dossier - Santé log
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DOSSIER Incontinence, la nécessité d’une prise en charge multidisciplinaire L’incontinence est le plus souvent d’origine multifactorielle, la prise en charge en est donc complexe. Différentes recommandations ont été éditées au cours de ces dernières années par la Haute Autorité de Santé (HAS) afin d’améliorer la qualité de la prise en charge. En partant d’un état des lieux en France sur les multiples protocoles de prise en charge de cette pathologie, l’HAS émet des propositions visant à améliorer la qualité. Qualité des pratiques professionnelles, mais aussi la qualité de vie du patient incontinent, tout en étant économiquement durable et rentable. Comme le démontrent les études épidémiologiques, il s’agit d’un véritable fléau de santé publique. Considéré à tort comme un témoin du vieillissement, l’incontinence concerne toutes les classes d’âge, de l’enfant au sujet très âgé. Dans ce dossier nous n’aborderons pas tous les aspects cliniques, nous traiterons uniquement de l’incontinence urinaire de l’adulte. L’incontinence de l’enfant souvent illustrée par l’énurésie et l’incontinence anale, feront l’objet d’un autre dossier de Santé log. L’incontinence urinaire touche une femme sur cinq, l’incontinence anale une sur dix, n’épargnant aucune classe d’âge. Elle touche plus de la moitié des femmes âgées, mais aussi 15 % des adolescentes. Bien que moins fréquente, elle handicape aussi les hommes. R.M. sommaire L’INCONTINENCE ENCORE VÉCUE COMME UN HANDICAP ......................................................... 10 EPIDÉMIOLOGIE DE L’INCONTINENCE................................. 11 LES FACTEURS DE RISQUE................................................... 13 PHYSIOLOGIE ET DÉFINITIONS DE L’INCONTINENCE ........ 14 PHYSIOPATHOLOGIE DE L’INCONTINENCE ......................... 15 DÉFINITIONS DE L’INCONTINENCE URINAIRE, QUELQUES « OUTILS » .......................................................... 16 UNE PRISE EN CHARGE PLURIDISCIPLINAIRE ................... 20 L’INCONTINENCE, UNE QUESTION DE CONFIANCE........... 21 L’INCONTINENCE, POUR EN SAVOIR PLUS ......................... 22 LES ASSOCIATIONS DE PATIENTS, LES SOCIÉTÉS SAVANTES ..................................................... 25 LES TRAITEMENTS CURATIFS............................................... 26 LES PROTECTIONS POSSIBLES ........................................... 32 MARCHÉ ET PRISE EN CHARGE DES PRODUITS ABSORBANTS ......................................................................... 35 EDUCATION THÉRAPEUTIQUE - PRÉVENTION RECHERCHE ........................................................................... 37 Auteurs et remerciements : Dossier validé le Dr Martine Soudani, gérontologue, rédaction Dr Richard Matis, Gynécologue Obstétricien, Praticien Hospitalier, Hôpital Saint-Vincent-de-Paul, Groupe Hospitalier de l’Institut de Lille avec la participation du Pr. Brigitte Mauroy, chef du département d’Urologie et de Périnéologie du GHICL, Coordonateur du Réseau Perinice. A lire sur le web Chaque article du dossier est désormais précédé d’une URL réduite (ex : santelog.com/id1901) pour vous permettre, une fois « loggué » sur notre site d’accéder plus facilement à nos contenus. santé log – Soin à domicile n° 19 – Mars-Avril 2011 9 DOSSIER A lire sur le web www.santelog.com/id19 www.santelog.com/id1901 L’Incontinence encore vécue comme un handicap L’incontinence urinaire est vécue par ceux qui la subissent comme un véritable handicap. Comme pour tout handicap, les conséquences sont multiples, avec en particulier une altération de la vie sociale. Les victimes sont envahies par des sentiments de honte, de dévalorisation, de dépréciation, par une perte de l’estime de soi. Elle conduit assez rapidement vers une diminution des activités sociales, vers l’isolement jusqu’à la dépression. C’est toute une vie sociale, professionnelle et affective qui s’en trouve fortement dégradée. L’incontinence de l’adulte s’inscrit donc pleinement dans la définition du handicap. En effet cette pathologie altère la qualité de vie des patients, que ce soit au niveau social, professionnel, ou personnel. L’incontinence altère aussi bien le physique, le psychologique, que le social. Elle entraîne rapidement le patient dans l’isolement et le repli sur soi. Les patients perdent leur autonomie. Se déplacer devient un vrai parcours du combattant, précédé d’une étude du terrain afin de jalonner le moindre déplacement d’étapes mictionnelles pour parer la survenue de fuites. Les rapports humains sont diminués à tous les niveaux : professionnels, familiaux, amicaux, sexuels ; les patients préférant la solitude à la honte. Surviennent rapidement dans cette spirale, des troubles psychologiques d’auto dépréciation, un ralentissement psychomoteur, conduisant dans la quasi-totalité des cas à la mélancolie et la dépression. La sexualité est compromise voire stoppée. L’incontinence qu’elle soit urinaire ou anale représente donc un réel handicap dans tous les sens du terme et du concept, aussi grave qu’un handicap moteur. Comme tout handicap l’incontinence bénéficie d’une prise en charge sociétale sanitaire et sociale, qui va du diagnostic, aux traitements lorsqu’ils existent. Cependant dans la plupart des handicaps « classiques », les traitements ne suffisent pas à absoudre complètement le retentissement physique, psychologique et social. La prise en charge par la société consiste alors à quantifier le lèse pour le compenser par une aide matérielle. L’incontinence est un handicap particulier pour plusieurs raisons. Jusqu’aux années 1990 méconnue, ou plutôt « ignorée » par le corps médical, l’incontinence n’étant pas visible, elle n’est considérée que depuis peu comme un réel handicap. On attribuait cette pathologie aux personnes très âgées, voire en fin de vie, considérées comme « déments séniles » et placés autant que possible en maison médicalisée pour per- 10 Mars-Avril – Soin à domicile n° 19 – santé log sonnes non autonomes. La prise en charge consistait alors à « garnir » à l’aide de couches ces personnes incontinentes sans aller plus loin. L’incontinence était considérée comme une « pathologie associée ou secondaire » à un handicap neuro-dégénératif définitif dû au vieillissement inéluctable. L’absence de recherche sur les traitements possibles de l’incontinence menait vers la seule prise en charge palliative. La notion de handicap dans la conscience collective est représentée par le handicap moteur, visible par le matériel utilisé : chaise roulante, canne, etc. Ce handicap moteur est définitif, ne dispose pas de traitement curatif et ne peut être pris en charge que sur le versant palliatif. L’incontinence est un handicap différent en ce sens, que bien souvent il existe des possibilités thérapeutiques qui peuvent ramener l’incontinent à la normalité, ou conduire à la disparition totale du handicap. L’incontinence n’est pas une fatalité ! Il faut informer les patients pour qu’ils en parlent à leur médecin de famille sans crainte ni honte. C’est le médecin de famille qui orientera et accompagnera les patients durant leur parcours vers la guérison. Ainsi, dans la région Nord - Pas-de-Calais, le réseau de prise en charge pluridisciplinaire Perinice propose une solution adaptée à chaque personne incontinente après concertation entre le médecin traitant et les différents professionnels spécialistes de l’incontinence : urologues, gynécologues, gastroentérologues, chirurgiens viscéraux, radiologues, médecins de réadaptation fonctionnelle et masseurs-kinésithérapeutes, neurologues, gériatres, psychologues… Nous exposerons les modes de prise en charge de l’incontinent, du diagnostic aux traitements curatifs comme palliatifs. Nous ferons référence aux recommandations de la HAS, et nous l’illustrerons notre propos par l’exemple du réseau de soins Perinice. • • DOSSIER A lire sur le web www.santelog.com/id19 www.santelog.com/id1902 Epidémiologie de l’incontinence L’incontinence est un fléau de santé publique dont la prévalence resta longtemps sous estimée et méconnue. Les données épidémiologiques disponibles actuellement concernent essentiellement l’incontinence urinaire, l’incontinence anale demeure « trop » taboue pour avoir une estimation fiable de sa prévalence. Actuellement il est admis, en France, que l’incontinence urinaire est une maladie à forte prévalence puisqu’elle touche plus de 20 % des femmes de tous les âges. Ce sont 15 % des adolescentes, 40 % des femmes de plus de 50 ans et plus de la moitié des femmes très âgées, qui sont concernées. La prévalence globale de l’incontinence d’effort chez les femmes, est de 19 % avec un maximum pour les femmes âgées de 55 à 59 ans. Le retentissement sur la qualité de vie est significatif pour un cinquième de ces femmes. Ceci est connu grâce à l’utilisation de l’utilisation des questionnaires de qualité de vie instauré dans les prises en charge de qualité. Plusieurs incontinences sont décrites, et parmi les femmes incontinentes, 30 % ont une hyperactivité vésicale, 30 % ont une incontinence survenant lors des efforts et 40 % une incontinence urinaire mixte associant les 2 types. Plusieurs études sur la prévalence de l’hyperactivité vésicale en France montrent que plus d’une femme sur six est concernée ! L’hyperactivité vésicale concernant 17 % de la population féminine globale peut atteindre 35 % chez les plus sujets de 80 ans. La notion d’« urgenturie » est retrouvée dans un tiers environ des hyperactivités vésicales. La principale étude européenne menée par Milsom mesurait la prévalence de l’hyperactivité vésicale à 16,6 % dans une population âgée de 40 ans et plus. L’incontinence urinaire est moins fréquente chez les hommes. Lorsqu’elle existe, elle est le fait de la prise en charge d’une pathologie pros- tatique, comme l’hypertrophie de prostate. Parmi les prostatectomies totales pour traiter un cancer de la prostate, 5 % auront comme séquelle iatrogène une incontinence persistante voire permanente totale. L’hyperactivité vésicale sans fuite urinaire existe chez les hommes, à hauteur de 15 % comme chez les femmes. Elle augmente avec l’âge et concerne 15 à 35 % des sujets âgés selon les études. En revanche, l’incontinence liée à une hyperactivité vésicale est moins fréquente chez les hommes que chez les femmes. Les différences anatomiques et physiologiques des mécanismes de continence entre hommes et femmes sont probablement partie prenante dans cette différence de genre. Les études de qualité de vie soulignent l’impact de l’incontinence urinaire chez les hommes comme pour les femmes. La rétention chronique d’urines, autre manifestation des pathologies créant un : obstacle urétral (prostate), peut être source de fuites urinaires par « rengorgement ». La prévalence de l’incontinence anale est estimée à 10 % dans la population tous âges confondus. Compte tenu du tabou régnant autour de cette pathologie on est en droit de penser que sa prévalence est sous-estimée. On ignore le pourcentage d’incontinence à la fois urinaire et anale. • • santé log – Soin à domicile n° 19 – Mars-Avril 2011 11 DOSSIER A lire sur le web www.santelog.com/id19 www.santelog.com/id1903 Les facteurs de risque Les facteurs de risque de l’incontinence urinaire sont multiples. Le sport est aussi à risque d’incontinence urinaire que ce soit lors d’efforts importants qui entrainent systématiquement une augmentation de la pression abdominale, ou lors des traumatismes faisant intervenir les forces de la pesanteur. Ainsi l’haltérophilie, le port de charges lourdes, la course à pied, l’équitation, trampoline, etc, sont des pourvoyeurs de troubles de la statique pelvienne et d’incontinence. L’âge avec la sénescence des tissus biologiques est facteur d’incontinence. Différentes transformations séniles peuvent impactées le contrôle de la miction. On rapporte parmi celles-ci l’atrophie de la vessie responsable d’une augmentation de l’hyperactivité vésicale et l’atrophie du sphincter urétral faisant perdre sa fonction de continence en ne retenant plus les urines en particulier lors des efforts. Les troubles cognitifs de la sénescence tels que les différentes démences, la prise de médicaments plus fréquente avec l’âge ont des effets sur les mécanismes de contrôle et de régulation de la continence. Enfin les pathologies de la prostate chez les hommes mûrs génèrent des troubles de la miction, de même que leurs traitements chirurgicaux. Les pathologies neurologiques sont grandes pourvoyeuses de troubles de la miction, du fait de la commande vésicale par le système nerveux central et périphérique. Les maladies neurologiques peuvent agir de plusieurs façons au niveau de la vessie, provoquant hyperactivité ou hypocontractilité vésicale, ou encore dyssynergie vésico-sphinctérienne. C’est ainsi que l’on constate l’importance des troubles © Fotolia.com - Serguei Kovalev L’accouchement en est un majeur ! Sont considérés comme facteurs de risque obstétricaux, les multiples accouchements par voie naturelle, l’accouchement d’enfants de plus de 4 kg à la naissance, la longueur du travail obstétrical (supérieure à 6-8 Heures), les extractions instrumentales tels les forceps, les manœuvres obstétricales, etc. vésico-sphinctériens lors des accidents vasculaires neurologiques vasculaires ou traumatiques. De même les pathologies chroniques du système nerveux central telles que le spina-bifida, la sclérose en plaque présentent dans leurs tableaux cliniques très souvent des troubles de la miction. Les troubles vésico-sphinctériens apparaissent dans la majorité des cas dans les 10 premières années de l’évolution de la Sclérose en Plaques (96 % des patients). Ils sont en général associés à la première poussée de SEP dans nombre de cas. Ces troubles vésico-sphinctériens peuvent représenter le premier signe de la maladie neurologique. Enfin d’autres maladies générales qui touchent les neurones comme le diabète peuvent être cause d’incontinence. Le défaut de contractilité vésicale voire l’acontractilité liée à une neuropathie diabétique touche 30 à 50 % des patients diabétiques. • • santé log – Soin à domicile n° 19 – Mars-Avril 2011 13 DOSSIER A lire sur le web www.santelog.com/id1904 Physiologie et définitions de l’incontinence plit et atteint sa capacité maximale normale d’environ 300 ml, les nerfs situés dans la paroi de la vessie envoient un signal à la moelle épinière et au cerveau. Le cerveau agit sur le fonctionnement de la vessie par le système cholinergique. Jusqu’à un certain volume, la vessie peut se remplir en adaptant sa capacité au volume d’urine, sans augmentation de la pression intra vésicale. Au-delà d’un certain volume, la vessie distendue envoie un signal au système nerveux central qui va commander les muscles de la vessie et des sphincters de l’urètre. Cette commande va générer la miction ou la retarder en fonction des circonstances. Source : Brochure de l’Association française d’Urologie (AFU) réalisée en partenariat avec l’institut TENA Physiologie de la miction La vessie recueille l’urine venant des uretères et la retient entre deux mictions. Lors de la miction, l’urine est évacuée par l’urètre. L’évacuation de l’urine est contrôlée par des sphincters situés à la base de la vessie et dans la paroi de l’urètre. Le tonus de ces sphincters est habituellement suffisamment important pour éviter toute perte involontaire d’urine. Au moment d’uriner, ces sphincters se relâchent et l’urine peut donc passer dans l’urètre, alors que le muscle de la vessie se contracte en même temps pour évacuer l’urine. Une fois vidée, la vessie se relâche et le sphincter se contracte pour retenir l’urine et commencer un nouveau remplissage. L’urine produite par les reins s’écoule dans la vessie par les uretères. Quand la vessie se rem- 14 Mars-Avril – Soin à domicile n° 19 – santé log La miction, est le résultat d’une contraction du muscle vésical (le détrusor) associée à une relaxation du sphincter urétral qui s’ouvre laissant s’écouler les urines par l’urètre. Cette commande est automatique non contrôlée. Plus bas dans l’urètre, juste au-dessous de la prostate, le sphincter externe est contrôlé. C’est ce sphincter qui peut permettre le blocage de la miction et « de se retenir ». La continence, en particulier chez la femme, est un mécanisme complexe qui résulte du fonctionnement coordonné par un ensemble d’éléments qui sont les suivants. Une vessie normale, de capacité suffisante, avec une pression suffisante pour fermer l’urètre, un urètre en position normale avec une résistance adéquate. Cette force de résistance de l’urètre est due pour moitié au sphincter lisse et pour moitié au sphincter strié de l’urètre moyen. La pression urétrale s’adapte normalement aux contraintes de pression abdominale (toux, effort...). • • DOSSIER A lire sur le web www.santelog.com/id19 www.santelog.com/id1905 L’incontinence urinaire d’effort est souvent le fait de défets du plancher pelvien, avec une mobilité de l’urètre qui sort de sa cavité secondairement à une augmentation de la pression abdominale. L’urètre perd alors sa capacité de rétention une fois hors de de l’enceinte manométrique abdominale, d’où la fuite lors des efforts. Le relâchement du plancher pelvien favorisée par l’âge et la multiparité, favorise la mobilité de l’urètre, qui n’est plus maintenue. Souvent sont associés des troubles de la statique pelvienne tels que les prolapsus qui sont des chute d’organes au travers la fente urogénitale de la femme. La vessie quand elle n’est plus maintenue dans sa position anatomique au dessus du plancher pelvien, bombe dans le vagin créant ce qu’on appelle une cystocèle. Lorsque le prolapsus intéresse le rectum qui bombe au travers de la paroi postérieure du vagin, on parle de rectocèle. L’hystérocèle ou hystéroptose signifie la descente de l’utérus. On parle d’urétroptose, lorsqu’il s’agit de l’urètre qui descend. Ce defect périnéal a souvent pour origine le traumatisme obstétrical. Ainsi les déchirures du périnée, les accouchements difficiles, les traumatismes du sphincter de l’anus sont autant de cause de troubles de la statique pelvienne et/ou d’incontinence. Parfois cette incontinence peut être iatrogène à la suite d’une hystérectomie, voire d’une cure de prolapsus qui peut démasquer une incontinence. Les modifications hormonales de la ménopause favorisent aussi par l’atrophie des tissus une diminution des résistances de l’urètre et de là une incontinence. Le mécanisme des fuites urinaires d’effort est expliqué par la théorie dite de « l’enceinte de pression ». Lorsque l’urètre descend hors de son enceinte de pression, il n’est plus soumis à la pression abdominale. Ainsi lorsque la transmission de la pression venant de l’abdomen ne se répercute plus aussi bien sur l’urètre que sur la vessie, il y a une différence de pressions en faveur de la vessie. Ce qu’on appelle le « défaut de transmission » caractérise l’incontinence urinaire d’effort. Dans l’instabilité vésicale avec ou sans fuite urinaire, on observe des anomalies de la contraction du muscle de la vessie. La diminution de la capacité de remplissage se traduit par une pression intra-vésicale qui augmente trop au cours du remplissage. La fuite survient quand la pression intra-vésicale dépasse celle du sphincter. © Fotolia.com - Adam Borkowski Physiopathologie de l’incontinence L’instabilité du détrusor entraine des contractions involontaires (dites désinhibées) qui génèrent des mictions impérieuses avec des fuites en jet. Cette instabilité caractérisée pour les vessies de petite capacité, peut à l’inverse survenir aussi en cas de vessie distendue. La distension vésicale Elle est de plus en plus fréquente dans nos sociétés occidentales. Les marchands d’eau faisant passer le message erroné des bienfaits de l’eau pour la santé et la minceur, la consommation excessive qui en résulte associée à une insuffisance mictionnelle conduisent à la distension vésicale ou « vessie distendue ». Souvent il s’agit de femmes jeunes qui absorbent beaucoup plus des 1,5 litres de liquide nécessaire et suffisant par jour. On assiste à des apports liquidiens tout compris (boissons, thé, café, soupe, tisane etc..) dépassant trop largement 2 litres par jour. Parallèlement ces femmes n’urinent pas en conséquence, avec des écarts entre deux mictions bien souvent supérieurs à 4 heures, alors qu’ils devraient être normalement de 2 heures. En remplissant sans le vider cet organe creux qu’est la vessie, celle-ci se distend et devient hyposensible, pour aboutir à ce que l’on appelle une « vessie claquée ». Celle-ci est source de fuites à l’effort ou par impériosité et urgenturie. A l’effort car la vessie claquée se laisse distendre par un remplissage excessif jusqu’à plus de 500ml, sans perception de besoin d’uriner. Comme pour un vase trop plein la moindre pression entraine un débordement et une fuite. L’instabilité est aussi une conséquence possible de la vessie distendue dont les fibres musculaires ne réagissent plus correctement. Surtout lorsque le besoin survient sur cette vessie hyposensible, il s’accompagne de contractions vésicales désinhibées et d’impériosité comme on l’observe avec les vessies instables. • • santé log – Soin à domicile n° 19 – Mars-Avril 2011 15 DOSSIER A lire sur le web www.santelog.com/id1906 Définitions de l’incontinence urinaire, quelques « outils » Les troubles mictionnels comprennent non seulement l’incontinence urinaire, mais aussi l’hyperactivité vésicale et la rétention urinaire chronique qui sont des deux phénomènes qui peuvent parfois être accompagnés de fuites urinaires. L’incontinence urinaire est définie comme étant « toute perte involontaire d’urine » quelles que soient les personnes concernées, hommes femmes enfants personnes âgées... L’incontinence urinaire d’effort caractérisée par une fuite involontaire d’urine, non précédée d’une sensation de besoin d’uriner, et qui survient à l’occasion d’un effort. C’est l’augmentation de la pression abdominale qui ne se transmet plus ou pas assez sur l’urètre qui est descendu. Ces « efforts » sont le plus souvent dus à la toux, au rire, aux éternuements, lors du port d’une charge, ou du passage à la position debout ou à l’occasion de toute activité physique plus ou moins importante. Cette incontinence est dite « passive » car elle résulte uniquement d’une baisse des résistances urétrales sans contraction vésicale. La fuite d’urine survient lorsque la pression abdominale s’élève au delà de la pression de clôture de l’urètre. Ce type d’incontinence représente 50 % des incontinences urinaires féminines. Le diagnostic est avant tout clinique, reposant sur l’interrogatoire en premier lieu, les L’incontinence urinaire peut être différenciée en cinq catégories • l’incontinence urinaire d’effort ; • l’incontinence urinaire par hyperactivité ou instabilité vésicale ; • l’incontinence urinaire mixte associant l’incontinence d’effort et l’instabilité vésicale ; • l’incontinence par regorgement, dans le cadre de rétention chronique incomplète d’urine ; • l’incontinence traumatique, malformative ou iatrogène. Les vessies neurologiques peuvent s’inscrire dans une ou plusieurs des cinq catégories ci-dessus. ? 16 Mars-Avril – Soin à domicile n° 19 – santé log fuites surviennent à l’effort. La manœuvre de Bonney consiste à maintenir l’urètre dans sa position anatomique à l’aide des doigts lors d’un toucher vaginal et à faire tousser la patiente pour objectiver que les fuites qui survenaient lors des efforts de toux disparaissaient une fois l’urètre maintenu par la manœuvre de Bonney. Le bilan urodynamique (BUD) peut mettre en évidence un défaut de transmission lors des efforts entre la pression vésicale et urétrale. L’incontinence urinaire par hyperactivité vésicale est caractérisée par une perte involontaire d’urine précédée par un besoin urgent et irrépressible d’uriner aboutissant à une miction qui ne peut être contrôlée. Ce type d’incontinence s’intègre dans le « syndrome d’hyperactivité vésicale » qui est caractérisé par la survenue d’un besoin mictionnel soudain et difficile, voire impossible à maîtriser, défini par le terme « urgenturie ». Le plus souvent le syndrome d’hyperactivité vésicale survient de manière idiopathique. Cependant, il peut également être la conséquence d’une pathologie neurologique sur le fonctionnement vésico-sphinctérien ou d’une distension vésicale (vessie claquée). L’hyperactivité vésicale ou instabilité vésicale isolée avec ou sans fuite urinaire se manifeste par différents symptômes caractéristiques. L’urgenturie, est une envie d’uriner soudaine, impérieuse, irrépressible qui survient sans préambule. De temps en temps des situations particulières déclenchent ces envies urgentes. C’est le cas lorsque la personne a un contact avec l’eau froide, ou en cas de perception du froid. D’autres fois c’est le signe de la clé dans la serrure ! Tout allait bien jusqu’au moment de rentrer chez soi où en mettant la clé dans la serrure survient une urgenturie. La pollakiurie est le besoin d’aller uriner trop souvent. Normalement l’écart entre deux mictions (écart inter-mictionnel) est de 2 heures la journée et de 6 à 8 heures la nuit entre le coucher et le lever. Ceci est valable pour un apport hydrique normal de 1 à 1,5 litre par 24 heures tout compris. En cas de pollakiurie l’écart inter-mictionnel habituellement de 2 à 4 heures se trouve très diminué jusqu’à moins d’une heure. Cela se traduit par des envies trop fréquentes d’aller uriner en urgence de jour (pollakiurie diurne) comme de nuit (pollakiurie nocturne). Le patient gère tout son quotidien en fonction de ses mictions, étudiant chaque déplacement en fonction des localisations des toilettes. A la longue la vie devient tellement pénible, que le patient préfère se protéger et uriner dans une couche ou ne plus sortir de chez lui. Les nuits sont marquées par 4 à 8 levers nocturnes entrainant des troubles du sommeil puis de l’humeur. L’interrogatoire suffit souvent à évoquer ce syndrome. On peut l’objectiver par le calendrier mictionnel et le bilan urodynamique. Le calendrier mictionnel Le calendrier mictionnel est un outil simple et indispensable pour le diagnostic et le suivi des incontinences. Sur une feuille horodatée on reporte les mictions, les fuites, les protections utilisées, les apports liquidiens ingurgités. Cela permet d’apprécier objectivement les effets des traitements sur les symptômes. Le BUD (Bilan Uro Dynamique) est un examen un peu plus invasif et plus objectif qui permet de mettre en évidence des contractions vésicales lors du remplissage de la vessie ou lors des tests de stimulation. La cystomanométrie mesure les pressions dans la vessie durant son remplissage. On peut mettre en évidence l’instabilité par des tests de stimulations qui provoquent des contractions vésicales. En cas de vessies distendues, le BUD permet d’apprécier la capacité maximale, la compliance et la sensibilité de la vessie. La profilométrie et la sphinctérométrie mesurent la pression au niveau du sphincter de l’urètre au repos et lors des efforts. L’incontinence urinaire mixte est l’association d’une incontinence urinaire d’effort et d’une hyperactivité vésicale. Les signes cliniques et paracliniques issus des 2 types d’incontinence, s’ajoutent. L’incontinence urinaire par regorgement lors des mictions incomplètes en cas de rétention chronique d’urine. La rétention chronique d’urine, incomplète le plus souvent peut être la conséquence d’un obstacle sous-vésical chronique, comme l’hypertrophie bénigne de la prostate, la sténose de l’urètre, ou encore « l’effet pelote » d’une cystocèle. Elle peut aussi être due à une hypocontractilité vésicale, ou une dyssynergie vésico-sphinctérienne qui se traduit par l’absence de relâchement sphinctérien durant une contraction du détrusor en phase mictionnelle. La fuite d’urine survient quand la vessie est pleine et que la pression vésicale devient supérieure à la résistance du sphincter. La fuite survient donc par simple trop plein dû au blocage de l’urètre ou à la faiblesse de contraction de la vessie. La vessie est moins active ne peut se vider complètement et finit par se distendre. La principale cause de blocage de l’urètre étant l’adénome de la prostate, l’incontinence par regorgement est donc plus fréquemment observée chez l’homme. Incontinences neurologiques Certaines maladies du système nerveux central et périphérique, comme la maladie de Parkinson, les neuropathies diabétiques, et la sclérose en plaque, peuvent perturber la régulation sphinctérienne et vésicale. L’incontinence urinaire secondaire à ces pathologies neurologiques, peut s’inscrire dans une ou plusieurs des cinq catégories d’incontinence urinaire : effort, instabilité, mixte, regorgement, iatrogène ou malformative. La fonction vésico-sphinctérienne, étant très dépendante de son innervation, elle est, de ce fait, particulièrement exposée aux atteintes neurologiques diverses. Que ce soit au niveau cortical, médullaire, ou périphérique, les lésions neurologiques sont susceptibles d’entrainer une incontinence. Selon la topographie des lésions neurologiques les symptômes urinaires diffèrent. Ainsi les hémiplégies ou? les tumeurs du système nerveux central affectent le plus souvent la commande volontaire de la miction, sans perturber l’automatisme ou la coordination vésico-sphinctérienne. Les lésions médullaires en revanche conduisent vers la dys-synergie associant simultanément contraction du sphincter et du détrusor. Les lésions dégénératives ou inflammatoires santé log – Soin à domicile n° 19 – Mars-Avril 2011 17 DOSSIER Définitions de l’incontinence urinaire, quelques « outils » Les éléments du calendrier mictionnel sont primordiaux pour la prise en charge de l’incontinence. Source : Groupe Hospitalier de l’Institut Catholique de Lille du système nerveux comme la sclérose en plaque s’accompagnent presque constamment de troubles mictionnels diverses. Enfin le syndrome de la queue de cheval ou les lésions des plexus périphériques se caractérisent par la disparition des réflexes vésico-sphinctériens ce qui oblige souvent le patient à pousser sur l’abdomen pour déclencher la miction. Il faut distinguer des incontinences d’origine neurologique, les troubles cognitifs qui perturbent la commande centrale « volontaire » de la miction, pouvant se traduire pour le praticien par une « pseudo-incontinence » qui n’est finalement qu’une absence de contrôle de la miction par 18 Mars-Avril – Soin à domicile n° 19 – santé log oubli de la nécessité d’être continent, comme on peut l’observer dans la maladie d’Alzheimer, les démences, voire la dépression nerveuse sévère. Incontinences iatrogènes, malformatives et traumatiques Un écoulement d’urine peut survenir à la suite d’une lésion de l’appareil urinaire, survenue lors d’un traumatisme (fracture du bassin, accouchement…), ou secondaire à une malformation du système urinaire (extrophie vésicale, abouchement ectopique de l’uretère…), ou encore à la suite d’une intervention chirurgicale pelvienne, ou d’une fistule iatrogène. • • DOSSIER A lire sur le web www.santelog.com/id1907 Une prise en charge pluridisciplinaire La prise en charge du patient incontinent fait intervenir différents professionnels de santé. Les médecins spécialistes s’ils sont indispensables dans les phases de diagnostic et de thérapeutique sont à mettre en deuxième plan derrière le médecin généraliste qui doit être le pilier central de la prise en charge qui doit s’inscrire dans un réseau de soins. Par sa proximité, sa connaissance globale du patient et de son entourage, le médecin traitant doit être l’acteur médical principal. Il en est de même pour l’infirmière qui porte réellement les soins au quotidien. sous l’angle du diagnostic et aucunement vis-àvis de la prise en charge thérapeutique. Ceci est paradoxal compte tenu de l’importance en termes de santé publique de cette pathologie. Les médecins généralistes, situés en position cruciale pour ce fléau médico-socio-économique ne sont pas correctement formés pour jouer leur rôle d’acteur de santé dans la prise en charge de cette pathologie. Les médecins spécialistes © Fotolia.com - Yuri Arcurs Plusieurs spécialités médicales sont impliquées dans la prise en charge de l’incontinence urinaire. L’urologie en est la principale. Le rôle du médecin généraliste Cette spécialité médico-chirurgicale, est la seule qui bénéficie dans son cursus de formation, d’un véritable enseignement sur l’incontinence. Selon toutes les recommandations de prise en charge de l’incontinence urinaire établies tant au niveau français par la Haute Autorité de Santé qu’au niveau international sous l’égide de l’OMS notamment, le médecin généraliste doit être le premier acteur de la prise en charge du sujet incontinent. La forte prévalence de l’incontinence, son impact en termes de santé publique implique au premier rang le médecin traitant. La prise en charge débute par une démarche diagnostique par l’interrogatoire et l’examen clinique général. Les différentes enquêtes réalisées en France ont montré que 67 % des patientes souffrant d’incontinence urinaire consultent en premier leur médecin généraliste pour ce problème. Les urologues en France sont formés pour prendre en charge tant sur le plan médical que chirurgical, l’incontinence urinaire de l’homme et de la femme, et ce, quel que soit l’âge et le mécanisme. Sur le plan de leur formation médicale, l’incontinence urinaire est traitée aussi bien lors des études de spécialisation pendant l’internat, que sous forme de formation médicale continue. Selon les recommandations de l’HAS, les traitements spécialisés et couteux ne doivent être réalisés que dans les services d’urologie, uniquement. C’est le cas du traitement chirurgical avec sphincter urinaire artificiel et de la neuromodulation sacrée, qui est une électrostimulation des nerfs sacrés S3 ou S4, par un « pace-macker » implanté sous la peau de la fesse. Malheureusement la formation des médecins est encore très succincte concernant l’incontinence. Les gynécologues-obstétriciens Durant le deuxième cycle des études médicales, l’enseignement théorique réservé à cette question ne dépasse pas une heure. De même cette pathologie n’apparait que partiellement dans le programme du concours de l’internat de spécialité. Le thème n’est abordé que Ils sont impliqués immédiatement après les urologues, essentiellement dans la prise en charge de l’incontinence urinaire d’effort de la femme. Ils interviennent beaucoup plus rarement dans l’hyperactivité vésicale. Les médecins de rééducation et de médecine physique n’interviennent quasiment uniquement que, sur l’incontinence urinaire associée à des pathologies neurologiques. Cela reste encore une >>> suite page 23 20 Mars-Avril – Soin à domicile n° 19 – santé log DOSSIER L’incontinence, une question de Confiance Le Laboratoire Hartmann prend aujourd’hui la parole car trop de personnes souffrent de cette situation. Bien souvent, elles préfèrent se taire au lieu d’en discuter parce qu’elles sont honteuses. Non seulement, il y a une grande souffrance d’un point de vue physiologique par l’inconfort et la gêne occasionnée mais également d’un point de vue moral à cause de ce sentiment de dévalorisation, de diminution et de honte. Enfin, elles vivent une vraie détresse sociale puisque très souvent elles ne sortent plus, se désocialisent et se replient sur elles-mêmes. Et pourtant, l’incontinence, sujet perçu comme tabou, n’est pas une fatalité car des solutions existent pour guérir ou tout au moins gérer ce problème au quotidien. Plus de 3 millions de personnes sont touchées. Elles ont besoin de savoir qu’elles ne sont pas seules et que des solutions discrètes, sûres et confortables pourraient leur apporter plus de sérénité. Vous constituez un maillon essentiel pour les aider à en parler et les guider vers des solutions. Ces personnes vous font confiance. L’incontinence, un sujet quotidien Arnaud Dubois, IDE « Tous les jours, depuis 10 ans, je suis au contact de personnes incontinentes. Même si la prise en charge d’incontinents lourds ne représente pas la majorité de mon activité quotidienne, c’est à chaque fois une charge de travail supplémentaire. A cela, s’ajoute un manque de connaissance des couches. Un malade mouillé le matin, c’est un lit et des vêtements à changer, une toilette complète à réaliser. Cela veut dire 30 minutes de travail supplémentaires non planifiées et du retard pour les prochains soins sans compter la gêne et l’inconfort pour le patient. Ignorer qu’il existe des produits très absorbants est un peu rageant pour moi et pour le patient. J’ai une demande de la part des familles et des patients pour les aider à trouver des solutions efficaces. J’ai aussi au quotidien des demandes pour les fuites d’urine en goutte à goutte chez les personnes âgées ou les hommes après une intervention chirurgicale de la prostate. Pour elles, le problème devient « comment poursuivre ma vie active sans que les autres ne s’en aperçoivent ? Et là aussi que conseiller ? J’ai eu l’opportunité d’être invité à une soirée de formation Hartmann sur l’incontinence par l’intermédiaire de mon pharmacien où j’ai appris à mieux connaître les différents types d’incontinences, à mieux les aborder et trouver des solutions à proposer à mes patients. J’ai même pu avoir des échantillons à donner à mes patients ». • • Isabelle Lorentz, Infirmière conseil N° Vert Hartmann « Nous avons beaucoup d’appels de personnes ou membres de la famille qui se sentent seules et démunies. Elles recherchent un conseil adapté. Nous avons également en lignes des infirmières qui ont besoin d’informations ou d’échantillons ». Si vous avez besoin de conseils ou d’informations, contactez le 0800 17 37 57 santé log – Soin à domicile n° 19 – Mars-Avril 2011 21 DOSSIER L’incontinence, pour en savoir plus Les Ateliers SoinsService : un outil pour le maintien à domicile Le laboratoire Hartmann est très impliqué dans le maintien à domicile, explique Pascal Labrousse, responsable de la formation médicale des Ateliers SoinsServices, qui a exercé 15 ans comme infirmier libéral. « Notre objectif est à chaque fois de permettre le maintien de la personne chez elle et de faciliter le travail des professionnels de santé. » Une approche qui passe par une meilleure information sur les solutions disponibles. Des soirées sont organisées par le Laboratoire Hartmann dans toute la France, DOM-TOM inclus. La formation sur l’incontinence aborde la physiopathologie, les différents types d’incontinences, les conséquences psychologiques et cutanées chez une personne touchée et les solutions possibles en termes de protection mais également de prise en charge dans le cadre de l’allocation personnalisée pour l’autonomie. Autre spécificité, les acteurs de toute la chaîne de soins se retrouvent côte à côte. Nous rencontrons un vif succès puisqu’en 5 ans, la fréquentation de nos ateliers a progressé de 30 à 40 % avec plus de 50 participants par soirée. Inscrivez-vous sur notre site Internet www.hartmann.fr à la rubrique « formation/Ateliers SoinsService » La prise en charge par un professionnel de santé Les produits d’hygiène et de protection sont à la charge des patients. Cependant, certains départements et régions ont choisi de personnaliser l’accompagnement des allocataires de l’APA (Allocation Personnalisée Autonomie) comme la Marne, la Vendée, les Pyrénées-Orientales ou la Champagne Ardenne. Ces initiatives prennent la forme de la remise d’un carnet de chèques de type chèquesdéjeuner (ne sont pas acceptés dans l’ensemble des points de vente). Le conseil pour une protection adaptée, l’échantillonnage gratuit et une carte de fidélité sont des atouts supplémentaires qui permettent de diminuer le coût de la prise en charge. Pour un conseil expert et médical Depuis une année, en plus de l’Atelier SoinsService, le Laboratoire Hartmann forme in situ l’équipe officinale ou les revendeurs de matériel médical. Une méthode a été mise au point et validée par un comité d’experts réunissant un urologue, un gynécologue, un psychiatre, un kinésithérapeute, un pharmacien, un ethnologue et une infirmière. Elle est appelée « Méthode DAC » comme Détecter, Aborder, Conseiller. Elle a pour objectif d’aider les professionnels à un meilleur conseil et une meilleure prise 22 Mars-Avril – Soin à domicile n° 19 – santé log en charge des personnes atteintes d’incontinence. Le Laboratoire Hartmann a fait le choix de distribuer ses gammes Confiance et Molicare uniquement en pharmacies et chez les revendeurs de matériel médical pour un conseil expert et médical. Contrairement aux idées reçues, le coût n’est pas plus important qu’en GMS si l’on compare le nombre et le prix unitaire des protections dans un sachet. Une présence sur Internet Le Laboratoire Hartmann est aussi présent sur Internet avec son site www.entouteconfiance.fr Vous, la famille ou une personne incontinente peuvent effectuer une recherche d’informations en toute discrétion. On y trouve des dossiers médicaux comme « la ménopause et les fuites urinaires » ou « les fuites urinaires chez l’homme », des films explicatifs des différents types d’incontinences, des aides sur la rééducation périnéale, les techniques de pose des protections absorbantes et un questionnaire permettant de déterminer la protection adaptée à la situation de la personne. Rendez-vous sur www.entouteconfiance.fr Le Laboratoire Hartmann, une fabrication française de qualité dans le respect de l’environnement Le Laboratoire Hartmann possède une expertise médicale fondée sur plus de 190 ans d’expérience dans le textile médical avec notamment l’invention des gazes de Lister en 1874 et plus récemment des sets de soins Mediset. Avec son usine de fabrication de produits d’incontinence située en Alsace, le Laboratoire Hartmann a développé au fil des années un outil industriel moderne dans une démarche qualité. L’environnement est au cœur de ses préoccupations quotidiennes. En 1998, le Laboratoire Hartmann a été la première entreprise française dans l’univers de la santé à obtenir la certification Eco-Audit Environnement. La réduction des déchets est un objectif majeur lors de la conception, la fabrication et la distribution des produits. La production de 90 % du volume global des produits du Groupe Hartmann s’effectue avec des matières renouvelables. En France, 950 hommes et femmes sont au service des professionnels de santé afin de comprendre leurs besoins et les aider dans leurs pratiques quotidiennes. Albert Schweitzer, Prix Nobel de la paix 1952, France « Il est essentiel d’aider et d’aider ceux qui aident » Pour vous informer, recevoir gratuitement des échantillons, appelez notre numéro vert au 0800 17 37 57 ou rendez-vous sur www.entouteconfiance.fr Publi-information Une prise en charge pluridisciplinaire (suite de la page 20) © Fotolia.com - nyul loppées au sein des réseaux qui voient là une autre de leur fonction, la formation des professionnels. Les sages-femmes spécialité peu développée en France. Ils agissent en étroite relation avec les kinésithérapeutes, principalement sur le versant thérapeutique. Les gériatres sont bien entendu fortement impliqués dans l’incontinence urinaire des personnes âgées, qu’ils soient placés en institution ou non. Leur rôle est de repérer les causes d’incontinence liée au vieillissement. Ainsi ils ont un rôle fondamental dans la compensation de ce handicap. Ils agissent surtout sur le versant diagnostique et bilan du handicap. Les kinésithérapeutes Les masseurs kinésithérapeutes (MK) jouent un rôle essentiel dans le traitement de l’incontinence urinaire. En effet toutes les incontinences sont justifiables d’au moins un essai thérapeutique de rééducation. Ainsi dans l’incontinence urinaire d’effort la rééducation périnéale est le traitement de première intention aussi bien chez l’homme que chez la femme. La kinésithérapie a un rôle thérapeutique dans l’incontinence par hyperactivité vésicale. • Dans ce type de syndrome le premier traitement est médicamenteux avec les anticholinergiques. • Vient en deuxième ligne la rééducation avec courant interférentiel. • On peut aussi y adjoindre de la kinésithérapie périnéale pour renforcer le tonus musculaire périnéal. La rééducation périnéale aura aussi pour effet de permettre l’acquisition de réflexes contrôlant la continence urinaire aussi bien dans durant les efforts que lors de la survenue d’envie pressante impérieuses, d’urgenturie. Pour répondre à ce double objectif, la pratique de la rééducation périnéale associe d’une part des techniques d’électrostimulation et d’autre part des techniques de « biofeed back » toutes deux faisant appel à l’utilisation de sondes de rééducation. A côté de ces techniques particulières, l’éducation thérapeutique du patient et la kinésithérapie manuelle tiennent une place essentielle, voire primordiale en matière de rééducation périnéale. Malheureusement cette pratique rééducative manuelle plus traditionnelle semble tomber en désuétude, les MK préférant les techniques plus « modernes » et moins contraignantes. Il s’y ajoute probablement une carence de formation des kinésithérapeutes à ces techniques et d’autre part une valorisation financière insuffisante en termes de tarification par rapport au temps passé. Afin de pallier cette carence des formations MK, spécifiques de l’incontinence urinaire sont déve- Les sages-femmes au cours de leur cursus reçoivent une formation spécifique concernant l’incontinence urinaire et les troubles vésico-sphinctériens survenant pendant la grossesse et le post partum. Les sages-femmes occupent une place importante dans la pratique de la rééducation périnéale réalisée après l’accouchement. Elles informent les femmes pendant la grossesse sur le « risque périnéal » de la grossesse et de l’accouchement. Elles participent au dépistage de l’incontinence à l’occasion du suivi ante ou post parttum. Les pharmaciens Les pharmaciens jouent un rôle essentiel dans la prise en charge des personnes incontinentes de part leur proximité (22 500 pharmacies) et leur expertise dans le domaine. Ils sont le plus souvent le premier contact pour une personne atteinte d’incontinence qui a besoin d’être orientée, conseillée ou écoutée au même titre que les infirmières et les aides soignantes. D’autre part, la loi HPST va renforcer leur rôle de prévention, de dépistage, de conseil et de suivi de ces personnes. En effet, 15 personnes par jour atteintes d’incontinence entrent dans une pharmacie. A l’avenir, le pharmacien jouera un rôle de santé publique de plus en plus important notamment pour les personnes atteintes d’incontinence. Aujourd’hui, le lien avec les infirmières et les aides soignants est en train de se renforcer notamment grâce à des formations communes à l’initiatives des Laboratoires Paul Hartmann. Les infirmières, stomathérapeutes Les infirmières sont actuellement peu et insuffisamment impliquées dans la prise en charge de l’incontinence urinaire en France. Il existe depuis quatre ans quelques formations universitaires sous la forme de Diplômes Inter Universitaires notamment visant à accroître la formation professionnelle dans ce domaine. Cependant, en pratique clinique quotidienne, aucun rôle spécifique ne leur est dévolu. La situation française contraste notamment avec la prise en charge mise en place au Royaume-Uni où les infirmières tiennent une place essentielle en matière d’éducation, mais également de suivi thérapeutique. Les infirmières spécialisées en stomathérapie reçoivent une formation spécifique sur l’incontinence urinaire. Cependant leur nombre est limité, et leurs compétences étendues. En effet elles sont amenées à prendre en charge les stomies, les soins d’escarres, la cicatrisation... Cela notamment ne leur permet pas d’occuper actuellement une place significative dans la prise en charge de l’incontinence urinaire en France. • • santé log – Soin à domicile n° 19 – Mars-Avril 2011 23 DOSSIER A lire sur le web www.santelog.com/id19 www.santelog.com/id1908 Les associations de patients, les sociétés savantes En France, il existe principalement deux associations qui regroupent des patients souffrant d’incontinence urinaire. L’association la plus ancienne est l’AAPI (association pour l’aide aux patients incontinents). Cette association, dotée d’un conseil scientifique médical, édite des documents d’informations sur la pathologie et les possibilités de traitement, fournit des renseignements par téléphone et a mis en place un site internet. L’AAPI s’adresse à la fois aux hommes, aux femmes mais aussi aux enfants. L’association « Femmes pour toujours » créée initialement pour conseiller les femmes sur les solutions de traitement hormonal après la ménopause s’occupe désormais également de délivrer des conseils pour la prise en charge de l’incontinence urinaire. Cette association ne concerne que les femmes. Quelques brochures ont été éditées par cette association et des conférences d’information du public ont été organisées. Cette association est affiliée à la WFIP (World Federation of Incontinent Patient). D’autres associations s’intéressent directement ou indirectement à cette pathologie comme par exemple : • l’ANAMACAP (association des patients atteints de cancer de prostate) qui délivre a ses adhérents des informations sur la prise en charge de l’incontinence urinaire dans le contexte spécifique de la prise en charge d’un cancer de prostate. La plupart des sociétés savantes correspondant aux spécialités impliquées dans la prise en charge de l’incontinence urinaire interviennent dans ce domaine, c’est le cas notamment de • l’Association Française d’Urologie (AFU), mais aussi des différentes • Sociétés Savantes de Gynécologie et Gynécologie Obstétrique (CNGOF, SFOG). • Il existe une société savante dédiée spécifiquement à l’incontinence urinaire sous ses différents aspects : la SIFUD-PP (société interdisciplinaire francophone d’urodynamique et de pelvipérinéologie) qui regroupe tous les médecins spécialistes et professions paramédicales impliqués dans la prise en charge de l’incontinence. Affiche de la 6e Semaine Nationale de l’Incontinence (AFU) • Enfin, un groupe de travail qui rassemble urologues et rééducateurs fonctionnels (GENULF), se consacre à la prise en charge des conséquences urinaires des maladies neurologiques. Toutes ces sociétés savantes ont été impliquées dans l’élaboration des différentes recommandations de prise en charge éditées par l’HAS. santé log – Soin à domicile n° 19 – Mars-Avril 2011 25 DOSSIER A lire sur le web www.santelog.com/id1909 Les traitements curatifs Les médicaments Le traitement médicamenteux a une place essentielle dans la prise en charge de l’incontinence urinaire notamment liée à une hyperactivité vésicale. Tel que défini par les différents rapports de la HAS sur le sujet, le traitement médicamenteux doit être proposé en première intention pour traiter une hyperactivité vésicale de l’adulte avec ou sans incontinence. Rappel des principaux traitements médicamenteux • Oxybutinine : Ditropan®, Driptane®, Zatur® • Chlorhydrate de Trospium : Ceris® • Toltérodine : Détrusitol® • Solifénacine : Vesicare® • Darifénacine : Enablex® • Propivérine : Detrunorm®, Mictonorm® Le traitement de l’hyperactivité vésicale de l’adulte repose sur la prescription de traitements anti-cholinergiques. L’efficacité de ces traitements a été établie. • Flavoxate : Urispas® • Duloxétine : Cymbalta®, Yentreve®, Xeristar® ou AriClaim® Quatre molécules sont actuellement disponibles en France, l’Oxybutinine, le Chlorhydrate de Trospium, la Toltérodine et la Solifénacine. De plus certains médecins hésitent à prescrire des anti-cholinergiques en gériatrie en raison de leur impact sur les fonctions cognitives. Une cinquième molécule est disponible des certains pays européens : la Darifénacine. On constate un contraste important entre la place aujourd’hui minoritaire (tant en chiffre d’affaire qu’en journée de traitement) des molécules qualifiées d’anciennes (Oxybutynine, Flavoxate, Propivérine), et les nouvelles molécules dont la mise sur le marché est plus récente. Ces traitements, excepté la Duloxétine sont utilisés pour le traitement de l’incontinence par urgenturie associée à une hyperactivité vésicale. La Duloxétine demeure, quant à elle, la seule option médicamenteuse existante dans le traitement de l’incontinence d’effort. Les nouvelles molécules, mises sur le marché depuis 2005 ont selon les études publiées, un meilleur profil tolérance / efficacité. Bien que ces molécules possèdent l’autorisation de commercialisation dans cette indication, elles ne bénéficient pas d’un remboursement permettant de les prescrire utilement. La France demeure un des derniers pays européens où le traitement de l’hyperactivité vésicale repose encore majoritairement sur la prescription de molécules de première génération. Ceci induit une mauvaise observance au traitement liée à un rapport efficacité/tolérance médiocre, avec près de 80 % des patientes qui interrompent le traitement dans les trois mois suivant la prescription. Améliorer la prise en charge médicamenteuse de l’incontinence urinaire en France : il serait intéressant de redéfinir les traitements de l’hyperactivité vésicale et la population cible pouvant en bénéficier. En cas d’hyperactivité vésicale d’origine neurologique, ou d’hyperactivité vésicale avec ou sans incontinence chez l’adulte âgé de plus de 65 ans, ou encore d’hyperactivité vésicale avec incontinence chez l’adulte âgé de moins de 65 ans, le remboursement pourrait s’étendre aux molécules de dernières générations. Si elle constitue aujourd’hui l’option thérapeutique de premier choix pour le traitement de l’incontinence par urgenturie, la classe de l’anti-cholinergique, qui regroupe actuellement en France l’Oxybutynine, la Toltérodine, le Trospium, la Solifénacine et la Darifénacine, est historiquement associée à un profil de tolérance médiocre en dépit d’une efficacité intrinsèque appréciable. Les principaux effets secondaires observés sont liés aux effets systémiques de l’action anti muscarinique : sensation de bouche sèche, constipation opiniâtre et surtout troubles cognitifs rendant cette prescription délicate notamment en milieu gériatrique. Le développement des nouvelles formes galéniques et des molécules les plus récentes a eu pour objectif d’améliorer de manière significative le rapport bénéfice - risque de ces traitements. 26 Mars-Avril – Soin à domicile n° 19 – santé log Ainsi, les spécialités les plus récemment développées comme l’Oxybutynine LP, l’Oxybutynine patch, la Toltérodine (toutes formes galéniques confondues), la Solifénacine et la Darifénacine ont une place confidentielle sinon inexistante dans le marché médicamenteux de l’incontinence. Soit elles ne sont simplement pas commercialisées, soit elles n’ont pas accédé à un accord de prise en charge indispensable à la prescription dans cette (ces) indication(s). La France est le seul parmi tous les pays cités en référence où deux traitements parmi les plus récents (Solifénacine et Toltérodine) ne bénéficient pas d’une prise en charge au même titre que les autres traitements comparables, partageant la même indication et rendus disponibles aux prescripteurs. La rééducation périnéale Le traitement de première intention de l’incontinence urinaire d’effort repose sur la réalisation d’une rééducation périnéale. Cependant, différentes molécules sont actuellement à l’étude dans cette indication. Ces traitements, dont le mode d’action principal repose sur une inhibition de la recapture de la sérotonine, n’ont pour l’instant pas démontré de rapport bénéfice/risque satisfaisant. Actuellement, aucun traitement médicamenteux de référence n’est correctement évalué dans cette indication. Toutes les recommandations internationales indiquent que la rééducation périnéale doit être le traitement de première intention de l’incontinence urinaire d’effort chez la femme et chez l’homme. Deux rapports de la Haute Autorité de Santé (HAS) en 1995 puis 2005 ont confirmé cette position pour la France. La rééducation périnéale intervient à tous les stades de la prise en charge de l’incontinence urinaire et ce quelle qu’en soit la physiopathologie. Cette rééducation est effectuée soit par des kinésithérapeutes, soit par des Sages Femmes lorsqu’il s’agit d’une prise en charge effectuée dans le post partum. Cependant, en l’absence de reconnaissance par une qualification, il est parfois difficile pour les femmes souffrant d’incontinence, mais encore plus pour les hommes de trouver un thérapeute spécialisé offrant la totalité des techniques requises pour ce type de prise en charge. Quelles que soient les pathologies et les techniques de rééducation utilisées, les études ont montré l’intérêt de la prise en charge rééducative en première intention. Le travail manuel intra-vaginal est plus efficace que le travail sur instruction verbale ou écrite. Il permet un meilleur apprentissage de la contraction périnéale. Il permet un bon renforcement du plancher pelvien. Certaines études avec un recul allant de 2 à 7 ans font état de 55 % de résultats corrects dans le temps (11 % de guérisons, 44 % d’améliorations). Ces études ont insisté sur l’importance d’un suivi par un rééducateur afin de maintenir un résultat satisfaisant dans le temps. L’analyse de la littérature met en évidence l’efficacité de l’électrostimulation quel que soit le type d’incontinence à traiter. En effet, 66 % à 89 % de bons résultats sont observés en cas d’incontinence d’effort. Pour l’incontinence urinaire par hyperactivité vésicale, ce sont entre 49 % et 72 % de bons résultats. La rééducation comportementale apparaît aussi comme un traitement de première intention adapté de l’incontinence urinaire par hyperactivité vésicale avec 80,7 % de réduction des fuites par rapport à un groupe contrôle (39,4 % de réduction). En outre, la rééducation comportementale paraît adaptée à la prise en charge de l’incontinence urinaire des personnes âgées et peut être également une solution thérapeutique chez les patientes plus jeunes qui ont modifié leur comportement mictionnel du fait de la gêne induite par l’incontinence urinaire. A ce jour, les travaux scientifiques ne permettent pas de définir des facteurs prédictifs précis de l’efficacité d’un type de traitement dans une incontinence multifactorielle. Interviennent dans le choix de la technique : le degré de handicap, les contre-indications au traitement par médicament, le risque chirurgical, la volonté et la capacité de la patiente à suivre une rééducation. La prise en charge d’une pathologie associée éventuelle intervient aussi dans le choix du traitement de l’incontinence urinaire. En pratique, la rééducation est proposée en première intention chez les femmes présentant une incontinence à l’effort avec une prescription de 10 à 20 séances. À l’issue de cette première série, si aucune amélioration clinique objective ou santé log – Soin à domicile n° 19 – Mars-Avril 2011 27 DOSSIER Les traitements curatifs Incontinence après prostatectomie : rééducation pour 100 % de continence Pour les hommes souffrant d’incontinence pendant au moins un an après une prostatectomie radicale, la participation à un programme de formation comportementale comportant une gymnastique du plancher pelvien, des exercices de contrôle de la vessie et de gestion des fluides, a entraîné une réduction significative du nombre d’épisodes d’incontinence, selon cette étude publiée dans l’édition du 12 janvier du JAMA. Les chercheurs précisent que l’ajout de biofeedback et de stimulation électrique du plancher pelvien n’apporte que peu de bénéfices supplémentaires. Bien que le taux de survie au cancer de la prostate soit excellent, l’incontinence urinaire est une comorbidité significative après une prostatectomie radicale, le traitement le plus fréquemment choisi pour un cancer localisé de la prostate. Des enquêtes réalisées auprès de patients opérés indiquent que jusqu’à 65 % des hommes continuent à souffrir d’incontinence jusqu’à 5 ans après leur chirurgie. La perte de contrôle de la vessie est un désagrément physique, émotionnel, psychologique et... économique pour les hommes qui en sont victimes, rappellent les auteurs, en préambule de l’article. “Bien que la thérapie comportementale ait fait ses preuves pour améliorer la récupération post-opératoire de la continence, il n’y avait jamais eu d’essais contrôlés sur l’efficacité de la thérapie comportementale pour traiter l’incontinence post-prostatectomie persistant durant plus d’1 an.” Le biofeedback, qui aide les patients à bien contracter leurs muscles du plancher pelvien ou la stimulation électrique, qui produit une contraction du plancher pelvien maximale et améliore la pression de clôture urétrale, sont souvent utilisés dans l’objectif de compléter l’efficacité de la thérapie comportementale, mais les preuves de leur efficacité font défaut. L’étude : Le Dr Patricia S. Goode, de l’Université d’Alabama à Birmingham, et coll. ont donc mené cette étude pour évaluer l’efficacité de la thérapie comportementale pour réduire l’incontinence persistante postprostatectomie et déterminer si les technologies de biofeedback et de stimulation électrique ajoutaient à son efficacité. Cet essai randomisé et contrôlé a été mené de 2003 à 2008, sur 208 hommes âgés 51 à 84 ans souffrant d’incontinence persistant durant 1 à 17 années après leur prostatectomie radicale, et comprenait un 1 an de suivi après le traitement actif. Le participants ont regroupés selon le type et la fréquence de l’incontinence, randomisés dans 1 des 3 groupes : 8 semaines de thérapie comportementale (rééducation des muscles du plancher et exercices de contrôle de la vessie)/ thérapie comportementale + biofeedback et stimulation électrique du plancher pelvien, ou un traitement retardé pour le groupe témoin. Les chercheurs constatent qu’en moins 8 semaines, les patients du groupe de thérapie comportementale montrent une réduction moyenne des épisodes d’incontinence de 55 % (soit 28 à 13 épisodes par semaine), deux fois plus élevée que celle rapportée par le groupe de contrôle (réduction de 24 % soit 25 à 21 épisodes par semaine). Les participants du groupe « biofeedback » montrent une réduction moyenne de 51 % c’est-à-dire peu différente de celle du groupe thérapie comportementale. En conclusion, biofeedback et stimulation électrique n’améliorent que très faiblement les résultats par rapport à la thérapie comportementale classique. “Les améliorations sont durables à 12 mois dans les groupes de traitement actif : réduction de 50 % (13,5 épisodes par semaine) dans le groupe thérapie, et 59 % (9,1 épisodes par semaine) dans le thérapie + biofeedback », concluent les auteurs. À la fin de la période de traitement de 8 semaines, 15,7 % des hommes dans le groupe de thérapie comportementale, 17,1 % dans le groupe « thérapie + biofeedback », et 5,9 % dans le groupe témoin avaient retrouvé une continence complète, ont déclaré n’avoir plus aucun épisode d’incontinence. P. B. SOURCE : JAMA. 2011. 305 [2] :151-159 « Behavioral Therapy Program Reduces Incontinence Following Radical Prostatectomy » Visuel NIH 28 Mars-Avril – Soin à domicile n° 19 – santé log subjective n’est notée, il convient de s’interroger sur le bien-fondé de la poursuite de la rééducation. Si l’amélioration notée par la patiente et le thérapeute est insuffisante, mais existante, une prolongation du traitement est envisageable (10 à 15 séances). Si l’amélioration est jugée satisfaisante ou suffisante par la patiente (critères subjectifs), si les critères objectifs d’évaluation montrent une amélioration nette ou une guérison, alors la rééducation peut être interrompue. Toutefois, l’analyse de la littérature a montré l’intérêt d’un suivi et d’une auto-rééducation dans le temps. Cependant, plusieurs questions restent non résolues concernant la rééducation périnéale. Il existe peu de données sur l’impact à long terme de la rééducation. L’utilisation de la rééducation dans un contexte de prévention primaire ou de prévention secondaire n’a pas été établie. Le travail de rééducation périnéale repose à la fois sur le renforcement des structures musculaires, mais également sur une véritable éducation des patients. Il est difficile de quantifier correctement le nombre de professionnels de rééducation impliqués dans la prise en charge de l’incontinence. De même, il est actuellement impossible de connaître le nombre de séances de rééducation périnéale réalisé chaque année en France. Ceci devrait être corrigé par la mise en place d’une codification spécifique des actes concernant l’incontinence. Afin d’améliorer la prise en charge des patients souffrant d’incontinence urinaire, l’HAS étudie la mise en place d’un réseau national des professionnels de santé spécialisés en rééducation périnéale. Ce réseau qui devrait associer des kinésithérapeutes, ou des sages-femmes serait ouvert à tous les professionnels qui en feraient la demande et qui pourraient justifier d’une formation initiale et/continue validée dans ce domaine. Un tel réseau permettrait d’identifier des sites compétents en rééducation périnéale et adaptés aux différents modes de prise en charge. Il favoriserait une meilleure coordination entre médecin prescripteur et le rééducateur. • • SOURCE : Recommandations de l’HAS santé log – Soin à domicile n° 19 – Mars-Avril 2011 29 DOSSIER Les traitements curatifs La chirurgie Le traitement chirurgical s’adresse prioritairement au traitement de l’incontinence urinaire d’effort de la femme lorsque la rééducation périnéale a échoué. Depuis 1997, ce traitement repose sur la mise en place de bandelettes sous urétrales. La simplification des techniques de pose conjuguée à une amélioration de l’efficacité a conduit à une argumentation significative du nombre d’interventions chirurgicales réalisée pour incontinence urinaire d’effort de la femme. Ainsi, en l’absence d’outil fiable de recueil d’informations médicales, le nombre de procédés chirurgicaux était estimé entre 5.000 et 10.000 procédures annuelles en 1995. Dorénavant, la mise en place généralisée de la codification des actes médicaux (CCAM) permet de disposer de données statistiques précises. En 2005, a été recensé un total de 37.169 actes. Les données 2006 montrent une stabilisation, voire une légère diminution du nombre de procédures réalisées pour le traitement de l’incontinence urinaire d’effort chez la femme. Les autres traitements chirurgicaux Il existe à côté des bandelettes sous urétrales, d’autres procédures chirurgicales proposant la pose de dispositifs implantables. • Le sphincter urinaire artificiel est proposé aux cas d’incontinence urinaire complexe et sévère chez l’homme et chez la femme. Cette procédure conformément aux recommandations de la Haute Autorité de Santé, doit impérativement être réalisée dans des centres avec environnement urologique spécialisé. Environ un millier de poses a été réalisé en 2006. Un seul dispositif est disponible, la prise en charge est totale. La neuromodulation sacrée par électro+ stimulation des racines sacrées est proposé pour la prise en charge de l’incontinence urinaire par hyperactivité vésicale. La principale indication est l’hyperactivité vésicale résistant aux traitements médicamenteux. Environ 500 poses ont été réali- 30 Mars-Avril – Soin à domicile n° 19 – santé log sées en 2005. Comme pour le sphincter artificiel, la pose de l’implant définitif doit être effectuée en milieu urologique spécialisé. Ces dispositifs sont actuellement pris en charge par l’assurance maladie. Enfin la toxine botulique (Botox) injectée dans la paroi vésicale sous contrôle de la vue par cystoscopie, est proposée pour le traitement de l’incontinence urinaire par hyperactivité vésicale de la femme après échec des autres techniques. Actuellement le service médical rendu par ces traitements n’est pas établi. Aucun remboursement n’est accordé pour le Botox. Améliorer la prise en charge chirurgicale de l’incontinence urinaire Le traitement chirurgical de l’incontinence urinaire d’effort de première intention repose sur la mise en place de bandelettes sous urétrales. Avec plus de 30 000 interventions réalisées en France en 2006, cette technique est devenue un acte incontournable dans la prise en charge de ce handicap. Cependant, plusieurs questions restent non résolues. D’une part, le développement de cette technique s’est effectué de manière relativement incontrôlée sur le plan scientifique. Ainsi, en quelques années plus de vingt dispositifs différents ont été mis sur le marché dans cette indication. Compte tenu de l’enjeu de santé publique représenté par cette question l’HAS étudie les mesures suivantes : • Inciter les cliniciens à réaliser des études de recherche clinique sur l’évaluation de cette technique. • Mettre en place d’un réseau de matério-vigilance réalisé en partenariat entre l’AFSSAPS et les Sociétés Savantes concernées. • Mettre en place des actions de prévention secondaire chez les patientes ayant été opérées d’une incontinence d’effort. • Mettre en place des actions concertées de Formation Médicale Continue afin d’assurer la formation des praticiens aux techniques chirurgicales nouvelles et ce, dans un cadre réglementaire établi. • • DOSSIER A lire sur le web www.santelog.com/id1910 Les protections possibles Il existe deux grandes catégories de produits palliatifs actuellement distribués en France. Les produits non absorbants pour incontinence dont les principaux sont les étuis péniens, sondes vésicales d’auto-sondage et poches collectrices. Ces produits sont classés comme dispositifs médicaux marqués CE, leur taux de TVA est de 5,5 %. Les produits absorbants communément appelés « protections » pour adulte. Ces produits disposent de marquage CE et sont classés comme dispositifs médicaux. Le taux de TVA de ces produits est actuellement de 19,6 %. Cette deuxième catégorie dispose d’un nombre important de références et couvre l’ensemble des types d’incontinence et de mobilité des patients. Elle intègre des produits absorbants à usage unique mais également des produits absorbants réutilisables et lavables. Les produits non absorbants - Les étuis péniens constitués généralement de latex souple ou silicone avec un joint auto-adhésif hypoallergénique et une zone d’évacuation renforcée. L’étui pénien est destiné à l’incontinence urinaire masculine. - Les poches collectrices. Ce produit constitué d’une valve anti-reflux et parfois vidangeable selon les modèles se raccorde à l’étui pénien. Quelques innovations à destination du patient sont développées par les fabricants, telles que des systèmes de valves coulissantes munis de marques supplémentaires permettant aux personnes malvoyantes de contrôler la position de la valve, ou enfin des fils tubulaires généralement en élasthanne permettant une fixation discrète. Les principaux fabricants d’étuis péniens, de poches collectrices et de sondes vésicales d’auto-sondage sont une dizaine en France. Le marché français est essentiellement partagé entre les sociétés Astra, B Braun Biotrol, Burnet, Coloplast, Convatec, Hartmann, Hollister, Peters, Porges et Vygon. La distribution de ces produits est presque intégralement assurée par les pharmacies, exceptionnellement par le biais de magasins de matériels médicaux ou d’associations. 32 Mars-Avril – Soin à domicile n° 19 – santé log Les produits absorbants Ces produits sont classés en deux grandes catégories liées principalement à la pathologie pour laquelle elles sont destinées. Les petites protections anatomiques dont la capacité d’absorption est généralement inférieure à 500 ml. Elles sont utilisées essentiellement dans les incontinences par regorgement ou d’effort. Cette catégorie intègre des produits de petite taille, très discrets se plaçant directement à l’intérieur du slip et maintenus par un adhésif. Il s’agit principalement des protections anatomiques à faible taux d’absorption. Les protections droites, gamme de produits maintenus historiquement par les fabricants le sont de moins en moins. Pour le patient masculin, les fabricants proposent des protections sous forme de coquille. Pour les femmes ces protections sont utilisées comme des protections périodiques ou après accouchement et disposent de capacités d’absorption beaucoup plus importantes tout en étant adaptées aux flux urinaires. Les protections pour incontinence modérée ou lourde dont la capacité d’absorption varie de 500 ml à plus de 2 000 ml. On identifie dans cette catégorie de produit, les changes complets, les protections avec ceinture, les grandes protections anatomiques, les sous-vêtements absorbants et les alèses. Ces produits sont généralement composés de fibre de bois et possèdent des coussins pourvus de super absorbant permettant d’assurer leur fonction. DOSSIER © Fotolia.com - Yuri Arcurs Les palliatifs absorbants Les produits absorbants ont bénéficié ces dernières années de fortes innovations afin de répondre aux besoins des patients qui recherchent des attributs, comme le confort, une protection maximale et la discrétion. - Les grandes protections anatomiques sont conçues pour épouser les formes du corps. Cette catégorie comprend des produits avec plusieurs taux d’absorption, lui permettant de répondre à l’incontinence urinaire modérée à sévère de jour comme de nuit. Cette protection se porte avec un slip filet ou de fixation. - Les slips filets élastiques sont généralement en polyamide élastique leur permettant une fixation sûre et aisée des protections anatomiques nécessitant un maintient renforcé, tout en assurant la discrétion du patient. - Les changes complets qui existent sous plusieurs formes, sont des produits à destination du traitement de l’incontinence forte à sévère, urinaire et/ou fécale et cela pour des personnes alitées ou grabataires. De part ses caractéristiques techniques, ce type de produit permet les 34 Mars-Avril – Soin à domicile n° 19 – santé log plus fortes absorptions et rétentions. Il existe pour le jour comme pour la nuit. - Le sous-vêtement absorbant conçu comme un sous-vêtement, est à destination des personnes ambulatoires souffrant d’incontinence urinaire. Il s’enfile et se retire comme un slip ou culotte ordinaire permettant aux personnes de mieux assumer leur incontinence. Il s’agit d’un produit très demandé par les patients qui lui trouvent un rapport sécurité/facilité d’utilisation supérieur aux autres produits. De plus, son analogie aux sous-vêtements contribue à un moindre impact psychologique pour le patient. Le marché est essentiellement partagé par Hartmann et SCA, la distribution étant assurée par les pharmacies et les magasins de matériels médicaux, et la GMS pour l’incontinence très légère. • • SOURCE : Recommandations de la HAS DOSSIER A lire sur le web www.santelog.com/id19 www.santelog.com/id1911 Marché et prise en charge des produits absorbants La prévalence de l’incontinence selon la tranche d’âge nous amène à identifier plusieurs typologies de patients et donc de clients qui vont se procurer les protections via différents canaux de distribution. En effet, une femme incontinente de 45 ans aura tendance à se procurer ses protections en Grandes et Moyennes Surfaces ou pharmacies plutôt qu’en magasins spécialisés. Le marché en 2010 a été de l’ordre de 220 millions d’euros pour la France pour les protections absorbantes non remboursées vendues en pharmacie et Grandes et Moyennes Surfaces. Depuis 2001, ce circuit observe des taux de croissance entre 8 et 15 % annuel avec un ralentissement depuis 2006. Les pharmacies : avec 22 500 pharmacies réparties sur le territoire, elles constituent le pôle de santé de proximité et 90 % d’entre elles proposent des solutions pour les personnes incontinentes. Les magasins spécialisés sont au nombre de 2 500 sur le territoire métropolitain. En général ces magasins nouent une relation de quartier avec une population de type senior. Leur activité se concentre sur la vente et la location de matériels médicaux, à destination de l’hospitalisation à domicile, mais également la distribution de certains produits comme les palliatifs pour l’incontinence. La valeur du marché des magasins spécialisés pour l’année 2006 est de l’ordre de 7 à 10 millions d’euros TTC (Source fabricant). Ce chiffre totalise uniquement la distribution vers le particulier via ce canal. La valeur du marché des maisons de retraite et des hôpitaux s’élève à 150 millions d’euros HT (source fabricants) pour les produits palliatifs non remboursés avec 60 % en hôpitaux et 40 % en maisons de retraite. Cette typologie de client, dont l’achat de palliatifs passe généralement par des appels d’offre, est adressée principalement par les fabricants eux-mêmes. Cependant, certaines petites maisons de retraite peuvent passer par des revendeurs, grossistes, magasins spécialisés voire même des pharmacies pour certaines d’entre elles. Le marché est sous valorisé et sous exploité du fait du tabou de l’incontinence dans nos sociétés et de la gêne vis-à-vis de l’achat pour les incontinents légers. En effet, cette catégorie d’incontinent a recours à des substituts tels que les mouchoirs en papier ou les protections périodiques pour l’hygiène périodique féminine. Les fabricants de protège-slips ont bien observé ce phénomène, si bien que Vania, spécialisé dans les protections hygiéniques a lancé sa protection « Vania intensia » à destination des incontinents légers, sans pour autant, communiquer clairement sur l’utilisation de cette nouvelle gamme de produits. Ce succès commercial auprès des incontinents légers démontre le tabou qui règne autour de l’incontinence et de l’acte d’achat des petites protections anatomiques. Une question demeure sur les conséquences possibles et avérées de l’utilisation de ces substituts dans le cas de l’incontinence qui peut à terme entraîner de nouvelles pathologies comme les infections urinaires, les escarres... Les tarifs des protections en France Le panier moyen d’un incontinent qui utilise les protections adéquates est compris entre 30 € et 150 € par mois selon le type d’incontinence. Prenons le cas d’une personne touchée par une incontinence légère. Elle aura une consommation de l’ordre de 3 protections sur un cycle de 24 heures, 2 en journée et une pour la nuit. Elle aura donc besoin en moyenne de 90 protections dans le mois, ce qui correspond à un coût réel de 38 euros. Dans le cas d’une personne touchée par une incontinence moyenne à forte, la consommation en moyenne sera de 2 slips absorbants en journée et 1 pour la nuit ce qui correspond à un coût réel de 133 euros. Prise en charge des solutions absorbantes pour incontinence urinaire L’utilisation de solutions absorbantes est parfois la seule solution pour soulager les patients ou patientes atteintes d’incontinence urinaire. De nombreux produits ont été développés de manière spécifique pour cette indication. Il existe santé log – Soin à domicile n° 19 – Mars-Avril 2011 35 DOSSIER Marché et prise en charge des produits absorbants cependant une très grande disparité de prise en charge concernant la couverture sociale en fonction des produits d’une part mais également entre les différents pays de l’Union Européenne. Concernant le France, actuellement seules deux possibilités de prise en charge sont envisageables lorsque l’utilisation de solutions palliative est rendue nécessaire par la situation sanitaire du patient. Chez l’homme, les étuis péniens qui sont adaptés à la prise en charge des incontinences moyennes à sévères sont actuellement partiellement ou totalement remboursés par l’assurance maladie et les assurances complémentaires. Ces étuis péniens sont principalement utilisés dans le contexte de l’incontinence urinaire en rapport avec un dysfonctionnement vésico-sphinctérien d’étiologie neurologique ou faisant suite à une prise en charge chirurgicale notamment du cancer de prostate avant implantation d’un sphincter artificiel. Concernant les protections absorbantes, la seule possibilité actuelle de prise en charge concerne les patients de plus de 60 ans pouvant bénéficier de l’APA avec comme conséquence une captation allant de 30 à 50 % du budget normalement consacré à « l’Autonomie ». Au sein de l’Union Européenne, la plupart des pays ont mis en place une procédure de couverture sociale permettant de ne pas laisser aux patients la charge financière des protections et solutions palliatives pour incontinence urinaire. Les protections ne sont pas remboursées en France Contrairement à la majorité des pays européens, les protections absorbantes ne sont pas remboursées en France par l’assurance maladie. Par ailleurs, le taux de TVA appliqué en France est de 19,6 %. Aujourd’hui l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) est la seule aide qui permet de financer l’achat des produits palliatifs. L’Allocation personnalisée d’autonomie (APA), entrée en vigueur le 1er janvier 2002, s’adresse aux personnes âgées de 60 ans ou plus dont le niveau de dépendance est évalué en GIR (groupes iso-ressources) 1 à 4. 36 Mars-Avril – Soin à domicile n° 19 – santé log La grille AGGIR La grille AGGIR (Autonomie Gérontologique Groupe Iso-Ressources) classe les personnes âgées en six niveaux de perte d’autonomie : • GIR 1 : les personnes confinées au lit ou au fauteuil ayant perdu leur autonomie mentale, corporelle, locomotrice et sociale, qui nécessitent une présence indispensable et continue d’intervenants. • GIR 2 : les personnes confinées au lit ou au fauteuil dont les fonctions mentales ne sont pas totalement altérées et qui nécessitent une prise en charge pour la plupart des activités de la vie courante, ou celles dont les fonctions mentales sont altérées mais qui ont conservé leurs capacités motrices. • GIR 3 : les personnes ayant conservé leur autonomie mentale, partiellement leur autonomie locomotrice, mais qui nécessitent quotidiennement et plusieurs fois par jour des aides pour leur autonomie corporelle. • GIR 4 : les personnes qui n’assument pas seules leur transfert mais qui, une fois levées, peuvent se déplacer à l’intérieur du logement. Elles doivent être aidées pour la toilette et l’habillage. • GIR 5 et GIR 6 : les personnes très peu ou pas dépendantes. En fonction du niveau de GIR de la personne et de ses revenus, le montant de l’APA qui lui sera versée est défini. Une prise en charge par l’assurance maladie des protections absorbantes ? Afin d’améliorer la prise en charge des patients atteints d’incontinence urinaire en France, il faudrait une prise en charge par l’assurance maladie des protections absorbantes chez l’homme et chez la femme en cas d’incontinence modérée à sévère. Cette prise en charge devrait reposer sur une prescription médicale effectuée par un professionnel de santé. Le coût global estimé d’une telle mesure serait d’environ 200 millions d’euros annuels. Le coût pour la collectivité est estimé à 700 millions d’euros par an. Il est actuellement impossible de chiffrer avec précision le nombre de placements en institution motivés par la perte du contrôle sphinctérien. Les évolutions démographiques attendues dans la plupart des pays industrialisés dans les prochaines décennies font de ce handicap un enjeu majeur de santé publique. • • DOSSIER A lire sur le web www.santelog.com/id19 www.santelog.com/id1912 Education Thérapeutique - Prévention - Recherche L’incontinence urinaire de l’adulte, véritable fléau de santé publique, puisqu’il concerne plus de 3 millions de personnes en France, reste encore un sujet tabou portant reconnu comme un véritable handicap. Plusieurs actions sont conduites pour améliorer l’information auprès du grand public. Il existe aussi une volonté des tutelles sanitaires de former les professionnels de santé à tous les niveaux de prise en charge. Ces efforts de formation et d’information doivent s’accompagner d’études épidémiologiques pour évaluer la situation médicale, sociale et économique et mettre en évidence les effets de ces campagnes. L’éducation thérapeutique du patient, nouveau concept en vogue voit ici, avec l’incontinence, un champ d’intervention tout à fait pertinent. Information du grand public Une brochure d’information grand public élaborée depuis 2004 par le département d’éducation de santé de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie de Paris, a connu un vif succès démontrant ainsi le besoin d’éducation sur cette thématique. L’association française d’urologie (AFU) par une diffusion vers le grand public, via les médias, informe sur l’incontinence et les possibilités de prises en charge efficaces. Ces actions visent surtout à informer le public sur l’incontinence urinaire, ses moyens de prévention et ses solutions thérapeutiques. Formation initiale et continue des professionnels de santé S Source : A Association i i F Française i d’U d’Urologie l i (AFU) http://www.urofrance.org Les enquêtes socio-épidémiologiques françaises montrent que plus de la moitié des adultes souffrant de ce handicap ne souhaitent pas en parler, même aux professionnels de santé. Les raisons de ce silence sont d’une part le sentiment de honte lié à ce handicap et d’autre part la croyance qu’il n’y a pas de traitement curateur médical. La plupart des recommandations de prise en charge de l’incontinence urinaire en France comme à l’étranger insistent sur le rôle du médecin traitant en tant qu’acteur essentiel pour le diagnostic et la mise en place du traitement de 1ère ligne. Or l’incontinence urinaire durant les études de médecine n’est abordée que très brièvement, une heure tout au plus. Il est donc absolument nécessaire de former les futurs professionnels dès leur formation initiale, sur sur ce fléau de Santé Publique extrêmement fréquent et qui tend à se développer avec le vieillissement de la population, dans les prochaines années. De même au niveau de la formation médicale continue, il est nécessaire d’organiser via les organismes de formation professionnelle une « mise à niveau » ou « rattrapage » des professionnels en exercice vis-à-vis de la prise en charge de l’incontinence. santé log – Soin à domicile n° 19 – Mars-Avril 2011 37 DOSSIER Education thérapeutique - Prévention - Recherche Prévention de l’incontinence urinaire Infirmière clinicienne spécialisée en incontinence urinaire La connaissance des facteurs de risque de l’incontinence urinaire de la femme qu’elle soit d’effort ou secondaire à une hyperactivité vésicale, peut permettre de développer une stratégie thérapeutique préventive voire curative. La grossesse et l’accouchement sont reconnus comme facteurs de risque majeurs de l’incontinence urinaire d’effort. Ainsi le nombre de d’accouchements par voie basse, des enfants avec un poids de naissance supérieur à 4 kg, les accouchements difficiles avec manœuvres instrumentales sont autant de facteurs de risque. D’autres facteurs de risque non obstétricaux, comme les activités chroniques favorisant l’hyper pression abdominale ou les excès de pression sur le périnée, telles que la course à pieds, le port de charge lourde, etc., peuvent aussi être cause d’incontinence d’effort. Pour prévenir ce type d’incontinence en regard des facteurs de risque connus il est possible de mener des actions préventives en informant, dépistant et en luttant contre les situations venant altérer la fonction vesico-sphinctérienne. Ainsi afin de prévenir, ou d’éviter l’aggravation d’une incontinence, on peut proposer des consultations de prévention des troubles vésico-sphinctériens et de l’incontinence urinaire. C’est ce qui existe chez la femme enceinte avec les consultations pré et post partum qui doivent interroger systématiquement sur l’existence de signes urinaires. La prise en charge de l’incontinence urinaire en première intention repose en grande partie sur l’éducation du patient, la suppression des facteurs de risque et l’étude du calendrier mictionnel. Ainsi dans l’incontinence urinaire par distension vésicale, qui peut entrainer une hyperactivité vésicale et/ou une incontinence urinaire d’effort, les simples mesures d’auto rééducation vésicale permettent un taux de guérison pouvant atteindre 40 %. Ce taux de guérison sans aucun traitement médicamenteux, chirurgical ou par kinésithérapie est expliqué en grande partie par les modifications de comportements mictionnels induits par l’éducation thérapeutique. L’infirmière en remettant le calendrier mictionnel, va en plus de son action diagnostique, ajouter une action thérapeutique en incitant le patient a observé son comportement mictionnel. Recherches épidémiologiques La plupart des études épidémiologiques sont des observations des fréquences conduisant à l’étude de causalité de l’incontinence par l’étude des facteurs favorisant. En revanche peu d’études se sont portées sur l’évolution de l’incontinence dans le temps. Beaucoup de traitements ont été mis sur le marché sans réelle étude médico-économique de leur impact en matière de santé publique. La haute autorité de santé (HAS) incite ce type d’étude épidémiologique visant à obtenir une meilleure connaissance de la physiopathologie de l’incontinence, et de l’impact médical, psychologique, sociale et économique des différents traitements et mode de prise en charge de ce handicap. Ces actions de recherche doivent être menées en partenariat entre les structures de recherche en santé publique, les sociétés savantes impliquées dans la prise en charge de l’incontinence urinaire et les organismes participant au financement des traitements. Ce type d’approche est typiquement orchestré par les réseaux de soins qui disposent d’un outil informatique permettant la constitution d’un registre, comme Périnice. 38 Mars-Avril – Soin à domicile n° 19 – santé log L’infirmière « spécialisée en incontinence » prendra le temps nécessaire pour expliquer les mesures d’auto-rééducation et le calendrier mictionnel. Ce temps est indispensable à l’obtention d’un bon taux d’observance et par là même de guérison. Certains pays européens, comme le RoyaumeUni notamment, ont donné une place essentielle aux infirmières pour la prise en charge de l’incontinence urinaire. Ces pays ont formé des « infirmières cliniciennes » agissant en étroite collaboration avec les médecins omnipraticiens ou spécialistes avec des tâches particulières dans le contexte de l’incontinence urinaire : - Evaluation des facteurs de risque - Etude du calendrier mictionnel et du comportement alimentaire - Conseil sur l’utilisation des solutions palliatives - Mise en place des programmes de rééducation mictionnelle - Education et information et des patients - Apprentissage des techniques d’auto-sondage En France, deux formations universitaires ouvertes aux professions paramédicales sont actuellement opérationnelles : le DIU de l’infirmière spécialisée en Urologie (Université de Rouen et Université Paris VI), le Diplôme d’Assistant en Pathologie prostatique (Université Paris V). Par ailleurs, dans certains établissements spécialisés, les infirmières stomathérapeute interviennent ponctuellement pour la prise en charge de l’incontinence et l’apprentissage des techniques d’auto-sondages. L’HAS propose de créer une spécialisation d’infirmières cliniciennes pour la prise en charge de l’incontinence urinaire. Cette spécialisation basée sur une formation initiale reconnue, une formation continue et une évaluation des pratiques permettrait d’améliorer de manière significative la qualité des soins prodigués aux patients souffrant d’incontinence urinaire. Incontinence et gériatrie La survenue d’une incontinence urinaire chez la personne âgée est souvent considérée comme « naturelle » et inévitable. Elle précipite le sujet âgé vers la dépendance voire l’institutionnalisation. Les modifications démographiques attendues ces prochaines années imposent la mise en place d’une politique de santé publique active et volontariste sur cette question. Celle-ci pourrait se décliner en plusieurs actions d’éducation, de formations des professionnels de santé, de prévention et de dépistage visant à prendre en charge les troubles urinaires de l’adulte à un stade le plus précoce possible. Ces actions peuvent s’intégrer dans le cadre de l’ « Evaluation Gériatrique Personnalisée » actuellement expérimentée dans certains départements. La recherche d’une incontinence urinaire doit faire partie des items systématiques lors de la consultation de prévention et dépistage mise en place chez les médecins traitants pour les adultes âgés de plus de 75 ans. La prise en charge des solutions palliatives doit être proposée uniquement après une enquête diagnostique, dans le but d’éviter le recours trop systématique à l’utilisation de protections (traitement palliatif) sans tentative de soins curatifs. Incontinences d’origine neurologique L’incontinence urinaire est retrouvée dans de nombreuses maladies neurologiques telles que la sclérose en plaques, les lésions de la moelle épinière traumatiques ou médicales, la maladie de Parkinson, etc. Les troubles urinaires sont source, chez ces patients, non seulement de handicap social majeur mais aussi de morbidité et de réhospitalisation importantes. Ces complications représentent un coût très élevé de prise en charge dans les pays où celle-ci peut être effectuée. Afin de répondre à la forte hétérogénéité du suivi de ces patients, des recommandations ont été récemment élaborées par les sociétés savantes : Groupe d’Etudes de Neuro-Urologie de Langue Française (GENULF), Association Française d’Urologie (AFU), Société Française de Médecine Physique et de Réadaptation (SOFMER) et doivent servir de référentiel pour les praticiens français. La prise en charge de ces troubles est rendue complexe par plusieurs facteurs. En effet, elle n’est pas séparable des autres déficiences qu’entraîne la lésion neurologique : troubles moteurs, du tonus musculaire, trophiques et cutanés, végétatifs, cognitifs. Les possibilités thérapeutiques plus nombreuses mais plus onéreuses imposent de nombreuses précautions et leur application nécessite une concertation multidisciplinaire pour s’adapter au mieux aux patients. C’est là encore une des qualités de la prise en charge en réseau. Malheureusement ce type de plateforme de prise en charge multidisciplinaire est peu répandu sur le territoire national. L’HAS propose dans le cadre de la prise en charge des troubles vésico-sphinctériens liés à une maladie neurologique, une structuration sur le modèle des centres de référence des maladies rares associant un haut niveau de technicité médicale et une implication scientifique forte. Le cahier des charges de tels centres labellisés de neuro-urologie pourraient être les suivants : - Un plateau technique et médical performant sous la responsabilité d’un médecin coordonnateur associant sur le même site différentes spécialités en particulier de médecine physique et de réadaptation et d’urologie. L’accès aisé au plateau technique d’évaluation coûteux que sont au minimum le scanner, l’échographie, l’urodynamique, la cystoscopie et la biologie. - Un lien contractuel avec les structures sanitaires et médico-sociales en charge de ces patients - Une implication dans l’élaboration de recommandations de suivi et de traitement basées sur une implication de recherche forte. - Des actions de formation auprès des personnels médicaux et de soins - Une capacité à formaliser l’information auprès des associations de patients et de leurs familles - La participation à l’amélioration des compétences professionnelles des personnels paramédicaux. - La reconnaissance de leur nécessité dans le parcours de soin des patients. Handicap et incontinence Actuellement l’incontinence est enfin considérée comme un handicap. C’est un point positif. Le point négatif est que cette qualification entraine de facto une démarche vers les prestations de compensation sans plus d’investigation, comme pour tout autre handicap. Dans le cadre de l’incontinence, il est nécessaire et indispensable, avant de passer à la phase de compensation d’un handicap irréversible, de santé log – Soin à domicile n° 19 – Mars-Avril 2011 39 DOSSIER Education thérapeutique - Prévention - Recherche s’assurer de l’origine et de la curabilité de la pathologie générant les fuites. En effet pour pouvoir qualifier l’incontinence comme étant au-delà de toutes ressources thérapeutiques il faut s’assurer qu’un bilan minimal a été réalisé selon les bonnes pratiques médicales. A l’issue de ce bilan et une fois seulement que toutes les ressources thérapeutiques auront été épuisées, la compensation pourra être envisagée comme pour tout handicap définitif. Pour faire un bilan de qualité, la meilleure prise en charge est pluridisciplinaire. Cette démarche préalable est fondamentale pour le patient au niveau médico-psycho-social, tout autant qu’au niveau médico-économique, les thérapeutiques ayant un coût moindre que tous les traitements palliatifs, de protection, de nursing etc... Au-delà de l’intérêt économique indéniable, ce type de prise en charge est fondamental pour ces patients qui subissent ce handicap qui peut être curable. C’est aussi l’intérêt psychologique et social qu’il faut mettre en avant pour permettre à ces patients de bénéficier de toutes les possibilités d’améliorer leur qualité de vie. Ce n’est qu’après un long cheminement du diagnostic à toutes les possibilités thérapeutiques qu’on accompagnera le patient vers le deuil de sa guérison lui donnant droit à une compensation pour ses soins palliatifs. Conclusion La perception de l’incontinence dans la population évolue bien heureusement positivement. C’est une prise en charge d’un handicap à part entière et en même temps particulier car pouvant être amélioré, dans bon nombre de situations, voire guéri complètement. Ce véritable fléau de santé publique ne doit pas être méconnu et sous traité par les professionnels de santé. Il est possible d’apporter à ces victimes une réelle amélioration de la qualité de vie avec quelques moyens simples et moins couteux qu’un traitement définitivement palliatif. Les institutions et les tutelles ont bien compris cet enjeu et c’est dans ce sens que les actions sont entreprises. Il en va de la qualité de vie et de la Santé au sens large du terme, de plus en plus de nos concitoyens. La diversité des dogmes sur les traitements de ce handicap nous oriente ostensiblement vers une prise en charge qui pour être de qualité passera par la structuration des professionnels en réseau de soins. Des recommandations pour la bonne pratique clinique et des réunions pluridisciplinaires de prise de décisions thérapeutiques vont progressivement mais surement s’installer dans les prochaines années, sous l’égide de la haute autorité de santé. Des progrès ont été faits et d’autres restent à réaliser, en particulier vis-à-vis du remboursement des traitements efficaces qu’ils soient curatifs ou palliatifs, de nouvelles génération ou non. La formation des professionnels aurait aussi besoin d’un sérieux coup de pouce pour rendre plus efficace cette prise en charge. La machine est en route, souhaitons seulement qu’elle continue son chemin vers une réelle prise en charge, adaptée, de qualité de l’incontinence, afin de nous amener au même niveau que nos voisins d’outre manche. 40 Mars-Avril – Soin à domicile n° 19 – santé log