Pêche en mer avec Charles Nadot

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Pêche en mer avec Charles Nadot
Pêchê ên mêr avêc Charlês Nadot - Aftêrwork du 16 avril 2014
Cette manifestation s’inscrit parmi les activités à terre de
l’Union des Plaisanciers Français (U.P.F.), créé en
1961 par trois personnalités du monde de la mer,
Jean-Michel Barrault, journaliste et circumnavigateur,
Eric Tabarly et Jacques Lebrun, médaillé olympique.
Les membres de l’Union des Plaisanciers Français et leurs
amis sont périodiquement conviés à des manifestations
sur l’eau comme à terre, en rapport avec le domaine
maritime. Ils sont également invités à participer au
Challenge de la Croisière, restitution amicale mais
Yacht-Club de Paris Bastille
Charles Nadot est notre orateur ce mercredi soir. Il s'appuie sur sa
grande expérience de la pêche en mer, pour nous en faire partager
quelques secrets.
C’est le Yacht-Club de Paris Bastille qui nous accueille ce mois-ci et que
nous remercions chaleureusement.
Les leurres sophistiqués ou les plus simples
Le popper est essentiellement fait pour être lancé en surface pour faire
monter les poissons ou alors être lancé dans des chasses au même titre
que tout autre leurre. Parce que quand le poisson est en surface, cela
veut dire qu’il est en train de se gaver d’une masse de poissonsfourrage et à ce moment-là tout ce qui passe à sa portée va forcément
attirer son attention.
Tous les types de leurre lancés dans ces circonstances-là sont
susceptibles de ramener du poisson, y compris un bout de ferraille
méthodique de leurs navigations, Chalenge de la Croisière
donnant chaque année lieu à un classement de ses
participants.
Les publications relatives à ces événements sont autant
que possible restituées sur des pages du site de l’Union
des Plaisanciers Français et sur la page Facebook de l’UPF.
L’accès en est soit réservé aux membres, soit public :
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www.upf.asso.fr
www.facebook.com/uniondesplaisanciers
tordue, un peu de papier d’alu autour et un élastique pour tenir le tout,
marchera tout aussi bien que ces leurres sophistiqués et onéreux.
Une erreur souvent commise consiste à prendre des leurres très colorés
en se disant que le poisson va bien le voir. Sauf qu’au lever du jour, les
poissons ne sont pas forcément éduqués pour voir des leurres éclairés
comme des sapins de Noël ! Au lever du soleil, un thon préférera un
leurre foncé à un leurre clair. Ce n’est qu’entre 11 h et 15, que l’on va
éclaircir les leurres qui sont aussi plus éclairés par le soleil. Ayez donc
dans votre boite de pêche des leurres identiques mais de couleurs
différentes et mettez des leurres foncés le matin et le soir, car c’est
plus cohérent avec l’intelligence d’un poisson et il ne faut pas prendre
les poissons pour des cons !
Les couleurs de leurre que j’aime sont le rouge, le rouge et blanc, le
bleu et blanc parce que ce sont les couleurs de l’Olympique de
Marseille ! La couleur Monaco rouge et blanc marche aussi très bien.
Yves-Henri, ancien champion de pêche au gros et membre du YachtClub de Paris Bastille, nous présente un hameçon artisanal de Polynésie.
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consistant à naviguer en suivant son cap et à tendre l’oreille au cas où
le moulinet veuille bien partir. Donc le premier conseil que je vous
donne pour prendre du plaisir et augmenter vos probabilités de prise,
c’est d’être prêts à pratiquer différentes techniques de pêche, sans
oublier la traîne bien sûr.
Les différentes techniques
Technique du jigging fait fureur au Japon et envahit les Etats-Unis. Cela
consiste à laisser couler au fond un leurre plombé et à le remonter très
rapidement de manière saccadée, pour imiter la fuite d’un poisson qui
remonte en surface. Donc quand sur vos sondeurs, vous voyez des
masses de poissons au fond et qu’à force de tourner autour, vous
n’êtes pas arrivés à les faire remonter en surface, allez les chercher là
où ils sont avec ce type de technique.
Pour ce qui est des autres techniques possibles, il y a bien sûr la
palangrotte que tout le monde a plus ou moins pratiquée ; c’est une
pêche qui peut être extrêmement intéressante avec des probabilités de
prises importante quand on va chercher des mérous dans la roche ; il
ne faut pas oublier cette technique ancestrale de pêche. Un fil avec un
ou plusieurs avançons et selon le poisson recherché, vous mettez sur
l’hameçon un bout de viande, un bout de barracuda coupé en tranches,
un bout de thon… et en règle générale, ça marche.
Pour les plaisanciers voileux qui ont envie de pêcher en allant en Corse,
en longeant les côtes italiennes, la côte d’azur ou la côte atlantique, ils
auront à bord un matériel qui leur permette de pratiquer a minima la
traîne, le lancer, le jigging et la palangrotte. Nous rentrons là dans des
techniques de pêche active, plutôt que d’avoir une pêche très passive
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Je vais vite sur ces techniques de jigging et de popper, vous trouverez
des développements là-dessus sur internet, mais dans votre boîte de
pêche, ayez quelques jigs et quelques poppers pour faire autre chose
que de la traîne.
La traîne, votre pratique actuelle
Revenons à la traîne qui est la pêche que vous pratiquez déjà. Je vais
vous expliquer ce que j’ai appris de la part de pêcheurs et de skippers
professionnels. Une partie de pêche cela se prépare, on ne décide pas
de sortir sa canne à moitié rouillée du fonds de sa remise !
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Trois cannes à bord
Rajouter des teasers
De mon point de vue, il faut avoir au moins 3 cannes à bord si vous
voulez vraiment commencer à pêcher, augmenter la probabilité de
prise et le plaisir. Après plusieurs centaines de pêches au thon,
quelques règles ressortent.
Pour cela on a des leurres, on peut rajouter des teasers, des trucs qui
font de la mousse, etc. Sachez que vous pouvez fabriquer des teasers
avec des cannettes de Coca-Cola ou de bière et je conseille la
Kronenbourg parce que la couleur rouge est traditionnellement plus
attractive que les autres.
Régler en distance
Il faut d’abord apprendre à régler ses lignes en distance, en profondeur
et en écartement. En effet pour animer votre leurre de manière
sympathique pour les poissons, il faut donner une impression de fuite à
votre leurre.
Essayez donc de régler vos leurres dans la partie descendante de la
vague d’étrave, de manière à ce que votre leurre donne toujours des
impressions d’accélération comme un surfeur sur une vague. Le leurre
sera donc situé dans la troisième vague à une trentaine de mètres du
bateau environ. Les cannes seront fixées l’une sur un bord, l’autre sur
l’autre bord et la troisième à l’arrière, le leurre de la troisième étant
plus près de manière à former un V avec les deux autres.
Si vous décider d’y consacrer un budget plus important, vous
organiserez votre plan de pêche en W, en ayant 2 cannes loin derrière,
2 autres plus proches et la dernière à mi-distance du bateau. Les
statistiques de touche montrent que le nombre de touches augmente
avec le carré du nombre de cannes. Si vous avez 3 cannes, vous avez
donc neuf fois plus de chances de prendre du poisson qu’avec une
seule canne.
Régler en profondeur
Il faut également savoir régler ses leurres en profondeur. Donc avec 3
cannes il est conseillé d’avoir 2 leurres de surface de chaque côté du
bateau et un leurre plongeant au milieu, de manière à varier les plans
de vol. il faut se mettre un peu à la place du poisson.
Le poisson lui, a trois préoccupations : bouffer, se reproduire et
échapper aux prédateurs dont nous faisons partie. Donc il nage entre
deux eaux ou au fond, parce que la surface n’est pas son milieu naturel.
Venir en surface va lui demander une consommation d’énergie qu’il va
compenser par un engammage de poisson-fourrage. Donc quand un
thon monte, il ne monte pas pour rien, mais pour bouffer ; la technique
consiste à l’inciter au maximum à monter.
Vous prenez une cannette de bière, vous introduisez un câble gainé de
nylon, vous percez des trous de l’autre côté, vous attachez cela
solidement sur le bastingage et vous laissez trainer cela trente mètres
derrière le bateau. Cela va vous faire des gerbes magnifiques,
beaucoup plus spectaculaires que les autres leurres que vous pourriez
acheter. Les pêcheurs en bateaux à moteur ont une probabilité de prise
supérieure aux voiliers parce que le bruit du moteur et les vibrations
des hélices qui agissent d’abord sur la ligne latérale sensorielle des
poissons.
Il faut également savoir régler ses lignes. La relation entre la
profondeur et la distance : un rapala mis à 200 mètres derrière le
bateau va nager plus profondément que le même leurre placé à 50
mètres derrière le bateau. Dans la famille des rapala, certains ont une
bavette en plastique, d’autres ont une bavette en métal. Ces rapala en
métal vont nager plus profond que ceux qui ont une bavette en
plastique. Ce simple choix vous permet d’avoir des poissons nageurs à
des profondeurs différentes et à différentes distances du bateau.
La paravane que je n’utilise pas
Concernant la paravane, pour la faire couler, il faut aller vite, à 6-8
nœuds, afin que la pression de l’eau s’exerce sur la paravane pour la
faire couler. À 2 nœuds, une paravane ne coulera jamais.
Personnellement je ne l’utilise pas car c’est une source d’ennuis qui
écarte et vrille les lignes. Je n’utilise la ligne et le rapala sans lest. Il
faut placer un lest si l’on estime que le leurre ne va pas assez en
profondeur, par contre il faut alors avancer lentement parce que la
vitesse provoque une remontée du leurre. La distance entre le plomb et
le rapala dépend du fonds rencontré et du poisson recherché ; c’est
alors plutôt une pêche au bar, une pêche côtière. En pleine mer il n’est
pas nécessaire de plomber, pour gagner de la profondeur, vous
rajoutez 5 mètres de fil pour gagner un mètre de profondeur.
Régler les écarts entre les lignes
Pour ce qui est des écarts, en règle générale sur un voilier vous n’avez
pas de tangon ; les tangons sont avant tout fait pour faire ce qu’on
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appelle un dropback quand on pêche avec un nombre très important de
cannes, pour avoir un plan de pêche plus large et pour pouvoir pêcher
les poissons à rostre, c’est utile. Pour ce qui nous concerne, plus on va
resserrer les leurres, plus on va créer une impression de banc, plus
notre brave thon ou bonite qui monte en surface, va avoir l’impression
de pouvoir se gaver de poissons.
Il vaut mieux resserrer vos leurres en essayant donc de les faire nager
très près l’un de l’autre, pour provoquer des prises multiples. Et donc
quand la première prise est partie, les n’ont qu’à se tenir prêts, à
mettre leur baudrier, à sortir la canne du porte-canne et commencer à
animer le leurre ; à ce moment vous aurez la chance d’avoir un départ
de thon alors que vous tenez la canne, une sensation bien plus
intéressante.
Je vous parle de la pêche en mer qui est la pêche que je pratique en
Méditerranée. Bien sûr quand je suis invité dans le Bassin d’Arcachon,
je suis ravi d’utiliser une mitraillette à bars ou des petits leurres pour
aller prendre des bars dans les parcs à huitres. On peut parler de la
pêche à la mouche et de multiples autres techniques.
Des leurres attractifs
Ce qu’il faut savoir c’est que vos leurres doivent être attractifs ; il ne
faut pas qu’ils sautent, qu’ils partent dans un sens ou dans l’autre, il
faut que l’impression de nage des leurres soit la plus naturelle possible.
Ensuite une mitraillette à bars, cela s’utilise à vitesse assez lente, sinon
on peut aussi lancer des petits stickbaits, c’est plus intéressant de mon
point de vue que de le pêcher avec une mitraillette à bar.
Plaisir de la pêche
Je fais moi une différence entre prendre du poisson et aller à la pêche :
si je prends du poisson après être allé à la pêche, c’est la cerise sur le
gâteau ! il faut apprendre à prendre du plaisir dans une journée de
pêche, même si l’on n’a pas vu un poisson ! Cela peut vous surprendre,
mais je crois que le vrai plaisir est là : Prendre du poisson parce qu’on
a amélioré sa technique et ensuite apprendre à le relâcher.
Savoir régler les freins
Une chose qu’il faut savoir régler sur une ligne ce sont les freins.
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Beaucoup de pêcheurs se plaignent d’avoir perdu un poisson énorme
parce que le fil a cassé à la touche. Le frein est un outil indispensable.
Retenez globalement qu’un fil d’une résistance donnée doit
correspondre à un frein à la touche d’un tiers de sa résistance
théorique. Autrement dit, si avec ce fil de 12 livres, vous pêchez à la
traine, vous réglerez votre frein au maximum à 4 livres, ce qui fait tout
de même un peu moins de 2 kilos, c’est-à-dire de quoi ferrer un
poisson. Si vous pêchez en 30 livres (norme IGFA), vous réglerez votre
moulinet à la touche à 10 livres, ce qui représente tout de même 4,5
kilos.
Eh bien je vous mets au défi de rester en stand-up sur un marlin de
100-300 kilos avec 5 kilos de frein en tête de canne ! Pour ceux qui ont
fait un peu de physique, je peux vous dire que plus vous avez de
résistance sur une canne qui est longue, plus vos reins vont en prendre
un sérieux coup !
Donc pensez à bien régler vos freins et pensez aussi que chaque fois
que vous faites un nœud dans un fil, vous allez perdre 20-25 % de la
résistance théorique du fil, si vous ne savez pas faire de nœuds qui
vous permettent de conserver la résistance de votre ligne. Il faut donc
que le fil sorte du moulinet à la première sollicitation.
Le fil ? pêchez fin !
Les fils sont vendus dans des catégories exprimées soit en kilos soit en
livres. Je vous fais d’ailleurs circuler un fil de 12 livres, un fil donc très
fin et je vous mets au défi de casser ce fil…
Alors que l’on voit des plaisanciers qui mettent du fil à l’eau avec des
fils de 80 livres, de 100/100ème pour sortir des bonites d’un kilo tout
mouillé ! Donc le plaisir dépend aussi du matériel et du fil que vous
utilisez. Un tel fil serait adapté pour faire un bas de ligne, mais pas un
corps de ligne, parce qu’il n’y a pas de déshonneur à mettre à la fin, si
il y a de la roche ou des barracudas, du câble acier ou un monofilament beaucoup plus costaud, parce que le poisson va chercher à se
défendre, à se libérer.
On a toujours l’impression que le fil est beaucoup trop fragile par
rapport au poisson que l’on espère prendre. Or plus votre fil est fin,
plus vous augmentez vos probabilités de prise. Un gros fil est donc
contre-productif.
En matière de lancer, si vous voyez une chasse de bonites, de thons,
etc., vous aurez une distance de lancer beaucoup plus importante si
vous avez une tresse ou un fil fin, que si vous lancez un fil de 80 livres.
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Et vous vous apercevrez qu’il vous manquera toujours 10-15 mètres
pour atteindre le poisson que vous cherchez, le selfish qui se fait dorer
en surface. Donc pêchez fin, vous ne casserez pas, avec ce fil, je vous
tire la table à 100 mètres de distance ! Avec du 30 livres – expérience
faite à Abidjan – on a fait reculer un Range Rover ! et du 30 livres,
c’est du 55/100ème. C’est très très costaud !
Longueur de fil sur le moulinet
En longueur, vous mettrez le maximum, car à chaque pêche vous
commencerez par retirer les 30 mètres qui ont servi pour la précédente
partie de pêche, qui ont pu frotter contre le bord du bateau… Un monofilament présente une élasticité qui va se réduire et il ne faut pas
hésiter à virer les bouts de fils qui ont été utilisés précédemment.
Il est exact que le risque de casse augmente avec la finesse du
diamètre du fil. Sachez qu’un fil de 12 livres comme celui-ci, m’a
permis de sortir tous les espadons-voiliers qui ont eu la courtoisie de
s’y laisser prendre et des petits marlins, c’est faisable ; et on peut
penser qu’ils sont aussi venus sur ce fil parce que je n’avais qu’un
mètre cinquante d’avançon et que tout le reste c’était un fil
parfaitement invisible.
Là où les choses se compliquent avec un poisson à rostre, c’est que ce
n’est pas un thon. Le thon prend, va au fond et reste au contact en
permanence, il est sympa. Les poissons à rostre c’est différent. Donc
vous avez un poisson qui vous sort 200-300, quelque fois 500 mètres
de fil ; il ne va pas être en ligne droite ; vous êtes à l’arrière de votre
bateau et vous avez le marlin ou l’espadon qui saute 200 mètre devant ;
ce genre de situation se produit souvent. Donc, on a un fil qui fait une
courbure de plusieurs centaines de mètres dans l’eau et la pression de
l’eau contre le flux risque de le faire casser. C’est là qu’il faut exprimer
un peu de technique, lever la canne, voir un skipper qui fasse demitour, qui vous aide dans la récupération en suivant le fil et non pas en
allant directement sur le poisson ; c’était donc le côté spécial des
poissons à rostre.
Union des Plaisanciers Français
Une touche ? ne pas resserrer le frein !
Toujours en ce qui concerne les réglages de frein, imaginons votre
moulinet de traîne dont le poisson vous a sorti 200 mètres ; vous êtes
content en croisière d’avoir enfin une touche, vous voyez le fil qui sort,
la dernière chose à faire est de serrer le frein. En effet plus vous avez
de fil dans l’eau, plus la traction sur le fil est importante, donc au lieu
de monter le frein par peur de perdre le poisson, il faut ouvrir le frein
pour libérer un peu le moulinet et avoir un frein constant ; sinon vous
cassez.
Il faut quand même avoir une idée assez précise de la réserve de fil
que l’on a et du poisson qui vient de mordre, mais serrer le frein sur un
départ de tout poisson dit « noble », soit arrache l’hameçon de la
gueule du poisson, soit casse le fil. Vous ne monterez le frein à environ
50 % de la résistance théorique, qu’à la fin du rush. Vous avez des
moulinets de traîne préréglés, qui vous permettront de savoir à quelle
tension vous êtes, à la touche et en combat. Si vous êtes en 50 livres,
25 livres représentent quand même 12 kilos. Si vous prenez du 30
livres, c’est largement suffisant et vous pourrez avoir sur votre
moulinet une très grand réserve de fil à moulinet constant par rapport
à du 50 livres voire du 80 livres. De toute façon la probabilité à la
traîne de prendre un thon de 100 kilos est très très faible, car les gros
thons se prennent avec une technique de pêche particulière.
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Ne pas couper le moteur
Et surtout ne coupez pas le moteur, lorsque vous avez cette touche sur
l’une de vos 3 lignes ; restez à votre vitesse, ne rentrez pas la voilure
si vous êtes sous voiles, conservez votre cap parce que les 2 autres
lignes continuent à pêcher et même si elles ne partent pas, ne les
remontez pas. Le pêcheur aura bien sûr préparé son baudrier et ses
gants. Réduisez la vitesse. Les 2 autres leurres vont plonger.
Nous en sommes donc au poisson, on a monté un peu son frein, soit
son frein à étoile, soit le frein devant sur les moulinets à tambour
tournant, on est bien, on a le contact avec le poisson. Une erreur
souvent commise consiste à remonter la canne à 90° et à faire des
mouvements de va et vient. Or chaque fois que vous baissez la canne
rapidement, vous risquez de faire une boucle et vous allez casser. Ne
dépassez jamais 45°, ces mouvements de va et vient doivent être
réguliers et la pression constante sur le poisson lors du rembobinage ;
et si le poisson a envie de partir, ne le contrariez pas, laissez-le partir,
il vous prendra moins de fil que la première fois et vous, vous aurez
gagné un ¼ d’heure de combat.
Le poisson arrive au bateau
Avec un peu de chance le poisson arrive au bateau ; l’erreur consiste à
serrer complètement le frein pour que cette foutue bestiole ne reparte
pas ! c’est là que le nœud plus ou moins bien fait casse, c’est là que
votre nouvelle canne à 290 € prend appui sur le franc-bord et casse.
Ne remontez le poisson à bord qu’à coup sûr. En règle générale, un
poisson qui se rend, se met sur le côté, vous avez alors tout le temps
soit de le gaffer, soit de le salabrer, soit de le prendre à la main par la
queue pour le respecter. Et là de lui enlever éventuellement l’hameçon,
on prend la photo et on le remet à l’eau si on a décidé de le faire.
Gaffer le poisson
Si vous avez décidé de gaffer un poisson, il y a beaucoup de pertes de
poissons parce qu’on va couper la ligne au moment du gaffage, si on
n’a pas éborgné la femme du skipper, visez la tête du poisson. Si vous
visez la tête, vous allez piquer au milieu du corps. Ne gaffez qu’à coup
sûr, ne soyez pas fébriles, ne hurlez pas, ne créez pas de stress, tout
va bien, le poisson est là, on a fait un joli coup de ligne, soyons cool et
zen !
Union des Plaisanciers Français
C’est un peu comme dans les manœuvres ou le gros temps, vous avez
des skippers qui gueulent et qui terrorisent leur équipage ! donc soyons
calmes !
Redémarrage
Au moment du redémarrage, les deux autres leurres vont remonter
brutalement et un nouveau poisson va mordre à ce moment précis.
Laissez donc vos cannes en pêche, vous augmenterez grandement la
probabilité de prise.
Je vous conseille d’ailleurs d’avoir trois couleurs différentes de fil pour
chaque ligne de manière à ne pas découper la ligne où se trouve le
poisson.
Mettre toutes les chances de son côté
Quand on a décidé de pêcher il faut y croire et mettre toutes les
chances de son côté, se mettre à une allure confortable, de manière à
ne pas avoir de bord à tirer, mettre ses lignes en pêche, les surveiller,
préparer son matériel, bien régler ses cannes, rester maître de la
situation.
Ce qui nécessite un minimum de gestion du matériel et d’anticipation
sur ce qui peut se passer. Pensez à la sécurité, aux hameçons qui
trainent. J’ai vu un tendon d’Achille sectionné par un hameçon à thon, à
40 milles au large cela fait un drôle d’effet quand l’hélicoptère arrive
au-dessus de vous ; des situations donc à éviter.
Si vous devez gaffer un poisson, évitez de le mettre à l’intérieur du
cockpit où le poisson va se balader de droite et de gauche avec un
hameçon dans la gueule qui peut attraper une main, un pied, un
tendon. On garde donc le poisson sur la gaffe au-dessus de l’eau, on
prend une pince, on met des gants et on enlève l’hameçon, d’autant
que beaucoup de leurres ont plusieurs hameçons. Attention aux
lunettes qui ont une fâcheuse tendance à partir à l’eau à ce moment-là.
Dernière remarque sur les hameçons
La tendance maintenant pour la pêche au thon en Méditerranée,
consiste à proscrire les hameçons triples pour privilégier les hameçons
simples. Si un barracuda, un thon, une liche, une carpe rouge, un bar
ou quoi que ce soit monte sur un leurre, je peux vous assurer que vous
n’avez pas besoin d’un hameçon triple pour le retenir ; un hameçon
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triple va lui déchirer les ouïes, la gueule, lui abimer les yeux et à ce
moment-là, le poisson ne pourra pas être relâché dans de bonnes
conditions.
Donc pour la pêche au thon en Méditerranée, les hameçons triples sont
interdits, ce qui n’empêche pas des dizaines de milliers de plaisanciers
de continuer à pêcher avec ; mais il y a une raison, les prises sont
limitées, il faut être affilié à un club de pêche, avoir une
immatriculation et il faut faire attention à ce que l’on fait, sinon cela
peut coûter très cher, voire la saisie du bateau par les Affaires
Maritimes. Cette réglementation un peu stupide a été obtenue par les
pêcheurs professionnels à l’encontre des plaisanciers. Or ce ne sont pas
les plaisanciers qui vident la mer, mais les longs liners. Ceci dit je
trouve que cela va dans le bon sens, car un hameçon simple ne vous
empêchera pas de prendre un poisson, vous pourrez le relâcher dans
de meilleures conditions et certains puristes vont même jusqu’à écraser
les ardillons, ce qui permet à l’hameçon de ressortir de manière plus
facile de la gueule du poisson.

balancez aussi tout ce qui est à base de lapin – oups ! qu’ai-je
écrit ! d’animal aux longues oreilles – terrine, pâté, civet, …
Mais cela vous le saviez déjà n’est-ce pas ?
Charles Nadot
La taille de l’hameçon doit être proportionnée au leurre, ni trop lourd ni
trop petit, et l’hameçon adapté au poisson recherché.
Si vous voyez une baleine !
Si vous réglez correctement votre radar en affinant le gain de votre
radar, vous allez pouvoir diagnostiquer de temps en temps 2-3
mouettes à 4-5 milles ; s’il y a 2-3 mouettes à cet endroit-là, c’est qu’il
y a du poisson en-dessous. Si vous voyez des globicéphales, de
mammifères marins, ils ne sont pas là par hasard, tout le monde bouffe
la même chose : du krill, des sardines… Donc si vous voyez une baleine
en Méditerranée, suivez la baleine car elle sait où elle va ! Si vous
voyez des dauphins, passez derrière le banc de dauphins, car les thons
sont derrière.
Cerise sur le thon    !
Pour augmenter encore vos chances de prises :


que personne ne vous souhaite « bonne pêche » sur un « thon »
joyeux ;
balancez à la mer tous les œufs durs ;
Union des Plaisanciers Français
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