Interwiew de Jean Michel PARIS, directeur du pôle des

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Interwiew de Jean Michel PARIS, directeur du pôle des
« Entre le salon Micronora et le pôle de compétitivité,
c’est une véritable filiation ! »
Interview de Jean-Michel Paris, directeur du Pôle des microtechniques
Le pôle des microtechniques a-t-il été structurant sur le développement économique de la
Franche-Comté ?
Le pôle a eu un effet particulièrement structurant par le rapprochement des 3 composantes
formation, recherche et industrie qui ont, fondamentalement, des cultures très différentes.
C’est un travail de fond dans lequel le pôle s’est beaucoup investi.
Les microtechniques, cœur de métier du pôle, de par leur transversalité ont constitué la valeur
forte du regroupement de tous les acteurs. Les résultats sont concrets et les entreprises sont
satisfaites de leur participation aux projets du pôle. La Franche-Comté bénéficie d’un climat
institutionnel particulièrement favorable avec des circuits courts et une bonne efficacité grâce
aux petites équipes.
Le pôle est à l’origine de la création de l’Institut Pierre Vernier (IPV), point d’entrée le plus
unique possible des opérations de transfert de technologie. Le rôle du pôle a été structurant à
ce niveau ainsi qu’au niveau des financements en créant des relais et en facilitant l’aiguillage,
cela est d’autant plus important que le tissu industriel est constitué essentiellement de PME.
Les diverses structures de financement ont été amenées à prendre l’habitude de travailler
ensemble.
Quels types de bénéfices aux entreprises de cette filière, le pôle de compétitivité amène-t-il ?
La proximité géographique du pôle et des PME a grandement facilité les contacts ; la synergie
fonctionne et de nombreuses PME sont entrées ensemble dans les projets afin de mutualiser
leurs compétences. Le bénéfice est également au niveau de la visibilité, et le pôle joue un rôle
d’aiguillage et de relais très important. Pour la veille technologique, les entreprises
bénéficient de l’appui de l’IPV.
Quels sont les impacts sur les partenariats entre les laboratoires, les grands groupes et les
PME ?
Il est important de rappeler que le pôle a travaillé sur un vivier existant. A travers les
exemples de réalisation : plates-formes technologiques, ateliers pilotes, chacun en retire un
bénéfice… c’est une réelle valeur ajoutée pour chacun des partenaires.
Les ateliers pilotes abritent des projets ambitieux qui satisfont les laboratoires, les PME, les
groupes et structurent les relations entre les 3 types d’organismes. Les créneaux
technologiques sont bien délimités et accessibles aux PME. C’est particulièrement flagrant
dans le domaine biomédical.
Dans le cadre des projets collaboratifs à 3 dimensions, les pôles ont légitimité à amener le
consensus.
Quelle est la synergie entre le salon Micronora, le pôle de compétitivité et d’autres acteurs
comme l’incubateur Témis et l’institut Pierre Vernier ?
Le pôle a dû s’inscrire dans un paysage préexistant et il faut rendre hommage à Micronora. Il
s’agit d’un opérateur historique de l’étiquette microtechniques avec la dimension transversale.
La continuité est forte car, entre Micronora et le pôle de compétitivité, c’est une véritable
filiation.
La tradition horlogère de la région Franche-Comté a créé un environnement favorable. En
effet, les opérateurs sont formés en salle blanche et le travail sur binoculaire toute la journée
est familier à de nombreux employés. Il y a par ailleurs, une vraie reconnaissance de la valeur
du personnel.
Avec Témis, structure plus institutionnelle, il faut mettre en avant la complémentarité. C’est
un avantage certain pour le pôle de pouvoir s’appuyer sur une technopôle. Son rôle est
d’afficher le développement économique de la région et, en particulier, autour de la filière
microtechniques. Témis regroupe une pépinière d’entreprises, un incubateur et le service de
valorisation de l’Université.
Quant à l’institut Pierre Vernier, c’est un « enfant » de la filière transfert du pôle de
compétitivité, il est au service des industriels avec une ambition à la fois nationale et
internationale.
Comment le pôle développe-t-il la dimension internationale ?
La structure du pôle est constituée de 6 commissions thématiques dont l’une est dédiée à
l’action internationale.
Les missions étant nombreuses, un choix prioritaire obligatoire s’imposait ; par ailleurs,
l’action internationale s’est trouvée quelque peu pénalisée dans un contexte franco suisse
tendu où les salaires sont très attractifs de l’autre côté de la frontière. Il était nécessaire de
rebâtir cette dimension internationale et c’est une action en cours actuellement. Au niveau
mondial, les pays leaders dans le domaine de la robotique sont le Japon et les Etats-Unis.
La visibilité des microtechniques passe obligatoirement par l’augmentation de la masse
critique, et la coopération avec d’autres clusters est recherchée : cluster italien (à Milan) ou
encore avec la Hongrie qui travaille sur la stratégie de mise en relation des clusters. Un autre
sujet est la construction du triangle des microtechniques avec la Suisse, le sud de l’Allemagne
et Grenoble.
C’est un travail de fond interpôles qui est engagé pour bénéficier des synergies : grande
complémentarité et réelle opportunité avec l’Allemagne (similitude dans les sous-traitances
pour le marché automobile avec ce pays). La Suisse est, quant à elle, un partenaire
incontournable qui partage la même vision stratégique que la Franche- Comté.
Soutien de l’Etat, de la région, et d’OSEO... pouvez-vous nous en dire plus sur ces acteurs ?
Les aides de l’Etat et des collectivités territoriales sont indispensables pour contribuer au
financement de l’innovation, elles participent à la création de richesse pour une meilleure vie
sociale.
Dans beaucoup de programmes, on ne pourrait pas se passer de l’argent public, cependant les
pressions fiscale et sociale sont importantes aussi tout n’est pas rose. Les porteurs de projets
doivent faire face à une grande complexité et il est nécessaire de simplifier les financements.
Une plus grande visibilité serait souhaitable. Les critères d’évaluation sont souvent différents
et contribuent à la complexité.
La Région Franche-Comté et OSEO participent aux comités techniques des financeurs du
pôle, ils sont à l’initiative du Fonds Régional d’aide à l’innovation qui mobilise à ce jour 15.9
millions d’euros avec les 4 départements et les 3 agglomérations de notre territoire. OSEO
apporte sa compétence historique (l’Anvar était le partenaire historique de l’innovation) ainsi
que la dimension nationale, ce dernier point est une valeur ajoutée importante.
Le 7e appel à projets dans le cadre du FUI a été lancé le 24 septembre, comment cet AAP se
présente-t-il pour les entreprises de votre pôle ?
Ce 7e appel à projets du FUI se présente bien et la crainte de l’épuisement du vivier est sans
objet ; depuis 3 ans, on assiste à la montée de nouvelles thématiques à forte potentialité
comme la micro-injection par exemple. La synergie interpôles est constructive.
La typologie des projets est plus proche des grands AAP nationaux, ce sont des projets
ambitieux qui ont plus de chances d’aboutir.
Depuis 3 ans, le pôle a appris à structurer les projets ; l’apprentissage du travail s’est fait en
commun, l’état d’esprit a évolué et chacun des partenaires d’un programme peut se rendre
compte qu’il participe à une dynamique gagnante.