Visite de la Cathédrale - Accueil la bande à Dom
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Visite de la Cathédrale - Accueil la bande à Dom
Visite de la Cathédrale Le 19 novembre 2011 Découverte du portail royal L'ensemble est centré sur le grand tympan où Dieu en majesté sous les traits du Christ trône dans une mandorle, entouré des quatre « Vivants » ou tétramorphe. Le plus célèbre et le plus ancien, entre les deux tours, date d’environ 1142-1150, il est également appelé « Théophanie de l’Apocalypse » ou « manifestation de Dieu aux hommes ». Il fut épargné lors de l'incendie de 1194. Dans le tympan, les 4 vivants ou Tétramorphe L’homme est Matthieu : son évangile débute par la généalogie humaine de Jésus. Le lion est Marc : dans les premières lignes de son évangile, Jean-Baptiste crie dans le désert (« un cri surgit dans le désert »). L’aigle est Jean : son évangile commence par le mystère céleste. « On disait qu’il était grand et fort comme une aigle » Le bœuf est Luc : aux premiers versets de son évangile, il fait allusion à Zacharie qui offre un sacrifice à Dieu, or dans le bestiaire traditionnel, le bœuf est signe de sacrifice. Dans les voussures, des anges et les vingt-quatre Vieillards rappellent la vision de l'Apocalypse Chaque « vieillard » est représenté avec une coupe et un instrument de musique C’est ce dernier qui a particulièrement intéressé notre guide d’un jour LES VIELES (vièle) A ARCHET LES PSALTERIONS LA HARPE Découverte des Arcs boutants Notre-Dame de Chartres, édifice gothique du XIII ème siècle fut construit immédiatement après l'incendie qui ravagea la cathédrale romane du XI ème. Il a fallu seulement une vingtaine d'années pour construire le gros-œuvre d'un édifice qui s'impose par son étonnante unité et son incontestable harmonie. Cette cathédrale prend racine et s'élève sur la crypte carolingienne et l'église basse, appelée "crypte", de la cathédrale de Fulbert. Celle-ci, après avoir supporté les énormes charges de l'église romane, sera la matrice de la nouvelle. Se déployant sur 220 m de longueur, elle en commande et ordonne le plan. Nous ne connaissons pas le nom du maître d'oeuvre qui dès les premières années du XIII ème siècle osa jeter pour la première fois à une telle hauteur des voûtes sur croisées d'ogives, cela malgré l'existence de la crypte qui, en imposant les points d'appuis, donnait à la nef une largeur exceptionnelle de 16m 40. Les fenêtres hautes chassent le mur., cédant la place aux vitraux. La cathédrale de Chartres devient le premier édifice de très grande dimension dont il fut décidé que tout le système de structure assurant sa stabilité reposerait sur l'emploi d'arcs boutants. De massives culées taillées en ressaut, canalisent les poussées de la voûte. De tout son poids, celle-ci peut alors s'élever à 37m 50 audessus de la plus large des nefs de cathédrale gothique. Découverte des croisées d’ogives Dans la voûte, chaque croisée d'ogives est définie par les arcs doubleaux qui coupent la nef dans sa largeur et par les arcs formerets qui encadrent les fenêtres hautes. Les nervures de ces arcs confluent vers des colonnettes qui, elles-mêmes, prennent appui sur des piliers. Ainsi, par les arcs, puis par les colonnettes, enfin par les piliers, les poussées sont canalisées. Les murs s'en trouvent déchargés, et des fenêtres singulièrement plus importantes qu'aux temps romans y sont ouvertes. Le vitrail représentant le vie de Lubin Berger comme son père, Lubin est devenu moine, il a séjourné à Charbonnières, puis a été abbé du monastère de Brou, aux confins du Perche, où il a été remarqué par l’évêque de Chartres, auquel il sera appelé à succéder. Dans les débuts de l’Eglise, l’évêque était évêque d’une cité. Puis, s'amorcera au temps de saint Martin de Tours, vers la fin du IVe siècle, l’évangélisation des campagnes qui se développera au cours du Ve siècle. Avec saint Lubin, au milieu du VIe siècle, se préciseront les contours de l’Eglise qui lui est confiée, qui formeront le diocèse de Chartres. Ce vitrail, qui exalte la fonction épiscopale, fait aussi une grande place à l’eucharistie, symbolisée par le vin, « fruit de la terre et du travail des hommes ». Ce thème est déjà annoncé dans le vitrail voisin, la "Vie de Noé" : le thème commun à ces deux verrières est « le fruit de la vigne pour l’humanité nouvelle ». Vitrail de la vie d’Eustache Cette verrière retrace l’histoire légendaire de saint Eustache, telle qu’elle est contée par le chanoine Delaporte dans « Les Vitraux de la Cathédrale de Chartres » (ed. Houvet 1926). Eustache n’apparaît jamais nimbé dans cette verrière, sans doute parce qu’il est un laïc, un chasseur et un homme marié. Il accèdera à la sainteté par la constance de sa foi dans les épreuves que Dieu va lui envoyer, à l’image de Job dans l’Ancien Testament. Ce vitrail est l’un des plus remarquables de la cathédrale par la finesse de ses dessins, la richesse de ses ornements et par ses coloris particuliers : le jaune, le rose, le vert clair et le blanc. On parle à Chartres du « Maître de saint Eustache ». La disposition des vitraux « La cathédrale est divisée en deux partie, le côté nord (sombre) où les vitraux représentent l’ancien testament et le côté sud (lumineux) où est représenté le nouveau testament » L'espace des verrières peut être divisé en plusieurs sous-espaces5 : •le bas et le haut : •le niveau inférieur de l'église, avec des verrières légendaires, vitraux narratifs, racontant des vies de Jésus, de la Vierge, de saints ou de prophètes et composées de plusieurs scènes à petite échelle ; •le niveau supérieur avec de grands personnages, cortège de saints et de prophètes, montrant la gloire de l'Église. •le Nord et le Sud pour une église orientée Est-Ouest : •l'Est, par où apparaît la lumière du jour, rappelant le début de la Genèse ; •l'Ouest, où la lumière disparaît avant sa renaissance et le Jugement dernier ; •le Nord, qui est consacrée à l'histoire jusqu'à l'Incarnation ; •le Sud, qui annonce le royaume de Dieu après la seconde parousie du Christ et la Rédemption. •les trois façades avec les roses : •la façade occidentale avec sa rose du Jugement dernier ; •la façade Nord avec sa rose de la Vierge à l'Enfant, rappelant l'Incarnation qui mène à la Rédemption ; •la façade Sud avec sa rose du Christ triomphant entouré de 24 vieillards de l'Apocalypse, annonçant la seconde parousie et le royaume de Dieu. La rose est d'abord une représentation d'une roue. Elle apparaît dans la vision d'Ézéchiel (1:15-16)6 : « [...] et voici, il y avait une roue sur la terre, près des animaux, devant leurs quatre faces. À leur aspect et leur structure, ces roues semblaient être en chrysolithe, et toutes les quatre avaient la même forme ; leur aspect et leur structure étaient tels que chaque roue paraissait être au milieu d'une autre roue. » Les Animaux de la vision d'Ézéchiel seront reliés aux être vivants de la première vision de l'Apocalypse et aux quatre évangélistes. La première représentation de la roue en architecture peut se voir sur la façade du croisillon Nord de l'église Saint-Étienne de Beauvais. C'est alors une roue de la Fortune7. La représentation de la roue est reprise par Suger sur la façade occidentale de l'abbatiale de Saint-Denis. Ce n'est que progressivement que la roue va se transformer en rose, symbolisant la Vierge. •la nef, le transept et le chœur Une interprétation rattachant les vitraux qui composent ces trois espaces (nef, transept, chœur) à un temps de l'histoire de la révélation est plus difficile à faire à Chartres. Le repérage des baies (vitraux) dans un édifice Il existe une convention internationale de numérotation des baies établie par le Corpus Vitrearum. Les règles de numérotation peuvent varier d’un pays à un autre. Repérage des baies (système français) : Le principe est basé sur l’orientation des baies dans l’édifice. On appelle « baie n°0 » la baie du rez-de-chaussée située le plus à l’est. Dans une église, il s’agit de la baie axiale. Les baies (vitrées ou bouchées) sont numérotées d’est en ouest de la manière suivante : - Les baies situées côté sud portent un numéro pair (2, 4, 6, etc...) - Les baies situées côté nord portent un numéro impair (1, 3, 5, etc...) - Les baies du rez-de-chaussée portent les numéros 0 à 99. - Les baies du premier étage portent les numéros 100 à 199. - Les baies du deuxième étage portent les numéros 200 à 299. Lecture des vitraux • Les verrières narratives se lisent en général de bas en haut et de gauche à droite. Par contre le vitrail de la Passion typologique (baie no 37) se lit de haut en bas. La Rosace de la Façade Nord a été donnée par la Reine Blanche de Castille et son fils Saint Louis. La Rosace de la Façade Sud a été donnée par Pierre Mauclerc Comte de Dreux puis Duc de Bretagne. Lecture des vitraux Cependant, toutes les verrières ne sont pas que des bandes dessinées sur verre racontant une histoire d'une manière linéaire. Dans certaines verrières, les scènes se répondent en jouant sur des concordances entre images en vis-à-vis. Ainsi Marie représentée ici tenant Jésus dans ses bras, fais face à un vitrail représentant Anne (la mère de Marie) tenant Marie dans ses bras « La légende dit que la nuit venue la mère et la fille discutent ensemble » Pierre de Dreux donateur de la rosace Sud dont on retrouve le blason dans le bas de ce vitrail D'abord destiné à une carrière dans le clergé, il y renonça, d'où viendrait le surnom de Mauclerc ("mauvais clerc"). C'est en souvenir de cet épisode ecclésiastique qu'il brisa le blason paternel avec un franc quartier d'hermine, alors réservé au clergé. Après l'assassinat d'Arthur Ier de Bretagne, le roi Philippe Auguste le maria à l'héritière de la Bretagne, Alix de Thouars, afin de rapprocher le duché de Bretagne du royaume de France. Un trou dans un vitrail, ... une tête de clou dans le dallage Dans la bordure du vitrail légendaire d'Apollinaire, des pièces de verre ont été remplacées par une plaque de métal percée d'un trou circulaire obturé d'un verre transparent. Dans le dallage, un clou a été placé de telle manière, que le 24 juin, un cercle lumineux vienne s'inscrire sur sa tête lorsque le soleil est au zénith. C'est l'instant du "midi vrai" local. Cette expérience a été réalisée par le chanoine Claude Etienne en 1701. Le but exact de l'expérience n'est pas clairement établi et l'ensemble n'est pas d'une grande précision. Aujourd'hui, plusieurs corrections sont nécessaires pour connaître l'heure réelle. 1 Nos pendules sont construites pour donner un "temps moyen", 2 - la base de l'heure universelle (1884) est celle du méridien de Greenwich (environ 5 minutes 20 secondes de différence avec Chartres), 3 - et l'heure officielle française en est supérieure d'une heure l'hiver, de deux heures l'été. Ce qui donne pour le 24 juin, le midi "vrai" étant en retard de 2 minutes sur le midi "moyen" : 12 heures + 2 minutes - 5 minutes 20 secondes + 2 heures l'heure légale est donc, à peu près, 13 h 51 mn 40 s Aujourd'hui, les conditions de l'expérience sont oubliées : on parle du "clou du 21 juin", jour du solstice d'été et jour d'affluence dans la cathédrale. « Rien de magique là dedans, seule l’intelligence humaine est ici présente » Une autre légende disparaît Le sabot du cheval On peut remarquer, sur une pierre du dallage près du labyrinthe de la cathédrale, une marque que certains pensent être « la marque du sabot du cheval d’Henri IV ». Mais ce n’est qu’une légende : il s’agit en fait de la marque d’un anneau de fer qui se trouvait traditionnellement à l’entrée des labyrinthes et sur lequel devait s’attacher le fameux « fil d’Ariane ». Dans la mythologie grecque, il permit à Thésée de retrouver son chemin dans le labyrinthe après avoir tué le Minotaure. Le grand orgue Danion-Gonzalez, 1971 Cicchero, 1996 4 claviers manuels et pédalier 68 jeux 98 rangs Traction électrique des claviers et des jeux L’histoire de l’orgue de la cathédrale de Chartres débute au milieu du XIVe siècle alors qu’une commande fut faite en 1349 pour la construction d’un instrument. Rien n’est présentement connu concernant cet instrument dans son état original, excepté qu’il sut reconstruit en 1574 par le frère Gombault Rogerie, il s’agissait alors d’un instrument d’un seul clavier. Une reconstruction ultérieure fut entreprise en 1542 par Robert Filleul laquelle fut terminée en 1551 alors que l’instrument possédait deux claviers manuels. Le buffet de cet orgue, qui subsiste toujours, a été classé «Monument historique» en 1840. D’autres travaux furent entrepris en 1614 et 1615 par Crespin Carlier qui ont dû être très importants si l’on considère le montant impliqué (4000 livres); durant les XVIIe et XVIIIe siècles, deux demi-claviers manuels furent ajoutés de même qu’un pédalier. Avec la venue de la Révolution Française, l’orgue fut rarement utilisé et subit des dommages considérables. Des dommages subséquents survirent lors du terrible incendie de 1836 dans la cathédrale. En 1844, Gadault restaura l’instrument. Il en résulta un orgue possédant trois claviers manuels et pédalier. Cet instrument forma la base de l’orgue de la cathédrale pour les 125 prochaines années; il est intéressant de noter que malgré son âge, une partie de vieille tuyauterie était utilisée, bien qu’adaptée pour survenir aux besoins du nouvel orgue. Une restauration majeure fut entreprise en 1911 par la firme Gutschnritter-Mercklin qui impliqua une modification considérable à une partie de vieille tuyauterie; cette intervention prolongea la vie de l’instrument pour une durée de 58 ans, mais en 1969, il devint évident qu’un nouveau départ devait être fait et que le vieil instrument devait être démantelé. La firme Danion-Gonzalez fut chargée de construire et d’installer un nouvel orgue. De style néo-classique, il est l’instrument qui est présentement utilisé. En 1995, Joël Pétrique installa un combinateur électronique et, en 1996, le facteur JeanMarc Cicchero restaura l’instrument. La tailles des cloches est en fonction de la puissance du seigneur • La cathédrale de Chartres comporte 7 cloches. Une cloche est ancienne (1520), les autres cloches sont un peu plus récentes. Cloche 1 : le Timbre, Pierre Savyet, 1520. 4900 kg environ. Cloche 2 : Ste-Marie, Cavillier frères, 1840. 6200 kg. Cloche 3 : St-Joseph, Cavillier frères, 1840. 2500 kg. Quelquefois mentionné 2350 kg. Cloche 4 : Ste-Anne, Petitfour frères à Arbot, 1845. 2040 kg. Cloche 5 : Sainte-Elisabeth, Petitfour frères à Arbot, 1845. 1515 kg. Cloche 6 : Saint-Fulbert, Petitfour frères à Arbot, 1845. 1095 kg. Cloche 7 : Saint-Piat, Petitfour frères à Arbot, 1845. 870 kg. Le voile de la vierge Il s'agit d'une relique très importante qui fut offerte en 876 à la cathédrale par Charles le Chauve, empereur d'Occident. Ce voile, selon la tradition, est la chemise que portait Marie lors de l'Annonciation, au moment où le Verbe fut conçu. Cette relique importante drainait de nombreux pèlerins. Lors de l'incendie de l'ancienne église, en 1194, on crut que la relique était perdue, mais on la retrouva intacte : cela fut interprété comme le fait que la vierge Marie désirait une plus grande église pour sa relique, et explique peut-être l'enthousiasme et la rapidité avec laquelle la nouvelle cathédrale fut bâtie. La relique était contenue dans une châsse de grande valeur, dont les joyaux furent vendus à la révolution. De même, le voile fut découpé en plusieurs morceaux, qui furent vendus. Une expertise du tissu, réalisée en 1927 par le musée des soieries de Lyon propose une datation ancienne (premiers siècles). Cependant, il est en soie de grande valeur, ce qui est étonnant au vu du statut social de Marie. Le voile est toujours exposé dans le déambulatoire, du côté Nord, dans une des chapelles absidales. Notre-Dame de Chartres reste un lieu de pèlerinage important à l'heure actuelle, principalement grâce au traditionnel pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté qui a lieu chaque année durant le week-end de Pentecôte et qui n'attire pas moins de 8 000 pèlerins venant du monde entier, mais aussi grâce à l'engouement pour la route de Saint-Jacquesde-Compostelle, dont Chartres est une étape pour les pèlerins qui viennent du Nord par la route de Paris. La restauration Chapelle du déambulatoire de la cathédrale de Chartres Après restauration (la couleur des murs a été entièrement reconstituée, la polychromie de la clé, qui date du XIXe siècle, a été heureusement conservée Photo : Didier Rykner Cela fait plaisir de souligner la qualité d’une restauration, menée par l’architecte en chef Patrice Calvel, qui va pourtant modifier du tout au tout l’idée que l’on a de la cathédrale de Chartres. Il s’agit ici de retrouver l’aspect initial sans rien refaire, simplement en nettoyant. Le résultat est stupéfiant lorsqu’on le découvre en montant jusqu’en haut des échafaudages installés dans le chœur. Les vitraux, dont la campagne de restauration se poursuit parallèlement, apparaissent encore plus lumineux dans ce nouvel environnement (ill. 1). La couleur des murs passe de noirâtre à un bel ocre à faux joints blancs, les nervures de l’architecture étant elles-mêmes recouvertes de blanc, tandis que les clés de voûte (ill. 2) sont polychromes (on ne sait exactement de quand date cette polychromie, qui a été soigneusement préservée).