ECR Info n° 31 Juin 2013
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ECR Info n° 31 Juin 2013
ECR : Quelles sont les joies d’un tel ministère ? TH : Je découvre chaque jour que Dieu continue à appeler des hommes et des femmes encore aujourd’hui. Il leur parle comme à des amis, car il veut faire alliance avec eux. Il leur demande de lui faire confiance, de vivre et témoigner de son amour, de sa miséricorde et de sa bonté. Cela donne sens à notre vie et à notre monde aujourd’hui. Cela agrandit et renouvelle l’Eglise, notre famille chrétienne qui a reçu du Christ la mission de rendre visible le Royaume de Dieu dans notre humanité. La mission du Catéchuménat s’enracine dans celle du Christ et de l’Eglise, qui nous envoie pour porter la Bonne Nouvelle à ceux qui le cherchent et qui en ont soif. Personnellement, ça me rend heureuse de vivre cette aventure extraordinaire avec Dieu, en formant et en accompagnant les autres sur ce chemin de foi. C’est une expérience réelle qui nous permet de renouveler notre foi et d’avancer sur notre propre chemin. Vivre notre foi en accompagnant les autres, c’est un cadeau et une expérience fantastique. Ça me rend humble, mais heureuse ! C’est extraordinaire d’accueillir ces personnes qui ont tellement faim et soif de Dieu… Il se passe quelque chose qui nous dépasse et on se sent en communion avec l’autre/L’Autre… ECR : Quelles sont les difficultés d’un tel ministère ? TH : C’est un ministère qui exige beaucoup de flexibilité et de disponibilité. Il faut pouvoir gérer la frustration face à ceux qui viennent moins souvent aux rencontres, même si c’est pour des raisons professionnelles ou de formation. Il faut prendre en considération ceux qui viennent et veulent tout de suite accéder aux sacrements sans préparation. C’est une démarche exigeante, car ce n’est pas un travail que l’on peut faire à distance, mais que l’on fait avec la personne. Ce n’est pas un planning, mais une écoute et un accompagnement attentif. Notre engagement dans cette Pastorale s’inscrit dans la mission de l’Eglise, qui a la charge de faire découvrir et entendre aux hommes la Parole de Dieu lue en Eglise et dans sa Tradition. C’est cette Parole, en même temps confiée à l’Eglise et adressée à chacun en particulier, qui fera grandir les catéchumènes dans la foi, et leur fera parcourir le chemin de la purification et de la transformation qui leur permettra de rencontrer le Christ et de vivre pleinement sa vie. Mais cette adhésion à la foi chrétienne dépend de l’action intérieure de l’Esprit Saint. “ VeneZ et VOYeZ ” Jean, I, 39 EDITO FORCE SPÉCIALE Le concile Vatican II déclare à propos de ceux qui reçoivent la confirmation « Ils sont enrichis d’une force spéciale de l’Esprit Saint ». L’Esprit Saint nous l’avons déjà reçu au baptême. Nous avons été plongés, revêtus de l’amour de Dieu au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Oui, les sacrements d’initiation (Baptême, Communion et Confirmation) donnent une force spéciale ! Mais quoi donc de spécial ? Par ces sacrements nous sommes constitués témoins ; non seulement nous recevons la grâce de Dieu, mais encore nous sommes appelés à la répandre, à la transmettre, pour le dire en une image : non seulement nous sommes récepteurs de l’amour de Dieu, mais nous sommes aussi émetteurs. Car l’amour de Dieu ne demande qu’à se communiquer, grâce à nous, mais surtout avec l’appui substantiel de l’Esprit Saint. Être témoin, c’est tout d’abord se laisser traverser par la lumière qui nous vient de Dieu. Ce sont des sacrements très concrets qui nous permettent d’agir vraiment comme des disciples du Christ. Ils font de nous des gens doués pour nous « débrouiller » dans la vie. Ils nous donnent un esprit de sagesse qui fait de nous - non des gens gentils -, mais des personnes qui savent évaluer ce qui se passe en elles et autour d’elles et qui leur permettent d’agir selon la justice et la vérité. Nous recevons aussi un esprit de force qui nous permet de tenir jusqu’au bout, pas seulement dans les situations difficiles, mais aussi qui nous conduit jusqu’au bout de notre engagement. C’est un esprit d’affection filiale, qui garde présent à notre conscience que nous sommes enfants d’un Père au ciel et que c’est lui le premier mot et le dernier mot de tout. C’est aussi un esprit d’intelligence qui nous fait pénétrer la réalité de Dieu : en écoutant sa Parole, nous devenons aptes à lire les signes des temps. Je perçois ainsi les traces de Dieu dans la vie des hommes. On a aussi appelé l’Esprit Saint, l’Enseignant : c’est lui qui tire de nous ce qu’il y a de meilleur, le fait grandir et fructifier pour la plus grande gloire de Dieu. témOIGnaGe Baptisée enfant au sein de l’Eglise protestante, j’ai été élevée néanmoins sans éducation ou pratique religieuse. Mais la foi était là, dans mon cœur, et j’avais du plaisir à participer aux célébrations œcuméniques dans le cadre du scoutisme que je pratiquais alors. J’ai ensuite connu mon mari, catholique pratiquant, et je l’ai tout naturellement suivi, régulièrement, dans « son » Eglise. Nous nous sommes mariés catholiques, puis est venu le baptême de notre fils et de fil en aiguille l’Eglise catholique est devenue « mon » Eglise. C’est lors de l’enterrement de mon parrain que le déclic m’est venu : officiellement, je n’étais pas catholique… même si je me considérais comme telle ! Il me fallait donc « mettre les choses en ordre » afin de pouvoir officiellement être en cohérence avec ce que je vivais depuis plus de vingt ans. J’ai donc entrepris les démarches nécessaires et, après mon parcours de catéchuménat, j’ai eu la joie de faire ma confirmation à Pentecôte, en 2011. Le parcours était intéressant, avec de belles rencontres, telle que celle de ma marraine, et de beaux témoignages, notamment celui de la responsable de l’aumônerie de la prison de Chandollon. L’étude des différents textes lors de notre parcours m’a amenée un nouvel éclairage, mais je regrette néanmoins que l’accent n’ait pas été mis sur l’histoire, la place de la foi et les motivations de chacune et chacun. Dans mon cas, il n’y a donc pas eu de « conversion » au sens strict, la foi chrétienne étant déjà avec moi depuis bien longtemps. Néanmoins, je me sens plus « à ma place » et en paix depuis ma nouvelle appartenance à l’Eglise catholique, appartenance officielle qui me permet aussi de m’engager au sein de notre paroisse, notamment avec notre chorale ou en aidant ponctuellement au catéchuménat lors du parcours de mes enfants. « « 31 N° JUIN 2013 Valérie (48 ans), bénéficiaire du service POuR BénéFICIeR Du SeRVICe Du CatéChuménat, VeuILLeZ COntaCteR XXXXXXX au 022 XXX XX XX. Propos recueillis par Guylaine Antille, responsable de la communication ECR POuR COnnaÎtRe nOtRe aGenDa, meRCI De VOuS RenDRe SuR nOtRe SIte : WWW.Cath-Ge.Ch mgr Pierre Farine Évêque auxiliaire 13 rue des Granges – 1204 Genève Tél. 022 319 43 43 > www.cath-ge.ch > [email protected] CCP 12-2782-6 Fotolia © Jenny Thompson Le Catéchuménat Qu’est-ce que le catéchuménat ? C’est la situation des jeunes et des adultes qui se préparent au Baptême, à la Communion et à la Confirmation. C’est aussi le temps et l’organisation de cette préparation appelée initiation chrétienne. C’est donc un processus par lequel une personne devient chrétienne et membre de l’Eglise par la réception des trois sacrements dits sacrements d’initiation : le Baptême, l’Eucharistie et la Confirmation. Cette initiation suppose différents seuils de préparation, de formation, de célébrations liturgiques et d’accompagnement. Les adultes qui se préparent aux sacrements de l’initiation s’appellent catéchumènes. La personne qui reçoit ces sacrements est introduite dans la vie de Dieu : Père, Fils et Saint-Esprit. Fotolia © Auremar À Genève, le catéchuménat est divisé en trois sections : une pour les enfants, une pour les adolescents et une pour les adultes. Dans ce numéro de votre ECR info, nous avons pris l’option de parler du catéchuménat des adultes. Pour faire connaissance avec ce domaine, nous avons choisi de nous entretenir avec Mme Thérèse Habonimana, responsable du service. Interview Thérèse Habonimana Responsable du Service Catéchuménat ECR : Bonjour, Mme Habonimana, pouvez- vous vous présenter et présenter votre ministère au sein de l’Eglise catholique romaine - Genève (ECR) ? TH : Je m’appelle Thérèse Habonimana et suis responsable du Service du Catéchuménat des adultes à Genève. Mon ministère comprend l’organisation des activités du service, la présidence et l’animation des rencontres en bureau, l’organisation «Le catéchuménat est un lieu d’initiation à la vie chrétienne et un lieu de partage fraternel.» et l’animation des groupes, le choix des parcours de formation, les préparations et les animations des temps forts. J’assure également le suivi des catéchumènes, la création et le renforcement des liens avec les paroisses et assure le lien avec les autres catéchuménats des adultes du diocèse, de Suisse et au niveau international. Sans oublier le lien avec les catéchuménats de l’enfance et de l’adolescence. J’ai accueilli ce mandat avec joie, car je veux vivre ma mission de baptisée en accueillant les autres, dans notre grande famille qu’est l’Eglise. ECR : Qu’est-ce que le catéchuménat ? À qui s’adresse-t-il ? À quoi mène-t-il ? TH : Le catéchuménat est un service d’Eglise qui accueille des personnes adultes pour les initier aux sacrements de Baptême, Eucharistie et Confirmation. Le parcours dure 3 ans. Chaque candidat arrive avec son propre parcours, qu’il s’agit d’intégrer dans le catéchuménat. C’est donc un temps et un espace de vie ecclésiale ou des adultes qui ne sont pas encore « chrétiens », ni tout à fait « croyants », écoutent, entendent résonner la Parole de Dieu et nouent des liens de foi avec les chrétiens. C’est aussi un temps pour les baptisés qui n’ont pas eu de catéchisme, mais qui redécouvrent le sens de leur baptême et veulent approfondir leur foi pour compléter les étapes de leur vie chrétienne. Celui qui vit cette période du catéchuménat est appelé catéchumène et il entre peu à peu dans la foi commune de l’Eglise célébrée au Baptême et à l’Eucharistie. Le catéchuménat est un lieu d’initiation à la vie chrétienne et un lieu de partage fraternel. Nous mettons tout en œuvre pour offrir un cadre approprié à celui ou à celle qui désire accéder aux sacrements ou encore faire son entrée dans l’Eglise catholique. Nous le concevons comme un cheminement et nous proposons des groupes de réflexion partagée et un accompagnement individuel pour aborder des questions plus personnelles ou de manière plus approfondie. Il y a également des rencontres générales, regroupant toutes les équipes, pour des célébrations élargies. Ces moments sont très forts, car les catéchumènes sont liés et forment des petites communautés ecclésiales. Les catéchumènes - quelques 90 personnes en 2012 - sont répartis en groupe sur l’ensemble du canton. Pour qu’un groupe fonctionne bien, il faut qu’il y ait un accompagnant « local », car ce n’est pas une affaire privée, mais bien une affaire communautaire. C’est un ministère qui s’enrichit de toutes ces collaborations : des prêtres en paroisses, des agents pastoraux, des différentes aumôneries. ECR : Selon votre expérience qu’est-ce qui amène un jeune ou un adulte à entreprendre une telle démarche ? TH : Les raisons sont diverses et cela dépend de leur situation humaine, de leur perception de la foi chrétienne et de l’Eglise. Mais ce sont souvent des gens en quête de sens, des jeunes qui préparent leur mariage, des jeunes parents qui veulent retrouver des valeurs à inculquer à leurs enfants, des personnes blessées par la vie et des personnes touchées par un deuil. Certains affirment avoir reçu un appel dans leur cœur et veulent apprendre à connaître et vivre ce lien profond avec Dieu. ECR : Comment l’Eglise répond-elle aux attentes de ces personnes ? TH : Par un accueil personnalisé, dans un dialogue où la personne est prise en compte pour ce qu’elle est en totalité et dans le respect de sa liberté. Nous proposons des accompagnements personnalisés et en groupes pour les aider à approfondir leur expérience spirituelle pour qu’elle devienne conversion à Jésus-Christ. C’est donc une initiation à la vie chrétienne qui permet d’organiser son être profond. «C’est à la fois une démarche personnelle, mais aussi communautaire...» Nous leur proposons de découvrir l’Évangile comme « Bonne Nouvelle », d’expérimenter les relations à Dieu par un apprentissage de la prière et de célébrer les sacrements de l’initiation chrétienne. ECR : En quoi est-ce différent des autres parcours de catéchèse ? TH : Les personnes viennent d’elles-mêmes et s’engagent librement à vivre cette expérience de foi… C’est à la fois une démarche personnelle, mais aussi communautaire : il s’agit de permettre au catéchumène de tisser des liens avec d’autres chrétiens, de vivre une expérience fraternelle, d’entrer dans le mystère de l’Eglise, notamment par les sacrements et la vie en communauté. La foi n’y est pas située comme un contenu, mais comme une « promesse », celle de Dieu faite à Abraham et qui nous rend de fait héritiers, participants de la longue marche du peuple de Dieu. C’est une première annonce de l’Évangile à des personnes (adultes) noncatéchisées, tout en respectant le rythme des personnes et en tenant compte des états de vie. C’est un accompagnement d’un chemin de conversion, par la proposition d’une initiation chrétienne, par la mise en œuvre d’une pédagogie de l’initiation et d’un cheminement par étapes ritualisées. L’accompagnateur se définit en serviteur de la Parole de Dieu et témoin du Christ ressuscité. La foi ne fait pas de lui un répétiteur de choses apprises, mais un frère aîné qui est appelé à savoir écouter et laisser résonner la Parole. Les catéchumènes ont besoin de rencontrer des témoins qui traduisent la foi en « je », à partir de leur expérience chrétienne personnelle. (Chercheurs de Dieu n° 166, juin 2008) ECR : Pouvez-vous nous expliquer comment s’articule un tel parcours ? Quelles en sont les étapes ? TH : L’itinéraire catéchuménal comporte des seuils, signifiés par les étapes liturgiques. Il y a le temps de la première évangélisation : étape qui aboutit à la célébration de l’entrée en Catéchuménat qui est conçue comme un échange ouvert pour accueillir leurs questions et pour découvrir l’essentiel de la foi, à savoir découvrir Dieu qui appelle et qui fait alliance avec l’Homme. «Notre engagement dans cette Pastorale s’inscrit dans la mission de l’Eglise, qui a la charge de faire découvrir et entendre aux hommes la Parole de Dieu lue en Eglise et dans sa Tradition.» Puis vint le temps du catéchuménat proprement dit : un temps marqué par la célébration de l’Appel Décisif, des Scrutins et de la Tradition du Credo (pendant le Carême). La connaissance en Jésus s’approfondit et les catéchumènes découvrent et approfondissent le sens des sacrements. Cette étape aboutit au Baptême et à l’Eucharistie. Enfin vient le temps du Néophytat : une étape qui dure jusqu’à la Confirmation. C’est le temps de la Catéchèse mystagogique, à savoir d’une relecture et d’un approfondissement de l’expérience vécue …/…