La Turquie décolle
Transcription
La Turquie décolle
18 | Opportunités Turquie La Turquie décolle Forte croissance, proximité de l’Europe, population jeune à fort pouvoir d’achat: le surdoué du Bosphore attire les convoitises comme débouché et formidable tremplin pour le Proche-Orient, l’Asie et l’Afrique du Nord. Par Michael Flückiger La seule métropole qui soit à cheval sur deux continents: Istanbul, carrefour du commerce mondial. L a Turquie est en plein boom, et la santé insolente de Tur Turcs. Semi-privée, la compagnie progresse tous azimuts. Elle a supplanté Lufthansa et Swiss en termes de qualité en 2012 et a acquis une notoriété mondiale en sponsorisant le FC Barcelone. Avec 90 destinations de par le monde, Turkish Airlines est la plus internationale des compagnies aériennes. Du coup, la Turquie devient un hub de première importance. A preuve, le nouvel aéroport d’Istanbul, prévu pour 2016 et taillé pour 150 millions de passagers par an. Un record mondial. Destination nouveaux marchés «Chaque nouvelle destination desservie par Turkish Airlines permet aux hommes d’affaires turcs de nouer de nouveaux contacts», constate Devrim Yetergil, la fondatrice de Yetergil Kiefer Management Consulting. D’origine turque, elle conseille sur mandat de l’Osec des clients ayant des projets complexes, par exemple dans les techniques médicales ou les machines-outils. «Si la Turquie, par bien des aspects sociétaux, demeure empreinte de tradition, elle est très tournée vers l’Occident sur le plan économique. Sa proximité avec l’Europe, son rôle de plaque tournante internationale et ses nombreux marchés porteurs font saliver investisseurs et exportateurs.» En 2012, la Suisse a exporté en Turquie pour 1,83 milliard de francs de pro- duits et services. Aujourd’hui, elle est présente sur place via quelque 600 sociétés. Et le potentiel est loin d’être épuisé. Pour Devrim Yetergil, les chances se situent surtout dans le et les machines-outils. Elle observe également de nouvelles tendances dans l’alimentation, où les changements de style de vie se traduisent par une consommation grandissante logistique ont du retard à rattraper, de même que le secteur de l’énergie, toujours très dépendant des combustibles fossiles mais qui entend se moderniser. La Turquie prévoit également d’investir des milliards dans les technologies de ! " ! de l’UE, des secteurs dans lesquels les entreprises suisses proposent des solutions novatrices. L’emballage offre lui # $ % est un site de production très prometteur pour l’industrie automobile. Perspectives de croissance durables Alberto Silini, Head of Consultancy Near Markets à l’Osec, est lui aussi convaincu de la croissance durable de ce pays de 75 millions d’habitants: «La Turquie devrait devenir l’une des premières puissances économiques de la planète, car les milieux économiques et politiques tirent à la même corde.» Et Alberto Silini de renvoyer aux importations 19 (180 milliards d’euros), en forte hausse en 2011, et au fait que, malgré la crise de l’euro, le pays a pu réduire son endettement et fortement progresser dans les notations de crédit de l’OCDE. Mais il ne cache pas les points faibles du pays !portations d’énergies fossiles. Le pays reste fortement axé sur la zone euro, sa croissance a ralenti, passant de 8,5% en 2011 à 2,9% en 2012. Reste que la Turquie demeure le meilleur élève d’Europe sur ce point. Survol Ankara Portes ouvertes pour les entreprises high-tech suisses Ces prochaines années, le pays investira massivement dans les infrastructures, les transports, l’énergie et la santé. Mais la Turquie est peu innovante et n’a pas pu développer les techniques pointues dont elle a besoin. C’est là que s’ouvrent des chances pour la Suisse: «Dans les technologies de base ou intermédiaires, la Turquie est en concurrence avec l’Asie. Elle entend donc mettre l’accent sur les technologies haut de gamme, davantage créatrices de richesses.» Avec des salaires moyens de 400-450 euros par mois, la Turquie est un lieu de production à prendre au sérieux. Parallèlement, les entreprises turques tissent leur toile au Proche et Moyen-Orient et jusqu’en Afrique du Nord. La Turquie devient dès lors un carrefour commercial incontournable et le principal point d’accès à l’Orient (et à l’Asie). Les perspectives sont excellentes. Pour autant, Devrim Yetergil appelle à la prudence. «Les entreprises suisses ne doivent pas sous-estimer l’importance des relations personnelles. Elles nécessitent du temps et une présence sur site.» C’est souvent au niveau du prix que les choses coincent. Les Turcs sont durs en affaires. Chaleureux dans d’aplomb. «La retenue n’est pas de mise: les Suisses doivent apprendre à composer avec des émotions fortes et à montrer eux-mêmes leurs émotions.» Commercial Office à Istanbul En mai 2013, l’Osec ouvrira à Istanbul un nouveau Com'* !+/$ sur le marché turc, pour leurs recherches de débouchés ou de partenaires de distribution et leurs efforts d’expansion. Une chose est sûre: Turkish Airlines met le Bosphore à deux heures seulement de Zurich. Mais Swiss aussi! Plus d’informations: Superficie: 780 580 km2 (env. 19 fois la Suisse) Population: 75,8 millions (2011) (env. 10 fois plus que la Suisse) PIB/habitant: 10 150 CHF (2012) Echanges Suisse-Turquie (2012): 2,96 mia. CHF Exportations (2012): 1,83 mia. CHF Importations (2012): 1,13 mia. CHF Ces dix dernières années, la Turquie, grâce à sa croissance annuelle de plus de 5%, s’est classée parmi les pays les plus performants de la planète. Mais si le pays a progressé de 9,2% en 2010 et de 8,5% en 2011, il a été rattrapé par la crise de l’euro, qui a fait tomber sa croissance en 2012 à 2,9%, même si ce résultat fait de lui le champion européen en la matière. Forte de 75 millions d’habitants, la Turquie est, derrière l’Allemagne, le deuxième pays le plus peuplé du Vieux Continent, même si elle n’est européenne qu’à 3% puisque la majorité de son territoire est situé au-delà du Bosphore, en Asie. Métropole économique et financière du pays, Istanbul abrite près de 16 millions d’habitants. Par ailleurs, le pays accueille actuellement quelque 600 entreprises suisses. Jusqu’ici, la Turquie était surtout choisie par de grands groupes, mais des PME y font leur apparition depuis peu. Elles sont aux deux tiers actives dans les domaines de la chimie/ pharmacie et des machines. Les importations suisses en provenance de la Turquie restent pour 25% constituées de textiles et pour 18% de produits agricoles. Point noir de l’économie turque, le déficit commercial, abyssal, est pourtant contrebalancé par les investissements étrangers. Le secteur bancaire et de l’assurance est en plein essor. Mais la Turquie n’occupe qu’une place de second rang dans le Global Innovation Index. Economie turque 2011 2012 Prévisions 2013 PIB (mia. CHF) 716 783 839 PIB/habitant (CHF) 9636 9724 10 291 Croissance du PIB 8,5% 2,9% 3,5% Chômage 9,7% 9,4% 9,8% Inflation (%) 10,4% 6,4% 5,7% Exportations suisses en Turquie 2011 2012 +/– Total en mio. de CHF 2147 1836 – 14,4% Produits pharmaceutiques 32.1 31.2 – 3,1% 26.3 23.8 – 9,5% 8.5 5.6 – 34,1% www.osec.ch/fr/country/Turkey Machines Produits chimiques Sources des chiffres: Informations pays, SECO, février 2012