Actualités de la Conférence annuelle de l`American

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Actualités de la Conférence annuelle de l`American
Paris, le 13 novembre 2014
Note de presse
Actualités de la Conférence annuelle de l’American Association
for the Study of Liver Diseases (AASLD)
Boston 7 – 11 novembre 2014
La Conférence annuelle de l’American Association for the Study of Liver Diseases (AASLD)
s’est tenue du 7 au 11 novembre 2014 à Boston (Etats-unis). Parmi les études soutenues
par l’ANRS (France REcherche Nord&sud Sida-hiv Hépatites), deux concernaient les
nouvelles molécules, les antiviraux à action directe (AAD).
Une première étude, réalisée au sein de la cohorte ANRS CUPILT démontre que les AAD
sont très efficaces chez les patients transplantés hépatiques présentant une complication
sévère liée à la réinfection du greffon par le VHC, une hépatite fibrosante cholestatique.
Une seconde étude s’intéresse cette fois-ci à l’impact financier de ces molécules. Les
dépenses liées à leur prescription se situeraient entre 2.3 et 3.1 milliards d’euros sur trois
ans en France, et ce en ne traitant que les patients les plus sévèrement atteints. Cette
estimation s’appuie sur les coûts de ces traitements fixés au moment de l’étude et peut
être amenée à évoluer.
1 – Nouveaux traitements contre le VHC : Un grand pas pour les patients présentant une
complication sévère après transplantation hépatique
La réinfection du greffon par le VHC survient très fréquemment chez les patients ayant bénéficié d’une
transplantation du foie pour atteinte hépatique associée à une hépatite C chronique. Cette réinfection
est liée à la persistance de la réplication du virus de l’hépatite C (VHC) dans l’organisme. Dans de
rares cas (2% à 10% des patients transplantés), elle se traduit par la survenue d’une hépatite
fibrosante cholestatique. Cette complication est associée à une détérioration rapide de la fonction
hépatique mettant systématiquement en jeu le pronostic vital. Jusqu’à présent, les options
thérapeutiques étaient limitées en dehors de la retransplantation hépatique
Lancée en octobre 2013, la cohorte CUPILT de l’ANRS (France REcherche Nord&sud Sida-hiv
Hépatites) vise à évaluer l’efficacité virologique des nouvelles molécules, les antiviraux à action directe
(AAD), chez les patients transplantés hépatiques présentant une récidive de leur hépatite C. Au sein
de cette cohorte comptant à ce jour 327 patients, le devenir de 23 patients transplantés présentant
spécifiquement une hépatite fibrosante cholestatique a pu être étudié. Ces patients ont reçu différents
schémas thérapeutiques comportant au moins un AAD, le sofosbuvir et/ou le daclastavir, associé ou
non au Peg-interféron et/ou à la ribavirine. Ils ont reçu leur traitement pendant 24 semaines.
Les résultats présentés en communication orale à la conférence annuelle de l’American Association
for the Study of Liver Diseases (AASLD) ont montré qu’à l’issue du traitement, aucun décès n’a été
constaté et aucune nouvelle transplantation n’a été nécessaire. Tous les patients avaient une charge
virale du VHC indétectable à la fin du traitement et une réponse clinique complète (disparition de
l’ascite 1 et de l’ictère 2) a été observée chez 87% d’entre eux. La tolérance aux traitements était
satisfaisante. Une rechute virologique a été observée 4 semaines après l’arrêt du traitement chez un
seul malade qui avait reçu une combinaison sofosbuvir + ribavirine. Cette rechute ne s’est pas
accompagnée d’une dégradation clinique.
Pour le Pr Vincent Leroy (CHU de Grenoble) qui a présenté ces résultats, cela constitue « une
avancée majeure pour ce type de patients. On constate une amélioration très rapide, en quelques
semaines, et spectaculaire de leur état général. Le nombre de patients est certes relativement limité.
Mais pour une complication post-transplantation qui était jusqu’à présent mortelle dans 100% des cas,
nous apportons pour la première fois la preuve qu’un traitement efficace est désormais possible. »
Le suivi à plus long terme des 23 patients se poursuit. Il devrait permettre de savoir si la réponse
virologique et clinique se maintient, et conduit à une guérison de leur récidive post-transplantation de
l’hépatite C.
Contact scientifique
Professeur Vincent Leroy. Email : [email protected]. Tél : 04.76.76.93.68
2 – Une étude confirme l’impact financier considérable des nouveaux traitements contre
l’hépatite C
En France, 180000 personnes seraient à l’heure actuelle atteintes d’hépatite C chronique, dont 90000
qui l’ignorent. Cette infection est responsable de pathologies graves (cirrhoses et cancers du foie) qui
entraînent le décès d’environ 3000 malades chaque année. Ces toutes dernières années, de
nouveaux médicaments, les antiviraux à action directe (AAD), ont montré une efficacité spectaculaire
chez une majorité de patients. Une éradication du virus est ainsi obtenue chez environ 90% d’entre
eux.
Une étude soutenue par l’ANRS (France Recherche Nord&sud Sida-hiv Hépatites) réalisée par Sylvie
Deuffic Burban sous la direction du Pr Yazdan Yazdanpanah (Inserm U1137 – IAME « Infection,
Antimicrobiens, Modélisation, Evolution », Université Paris Diderot, Paris), s’est attachée à évaluer
l’impact budgétaire des AAD. Les coûts ont été évalués à partir du prix de ces médicaments
demandés par les laboratoires pharmaceutiques dans le cadre des ATU (Autorisations Temporaires
d’Utilisation) qui sont en cours : 35000€ pour 12 ou 24 semaines de traitement pour le daclastavir et
4830 € par semaine pour le sofosbuvir. Les schémas de traitement retenus (bithérapie d’AAD ou
association de l’un ou des deux avec la ribavirine) sont ceux qui sont préconisés dans le premier
rapport de recommandations sur la prise en charge des personnes infectées par le virus de l’hépatite
B ou C en France 3 et par la Haute Autorité de Santé (HAS) 4. Dans ces rapports, les AAD sont
recommandés pour les patients présentant une fibrose avancée, c’est-à-dire à partir d’un stade F2,
avec une priorité donnée aux patients atteints d’une fibrose F3 ou F4.
Les auteurs de l’étude ont calculé les coûts de traitement en considérant que tous les patients avec
une fibrose avancée seraient traités par AAD au cours des trois prochaines années : 20000 la
première année, 9000 la deuxième et 2500 la troisième, soit un peu moins de 32000 patients au total.
Seuls les coûts directs des médicaments ont été pris en compte. Sur cette base, les auteurs estiment
que l’impact budgétaire du traitement par AAD de ces patients serait compris entre 2,3 et 3,1 milliards
d’euros pour les trois années considérées.
1
Ascite : accumulation de liquide dans l’abdomen et plus précisément dans la cavité péritonéale
Ictère : l’ictère ou jaunisse désigne une coloration de la peau ou des muqueuses qui prend une teinte jaunâtre. Elle est due à
une présence excessive de bilirubine initialement dans le sang, puis qui se dépose dans les tissus
3
Prise en charge des personnes infectées par le virus de l’hépatite B ou C. Rapport de recommandations 2014, sous la direction
du Pr Daniel Dhumeaux et sous l’égide de l’ANRS et de l’AFEF (Association Française pour l’Etude du Foie). EDP Sciences, Paris,
2014.
4
Prise en charge de l’hépatite C par les médicaments anti-viraux à action directe (AAD). Recommandation du collège, Haute
Autorité de Santé, juin 2014.
2
« Il s’agit de projections que l’on peut qualifier d’a minima, indique Sylvie Deuffic-Burban, l’une des
auteures de l’étude. En effet, nous avons considéré dans notre analyse qu’aucun nouveau patient ne
serait dépisté et ne nécessiterait une mise sous AAD, ce qui est improbable. »
Pour le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS, « cette étude confirme que le coût des AAD
risque de peser sur notre système de santé. C’est une situation qui justifie que le “juste prix” de ces
médicaments soit appliqué dans un contexte médical de “juste prescription”.
Contact scientifique
Professeur Yazdan Yazdanpanah. Email : [email protected]. Tél : 01.40.25.78.03
Sources
1 - High rates of virological response and major clinical improvement during sofosbuvir and
daclatasvir-based regimens for the treatment of fibrosing cholestatic HCV-recurrence after liver
transplantation: The ANRS CO23 CUPILT study.
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3
3
4
14
Vincent Leroy , Jérôme Dumortier , Audrey Coilly , Mylene Sebagh , Claire Fougerou-Leurent , Sylvie Radenne ,
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7
8
4
9
Danielle Botta , Francois Durand , Christine Silvain , Pascal Lebray , Pauline Houssel-Debry , Nassim Kamar , Louis
10
11
12
13
3
d'Alteroche , Yvon Calmus , Inga Bertucci , Georges-Philippe Pageaux , Jean-Charles Duclos-Vallee and ANRS
CO23 STUDY team
1
2
3
4
CHU de Grenoble, Grenoble, France ; Hôpital Edourat Herriot, Lyon, France ; Hôpital Paul Brousse, Paris, France ; CHU de
5
6
7
Rennes, Rennes, France ; APHM, Marseille, France ; Hôpital Beaujon, Clichy, France ; CHU de Poitiers, Poitiers, France ;
8
9
10
11
Hôpital LPS, Paris, France ; CHU de Toulouse, Toulouse, France ; CHU de Tours, Tours, France ; Hôpital St-Antoine, Paris,
12
13
France ; ANRS, Paris, France ; CHU de Montpellier, Montpellier, France ; 14. Hôpital de la croix rousse, Lyon, France
2 - Projecting the budget impact of interferon (IFN)-free direct-acting antiviral (DAA)-based regimens
for hepatitis C treatment in France: a model-based analysis (ANRS 95141)
1, 2
1
3
Sylvie Deuffic-Burban , Dorothee Obach , Valerie Canva-Delcambre , Stanislas Pol
7
1,8
Daniel Dhumeaux , Yazdan Yazdanpanah
1
2
4, 5
6
, Francoise Roudot-Thoraval ,
Inserm, IAME, UMR1137, Univ Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, Paris, France ; Inserm, U995, Univ Lille Nord de France, Lille
3
4
2, Lille, France ; Service des Maladies de l'Appareil Digestif et de la Nutrition, Hôpital Huriez, CHRU Lille, Lille, France ; Unité
5
d'Hépatologie, Groupe Hospitalier Cochin Hôtel-Dieu, Paris, France ; Inserm U1016, Univ Paris Descartes, Paris, France ;
6
7
Service de Santé Publique, Hôpital Henri-Mondor, Créteil, France ; Inserm U955, Hôpital Henri-Mondor, Créteil, France ;
8
Service de maladies infectieuses et tropicales, Hôpital Bichat Claude Bernard, Paris, France.
Contacts presse ANRS
Noëlla LEFEBVRE
Chargée de communication scientifique
Tél. : 01.53.94.60.21
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Marie-Christine SIMON
Responsable du service information scientifique et communication
Tél. : 01.53.94.60.30
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