Semi de Paris Philippe Daum 020314

Transcription

Semi de Paris Philippe Daum 020314
J’ai beau me dire, chaque année, que ça n’est plus raisonnable, je n’y arrive pas, c’est comme
une addiction…. Il faut que je m’inscrive à ce genre d’épreuve !
Alors, cette année, j’ai signé pour un nouveau semi-marathon de Paris ( j’ai dû faire mon
premier en 1980 )
Malgré un dos bloqué par deux fois, il y a quelques semaines, trois ou quatre kilos de trop sur
la balance et une soirée disco pour l’anniversaire de ma belle-sœur la veille de la course, je
me suis tout de même présenté au départ.
N.D.L.R. c’est toujours très efficace de commencer par ce genre d’excuses minables, car elles
ont pour effet immédiat de vous valoriser aux yeux du lecteur qui se trouve conditionné à
vous considérer comme un héros, voire un martyre… n’hésitez pas à utiliser cette méthode :
elle marche à tous les coups, croyez moi.
J’affiche déjà mes ambitions lors de l’inscription : 1 heure 35, pas tant parce que je pensais
vraiment réaliser ce temps, que pour obtenir un dossard jaune : celui de la première vague :
celle qui part juste derrière les élites et permet d’éviter ainsi de piétiner pendant 10 kms. (
Dans ma jeunesse, j’ai réalisé un chrono de 1 heure 09 minutes à Paris Versailles, lorsque
nous étions 2.000 au départ. J’ai arrêté Paris Versailles lorsque je suis parti dans la 8ème vague
et que j’ai marché 3 kilomètres… avant de pouvoir commencer à courir ! )
L’ambiance de ces épreuves de masse est déjà perceptible dans les métros qui convergent vers
Vincennes : coureurs, familles, accompagnateurs : les conversations, pronostics, objectifs,
conseils en tout genre vont bon train ( si je puis me permettre en parlant de métro ! )
Les toilettes du café « Terminus Vincennes » sont très demandées avant la course et du coup,
malgré une bonne marge de sécurité prise le matin, le temps passe et le stress monte d’un
coup car il me faut encore déposer mon sac dans les tentes prévues à cet effet, sur l’esplanade
du château, et regagner le sas de départ : 40.000 concurrents, c’est beaucoup ( et même trop
sans doute ? )
Sous un soleil radieux et une température fraîche, je rejoins mon sas 8 minutes avant le
départ : c’est parfait !
Je déclenche mon chrono en franchissant la ligne de départ, plus par habitude qu’autre chose,
car compte tenu de ma forme qui n’était pas au top, je m’étais décidé à faire toute la course au
feeling, sans aucune pression excessive sur la performance chronométrique ( ceci dit, c’est
une course quand même… on ne se refait pas complètement ! ).
Je prends mon rythme dès le départ et je me concentre pour m’y tenir durant 21 kilomètres. Je
vois la flamme jaune qui guide les candidats à 1 heure 35 s’éloigner tout doucement de ma
vue, mais je n’y prête pas attention : je ne suis là que pour moi et je ne modifie pas mon
allure.
Route de Gravelles, rue de Charenton, place Félix Eboué, le film se déroule à vitesse
constante, sans fatigue et sans douleurs. Les spectateurs sont nombreux par endroits et les
groupes de musiciens aussi : tous les genres sont représentés, c’est génial : le rock, les
percussions brésiliennes, et même au km 18, en rentrant dans le bois de Vincennes, un
orchestre qui joue « Paquito el Chocolatero » un fabuleux pasodoble écrit en 1937 par
Gustavo Pascual Falco : on se serait cru dans les arènes de Bayonne, un jour de corrida :
http://www.youtube.com/watch?v=VoWcr0UyALU.
Place de la Bastille, boulevard Bourdon, quai des Celestins : les kilomètres s’enchaînent, sans
aucune monotonie : le parcours est magnifique et varié, et on arrive déjà à l’Hôtel de Ville où
l’on fait demi-tour pour rentrer à la maison. Comme dans beaucoup de courses, les places sont
relativement figées depuis longtemps et l’objectif devient peu à peu de garder le même
rythme et de ne pas faiblir, ce qui ne s’avère pas très facile lors de la montée de la rue de
Reuilly qui nous ramène au bois de Vincennes.
Mes sensations sont toujours bonnes et je ne faiblis pas : je raccourcis la foulée dans les
montées pour économiser mon énergie sans faire baisser la moyenne et je laisse passer
quelques fusées qui, les derniers kilomètres approchant, se lâchent comme des fous ( parfois
un peu trop tôt, d’ailleurs… )
1 heure 43 et quelques secondes à l’arrivée, ça n’est certes pas un temps canon, mais je suis
très satisfait de ma course : j’ai conservé un rythme constant du début à la fin, ne générant
aucun surrégime ni aucune fatigue excessive : c’est souvent le signe d’une bonne gestion (
presqu’un negative split : pour les non spécialistes cela signifie que l’on va plus vite sur la
deuxième moitié de la course ). Oubliés cette fois ci, les fréquences cardiaques, les temps au
kilomètre auxquels on s’accroche trop souvent comme des malades…
7.359ème au scratch et 59ème de ma catégorie, ce n’était pas le plus important aujourd’hui : j’ai
pris beaucoup de plaisir à courir, une nouvelle fois, 34 ans après mes premières courses sur
route. C’est ça sans doute le privilège de l’âge.