir recours à d’autres médecines complémentaires, telle l’ostéopathie. Voilà trois ans que Céline Michaud, de Fey (VD), l’utilise pour ses chevaux de compétition. «Cette approche me plaît, car elle permet de cibler assez facilement l’origine d’un problème, explique cette cavalière de dressage de niveau Grand Prix. Elle permet de traiter des pathologies qu’on ne parvient pas à soigner avec l’ostéopathie ou la médecine conventionnelle.» Une autre part de la clientèle est composée de cavaliers de loisir qui ont une sensibilité particulière pour les approches alternatives et ont souvent eu recours à cette méthode. Les vétérinaires traditionnels s'y intéressent également de plus en plus. «L’acupuncture offre un atout intéressant, car elle n’est pas considérée comme dopage, observe une vétérinaire vaudoise. Je travaille de ce fait avec une vétérinaire acupunctrice notamment dans le cadre de la médecine sportive.» explique l’acupunctrice. En Suisse romande, une petite dizaine de vétérinaires sont formés en acupuncture, et des collègues toujours plus nombreux n’hésitent plus à faire appel à eux.» Pour sa part, Leslie Tahon Schmid, qui a suivi une formation classique de vétérinaire, a découvert un peu par hasard cette médecine complémentaire. Une approche plus globale Alors qu’elle travaillait dans un cabinet de la région lausannoise, son patron référait certains cas à une collègue acupunctrice. Un peu sceptique au départ, Leslie Tahon Schmid a néanmoins rapidement été interpellée par les résultats obtenus. «J’ai pu constater de nettes améliorations de l’état général de certains de mes patients, que je ne pouvais pas aider suffisamment en médecine conventionnelle. En acupuncture, on a une approche plus globale de l’animal. On prend en compte son caractère, son lieu de vie, son alimentation et la saison, pour ne citer que ces exemples. On ne se limite pas uniquement au corps et à ses symptômes. Finalement, cette démarche est logique, puisque chaque animal inter-agit en permanence avec son environnement.» Convaincue par les résultats de cette pratique, la vétérinaire fribourgeoise s’est formée pendant plusieurs années. Elle soigne désormais des chats, des chiens et des chevaux grâce à cette médecine d’origine chinoise. Cependant, elle continue également à pratiquer la médecine conventionnelle. «Pour moi, les deux approches sont complémentaires. L’acupuncture est également très intéressante en combinaison avec l’ostéopathie, la chiropractie et la physiothérapie. Utiliser les synergies entre les différentes techniques est bénéfique pour le patient.» Des indications multiples Les pathologies qui peuvent être traitées en acupuncture sont très diverses. Les affections de l’appareil locomoteur sont l’une des indications les plus courantes. Cette technique peut également améliorer l’état de santé de l’animal en cas de troubles digestifs, de toux chroniques et de chaleurs douloureuses de la jument. «Je suis persuadée que cette médecine a de l’avenir, car elle permet de mettre en lumière des disfonctionnements qu’on ne peut pas déterminer autrement, souligne Leslie Tahon Schmid. Elle représente également un intérêt à titre préventif. Grâce à l’acupuncture, on peut en effet rééquilibrer certains dérèglements, avant que des signes cliniques ne soient visibles. Elle apporte aussi un soutien en période de compétition pour les chevaux qui sont beaucoup sollicités.» A noter que la majorité des chevaux réagit bien à l’acupuncture, certains se mettant même à bailler ou à somnoler. Pour une séance, il faut compter 130 à 150 francs en moyenne. Certaines assurances prennent en charge ce traitement. Véronique Curchod n + D’INFOS www.vetqi.ch © PHOTOS OLIVIER BORN D ans une écurie de Fey (VD), Lennon, un jeune cheval de dressage, est particulièrement attentif aux gestes de la vétérinaire qui vient le soigner. Contrairement à l’usage, elle n’est pas équipée d’un stéthoscope, de toute une panoplie d’autres moyens diagnostiques, ainsi que d’un vaste stock de médicaments. Seules ses mains et des aiguilles lui permettent de situer l’origine de la maladie, puis de la traiter. Après avoir observé cet hanovrien en mouvement, Leslie Tahon Schmid examine sa langue, puis suit sur son corps des lignes invisibles – mais situées à des endroits bien précis, les méridiens –, en surveillant ses moindres réactions. Un tressaillement ou un sursaut sont autant de signes qui donnent des indications à la professionnelle sur la source du problème. L’examen de Lennon confirme qu’il souffre de l’estomac. De plus, son ex- BON À SAVOIR