UN NOUVEAU TRAITEMENT DE LA CELLULITE ? Si

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UN NOUVEAU TRAITEMENT DE LA CELLULITE ? Si
UN NOUVEAU TRAITEMENT DE LA CELLULITE ?
Si la physiopathologie de la lipodystrophie segmentaire reste discutée du fait de sa
complexité (facteurs endocriniens, vasculaires, génétiques, psychologiques,
alimentaires...), une théorie microcirculatoire a été avancée, dans laquelle la
"cellulite" est considérée comme une affection micro-vasculo-conjonctive.
Cette théorie pourrait justifier l'efficacité de la carbothérapie thermale.
La lipodystrophie segmentaire, improprement dénommée "cellulite" dans le langage
courant, n'est pas une maladie mais une variante physiologique de la répartition de la
graisse correspondant à un caractère sexuel secondaire féminin exacerbé.
Alors que, sous la pression de la société et de l'image de la femme véhiculée par les médias,
la cellulite remet en question leur schéma corporel, sa physiopathogénie reste discutée et le
corps médical rejette souvent leur demande dans un domaine relevant de l’esthétique et non
de la pathologie.
GENÈSE ET ÉVOLUTION
DE LA LIPODYSTROPHIE SEGMENTAIRE
L’apparition de la « cellulite » serait déclenchée par la polymérisation hormonodépendante
des mucopolysaccharides, principaux de la substance fondamentale du tissu conjonctif
sous-cutané. Cette polymérisation a pour conséquence une surcharge en triglycérides des
cellules graisseuses ou adipocytes qui s’hypertrophient et s’agglomèrent, on observe alors
une densification des fibres de collagène environnantes et une stase circulatoire allant
jusqu’à la sclérose (à l’origine de la formation de nodules pouvant évoluer en capitons).
Chez la femme, le tissu cellulitique est localisé le plus souvent au niveau des hanches et de
la face externe des cuisses (culotte de cheval) , de la face interne des cuisses (culotte de
zouave), de la face interne des genoux et de l’abdomen (figure 1).
Sur le plan clinique, la lipodystrophie segmentaire évolue, selon la classification de
Nurnberger-Muller, en quatre stades :le stade 0 caractérisé par l’absence de nodules à la
palpation, le stade 1 qui correspond à la présence de nodules palpables, donnant un aspect
et un toucher de « peau d’orange », le stade 2 correspondant à la présence de capitons chez
la patiente en position debout et le stade 3 pour lequel les capitons existent en position
debout et allongée.
LES TRAITEMENTS CLASSIQUES
DE LA LIPODYSTROPHIE SEGMENTAIRE
Parmi les traitements proposés actuellement, on distingue ceux réservés aux lipodystrophies
débutantes (stades 0 et 1) et ceux adaptés au lipodystrophies plus sévères (stades 2 et 3).
C’est dans le premier cas que la dermocosmétologie trouve sa place, alors que seuls les
traitements médicaux et chirurgicaux sont efficaces sur la lipodystrophieà capitons.
ODYSTROPHIES ET DERMOCOSMÉTOLOGIE
Les produits « anti-cellulite » on trois priorités : faire mincir (avec les liporéducteurs),
drainer (avec les veinotoniques et désinfiltrants) et raffermir (avec les restructurants).
Les liporéducteurs (caféine, acide théophylline acétilique, mucopolysaccharidases, l.
carnitine…) permettent de déstocker les graisses contenues dans les adipocytes dont la
diminution de volume se traduit en conséquence par un amincissement local.
Les veinotoniques et désinfiltrants (lierre, ruscus, piloselle, fucus…) agissent sur la
composante œdémateuse des lipodystrophies. En effet sous l’effet des œstrogènes, les
parois vasculaires s’altèrent, deviennent moins souples et plus perméables, favorisant la
fuite de sérum vers les tissus environnants. Les actifs utilisés visent donc à améliorer la
résistance capillaire et à assurer le drainage lymphatique.
Les restructurants ou raffermissants (vitamine E, Bio-Kp®, acides gras essentiels de l’huile
de sésame, dérivés du silicium…), d’action non spécifique, sont utilisés, quant à eux, pour
lutter contre la dégradation des fibres de collagène qui s’enchevêtrent en faisceaux autour
des adipocytes.
Il est à noter que les résultats obtenus avec la plupart des produits commercialisés,
essentiellement des gels et émulsions à usage topique, sont très variables. En effet, si ces
produits améliorent l’aspect de la peau en surface, ils ne peuvent prétendre à une action sur
les graisses cellulitiques de l’hypoderme. D’ailleurs, aucune étude clinique ne prouve
actuellement la validité de ces produits dans la fonte cellulitique.
TRAITEMENTS MÉDICAUX
ET CHIRURGICAUX DES LIPODYSTROPHIES
Sortant du cadre dermocosmétologique, certains laboratoires ont développé des crèmes
médicales (Thiomucase®, à base de mucopolysaccharidases et Triacana®, dont le principe
actif iodé est l’acide triodothyroacétique), des solutions (Percutacrine thyroxinique® à base
de thyroxine) et des gels (Percutaféine gel®, dont le principe actif est la caféine)
d’indication thérapeutique « dystrophies localisées du tissu sous-cutané (cellulite) ». Depuis
l’invention de la commission Alexandre, certaines de ces spécialités ne sont plus que «
proposées » dans cette indication « en l’absence d’activité spécifique actuellement
démontrée ».
D’autres traitements médicaux, plus ou moins controversés, sont également proposés (2).
Citons la mésothérapie qui consiste à injecter dans le derme et l’hypoderme des
médicaments destinés à améliorer localement la vascularisation et les échanges
(Esberiven®, Fonzylane®, procaïne conjonctyl®, Chophytol®…
La laserthérapie agirait par une biostimulation et une amélioration du drainage
lymphatique.
La physiothérapie regroupe plusieurs techniques : l’ionophorèse ou électrothérapie qui
consiste à appliquer sur la peau un faible courant pour faciliter la diffusion de principes
actifs, le drainage lymphatique, la pressothérapie qui active le drainage circulatoire, les
massages palper-rouler…
Quant aux traitements chirurgicaux, ils sont représentés par la lipectomie classique et
surtout par la lipoaspiration ou liposuccion qui consiste à aspirer la graisse par une canule
reliée à une pompe électrique. Cette intervention est particulièrement efficace pour la
correction de la cellulite localisée, aussi bien au niveau des cuisses (culotte de cheval) que
du ventre ou des genoux (3).
Il faut préciser, qu’aussi radicale qu’elle soit, cette chirurgie nécessite au préalable une
stabilisation du poids de plusieurs mois.
LIPODYSTROPHIE ET CARBOTHÉRAPIE THERMALE
Le gaz thermal de Royat (Puy de Dôme), composé à 99,5% de dioxyde de carbone naissant,
utilisé en insufflations localisées, est responsable d’une vasodilatation loco-régionale et
améliore l’oxygénation tissulaire (4, 5, 6).Il constitue depuis 60 ans l’agent spécifique de la
thérapeutique thermale de Royat en artériologie, qu’il soit contenu dans des bains ou injecté
sous la peau.
La « cellulite » pouvant être considérée comme une affection micro-vasculo-conjonctive, la
carbothérapie pourrait être efficace dans son traitement.
La station thermale de Royat propose donc un traitement original par carbothérapie dont les
résultats ont été objectivés par un essai clinique, soumis à l’approbation du Comité
consultatif pour la protection des personnes dans la recherche biomédicale (CCPPRB
Auvergne). Les résultats complets publiés dans la thèse de diplôme d’Etat de Docteur en
Pharmacie de m. Mirafzal (Clermont-Ferrand).
Un programme de 10 jours a été proposé à 79 femmes âgées de plus de 18 ans, atteintes de
lipodystrophie localisée, principalement aux stades 1 et 2, et présentant une surcharge
pondérale de 9 à 14% selon Lorentz.
Six programmes de traitement, dont les protocoles sont résumés dans le tableau ci-contre,
ont été testés.
Les Différents traitements ont été évalués grâce à des paramètres quantitatifs objectifs,
mesurés avant le traitement (J1), en fin de traitement (J10) et deux semaines après la fin du
traitement (J25). Des mesures centimétriques codifiées des tours de cuisses ont été
effectuées au moyen d’un ruban centimétrique, au niveau des repères cutanés précis. Des
mesures échographiques, par échographie standard bidimensionnelle , ont permis quant à
elles de quantifier l’épaisseur du tissu adipeux (figure 3), au niveau des hauts et bas de
cuisses et de la face interne des genoux.
L’analyse statistique des résultats obtenus avec les différents programmes met en évidence
une bonne réponse au traitement chez 65% des femmes, quel que soit le stade de la
lipodystrophie, et permet de tirer les conclusions suivantes :
l’insufflation de gaz thermal entraîne, après 10 jours (10), une diminution significative des
valeurs centimétriques (en moyenne 1,3 cm pour le bas de cuisse et 1,9 cm pour le haut) et
des valeurs échographiques (diminution moyenne de 1,9 mm de l’épaisseur du tissu
cellulitique, soit environ 10% de perte) ;
l’association de soins de balnéothérapie, avec ou sans stimulation mécanique, ne majore pas
l’effet des insufflations, puisque les variations centimétriques et échographiques ne sont pas
significativement améliorées ; toutefois, le bain douche en immersion et le drainage
lymphatique favorisent l’élimination de l’exsudat extracellulaire.
Globalement, ces résultats stables à J25 (soit deux semaines après la fin du traitement)
peuvent être considérés comme tout à fait satisfaisants comparés à d’autres traitements
dermocosmétologiques ou médicaux rapportés dans la littérature ; seuls sont pris en compte
les traitements excluant un régime hypocalorique ou un autre traitement associé.
Ainsi, dans le domaine cosmétologique, l’étude du gel Intensive Minceur Elancyl®,
présentée par le laboratoire et portant sur 12 patientes, met en évidence, après 30 jours
d’applications topiques quotidiennes, une diminution du pannicule adipeux à l’échographie
de 2,25 mm dans 75% des cas (10).
En ce qui concerne l’efficacité des crèmes médicales, une étude randomisée portant sur
l’action de Thiomucase crème® montre qu’une application biquotidienne pendant un mois
chez 24 patientes aboutit à une diminution moyenne globale du tour de cuisse inférieure au
centimètre (11).
Enfin, Percuraféine gel®, appliqué deux fois par jour pendant 30 jours chez 20 patientes,
n’a pas permis d’observer de variation statistiquement significative versus placebo, tant en
mesures centimétriques qu’échographiques (12).
Ref : Actualités pharmaceutiques N°363 - Avril 98

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