Les Ages de la Vie
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Les Ages de la Vie
Œuvre commentée Les Âges de la vie, Jacopo Chimenti, dit l'Empoli Document réalisé par Christelle Brothier, responsable Secteur éducatif, Palais Fesch-musée des Beaux-Arts Cette visite est axée sur une série de quatre panneaux réalisés par un peintre florentin, Jacopo Chimenti, dit l'Empoli, représentant successivement l’enfance, la jeunesse, la maturité et la vieillesse. La représentation des différents âges de la vie est un motif pictural qui se diffusa à la Renaissance et connut un succès dans les milieux intellectuels de l’époque. En effet, ce motif iconographique avait une finalité pédagogique et morale qui prenait place dans la formation intellectuelle complexe dispensée aux princes de l’époque et aux membres de leur cour. Le thème des âges de l’homme est lié au cycle des saisons, à la mort et à la renaissance de la nature, ainsi qu’au caractère inéluctable du destin de l’homme. La représentation des âges de la vie par l'Empoli a été réalisée sur quatre panneaux distincts. D’autres artistes ont souvent mis en scène cette thématique sur une seule et même peinture comme Titien, Anton Van Dyck et, plus proche de nous, Gustav klimt ou Pablo Picasso. Ainsi sont représentées successivement l’enfance, la jeunesse, la maturité et la vieillesse. Chaque âge de la vie est mis en parallèle avec la saison qui lui correspond, mais on verra également que le peintre a aussi montré la course du soleil dans une journée. L’enfance : Le premier âge de la vie est représenté ici par l’image d’une petite fille. Elle est vêtue d’une robe rouge et sa taille est ceinte par un tablier vert. Elle porte un collier et deux bracelets de corail dont les vertus seraient de protéger du mauvais œil. L’élément qui domine cette scène est l’air. Associé au vent, il est symbole d’envol, de liberté et de mouvement. Aux pieds de la fillette, on peut voir un jouet qui est un moulin à vent. Elle tient dans sa main gauche un petit oiseau : celui-ci peut être le symbole de l’image de l’âme humaine selon la culture chrétienne d'après l'héritage de la symbolique antique. Mais peut être est-il, comme la petite fille, pas encore assez fort pour voler de ses propres ailes, trop jeune pour qu’on le laisse goûter à la liberté. La petite fille essaye d’attraper deux papillons qui virevoltent autour d’elle : les papillons sont des symboles de légèreté, de fragilité et de la fugacité de l’existence terrestre. Ils symbolisent également la métamorphose, puisqu’ils viennent de sortir de leur chrysalide. Tous ces symboles sont mis en parallèle avec l’enfant qui naît et débute une vie d’évolution permanente. La petite fille est au centre d’un jardin situé devant un paysage nous montrant la nature au printemps. Ce jardin, ceint d’une haie, évoque l’hotus conclusus, littéralement le jardin clos, symbole de virginité et de pureté. À l’image de Flore elle porte une couronne de fleurs, ici des pâquerettes et des violettes. L’étymologie du mot printemps vient du latin primus tempus signifiant littéralement premier temps. C’est donc la première saison de l’année qui représente la renaissance périodique de la nature après l’hiver, mais aussi la jeunesse et l’insouciance. Le ciel a un aspect lisse, brillant et sans tâches comme la peau de la petite fille. Le soleil est encore derrière les montagnes et nous signifie que nous sommes à la naissance du jour, à l’aube, ce qui nous renvoie au début de la vie. Tourné vers la lumière, tout le corps de l’enfant est en mouvement. Ses bras et son visage sont orientés vers le ciel lui donnant une posture aérienne. Au bas de la scène on remarque une banderole ou phylactère flottant au vent avec l’inscription Aetas puerilis (l’Âge de l’enfance). Tout dans cette scène contribue à renforcer l’idée que l’enfance est l’âge de la fragilité de l’instabilité et de l’inconstance. La jeunesse : La deuxième période de la vie, la jeunesse, est figurée ici par une jeune fille, vêtue d’une belle robe rose à motifs, ornée de pierres à la taille et de dentelles autour du col. Elle tient dans sa main droite un éventail, accessoire lié au jeu de la séduction. Elle porte autour du cou un collier de perles, attributs de Vénus, la déesse de l’amour. On aperçoit au loin un homme tirant un cheval, qui pourrait être, pourquoi pas, un prétendant. Le cheval, symbole de fougue et d’ardeur, semble dire que nous traversons le temps de l’amour. Près de la jeune fille, il y a un perroquet qui peut être ici un symbole de pureté et d’innocence, mais peut symboliser aussi une façon sotte de parler à tort et à travers. De l’autre côté, il y a un petit chien, qui, placé près d’une femme symbolise la fidélité conjugale. On y voit également un singe ; celui-ci par ses caractéristiques physiques et ses gestes proches de l’homme fait référence à l’imitation (la jeune fille veut-elle imiter sa mère ?). Mais le singe, parce qu’il a l’air d’une caricature humaine a été associé au diable et au mal par rapport à ses attitudes irrévérencieuses et capricieuses. La symbolique liée au singe est souvent négative. L’élément qui domine ce deuxième panneau est le feu. Le personnage est présenté dans une nature qui nous montre l’été par les tonalités chaudes déclinées en teintes ocre et jaune des champs que les paysans sont train de moissonner. Les moissons ont lieu fin juin au moment du solstice d’été. Par ailleurs, le mot été vient du latin aestas dont la racine signifie chaleur brûlante. C’est la deuxième saison de l’année ; elle représente la pleine manifestation de l’énergie solaire, et de la jeunesse, des feux du ciel et de ceux de l’amour. On observera aussi que la position du soleil a changé, il est déjà haut dans le ciel. La jeunesse est la saison du feu et de l’amour. La maturité : Le troisième panneau de la série représente la maturité, l’âge adulte. C’est une femme assise, vêtue d’une robe verte et orange, drapée d’une étole rose, et ayant la tête recouverte. Elle fait reposer son bras sur un livre (la connaissance ?) et l’autre tient une baguette qui pourrait signifier la rigueur. Elle est entourée, d’une part, d’un lion qui est un symbole de force, de fierté mais aussi de fermeté, d’autre part, d’un serpent qui est généralement l’incarnation du mal et du démon, le tentateur d’Adam et Eve, responsable du péché originel, mais il est aussi le symbole de la fécondité et de la fertilité. D’ailleurs si on observe le ventre du personnage, il semble arrondi, ce qui pourrait signifier que la femme est enceinte. La maturité est donc assise au milieu d’un paysage d’automne. En effet, la vigne et les grappes de raisins symbolisent la troisième saison de l’année. D’autres représentations ajouteront une cuve, un panier de fruits, et un lièvre qui est l’animal que l’on chasse au mois de novembre. Si on dit que « la maturité est le midi de l’homme », le peintre semble déjà parler de déclin à en juger par la position du soleil, et l’on observe, en effet, qu’il est en train de descendre vers l’horizon. La vieillesse : Le quatrième panneau, enfin, nous montre la vieillesse. Une femme âgée vêtue d’un manteau marron, la tête recouverte d’un foulard blanc, marche le dos courbé en s’appuyant sur un bâton. Près d’elle se tient une chouette aux yeux ronds et jaunes, qui symbolise la sagesse, l'une des qualités que l’on reconnaît volontiers aux personnes âgées qui ont acquis les leçons de la vie, et ont du recul par rapport aux erreurs de la jeunesse. Devant elle, on aperçoit une tortue, symbole de la longévité, mais qui rappelle également la lenteur, se faisant le miroir de la vieille femme marchant doucement avec sa canne. Le personnage a une apparence sereine, ce qui n’est pas le cas du ciel : les coups de pinceau sont très visibles et créent ainsi un ciel menaçant, qui, par ses tons de vert, nous rappelle que nous sommes en hiver, la quatrième saison de l’année, le symbole du repos et de la mort périodique de la nature. Là aussi, la nature nous rappelle qu’il s’agit également de la fin de la vie de notre personnage. Le soleil couchant, qui signifie que la journée est terminée, nous ramène également vers l’idée de la mort, comme il nous avait rappelé la naissance avec l’aube dans le premier panneau. Cette série est très intéressante, car elle nous montre trois cycles : les âges, les saisons, les jours ; elle peut être donc exploitée pour chacun des cycles séparément, ou dans son ensemble. Réalisation : Document réalisé par Christelle Brothier, responsable Secteur éducatif, Palais Fesch-musée des Beaux Arts Photographies : ©Palais Fesch-musée des Beaux Arts / RMN-Gérard Blot