2ème trimestre 2016 - Toujours le même scénario
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2ème trimestre 2016 - Toujours le même scénario
15.06.2016 Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen Toujours le même scénario Aussi humain soit-il, voilà un comportement tout sauf raisonnable: par nature, nous sommes récalcitrants à traiter les sujets délicats. Nous remettons les tâches pénibles au lendemain, fidèles à la devise «Ok, mais pas aujourd'hui». Il suffit de penser à sa déclaration d'impôt. Je connais un bon nombre de professionnels sérieux et compétents qui l'envoient souvent trop tard – à l'instar des professionnels sur les marchés. Les potaches des marchés financiers Sur les marchés financiers, prétendument ultraprofessionnels, mais en apparence seulement, les acteurs n'en valent pas mieux. Ils y affichent la même naïveté que les potaches peu assidus qui continuent à s'adonner à leurs loisirs quotidiens en toute insouciance, tout en sachant que des examens importants les attendent et que le temps pour les révisions commence à leur manquer. Cette attitude est comparable aux marchés financiers qui ont pris un envol inexplicable dans la deuxième semaine de mai et ont accusé une hausse de 7%, incitant de nombreux acteurs à revoir la vie en rose. Mais le temps s'écoule inexorablement. Une fois de plus, nous revivons une impression de déjà-vu, à l'image de l'été 2015. A cette époque, également, la plupart des professionnels de la finance savaient depuis longtemps que la Grèce allait faire faillite début juillet. Ignorant le crash boursier en Chine et se réfugiant derrière la réserve de liquidités, ils finirent néanmoins par paniquer, complètement pris au dépourvu. C'est le même scénario qui se dessine à l'heure actuelle. Presse à sensation et ragots en l'absence de connaissances approfondies On ignore si les Britanniques voteront en faveur ou contre le Brexit, de même que l'on ne peut entrevoir les éventuelles conséquences d'une sortie de la Grande-Bretagne – peu importe les acteurs concernés. Pourtant, la panique règne tout d'un coup. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, outre le récent revirement de tendance, est sans aucun doute l'appel lancé hier par le journal à sensation britannique «The Sun» à ses lecteurs, les incitant en toute sériosité à voter en faveur du Brexit. Avec sa une: «SUN SAYS We urge our readers to beLEAVE in Britain and vote to quit the EU on June 23rd», le journal populaire dicte donc désormais l'évolution des marchés également. Une fois de plus, cette attitude reflète le comportement vulnérable des marchés financiers, marqué par la nervosité, l'instabilité et l'irrationalité. En effet, la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE n'aura guère de conséquences immédiates, ni pour le pays luimême, ni pour l'UE. Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen Raiffeisen Economic Research [email protected] Tél. +41 44 226 74 41 L'éléphant et la souris Certes, il ne faut pas tout croire ce que raconte un journal à Raiffeisen Research sensation qui avait autrefois incitéEconomic ses lecteurs à dénigrer [email protected] l'impartialité suisse car elle avait conduit l'arbitre à refuser le +41titre 44 226 74 41 but de la victoire aux Anglais – àTél. juste – lors de leur match contre les Portugais à l'Euro 2004, contraignant les Anglais à rentrer chez eux. Néanmoins le SUN fait son effet – y compris sur les marchés – et ce uniquement en l'absence d'idées claires sur les conséquences réelles que pourrait entraîner un Brexit. C'est typique du marché et rappelle l'éléphant qui a peur des souris. En revanche, le fait que le Premier ministre David Cameron ait instruit Bruxelles de se taire, de se tenir à l'écart du débat lié au Brexit et de ne pas faire la publicité pour l'UE à Londres, en dit bien plus long sur le sujet. Apparemment, le Premier ministre britannique est de l'avis que l'UE soit incapable de bien se vendre auprès des personnes extérieures ou de celles qui le deviendront (ou aimeraient le devenir). Un aveu d'impuissance La crainte manifestée par le Premier ministre britannique que Bruxelles fasse une tournée à travers le pays pour assurer le maintien de la Grande-Bretagne dans l'UE est un aveu d'impuissance. Et peu importe au final que le référendum aboutisse ou non à un Brexit, les futures relations entre Londres et Bruxelles resteront difficiles. Les marchés refusent de traiter cette question avant le 23 juin. Pourtant, ils feraient bien de s'en préoccuper plus tôt que prévu. Seulement voilà, le marché préfère typiquement se pencher sur des questions auxquelles il ne peut répondre: les Britanniques sortiront-ils de l'UE, et quelles en seraient les conséquences? Il serait judicieux de se recentrer sur ce que l'on sait déjà. Si Bruxelles pense que la question est définitivement abandonnée, après le non au Brexit, elle pourrait s'y méprendre. Au contraire, elle devrait sérieusement s'inquiéter du seul fait qu'un pays d'une certaine importance politique et économique envisage de tourner le dos à l'UE. Au lieu de se demander comment on a pu en arriver là, les autorités de Bruxelles espèrent simplement que le cauchemar sera bientôt terminé – sans exprimer la moindre autocritique. L'environnement actuel est marqué par des idées de réformes vagues et hypothétiques d'une UE plutôt divisée, qui s'est transformée en un véritable champ d'expérimentations au cours des dernières années, qui a perdu toute crédibilité et ne peut s'en sortir seule, malgré les nombreuses violations de contrats et tentatives de contournements. Cela fait bien longtemps que l'UE a perdu le contrôle de la situation et ne se nourrit que d'espoirs. Des espoirs à l'égard d'un non des Britanniques, de la Turquie ou à Mario Draghi – quel aveu d'impuissance! Les marchés le savent déjà pourtant, mais l'ont-ils bien intégré? Martin Neff, chef économiste de Raiffeisen Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen Toujours le même scénario 15.06.2016 Raiffeisen Economic Research [email protected] Tél. +41 44 226 74 41 Raiffeisen Economic Research [email protected] Tél. +41 44 226 74 41 Mentions légales importantes Ceci n'est pas une offre Les contenus publiés dans le présent document sont mis à disposition uniquement à titre d'information. Par conséquent, ils ne constituent ni une offre au sens juridique du terme, ni une incitation ou une recommandation d'achat ou de vente d'instruments de placement. La présente publication ne constitue ni une annonce de cotation ni un prospectus d'émission au sens des articles 652a et 1156 CO. Seul le prospectus de cotation présente les conditions intégrales déterminantes et le détail des risques inhérents à ces produits. 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