Dossier de synthèse France Meublés

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Dossier de synthèse France Meublés
2 100 emplois menacés de totale disparition à Paris
Plus de 5 000 dans toute la France
Le problème
Interprétant a contrario 2 articles du code de la construction et de l'habitation, la
mairie de Paris, seule dans ce cas en France, a décidé d’interdire les locations
meublées de moins d’un an (9 mois si le locataire est étudiant).
Cette interprétation nouvelle des textes étant sujette à caution, le Maire de Paris a
demandé à la ministre du Logement d’étudier un nouveau texte consolidant sa
position, au risque d’étendre l’interdiction à l’ensemble du territoire français.
L’emploi concerné
A Paris, il existe une centaine d’agences immobilières spécialisées dans la location
meublée de courte et moyenne durée vouées à une totale disparition. Elles
emploient 1 100 salariés en CDI auxquels s’ajoutent 1 000 emplois dérivés
(gestionnaires, femmes de ménage, agents d’entretien, etc.) :
o Emploi direct : environ 1 100 salariés*
- Les 5 plus grosses agences
= 135 salariés
- 45 agences effectif moyen 8 salariés
= 360 salariés
- 50 agences effectif moyen 2 salariés
= 100 salariés
- 500 agences traditionnelles avec activité « meublée »
un salarié par agence en moyenne
= 500 salariés
Nous n’avons pas compté les entrepreneurs et intermédiaires individuels
- Emploi indirect dans les 20 000 appartements : 1000 salariés
- femmes de ménage, services, réparateurs, etc.
Sur le territoire français on estime à plus de 5000 les salariés concernés par la
nouvelle loi.
Nos emplois sont donc répartis dans de petites structures très dynamiques: la plus
importante à moins de 50 salariés. Ce tissu très vivant permet une bonne intégration
de l’activité à tous les quartiers de la capitale. Par contre, ces petites
structures ne permettent pas aux salariés de bénéficier d’une représentation
professionnelle spécifique. Nous nous trouvons donc complètement désarmés face à
la menace sur notre emploi résultant de la nouvelle politique de la Mairie.
Nous avons demandé audience au maire de Paris qui n’a pas eu le temps de nous
recevoir ni de nous faire recevoir. Nous avons demandé un rendez-vous au ministre
du Redressement industriel (nous sommes trois fois plus nombreux que les emplois
menacés à Aulnay, pour la seule ville de Paris) mais il n’a pas non plus de temps à
nous consacrer. Nous avons aussi écrit en vain à différents ministères.
Aussi, nous sommes donc très reconnaissants à votre ministère d’avoir bien voulu
accepter de nous écouter.
La location meublée en France et dans le monde
Il faut bien comprendre que c’est un phénomène irréversible et une chance pour la
Janvier 2013
France: 13% des voyageurs américains, 30% des allemands, 25% des anglais, 24%
des
français ont choisi ce mode d’hébergement au cours de leurs déplacements en
2011.
En Europe, la France est le 3 ème bénéficiaire des dépenses des voyageurs en
meublés (après l’Allemagne et l’Angleterre) et reçoit ainsi une manne de 4,5
milliards €. Les locataires en meublés dépensent 40% de plus que les autres
voyageurs, au bénéfice des commerces de proximité.
A Paris, 1ère destination mondiale du tourisme d’affaires, les voyageurs
professionnels (hommes d’affaires, enseignants, formateurs, etc.) représentent 76%
du temps d’occupation, les personnes en situation d’urgence (divorces, travaux
dans l’appartement, etc.) représentent 20% et les touristes purs seulement 4%.
C’est ainsi que les organisateurs de congrès et séminaires, les artistes invités des
théâtres nationaux, les cadres en mission de moyenne durée, les enseignants et
chercheurs choisissent la location meublée. Le séjour moyen à Paris est de 3 mois
(contre 2,7 nuits à l’hôtel).
La location meublée est donc essentielle au rayonnement économique et culturel
de Paris. C’est pourquoi le Conseil régional d’Ile-de-France, au contraire de la
mairie de Paris, encourage fortement ce mode d’hébergement et d’accueil des
visiteurs de la Région-capitale. D’autant que selon les projections officielles, Paris
devrait accueillir 56 millions de visiteurs d’ici 10 ans (contre 28 millions
aujourd’hui) et que seront construites dans le même temps 7 000 chambres d’hôtel
seulement. Même occupées à 100%, elles ne pourront accueillir que 2 millions
voyageurs supplémentaires.
Les professionnels : l’exception française
Partout dans le monde, les réservations s’effectuent au travers de plateformes
internationales basées dans des pays low-cost. Il s’agit de géants multinationaux
côtés en bourse dont le leader vient de lever $250 millions notamment pour se
renforcer en Europe.
Au contraire en France, les professionnels ont su développer et structurer depuis 10
ans une offre originale de très haute qualité qui leur a permis de résister jusqu’ici
à la concurrence des plateformes « off-shore ». Ces efforts risquent d’être anéantis
par une simple décision administrative.
Nous, salariés des agences sommes plutôt jeunes, très motivés, cultivés et
diplômés, parlons plusieurs langues, avons voyagé et sommes ouverts à d’autres
cultures. Véritables ambassadeurs de la culture et du mode de vie à la française,
nous avons développé un savoir-faire spécifique fondé sur l’accueil, le conseil, la
connaissance de l’environnement géographique et culturel. En cela nous sommes
très loin des agences immobilières classiques, dont le coeur de métier est la
transaction, qui évoluent sur un marché plat et ne recrutent plus.
Nous visitons les appartements, contrôlons les normes de qualité, conseillons les
propriétaires, rédigeons et déclarons les baux, défendons l’intérêt des locataires.
L’interdiction de l’activité va plonger le marché dans la clandestinité, au seul
bénéfice des plateformes de réservation. Comme cela s’est passé avec les agences
de voyage, l’emploi détruit chez nous va migrer vers ces plateformes « off-shore ».
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Il n’y aura plus ni normes, ni contrôles, ni fiscalité, ni recours des locataires. Mais
le phénomène de la location meublée continuera de s’amplifier clandestinement,
car il correspond à l’évolution profonde des modes de vie, en France comme dans
le monde.
L’exemple étranger : Barcelone et New-York
Ces 2 villes ont tenté de limiter les locations à la nuitée dans certaines rues
sensibles.
Dans les 2 cas elles ont constaté l’amplification du phénomène, désormais exercé
de manière clandestine et sans fiscalité. A Barcelone et à New-York, les agences
ont exporté leurs sièges sociaux pour les mettre à l’abri de la juridiction locale, au
détriment de l’emploi. Les 2 villes ont abrogé les restrictions en 2012 après
seulement une année de mise-en-vigueur. A Paris, le phénomène de la location à la
nuitée est marginal et peut facilement être réglementé. Les agences
professionnelles sont prêtes à y renoncer.
Les objectifs de la mairie de Paris
Selon la direction du Logement de la mairie de Paris, les objectifs de l’interdiction
sont de récupérer des logements pour les parisiens, d’éliminer un facteur de hausse
des loyers et de lutter contre les grands investisseurs internationaux.
A l’examen, aucun de ces objectifs ne sera atteint : les 2/3 des 20 000
appartements loués en meublé à Paris sont occupés à temps partiel par leurs
propriétaires dont c’est la résidence principale ou secondaire (cas des retraités
ayant conservé un pied-à-terre à Paris). Ils ne retourneront donc pas au secteur de
la location de longue durée. Le1/3 restant provient en grande partie du parc des
appartements vacants et y retournera sauf si le propriétaire choisit la location
clandestine. Les appartements meublés ne représentent qu’1,5% du parc total de
logements et ne peuvent donc pas avoir d’influence significative sur l’ensemble des
loyers. Une étude indépendante montre que les loyers meublés sont supérieurs de
15% aux loyers classiques, à durée comparable, ce qui correspond aux coûts de
revient plus élevés. Enfin, il n’a été recensé aucun investisseur multinational sur le
marché parisien du meublé. Les 20 000 appartements appartiennent à 17 000 petits
propriétaires dont une majorité de retraités ayant besoin d’un revenu d’appoint,
de cadres expatriés temporairement ou de couples ayant acheté un studio en vue
de leur retraite ou du mariage des enfants.
Les logements vides à Paris
Selon l’INSEE, il existe 116 000 logements vacants à Paris auxquels s’ajoutent
80 000 résidences secondaires, occupées à temps très partiel (à comparer avec le
parc de seulement 20 000 logements meublés à temps complet ou partiel). Il y a
donc là un formidable gisement d’affaires pour le secteur de la location meublée,
sans empiéter sur le parc des locations vides de longue durée. Les pouvoirs publics
devraient donc plutôt inciter les propriétaires de ces appartements vides (dont on
sait que leur principale réticence à louer réside dans la rigidité des baux de longue
durée) en leur proposant un véritable statut de la location meublée. Ce qui
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permettrait de préserver nos emplois existants et d’augmenter considérablement
le nombre de salariés du secteur.
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