Sensibilisation à la surdité

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Sensibilisation à la surdité
« Etre communicant, c’est être
ouvert, affirmé, indépendant,
ainsi accorder plus d’importance à
l’individu qu’à l’information.
Considérons la différence de
l’autre comme une richesse. ».
www.psychanalysemagazine.com
« La parole est
d'argent, le silence
est d'or, et le geste
est de diamants »
-Nicolas Baheu – interprète et interface de communication
Sommaire :
Introduction.
1-Qu’est ce que la surdité ? ............................................................ 6
1.1- La surdité : un handicap vaste...................................................................................................... 7
1.2-Les appareillages. .......................................................................................................................... 9
1.3-Les méthodes de communication. .............................................................................................. 10
2-Les répercussions de la surdité .................................................. 12
2.1 Le problème de l’éducation......................................................................................................... 13
2.2 Les conséquences de la surdité. .................................................................................................. 13
2.3 La culture sourde. ........................................................................................................................ 14
3-Quelques conseils d’adaptation. ................................................ 15
3.1 Le bruit, le pire ennemi du déficient auditif ! ............................................................................. 16
3.2 La lecture labiale ......................................................................................................................... 16
3.3 Le problème des débats et des exposés...................................................................................... 18
Conclusion.
Bibliographie.
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Sensibilisation à la surdité – R.Montagne-
Introduction :
Dans le cadre de l’égalité des chances, une loi redéfinissant les droits des personnes
handicapées fut instaurée le 11 février 2005, il s’agit de la Loi Handicap. Cette dernière affirme que
tout individu handicapé a le droit de s’inscrire dans un établissement scolaire de son choix, à
proximité de son domicile géographique avec un suivi régulier et personnalisé (majoration d’un tierstemps durant les examens, accompagnement avec un tuteur).
Malgré le fait que la convention a impulsé le développement contre handicap, sa mise en
œuvre effective tarde, 4 ans après avoir été promulguée, cette loi présente des limites comme le
manque de moyens mis en œuvre. D’ailleurs, des associations déplorent l’absence d’informations
chez les enseignants en raison d’un manque de sensibilisation ou de médiateurs. Par conséquent, le
personnel pédagogique d’un établissement scolaire peut très bien ne pas savoir comment accueillir
un individu en situation d’handicap.
De nombreux personnes disent qu’il n’existe point de « personnes handicapés » mais des
« situations d’handicap ».En effet le handicap n’est pas une déficience qui peut être considérée d’un
point de vue individuelle mais d’un point de vue collectif puisqu’il résulte des obstacles rencontrés
par une personne à l’encontre d’un environnement mal adapté. C’est aussi l’un des objectifs de ce
dossier, c'est-à-dire vous informer comment appréhender une nouvelle approche de la relation
(voire de la communication) et surtout observer la surdité sous un angle positif. Des conseils parfois
anodins peuvent apporter beaucoup de bien.
Etant donné les préjugés rencontrés par les malentendants et les sourds dans la vie
quotidienne, il est nécessaire de définir avec précision la notion vague de « surdité ». Comment les
sourds et les malentendants se communiquent-ils ? Dans la mesure du possible, il existe de
nombreuses technologies pour combler la perte auditive mais qui sont-elles ?
Même si toutes les surdités ne sont pas semblables, les conséquences demeurent les mêmes.
Une perte d’audition influencera le développement psychologique de l’individu, son intégration
sociale et professionnelle. Nous verrons aussi comment une déficience auditive peut amener à la
constitution d’un groupe culturel qui possède des valeurs et des pratiques sociales spécifiques.
Après une prise de conscience du phénomène de la surdité, nous verrons comment on peut
minimiser les conséquences d’une perte de l’ouïe même si des problèmes persisteront encore.
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Sensibilisation à la surdité – R.Montagne-
1-Qu’est ce que la surdité ?
-« Je suis tellement heureux lorsque je me promène dans les bois, parmi les arbres, les fleurs
et les rochers. Personne n'aime la campagne autant que moi. Ici, la surdité ne me préoccupe plus. »-Ludwig Van Beethoven1-
-Handisol-
1
Ludwig Van Beethoven fut atteint d’une surdité progressive, dès 1789 (à 26 ans) mais qui se révèle qu’en
1796 et qui aboutit à une surdité totale en 1816. Le fait qu’il a continué à composer des œuvres magistrales à
l’instar de la IX symphonie suscite l’admiration.
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Sensibilisation à la surdité – R.Montagne-
1.1- La surdité : un handicap vaste.
Nous possédons cinq sens qui nous permettent de percevoir des informations sur le milieu
extérieur. Il est difficile d’envisager l’audition isolément car elle s’associe à la voix afin de
communiquer. Une atteinte précoce de l’audition aboutit à la mutité d’où l’expression « sourdmuet ». En effet, certains sourds éprouvent des difficultés à parler car ils ne s’entendent pas mais il
ne s’agit absolument pas de mutisme puisque leurs cordes vocales fonctionnent parfaitement alors le
terme « sourd-muet » n’est plus d’actualité .Désormais, les sourds parlent très peu à la naissance
car ils n’ont pas encore appris à parler or la surdité se dépiste de plus en plus tôt grâce à l’essor de la
médecine permettant alors une meilleure prise en charge dès l’enfance.
En 2005, on estime qu’il y a environ 4.000.000 français atteints de troubles de l’audition pour
une proportion avoisinant les 7 % de la population française.
Voici une classification sommaire des bruits :
Amplitude du son : en décibels.
Fréquence du son : en Hertz. Plus
elle est faible (seuil minimale 20
hertz), plus le son est grave et à
fréquence élevée correspond un son
aigu. (Limite maximale 20.000 hertz)
Remarque : l’échelle des décibels
est une échelle logarithmique.
Abaisser un bruit de trois décibels
correspond à une division par 2 du
niveau sonore, six décibels une
division par quatre…
La surdité se définit comme une perte et une altération de l’acuité auditive. Au fil du temps ,
les mots ont tendance à évoluer ainsi le terme sourd-muet devient le mot déficient auditif pourtant
il semblait gêner quelques personnes car il se réfère à celui de la déficience mentale. Du coup, les
sourds sont devenus des malentendants. Cependant l’OMS considère qu’il faut distinguer ces mots
en fonction des degrés de surdité et de l’origine de la perte de l’ouïe.
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Sensibilisation à la surdité – R.Montagne-
Les différents degrés de surdité (en fonction d’une moyenne des pertes pour 3 fréquences
données).
Une personne ayant une perte estimée en dessous de 20 dB a toujours une audition
normale.
Surdité légère (perte de 20 à 40 dB) : La parole normale est perçue mais certains éléments
phonétiques sont faussés, il y a une certaine difficulté à percevoir des sons aigus. Quant à la voix
faible, elle n’est pas facilement audible.
Surdité moyenne (perte de 40 à 70 dB) : Une hausse de la voix, un rythme lent voire une
articulation sont nécessaires à une bonne communication cependant l’appareillage est conseillé.
On parle plutôt d’individu malentendant. Ce dernier peut suivre une conversation
téléphonique via un appareillage et participer à une conférence si l’articulation est suffisante.
Surdité sévère (perte de 70 à 90 dB) : La mutité est certaine sans prise en chargé éducative et
sans appareillage. Il est très conseillé d’avoir recours à une éducation spécialisée.
Surdité profonde (perte supérieure à 90 dB) : Ne disposant que de restes auditifs, l’individu
sourd doit s’équiper d’appareils auditifs ou d’implants cochléaires. L’éducation avec un apport
gestuel est primordiale (orthophoniste, interprète, médiateur). Mais il y a un choix à faire avec la
langue des signes d’autant plus que l’articulation doit être accentuée et fluide. Au sein de ce seuil ,
on recalcule le degré de surdité selon une moyenne des pertes pour 4 fréquences données :
Surdité profonde 1er groupe (90 à 100 dB)/Surdité profonde 2ème groupe (100 à 110
dB).Surdité profonde 3ème groupe (110 à 120 dB).
Au delà de cette limite, on parle de surdité totale soit de cophose ou d’anaphose.
On pourra dire que ces pertes sont ceux d’un individu sourd. Il ne peut pas téléphoner et ni
suivre sereinement un débat de façon autonome.
Quelques chiffres :
répartition des français déficients auditifs
selon leur degré de surdité en 2005.
9% 3%
légère
moyenne
32%
56%
sévère
profonde
degré de
surdité
légère
moyenne
sévère
profonde
nombre de
français
2 308 400
1300000
372 000
111 600
Source : Ministère de la santé.
La différence entre ces deux mots reste difficile à maitriser même chez les audioprothésistes.
De plus le dictionnaire définit l’individu sourd comme celui qui perçoit mal ou pas du tout les sons or
l’euphémisme « malentendant » s’apparente à la perte de l’acuité auditive. Ces définitions sont
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Sensibilisation à la surdité – R.Montagne-
similaires donc un individu sourd profond (congénitale, progressive) peut être considéré, à tort,
comme étant malentendant s’il est intégré dans un milieu ordinaire (comme moi). Hélas, le mot
sourd heurte la société du coup certains véritables sourds, victimes du « politiquement-correct» se
déclarent malentendants.
Un individu sourd dès la naissance à cause d’une maladie héréditaire ou d’une infection
survenue durant la grossesse de la mère (le fœtus entend dès la 22ème semaine) n’a aucune ou peu
d’expérience avec le son. Sans support visuel, l’enfant sourd ne peut structurer son langage et la
développer à l’aide de données provenant de l’extérieur. Seule une communication visuelle réduit
les conséquences alors que ces enfants disposent de capacités intellectuelles intactes. Favorisant un
langage gestuel, ces personnes ont une scolarité adaptée (cf. chapitre 2.1).
Notons qu’il y a 88 % des déficients auditifs qui sont des « devenus sourds » autrement dit
des personnes qui ont subi une perte de l’ouïe en raison de traumatismes, des médicaments, des
maladies et surtout à une exposition permanente des bruits au-delà de l’âge de 5 ans. On peut aussi
inclure les personnes âgées (risque de presbyacousie dès 50 ans). Ensuite, un devenu sourd n’est pas
forcément sourd puisqu’il peut être malentendant.
Le meilleur moyen pour savoir si la personne que vous connaissez est sourde ou
malentendante est de lui poser la question et surtout lui demander ses difficultés. Chaque surdité est
unique.
1.2-Les appareillages.
Heureusement, il existe de nombreuses appareillages adaptés aux déficients auditifs en
fonction de leur degré de surdité. On va s’intéresser aux appareillages standards les plus connues :
Le contour d’oreille est l’appareillage auditif par excellence qui requiert aucune
opération chirurgicale.
Le but de cette prothèse est d’amplifier le son, donc les déficients auditifs
récupèrent quelques décibels. Cependant, il ne retranscrit pas parfaitement
certaines sonorités. L’exemple le plus probant concerne la musique, les
appareillages standards ne peuvent la retranscrire en totalité car la fréquence
est trop élevée : les sons sont discordantes et indistinctes .Puis l’appareillage ne
résout pas le problème du bruit de fond et de la localisation du bruit (cf. chapitre
3.1).
-prothèseLa musique n’est pas mise à part chez les déficients auditifs mais il est
nécessaire de recourir à la fois à l’ouïe (restes auditifs), au toucher (vibrations) et
à la vue (paroles écrites).
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Sensibilisation à la surdité – R.Montagne-
L’implant cochléaire est un appareillage plus puissant que le contour d’oreille. Mais
une opération chirurgicale est nécessaire et des complications peuvent exister.
-Vue d’un implant-
Pour les 2/3 des patients, quelque soit la fréquence,
les sonorités semblent être proches de la réalité.
Néanmoins cette méthode, considérée comme la
panacée de la surdité, suscite de nombreuses
controverses (cf. chapitre 2.3).
.
Le Système FM est un système composé d’une part, d’un boitier faisant guise
de micro et d’autre part de l’appareillage d’un malentendant ou d’un sourd
(implant ou contour d’oreille). Le boitier peut être porté par un enseignant ou
placé prés d’un poste TV et émettra les sons vers l’appareillage de l’individu.
L’avantage de ce système est d’éliminer les effets négatifs de la distance (la
voix humaine perd environ 10 dB tous les 3 mètres).
Ainsi, ces appareils amplifient le son, TOUS les sourds/malentendants appareillés peuvent
percevoir des sons mais ce sont des sons indistincts et peu traitables. On aboutit alors à un constat :
Entendre ce n’est pas la même chose que comprendre surtout pour les situations de surdité sévère
ou profonde. Plus la surdité est profonde, moins l’apport de l’appareillage est efficace. Puis la
société actuelle pose la question : « Est-ce que vous entendez ? » à certains malentendants et
surtout aux sourds qui est plutôt mal placée. Les prothèses ne sont que des béquilles pour l’audition.
1.3-Les méthodes de communication.
Un langage est avant tout un système de signes (gestuel, vocal, graphique…). Entre sourds et
malentendants, la communication se fait avec un canal sous estimé : le canal visuel-gestuel donc il
n’y a en aucun cas un déficit de communication entre les personnes sourdes ou malentendantes
mais entre les personnes atteintes d’une déficience auditive et les normo-entendant. De plus les
sourds disent souvent que l’ouïe n’est que la vue auriculaire. Le choix d’une méthode de
communication d’un individu est souvent lié à celle du milieu familial.
•
Les méthodes oralistes :
La lecture Labiale : lecture des lèvres du locuteur. Malheureusement un excellent lecteur
oral qui est sourd ne comprend que 30% du message d’ où le recours aux mouvements, mimiques du
visage ainsi qu’à la perception vibratoire. Si le locuteur maitrise avec brio son articulation, la
compréhension se trouve doublée avec une bonne connaissance du contexte de la discussion et
l’absence de bruit de fond. Pour le malentendant ce pourcentage tourne autour 70-80 %. Plus les
phrases sont longues ou plus le nombre d’interlocuteurs est conséquent, plus la lecture labiale est
difficile et nécessite de la suppléance mentale.
Le LPC : le Langage Parlée Complétée : c’est un complément d’information qui
permet, par la position des doigts autour du visage, de suppléer les phonèmes se
ressemblant en lecture labiale et mal perçus par les sourds et malentendants. Ainsi
ce langage, prisé chez les personnes implantées, rend tous les sons visibles.
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Sensibilisation à la surdité – R.Montagne-
•
Les méthodes non-oralistes :
Le LDS : le Langage des Signes : c’est l’ensemble des langues donc des systèmes de signes
ayant recours au support gestuel.
La Langue des Signes Française (L.S.F) : C’est une véritable langue de signes qui possède sa
propre syntaxe, sa grammaire, sa propre sémantique et ses dialectes (parfois que 20% de signes en
commun). D’ailleurs, elle n’est pas internationale même si elle ressemble beaucoup à la langue des
signes Américaine. Actuellement, 100.000 à 200.000 français pratiquent cette technique
d’expression où chaque verbe, objet est représenté par un signe de la main, du visage et du corps.
Longtemps persécutée, La LSF fut décriée comme pauvre, ambiguë voire incapable
d’abstraction ce qui est linguistiquement absurde comme le dit le célèbre ethnologue Yves Delaporte
(voir bibliographie). Par exemple, au 19ème siècle, des religieux ont proféré que la parole est une
création de Dieu, une lumière de l’âme alors elle rendrait les sourds plus physiologiquement humains
et meilleurs. En outre, Les signes étaient considérés comme des morceaux de vil métal sans valeur.
Après un réveil chez les sourds vers les années 1960, elle n’a été reconnue comme langue à
part entière le 11 février 2005 (en 1976, l’interdiction fut levée pour le milieu scolaire) après avoir
été interdite à partir de 1880.
-WikipédiaAlphabet dactylologique : il permet de traduire les mots qui n’existent pas en LSF (ex : noms
propres).
Le Français Signé : La parole commande les signes selon la syntaxe de la langue française.
Ainsi en LSF, « je mange une pomme » sera traduit par les signes « pomme » « mange » tandis qu’en
français signé, on signera chaque mot de la phrase « je mange une pomme ».
Le Français écrit : très utilisé chez les sourds, mais à utiliser qu’en dernier recours pour les
dialogues.
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Sensibilisation à la surdité – R.Montagne-
2-Les répercussions de la surdité
« Parler à un sourd, c'est déranger l'une de nos activités volontaires la plus automatique : le
langage. Notre organisme supporte mal cette agression. C'est pourquoi, quelle que soit
notre gentillesse, inconsciemment, nous n'aimons pas les sourds, car ils perturbent en nous
quelque chose de très profond.»
– Professeur Claude Henri Chouard, chercheur ORL -
-Handisol-
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Sensibilisation à la surdité – R.Montagne-
2.1 Le problème de l’éducation.
Le sujet de l’éducation chez l’enfant sourd/malentendant engendre de nombreuses
controverses autour d’une question lancinante : comment enseigner à un enfant sourd ? Au 18ème
siècle, certains enseignants préconisent l’utilisation de la parole pour une meilleure intégration du
déficient auditif au sein de la société et pour d’absurdes raisons d’ordre religieux. D’autres
favorisent plutôt le bilinguisme (Joindre le geste à la parole). Ce débat mondial fut mené par des
entendants au détriment des sourds à l’instar du Congrès de Milan en 1880. En effet, 250 personnes
dont 4 sourds seulement ont voté l’interdiction du langage des signes pour les pays participants
hormis les Etats-Unis et l’Angleterre. Ainsi la plupart des sourds et malentendants étaient
radicalement sous-éduqués, ne pouvant pas faire le lien avec une LDS possédant une pléthore de
dialectes et la langue orale .
Une décennie plus tard, le bilinguisme est autorisé via de différentes lois .Mais il n’existe
encore peu d’enseignement entièrement bilingue. Par exemple, il n’existe qu’une seule université
au monde proposant un programme bilingue dédié aux déficient auditifs : l’université Gallaudet aux
Etats-Unis. Au XXIème siècle, La LSF est boycottée chez certains enseignants spécialisés : les élèves
ne peuvent pas signer entre eux en face des professeurs sous peine d’obtenir des sanctions. Dès
2005 , elle commence à prendre du galon avec la création de l’option LSF au baccalauréat.
Un enfant sourd/malentendant est accueilli au sein d’une classe avec 6 ou 7 élèves ayant
sensiblement le même degré de perte auditive .Le programme scolaire est encadré par 2 enseignants
mais demeure identique à celui des entendants à part le fait que le programme du CP est étalé en 2
ans et le rythme est de 6 jours / 7. Suite à de bons résultats, des groupes de 2 sourds peuvent
intégrer au sein d’une classe normale. Toutefois, l’intégration est à étudier cas par cas, selon les
particularités de l’enfant avec quelques accompagnements proposés.
2.2 Les conséquences de la surdité.
Ces conséquences varient en fonction de l’importance de la perte auditive, de
l’origine de la surdité, de l’appareillage, de la personnalité etc. Le retentissement d’une surdité sur
un enfant ou un adulte sera toujours unique. Seulement en voici quelques généralités :
Retards psychologiques : Les sourds ou malentendants sont très souvent confrontés à des situations
d’inattention et d’oubli, des personnes leur disent « désolé » ou baissent les bras. Ces circonstances
peuvent être interprétés comme du mépris d’où le caractère irritable voire instable et l’absence de
réaction de certaines personnes concernées. Le manque de reconnaissance de la société vis-à-vis
d’une surdité « peu invalidante », handicap invisible aggrave le problème. Dans des cas extrêmes,
ces personnes deviennent alors froids, distants et au pire misanthropes comme Beethoven.
Problèmes sociaux : Lors des réunions de famille et des cours, les sourds et les malentendants ne
peuvent pas suivre les discussions. Par conséquent, l’ennui est présent, ils se lassent de se contenter
des résumés et de faire semblant de rigoler aux sempiternels blagues. C’est pour cela que le sourd
fuit les rassemblements, las de rester inanimé. On ne s’intéresse à lui que par instants. Aussi les
discussions entre les sourds/malentendants et les entendants sont lapidaires, bancals et manquent
de spontanéité. Les situations de dépression sont plus importantes chez les sourds et les
malentendants. Pour se persuader Il suffit de consulter des écrits relatant l’impact de la surdité sur
Beethoven. (cf. : Le testament d'Heiligenstadt).
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Sensibilisation à la surdité – R.Montagne-
Difficultés à propos de la cognition, de la communication (surtout pour les surdités précoces)
précoces :
Peu confronté à la mémoire auditive
Appauvrissement du stock lexical , confond
les nuances ( ironie )
difficultés de syntaxe ( connecteurs
logiques , temps ).
Altération de la voix , mauvaise
prononciation , trop de bruit
Peu d'informations
Moins de culture générale , developpement intellectuel moins
important sans effort personnel
Non respect des consignes , méthodes de cours non comprises ,
recours à des recherches .
La France reste toujours à la traîne que ce soit au niveau de la sensibilisation, de l’accès à la
culture (50% des émissions TV sont sous-titrés
sous
contre 100% aux Etats-Unis
Unis ou en Suède, trop peu
d’interprètes lors des expositions
tions culturelles).
culturelles Certes l’expansion
’expansion d’Internet réduit ce manque
d’information toutefois Il faut plus de volonté pour le sourd et le malentendant pour apprendre la
culturee générale que pour l’entendant. Avec une quantité d’information réduite, les sourds et
malentendants demeurent sous--estimés.
2.3 La culture sourde.
L’histoire de l’éducation sourde révèle que les malentendants et les sourds ont subi le joug
des entendants. Selon ces derniers, les sourds sont des individus qui souffrent du manque d’audition
et de communication. Cette vision de la surdité diffère de celle des
es déficients auditifs : « on n’est
pas handicapé,, c’est la société qui nous considère handicapé ».Assurément, l’enfant sourd vivant
dans une famille utilisant un LDS ne subit aucune différence et peut grandir sereinement. Cette
divergence des opinions entraine un clivage Sourds/Entendant
Sourds/
et à la notion de culture sourde.
La culture sourde est une communauté de sourds et de malentendants dont la langue
maternelle est la LDS. Ces sourds ont des conventions sociales : des règles de politesse sourdes
(frapper sur la table pour dire bon appétit), une musique et des blagues sourdes. Cette culture se
ressent beaucoup chez les sourds/malentendants
sourds
à tel point que l’implant cochléaire recommandé
par les médecins est considéré comme un génocide ou une purification ethnique. Ils refusent
d’adhérer aux normes entendantes autrement dit réparer la surdité en tant que maladie comme
le fait la science.. Ainsi l’implant cochléaire est perçu comme une assimilation forcée répandue
répandu chez
les familles entendantes. Bien sûr,
sû cette culture peut s’apparenter à un véritable ghetto culturel,
culturel un
isolement des sourds vis-à-vis
vis des entendants.
entendant Il y a donc un vrai problème
roblème de communication plus
vaste, (peu d’ouverture entre les 2 entités).
entités Quelques sourds et malentendants se disposent de
préjugés envers les entendants voire les dénigrent en raison de l’absence d’articulation.
De nombreuses célébrités à l’instar d’Emmanuelle
d’Em
Laborit cherchent à promouvoir la LSF tout
en essayant de s’ouvrir au monde des entendants
entendant via des représentations théâtrales en LSF et en
français. Hélas, lee cas de Sophie Vouzelaud (1ére dauphine Miss France 2007) montre
montr que le clivage
reste tenace (la surdité de Sophie aurait poussé le comité a ne pas l’élire
élire en tant que Miss France ?).
Alors un choix est à faire : intégrer un monde confiné ou trouver sa place chez les entendants.
entendants
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Sensibilisation à la surdité – R.Montagne-
3-Quelques conseils d’adaptation.
-"Qu'importe la surdité de l'oreille quand l'esprit entend ? La seule surdité, la vraie surdité, la surdité
incurable, c'est celle de l'intelligence"-De Victor Hugo à Ferdinand Berthier-2
-Handisol-
2
Ferdinand Berthier (1803-1886), professeur sourd à l’institut de Paris, fervent défenseur du langage des signes
et de la culture sourde.
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Sensibilisation à la surdité – R.Montagne-
3.1 Le bruit, le pire ennemi du déficient auditif !
L’appareillage auditif permet aussi de percevoir des sons désagréables (tumulte de la foule,
pas, voitures …). Malheureusement, les aides auditives ne peuvent les filtrer. Les conversations qu’un
déficient auditif essaie d’entendre sont noyées par ces bruits parasites qui détériorent la
communication. C’est pour cela, qu’il faut parler à un malentendant/sourd dans une classe
silencieuse pas à la fin d’un cours. Contrairement aux déficients auditifs, les personnes entendantes
ont la faculté de focaliser leur attention sur les sons nécessaires de certains bruits de la foule d’un
restaurant : C’est l’effet cocktail party.
Par la suite intervient le symptôme des acouphènes (bourdonnements, bruits, sifflement). Ce
sont des sons inexpliqués qu’entendent 5 millions de français. Ces bruits fantômes résulteraient de la
production d’un signal nerveux anormal interprété au final comme un bruit. Temporaires ou
permanents, aigus ou graves, ils gênent 8% de la population française mais 80% d’entre eux souffrent
déjà de pertes auditives.
En l’absence de solutions fiables, ce phénomène explique pourquoi les malentendants ou les
sourds éteignent leurs appareils auditifs à l’extérieur des cours et dans la rue afin d’apaiser ces bruits
Si vous voulez attirer leur attention, il faut recourir à d’autres moyens simples comme une petite
tape sur l’épaule, des gestes, des souffles d’air. Vous pouvez aussi allumer et éteindre la lumière.
3.2 La lecture labiale
C’est le moyen de communication le plus utilisé par les sourds et malentendants pour
converser avec la société. Malheureusement elle se dote de nombreuses limites notamment en
cours avec 2 niveaux de compréhension : d’une part saisir les paroles et d’autre part comprendre la
conférence. La rigueur est alors obligatoire pour l’individu sourd et malentendant. Aussi ,
l’enseignant aura aussi du mal à changer ses habitudes, l’amenant parfois à se culpabiliser.
L’articulation est l’une des bases d’une communication fiable, on montre ainsi qu’on est
ouvert tout comme l’apparence, le sens des mots et les gestes. Il suffit de se référer aux discours des
hommes politiques et des présentateurs de JT. Il faut que chaque syllabe soit visible et audible.
Communiquer c’est aussi s’adapter à son auditoire. S’assurer que tout le public soit
respecté et partage le message ! Le malentendant ne doit donc pas être ignoré, l’interlocuteur
possède une part de responsabilité. Sans hurler, Il faut articuler à un rythme pondéré (l’articulation
d’un journaliste TV a tendance à être trop rapide) et de manière durable. Sinon le malentendant
reçoit des birbes de données : Il est vain d’articuler qu’au début du cours.
La visibilité des lèvres du locuteur doit être suffisante, pour que le déficient auditif puisse
les lire ce qui suppose pas de main, micro devant la bouche, ni d’écharpes ou de feuilles. Il serait
préférable que l’énonciateur ne tourne pas le dos, qu’il ne soit pas de profil, ni au fond de la classe.
Désormais, le malentendant/sourd doit se placer au 1er voire au 2ème rang (et entre 2 camarades).La
lumière a aussi de l’importance, il est impossible de suivre une conversation de nuit.
Pour les supports écrits (tableau, diapositives), la personne sourde ou malentendante ne
peut les consulter et en même temps lire sur les lèvres. En cours, il est difficile de respecter
l’alternance en revanche il faut y penser lors des entretiens. Souvent l’individu malentendant ne
comprend pas ses erreurs à la fin d’un exposé, d’une question à l’oral.
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Sensibilisation à la surdité – R.Montagne-
Des étudiants posent des questions aux enseignants ou ces derniers abordent des sujets qui
n’ont pas forcément de relation avec le cours mais qui relèvent plutôt de la culture générale. Il est
difficile de savoir à quel moment l’enseignant reprend son cours, et parfois le contexte change
radicalement. D’où l’avantage d’un plan du cours, ceci permet de repérer avec aisance les sujets
abordés et les sujets non comprises.
Ne pas hésiter à recourir à l’écrit pour des dates d’éventuelles interrogations (ne le dites
jamais à l’oral !) , des consignes pour les projets (au pire, copie des notes d’un bon élève), des
modifications éventuelles d’un partiel, des remarques importantes (ex : le document affiché est un
contre exemple). Les polycopiés rendus à la fin des cours constituent une aide précieuse et
permettent une relecture.
Tout de même, il ne faut pas négliger les vertus pédagogiques de l’oral : l’écrit demeure
juste un support théorique destiné à la mémorisation. Tout apprentissage tourne autour de l’oral. En
effet, il est indéniable qu’un exposé oral est plus enclin à la compréhension qu’un long rapport
difficile à décrypter.
Il ne faut pas omettre l’articulation lorsque l’enseignant parle en tête à tête avec l’individu
malentendant ou sourd. Pourtant les habitudes de prononciation sont tenaces, l’individu sourd ou
malentendant n’a pas le choix que de faire semblant de comprendre.
Toutefois, il existe des difficultés à différencier les phonèmes qui ont la même image labiale
(b/p/m) et les paronymes. Aussi, les confusions sont très légions (il mange des frites/ il marche très
vite ou bien 5\7 et 6\10), l’individu sourd doit deviner par une suppléance mentale augmentant les
risques de mauvaises interprétations. Ainsi, s’ensuivent des conséquences désastreuses (quiproquos,
erreurs de date, malentendus…).D’ailleurs, les malentendants ont plus de facilité dans ce domaine.
Si vous ne savez pas si votre articulation me semble bien, il suffit de me demander. Si je fais
le premier pas, ça peut dégénérer : certains enseignants du passé ont très mal pris mes
avertissements sur l’articulation et mes questions. Critiquer ne m’apporte rien, Je veux juste un
dialogue constructif basé sur l’assertivité. Je suis bien conscient que je ne peux pas suivre comme un
étudiant normal mais je veux que ma présence en cours soit la plus fructueuse possible.
Je rappelle aussi que l’intelligence en cours correspond à notre faculté à traiter les
informations (mémorisation, compréhension, déduction …). Le visuel ne permet pas de tout
comprendre alors sans données, comment voulez-vous qu’un individu sourd ou malentendant puisse
progresser ?
Changer ses habitudes de prononciation et recourir à une gymnastique singulière des lèvres
ne sont pas des choses aisées certes mais ceci ne demeure une raison pour éviter de tenter dès le
début de l’année. Il est inutile de ne pas tenter de poser des questions à la personne
sourde/malentendante, et évitez d’avoir recours à des personnes intermédiaires.
Il existe des interfaces de communication, c'est-à-dire des individus compétents qui assistent
des personnes malentendantes et sourds durant des entretiens. Ils vérifient que la communication se
passe bien, ils expliquent à l’interlocuteur comment articuler, ils détectent des erreurs
d’incompréhension que ce soit chez l’interlocuteur que chez le locuteur. Cette méthode me sied
parfaitement car il y a une certaine autonomie, et règle le problème de la LSF. En effet le langage des
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Sensibilisation à la surdité – R.Montagne-
signes n’est pas un langage pratique pour les entendants : on recrée un handicap puisqu’ils ne le
comprennent pas et l’échange perd en efficacité. Avec l’interprète LSF, le « véritable » locuteur ne
peut pas se montrer communiquant en raison du climat de gêne : il ne peut pas être ouvert, affirmé
or le non verbal a sa place dans une discussion. D’ailleurs, les paroles et les idées seront modifiées
par l’interprète en raison de la syntaxe de la LSF, le sens véritable de la discussion disparait tout
comme la relation.
3.3 Le problème des débats et des exposés
Dans le milieu scolaire, l’élève malentendant ou sourd doit suivre des cours orientées vers
des exposés oraux ou une participation d’autres individus. La diversité des locuteurs apporte au
déficient auditif des pertes d’informations. D’une part, il perd en culture générale, d’autre part il ne
peut pas se tirer profit des remarques de l’enseignant. En effet, il est certainement intéressant de
savoir les erreurs des autres, de comprendre la démarche utilisée par un camarade pour aboutir à
un résultat. D’ailleurs, des textes vues en cours, commentés par les élèves sont parfois repris durant
les partiels ce qui pénalise forcément le déficient auditif. D’autres enseignants sous-entendent même
le sujet d’un partiel sans que l’individu malentendant/sourd le sache. Voici alors quelques idées pour
minimiser les dégâts :
-
-
Obliger les étudiants à articuler durant leur exposé. Ceci leur permet de gagner en
persuasion et en efficacité lors de leurs présentations orales dans le futur. Aussi,
l’étudiant malentendant pourra récupérer quelques informations utiles. Ce moyen
s’avère très efficace dans les cas où l’enseignant prend en compte la qualité de
l’articulation dans la notation.
Le jury ne doit pas oublier d’énoncer clairement les remarques.
Emprunter, si possible, l’exposé sous forme écrite (En général, il y a des comptes
rendu des exposés à rendre pour l’enseignant).
Demander à un camarade volontaire pour retranscrire à l’écrit, les remarques.
L’exposé doit se faire devant la classe. (disposition de la classe en U de préférence).
En ce qui concerne les débats, il n’y a pas de solution proprement dite. En effet seule une
maitre de conférences dotée d’un état d’esprit irréprochable peut diriger la discussion avec
maestria, certaines personnes respectueuses communiquent avec les sourds et malentendants avec
une facilité déconcertante, d’autres sont moins à l’aise. Sans esprit de respect, de partage et de
confiance est-ce qu’on peut parler de communication ?
Quel est donc le problème ? L’éducation, la personnalité, l’expérience, la patience et surtout
la sensibilisation semblent jouer un rôle crucial. Une bonne communication se prépare au fur et à
mesure et, au final, offre un trésor inestimable : l’enrichissement mutuel.
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Sensibilisation à la surdité – R.Montagne-
Conclusion :
Actuellement, il existe trop peu de sourds et de malentendants qui accèdent à l’université
malgré quelques progrès ces dernières années, on leur donne encore une éducation superficielle.
Ceci ne rentre pas dans la logique de l’école républicaine en France qui assure la promotion de
l’égalité des chances de réussite en milieu scolaire.
Le milieu scolaire doit mieux connaitre le problème de la surdité, l’éducation est le
fondement de la société. Vous, le corps pédagogique, avez un immense pouvoir. L’articulation est à
la portée de tout le monde .Certes, il y aura toujours une perte d’information, ceci pourra être
compensé par un travail personnel mais l’accès à l’information et à la culture demeure un droit.
Si beaucoup de sourds ou malentendants parviennent à graver les échelons de la société
comme tout le monde. On montre une vision positive de la surdité ainsi la population pourra
indéniablement changer ses mentalités car la surdité n’est pas une tare, c’est qu’une question
d’ergonomie et d’adaptation. Dispenser le malentendant/sourd amène à de l’exclusion. Tout est
possible si la communication est appropriée.
Au final, les malentendants et les sourds ne veulent pas de traitement de faveur, ni d’une
présence plus soutenue, ils vous implorent de changer vos habitudes tenaces de prononciation voire
de communication. L’articulation ne gène absolument pas les autres individus.
La sensibilisation doit être présente que ce soit pour la surdité, ou pour les autres handicaps
puisque 80% des handicaps sont des handicaps invisibles. Par exemple, certains IUFM présentent des
cours sur l’autisme …
"Communiquer
est un acte de
combat"
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Bibliographie:
-La culture sourde Quêtes identitaires au cœur de la communication (Marguerite Blais) : Ouvrage qui
récapitule les témoignages de 12 enfants sourds et malentendants intégrés au sein de la société.
-Les sourds c’est comme ça : Ethnologie de la surdimutité (Yves Delaporte) : Ce chercheur (CNRS)
découvre la culture sourde et nous livre les particularités. Il aborde aussi la question de l’implant
cochléaire, les difficultés du monde entendant.
-Moi, Armand, né sourd et muet (Yves Delaporte/Armand Pelletier) : témoignage d’un sourd muet
sur l’éducation, la communication … recueillis par Yves Delaporte.
-L’orchestre des doigts (Osamu Yamamoto) : Manga retraçant le débat de l’éducation chez l’enfant
sourd au Japon (Paroles/Gestes).
-Bien Vivre en étant malentendant/Comment vivre avec un malentendant (Gérard Challier et Dr
Philipe Lafosse) – A bon entendeur (Hélène Cardin et Danielle messager) : Quelques conseils
pratiques.
-Le Cri de la Mouette (E.Laborit) : biographie d’une actrice française, sourde et révélée par un
Molière de la révélation théâtrale.
Les sourds existent-ils ? (Bernard Mottez) : Le sociologue Bernard Mottez se pose la question de la
langue chez les sourds, des représentations sociales …
Exemple de quelques sourds, malentendants et devenus sourds célèbres : Helen Keller (
sourde/aveugle) , Beethoven, Goya, Mozart, Joachim du Bellay, Pierre de Ronsard, Thomas Hopkins
Gallaudet, Lou Ferrigno …
Alexander Graham Bell, sensibilisé par le cas de la surdité, a fondé le téléphone.
Vinton Gray Cerf, sourd d’une oreille, marié à une femme sourde, est l’un des pères fondateurs de
l’Arpanet considéré comme le prédécesseur de l’Internet.
Peut-on alors dire que les sourds ont un problème de communication ?
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