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PARTENARIATS GAGNANTS PARTENARIATS GAGNANTS Préface de Fabrice BRÉGIER PRÉSIDENT DU PACTE PME DIRECTEUR GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ D’AIRBUS PACTE PME LE PACTE PME EST UNE ASSOCIATION D’ENTREPRISES, PETITES OU GRANDES, QUI SE REGROUPENT AFIN DE FACILITER LA CROISSANCE DES PME ET L’ÉMERGENCE DE NOUVELLES ENTREPRISES DE TAILLE INTERMÉDIAIRE. MARS 2012 Table des matières Préface Chaque partenariat gagnant illustre une ou plusieurs catégories de bonnes pratiques recommandées par le Pacte PME. Innovation Adaptation des règles Relations partenariales Effet de levier 7 EUROCOPTER Kayentis 44 SAFRAN Groupe LPF Spring Technologies 82 84 SCHNEIDER ELECTRIC Auxel EVTRONIC GMT Sophia Conseil 86 88 90 92 SAE Delannoy-Dewailly Simonneau 94 96 SIEMENS Cequad 98 AIRBUS Aerotrade Duqueine Group Epsilon Composite Figeac Aéro 8 10 12 14 GROUPE CASINO Arcadie Sud-Ouest Jardins du Midi Senoble 46 48 50 AIR LIQUIDE SRETT 16 ALSTOM Adetel Group Barat Sofanor Stratiforme Industries IFP ENERGIES NOUVELLES Alytech Cordouan Technologies 52 54 18 20 22 ALTRAN Wallix GROUPE LA POSTE dotgreen Edipro Squid Solutions 56 58 60 24 BRUKER BIOSPIN FRANCE Ricupero MBDA Probayes 62 SNCF Phitech 100 26 CEA MGS SDMS Technologies 28 30 MÉTÉO FRANCE Modem Sterela 64 66 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE Carbox Yseop 102 104 CNES Erems 68 70 72 STMICROELECTRONICS Dolphin Intégration 106 32 MICROSOFT FRANCE Brainsonic Calipia Homecom 108 34 MIOMCTI Trydea THALES 3D-plus 74 DGA Nexvision 36 76 78 110 112 EDF RIB Segor Industries Vanatome RATP Ficap Mobiletag UGAP Goupil Industrie Majencia 38 40 42 RESAH IDF Saficard 80 DANONE Utilities Performance Préface Fabrice BRÉGIER PRÉSIDENT DU PACTE PME DIRECTEUR GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ D’AIRBUS Le Pacte PME est fondé sur l’intime conviction que la collaboration et le partenariat sont les moyens les plus efficaces pour les grands groupes et les PME d’allier leurs forces et de compenser leurs faiblesses. Les travaux de notre association, qui se basent sur la force du jeu collectif permettant à la fois les échanges de bonnes pratiques et l’identification de nouveaux interlocuteurs pertinents, ont montré l’extraordinaire source de croissance contenue dans les partenariats gagnant-gagnant entre une grande entreprise et une PME. Nous nous sommes tout naturellement donné le but de multiplier ces réussites. Ce recueil vous présente 53 exemples concrets de coopérations fructueuses entre PME et grandes entreprises. Chacun d’entre eux illustre une des facettes de cette relation, qu’il s’agisse de l’établissement de nouveaux contacts, de la mise en œuvre de l’innovation collaborative ou encore des différents types d’appuis qu’un groupe peut apporter à une PME devenue partenaire pour accélérer sa croissance. Chacun de ces exemples témoigne également de l’intérêt partagé qui peut motiver ces collaborations. La PME y trouve des débouchés directs et un levier pour son développement, le grand groupe y gagne un partenaire mobilisé pour l’accompagner dans sa recherche d’innovation ou de compétitivité, engagé dans une démarche de croissance pouvant en faire un partenaire stratégique sur lequel il sera possible de s’appuyer. J’espère que ces témoignages vous donneront le goût d’œuvrer personnellement dans le sens de ces partenariats et inciteront vos collaborateurs à s’y engager en donnant à ces relations le cadre de confiance et de pérennité nécessaire à leur épanouissement. Photo : © AIRBUS S.A.S 2011 - photo by e*m company / H. GOUSSÉ 7 8 Aerotrade 28.10.2011 Airbus Didier KATZENMAYER RESPONSABLE DE LA CONSOLIDATION DE LA SUPPLY CHAIN Serge ASSORIN PRÉSIDENT N é empiriquement après la Seconde Guerre mondiale chez Toyota, systématisé par le même constructeur japonais après la crise du pétrole de 1974, le concept d’entreprise étendue n’a été théorisé qu’en 1996, avec la parution du livre Lean Thinking de James Womack et Daniel Jones. L’ouvrage propose cinq principes1 à appliquer à toute la chaîne de valeur totale – incluant l’entreprise, ses fournisseurs et ses clients – pour optimiser chacune des activités. L’évolution d’Airbus, constructeur d’avions devenu architecte intégrateur, démontre que cette idée n’est pas une rationalisation après coup ni une chimère d’expert, mais une réalité créatrice de richesses qui peut favoriser la transmission des capitaux intellectuels et savoir-faire des grandes entreprises vers les PME-PMI au bénéfice de tous et de la qualité de la production. La création début 2010 d’Aerotrade, plate-forme mutualisée d’achats de matières premières rassemblant aujourd’hui dix des fournisseurs d’aérostructures d’Airbus et d’Aerolia, est une application concrète et innovante de l’entreprise étendue à la Supply Chain. L’idée germe en 2007 au sein du pôle Aerospace Valley, à la faveur d’échanges entre Airbus, le GIFAS2 , la Direccte3 , la Région Midi-Pyrénées et des fournisseurs du secteur aéronautique d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées, à partir d’un constat simple. Après avoir transféré à ses soustraitants au fil des programmes les savoir-faire et les achats de matières premières, le volume consommé par les fournisseurs était devenu plus important que celui d’Airbus. Comment, dans cette situation, l’avionneur pouvait-il s’assurer de la suffisance de l’approvisionnement, du contrôle des prix et continuer à déléguer les achats à ses fournisseurs sans les fragiliser ? L’équation trouve sa solution dans Aerotrade, qui voit le jour deux ans plus tard. « C’est une SAS qui rassemble dix personnes morales à parts égales, indique son président Serge Assorin, dirigeant de Sudaero. Elle n’a pas vocation à faire des bénéfices, mais à répondre à un besoin de fonds de roulement de ses actionnaires, qui en auront besoin pour maintenir leur R&D et leur position technologique. Il a fallu la construire pas à pas. D’abord, la prise en charge des achats de matières premières n’était pas une évidence pour des PME ou des ETI. Mais nous étions tous conscients qu’à chaque fois que nous avions suivi les recommandations d’Airbus sur la logistique ou la qualité nous y avions gagné, passant d’un statut presque artisanal au stade industriel. Ensuite, il fallait créer un consensus entre tous les membres fondateurs, qui sont aussi des concurrents. Cela a été possible parce qu’il ne s’agissait que de partager de l’endettement et en démontrant que dans le domaine des achats matières, le delta des prix pratiqués d’une société à l’autre pouvait s’élever à 40 %. L’intérêt financier et les gains potentiels de la mutualisation sont devenus très lisibles pour chacun. » C’est encore aux ressources du bon sens que Serge Assorin fait appel pour construire les outils nécessaires au fonctionnement d’Aerotrade. « Afin de garantir la cohésion, j’ai organisé chez Sudaero des réunions par métiers : des qualiticiens, des acheteurs, des logisticiens… qui très vite ont laissé de côté l’étendard de leur entreprise d’origine pour s’impliquer dans les projets communs. C’est ainsi que le groupe d’informaticiens a mis au point un système permettant à chaque entreprise de passer, depuis son site et selon ses besoins, ses appels de commandes. » ll se réjouit des effets de cette unité : « Grâce à ce travail collaboratif, les concurrents d’autrefois se dépannent aujourd’hui en matières ou en traitement de surface pour répondre à la demande d’Airbus ou d’Aerolia. » Ainsi soudée, Aerotrade deviendra pleinement opérationnelle début 2012, à réception d’une aide de l’État et des banques apportant les fonds propres nécessaires : « Les achats auxquels nous allons procéder représentent au minimum 40 % « J’ai pour mission de faciliter les relations entre Airbus et sa base fournisseurs dans un contexte de réorganisation industrielle. Airbus a lancé depuis plusieurs années un mouvement de structuration de sa chaîne d’approvisionnement afin de faire face aux fortes augmentations de cadence et donc à un important volume de production nécessitant que nos fournisseurs tiennent leurs engagements en termes de livraison et qualité, dans un contexte concurrentiel international. Aujourd’hui, Airbus a vocation à se concentrer sur un métier d’architecte intégrateur final, tout en conservant son savoir-faire au travers de Centres d’excellence technologiques et industriels. À ce titre, nous ne cessons d’augmenter notre volume de sous-traitance et souhaitons rendre notre panel fournisseurs entièrement responsable de la fabrication de ses produits, en leur confiant progressivement et de manière sécurisée l’achat de la matière première. La création de la société SAS Aerotrade est une réponse concrète apportée par des industriels de taille moyenne, qui ont su s’adapter à la stratégie des donneurs d’ordre du secteur, en proposant un dispositif à même de prendre en compte cette évolution. En externalisant et regroupant la gestion de l’approvisionnement matière, les 10 associés d’Aerotrade - et demain les 20 -, pourront développer plus efficacement leurs outils industriels et investir dans leur savoir-faire. Cette initiative, outre le fait qu’elle sécurise les approvisionnements, permet de réduire autant que possible l’impact financier de cette prise en charge matière par chaque entreprise, notamment en termes de trésorerie ; cela minimise le délai de portage financier de chaque structure. Les industriels impliqués verront de facto : • leur compétitivité renforcée et pourront ainsi rester positionnés auprès des avionneurs et équipementiers du secteur, y compris à l’exportation, • leur valeur ajoutée individuelle et collective augmentée, favorisant ainsi le développement régional et national du tissu industriel de la filière. Cette démarche s’inscrit pleinement dans le cadre du renforcement de notre chaîne d’approvisionnement : maturité de la Supply Chain. » 9 du chiffre d’affaires de chaque associé. » Après quoi l’entreprise pourra s’ouvrir à des membres associés : fournisseurs des sociétaires fondateurs que la plate-forme aidera à se structurer, à fiabiliser leurs approvisionnements et à monter en prestation ou autres acteurs de l’aéronautique. « Plus nous serons nombreux, plus nous intéresserons les providers et meilleurs seront les prix que nous obtiendrons. Notre business plan prévoit 256 M5 d’achat matières en 2016, ce qui devrait nous permettre d’obtenir d’excellentes réductions. Dans un deuxième temps, j’espère mutualiser les achats d’équipements où les études que j’ai réalisées ont fait apparaître des deltas de 1 000 %… Et peut-être ensuite les assurances. » Ᏹ Définir la valeur, créer de la valeur, lisser les flux, tirer par la demande, tendre vers la perfection. 1 2 Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales. Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi. 3 Aerotrade en bref Activité La SAS Aerotrade est une plateforme d’achats mutualisés dédiée au secteur aéronautique, née de la réflexion menée depuis 2007, par des sous-traitants du secteur aéronautique, Airbus, la Direccte (anciennement Drire), le Gifas, la Région Midi-Pyrénées dans le cadre du plan ADER 2 (Plan d’actions pour le développement des entreprises régionales de sous-traitance) et avec le soutien du pôle de compétitivité Aerospace Valley. Présidée par le PDG de la société SUDAERO, Serge Assorin, elle a été créée le 28 décembre 2009. Son capital social définitif pour les 10 associés s’élève à 1,5 M5. Son démarrage opérationnel est prévu pour janvier 2012. Entreprises partenaires (à ce jour) CAUQUIL (31), MAZ’AIR /groupe AIRIA (09), ESPACE / ACE Aéronautique (31),MECAHERS (31), ESKULANAK / groupe LAUAK (64),SOTIP (31), FIGEAC AERO (46), TORUS (Segneré et Safial-Profor) (65), MAP (64), SUDAERO (31) . Chiffre d’affaires 171 M5 (CA HT consolidé pour les 10 actionnaires exercice 2010) . Implantation Toulouse (31). Objectif 2016 (estimations) Rassembler 20 partenaires sur le plan national, représentant 4 000 emplois dans le secteur aéronautique, et un CA HT consolidé de 400 M5. 10 Duqueine Group 20.7.2011 Airbus Albert VARENNE MÉDIATEUR-CORRESPONDANT PME STRATÉGIES ACHATS AÉROSTRUCTURES « Les entreprises porteuses d’innovations technologiques sont souvent de petite taille. Or, plus une entreprise est petite et plus elle comporte de risques. En conduisant nos fournisseurs à croître et à acquérir de nouvelles compétences pour nous fournir un service complet, nous accédons à leurs innovations en réduisant le risque. C’est ainsi que nous avons pu construire une base fournisseurs sur laquelle nous pouvons compter à long terme. Un exemple d’innovation technologique que nous a apporté Duqueine ? Dans le cas de l’Airbus 350 XWB, nous avons préféré la solution de conception de pièces composites de Duqueine à partir de fibres préimprégnées, plutôt que celle formulée dans notre appel d'offress. Cette maîtrise de la technologie composite permet de produire à une cadence soutenue d’imposantes pièces courbes. » Gilles DUQUEINE PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL E n 1982, Gilles Duqueine, 25 ans, fabrique des pièces en matériaux composites dans le sous-sol de ses parents. Dans les années 1990 la société artisanale, qui compte une dizaine de salariés et travaille surtout sur de petites séries, reçoit sa première commande industrielle : 3000 roues de vélo carbone pour la société MAVIC, client qui permettra à l’entreprise d’implanter une filiale en Roumanie. Dans le même temps. Airbus, qui commande des pièces à la PME depuis le début des années 1990, manifeste un grand intérêt autant à l’égard de son savoir-faire technique que du dynamisme de l’entreprise. Cette dernière demeure cependant trop petite pour compter parmi les fournisseurs de rang 1 de l’avionneur, qui entame alors avec Duqueine une démarche d’« alignement stratégique », une politique d’accompagnement des fournisseurs du groupe qui repose sur un partage de vision à long terme et sur la recommandation des entreprises auprès d’acteurs institutionnels et financiers. Dans ce cadre, la PME est orientée en 2007 vers Aerofound 1, le fonds d’investisseurs d’ACE Management dont les capitaux proviennent d’EADS, de Safran et de la CDC. « Au début, cette démarche n’était pas simple pour moi, commente Gilles Duqueine. Jusqu’alors, j’avais toujours conduit les développements, les financements et la stratégie. Il m’a fallu six mois de réflexion pour admettre que cet appui à un fonds d’investisseurs engendrerait un cercle vertueux. Avec le recul, je peux affirmer que c’était indispensable et je remercie Airbus et ACE d’avoir préconisé cette solution. » La même année, Duqueine acquiert Bretagne Composite, toujours sur les conseils de l’avionneur. « Bretagne Composite réalisait 90 % de son chiffre d’affaires avec Airbus. L’entreprise était à vendre car elle ne faisait pas partie du core business de son propriétaire. Nos chiffres d’affaires et nos effectifs étaient à peu près identiques, mais Bretagne Composite, à la différence de Duqueine, était spécialisée dans l’aéronautique. » 11 En reprenant cette entreprise, nous avons étendu la gamme de nos savoir-faire en matière de design et d’aérostructure. Parallèlement à cela, j’ai développé mon bureau d’études où travaillent actuellement 80 ingénieurs. Cette évolution nous a mis en situation de pouvoir concourir sur trois marchés pour la réalisation de l’Airbus A 350 XWB… Que nous avons remportés. Actuellement, nous commençons à livrer sur les trois contrats. Le fort soutien d’Airbus nous a renforcés en termes de croissance et de prise de marchés. Dans ce secteur, si l’on est performant sur les prix, la qualité, les délais et le service, les marchés peuvent durer trente ans. Cependant, Duqueine Group doit maintenant faire évoluer sa stratégie, car nous sommes trop dependants d’Airbus qui représente 70 % de notre chiffre d’affaires. C’est la raison pour laquelle nous réfléchissons actuellement à une diversification et que nous nous installons au Mexique pour élargir notre clientèle aéronautique au marché nord-américain. Ᏹ Duqueine Group en bref www.duqueine.fr Activité Créé en 1982, le Duqueine Group est spécialisé dans la conception et la fabrication de pièces et sous-ensembles composites, dans les secteurs de l’aéronautique (70 %), de l’industrie (15 %) et des sports & loisirs (15 %). Effectif Plus de 600 personnes. Implantation Duqueine Rhône-Alpes à Massieux (siège social) et Reyrieux, Duqueine Atlantique (Nantes), Duqueine Romania (Timisoara), Duqueine MEXIQUE (à Queretaro, en cours de création). Export 40 % du chiffre d’affaires. Objectif Franchir la barre des 100 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’horizon 2015. Croissance (CA M€) 500 80 70 400 60 50 300 40 200 30 20 100 10 0 CA M€ PART ? 435 270 130 105 110 2005 2006 2007 Effectif 2008 EFFECTIF 300 2009 2010 2011 80 70 60 50 40 30 20 10 0 12 20.7.2011 Epsilon Composite 13 Airbus publics : avances remboursables d’Oséo, subventions du Conseil régional d’Aquitaine et l’argent du Grand Emprunt grâce au CORAC et à Airbus à hauteur de 500 000 euros. Cette coopération avec Airbus nous permet de nous assurer que notre entreprise est qualifiable pour l’aéronautique. C’est une formidable opportunité d’innover et de construire une relation de fournisseur avec Airbus, qui nous fait découvrir le monde de l’aéronautique, son langage et ses usages. Nos savoir-faire étant uniques, nous nous devons de les protéger et de les valoriser au travers d’applications industrielles concrètes. Notre ambition est de produire pour Airbus. Pour nous, le succès de cette collaboration se mesurera dans quelques années, à la mesure de volumes significatifs d’équipements fournis en série. » Ᏹ Hervé SOTTO LEADER DU PROJET CORAC AVION DU FUTUR COMPOSITE Stéphane LULL, PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL L a pultrusion. Le mot ne vous est pas familier ? Pourtant, Epsilon Composite, une PME girondine, est, pour la fibre de carbone, le leader mondial de ce procédé industriel qui produit en grande série des tubes, des laminés et des profilés en matériaux composites. « Mes études m’ont permis d’acquérir une connaissance de ces matériaux. La découverte de la pultrusion au cours de mes premières expériences professionnelles m’a donné l’idée simple mais révolutionnaire d’associer ce procédé, les fibres de carbone et les résines époxydes, se souvient Stéphane Lull, président-directeur général. J’avais l’intuition que ces nouveaux matériaux, encore réservés dans les années 1980 aux applications militaires, spatiales et aéronautiques, seraient un jour très consommés par l’ensemble de l’industrie. J’ai créé Epsilon Composite en 1987, avec l’équivalent de 30 000 euros et le soutien de l’ANVAR, dans le petit atelier d’artisan en stratification de mon père… Mais contre l’avis de nombreux experts affirmant qu’il n’y avait pas de débouché pour ce procédé. » Epsilon Composite fait mentir les pessimistes en décrochant ses premiers contrats et en misant sur l’export. « Nous avons ouvert une filiale à Singapour afin de prospecter et nous avons découvert le Japon où nous sommes aujourd’hui bien plus connus qu’en France. Nous avons rapidement réalisé plus de 50 % de notre chiffre d’affaires à l’export et affiché une croissance annuelle de 20 à 30 %. Nous nous sommes développés notamment grâce à des petites et moyennes séries de tubes destinés à l’industrie du broadcasting et de la photographie. » Conforté par ce succès, Stéphane Lull lance une étude de marché portant sur les machines qui fabriquent et impriment le papier et les films plastiques que l’on retrouve dans notre vie quotidienne à travers les journaux, les emballages ainsi que les écrans LCD. Concluante, l’étude donne le feu vert à la création d’Epsilon Rollers en 2004, une business unit qui fabrique des rouleaux en fibre de carbone à partir des tubes obtenus en pultrusion. Le pari de l’intégration verticale est réussi, avec actuellement 50 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. Aujourd’hui, la large démocratisation de la fibre de carbone anticipée par Stéphane Lull se concrétise : « Des perspectives de marchés de grandes séries se dessinent dans l’automobile, l’éolien, l’off-shore pouvant faire exploser notre activité. C’est exactement ce que demande notre procédé : un grand nombre de lignes, peu gourmandes en main-d’œuvre, transformant nuit et jour, six jours sur sept, des centaines de tonnes de fibres de carbone en profilés au kilomètre. » En 2009, Epsilon Composite noue un contact avec Airbus qui lui permet de devenir partenaire d’“Avion du futur composite”, l’une des trois plates-formes de démonstration technologiques coordonnées par l’avionneur dans le cadre du programme gouvernemental mis en place par le CORAC (Conseil pour la recherche aéronautique civile, cf. encadré page précédente). « Nous avons décidé de créer Epsilon Air, une troisième business unit, qui va travailler, entre autres, sur la mise au point des démonstrateurs pour le sous-projet Jonction VoilureFuselage. Elle s’inscrit dans notre programme de R&D, qui va peser environ cinq millions d’euros dans les cinq années à venir. Nous la finançons sur fonds propres et avec le soutien des pouvoirs « Dans le cadre du Programme gouvernemental d’investissements d’avenir, le CORAC (Conseil pour la recherche aéronautique civile) - créé par le ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement à l’occasion du Grenelle de l’Environnement - a proposé neuf platesformes de démonstration technologique. Celles-ci visent à inciter l’innovation et à accélérer l’intégration de nouvelles technologies nécessaires au développement d’aéronefs plus propres, plus économes, moins bruyants et encore plus performants. L’intérêt majeur de ce programme est de rapprocher les PME de grands groupes sur des thèmes de R&T qui ont une véritable finalité industrielle, dans la mesure où les travaux aboutissent à un succès. Parmi ces neuf plates-formes, trois sont coordonnées par Airbus, dont la plate-forme “Avion du futur composite”. Epsilon Composite a répondu à l’un des appels à propositions auxquels elle a donné lieu. L’entreprise a été sélectionnée en juin 2010 afin de devenir partenaire du sous-projet « Jonction VoilureFuselage ». Il s’agit, en l’occurrence, de réaliser trois démonstrateurs qui permettront de vérifier que le procédé de pultrusion d’Epsilon Composite, grâce auquel de grandes industries réalisent une production de masse en continu, est applicable à l’aéronautique. Airbus en tirerait un avantage compétitif évident en termes de performances et de réduction des coûts de production. C’est pourquoi, en prévision de l’achèvement de la période de R&T qui se conclura, nous l’espérons, par un résultat utilisable en phase industrielle, nous entamons d’ores et déjà une démarche d’alignement stratégique. Dans la mesure où Epsilon Composite gardera l’entière propriété intellectuelle de son procédé, Airbus l’accompagne pour réduire les risques potentiels en s’assurant qu’elle offrira la taille adéquate et le bon degré de sécurité industrielle. » Epsilon composite en bref www.epsilon-composite.com Activité Epsilon Pultrusion. Le cœur de métier : la pultrusion de profilés en fibre de carbone pour de multiples domaines de l’industrie dont le civil engineering et l’énergie, etc. Leader mondial avec une capacité de 1 000 tonnes. Epsilon Rollers, son second pôle d’activité, fabrique des rouleaux techniques pour les leaders des machines du converting (papier, films & foils, LCD, etc.). Epsilon Air, en cours de qualification pour des pièces structurales, à partir d’un procédé de pultrusion aéronautique. Effectif 155 personnes. Implantation Gaillan-Médoc (33) et Tokyo (Japon). Export 90 % du chiffre d’affaires, avec plus de 50 % au Japon et en Allemagne. Objectif Doubler le chiffre d’affaires tous les cinq ans pour atteindre 100 M5. Croissance (CA M€) 300,0 20 CA M€ EFFECTIF PART ? 237,5 15 15 175,0 10 112,5 5 50,0 0 20 105 110 2005 2006 Effectif 143 165 153 152 10 5 2007 2008 2009 2010 0 14 Figeac Aéro 2.9.2011 15 Airbus chez Embraer, au Canada chez Bombardier, aux États-Unis chez Spirit. Nous exportons vers 15 pays, de la Finlande à Israël, et demain nous espérons y ajouter le Japon. » Airbus prendil ombrage de ce portefeuille de clients bien garni ? « Au contraire. Conscient que c’est grâce à cette diversité de clients que l’on s’enrichit intellectuellement, il se réjouit de nous voir travailler pour d’autres constructeurs. Ce que j’apprends en faisant des pièces de Boeing renforce ma compétitivité et Airbus en profite quand je chiffre des pièces qui lui sont destinées. » Touchée par la crise, Figeac Aéro n’en maintient pas moins son cap, en restant dans l’aspiration du grand avionneur. « Après avoir remporté un marché de 10 M5 annuels auprès d’Aérolia, nous nous sommes implantés à leurs côtés en Tunisie », conclut Jean-Claude Maillard, qui, s’il se fie aux vingt ans écoulés, a tout lieu de se féliciter des performances commerciales de l’avionneur au Salon du Bourget 2011. Ᏹ Éric ZANIN SENIOR VICE-PRÉSIDENT, DIRECTEUR DES ACHATS MATIÈRE ET PIÈCES Jean-Claude Maillard, FONDATEUR ET PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL « Notre dépendance économique à l’égard d’Airbus n’a jamais été déraisonnable, se plaît à rappeler Jean-Claude Maillard, fondateur et président-directeur général de Figeac Aéro. En 1989, l’année de notre démarrage, il représentait un tiers du chiffre d’affaires. Un deuxième tiers a été réalisé avec l’équipementier aéronautique Ratier-Figeac et le troisième avec d’autres clients. À partir de l’année suivante, nous avons contenu la part d’Airbus aux alentours de 25 % de notre chiffre d’affaires et cherché très rapidement à nous diversifier. Et aujourd’hui, sa part directe ne s’élève qu’à 18 %, même si le programme Airbus consolidé pèse environ 35 %, puisque nous coopérons aussi avec ses partenaires comme Aérolia, Latécoère ou Daher Lhôtelier. » Fier de cette relative autonomie, Jean-Claude Maillard n’en exprime pas moins volontiers sa gratitude envers Airbus pour un soutien qui a revêtu des aspects multiples, au-delà de la constance des commandes. « Notre développement est en grande partie lié à celui d’Airbus. À mesure qu’il évoluait vers le rang de premier constructeur mondial d’avions civils qu’il occupe aujourd’hui, il nous a tirés vers le haut. En 1989, il n’avait pas encore entamé sa “démarche industrielle”. Des centaines de petits sous-traitants pouvaient travailler de gré à gré avec chacun des sites d’Airbus, qui de leur côté avaient toute latitude pour contracter. Fort heureusement, car cela nous a permis d’entamer la collaboration alors que Figeac Aéro n’était qu’une toute petite structure, dotée de moyens rustiques. Ensuite, nous avons énormément appris en acceptant beaucoup de délestage d’Airbus qui, dans le même temps, structurait ses unités de production… Une croissance régulière s’est installée et aujourd’hui, nous faisons partie des 20 fournisseurs au niveau mondial, ce qui nous conduit à travailler avec presque toutes les usines d’Airbus. » À mesure qu’elle progressait techniquement, aiguillonnée autant par une volonté d’amélioration constante - épine dorsale de sa culture d’entreprise - que par les demandes du constructeur, Figeac Aéro s’est structurée elle aussi. Début d’une croissance externe en 1994, marquant la création du groupe, qui se poursuivra au cours de la décennie suivante avec l'ouverture d’un centre de formation pour apprentis en 2007. « Le site de Figeac est organisé en trois grands secteurs : la pièce de structure avion, la pièce moteur et l’assemblage. Quant à nos diverses filiales, elles couvrent les domaines de l’étude, de l’outillage, de la chaudronnerie lourde, de la mécanique générale et du traitement de surfaces. » Une offre complète pour répondre à des clients de plus en plus nombreux… Toujours grâce à Airbus. « Son succès a rejailli sur nous et notre statut de fournisseur nous a crédibilisés sur les marchés export. Cela nous a grandement facilité la tâche pour vendre au Brésil « L’évolution de Figeac Aéro, et son adaptation aux mutations de notre façon de coopérer avec nos fournisseurs, illustre de façon exemplaire comment une entreprise peut croître tout en soutenant notre propre développement. Alors que Figeac Aéro n’était encore qu’une start up, nous lui avons fait confiance pour de la production sur le programme A320. Airbus fournissait les matériaux et les instructions. L’accès à notre documentation a permis, en quelque sorte, un transfert de technologie sur la maîtrise technique et industrielle des produits. La collaboration est ainsi devenue vertueuse pour le potentiel de développement de Figeac Aero. Figeac Aéro fait partie des entreprises qui ont su profiter de cet apport de compétences en le transformant en valeur ajoutée. Au début des années 90, lorsque nous avons lancé le programme Long Range – un terme qui désigne les gros porteurs à fuselage large (bi-couloirs) comme l’A330 – nous avons demandé à ces fournisseurs, qui avaient beaucoup appris de l’époque A320, de graduellement prendre en charge cette maîtrise industrielle ainsi que de consolider leur bilans pour supporter leur croissance. Ce processus s’est poursuivi au début des années 2000 avec l’A380. Et plus l’entreprise se structurait, devenait autonome et développait ses propres clients, plus elle grossissait et pouvait nous offrir une compétitivité issue d’un effet d’échelle. C’est pourquoi Airbus accepte volontiers que Figeac Aéro travaille pour ses concurrents directs, comme Boeing. Aujourd’hui, Figeac Aéro est en mesure d’accompagner la stratégie de globalisation des achats du groupe. Elle fait en effet partie des sept partenaires qui viennent de s’installer auprès de notre filiale Aerolia sur le campus industriel tunisien de M’Ghira. » Figeac aéro en bref www.figeac-aero.com Activité Créée en 1989, l’entreprise Figeac Aéro s’est constituée en groupe en 1994 avec le rachat des entreprises Usicap et MTI. Comptant aujourd’hui six filiales complémentaires, Figeac Aéro fournit les grands industriels de l’aéronautique en sous-ensembles, pièces de structure, pièces moteur et pièces précises (trains d’atterrissage, inverseurs de poussée, etc.) et propose à ses clients des prestations complètes, de l’étude à l’assemblage. Effectif 630 personnes (ces chiffres concernent la seule entité Figeac Aero). Implantation Figeac Aéro et Avantis à Figeac (46), Avantis Manufacturing à Saint-Céré (46), MP Usicap à Boisse-Penchot (12), MTI à Decazeville (12), Mécabrive Industries (19), FGA Picardie (80), M’Ghira (Tunisie). Croissance (CA M€) 1000 150 CA M€ PART ?? EFFECTIF 120 860 720 90 580 60 440 30 300 0 330 421 456 514 474 530 630 700 775 120 90 60 30 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Effectif 150 Prévisionnel 0 16 SRETT 9.2.2012 EXPERT INFORMATIQUE INDUSTRIELLE RECHERCHE & DÉVELOPPEMENT PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL n 2004, Philippe Salamitou travaille au centre de recherches de Schlumberger, groupe qu’il a intégré sept ans plus tôt. « Les équipes se consacraient non seulement aux technologies cœur de Schlumberger, c’est-à-dire les systèmes d’extraction et d’exploitation du pétrole et du gaz, mais aussi sur des sujets pertinents pour de multiples secteurs industriels, se souvient-il. J’ai observé que les développements touchant ces derniers se limitaient à de l’innovation incrémentale, pour des raisons inhérentes à la taille, à la stratégie et au modèle de fonctionnement du groupe. J’ai donc quitté Schlumberger pour fonder SRETT, jeune entreprise créatrice d’innovation de rupture sur ces technologies transverses. Ma formation de normalien et les premières années de ma carrière m’avaient permis d’acquérir des compétences techniques diversifiées, parmi lesquelles il fallait élire un domaine d’activité. » Pour ce faire, Philippe Salamitou entreprend de recueillir l’avis d’une quinzaine de directeurs techniques de grands groupes. « À l’issue de ces entretiens, j’ai décidé de positionner SRETT sur le M2M et plus exactement sur la communication des objets. J’avais notamment été très frappé par les propos d’un interlocuteur chez Areva qui m’avait dit : “notre entreprise compte environ 40 000 collaborateurs, tous détenteurs d’un téléphone portable et que je peux joindre à tout moment grâce à l’annuaire interne. Mais nous avons aussi 200 à 300 000 équipements dont je ne peux rien savoir.” La difficulté de superviser les objets est encore renforcée par la globalisation. Les équipements sont fabriqués à un endroit et maintenus par des équipes totalement différentes. Il devient donc très complexe pour les concepteurs d’une machine d’obtenir un retour du terrain. » Cette série de rencontres avec les directeurs techniques de grands groupes avait aussi une vocation commerciale, concrétisée immédiatement par quatre débuts d’affaires. « Notre toute lieu, les produits, mais aussi les services associés, génèrent du chiffre d’affaires. Au-delà de cette dimension, notre technologie OrbiTrack a évolué – c’est-à-dire notre façon de designer l’électronique, de faire de la communication, de stocker les données et de les structurer – et se trouve validée par des groupes aussi exigeants que Schlumberger ou Air Liquide. En outre, Air Liquide a établi un partage de la propriété intellectuelle qui nous permet de développer de nouvelles applications dans le domaine médical, à condition de rester hors du champ des maladies respiratoires. Nous avons donc continué à nous intéresser aux soins à domicile et mis au point, sur fonds propres, une passerelle de télésanté. Système plug & play, il est aussi facile à utiliser qu’une tablette et permet non seulement d’envoyer aux médecins traitants le pouls, le poids, la tension, la saturation artérielle, le taux de glucose, mais aussi au patient de connaître ses données pour devenir acteur de son traitement. » Ᏹ Claude WEBER Philippe SALAMITOU E 17 Air Liquide première réalisation, c’est le Télé-Path un système de surveillance des puits de pétrole développé pour Schlumberger avec lequel j’avais gardé d’excellentes relations. Il s’appuie sur OrbiTrack, la technologie propriétaire de SRETT. Conçu pour les environnements sévères – notamment les zones explosibles – il se compose de capteurs de pression et de température sans fil, d’une autonomie de cinq à dix ans et d’une électronique qui traite le signal par radio pour l’envoyer à une borne. Cette passerelle-relais transmet les informations à un serveur par protocole IP. » Presque simultanément, SRETT commence aussi à collaborer avec Air Liquide. « Il s’agissait de réaliser une étude, puis un démonstrateur pour concevoir un capteur à bas coût pour surveiller les bouteilles de gaz. » La compétence technique déployée par SRETT sur ce premier projet retient l’attention d’Air Liquide. À l’été 2007, le groupe consulte la PME dans le cadre d’un appel d'offress portant sur un système de suivi à domicile de patients sous oxygénothérapie. « La confiance qui nous a été témoignée était remarquable car, contrairement à notre concurrent allemand, nous ne travaillions pas à l’époque dans le domaine de la santé. » D’abord sollicitée pour une étude, SRETT s’appuie sur sa technologie OrbiTrack pour réaliser un premier prototype. La solution est retenue pour ses qualités métrologiques, sa taille réduite, sa simplicité d’utilisation, son autonomie et sa basse consommation. « Une étude clinique a été réalisée à l’hôpital Cochin sur des patients volontaires pour tester le dispositif. Air liquide nous a demandé de gérer la fabrication du produit, ce qui nous a conduits à obtenir le référentiel qualité ISO 13 485 délivré par le G-MED, sans lequel nous n’aurions pu réaliser de matériel médical. La première phase d’industrialisation a eu lieu voici deux ans, pour une première série de 500 appareils. » Cette collaboration constitue un soutien au développement de SRETT à plusieurs titres. « En premier « Impliqué depuis 1986 dans les soins à domicile avec la création de la marque VitalAire, le groupe Air Liquide a créé en 1995 une division Santé autour de filiales dédiées. Un des axes de développement d’Air Liquide Santé International consiste à renforcer les services aux patients sous oxygène, notamment pour des formes sévères de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), maladie largement répandue qui devrait devenir la troisième cause de mortalité dans le monde d’ici 2030. En 2007, Air Liquide Santé International a décidé de lancer une étude clinique de grande ampleur afin d’évaluer l’efficacité de l’accompagnement des patients à domicile. Pour cette étude, nous avons eu besoin d’un système permettant de fournir des données fiables sur l’observance du traitement par oxygène des patients. N’ayant pas pu identifier sur le marché de solution technologique adaptée, une équipe de chercheurs a été mobilisée pour concevoir ce système. SRETT en bref www.srett.com Très vite, nous avons envisagé une démarche de codéveloppement avec un partenaire capable de fournir un système qui soit petit, d’une grande autonomie, de très faible consommation et surtout non intrusif. Nous avons interrogé plusieurs sociétés dans le domaine de dispositifs médicaux. SRETT, qui était déjà en contact avec Air Liquide sur un autre sujet, a témoigné son intérêt pour le projet. Nous avons commencé par demander des études préparatoires, puis une offre pour le système complet. Nous avons retenu la proposition de SRETT, certes plus onéreuse, mais aussi plus pertinente. Leur traitement du signal était plus performant et l’autonomie de leur appareil était de deux ans, contre quatre mois pour leur concurrent. C’était un bon choix. SRETT a fait la démonstration de son savoir-faire et de sa réactivité tout au long du travail. La société nous a fourni dans les délais souhaités une pré-série de prototypes grâce à laquelle nous avons pu développer un algorithme performant de traitement des signaux puis tester la performance de l’appareil et son acceptabilité par les patients. SRETT a aussi accepté de se faire certifier par le LNE/G-MED et de gérer la production, en s’associant avec une société d’électronique, en vue des étapes suivantes de ce projet. » Activité Depuis 2004, SRETT fournit des systèmes permettant de collecter à distance des mesures et de les transférer sur un serveur centralisé où elles sont analysées. Ces systèmes s’adressent à la télésurveillance dans le domaine industriel et dans le domaine médical. Les solutions proposées, basées sur les technologies de capteurs sans fil, se caractérisent par une grande simplicité de déploiement et d’utilisation. Effectif 19 personnes. Implantation Boulogne (92). Export 10 % du chiffre d’affaires. Objectif Pour 2012, nous visons un chiffre d’affaires de 2 M5. Sur une perspective de 6 ans, l’objectif est de dépasser les 8 M5 Croissance (CA M€) 20,000000 2,0 CA M€ 1,5 13,333333 6 1,0 6,666667 0,5 0,000000 0,0 1 2005 EFFECTIF PART AIR LIQUIDE 8 9 2008 2009 12 17 1,5 1,0 3 2006 2,0 0,5 2007 Part Air Liquide 2010 Effectif 2011 0,0 18 Adetel Group 27.9.2011 19 Alstom termes d’infrastructures industrielles et de transports urbains, tandis que l’Europe et les États-Unis entrent dans une période de restrictions budgétaires. Adetel Group entrant dans le champ des ETI, et à ce titre devrait encore être soutenue, n’a pas les moyens d’être présente dans tous ces pays. Nous nous appuyons donc sur les marchés de nos clients, sans attendre toutefois qu’ils nous proposent de les suivre. La décision d’aller au Maroc procède de notre propre initiative, mais il est certain que la visibilité que nous offre le fait d’y travailler avec Alstom, Thales ou Safran est un tremplin précieux pour la poursuite de notre développement. » Ᏹ Davide GRAMAGLIA SOURCING COMMODITY MANAGER François SÉBÈS PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL « La fidélité est une valeur fondamentale d’Adetel Group, souligne François Sébès, président-directeur général de cette ETI spécialiste de l’électronique embarquée en environnements contraints. Quatre des cinq personnes formant l’équipe initiale il y a vingt ans font toujours partie de l’entreprise, en particulier Xavier Benoit, notre directeur technique et innovation qui l’a cofondée avec moi. Il en va de même pour nos ingénieurs. Parmi les 500 que nous employons actuellement, certains, embauchés dès leur sortie de l’école, sont restés pour devenir aujourd’hui des experts seniors, riches de quinze ans d’expérience. Ils sont les piliers du projet d’Adetel Group et nous sommes très attentifs à leur permettre d’évoluer en permanence pour garantir leur employabilité. » Une valeur qui anime aussi les relations qu’entretient le groupe avec ses clients, autant qu’elle est le moteur de sa croissance. « Le one shot maximise les risques de part et d’autre. Tandis qu’une action dans la durée permet de les mutualiser et de parvenir à des retours sur investissement qui ne sont possibles que sur le long terme. Adetel Group a ainsi des clients socles qui, même s’il faut parfois dépasser des difficultés au quotidien, ont accompagné notre progression industrielle. C’est le cas de Thales dans le secteur aéronautique ou d’Alstom dans le domaine ferroviaire. » La coopération avec le constructeur de trains débute en 1994. Adetel, qui ne dénombre encore qu’une dizaine de collaborateurs, démontre sa compétence et son agilité en répondant à une urgente problématique d’industrialisation pendant les fêtes de fin d’année. Alstom continue de confier à Adetel des travaux d’étude, de validation ou de fabrication jusqu’en 2004, date à laquelle la PME devient équipementier à part entière du groupe. « En 2000, nous avions entamé une collaboration avec la société Innorail qui a mis au point le système d’alimentation par le sol (APS) des tramways. Produit vitrine pour Alstom, l’APS, système utilisé entre autres à Bordeaux, a pour avantage de ne pas nécessiter d’infrastructure aérienne et donc de respecter l’environnement et l’esthétique des villes. Innorail nous avait confié la réalisation d’un coffre de batterie en toiture du tramway qui lui permet, en mode secours, de se déplacer lorsque l’APS fait défaut, à un carrefour par exemple. Lorsqu’Alstom a racheté Innorail en 2004, nous sommes devenus de facto fournisseurs d’équipements. » Outre ces programmes récurrents, Alstom sollicite Adetel Group à partir de 2005 pour rénover les convertisseurs (cf. encadré) de locomotives. « C’est un travail complexe. Un train conçu dans les années 1970 et fabriqué dans les années 1980 par la SNCF ou la RATP n’avait pas de climatisation. À la fin des années 2000, sa rénovation supposait que l’on intègre cette fonction. » L’expérience ainsi acquise conduit Adetel Group à signer en 2010 un contrat d’équipementier de rang 1 pour des convertisseurs statiques développés par l’ETI elle-même. « Nos relations avec les centres de recherche et les pôles de compétitivité et l’organisation transversale de nos pôles d’ingénieurs qui travaillent sur les multiples domaines d’activité nécessitant des convertisseurs statiques nous permet de faire profiter le secteur ferroviaire d’un état de l’art atteint par exemple pour l’aéronautique. Ce qui se traduit par des gains en matière de poids, de compacité ou d’intégration. » Cet accord, qui concerne en particulier le déploiement du tramway Citadis au Maroc, vient renforcer la stratégie internationale, déjà très dynamique, d’Adetel Group. « Dès notre création, nous avons entrepris une réflexion de colocalisation avec nos clients. A présent, nous conjuguons aussi nos efforts avec nos fournisseurs, PME ou ETI, pour offrir des solutions globales aux marchés. L’Inde, la Chine, les pays émergents ont des besoins criants en « Depuis la ligne aérienne, un train capte une énergie de 25 à 30 000 volts. Pour pouvoir alimenter les divers équipements – éclairages, prises électriques pour brancher les ordinateurs dans les rames, etc. – qui fonctionnent à des voltages bien inférieurs, il faut transformer cette énergie. C’est le rôle du convertisseur auxiliaire qu’Adetel Group fabriquera pour la plate-forme Citadis d’Alstom Transport. L’accord cadre signé entre nos deux entreprises prévoit, dans un premier temps la fourniture de 350 de ces convertisseurs auxiliaires, actuellement en cours de développement. Adetel Group en bref Alstom avait de multiples raisons de choisir Adetel Group qui, de son côté, souhaitait se développer dans le domaine des convertisseurs statiques. Tout d’abord, la relation avec le groupe Alstom est historique : une autre division lui achète des cartes électroniques. L’entreprise a aussi contribué au caractère très innovant du tramway de Bordeaux qui fonctionne par APS (alimentation par le sol) en apportant une brique de technologie importante. Enfin, notre division avait recours à ses compétences en consulting et engineering. C’est donc une société française – avec l’avantage d’une langue commune – qui connaît notre philosophie ainsi que nos principaux clients finaux comme la SNCF et la RATP. Ils ont, en tant qu’anciens constructeurs de trains, un haut degré d’exigence parfaitement fondé. Nous avions donc pu constater qu’Adetel Group était en mesure d’y répondre. Enfin – c’était un argument de poids – nous partageons des intérêts stratégiques avec Adetel Group, qui se positionne sur le marché mondial. Il est représenté en Italie, au Benelux, en Chine et a une société d’engineering aux États-Unis. Adetel Group était surtout implanté au Maroc avant que nous ne décidions d‘y travailler ensemble. Les emplois locaux induits par sa présence, sa profonde connaissance du marché et son excellente réputation ont été autant d’atouts qui jouent aussi en faveur d’Alstom à l’égard du gouvernement marocain, donneur d’ordre du TGV Morocco et de nouvelles extensions du Citadis. » www.adetelgroup.com - [email protected] Activité Adetel Group est une entreprise française, spécialiste de l’électronique embarquée pour des environnements difficiles, certifiée ISO 9001, EN9100 et IRIS, à laquelle OSEO a attribué en 2009 le statut de société de recherche sous contrat. Il fédère Adeneo, dédiée au consulting et à l’engineering, Adetel Equipment, qui se consacre au management d’affaires et de produits, et CMS, branche Manufacturing du groupe qui fabrique et intègre des cartes électroniques. L’offre d’Adetel Group s’adresse aux secteurs de la Défense, du ferroviaire, de l’aéronautique civile et militaire, du spatial, de l’automobile, de l’énergie, du médical et de l’industrie. Effectif 600 personnes. Implantation En France : Ecully, Dardilly et Sainte-Foy l’Argentière (69), Moirans (38), Toulouse (31), Massy (91). À l’étranger : Milan (Italie), Bruxelles (Belgique), Seattle (USA), Casablanca (Maroc), Shanghai (Chine). Export 15 % du chiffre d’affaires en 2010. Objectif Un doublement du chiffre d’affaires en cinq ans, avec une part de 30 % à l’international. Croissance (CA M€) 60 700 CA M€ 50 575 40 450 450 30 20 325 10 200 0 220 2005 EFFECTIF PART alstom 530 540 580 600 50 40 30 20 280 2006 60 10 2007 Part Alstom 2008 2009 Effectif 2010 2011 0 Barat Sofanor 20 3.11.2011 Alstom Guirec TURQUET DE BEAUREGARD SOURCING COMMODITY MANAGER Christian PROVOST, PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL « Un train, c’est un chaudron, qui constitue la partie extérieure, auquel sont fixés les plafonds, les cloisons, les tables, etc. Sofanor est un spécialiste de l’interfaçage entre ce chaudron et les ensembles ou sous-ensembles qui composent l’intérieur du train », répond Christian Provost lorsqu’on lui demande de définir le métier d’intérioriste. Il est depuis vingt ans le président-directeur général du groupe Barat, qui a repris Sofanor en décembre 2010. « Contrairement au secteur automobile organisé depuis longtemps, le pôle ferroviaire n’a commencé à se structurer que depuis une vingtaine d’années. À cette époque, les bureaux d’études des donneurs d’ordres comme SNCF ou la RATP ont abandonné progressivement l’ingénierie des trains pour la confier à leurs fournisseurs d’alors – Alstom, ANF ou CIMT. Ces derniers sont devenus constructeurs en rachetant d’autres sociétés tandis que leurs propres fournisseurs évoluaient vers le rôle d’équipementier. C’est le cas du groupe Barat, qui s’est engagé dans le secteur ferroviaire il y a une quinzaine d’années. Nous réalisons des portes, des fenêtres, des luminaires ou des carénages. Le rachat de Sofanor, réputée pour son savoir-faire dans le domaine de la fixation des éléments intérieurs et de garnissage, nous permettait de compléter notre activité par un segment important. » Opportunité pour le groupe Barat… et sauvetage pour Sofanor. La PME valenciennoise, dont l’activité avait suivi l’évolution des équipements ferroviaires depuis 1905, avait été acquise en 2005 par l’équipementier Compin Group. Cinq ans plus tard, elle se trouvait au bord de la liquidation. « Deux facteurs ont concouru à cette situation : une stratégie trop risquée inadaptée à une PME et un défaut de l’organisation. L’intériorisme est un métier faussement simple. Un plafond de train, par exemple, peut requérir 8 000 références. Il faut un contrôle parfait de la logistique et du niveau de stock, faute de quoi des éléments manquent en permanence. C’est ce qui s’est passé. » La compétence de Sofanor sur son métier n’étant pas en cause, de nombreux acteurs institutionnels et économiques avaient intérêt à la poursuite de son activité. La région et la municipalité souhaitaient maintenir l’emploi, les fournisseurs de Sofanor les débouchés de leur produits. Mais ce sont avant tout les principaux clients de la PME qui ont joué un rôle majeur dans la poursuite de son activité. Concurrents sur les marchés ferroviaires, Alstom et Bombardier se sont alliés à la SNCF pour choisir un repreneur dont l’activité était complémentaire, adapter les contrats à la productivité effective de l’entreprise et consentir les accords financiers pour permettre à la PME de se redresser. Pourquoi un tel pacte ? « L’intérieur représente de 25 à 30 % du coût du train dont la construction s’étale sur cinq à dix ans, poursuit Christian Provost. Un fournisseur doit être en « En mars 2009, Compin Group a fait part des difficultés financières de Sofanor à ses actionnaires puis à ses clients, principalement Alstom, Bombardier et la SNCF. Suite à la demande des dirigeants de Sofanor, Alstom a mis en place des résidents afin d’effectuer un travail d’analyse et de bâtir des plans d’action. Nous avons ensuite soutenu Sofanor avec la révision de certains contrats. Malgré tout notre support, la situation a continué à se dégrader. Sofanor a été placée sous administrateur judiciaire. Alstom, Bombardier, la SNCF et les actionnaires se sont alors alliés, afin de favoriser son rachat avec des motivations très différentes. Les constructeurs et la SNCF souhaitaient garder cet acteur important de l’intériorisme. La région Nord (bassin du ferroviaire) aurait été fortement impactée par la disparition de l’entreprise… Sans parler des investisseurs. Plus concrètement, cette disparition aurait compromis dramatiquement un projet important d’un des constructeurs. De son côté Alstom, assumant à lui seul des coûts importants, avait sécurisé ses projets en développant des sources alternatives à Sofanor pour protéger ses clients. La RATP et la SNCF sont dans le monde les clients les plus attentifs aux normes et à la qualité, particulièrement en matière d’intériorisme. Leurs exigences imposent une proximité géographique qui permet de limiter les risques dans la gestion de petites séries à forte variabilité. Ce sont les fournisseurs français qui répondent le mieux à ce cahier des charges. Maintenir l’activité de Sofanor dans le tissu industriel français devenait donc un enjeu stratégique pour le futur. En appuyant ce rachat par Barat, en maintenant et adaptant ses contrats, Alstom accompagne le développement de l’un de ses propres fournisseurs et renforce, à terme, la compétitivité de son panel et de la filière ferroviaire française. » 21 mesure d’accompagner le projet jusqu’à son terme. Il est très difficile et onéreux de confier les marchés à d’autres sociétés parce qu’il y a eu au préalable de nombreuses étapes d’essais et de certification. Cela supposerait de retarder les travaux de six mois à un an pour qualifier de nouveau tous les produits. Ce travail serait considérable et risquerait d’engendrer d’énormes pénalités de retard pour les constructeurs. De plus, le marché de l’intériorisme est actuellement réparti entre trois entreprises à vocation européenne, dont Sofanor, mais aucune n’a la taille suffisante pour prendre en charge la totalité d’un intérieur de train. » Jusqu’à la fin de l’année 2011, Christian Provost veut consacrer son énergie à reconstruire l’organisation de la société. Alstom accompagne très activement cette démarche en organisant des audits très réguliers au sein de Barat Sofanor et en cherchant à identifier des projets à venir sur lesquels les deux entreprises pourraient coopérer. « L’engagement moral d’Alstom et de Bombardier de nous donner de nouvelles affaires si nous sommes compétitifs et fiables est une chance que nous devons saisir. Nous avons sauvé 120 emplois sur 260. Il s’agit aujourd’hui de remettre les bonnes personnes aux bonnes place, en s’inspirant du modèle du groupe Barat qui est très rigoureux. Ensuite, nous remettrons l’entreprise au niveau qualitatif requis en obtenant la nouvelle norme IRIS dès le début 2012. Enfin, nous nous attacherons à faire en sorte que notre stratégie et nos investissements correspondent aux besoins de nos clients. » Ᏹ Barat sofanor en bref Activité Barat Sofanor, qui fait partie du groupe Barat, conçoit et fabrique des systèmes pour l’aménagement intérieur des trains, comme les porte-bagages, les plafonds, les luminaires et, par extension du scope de son offre, des cloisons, des planchers, des tables, etc. Maîtrisant l’ensemble des problématiques d’interfaçage des ensembles et sous-ensembles avec le chaudron, Barat Sofanor est experte dans leur livraison en juste à temps. Effectif 100 personnes. Implantation Crespin (59). 22 23.11.2011 Stratiforme Industries Alstom Laurent BERNARD COMMODITY MANAGER Guy LEBLON PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL S i vous avez connu les années 1970 ou si vous en aimez le design, vous vous êtes sans doute déjà reposé dans un fauteuil Knoll, dont les coques tout en courbes sont toujours fabriquées par le groupe Stratiforme. Née en 1961, contemporaine des balbutiements de l’industrie des composites dont elle est devenue spécialiste, la PME avait débuté en réalisant des produits récréatifs ou à destination du secteur agricole, avant de connaître un léger essor grâce au mobilier. Au cours des années 1980, Stratiforme élabore une véritable stratégie industrielle et se dote d’un bureau d’études et d’un laboratoire. « C’est à ce moment que le secteur des composites a véritablement explosé et s’est professionnalisé. L’entreprise est entrée de plain pied dans le ferroviaire en réalisant des pièces d’aménagement intérieur pour les métros, les trains et les cabines de conduite. De 1995 à 2000, le secteur s’est restructuré : les acteurs se sont rapprochés faisant émerger trois grands constructeurs : Alstom, Bombardier et Siemens. Ce mouvement de concentration s’est diffusé aux autres entreprises. Aux équipementiers d’abord, ensuite aux PME, au début des années 2000 », explique Guy Leblon, président-directeur général de la PME. Ex-dirigeant d’une société de climatisation adressant elle aussi l’industrie ferroviaire, Guy Leblon a repris Stratiforme en 2005, décidé à la hisser au statut de fournisseur de premier rang des grands constructeurs. « Pour cela, il fallait remplir trois conditions. Maîtriser complètement ses produits, de la conception et la fabrication jusqu’au service après-vente. En deuxième lieu, l’entreprise devait se positionner sur des produits à valeur ajoutée. Notre implication dans le pôle de compétitivité I-Trans a favorisé le développement de projets avec Alstom, Bombardier et la SNCF. Le pôle a soutenu le montage des dossiers sur le plan administratif, a arbitré les relations entre les intervenants et a obtenu des financements. Grâce à cela, Stratiforme a dynamisé son activité de R&D et ses process, tout particulièrement sur les matériaux haute performance. » Parmi les résultats de cet effort, la cabine du NTV, le nouveau train à grande vitesse italien. Les process industriels développés par Stratiforme ont rendu les matériaux composites utilisés 40 % plus performants que d’autres. Un impératif pour rouler à 350 km/h, compte tenu de la taille et de la surface des pièces qui, à cette vitesse, risqueraient de se déformer ou de se briser. Enfin, troisième condition, il fallait une présence internationale. Implantée en Pologne depuis 2000, l’entreprise s’est depuis installée au Maroc, où elle commence à réaliser des infrastructures pour le chantier de TGV d’Alstom ; en Inde en 2010 via une joint venture et en Allemagne par le rachat, en février 2011, des activités composites du constructeur français à Salzgitter. « Cette acquisition a suivi un processus classique d’appel à candidatures. Stratiforme était en concurrence avec une dizaine d’autres équipementiers du ferroviaire. Les tractations ont duré deux ans. Dans l’industrie ferroviaire, où les moyens financiers sont inférieurs à ceux de l’aéronautique ou de l’automobile, les constructeurs affichent clairement la volonté que leurs fournisseurs travaillent avec plusieurs clients. Notre vision de l’avenir de cette unité reposait beaucoup sur la coopération stratégique avec « Stratiforme se trouvait dans le panel des donneurs d’ordre du secteur ferroviaire – notamment CIMT – avant même la création d’Alstom. L’entreprise s’est spécialisée dans la réalisation des nez avant des trains, pour la plupart réalisés dans des polymères, les FRP (Fiber Reinforced Plastics) qui ont progressivement remplacé le métal. En 2005, la société a été rachetée par Nordine Hmoudi et Guy Leblon, qui en est le président-directeur général. Ce dernier a souhaité développer Stratiforme sur les axes de l’innovation et à l’international. Cette volonté de croître a rencontré la stratégie de renforcement de ses fournisseurs les plus entreprenants, initiée par Alstom avec le programme LP 150 (Leading Partners). Stratiforme est devenu l’un de ces partenaires. Un accord-cadre prévoit, pour une durée d’environ cinq ans, que Stratiforme garantit à Alstom de satisfaire toutes les exigences (qualité, coût, délai) attendues et d’investir dans des innovations en ligne avec les stratégies et les développements du groupe. Celui-ci, en contrepartie, s’engage à accompagner les démarches de progrès de Stratiforme, ainsi qu’à lui donner accès à un volume d’affaires potentiel plus important. Dans ce cadre, nous codéveloppons des procédés spéciaux, confidentiels pour le moment, et Stratiforme, qui a beaucoup étendu sa présence à l’international ces dernières années, est présent à nos côtés, par exemple en Inde, au Maroc, et nous tentons ensemble de conclure un partenariat avec le Brésil. Enfin, Stratiforme a repris en février 2011 les activités composites de l’usine d’Alstom à Salzgitter, en Allemagne : cette croissance externe lui permet de prétendre à un chiffre d’affaires beaucoup plus conséquent, sans risquer de se trouver dans une dépendance trop importante. Dans cet esprit de consolidation de notre fournisseur, Stratiforme a désormais un accès direct aux marchés de notre concurrent Siemens, tandis qu’Alstom bénéficie de sa présence locale, à proximité de son site. » 23 tous les constructeurs et les opérateurs, comme la SNCF et la Deutsche Bahn. Je crois qu’elle a compté pour beaucoup dans l’attribution du dossier, au même titre que nos investissements R&D et notre développement international. » Autant de facteurs qui ont conduit aussi la PME à participer au programme LP 150 d’Alstom (cf. encadré). « Ce programme nous permet de partager une vision stratégique des marchés, poursuit Guy Leblon. Il nous permet de déterminer quels produits seront en adéquation avec le besoin du constructeur, en fonction des segments de marché. Car il y a de grandes différences entre un métro et un tramway, un train régional ou à grande vitesse. Idem pour les zones géographiques : notre PME, dont nous espérons qu’elle sera bientôt une ETI, ne peut pas se permettre d’échouer dans une implantation à l’international ou d’en mener deux de front. La collaboration encadre également des projets de R&D conjoints, prévus sur deux ou trois ans, en décrivant les démarches et les retombées. Nous espérons que cette dimension partenariale perdurera en phase d’application, même dans un contexte de compétitivité inhérent à toute relation client-fournisseur. Enfin, en nous donnant accès à l’image que le constructeur se fait du fournisseur idéal, en termes de qualité et de rayonnement, les échanges suscités par le LP 150 nous livrent de précieux éléments pour alimenter notre propre stratégie. » Ᏹ Stratiforme industries en bref www.stratiforme.com Activité Créé en 1961, Stratiforme Industries est un équipementier spécialiste de la mise en œuvre des thermodurcissables renforcés et notamment des pièces en résines phénoliques. Stratiforme réalise des grandes pièces fonctionnelles et structurelles dans le meilleur rapport – résistance/poids, essentiellement à destination de l’industrie ferroviaire qui représente 90 % de son activité. Les domaines auxquels s’adressent les 10 % restants sont la Défense, le bâtiment et le mobilier. Effectif 220 personnes. Implantation Bersée (59), Châtillon-sur-Seine (21), Zyrardow (Pologne), Casablanca (Maroc), Salzgitter (Allemagne), Stratiforme MSL en Inde. Wallix 24 20.7.2011 25 Altran Dans cette perspective, Wallix, s’est déjà engagée dans une nouvelle démarche avec le groupe Altran pour tester le marché indien. « Il s’agit cette fois d’aller plus loin qu’un simple hébergement pour construire une offre commune à valeur ajoutée et cerner des segments de marchés cohérents avec nos savoir-faire respectifs. Il existe notamment en Inde une initiative de construction d’identité numérique qui nous offre des opportunités. Ensemble, nous avons listé les prospects potentiels parmi les grandes entités et identifié ceux avec lesquels Altran est déjà en contact. Récemment, nous avons formé, dans nos bureaux, un collaborateur d’Altran Inde aux solutions Wallix, afin qu’il sache en faire la démonstration. Wallix avait prévu de regarder le marché asiatique à partir de 2013. L’appui que nous offre Altran pourrait nous permettre de prendre de l’avance sur cet agenda en cas de succès, avec de premières références sur des projets stratégiques menés en commun dans une région du monde où la sécurité informatique est un sujet majeur, notamment pour des grands groupes internationaux. » Ᏹ Bruno LESCURE PARTNER « Pour le métier d’Altran – groupe international de conseil en innovation et ingénierie avancée – la connaissance du vivier des PME innovantes est capitale. Leurs technologies et/ou solutions nous permettent d’enrichir notre offre. C’est en favorisant leur développement que nous accroissons nos chances de développer un écosystème vertueux pour nos clients La solution de Wallix, qui permet – en se connectant sur un gestionnaire d’identité – d’avoir une vision précise de l’activité des utilisateurs et, en particulier, des “utilisateurs privilégiés” qui ont des accès sensibles au réseau, peut trouver de nombreux débouchés, en Europe, aux États-Unis et en Asie, tout particulièrement en Inde. Jean-Noël de GALZAIN PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL E n 2003, Jean-Noël de Galzain quitte le service informatique pour créer Wallix, l’éditeur de logiciels spécialiste européen de la traçabilité des accès informatiques. « J’ai pensé qu’il y avait un challenge autour de l’édition de logiciels dans le domaine de la gestion d’infrastructures critiques et de la sécurité informatique avec des logiciels libres. D’où Wallix, soit Wall–Linux, un mur appuyé sur Linux. » En 2007,répondant aux demandes de ses clients stratégiques, Wallix crée le Wallix AdminBastion, WAB, un produit de gestion des accès, des identités et de traçabilité des actions informatiques sur un réseau. « Nous avons fortement investi en R&D pour créer un logiciel distribué sous forme d’Appliance packagée et sécurisée. Un produit innovant qui a permis alors de lever plus de trois millions d’euros avec l’aide d’Oséo, de fonds d’investissements et de trois business angels de renom. Depuis, nous avons ajouté la Wallix LogBox, un outil de collecte et d’analyse des logs pour compléter notre gamme de produits. Nous les vendons aujourd’hui sur tous les segments de marché grâce à un réseau de 30 revendeurs spécialisés en sécurité informatique. Depuis l’été 2009, nous avons renforcé nos fonds propres et notre équipe pour nous développer à l’international… En Belgique, en Suisse, au Luxembourg et en Angleterre où nous ne voulions pas nous contenter d’une présence indirecte, mais avoir un bureau local. C’est en effet un pays crucial dans le domaine de la sécurité et des TIC, ainsi qu’une ouverture vers les États-Unis. » Le groupe Altran va favoriser cette implantation outre-Manche. En 2009, le pôle de compétitivité Systematic invite Jean-Noël de Galzain, dans le cadre du programme Ambition PME, à présenter sa stratégie de développement devant le Comité promotion & marketing. Celle-ci intéresse vivement les représentants de la direction générale d’Altran, membres du comité. Ils proposent d’abord à Jean-Noël de Galzain un portage conseil pour la Belgique, puis d’accueillir, grâce au Pacte PME International, un VIE de Wallix dans les bureaux londoniens du groupe. Dont acte au début 2010. « Ce portage a accéléré notre implantation : nous avons gagné des mois sur le plan administratif et RH. Cela nous permet également d’avoir une adresse bien placée, où notre ingénieur n’est pas esseulé. Il côtoie des consultants du même environnement professionnel qui peuvent faciliter les contacts. S’il est encore trop tôt pour quantifier l’apport en termes de business, nous poursuivons cette expérience positive et envisageons d’autres pays d’implantation éventuelle. » Elle peut se prêter à l’idée de carte d’identité numérique, par exemple dans le secteur de la santé. Il est possible d’imaginer de nombreux usages, dans le marketing ou dans la distribution où il existe un grand nombre de cartes de fidélité. Parmi ces secteurs adressés par Altran, cette offre nous permettra de proposer de nouveaux services à nos clients. Wallix en bref www.wallix.com La collaboration avec Wallix est très concrète et notre plan d’action en cours de finalisation. Nous trouvons chez Wallix un véritable esprit d’entrepreneuriat, de créativité, d’audace, de volonté et d’ambition – et nous considérons l’engagement du dirigeant et de l’entreprise comme un facteur de succès, au même titre que l’excellence de la solution. Activité Wallix est un éditeur européen de logiciels de sécurité informatique, spécialisé dans la gestion des identités et des accès, ainsi que de la traçabilité informatique. Effectif 35 personnes Implantation Paris (75), Reading (Angleterre) et NewYork (États-Unis). Nous sommes très enthousiastes à l’idée des résultats de notre coopération. Aussi, j’ai accepté d’être le parrain de Wallix pour l’accompagner dans le cadre du nouveau projet des champions du pôle de compétitivité Systematic. Pour répondre aux nouvelles problématiques de nos clients avec des solutions globales, Altran, plutôt que de prospecter seul sur ses marchés, souhaite davantage associer les PME innovantes françaises. » Export 25 % du CA. Objectif 50 M5 en 2016. Croissance (CA M€) 5 CA M€ EFFECTIF PART ? 5 4 4 3 3 2 2 1 0 1 2007 2008 2009 2010 2011 0 Ricupero 26 19.12.2011 Bruker BioSpin France Jean-François DELANOUE RESPONSABLE DES ACHATS « Dans notre métier de l’instrumentation analytique, l’innovation est le cœur de notre stratégie. Bruker BioSpin France focalise de plus en plus ses ressources sur ses activités stratégiques – le développement ainsi que la fabrication d’aimants, de gradients et d’amplificateurs radiofréquence de puissance. La haute technologie et les volumes industriels modérés caractérisent nos activités et reposent aussi sur le savoir-faire et les compétences de fournisseurs stratégiques, qui sont pour la majorité des PME. Franck RICUPERO DIRECTEUR « Ricupero est spécialisée dans la tôlerie fine, de 0,5 à 3 mm. Sur une feuille de métal à plat – acier, inox, aluminium, zinc ou n’importe quel métal revêtu –, nous développons un plan fourni par un client. Nous procédons à la découpe, puis nous plions les pièces qui, une fois mises en forme, sont soudées, polies, serties avant d’être envoyées en peinture. Notre activité a beaucoup changé grâce au numérique et à la robotique. Nos robots de pliage et de soudure accompagnent le travail des hommes », explique Franck Ricupero pour rendre compte de l’évolution de son métier. Voici trois ans qu’il a repris avec son frère l’entreprise créée par leur père Benoît Ricupero en 1979, où tous deux faisaient déjà leurs armes depuis 1993. « Mais, pour atteindre le niveau de qualité que nous proposons, il faut forcément garder une part artisanale. Par exemple, lorsque les pièces chauffent et se déforment, il faut les redresser, ce qui ne peut pas être fait par un robot, sauf quand on lance 50 000 ou 60 000 pièces comme PSA ou Renault. Aston Martin fait encore les voitures à la main. Eh bien nous, nous sommes les Aston Martin de la tôlerie ! C’est pour cette raison que nous sommes en mesure de satisfaire le haut degré d’exigence de Bruker BioSpin France. » La collaboration entre Ricupero et Bruker BioSpin France date de plus de vingt ans. « À l’époque, la tôlerie intégrée de Bruker BioSpin France est parvenue à saturation et le groupe cherchait à externaliser une partie de sa fabrication. Le volume d’affaires s’est accru avec le temps. C’est un authentique partenariat, concrétisé par un contrat-cadre qui nous a permis, en période de crise, d’éviter de mettre certains de nos collaborateurs au chômage. Bruker BioSpin France est un client rigoureux, qui respecte les délais de paiement, sait ce qu’il veut et nous fait des retours sur ce qui lui convient ou non. Bref, Il nous fait évoluer. Par exemple, en investissant dans les dernières technologies ou en nous agrandissant comme nous l’avons encore fait récemment. Peu avant cela, nous n’étions qu’une quarantaine, soit une taille délicate : trop petits pour avoir de gros marchés et trop gros pour nous contenter de petits marchés. Nous avons augmenté la superficie de nos ateliers de 2 000 m2 et nos effectifs, ce qui nous a permis d’aborder les marchés liés à l’intégration. Nous en faisions déjà depuis une petite dizaine d’années. Mais Bruker BioSpin qui, depuis deux ans, nous confie de l’assemblage de différents composants – que nous fabriquons ou qu’ils nous demandent d’acheter afin de leur livrer un produit fini –, nous a permis de faire un grand pas dans ce sens. » Depuis plus de vingt ans, Bruker BioSpin France entretient d’excellentes relations avec l’entreprise familiale Ricupero. Nous avons fait appel à Ricupero lorsque nous produisions la tôlerie en interne afin de mieux gérer nos variations de charge. Dès 2005, Bruker BioSpin France a souhaité se désengager de cette activité et Ricupero a alors repris 30% du volume global en nous garantissant un niveau de qualité très élevé. Nos relations commerciales se sont alors développées avec notamment une reprise progressive par Ricupero d’une partie du montage et de l’assemblage de certaines de nos consoles électroniques (spectromètres à résonnance magnétique nucléaire) pour représenter aujourd’hui 50% de nos achats de tôlerie. Ses dirigeants ont su anticiper nos besoins et investir à plusieurs reprises dans de nouvelles capacités de production (peinture industrielle) et de nouveaux locaux nécessaires à la pérennité et à la poursuite du développement de nos relations. Ce transfert croissant de valeur ajoutée se poursuit aujourd’hui par la fourniture de prestations de plus en plus complètes et devrait s’accroître à l’avenir. » 27 L’excellence attendue par Bruker BioSpin France de ses fournisseurs offre aussi à Ricupero une aide induite pour asseoir sa réputation auprès de clients potentiels. « Nous travaillons pour de nombreux secteurs d’activité. Pour le médical, nous fabriquons beaucoup d’équipements touchant au corps humain. En billetterie, nous réalisons par exemple les tirelires dans lesquelles les automobilistes jettent les pièces aux péages d’autoroute. Nous intervenons aussi pour le nucléaire ou l’armement. Les pièces que nous réalisons pour Bruker BioSpin France sont la démonstration de notre niveau de qualité. » La stratégie des deux dirigeants est de viser une croissance maîtrisée : « Nous cherchons à développer chaque année un ou deux nouveaux clients. Notre priorité est de garder ceux de longue date. Nous préférons grandir doucement mais sûrement, plutôt que de devoir licencier dès qu’il y a une crise. » L’actuelle pénurie de soudeurs et de polisseurs est-elle un obstacle à ces perspectives de développement ? « Oui et non, répond Franck Ricupero. C’est vrai qu’il est difficile de progresser quand on manque de personnel. C’est pourquoi nous avons développé la formation en interne. Ensuite, une fois que les personnes sont formées, il faut savoir les garder en leur offrant de bonnes conditions de travail, aussi bien sur le plan environnemental que financier. Cela fait partie de la réalité du métier. » Ᏹ Ricupero en bref www.ricupero.fr Activité Créée en 1979, la société Ricupero, spécialisée dans la tôlerie de précision, dispose de deux sites de production : l’un, de 10 000 m2, est consacré à la tôlerie et l’autre, de 2 000 m2, est dédié à la peinture industrielle. Les secteurs d’activité adressés par Ricupero sont l’armement, l’automobile, la billetterie, le médical, la monétique, le photovoltaïque, le sport et les transports. Effectif 77 personnes. Implantation Pirey (25). MGS 28 5.9.2011 29 CEA de confiance pour mettre en place un groupement chaque fois qu’un projet complexe le nécessite ; une montée en compétences avérée grâce à l’obtention des certifications ISO 9001 et CEFRI qui permet à certains salariés de la PME d’intervenir sur les sites du CEA. Enfin, la confiance du CEA, client solide et fiable, qui convainc les banquiers et les organismes de crédit. Les besoins de l’ensemble de ses centres en prototypes sophistiqués et en boîtes à gants, domaines où les fournisseurs font défaut, sont de nature à favoriser le développement de la PME. « Nous souhaitons croître, conclut Daniel Grépinet. Nous avons même un projet d’extension de 2 000 m2. Mais il faudra aussi recruter des ouvriers qualifiés en chaudronnerie et en soudure, ce qui devient difficile à trouver parce que ces filières de formation ont été délaissées. Ce renforcement de nos ressources humaines est nécessaire pour pouvoir aller chercher de nouveaux marchés et livrer dans les délais. J’applique une politique d’indépendance économique en limitant volontairement la part de chaque client dans le chiffre d’affaires. Avec cette stratégie, si MGS doit prétendre à de nouveaux marchés, provenant notamment d’autres centres du CEA, cela devra coïncider avec une augmentation globale du chiffre d’affaires. » Ᏹ Florence GERMOND CHARGÉE DE MISSION RELATION AVEC LES PME Daniel GRÉPINET PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL I nnovation et indépendance sont les deux grands principes guidant Daniel Grépinet pour déterminer le cap de MGS, l’entreprise de mécanique générale et de chaudronnerie dont il est le président-directeur général depuis 1986, année de sa fondation. La capacité à innover de MGS a été patiemment bâtie par une politique de réinvestissement constante des bénéfices dans un parc machines de plus en plus complet. « Au fil du temps, nous avons réussi à internaliser tous les postes – la mécanique, la soudure, le contrôle qualité, etc. – en nous affranchissant de la nécessité de faire appel à des prestataires externes pour réaliser des ensembles. Cela nous a permis deux choses : proposer à nos clients des prix défiant toute concurrence et de l’innovation. MGS a même déposé un brevet, mais comme cela coûte très cher et que c’est facile à contourner, une petite société comme la nôtre n’y trouve pas vraiment d’intérêt. En revanche, nous valorisons notre savoir-faire auprès des 120 clients traités en moyenne chaque mois et pour lesquels nous fabriquons des pièces plus élaborées que certains de nos confrères, prototypes ou petites séries. Nous n’avons que peu de clients internationaux – une entreprise allemande et une luxembourgeoise –, mais 80 % de notre production est destinée à l’étranger. À l’exception de l’automobile, nous desservons tous les secteurs, par exemple la pharmacie, l’agroalimentaire et le nucléaire. » Le nucléaire justement. Géographiquement proche du centre de Valduc, MGS a commencé à travailler dès 1989 pour le CEA comme soustraitant des fournisseurs directs de l’organisme public. « Pendant près d’une vingtaine d’années, nous avons réalisé des pièces pour le CEA et, grâce à un bouche à oreille favorable, nous avons fini par remporter un marché en direct en 2007. » Associé pour l’occasion à Esbe, un bureau d’études lyonnais, et Actemium, une entreprise d’ingénierie et de travaux électriques filiale du groupe Vinci, MGS délivre au CEA une prestation qui persuade les acheteurs d’adouber la PME parmi les fournisseurs de rang 1. Désormais consultée en direct, MGS, accompagnée des mêmes partenaires, décroche en 2009 un contrat d’un million et demi d’euros, livrable en trois tranches. « Nous achevons de livrer en septembre de cette année et tout s’est passé à merveille, tant en ce qui concerne l’optimisation du produit que la qualité du montage.Nous sommes de plus en plus sollicités par le CEA de Valduc : en deux ans, le nombre de leurs consultations a décuplé. Cela nous permet de choisir les projets pour lesquels nous avons la certitude d’exceller. Au mois de mars dernier, nous avons remporté la réalisation d’une boîte à gants pour un montant de 260 000 euros et nous attendons les résultats d’un appel d'offress portant sur un contrat de trois ans. Notre carnet de commandes est rempli jusqu’en 2012, c’est la première fois en 25 ans que nous avons cette visibilité. » Tous les paramètres semblent réunis pour favoriser le développement de MGS : des partenaires « La boîte à gants – un contenant réalisé en tôlerie et équipé de gants permettant de manipuler des substances qui ne peuvent être touchées sans risques – est fondamentale dans l’industrie nucléaire. La sécurité de l’installation est le critère majeur de nos achats, souvent avant le prix, et rares sont les entreprises qui, comme MGS, parviennent à respecter les exigences de qualité requises par le CEA. La qualité d’une boîte à gants repose en grande partie sur le savoir-faire du soudeur, qui détient une compétence clé. Or, dans la mesure où ce métier manuel est en perte de vitesse en France, les fournisseurs sont difficiles à trouver. Dans le cas présent il s’agissait de prototype et non de série. C’est la raison pour laquelle le CEA a préféré travailler avec une PME comme MGS, qui est en mesure et qui trouve de l’intérêt à fabriquer des pièces très complexes. Nous avons été transparents avec MGS en expliquant que la durée de nos marchés ne pouvait pas excéder quatre à cinq ans, mais qu’en raison du nombre restreint d’entreprises concurrentes, l’effort pour se positionner sur ce marché de niche pouvait permettre à MGS d’établir une relation étroite avec le CEA. Forte de ces informations, l’entreprise a choisi d’investir et de former ses collaborateurs. Mgs en bref http://mgs.a.pagesperso-orange.fr/accueil.html Activité MGS (Mécanique Générale Services) réalise dans ses ateliers des pièces très diversifiées de mécanique générale, de chaudronnerie inox et de découpe laser. L’entreprise est renforcée d’un bureau d’études qui permet la réalisation de prototypes et de pièces de séries. Daniel Grépinet, le président de MGS a pu par ailleurs mettre en avant l’article sur son entreprise, paru dans le rapport d’activité du Pacte PME pour l’année 2009, comme témoignage de la qualité de ses relations avec le CEA. Effectif 39 personnes. Implantation Vaux-sous-Aubigny (52). Cela lui a permis d’obtenir l’assise financière nécessaire pour réaliser les essais. Enfin, c’est ainsi, que fournisseur de rang 2 du CEA de Valduc pendant de longues années, MGS a acquis une expertise et démontré sa fiabilité. MGS fait aujourd’hui partie de nos fournisseurs de rang 1. » Croissance (CA M€) 6,0 40 5,5 5,0 CA M€ 38 EFFECTIF PART CEA 38 39 39 39 38 6,0 5,5 5,0 4,5 4,5 4,0 4,0 3,5 3,0 35 3,5 2005 2006 Part CEA 2007 2008 Effectif 2009 2010 3,0 SDMS technologies 30 20.7.2011 31 CEA que de 15 kilomètres. Nous comptons répondre aux appels d'offress du projet ITER pour divers équipements mécaniques ou chaudronnés. En second lieu, nous souhaitions élargir nos compétences grâce aux savoir-faire d’Astriane en mécatronique. Grâce à cette acquisition, SDMS Provence s’est vu confier en décembre 2010, par le CEA, la licence d’exploitation et l’industrialisation du procédé AspiLaser, une tête laser qui abrase la couche contaminée des parois radioactives. Le CEA a développé la tête et SDMS technologies la machine qui la supporte. Le travail préparatoire a duré cinq ans. Cet accord avec le CEA est une reconnaissance de notre travail. Dans ce partenariat, il nous incombe de consolider la technologie afin que l’AspiLaser puisse travailler dans les conditions les plus hostiles qui soient afin d’en optimiser le coût de revient. Quant au CEA, il prend en charge la communication, nous soutient dans la commercialisation. Il pourrait être aussi notre premier client, en tant que maître d’ouvrage. » Ᏹ Florence GERMOND CHARGÉE DE MISSION RELATION AVEC LES PME « Depuis les années 19 80, le CEA a fait de nombreuses fois appel à l’expérience de SDMS technologies en matière de pilotage de projets complexes. Par exemple sur les seules années 2005 à 2010, SDMS a fait de nombreuses réalisations sur le site CEA de Cadarache, en particulier pour la machine Tore Supra (précurseur d’ITER), pour l’Installation nucléaire de base (INB) CEDRA, pour le réacteur d’essais RES ou pour le projet de traitements d’effluents AGATE. Louis LANDROT PRÉSIDENT C réée en 1962 par Robert Despeisse, SDMS technologies est une entreprise de chaudronnerie blanche. « Le mot chaudronnerie, qui paraît un peu archaïque, recouvre en réalité une activité très technologique, explique Louis Landrot, repreneur de la société en 2006 avec l’accompagnement de CNCIC Capital Finances et actuel président. C’est l’art de travailler les métaux en feuilles, puis de les former et de les souder pour réaliser des objets très divers, notamment des contenants. Notre caractéristique est de ne traiter que les métaux nobles – acier, cuivre, aluminium – ou les métaux dits exotiques comme le niobium ou le tantale, utilisés dans les activités de recherche ou dans le nucléaire. Notre activité consiste surtout à réaliser des prototypes ou des petites séries, plutôt que des produits de grande série. » Implantée en Isère, SDMS technologies commence à travailler pour le CEA de Grenoble dès le début des années 1980. « Nous nous sommes développés dans des métiers comme le vide et la cryogénie basse température dans son sillage. » SDMS a aussi remporté des appels d'offress auprès d’autres centres que celui de Grenoble. « Dans le cadre du laser Megajoule, projet très complexe du CESTA (Bordeaux), nous avons apporté des solutions en matière de soudage pour la réalisation de la sphère de 10 mètres de diamètre vers laquelle vont converger les faisceaux laser et avons ensuite réalisé les composants principaux de cette sphère, en sous-traitance de Cegelec. Notre expertise en soudage de l’aluminium a été très utile. Nous avons également conçu et réalisé la machine de chargement de cibles cryogéniques, en cours d’installation au CEA de Valduc. » Cette excellence technologique permet à SDMS technologies de figurer parmi les fournisseurs importants pour le CEA. « La collaboration est très constructive, même si les pratiques de passation de marché sont drastiques. Les appels d'offress sont souvent européens et le CEA, dont les budgets proviennent du contribuable français, est garant de leur utilisation sous la surveillance de la Commission des marchés. » Pour être exigeante, la coopération avec le CEA n’en demeure pas moins au cœur de la stratégie de développement de SDMS. « Début 2010, nous avons acheté la société Astriane, spécialisée en mécanique, mécatronique et robotique, qui maintenant s’appelle SDMS Provence. Un double objectif stratégique a motivé cette acquisition. En premier lieu, nous implanter à Manosque, qui n’est éloignée du centre CEA de Cadarache Nous sommes tout particulièrement satisfaits du codéveloppement de l’AspiLaser avec SDMS technologies. Ce produit est particulièrement intéressant, alors que le marché du démantèlement des centrales nucléaires est en pleine explosion. Celui de l’AspiLaser a été évalué à au moins deux unités par an, et nous avons aussi estimé que son utilisation permet de diviser par 5 le personnel requis par m2 de surface à décontaminer. Sdms technologies en bref www.sdms.fr Le CEA mène depuis de très nombreuses années une réflexion très active sur le thème du démantèlement. La mise au point de l’AspiLaser démontre notre implication dans cette recherche. Activité SDMS technologies est un constructeur, intégrateur de solutions techniques innovantes dans le secteur de la chaudronnerie blanche et de la mécatronique. SDMS technologies intervient, pour ses clients à haute exigence technologiques sur les familles de produits comme le confinement nucléaire, les environnements réacteurs, les systèmes cryogéniques ou l’instrumentation physique. Le modèle économique du CEA, qui ne commercialise pas directement ses technologies, prévoit des contrats de collaboration et des licences exclusives de brevets permettant un retour sur investissement optimum. Ainsi, notre organisme est toujours en quête de PME en mesure de commercialiser nos brevets, comme SDMS technologies le fait avec AspiLaser. » Effectif 220 personnes. Implantation Saint-Romans (38) et Manosque (04) Export 15 % Objectif Atteindre 35 M5 en 2014. Croissance (CA M€) 35 300,0 CA M€ EFFECTIF PART CEA 220 30 237,5 25 20 175,0 15 10 112,5 5 50,0 0 100 90 120 130 2007 2008 35 30 25 20 130 15 10 5 2005 2006 Part CEA Effectif 2009 2010 0 32 Erems 4.1.2012 33 CNES activité, mais nous essayons de réduire l’impact des budgets institutionnels en travaillant, par exemple, à des programmes d’exportation de microsatellites pour l’Algérie, le Vietnam ou le Chili. Toujours pour nous affranchir de la dépendance économique, nous nous tournons aussi vers le médical, la défense et l’industrie nucléaire. Nous avons notamment gagné un appel d'offress d’EDF et d’Areva portant sur la livraison de baies d’acquisition, qui seront déployées en 2012 et 2013 sur l’ensemble des réacteurs français. Quant à notre coopération avec le CNES, elle tend plutôt à se consolider. Et nous en sommes heureux car, grâce à elle, à l’inverse d’autres PME qui subissent une pénurie en matière de ressources humaines, nous n’avons aucun problème pour attirer et conserver les talents chez Erems. Lorsque j’expose aux jeunes ingénieurs un projet d’électronique qui volera sur la sonde exploratoire d’une comète, je vois une flamme s’allumer dans les yeux des plus passionnés. » Ᏹ Pascale LUNEAU CHARGÉE DE MISSION PME AUPRÈS DU DIRECTEUR DES ACHATS Gérard DEJONGHE PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL E n 2005, Gérard Dejonghe reprend la direction d’Erems, suite au départ en retraite des fondateurs. « Je travaillais depuis 1991 dans cette PME créée en 1979 par deux ingénieurs spécialisés en électronique. Il s’agissait initialement d’un bureau d’études, mais qui a presque immédiatement intégré la fabrication car l’activité première s’est concentrée autour de petits équipements pour les avions d’essais d’Airbus », raconte Gérard Dejonghe. Après ces premières réalisations, le destin d’Erems croise, au début des années 1980, la route du CNES, rencontre qui va orienter son activité vers le spatial. En quête d’une alimentation haute tension pour la sonde soviétique Vega, chargée d’observer la comète de Halley, le CNES avait consulté des grands groupes proposant des délais de réalisation très longs. En s’engageant sur une durée de quatre mois, Erems remporte le marché… Et tient son engagement ! « Au cours de la décennie qui a suivi, l’entreprise s’est beaucoup investie dans les programmes de vols habités franco-russes en fournissant un grand nombre d’équipements pour des expériences qui avaient lieu environ tous les deux ans sur la station MIR. » Au gré des programmes et des échanges scientifiques avec les ingénieurs du CNES, Erems ne cesse d’élargir ses domaines d’expertise. « L’une des particularités du domaine spatial est que chaque programme scientifique exige des équipements surmesure, pour lesquels les cahiers des charges, très précis, présentent une grande complexité. Chacun est une occasion de progresser. Nous avons donc pu consolider nos savoir-faire en matière d’électronique analogique et numérique, de convertisseurs d’énergie – qui mettent en œuvre des puissances bien inférieures à celles du ferroviaire par exemple – et de logiciels associés à nos équipements. Grâce à ce déploiement de nos compétences, Erems a pu, au cours des années 1990, déborder le seul registre des vols habités pour se positionner sur les programmes de satellites de communication et les missions d’observation du CNES, ainsi que sur les projets de l’Agence spatiale européenne (ESA) et des grands groupes du spatial que sont, en France, Astrium et Thales, OHB en Allemagne et RUAG-Space en Suisse. » Ainsi, Erems a construit le calculateur de l’analyseur de la composition atmosphérique de la planète Mercure qui volera sur la sonde BepiColombo et enverra les données au sol en 2018. Astrium lui a également octroyé la réalisation des équipements électroniques d’acquisition vidéo des satellites Spot 6 et Spot 7, formant une constellation pour observer le sol terrestre jusqu’en 2023 . L’extension de son portefeuille client est absolument vitale pour Erems. « Notre entreprise a connu une évolution cyclique car dans le spatial alternent des périodes heureuses et d’autres de décroissance, notamment liées à la baisse des budgets institutionnels. En 2005, alors que nous dépendions à 70 % des budgets du CNES et de l’ESA, notre activité en a pâti. Le CNES a réagi pour nous épauler. C’est à cette époque qu’a été mis en place le premier accord cadre d’une durée de six ans qui, sans garantir d’obtenir les marchés, permet d’avoir une meilleure visibilité en nous donnant la certitude d’être consultés sur un volant d’offres donné. Il est actuellement en renouvellement. En outre, à cette époque, le CNES a encore raccourci la durée de passation des contrats – qui en général est déjà rapide – et a mis en place des échéanciers couvrant les premières dépenses de conception et les premiers achats, car nous utilisons des composants de très haute qualité qui coûtent extrêmement cher. Depuis, six ans ont passés et nous avons connu une forte croissance à la fois en termes de chiffre d’affaires et d’effectifs puisque nous sommes passés de 28 à 60 salariés. » La stratégie de diversification adoptée par Gérard Dejonghe depuis la reprise d’Erems ouvre aussi de nouvelles perspectives. « Le spatial représente toujours 90 % de notre « Erems est historiquement l’une des premières PME à travailler avec le CNES. Elle est aussi celle qui réalise le chiffre d’affaires le plus important du domaine spatial, avec notre établissement. Cette collaboration s’est installée à l’époque où le CNES coopérait avec les Russes à des expériences pour la station MIR et aujourd’hui pour l’ISS, la station spatiale internationale. Erems a d’abord développé des équipements électroniques embarqués dans cette station. Dès le début, Erems a apporté au CNES sa grande capacité à innover, d’autant plus essentielle que le secteur spatial ne requiert pas de séries, mais exclusivement du prototype, ainsi qu’une réactivité plus importante que les grands maîtres d’œuvre. Lorsque nous coopérons avec un grand groupe, la moindre évolution implique des démarches administratives – demandes et propositions de modification, rédactions d’avenants, etc. – qui sont très allégées avec les PME. Cette fluidité du travail collaboratif sur le terrain entre nos ingénieurs et les équipes d’Erems, la pertinence de ses propositions techniques conjuguée à un très bon rapport qualité/prix permettent à cette PME de remporter régulièrement nos compétitions depuis tout ce temps. De notre côté, nous avons soutenu la progression en qualité d’Erems. Cette montée en compétences l’a renforcée sur deux plans : elle a diversifié ses activités avec le CNES en intervenant également dans le domaine de la radiofréquence pour les satellites de télécommunication et atteint également le niveau requis pour travailler avec les grands maîtres d’œuvre. Erems a aussi bénéficié d’un accompagnement spécifique lorsqu’en 2005 une baisse du plan de charge lui a occasionné quelques difficultés. Nous avons alors avancé le planning d’activités de R&D et aménagé, dans la légalité, le paiement des factures pour l’aider à franchir ce cap. Car, bien que nos marchés soient passés dans le strict cadre des marchés publics, il importe de donner une dimension partenariale aux relations que nous entretenons avec des PME qui, comme Erems, sont détentrices de technologies qualifiées par le CNES de compétences clés du domaine spatial. » Erems en bref www.erems.fr Activité Née en 1979, EREMS est une entreprise d’études et de fabrication dédiée à la réalisation d’équipements électroniques et de logiciels associés, pour les secteurs de la haute technologie, en particulier pour le spatial. Elle propose des produits électroniques sur mesure ou en petites séries. Depuis sa création, EREMS a développé des équipements de vol pour plus d’une centaine d’instruments embarqués sur satellites de communication ou d’observation, sur sondes ou satellites scientifiques, dans le domaine de la microgravité (station spatiale) ou sur avion. Effectif 60 personnes. Implantation Flourens, à côté de Toulouse (31) Croissance (CA M€) 80,000000 10 CA M€ 8 58,333333 6 4 36,666667 2 15,000000 0 30 40 EFFECTIF PART CNES 36 42 46 52 60 10 8 6 4 2 2005 2006 Part CNES 2007 2008 2009 2010 2011 0 Effectif NB : 200n correspond à l’année fiscale EREMS avril 200n - Mars 200(n+1). 2011 correspond à la prévision pour l’année fiscale Avril 2011/Mars 2012. 34 9.2.2012 Utilities Performance Christophe RENOU Olivier BARRAULT SSD (SOURCING AND SUPPLYERS DEVELOPMENT) TECHNOLOGY CATEGORY DIRECTOR CEO UTILITIES PERFORMANCE CHAIRMAN BARRAULT RECHERCHE GROUP « Utilities Performance est une structure construite en 2006 à mon initiative, à partir de l’union de trois entreprises dédiées au conseil dans le domaine de l’énergie, de l’eau et de l’environnement : B2 Ingénierie, Eau et Industrie, ainsi que Barrault Recherche, ma propre société. C’est une filiale détenue à parts égales par nos trois entités, car nous préférions donner une forme juridique ad hoc permettant de consolider une approche plutôt que de nous rapprocher par accord-cadre ou dans un GIE, ce qui est toujours un peu formel. Nous avons donc associé nos forces, rationnalisé nos achats et nos coûts, notamment en termes d’assurances, pour éviter les prises de responsabilité en cascade. Cette création est directement liée à la collaboration que Barrault Recherche a entamée avec Danone en 2001. Elle nous a permis de répondre à un scope plus large dans le domaine du conseil environnemental et de nous positionner à une échelle internationale plus ample » explique Olivier Barrault, codirecteur de Utilities Performance qu’il désigne le plus souvent par UP… en prononçant youpi ! Flashback au début de la coopération de Barrault Recherche avec Danone. L’entreprise conseille les industriels pour améliorer la maîtrise de leurs performances énergétiques, intervenant sur le fonctionnement actuel des équipements ou sur la conception des installations futures. « Un métier historique dans notre famille. Mon grand-père travaillait déjà dans le thermique, mon père a initié cette activité de conseil et ensemble, nous avons créé Barrault Recherche en 1990. En 2000, Franck Riboud a fixé aux usines Danone des objectifs d’économie d’eau, d’énergie et de réduction des charges polluantes, ce qui était précurseur dans l’agroalimentaire. La direction technique France nous a proposé d’amorcer une démarche pilote sur le site de Villecomtal-sur-Arros, dans le Gers. Nous avons démarré avec une petite mission de pré-diagnostic. Convaincus par nos résultats, nos interlocuteurs nous ont demandé toute une vague d’audits sur Danone cette usine, puis d’intervenir sur les sites normands du Molay-Littry et de Ferrières-en-Bray. À l’appui de ces références, j’ai eu l’occasion de présenter à Jean-Pierre Rennaud, directeur Environnement du groupe, notre démarche, notre méthodologie et nos savoir-faire. Et c’est ainsi qu’en 2006 nous avons répondu à une consultation globale pour élargir le champs d’action au niveau mondial, puis d’élaborer, avec le département ingénierie de Danone, les standards d’installations énergétiques destinées à l’ensemble des sites de production du groupe dans le monde (cf. encadré ci-contre). » Opposé à de très grands acteurs du domaine pouvant revendiquer des références solides et des Implantation internationales, la PME remporte cependant le contrat-cadre. « Danone a analysé les propositions en évaluant quelles étaient les compétences réellement présentes localement, constate Olivier Barrault. Cela leur a permis de constater que nos concurrents disposaient finalement de ressources souvent faibles en nombre et moins expertes que les nôtres. Grâce à ce travail commun des directions Ingénierie, Environnement et Opérations, ainsi qu’à l’implication de la direction des Achats qui a véhiculé son retour d’expérience, nous avons progressivement pénétré la culture d’entreprise et les procédures de décision au sein du groupe Danone. » Conclu initialement avec Barrault Recherche, l’accord-cadre a été transféré à Utilities Performance lors de son renouvellement en 2009. Dans le portefeuille clients de Barrault Recherche - où EADS voisine avec Nexans, Intermarché et Areva -, Danone occupe depuis lors une place de choix. « C’est notre première référence corporate globale, bâtie sur une réflexion partenaire à long terme. Le service Achats de Danone ne se contente pas de négocier un contenu ou un prix. Il joue un véritable rôle de support pour nous aider à nous internationaliser. La direction Environnement nous appuie aussi en offrant des débouchés à notre R&D. « Les premiers contacts entre Utilities Performance et Danone se sont tissés en 2001 entre Olivier Barrault et la direction technique du groupe. Nous cherchions des compétences pour nourrir notre réflexion sur la réduction des impacts environnementaux de notre activité industrielle, ainsi que des partenaires pour mettre en œuvre les actions en découlant. Le périmètre d’intervention de Utilities Performance au sein de Danone n’a cessé de s’accroître. Nous avons commencé par des audits sur les performances énergétiques de nos sites de production : dans le monde, 80 % des usines de produits laitiers frais, métier qui représente 60 % de l’activité du groupe, ont fait l’objet de leurs recommandations. Nous avons acheté leur système de monitoring qui permet de contrôler ces consommations énergétiques en temps réel : il équipe environ 20 % de nos usines. Satisfaits de leur expertise, nous avons fait appel à leur compétence de design pour définir avec notre département d’ingénierie les standards de certains équipements d’utilités (convertisseurs énergétiques, machines produisant de l’air comprimé, etc.) pour toutes nos usines dans le monde. Utilities Performance intervient aussi en assistance aux chefs de projet ou en gestion de crise. Par exemple, elle valide que les équipements dans lesquels nous avons investi correspondent au cahier des charges. Enfin, elle qualifie pour nous des fournisseurs sur plusieurs continents, notamment en Asie où nous avons besoin d’eux pour certifier les constructeurs locaux de compresseurs d’ammoniac de stations d’épuration. L’expertise de Utilities Performance est vraiment stratégique pour Danone, qui s’est engagé à baisser sa consommation énergétique de 30 % entre 2008 et 2012 par tonne de produit vendu. En partie grâce à sa contribution, nous allons atteindre cet objectif en réalisant les économies induites par la démarche. J’ajouterais que leur activité de veille technologique nous est précieuse et qu’en outre c’est un partenaire sur lequel nous avons pu compter sur le long terme. Nous faisons en sorte de participer à leur développement : j’ai accepté de témoigner auprès d’un de leurs prospects de tout ce qu’ils nous apportent. Plus ils se développeront hors de notre groupe, plus ils seront performants pour Danone. » 35 Ainsi, avec Clauger, belle PME de 400 personnes, nous avons développé des tunnels de refroidissement rapide des yaourts performants sur le plan de l’efficacité énergétique. Danone n’a pas eu à investir dans cette recherche hors de son cœur de métier et Clauger a déjà vendu 17 de ces équipements, la plupart à l’export. Autre projet sur lequel nous travaillons aujourd’hui avec Eau & Industrie : le Green CIP (Clean in Place), une technique qui permet de récupérer les détergents, l’énergie et l’eau d’un lavage industriel afin de les réutiliser pour les suivants, ce qui évite de les perdre à l’égout. Comme le lavage est intimement lié à la qualité des produits laitiers frais, le sujet était particulièrement sensible à aborder. Mais grâce à l’opération Oceans 20 organisée avec l’appui du Pacte PME, notre solution a été sélectionnée par Danone et nous avons réalisé une étude de faisabilité. Un site pilote a été désigné au Canada pour son évaluation. » Ᏹ Utilities performance en bref www.barrault-recherche.com, www.b2ing.fr, www.eau-et-industrie.com. Activité Utilities Performance est une société née en 2006 de l’union de trois bureaux techniques complémentaires et experts des domaines de l’énergie et de l’environnement en industrie : Barrault Recherche, spécialiste en efficacité énergétique au service du domaine industriel ; B2 Ingénierie, expert en traitement et valorisation des déchets ; Eau & Industries, qui intervient depuis la recherche hydrogéologique jusqu’à la réalisation de projets de traitement des eaux. Effectif 81 personnes. Implantation Barrault Recherche : Avrillé (49), Le Havre (76), Rieux-Minervois (11), Lyon (69), Bordeaux (33), La Réunion. B2 Ingénierie : Beaucouzé (49), Rennes (56) et Bordeaux (33). Eau & Industrie : Pluméliau (56), Rennes (56) et Orléans (45). Croissance (CA M€) 100,000000 10 CA M€ 4 53,333333 2 30,000000 0 EFFECTIF PART ? 8 76,666667 6 74 42 2007 Effectif 49 81 10 8 6 52 4 2 2008 2009 2010 2011 0 Nexvision 36 9.1.2012 37 DGA dans la foulée. Car, grâce à ce projet, les deux sociétés ont pu bénéficier d’effets indirects majeurs pour leur développement. « Au-delà du suivi du projet, la DGA nous a aussi donné la possibilité d’exposer notre projet lors de salons dédiés aux technologies de Défense. Cela nous a donné une formidable visibilité et nous a permis de nouer des contacts commerciaux qui devraient produire leurs premiers effets dès les premiers mois de 2012. Par ailleurs, la reconnaissance de la DGA nous a octroyé un surplus de crédibilité à l’origine de nombreux échanges et de quelques partenariats technologiques de premiers plans dans notre domaine », poursuit Vincent Carrier. Richard PRIOU SOUS-DIRECTEUR PME Vincent CARRIER PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL E n 2002, Vincent Carrier et deux autres ingénieurs spécialisés dans les technologies de vision créent la société Nexvision. Dès ses débuts, l’entreprise développe une chaîne globale de vidéosécurité en créant un système de supervision propriétaire, ainsi qu’une smart camera, la première à 360°, également remarquable par sa capacité à analyser et traiter les images en y intégrant des données spatiales et temporelles. Au fil des années, en se spécialisant dans le développement de solutions de vision intégrées sur mesure, Nexvision a doublé ses effectifs. Deux compétences majeures font connaître la PME marseillaise sur les marchés indien, américain et marocain. La première est sa capacité à créer l’intégralité du design des caméras, ainsi que l’implantation des électroniques. La seconde est son excellence en matière de veille technologique, qui lui permet d’identifier les futures architectures dans ce domaine. Cette aptitude au time to market la conduit à devenir alpha testeur sur DSP Texas Instruments. Ce statut assoit sa réputation auprès d’entreprises internationales qui la consultent pour des développements et/ou des customisations. Grâce à sa bonne connaissance des besoins, Nexvision a élaboré une feuille de route produit modulaire intégrant le développement de plusieurs innovations majeures. Parmi celles-ci une solution de vision multispectrale, très compacte, de poids faible, d’encombrement très réduit et de très faible consommation paraissait incontournable. « Cette technologie combine une voie normale et une voie proche infrarouge. Elle cumule deux types d’informations pour un même champ. Par exemple, là où la visibilité est un peu atténuée parce qu’il y a du brouillard, elle passe sur la voie proche infrarouge. De plus, le capteur embarqué permet aussi de créer une image réactive permettant de capter des images à longue distance avec une très faible puissance de lumière. Pour le domaine de la Défense, cette caméra peut intervenir, par exemple, dans la surveillance de frontières. L’industrie l’utilisera pour détecter des feux. Ou encore du gel sur les routes dans le cadre d’applications pour l’automobile. » En 2009, Nexvision décide de s’associer à la PME Novadem et de mettre au point cette innovation conjointement pour que les mini-drones que développe la seconde puissent embarquer la solution de vision de la première. « Les coûts de R&D étaient lourds et la prise de risques était importante, se souvient Vincent Carrier, aussi, nous avons pris la décision de rechercher une aide financière complémentaire à nos budgets prévisionnels insuffisants et nous avons soumis notre projet au tout jeune dispositif RAPID. » Le projet, nommé SWIRCAM, est immédiatement retenu par la direction générale de l’armement (DGA). Son caractère innovant, son potentiel réel de réponse à une attente des marchés défense et civil, ou le rôle majeur de l’aide apportée dans la feuille de route de la PME ont en effet emporté l’avis des experts de la DGA et de la direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services (DGCIS). Les deux sociétés ont rencontré diverses difficultés dans le déroulement du projet mais n’ont pas changé de cap. « Les experts de la DGA nous ont fait confiance et nous ont accordé le temps nécessaire pour trouver les solutions aux points durs que nous avons rencontrés. Par ailleurs, leur avis sur tel ou tel choix technique a été précieux lors du déroulement du projet. » La solution doit sortir au premier trimestre 2012 et les premiers produits devraient être vendus « RAPID a été créé pour répondre à trois enjeux économiques et technologiques majeurs : celui des PME à la recherche d’aide pour le développement de leurs innovations ; celui de l’État qui souhaite voir croître les PME françaises ; celui de la DGA qui souhaite maintenir une avancée technologique en soutenant la richesse d’innovation des PME. Le projet SWIRCAM illustre totalement la réponse à ces trois enjeux. L’aide apportée par RAPID à la société Nexvision lui a permis de développer une innovation qu’elle avait en gestation. Ce développement va faire croître son activité directement grâce à des ventes de produits et indirectement grâce à la visibilité que le projet donne sur les compétences de la société. Enfin, l’innovation apportée dans le projet se retrouvera certainement dans de futurs systèmes opérationnels de défense. Ainsi, la société prévoit avant même la fin du projet un carnet de commandes de près de 500 K5 en 2012 qui pourrait atteindre près de 1 M5 dans ses prévisions les plus optimistes. Ce chiffre d’affaires devrait d’ailleurs s’accroître encore les cinq années suivantes et donner lieu à l’embauche de personnels supplémentaires pour assurer la commercialisation et la production du produit. Ᏹ Le dispositif RAPID a été créé en 2009. Financé par la DGA, il est mis en œuvre conjointement avec la DGCIS. Depuis son démarrage, plus de 140 projets ont été sélectionnés sur 330 déposés officiellement pour un montant d’aide cumulé de 80 Me. Son fonctionnement a été défini dès sa création pour répondre spécifiquement aux attentes des PME : les projets peuvent être déposés à tout moment et une réponse est fournie très vite au porteur sur la suite donnée à son projet. Si celle-ci est positive, c’est-à-dire si le projet est très innovant et présente un réel potentiel dual dans les marchés défense et civil, le projet peut être conventionné en deux mois environ afin de permettre à la PME de débuter ses travaux sans perdre son rythme. Les travaux sont ensuite suivis par les experts de la DGA qui vérifient de manière non intrusive qu’ils correspondent bien à l’objet de la convention. » Nexvision en bref www.nexvision.fr Activité NEXVISION est une PME à capitaux 100% français spécialisée dans le développement de solutions de vision intégrées sur mesure. Son offre comporte en particulier des caméras « intelligentes » pouvant effectuer des traitements vidéo adaptés à chaque client, dont de nombreuses premières mondiales sur les bases DSP de la famille Davinci de Texas Instrument. Effectif 5 personnes. Implantation Marseille (13). Objectif Réaliser un chiffre d’affaires de 4 M5 en 2017. Croissance (CA M€) 3500 15 CA M€ 2000 9 1500 1000 6 500 0 3 EFFECTIF PART RAPID 3000 12 2500 8 10 11 13 3500 3000 2500 2000 1500 5 1000 500 2010 2011 Part DGA 2012 Effectif 2013 2014 0 Prévisionnel 38 RIB 20.7.2011 39 EDF de nouveau. Récemment, nous avons accueilli deux nouveaux collaborateurs à valeur ajoutée : un ingénieur chef de projet et un adjoint au chef d’atelier. Grâce à notre stratégie, nous pouvons désormais nous positionner comme intégrateurs. Les secteurs que nous adressons sont les mêmes qu’auparavant, mais les marchés sont plus complexes. Enfin, le redéploiement économique du bassin, dû à cet accompagnement, a créé une dynamique entre les entreprises de la région, notamment grâce à la création de l’association de PME Energic ST 52-55, et le soutien indéfectible de monsieur Defranoux. Nous avons appris à mieux nous connaître, nous avons réalisé des affaires entre entreprises d’Energic ST 52-55 et l’envie est née de créer des GIE pour répondre encore plus efficacement aux besoins du secteur de l’énergie. » Ᏹ Francis DEFRANOUX DÉLÉGUÉ RELATIONS INDUSTRIELLES EDF MEUSE (55) ET HAUTE-MARNE (52) Patrick ZBARASZCZUK PRÉSIDENT E n 2004, Patrick Zbaraszczuk, alors responsable des achats de biens d’équipement de chaudronnerie pour une société spécialisée dans l’ingénierie et les processus fabrication pour l’industrie papetière, engage des démarches afin de racheter RIB, l’un de ses fournisseurs, à l’occasion du départ en retraite de son dirigeant. Lorsque le projet se concrétise en 2007, il décide d’ajouter le secteur de l’énergie aux marchés traditionnellement adressés par la PME : industries métallurgique, papetière, cimentière, agro-alimentaire, aéroportuaire. « Je connaissais le domaine de l’énergie puisque j’y ai débuté ma carrière. Vocation familiale sans doute, puisque mon père travaillait déjà pour Alstom et qu’il m’arrive, dans ma vie professionnelle actuelle, de participer à la modification d’équipements sur sites nucléaire ou thermique qu’il a contribué à construire. J’ai pensé que RIB avait un potentiel encore inexploité et que les métiers de l’énergie, dont le développement technique est constant, pouvaient lui permettre de progresser. » Heureux concours de circonstances : cette décision stratégique coïncide avec le début d’un accompagnement économique de la région par les acteurs de la filière nucléaire – Areva, le CEA et EDF – lié à la création du laboratoire ANDRA de Bure-Saudron. Patrick Zbaraszczuk entreprend de répondre aux consultations entraînées par cette implantation. « Pendant un an, la démarche a été infructueuse. Le domaine de la chaudronnerie est vaste et l’on ne passe pas si facilement de l’agroalimentaire – pour le champagne, par exemple, qui est déjà un monde exigeant – à EDF qui l’est encore davantage. Mais les représentants d’EDF, constatant notre détermination, nous ont approchés. Ils ont pris le temps de mieux connaître nos compétences et ont soutenu notre notoriété, en interne auprès des acheteurs et des techniciens, mais aussi auprès de leurs sous-traitants, pour les inciter à nous consulter. Ils ont aussi ajusté leurs appels d'offress à nos savoir-faire. De notre côté, nous avons persévéré en tirant des enseignements des refus d’EDF, grâce à leurs retours d’expérience très enrichissants. Les premiers contrats sont arrivés. RIB est intervenu sur la centrale nucléaire de Cruas et sur les centres de production thermique de Blénod et de Porcheville. Et dans le même temps, l’entreprise a engagé des changements structurels indispensables pour être en mesure de répondre aux grands comptes. » Plan de formation du personnel, démarche développement durable, certification CEFRI (radioprotection), mise en place de la norme ISO 9001 (management qualité) et demande de la qualification UTO (fournisseur EDF) : rien n’est laissé au hasard pour renforcer l’entreprise, qui se relève de la crise. « Nous l’avons subie de plein fouet et perdu 42 % de notre chiffre d’affaires en une année. Certains de nos donneurs d’ordre ont déposé le bilan et sans le soutien d’EDF, ce chiffre se serait élevé à plus de 50 %. Sur le volet de l’emploi, nous avons cependant réussi à maintenir nos effectifs en production. Nous avons eu des départs naturels et été contraints de licencier quatre personnes affectées aux travaux de chantier. Mais actuellement, nous embauchons « J’appartiens à la direction Production Ingénierie d’EDF, qui regroupe l’ensemble des entités de production d’électricité d’EDF d’origine hydraulique, thermique ou nucléaire. La pérennité de la production d’électricité d’origine nucléaire dépend entre autres du traitement de manière sûre et durable - satisfaisant pour l’environnement comme pour la santé humaine - de la question des déchets radioactifs. Le laboratoire de recherche sur le stockage profond des déchets radioactifs de haute activité et de moyenne activité à vie longue de l’ANDRA doit nous donner les moyens de répondre à cette exigence. Les départements de la Meuse et de la Haute-Marne ont accepté d’accueillir sur leur sol, à Bure-Saudron, ce laboratoire. La loi française prévoit qu’Areva, le CEA et EDF, acteurs de la filière, participent au développement économique de ce territoire. C’est dans ce cadre que j’exerce ma mission. J’ai identifié RIB, dont l’activité de chaudronnerie répond aux besoins de maintenance et de remplacement des équipements de nos entités de production. Je leur ai présenté les installations lors des visites organisées pour les membres de l’association Energic ST 52-55 et incité les acheteurs concernés à les consulter, dans le respect des conditions de concurrence. RIB a su évoluer rapidement en termes de qualité, de compétences et de compétitivité pour apporter les réponses adéquates, et créatives, à nos appels d'offress et les remporter à la grande satisfaction des unités de production. Comme Segor l’a fait dans son propre domaine dans le département de la Meuse (cf. fiche Segor), sa compétitivité a redonné du dynamisme au panel plus traditionnel d’entreprises locales situées autour de nos centres de production. Son implication dans les synergies que nous initions, notamment à travers l’association Energic ST 52-55, contribue à consolider le tissu industriel et, ce faisant, notre mission d’accompagnement économique et de création d’emplois. Autant de facteurs qui favorisent l’intégration de la filière nucléaire dans ces départements. » Rib en bref www.ribsas.com Activité RIB est une PME spécialisée dans la chaudronnerie (travail des métaux, soudure) et le montage mécanique. Depuis sa création en 1988, elle a ajouté à son savoir-faire initial de chaudronnerie des activités de tuyauterie de processus et d’utilité ainsi que de conception de charpentes métalliques et d’accès de maintenance. Elle propose des solutions intégrées : études, fabrication, montage sur site et assistance à la mise en route. Effectif 50 personnes. Implantation Saint-Dizier (52). Export 1 % Objectif Une progression de 15 % sur l’année. À terme, une part du chiffre d’affaires de 20 % dans le seul domaine de l’énergie. Croissance (CA M€) 60 8 7 6 5 50 4 3 2 1 40 0 CA M€ 49 48 2005 EFFECTIF PART EDF 2006 Part EDF 52 51 46 2007 2008 Effectif 2009 50 2010 8 7 6 5 4 3 2 1 0 Segor Industries 40 21 .1 0.2 0 1 1 41 EDF savions que nous avions nos chances. Et nous avons remporté des marchés. » Francis DEFRANOUX À défaut d’un accompagnement juridique, Segor Industries a bénéficié, grâce à EDF, de l’aide de Capital Compétences, un dispositif interrégional (Champagne-Ardenne, Lorraine et Alsace) qui a mis à sa disposition un ingénieur qualité à temps partagé. Optimisation des processus, traçabilité accrue, obtention de la norme ISO 9001. Une montée en gamme dont Segor Industries fait bénéficier aujourd’hui tous ses clients. Forte d’une confiance redoublée pour aborder de nouveaux marchés, la PME s’active à constituer le GIE Mecanhydro avec d’autres entreprises de la région. « La mise en commun des moyens du bureau d’études Alloris, du mécano-soudeur MCM Ancerville, de M Plus, une entreprise spécialisée dans les interventions sur les ouvrages hydroélectriques et de Segor Industries permettra d’offrir des solutions globales dans le domaine de la rénovation des centrales hydroélectriques ,» conclut Thierry Iung. Ᏹ DÉLÉGUÉ RELATIONS INDUSTRIELLES EDF MEUSE (55) ET HAUTE-MARNE (52) « L’axe achats du programme d’accompagnement économique de la Meuse et de la HauteMarne (cf. fiche RIB) est fondamental. Cet accompagnement doit contribuer à monter en compétences les PME et doit se convertir en chiffre d’affaires à travers les achats de la filière énergie pour permettre un développement des PME et des créations d’emplois. Pour impulser ce développement, l’association Energic ST 52-55 facilite la diffusion des informations et formations délivrées par les acteurs de la filière énergie. Elle regroupe 80 entreprises, elle a l’appui des chambres de commerce et permet d’identifier ainsi que de concrétiser des opportunités de synergie entre celles-ci. Thierry IUNG DIRECTEUR GÉNÉRAL C ’est en 1905 que l’entreprise de mécanique Segor, fondée en 1882, s’implante dans la Meuse. « La production de paliers, sa compétence initiale, est progressivement passée au second plan au cours des Trente Glorieuses, raconte Thierry Iung qui, avec son frère, a racheté Segor Industries à la famille fondatrice. Elle tient désormais une place marginale. Ce sont des produits que nous destinons essentiellement à l’export, principalement aux pays du Maghreb. L’essentiel de notre activité actuelle consiste à fabriquer des réducteurs de vitesse sur mesure. Placés entre les moteurs et les convoyeurs, ces appareils font avancer les télésièges, les bandes transporteuses de gravats dans les carrières ou encore les trottoirs mécanisés et escalators. Nous les réparons aussi, quelles que soient leur marque et c’est sur ce type de prestations que nous avons obtenu nos premiers marchés avec EDF dans le domaine de l’hydroélectricité. Il s’agissait d’intervenir sur des barrages construits sur le Rhin. » EDF qui est devenu, en 2010, le premier client de la PME dont il représente 9 % du chiffre d’affaires. « La relation s’est nouée grâce à l’association Energic ST 52-55. Créée en 2007 sous l’impulsion de quelques industriels meusiens et haut-marnais, d’EDF, d’Areva et du CEA dans le cadre du programme d’accompagnement économique du territoire lié à l’implantation du laboratoire de Bure, elle regroupe environ 80 PME meusiennes et haut-marnaises, de tous secteurs industriels. Sans Energic ST 52-55, un grand nombre de freins, réels ou présupposés, nous auraient empêchés de nous diriger vers ce type de marchés. En tout premier lieu, la différence de taille entre nos deux entreprises. Segor Industries, qui comptait à l’époque 25 salariés, n’avait pas la structure commerciale permettant de trouver le bon décideur dans une structure aussi importante. Le deuxième obstacle, c’est l’image que se font les petites structures d’une réponse à un appel d'offres. La complexité et le temps à y passer pour un mince espoir de résultats. Mais grâce à monsieur Defranoux, nous avons organisé une présentation de notre société pour les acheteurs et les techniciens d’EDF en Alsace, qui se sont montrés intéressés. À la suite de cela, l’inhibition était levée et, même si nous étions livrés à nous-mêmes au moment de répondre aux consultations, nous C’est ainsi que Segor Industries réfléchit avec d’autres partenaires à la constitution de Mecanhydro, un GIE apte à répondre à des appels d'offress importants dans le domaine des centrales hydrauliques. L’élargissement de certains panels de fournisseurs insuffisamment gréés est une bonne opportunité pour les entreprises de ce territoire. Les interventions de Segor Industries sur les barrages du Rhin nous ont donné satisfaction. Nous informons l’association de l’ensemble de nos besoins industriels. Les PME peuvent aussi évoluer vers un rôle d’ensemblier d’une valeur ajoutée plus forte que simple sous-traitant. À notre initiative, ils ont profité des conseils d’une société d’ingénierie nancéienne qui a aidé les entreprises à répondre à des cahiers des charges plus complexes, à intégrer de la conception et à s’approprier les règles des codes de construction des matériels. Entreprise énergique, Segor Industries sait ainsi progresser ; elle avait abandonné le système ISO il y a une dizaine d’années, elle est de nouveau certifiée afin de mieux répondre à nos attentes en termes de traçabilité et de qualité. » Segor industries en bref www.segor.fr Activité Spécialiste de la roue et de la vis sans fin, Segor Industries fabrique des organes standards de transmission et réalise, à partir de plans, des réducteurs de vitesse spéciaux, des paliers et des mécanismes de transmission à base d’engrenages pour tous les secteurs d’activité (sidérurgie, cimenterie, énergie, etc.). Effectif 30 personnes. Implantation Beurey-sur-Saulx (55). Export 15 % Objectif Réaliser une progression de 10 % sur 2011 et embaucher deux ou trois personnes. Croissance (CA M€) 3,5 35 CA M€ EFFECTIF PART EDF 3,0 2,0 1,5 25 26 27 27 28 28 2,5 2,0 1,5 1,0 1,0 0,5 0,0 20 3,5 3,0 2,5 0,5 2005 2006 Part EDF 2007 2008 Effectif 2009 2010 0,0 Vanatome 42 31 . 1 0. 2 0 1 1 43 EDF L’excellence mondialement reconnue de Vanatome a donné lieu en décembre 2010 à la signature d’une nouvelle joint-venture en Russie avec CKBA, une filiale de Gazprom Bank, en présence de François Fillon et de Vladimir Poutine. Elle débouchera sur l’implantation d’une usine aux environs de SaintPétersbourg et sur la création d’emplois locaux… Mais aussi en France comme tient à le souligner JeanMarc Husson : « L’exemple de Vanatome démontre que les PME françaises sont la clé de la réduction du chômage dans notre pays, pour autant qu’elles reçoivent l’aide des grandes entreprises, qui nous permettent d’accroître notre valeur ajoutée. Début 2009, notre PME employait 47 personnes en France. Nous sommes aujourd’hui 120 et nous prévoyons 130 nouveaux postes au cours des trois années à venir. Au total, nous aurons créé plus de 200 emplois en cinq ans sur notre seul site de Saint-Vallier, notamment grâce au soutien de groupes comme DCNS qui nous a imposés en Inde lors de la vente à ce pays de sousmarins Scorpen, ou comme EDF à travers le PFCE. » Ᏹ Jean-Claude PRENEZ Jean-Marc HUSSON PRÉSIDENT-DIRECTEUR PRÉSIDENT DU PFCE « En 1997, EDF, convaincue de l’importance future du programme nucléaire chinois, a proposé à une L es technologies maîtrisées par le robinetier Vanatome sont cruciales pour la sûreté nucléaire dans le monde. Spécialisée dans la conception, la fabrication et la maintenance d’équipements de régulation des fluides, la PME réalise, entre autres, des vannes qui empêchent l’eau des systèmes primaires des centrales nucléaires, en contact avec les éléments combustibles radioactifs, de contaminer les circuits auxiliaires. Entreprise française qui tient à le rester en toutes circonstances, Vanatome vient de choisir de s’adosser au groupe Daher pour financer une nouvelle usine de 5 000 m2 et entreprendre les investissements nécessaires pour répondre aux nouvelles demandes des clients. « La société, même si elle adresse d’autres secteurs comme l’industrie pétrolière par exemple, se développe tout particulièrement dans le nucléaire qui représente aujourd’hui 90 % de son chiffre d’affaires, note Jean-Marc Husson, son président-directeur général. De nouvelles perspectives se dessinent : quatre EPR vont être construits en Angleterre, l’Afrique du Sud s’est dotée d’un programme. Les besoins de Vanatome en financement étaient d’autant plus importants qu’il fallait remplacer les investisseurs grâce auxquels j’avais réalisé un LBO pour racheter l’entreprise en 2005. Une quarantaine de groupes industriels de diverses nationalités étaient intéressés. Après avoir consulté les directions d’EDF, d’Areva, d’Alstom et de DCNS qui sont nos principaux clients, mes actionnaires et moi-même avons décidé de rester français en choisissant le groupe Daher, qui n’était pas le mieux-disant financièrement. L’argent n’est pas tout dans la vie. Les convictions sont tout aussi importantes et nous pensions que c’était mieux pour les salariés, dont les compétences sont pour beaucoup dans le développement de l’entreprise. » Une croissance qui atteint 40 % en 2011 et que Vanatome doit aussi pour beaucoup à la maturité de sa stratégie internationale. Aujourd’hui présente sur les cinq continents, sa décision de se lancer dans l’export est contemporaine de la création en 1997 du PFCE par Hervé Machenaud, aujourd’hui directeur exécutif groupe EDF, chargé de la production. « Vanatome a fait partie des membres fondateurs du PFCE. L’ancien président-directeur général de Vanatome a été trésorier du PFCE jusqu’en 2005. En 1999, l’entreprise a ouvert un bureau à Pékin, sur les conseils d’Hervé Machenaud qui par la suite a apporté une aide cruciale, à la fois pour le recrutement du premier ingénieur implanté localement et pour le contact avec les ambassades et avec les clients », poursuit Jean-Marc Husson. Le support d’EDF ne tarde pas à porter ses fruits : en 2002, Vanatome remporte en Chine un contrat de 10 M5 dans le cadre de la construction de la centrale de Tianwan. « Depuis, la conjugaison de l’appui d’EDF et l’obtention de ce premier accord nous ont permis de décrocher chaque année plusieurs millions d’euros de contrats. » En décembre 2009, Vanatome signe un protocole d’accord, parrainé par Christine Lagarde, pour une joint-venture avec Harbin Valve Power Company, un partenaire rencontré pour la première fois en 2007 grâce à une mission du PFCE. « Nous avons obtenu la licence d’exploitation le 10 mars 2011. La mise en œuvre a pris du temps car l’accord est exceptionnel en Chine. Vanatome n’apporte aucun capital et ses 49 % d’équités sont valorisées par le transfert de technologies. Nous accueillons depuis mai des ingénieurs chinois qui apprennent à maîtriser les plans et les process concernant les technologies chinoises qui appartiennent à la 2e génération de centrales. Les savoir-faire relatifs à l’EPR, la 3e génération, demeurent en France et sont protégés. Le travail réalisé par le PFCE pour sensibiliser les autorités chinoises à la qualification des équipements nucléaires nous aide à pénétrer ce marché. Via le PFCE, nous avons profité de conseils d’EDF concernant les modes de négociation en Chine, tout particulièrement sur les termes de paiement, les garanties, les délais et les pénalités. Les réunions organisées par le PFCE, et bientôt le PFME, la nouvelle association à vocation mondiale, nous permettent d’accéder à de nombreuses informations, notamment la cartographie du marché nucléaire mondial pour les années à venir. Enfin, les certifications en matière de sécurité requises pour être fournisseur d’EDF accentuent la compétitivité de notre entreprise sur le plan international en cette époque post-Fukushima où les industriels français de la branche sont réputés être les plus fiables sur le plan de la qualité. » quinzaine de ses fournisseurs français de participer à une première mission d’exploration. Pour prolonger le succès de cette opération, EDF et les PME-PMI ont décidé de créer le PFCE, une association indépendante loi 1901, dont le rôle était de mener des actions partenariales pour soutenir les exportations sur ce marché. Elle est forte aujourd’hui de 71 membres, dont des instituts travaillant dans le domaine des qualifications et des fournisseurs de rang 2, et a élargi le scope des technologies et des prestations proposées, en particulier tout ce qui concerne la maintenance. L’organisation d’un séminaire sur le volet incendie, réunissant industriels et instituts, a encore montré l’intérêt des parties chinoises pour la démarche française emmenée par PFCE et EDF. Plus de 70 % de nos membres ont une présence Vanatome en bref permanente en Chine, dont environ 20 % grâce à des joint-ventures, et le volume d’affaires global représente www.vanatome.com près d’un milliard d’euros. C’est considérable pour Activité Créée en 1978, Vanatome conçoit, produit et commercialise des vannes de sectionnement, d’instrumentation et de régulation, ainsi que des équipements de sécurité, destinés aux domaines de la Défense, du nucléaire civil et militaire et de l’industrie, notamment le secteur pétrolier. Vanatome propose également à ses clients des services d’assurance qualité, de maintenance et d’assistance technique. des PME. Grâce à cela, les entreprises membres du PFCE comme Vanatome peuvent ainsi procéder à des embauches, développer leur R&D et renforcer leurs qualifications. EDF est bénéficiaire de cette montée en puissance de ses fournisseurs, qui l’aident à promouvoir le modèle nucléaire français, se caractérisant par une haute exigence en termes de technicité et de sécurité. Ce degré d’excellence est un atout dans la compétition internationale, où la nécessité de fiabiliser les Effectif 120 personnes. Fukushima. L’esprit de solidarité partenariale qui règne Implantation Outre son siège social à Saint-Vallier (26), sa représentation à Paris (75) et sa filiale à Pékin (Chine), Vanatome est implantée au travers de jointventures à Harbin (Chine) et à Saint-Pétersbourg (Russie). installations s’accroît encore après les événements de entre les industriels membres du PFCE – même lorsqu’ils sont concurrents – rend l’association plus forte qu’une Supply Chain où chaque acteur cherche à vendre ses produits et services. Cette cohésion nous permet d’accompagner la montée en qualité de l’industrie Export 60 % du chiffre d’affaires en 2010. chinoise et de convaincre d’autres pays porteurs de Croissance (CA M€) programmes nucléaires comme l’Angleterre et l’Afrique du Sud, pour lesquels est actuellement créée sur le même concept une nouvelle association, Partenariat France Monde Electricité, à vocation mondiale. Cette démarche a encore été appréciée en septembre dernier par l’Afrique du Sud, dont les industriels ont été impressionnés par la cohésion de ce groupe France. » 30 150 25 124 20 98 15 72 10 46 5 20 0 CA M€ EFFECTIF PART EDF 72 39 42 42 2005 2006 2007 Part EDF 97 120 30 25 20 15 45 10 5 2008 Effectif 2009 2010 2011 0 Kayentis 44 2.2. 20 1 2 Philippe BERNA u-delà des préoccupations liées au développement durable, les enjeux de la dématérialisation des documents, des échanges et des démarches documentaires sont nombreux : réduction des coûts, automatisation des processus, meilleur partage des informations, augmentation de la réactivité et de la traçabilité des sources, etc. Encore faut-il, pour les entreprises et les administrations, identifier la meilleure méthode. Constituer un lourd corpus documentaire et le scanner ensuite ? Ou introduire des objets électroniques – tablettes, ordinateurs – qui dénaturent le processus de collecte des données ? Philippe Berna, le fondateur de Kayentis, aime à répéter que la technologie de dématérialisation Digital Pen & Paper, développée et commercialisée par son entreprise, « concilie le meilleur des deux mondes, physique et numérique ». Ce système combine un stylo numérique correspondant à un utilisateur identifié et capable de dater la prise de notes, une feuille de papier intelligent ainsi qu’un portail d’information. Tout son génie réside dans le fait de n’exiger de ses utilisateurs aucun effort d’appropriation, ni d’adaptation. « Notre solution verticale, entièrement intégrée, s’adresse aux secteurs où intervient une relation de vis-à-vis, comme la santé ou la finance par exemple, poursuit Philippe Berna. Lorsqu’un médecin est face à son patient, qu’un commercial est avec son client ou un compagnon face à sa machine, ils doivent se concentrer sur leur métier. La collecte d’information ne doit pas être intrusive, pour laisser place à l’intuition et à la créativité humaines. Ce sont des professions soumises à des référentiels de bonnes pratiques et à des normes, où des autorités tierces peuvent demander un audit, facilité par notre technologie qui authentifie et trace cette collecte. Enfin, le rapatriement des données dématérialisées intervient au plus tôt, permettant de produire des tableaux de bord, des statistiques et des analyses qui appuient et accélèrent les prises de décision. » Comment Kayentis en est-elle venue à industrialiser le Digital Pen & Paper ? « Dès la création de l’entreprise en 2003, nous nous sommes focalisés sur le développement de la plate-forme FAS possibles est extrêmement vaste : enseignement, professions réglementées (notaires, huissiers, avocats), propriété intellectuelle (enveloppes Soleau, droits d’auteur Sacem dématérialisés), etc. Philippe Berna s’applique à garder le cap d’une stratégie très méthodique : « Pour une entreprise comme la nôtre, le parcours de la croissance est indissolublement lié à celui de l’innovation. Nous continuons donc à différencier notre technologie en intégrant les nouveaux devices, les tablettes par exemple, qui optimisent encore la gestion de la relation de face à face. Si Kayentis est sollicitée par d’autres domaines, il sera tout à fait possible de confier notre solution à de grands partenaires intégrateurs qui valoriseront nos travaux dans les réponses à leurs clients. Kayentis ne doit pas se disperser et doit se focaliser sur ses secteurs de référence : les industries à fortes contraintes et le secteur de la santé qui, à lui seul, représente un potentiel de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires. À mon sens, c’est grâce à un ciblage très précis qu’une PME peut franchir le plafond de verre. » Ᏹ Georges-Éric MOUFLE PRÉSIDENT A 45 Eurocopter CHARGÉ DE L’INNOVATION DE LA GLOBAL SUPPLY CHAIN (Forms Automation System), une technologie développée par HP pour rendre intelligents une feuille de papier et ses usages en milieux industriels exigeants. HP avait investi 400 années/hommes dans cette solution, d’abord dans ses laboratoires de Boise aux ÉtatsUnis, puis en Europe, à Grenoble et Barcelone. Lorsque Carly Fiorina a quitté la présidence d’HP, Kayentis, partenaire intégrateur de référence, a eu l’opportunité de reprendre l’intégralité des travaux, passant du statut d’intégrateur à celui d’éditeur. » Le groupe Eurocopter tient lui aussi un rôle crucial dans cette mutation. « La coopération de Kayentis avec Eurocopter a été très importante puisque la première application industrielle de notre technologie a été lancée pour ce groupe en 2004. Peu importe si c’est la confiance qu’Eurocopter accordait à HP, dont nous étions encore très proches à l’époque, qui a été dominante dans la prise de décision. Grâce à ce contexte favorable, nous avons équipé de notre technologie de capture de formulaires des unités de production d’hélicoptères dans le cadre d’une expérimentation (cf. encadré). Les utilisateurs se la sont immédiatement appropriée car elle n’impactait en rien leur travail quotidien, ce qui a très rapidement convaincu Eurocopter qu’ils tenaient la bonne solution. » Dont acte : depuis 2008, elle est déployée sur toutes les chaînes françaises des hélicoptères Écureuil, EC 120, Dauphin et Super Puma et de nouveaux déploiements sont à présent à l’étude. Kayentis a entretemps signé d’importants contrats avec des laboratoires pharmaceutiques pour la gestion d’essais cliniques internationaux. Implantée à Philadelphie depuis 2008, la PME a poursuivi sa diversification vers les secteurs de l’industrie, des services financiers et, plus récemment, vers le domaine de l’hospitalisation à domicile. Sa technologie d’écriture numérique a également été retenue pour la gestion des échanges du G8 de Deauville et pour les primaires du Parti socialiste lors desquelles 10 000 stylos ont été déployés pour la transmission des résultats de vote. Le champ des applications « Jusqu’en 2008, le reporting des inspections de la chaîne de production de nos hélicoptères se faisait manuellement. Nos inspecteurs utilisaient du papier, imprimé par nos soins en très grande quantité. Armés de stylos et de tampons, ils relevaient les défauts et dataient leurs observations. Chaque soir, ces feuilles étaient collectées et les informations saisies dans un ordinateur afin de nous permettre de suivre les effets et répercussions des problèmes soulevés, ainsi que de pouvoir les régler. Enfin, ces documents étaient photocopiés puis archivés dans des classeurs. Eurocopter avait depuis longtemps l’idée d’optimiser ce process, coûteux en temps ainsi qu’en espace, dont la traçabilité n’était pas parfaite. Nous avions mis des ordinateurs portables à disposition de nos inspecteurs, mais cette tentative s’était soldée par un échec. En 2004, nous avons découvert dans la presse le système Digital Pen & Paper de Kayentis. EADS Innovation Works, notre centre de recherche, a contacté l’entreprise afin de lancer un plan de R&D pour adapter cette technologie à notre contexte. Nous avons réalisé un pilote pour la chaîne du Dauphin : la solution a été acceptée immédiatement par ses utilisateurs, sans la moindre des réticences que l’on constate parfois lorsqu’un changement est en jeu. Cela ne modifiait pas leurs habitudes, puisqu’il ne s’agissait que de substituer un stylo et une feuille à d’autres objets de même nature. Mais le process gagnait en synchronicité, en traçabilité et en efficacité. En établissant un flux numérique complet, il permettait de suivre en temps réel l’état d’avancement de la chaîne et de lancer rapidement les plans d’amélioration… Ainsi que de supprimer tout le backoffice. Actuellement, 200 “stylos magiques” sont opérationnels sur les dossiers “qualité informatisée“ des chaînes françaises dites “Hélicoptères commercialisés », c’est-à-dire les gammes Écureuil et EC 120, Dauphin et Super Puma. Au regard des gains d’analyse et d’exploitation, réels et conséquents, Eurocopter projette de déployer également la solution Kayentis pour les contrôles en piste. Elle pourrait aussi se révéler fertile en exploitation et maintenance, ainsi que pour nos implantation internationales, aux États-Unis, en Australie ou en Asie. » Kayentis en bref www.kayentis.com Activité Kayentis est le 1er éditeur et opérateur de solutions professionnelles de dématérialisation de l’écriture manuscrite. Ces solutions, reposant sur la plate-forme Digital Pen & Paper, sont particulièrement adaptées à des projets soumis à de fortes contraintes de partage, sécurité, conformité règlementaire et de retour sur investissement. Elles sont aujourd’hui déployées avec succès dans 50 pays pour plus de 50 000 utilisateurs. Effectif 40 personnes. Implantation Gif-sur-Yvette (91), Philadelphie (USA). Export 30 % du chiffre d’affaires Objectif Tripler le chiffre d’affaires tous les trois ans et se positionner en leader sur nos secteurs de référence en France et à l’international. Croissance (CA M€) 50,000000 5 CA M€ 21,428571 2 14,285714 1 7,142857 0,000000 0 EFFECTIF PART ? 42,857143 4 35,714286 3 28,571429 30 7 2005 12 2006 Effectif 15 35 40 5 4 3 20 2 1 2007 2008 2009 2010 2011 0 Arcadie Sud-Ouest 46 1 7.1 0.2 0 1 1 Groupe Casino Claude RISAC DIRECTEUR DES RELATIONS EXTÉRIEURES « En 2010, la marque Terre et Saveur, née d’une entente avec des agriculteurs et des éleveurs, comptait 263 références - 170 en fruits et légumes, 43 en boulangerie-viennoiserie, 10 en volaille, 40 en produits de la mer - et 201 pour le Club des Sommeliers. Le groupe Casino souhaitait à la fois compléter son offre de boucherie Standard et Label rouge et déployer la marque Terre et Saveur dans ce métier. Des représentants du groupe ont donc signé, le 25 novembre 2010, un accord de partenariat avec la coopérative Unicor et l’abatteur Arcadie Sud-Ouest pour le lancement de la filière agneau Terre et Saveur dans les rayons de ses magasins. cinq actionnaires principaux, coopératives agricoles du Sud-Ouest représentant plus de 200 000 éleveurs. Cette filière agneau est construite autour de trois axes : un cahier des charges de production qui prévoit par exemple un modèle d’exploitation à taille humaine ; un engagement commun producteur/distributeur ; des échanges constructifs et innovants grâce à des rencontres avec les éleveurs. Ils permettront de déterminer le prix selon les besoins du marché et de la production, de prendre en compte les difficultés de chacun et de mesurer les succès. Une ligne de conduite simple et efficace. Depuis que Pierre Varigas est à sa tête, le groupe Arcadie Sud-Ouest s’est diversifié en procédant à de multiples prises de participation et rachats. En 2008, il se rapproche de Spanghero, un fabricant de produits élaborés frais et de plats cuisinés. En janvier 2010, il acquiert la SAS Destrel, spécialisée dans l’agneau et la brebis. Au printemps dernier, Arcadie Sud-Ouest a racheté la société Poujol, implantée dans l’Aveyron et fabricant de steaks hachés surgelés. Il a aussi signé, en juin 2011, un accord avec la ville de Tarbes portant sur l’exploitation de son abattoir municipal. Et la croissance est au rendez-vous, puisque le groupe est passé de 300 à 350 millions d’euros de chiffre d’affaires de 2007 à 2010, avec une prospective pour 2011 de 500 millions d’euros. Dans un contexte où 50 % des agneaux consommés en France sont importés, ce partenariat met en avant le caractère local de la production et de l’abattage des agneaux, issus des troupeaux laitiers du bassin de Roquefort (départements de l’Aveyron, du Tarn, de la Lozère, de l’Hérault et du Gard). Élevés par les producteurs de l’OP Ovine de la coopérative Unicor, ils sont abattus à Rodez, dans l’abattoir du groupe Arcadie Sud-Ouest. Cet accord permet au groupe Casino de renforcer son soutien aux éleveurs de ces régions en valorisant leur travail et en leur donnant des perspectives à moyen terme, ainsi que de proposer des agneaux de qualité dans ses magasins. En effet, cet agneau issu du troupeau laitier est connu pour la couleur claire de sa chair et son goût léger. » Pierre VARIGAS DIRECTEUR GÉNÉRAL « Ce sont toujours l’aéronautique et l’aérospatiale qui sont citées parmi les ressources économiques du Sud-Ouest. Mais le premier vivier d’emploi de la région Midi-Pyrénées, c’est l’agriculture et l’agroalimentaire, plaide Pierre Varigas, directeur général d’Arcadie Sud-Ouest, important groupe d’abattage, de découpe de transformation de viande dont le siège est établi à Rodez. Sans parler de la richesse induite. Vous voulez un exemple ? Si demain les moutons et les éleveurs disparaissent du Causse, il ne sera plus aussi bien entretenu, les touristes déserteront les sites qui font la renommée de l’Aveyron et l’industrie du loisir en pâtira. La région Aquitaine est dans la même situation. » Berger de son premier métier, ingénieur diplômé de l’École supérieure d’agriculture d’Angers, Pierre Varigas prend en 2004 les commandes d’Arcadie Sud-Ouest, une société née en 1992. « Depuis, elle n’a fait que progresser. Aujourd’hui, nous employons presque 1 200 personnes et chaque matin, je me lève avec deux idées en tête : payer ces collaborateurs et valoriser au mieux les animaux de nos actionnaires. » Le capital du groupe est en effet constitué par Attaché à la terre du Sud-Ouest et animé de la volonté de faire vivre mieux ceux qui la cultivent, 47 Pierre Varigas ne pouvait qu’être sensible à la philosophie du groupe Casino, déjà client de la Grande Arcadie dans les années 1970. « La relation que nous entretenons avec le groupe Casino diffère de celle que nous avons avec ses concurrents poids lourds, plutôt inscrits dans une logique de distribution pure et dure, avec peu d’innovation. Avec le groupe Casino, les échanges ne se bornent pas à une discussion d’acheteur à vendeur. Ils sont conscients que nous sommes intégrés dans une filière avec des producteurs qui doivent vivre. » Arcadie SudOuest travaillait déjà avec Casino sur le Label rouge. Aussi, lorsque Casino s’adresse à Arcadie Sud-Ouest pour intégrer dans sa segmentation en boucherie un produit de la marque Terre et Saveur avec une forte connotation terroir, le projet démarre rapidement. « La mise en place de la filière agneau Terre et Saveur a demandé à peine une année. Nous avons travaillé avec les éleveurs en amont, en collaborant avec les qualiticiens et les commerciaux du groupe Casino pour arrêter un cahier des charges prévoyant le type d’animaux, leur territoire, leur alimentation et leurs conditions de bien-être. L’opération a été lancée en mai de cette année. Nous sommes convenus d’une programmation de 150 à 300 agneaux par semaine à écouler pour le groupe Casino, à un prix fixé tacitement entre celui de l’agneau standard et celui du Label rouge. Casino a fait tout le nécessaire en termes de marketing et de publicité dans les magasins. C’est un partenariat important : non seulement il représente un ajout de volume, et donc de chiffre d’affaires avec Casino, mais il préserve le moral des éleveurs en leur assurant un débouché. » Ᏹ Arcadie sud-ouest en bref Activité Le groupe Arcadie Sud-Ouest intervient sur l’ensemble de la filière viande : abattage, découpe et transformation de bovins, veaux, porcs et ovins. Premier abatteur d’agneaux français et premier distributeur d’agneaux Label rouge, son capital est détenu par cinq coopératives agricoles du Sud-Ouest : Lur Berri, Unicor, Capel, SHBV et Synergie. Effectif 1 200 personnes. Implantation Thiviers (24), Rodez (12) et Gramat (46). Jardins du Midi 48 1 3. 1 0. 2 0 1 1 49 Groupe Casino finale des produits qui arrivent dans les rayons du groupe Casino sous la marque Terre et Saveur. » Rosa Amer se réjouit des conditions du partenariat qui, en contrepartie d’une exclusivité de trois ans sur les choix variétaux protégés par Jardins du Midi, garantit pour la même durée à l’entreprise des volumes, des prix et une marge fixés. Il bénéficie aussi à l’ensemble de la filière, dont les producteurs gagnent aussi une visibilité pour l’ensemencement des terres. « Les produits ont été lancés en 2010. Notre relation avec le groupe Casino est très transparente. Il a participé financièrement, non pas à l’étude, mais au merchandising et aux PLV qui coûtent très cher. Grâce à cette collaboration, nous avons pu surmonter des difficultés passagères et nous avons été contactés par de nouveaux clients potentiels. » Ᏹ Claude RISAC DIRECTEUR DES RELATIONS EXTÉRIEURES Rosa AMER DIRECTRICE COMMERCIALE H aut-lieu de la culture de céréales, Beaumont-de-Lomagne, dans le Tarn-etGaronne, est surtout célèbre pour être le fief de l’ail blanc français, distingué depuis 2004 par un label de qualité « IGP Ail blanc de Lomagne » qui récompense l’exigence de ses producteurs en matière de sélection des semences et de respect de l’environnement. « Jardins du Midi a été créée en 1936 par la famille Duran, qui était l’un des principaux céréaliers de la région, rappelle Rosa Amer, sa directrice commerciale. Mais pendant la Seconde Guerre mondiale, madame Duran, qui souhaitait travailler pendant que les hommes étaient au front, s’est concentrée sur la commercialisation de l’ail. Au cours des années 1950, à l’apparition des premiers supermarchés, Jardins du Midi a intégré le négoce d’oignon et d’échalote à ses activités. En 2011, après des difficultés financières, l’entreprise a été rachetée par le groupe Mandar, dont le président-directeur général est Shaoul Abramczyck. » Après une première reprise par ses cadres en 2003, Jardins du Midi prend alors un nouvel essor grâce aux acquisitions successives d’un distributeur de fruits et légumes bio, puis de Jardins de Fanny, producteur d’herbes aromatiques fraîches. Parallèlement, en 2008, le marché de l’ail-oignon-échalote se trouve bouleversé par une chute spectaculaire des cours. L’entreprise fait preuve d’inventivité pour imaginer la meilleure réponse à une problématique identifiée par le groupe Casino, l’un de ses clients historiques. L’enjeu ? Relancer la consommation de ces condiments en séduisant une nouvelle clientèle, plus vaste et plus jeune. « Notre proposition dépassait la simple démarche marketing. Comme nous travaillons avec les filières de production amont, nous étions en mesure de mettre au point une segmentation destinée à la marque Terre et Saveur, reposant sur les variétés et les origines, presque pédagogique pour les consommateurs. » Choisie par le groupe Casino parmi plusieurs compétiteurs, la PME entame une étude qui va durer deux années. « Nous avons d’abord testé les produits avec le chef Pierre Cantegrelle du restaurant Le Faubourg 75 à Montauban et l’école hôtelière de Blagnac, puis avec des consommateurs. Souhaitaient-ils que cela soit plutôt piquant, que l’échalote soit bien dorée, que l’oignon ne rende pas l’eau ? Ainsi, nous avons abouti à la segmentation salade – à mijoter – à rissoler – à rissoler/mijoter, qui correspond aux quatre grands usages. Ensuite, nous avons fait analyser par un laboratoire les qualités intrinsèques et physico-chimiques répondant aux préférences exprimées. Après cela, nous avons étudié exhaustivement un bon nombre de variétés et d’origines existant sur le marché. Et tous les terroirs, parce qu’un ail produit en Argentine n’a pas les mêmes qualités intrinsèques que celui de la Drôme ou de la Lomagne. Pour chaque catégorie de la segmentation, nous avons retenu les condiments présentant les conditions optimales, en établissant un cahier des charges très strict pour garantir la qualité « Terre et Saveur est une marque de produits frais du groupe Casino, née d’un partenariat avec des agriculteurs, des éleveurs, des boulangers et des pâtissiers. C’est pour cette marque qu’a été créée, en partenariat avec notre fournisseur Jardins du Midi, une segmentation culinaire en aromates, à la suite d’un double constat. En premier lieu, cette famille de produits était perçue, par les consommateurs, comme dépourvue d’attraits. Le rayon, composé de produits sans marque et sans argumentaire, dont les différences de prix étaient essentiellement liées au packaging, manquait de lisibilité. En second lieu, le marché organisé autour de l’unique critère de prix ne mettait pas en valeur les spécificités variétales et régionales. Le travail effectué avec Jardins du Midi sur les terroirs et les espèces (il existe, par exemple, plus de 600 variétés d’oignon) a permis de déterminer la segmentation d’une véritable gamme de produits dont la clé d’entrée n’est plus le prix, mais la destination et la valeur culinaires des produits (salade – à mijoter – à rissoler – à rissoler/ mijoter). À chaque usage correspond une charte qualité et une liste d’espèces répondant à un cahier des charges strict. La gamme clarifiée avec une couleur par usage facilite l’acte d’achat et a rajeuni la cible de consommateurs de cette famille de produits (plus de 2,5 millions de produits vendus au 2e semestre 2010). Le vocabulaire de la segmentation culinaire dans la catégorie « aromates » a été déposé à l’INPI. Notre coopération avec Jardins du Midi nous a permis, au-delà du clivage traditionnel fournisseur-distributeur, non seulement d’opérer une véritable innovation de rupture en matière commerciale, mais aussi de moderniser le secteur des fruits et légumes grâce à un modèle qui devrait à termes être repris par l’ensemble de la profession. Il a déjà été récompensé deux fois : primé Mètre d’argent 2010 par l’Institut français du merchandising, une première dans le palmarès de cet Institut pour les fruits et légumes, il a également reçu au ministère de l’Agriculture le prix spécial du mois de l’origine et de la qualité de l’INAO pour la mise en avant de l’ail blanc IGP de Lomagne le 2 décembre 2010. » Jardins du midi en bref www.jardinsdumidi.fr Activité Entreprise spécialisée à l’origine dans la commercialisation de l’ail, Jardins du Midi a élargi ses activités parallèlement à l’évolution de la grande distribution en intégrant progressivement à ses gammes de produits l’oignon, l’échalote, les légumes secs et les aromates. Elle s’est dotée d’installations permettant de regrouper ses différentes activités : accueil des producteurs, stockage, calibrage, conditionnement et expédition des produits. Au début des années 2000, Jardins du Midi s’est orientée vers l’innovation pour répondre aux nouvelles tendances de consommation. Effectif 110 personnes. Implantation Beaumont-de Lomagne (82). Export Environ 10 % du chiffre d’affaires. Objectif Réaliser +1,8 % du chiffre d’affaires en 2011. Croissance (CA M€) 60 150 50 CA M€ 142 EFFECTIF PART Casino 135 137 50 40 40 30 120 103 20 10 90 0 60 2005 2006 2007 Part Groupe Casino 2008 98 2009 Effectif 110 30 20 10 2010 0 Senoble 50 1 3. 1 0. 2 0 1 1 51 Groupe Casino à Senoble des débouchés et au Groupe Casino des produits et des packagings innovants en continu, définis en fonction de la génétique de sa marque. « Ils ont les mêmes attributs en matière de santé et de goût que des produits siglés, mais sur le linéaire, ils sont 25 à 30 % moins chers pour le consommateur. Non seulement parce qu’il n’y a pas de publicité pour la marque distributeur, mais aussi parce que l’optimisation du rapport qualité/prix des produits est l’une des dimensions de l’accord. Comment faisons-nous ? Nous évitons d’ajouter aux produits des éléments qui ne servent à rien, comme par exemple les cartonnettes des yaourts vendus par quatre. Elles polluent et c’est le consommateur qui les paye… Avant de les jeter lorsqu’il met ses yaourts au réfrigérateur ! » Ᏹ Corinne AUBRY-LECOMTE DIRECTRICE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT COORDINATION INDUSTRIELLE François SALAMON DIRECTEUR GÉNÉRAL S enoble est l’une de ces maisons dont l’authentique histoire est plus captivante qu’un habile storytelling imaginé par un créatif d’agence de communication. En 2011, il ne reste plus à l’ETI (entreprise de taille intermédiaire) que dix petites années pour rejoindre les 1 200 sociétés patrimoniales centenaires1 sur près de 2,8 millions d’entreprises composant le tissu économique français. Mais loin d’être un monument historique, l’ETI Senoble se réinvente à chaque génération. « Sophie Senoble, qui a été à l’origine de notre société en créant une fromagerie artisanale en 1921, était l’arrière grand-mère de Marc, notre actuel président-directeur général, raconte François Salamon, lui-même directeur général. Durant l’entre-deux guerres, André, le fils de Sophie, a commencé à donner à l’entreprise une dimension industrielle. Le véritable développement est venu avec la troisième génération. Claude Senoble a créé des usines et fait deux choix déterminants au cours des années 1980-1990. En premier lieu, il a abandonné la fabrication des fromages pour reconvertir le site de Jouy dans les produits laitiers frais comme les yaourts, dont le marché commençait à se développer sous l’impulsion de nos concurrents. À ses yeux, le fromage exigeait des appellations contrôlées. Or, Senoble n’était pas implantée dans une région fromagère. En second lieu, plutôt que de développer sa propre marque, il a décidé de concevoir et fabriquer des produits pour les marques de distributeurs, provoquant un essor fulgurant de l’entreprise. Le dernier virage, pris par Marc Senoble en tant que président, est celui de l’international. » Une stratégie de croissance européenne dictée par les caractéristiques du marché français. « En France, le marché des produits laitiers est déjà si important qu’on peut difficilement espérer le voir doubler dans les dix prochaines années. La distribution est très concentrée – on dénombre moins d’une dizaine d’acheteurs – et la taille des acteurs rend difficile la croissance externe. Nous avons d’abord commencé à exporter. Mais faire voyager des yaourts sur 2 000 kilomètres est coûteux. Nous nous sommes donc implantés dans les pays où nous réussissions. » D’abord en Espagne en 2002. Puis Senoble ouvre une filiale commerciale en Allemagne, acquiert des usines en Slovaquie et achète des entreprises au Royaume-Uni et en Italie. En 2004, afin de financer ce développement européen, Marc Senoble fait entrer un fond d’investissements dans le capital de la société à concurrence de 25 %… Et reprend le contrôle à 100 % en 2008. Choix stratégique éclairé de positionnement sur les marques de distributeurs, expansion européenne riche en expériences et logique d’innovation qui a amené l’entreprise à ouvrir fin 2010 un centre de R&D pour proposer des gammes de produits sans cesse renouvelées, notamment à ses clients distributeurs. Senoble réunissait toutes les qualités pour signer le premier partenariat longue durée (cf. encadré) avec le Groupe Casino. « Ce que nous faisons en Espagne avec Mercadona depuis une dizaine d’années nous a servi de modèle avec le Groupe Casino, avec lequel nous avons travaillé deux années entières pour mettre au point cet accord. Nous nous sommes retrouvés sur l’idée de pérennité. Pour notre industrie laitière qui exige beaucoup de main-d’œuvre, où les machines coûtent de cinq à sept millions d’euros et une usine soixante millions d’euros, la visibilité est cruciale. De son côté, le Groupe Casino était conscient que des appels d'offress trop fréquents n’engendrent pas de relations vertueuses. Nous avons signé et aujourd’hui nous faisons vivre ce partenariat – une équipe lui est dédiée et je m’implique personnellement – afin qu’il produise des effets. Car rien n’est pire qu’un engagement qui reste lettre morte. » Le contrat garantit « Avec Senoble, le Groupe Casino inaugure une nouvelle forme d’engagement, très novateur dans la grande distribution, que je contribue, en collaboration avec les équipes achats MDD, à mettre en place avec un certain nombre de partenaires industriels – PME ou ETI de tailles variées. Ces accords longue durée sont signés au plus haut degré de la gouvernance des deux entreprises – en l’occurrence, ce sont messieurs Marc Senoble et Hervé Daudin, directeurs marchandises et flux et membres du comité exécutif du Groupe Casino – qui ont contracté en janvier 2011 pour trois ans. Ils ont pour objectif d’augmenter la visibilité des fournisseurs sur les volumes réalisés avec le Groupe Casino. En contrepartie, Senoble nous réserve une exclusivité temporaire sur ses innovations et met en place avec nous des plans de progrès consistant à analyser nos produits pour identifier toutes les améliorations à leur apporter afin d’optimiser le rapport qualité/ prix pour le consommateur. C’est un volet majeur de l’optimisation de la chaîne de valeur du produit. 1 Senoble en bref www.senoble.fr Activité Créée en 1921, Senoble a d’abord été une fromagerie artisanale avant de devenir progressivement un groupe industriel, spécialiste de l’ultra frais et des marques de distributeurs. Présente sous son propre nom en magasins, l’entreprise conçoit et fabrique aussi les produits Food Service (restauration hors domicile) et Oasis. Senoble réceptionne chaque année 650 millions de litres de lait, nécessaires au fonctionnement des usines du groupe. Dotée d’un centre de R&D, Senoble est aussi impliquée dans les travaux du pôle de compétitivité Vitagora. Deuxième volet très important de cet accord : ils prévoient un mécanisme automatique de révision des tarifs fondé sur un découpage de la valeur des produits et le suivi des principales matières premières influentes. Dès lors que leur cours fluctue, le prix des produits évolue en fonction. Ce système a de multiples avantages : il permet de lisser les variations, de réduire le temps passé à la négociation des tarifs et donc de focaliser davantage les relations entre le Groupe Casino et ses fournisseurs sur le business et la satisfaction du consommateur. Plusieurs raisons nous ont conduits à initier le premier de ces partenariats avec Senoble, l’un de nos fournisseurs historiques. Leur centre de recherche est très développé. Toutes les innovations qui en sortent sont au profit des marques distributeurs, qui sont le cœur de métier de cette entreprise. En outre, Senoble avait précédemment mis en œuvre, avec l’un de ses clients espagnols, une dynamique gagnant-gagnant de ce type qui fonctionne très bien. Nous avons pu nous adosser à son expérience pour lancer notre propre démarche qui produit déjà des résultats. » Source : www.efc-centenaires.fr Effectif 3 400 personnes. Implantation Outre son siège social à Jouy (89), le groupe Senoble a des filiales en Espagne, au Royaume-Uni, au Portugal, en Allemagne, en Europe centrale et en Italie. Il compte cinq usines en France, deux en Angleterre, une en Espagne, une en Slovaquie et une en Italie. Export 60 % du chiffre d’affaires. Croissance (CA M€) 1200 CA M€ EFFECTIF PART ? 1200 1000 1000 800 800 600 600 400 400 200 0 200 2005 2006 Effectif 2007 2008 2009 2010 0 52 AlyTech 1 5 .9 . 20 1 1 Françoise MECHIN DIRECTEUR ADJOINT DU CENTRE DE RÉSULTATS DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL Laurent COURTHAUDON PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL A lyTech ou comment l’esprit de l’innovation technologique vient au commerce… Lorsque Laurent Courthaudon se lance dans l’entrepreneuriat en 1999, sa société a pour vocation essentielle de distribuer et assurer le service après-vente de matériels de laboratoire Antek, une marque américaine. Au gré des rencontres avec ses clients gaziers et pétroliers, il détecte un besoin non satisfait par le marché : un équipement qui permettrait de fabriquer en laboratoire des gaz étalons à destination des analyseurs. « Un analyseur peut être utilisé, par exemple, pour mesurer la pollution atmosphérique, au soufre ou à l’ozone, à un feu rouge, explique Laurent Courthaudon. J’ai donc eu l’idée de développer le GasMix, pour préparer in situ et rapidement les gaz servant de référence au réglage de ces machines. Ces gaz existent commercialement chez des fournisseurs comme Air Liquide, mais leur très basse teneur les rend longs à préparer et très chers. Notre projet de produit venait plutôt compléter leur offre qu’il ne la concurrençait. » Déjà client de l’activité de distribution d’AlyTech et, à ce titre, régulièrement visité par Laurent Courthaudon, IFP Energies Nouvelles (IFPEN) témoigne un vif intérêt pour le prototype. Raymond Szymanski, son directeur des relations PME-PMI propose à AlyTech de signer, en 2007, un contrat de collaboration. « IFPEN perçoit des royalties sur la réussite commerciale, mais avec le recul, je peux affirmer que ses bénéfices dépassent le coût, poursuit Laurent Courthaudon. L’étude de marché a certifié l’intérêt de notre produit et a même permis de cibler un marché auquel nous ne pensions pas : celui des réseaux atmosphériques contrôlant la qualité de l’air. IFPEN a mis à notre disposition son département d’économie et veille, dont les travaux me permettent aujourd’hui d’économiser des milliers d’euros, nous a encouragés à participer aux travaux de l’Afnor, à nous assurer que le matériel soit conforme à une norme ISO et nous aide à installer notre image de marque. » Enfin, sans que cela ait été prévu dans le contrat de collaboration, IFPEN est aussi un des premiers clients d’AlyTech, qui vient de lui livrer en 2011 un deuxième instrument. Si le développement du marché du GasMix est encourageant (+ 30 % par rapport aux prévisions en 2010, ce qui a permis d’amortir les effets d’une baisse du chiffre d’affaires de l’activité de distribution liée à la crise), AlyTech le doit aussi à ellemême. Tirant avec finesse les enseignements de l’aide prodiguée par IFPEN, l’entreprise poursuit une démarche d’innovation constante et sait enrichir son argumentaire marketing d’une évaluation des gains que le produit permet de réaliser. « Nous avons complètement redéveloppé le GasMix qui, depuis le 1er juillet 2011, est livré dans une toute nouvelle version numérique avec un logiciel plus performant. Nous avons établi que, selon les applications, son achat est amorti dans une période qui va de quatre mois à un an. Pour illustrer cela autrement, nous avons évalué qu’un constructeur de moteurs d’avion qui effectue des analyses de gaz en sortie peut réduire de 57 à 6 ou 7 le nombre de bouteilles étalon nécessaires pour chaque moteur et dont le coût unitaire s’élève à 900 5 environ. » Certains grands comptes, comme Air Liquide, confirment leur intérêt pour le produit en renouvelant les commandes de GasMix et en incitant à de nouveaux développements. Un appui précieux pour AlyTech qui, 53 IFP Energies nouvelles depuis la fin de l’année 2010, déploie une stratégie internationale. « Notre présence au Qatar en novembre dernier s’est soldée par une commande. En mars, nous nous sommes rendus au salon Arab Lab de Dubaï où nous avons mis en place un distributeur, et en Inde avec Ubifrance. Là-bas, nous avons été courtisés par une douzaine de distributeurs et nous avons instauré des liens étroits avec le plus important d’entre eux. Nous devons y retourner en octobre pour effectuer des démonstrations pour des clients potentiels. Nous travaillons actuellement à la mise en place d’un réseau de distribution en Europe. » Ᏹ Raymond SZYMANSKI DIRECTEUR RELATIONS PME-PMI « IFP Energies nouvelles (IFPEN) a été pionnière dans le soutien technologique aux PME-PMI. Elle a œuvré dans ce sens dès la fin des années 1980, bien avant de devenir un EPIC (Établissement public à caractère industriel et commercial) en 2005. C’est une mission d’intérêt général, inscrite dans nos contrats de performance. À l’origine, il s’agissait davantage de valoriser les savoir-faire scientifiques et techniques d’IFPEN en les transférant aux entreprises. À présent, nous sommes plutôt dans une logique de codéveloppement : une entreprise nous présente son projet et, s’il est retenu, nous mettons à sa disposition du temps ingénieur ou des compétences de nos ingénieurs-chercheurs. AlyTech en bref www.alytech.fr Activité Créée en 1999, AlyTech commercialise et assure le service après-vente en France, Belgique, Afrique du Nord et Afrique centrale des analyseurs de laboratoire ou process PAC-Antek, spécialisés dans l’analyse élémentaire du soufre, de l’azote et du fluor. L’entreprise vend également le GasMix, un mélangeur, diluteur et injecteur universel de gaz étalons qui s’adresse entre autres aux raffineries, à l’industrie automobile aussi bien qu’au secteur environnemental ou encore aux fabricants de boissons et brasseries pour leur contrôle qualité. Nous quantifions financièrement cette assistance, qui prend des formes multiples – test sur prototypes, aide à la construction de pilote industriel, etc. En principe, nous nous arrêtons au stade de la validation de la pré-série. La PME est responsable de l’industrialisation et de la commercialisation. Si le projet aboutit à la commercialisation d’un produit/service, la PME reverse à IFPEN des royalties sur les ventes de ce produit ou de ce service. Le montant des royalties est néanmoins plafonné à due proportion des frais engagés par IFPEN dans la phase initiale. Enfin, si hélas le projet ne rencontre pas le succès commercial anticipé, la PME n’a pas de contrainte de remboursement des frais engagés par IFPEN. Nous n’avons pas de catalogue de technologies à céder, mais une équipe qui, sur le terrain, sensibilise les PME et identifie les besoins sur des projets matures. AlyTech connaissait déjà IFPEN en étant proche de nos laboratoires et son produit intéressait directement notre activité. L’acquisition par notre laboratoire de Solaize en 2009, d’un équipement a débouché sur une réduction de la consommation de bouteilles étalons et une optimisation des mesures, soit d’importants gains techniques et économiques. Notre collaboration en a été d’autant plus aisée. » Effectif 7 personnes. Implantation Juvisy-sur-Orge (91). À l’étranger, AlyTech est représentée en Inde, au Moyen-Orient, aux USA et en Europe : Pays-Bas, Belgique, Espagne, Italie, Roumanie et Hongrie. Export 30 % du CA Objectif Une part du GasMix supérieure à 30 % dans notre chiffre d’affaires. Croissance (CA M€) 2,00 8,0 CA M€ PART GASMIX EFFECTIF 1,50 6,5 2,00 7 1,75 6 6 6 6 6 2005 2006 2007 2008 2009 1,50 1,25 1,00 5,0 1,75 1,25 Part GasMix Effectif 2010 1,00 54 5 . 9 . 20 1 1 Cordouan Technologies Françoise MECHIN DIRECTEUR ADJOINT DU CENTRE DE RÉSULTATS DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL Mathias LE PENNEC PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL C ordouan. Le phare des rois, à l’embouchure de l’estuaire de la Gironde, guide les bateaux dans l’obscurité. Métaphore filée par les instruments d’analyse développés et commercialisés par Cordouan Technologies, qui éclairent les chimistes de tout secteur – de l’industrie agroalimentaire à la cosmétique, en passant par la production de polymères – sur la caractérisation des nanoparticules en milieux complexes. « Le diamètre d’une nanoparticule est de l’ordre de 10-9 mètres. La caractériser, c’est en connaître la taille, la charge et la forme afin, par exemple, d’en prévoir la stabilité ou de mieux comprendre son comportement comme réactif » explique Mathias Le Pennec, président-directeur général de la start-up créée en 2007. Utilisées de façon croissante dans, entre autres, les crèmes solaires, les peintures ou vernis d’ameublement et comme catalyseurs de carburants, pellicules et films, les nanoparticules suscitent par ailleurs de grandes inquiétudes sur le plan toxicologique. Leur caractérisation représente donc un enjeu considérable. Un positionnement d’avenir qui s’est dessiné au cours de l’existence de Cordouan. « Notre idée originelle reposait sur du transfert de technologies. Les fondateurs avaient chacun une quinzaine d’années d’expérience industrielle à leur actif. Certains dans les télécoms, reprend Mathias Le Pennec. De mon côté, j’avais été directeur général du numéro 1 européen d’importation de matériel opto-électronique avant de créer Ardop, une agence spécialisée dans l’achat de matériel sensible en optique et photonique. En faisant du négoce import/export de matériels haute technologie, nous nous étions rendus compte qu’en France les chercheurs et les laboratoires avaient dans leurs tiroirs un grand nombre de montages expérimentaux nullement valorisés. Notre idée a été de grouper des compétences commerciales et marketing autour de ces savoir-faire scientifique, technique et industriel pour en faire des instruments commercialisables. » Ainsi, dès 2007, parallèlement à la mise au point d’un instrument de métrologie optique des lasers pour le CEA, Cordouan entame avec IFP Energies nouvelles le développement d’un granulomètre (instrument mesurant la taille des particules en solution) en milieux noirs, c’està-dire opaques ou très concentrés. « L’appareil d’origine avait été créé par IFPEN pour une société pétrolière. Les critères de réussite d’un transfert de technologies sont essentiellement humains. Il faut créer l’alchimie qui permet à des personnes de cultures professionnelles différentes de travailler à un objectif commun : mettre un produit sur le marché. Je me suis rapproché de chercheurs que je connaissais en pariant sur le fait que l’organisme qui les hébergeait s’engagerait avec eux. Et dès lors qu’IFPEN a dit oui, leur convention de collaboration, moyennant royalties, nous a beaucoup aidés. Nous avons disposé de temps ingénieur et chercheur, tout le design professionnel – environ 25 000 euros, ce qui est cher pour une PME – a été financé par IFPEN. Cet appui est un gage de confiance et de réussite et cela nous a permis de sortir le produit au bout de dix-huit mois, un délai relativement court. Et surtout, si IFPEN n’avait pas joué ce rôle de catalyseur, nous n’aurions jamais créé Cordouan. Les 55 IFP Energies nouvelles premières ventes ont eu lieu début 2009 et c’est aujourd’hui le produit phare de notre gamme. Forts de ce succès, nous avons souhaité réitérer l’opération en mettant au point un réfractomètre, appareil destiné à mesurer l’indice de réfraction d’un liquide pour déterminer sa concentration en certains éléments donnés, des sels minéraux par exemple. Ses ventes sont en train de démarrer. Le marché mondial de tous nos produits confondus est évalué à 500 millions d’euros : en général, les ventes aux laboratoires sont unitaires. Nous considérons que nous sommes numéro 3 mondial sur ces marchés de niche et nous plaçons des espoirs sur des marchés naissants, encore confidentiels, mais qui peuvent nous propulser en tête du marché de l’instrumentation. Si nos produits nous permettent de répondre à des enjeux sociétaux majeurs comme la détection précoce de cancers ou de maladies neuro dégénératives, tout en rapportant de l’argent, ce sera doublement extraordinaire. » Ᏹ Raymond SZYMANSKI DIRECTEUR RELATIONS PME-PMI « Le granulomètre VASCO et le réfractomètre ARAGO, mis au point en collaboration avec Cordouan Technologies, sont issus de développements très pointus, initialement effectués par des chercheurs de IFPEN pour répondre à des besoins internes. Ces transferts de technologies sont le fruit des discussions informelles de nos chercheurs avec Mathias Le Pennec qui, via Ardop, fournissait déjà IFPEN en optiques et lasers. Il les a convaincus des perspectives ouvertes par cette démarche de valorisation. IFPEN a accepté de licencier ses technologies dans le cadre de sa mission d’intérêt général d’accompagnement des PME . Cordouan incarne le profil des PME avec lesquelles IFPEN peut s’engager dans cette voie. À l’époque où a été envisagée la valorisation du granulomètre, l’entreprise faisait la démonstration de sa compétence en matière d’instrumentation en développant un instrument de métrologie optique des lasers. . Quant au réfractomètre, l’idée était de créer un équipement suffisamment haut de gamme et économique pour se substituer à ceux existant déjà sur le marché. L’entreprise avait les atouts nécessaires sur les plans humain, marketing et commercial pour assurer le développement de ces technologies. Portée par Mathias Le Pennec et David Jacob, docteur en physique lui aussi doué d’une fibre commerciale, Cordouan était déjà introduite auprès des réseaux de distribution, en France et à l’international. Pour faciliter sa pénétration à l’export, Cordouan s’est structurée en renforçant ses équipes et a conçu des équipements ne requérant qu’une maintenance simple, assurée par un échange standard de pièces réalisables par les distributeurs locaux eux-mêmes, moyennant une petite formation. Nous-mêmes avons acheté à Cordouan les équipements correspondant à nos besoins. Comme leur prix n’était pas très élevé, il nous a été possible de le faire de gré à gré dans le cadre de ce partenariat. » Cordouan technologies en bref www.cordouan-tech.com Activité Née de la rencontre d’éminents chercheurs scientifiques français avec le docteur en physique David Jacob et le chef d’entreprise Mathias Le Pennec, issus respectivement des industries des télécoms et de l’optique appliquée, Cordouan Technologies développe et commercialise une gamme d’instruments d’analyse sur la base de transferts de technologies innovantes et brevetées. Effectif 12 personnes. Implantation Pessac (33). À l’étranger, Cordouan Technologies est représentée à Idar-Oberstein (Allemagne), à Norcross (États-Unis), à São Paulo (Brésil), à Mumbai (Inde) et à Tokyo (Japon). Export 60 % du CA Croissance (CA M€) 1,2 14 CA M€ PART GRANULOMETRE 1,0 0,8 1,0 0,6 3 0,4 0,2 0,0 0 1,2 0,8 6 0,6 7 0,4 EFFECTIF 12 0,2 2008 Part IFPEN 2009 Effectif 2010 0,0 dotgreen 56 9 .1 2. 20 1 1 PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE n 2009, les éditions Dunod font paraître un ouvrage intitulé Green IT – les meilleures pratiques pour une informatique verte. L’ouvrage rappelle dans son avant-propos que, loin d’avoir un effet exclusivement positif sur le développement durable, l’informatisation constitue aujourd’hui une partie essentielle de la consommation d’énergie mondiale… appelée à augmenter de 40 % d’ici 2020. Co-auteur du livre, Christophe Corne est un avocat des plus convaincants du Green IT. Et pour cause ! C’est pour démontrer que cet ensemble de démarches visant à réduire l’empreinte carbone des systèmes d’information des entreprises était porteur d’économies potentielles qu’il a fondé dotgreen, filiale à 100 % de Systancia, dont il est le président du directoire. « En 1998, j’ai créé Systancia, un éditeur de logiciels dans le domaine de la virtualisation et – aujourd’hui – du cloud computing, qui actuellement se développe à l’international, raconte-t-il. La virtualisation consiste à ne plus installer les applications sur les postes de travail, mais à les dématérialiser dans des serveurs hébergés, par exemple, au sein de l’entreprise, ou, actuellement, dans un nuage. Cela fait baisser considérablement le coût unitaire des postes de travail, puisqu’il y a moins de maintenance. En outre, vous pouvez remplacer les PC classiques par ce que l’on appelle des “clients légers”, terminaux qui embarquent beaucoup moins d’intelligence, coûtent moins cher et consomment 5 à 10 fois moins d’électricité qu’un poste de travail classique… Et dont l’empreinte carbone est nettement réduite. Cet argument est devenu de plus en plus important vers 2007, lorsque les grandes entreprises ont commencé à devoir rendre des comptes à leurs actionnaires sur leur empreinte carbone. Vers la même année, nos clients nous ont de plus en plus mis au défi de prouver que notre technologie était porteuse de gains énergétiques et financiers. En 2008, nous avons donc décidé de créer une filiale baptisée dotgreen, dédiée à l’édition de logiciels permettant de suivre et de mesurer les facteurs énergétiques d’une entreprise et aussi d’aider à la décision à l’heure de remplacer des postes de travail ou d’en acquérir de nouveaux. » de recensement du parc informatique et de pilotage au quotidien de ce matériel suivant des paramètres environnementaux, ainsi que d’aide à la décision sur des achats, que ce soit pour l’intégralité de l’entreprise ou juste une entité. Parfaitement convivial, il s’installe sur une plate-forme web et on y accède via un navigateur. La législation évolue et les obligations environnementales des collectivités publiques et des grands comptes vont se renforcer, ce qui fait que nous ne sommes pas inquiets sur les perspectives de succès commercial de ce produit », conclut avec optimisme Christophe Corne. Ᏹ Daniel BARBERYE DIRECTEUR DE PROJETS DIDES (DIRECTION DE L’INNOVATION ET DU DÉVELOPPEMENT DES SERVICES) Christophe CORNE E 57 Groupe La Poste Dès le début de son activité, la jeune entreprise appelle autour du berceau d’Argile, le nom de son projet, de nombreuses structures. Parmi ces bonnes fées figure le Cigref, organisation professionnelle membre du Pacte PME. Au cours des échanges avec cette association qui rassemble les DSI des 120 plus grandes entreprises françaises, La Poste manifeste un intérêt très vif au projet de dotgreen. « La Poste avait déjà réalisé une étude sur le coût environnemental de son système d’information, mais il s’agissait d’un rapport statique, avec des résultats figés dans le temps. Nous lui avons donc proposé de mettre à sa disposition le logiciel que nous étions en train d’élaborer, en tant que première référence et contributeur à son évolution. Nous ne pouvions pas rêver meilleur partenaire pour trois raisons, insiste Christophe Corne. La première, c’est qu’il s’agit d’un fournisseur de données très important dans la mesure où il représente 4 % des postes de travail de France. Dès lors que notre progiciel répond aux besoins de La Poste, nous pouvons être sûrs qu’il répondra aux besoins de tout type de client ou d’infrastructure. La deuxième, c’est que La Poste est un grand compte extrêmement visible, qui constitue une belle référence et a déjà attiré sur nous l’attention de nombre de prospects ou clients. La troisième, c’est que La Poste est très sensible non seulement à l’aspect environnemental, mais aussi à l’impact de ses actions sur l’écosystème des PME innovantes. Nous avons à l’étude le dépôt d’un brevet en commun. Grâce à la mise en œuvre d’un programme Passerelle, développé par OSEO avec le soutien du Pacte PME, une partie de nos travaux se trouve financée : OSEO accorde une avance remboursable de 230 000 5, tandis que La Poste et dotgreen contribuent pour le même montant. La Poste n’en est pas à son premier Passerelle et, autre fait révélateur du soutien qu’elle apporte aux PME, c’est un des premiers acteurs publics à avoir fait usage, par exemple, de l’article 26 de LME, ainsi que je l’avais relevé dans un billet publié en 2010 par le quotidien La Tribune. » La version finale d’Argile sera commercialisée courant 2012. « Il s’agira d’un outil informatique complet « Depuis 2003, le groupe a montré la continuité de son engagement en faveur de la RSE. Le plan stratégique “Performance et Convergence” (20032007) initiait la démarche de développement durable de La Poste. Les objectifs fixés constituaient les leviers destinés à favoriser la prise de conscience, à impulser la démarche et à la traduire en expérimentations ou en programmes d’actions. Le projet stratégique “Performance et Confiance” (2008-2010) plaçait le développement responsable au cœur de la stratégie d’entreprise. La stratégie “Ambition 2015” accélère dans cette voie : le modèle social réaffirmé et le développement durable sont les deux règles de conduite du changement. L’intégration des préoccupations sociales et environnementales dans les process IT constitue l’un des axes de cette politique. dotgreen en bref www.dotgreen.fr Activité Éditeur de logiciels de gouvernance Green IT, dotgreen est une PME qui accompagne ses clients tout au long de leur stratégie Green IT. Elle est ellemême, filiale à 100 %, d’une autre PME française Systancia. Auteur du livre Green IT, les meilleures pratiques pour une informatique verte, préfacé par Nathalie Kosciusko-Moriset, alors secrétaire d’État chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique, et Bruno Ménard, le président du Cigref, dotgreen propose aux entreprises des méthodes concrètes pour la réduction de l’impact de l’informatique sur l’environnement. Avec un parc d’environ 420 000 équipements informatiques La Poste s’est préoccupée, dès 2009, de la maîtrise des dépenses énergétiques et de la réduction de l’empreinte carbone de son parc informatique. C’est ainsi que la DSI-GROUPE et la Direction de l’innovation et du développement des services ont commencé à travailler avec dotgreen sur deux projets : un radar de maturité Green IT permettant également d’identifier les bonnes pratiques à mettre en œuvre et un écocalculateur d’empreinte carbone, tenant compte du cycle de vie complet des matériels. Le premier a donné lieu au Green Argus, disponible en ligne, co-brandé par dotgreen et La Poste, grâce auquel les entreprises s’évaluent par rapport à d’autres via des indicateurs et des tableaux de bord. L’écocalculateur, pour lequel nous avons aidé dotgreen à déposer un brevet, fait l’objet d’un contrat dans le cadre du programme Passerelle, d’un montant de 690 000 c pour son industrialisation. Chaque partie apporte 230 000 c au financement. La Poste disposera de licences gratuites. Outil d’aide à la décision pour le renouvellement des matériels, il facilitera la mesure d’impact des actions du groupe pour maîtriser les émissions de CO2 et la consommation énergétique. Enfin, sous un angle réglementaire, il alimentera les données nécessaires au respect des dispositions légales du Grenelle 2. » Effectif 40 personnes pour le groupe Systancia, dont 10 pour dotgreen. Implantation Paris (75). Export dotgreen compte utiliser le réseau de partenaires Systancia à l’international pour développer le produit Argile dans d’autres pays. Objectif Le lancement officiel de la première version d’Argile est prévu dans le courant du premier trimestre 2012 avec comme objectifs les grands comptes et les collectivités territoriales sur la France. Il est déjà prévu un lancement à l’international sur différents pays suite à des contacts avancés pour la commercialisation du produit. Croissance (CA M€) 3,0 45,0 CA M€ EFFECTIF PART ? 35 2,5 40 2,0 0,5 0,0 8,0 2,5 2,0 1,5 26,5 1,0 3,0 1,5 20 1,0 10 2008 Effectif 0,5 2009 2010 2011 0,0 58 Edipro 1 2.9 . 20 1 1 59 Groupe La Poste des imprimeries industrielles solidaires agréées. En vain. Comme cela correspondait à un besoin client et que l’idée de transmettre mon métier d’imprimeur à des handicapés me plaisait d’un point de vue éthique, j’ai décidé d’en créer une en m’adjoignant un partenaire qui connaissait bien les contraintes des entreprises adaptées. Selon le chiffre d’affaires traité avec cette filiale, nous transmettons donc chaque année des équivalents emploi handicapé à nos clients, qui peuvent ainsi plus facilement remplir leur contrainte légale. » Ce service très innovant a-t-il conquis rapidement les grandes entreprises ? « Pas autant ni aussi vite que nous l’avions espéré, mon associé et moi-même. Pour le moment, certaines entreprises payent encore les taxes. Mais le temps travaille pour nous… » Ᏹ Antoine DOUSSAINT DIRECTEUR DES ACHATS Jacques LOPÈS PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL « En créant ex nihilo Edipro Solidaire, qui emploie aujourd’hui 45 personnes dont 37 handicapés, j’ai renoué avec mon ancien métier d’imprimeur industriel et ses vicissitudes. Les mises en route, les formations, la création des équipes. Mais aussi les réussites », constate en souriant Jacques Lopès. Un métier abandonné en 1996, avec la cession de son groupe de neuf imprimeries (1 000 employés) à un conglomérat de médias nord-américain. Fort de solides connaissances industrielles, il fonde Edipro, plate-forme d’édition européenne qui propose aux directions générales ou financières des schémas personnalisés d’externalisation de leurs achats. Le modèle économique de l’entreprise repose sur l’identification du « juste besoin client » associé aux meilleurs prix : « Dans le magma de 200 spécialités que l’on appelle l’imprimerie, nous devons trouver pour lui la solution optimale, qui consiste en un assemblage de technologies garantissant un bon prix de marché, une livraison dans les délais et la qualité attendue. Notre gamme de services est novatrice et étendue, car notre offre d’externalisation suppose la capacité d’apporter d’abord le conseil, puis de réaliser tous les types de produits, de disposer d’un panel européen voire mondial, de mettre à la disposition de nos clients des processus achats et des outils uniques (prépresse, e-procurement, rich media), et enfin de s’engager sur des plans de progrès. » Une diversité qui séduit de nombreux et prestigieux clients comme Ikea Europe, Canal +, PSA, Schindler, Air liquide… Et le Groupe La Poste qui, dès 2004, alloue à Edipro un premier marché concernant l’externalisation des achats imprimés de la division Courrier, grâce auquel il réalise d’importantes économies d’échelle. Entretemps, Edipro se donne les moyens de garantir à La Poste le respect des normes développement durable sur toute la filière papier. Deux bonnes raisons pour le groupe de confirmer son choix en 2007, tout en s’impliquant activement dans le développement de la PME par une entrée dans son capital via XAnge Private Equity, la société de gestion de La Banque postale. De son côté, Edipro reproduit avec La Poste un schéma qui a fait ses preuves chez d’autres clients et y implante des outils et une équipe permanente afin d’apporter un conseil immédiat. Cette présence continue de servir Edipro, reconduite par La Poste une deuxième fois en 2010 dans des conditions différentes. « La Poste a décidé d’ouvrir cette externalisation à toutes les divisions du groupe, dont la Direction des approvisionnements de la Poste (DAPO), et dans ce cadre, a souhaité retenir deux plates-formes. C’est la conséquence de l’interrogation naturelle d’un service achats qui veut s’assurer d’avoir le meilleur prestataire, philosophe Jacques Lopès. Canal + pratique aussi cette politique. Finalement, au bout d’un an, grâce à notre proximité et à notre forte implication, nous avons conservé 98 % de nos budgets, avec un périmètre élargi. Notre chiffre d’affaires global a progressé de 25 % en 2010 – un vrai succès car nous évoluons dans un secteur sinistré – et la part de La Poste va croître de 10 % en 2011. Il nous reste encore dix divisions de La Poste à conquérir. En outre, Edipro Solidaire tient un rôle de plus en plus important dans le volume d’affaires réalisé avec le groupe : 60 % de son développement est lié à l’action motrice de La Poste. Et c’est crucial car cette structure nous différencie vraiment de nos concurrents. L’idée est née grâce à la demande d’une cliente dont l’entreprise avait un énorme budget de contribution à payer parce qu’elle ne parvenait pas à atteindre son quota d’emplois handicapés. D’abord, j’ai cherché « La décision de recourir à une plate-forme d’édition externalisée a été prise en 2004 par le Groupe La Poste et depuis, Edipro a remporté les trois marchés successifs. La richesse de cette relation, qui s’installe dans la durée, c’est sa véritable réciprocité : La Poste accompagne Edipro dans son développement en termes de chiffre d’affaires et de personnel et, de son côté, Edipro fait évoluer les pratiques de notre groupe en nous proposant, au-delà de l’expression de notre besoin, des solutions novatrices. Avant 2004, toutes nos publications étaient réalisées par des imprimeurs, eux-mêmes gérés par des chefs de fabrication internes à notre groupe. Le choix de recourir à la plate-forme d’édition était motivé davantage par une volonté d’optimisation que de massification des achats. D’ailleurs, nous travaillons toujours avec autant d’imprimeurs. Le gain moyen de 30 % d’économies est lié aux prix de marché négociés par Edipro et beaucoup à la pertinence du conseil – par exemple sur les formats ou les pliages – apporté au moment du brief et de la conception. Lors de la deuxième ouverture de marché, Edipro, qui avait compris la sensibilité du Groupe La Poste à la notion d’achats responsables, nous a proposé sans même qu’on le lui demande toutes les assurances nécessaires sur la traçabilité des papiers, des encres et la certification des imprimeurs. C’est un thème très important pour la communication de La Poste, dont l’activité suppose d’utiliser beaucoup de papier imprimé. Edipro s’est encore montré très en avance sur son marché lors de la troisième mise en concurrence. Les entreprises ont, sous peine d’être taxées, une obligation légale de consacrer 6 % de la masse salariale à l’emploi d’handicapés ou de contribuer par leurs achats aux secteurs protégés-adaptés. Edipro Solidaire, la filiale adaptée créée par Jacques Lopès, nous permet de satisfaire plus aisément à cette obligation légale. Au premier semestre 2011, 500 Kd sur les six millions réalisés annuellement avec Edipro ont été passés sur cette structure qui constitue une véritable innovation. » Edipro en bref www.edipro.fr Activité Edipro est une plate-forme d’édition (print management) qui, depuis 1996, propose aux entreprises – grands groupes et PME – ainsi qu’à la presse des solutions optimales et consolidées de gestion et d’achat du print. Dotée d’une cellule « Études et benchmarks » et d’une SSII intégrée, Edipro intervient en prépresse et presse, production print, imprimerie solidaire, e-procurement, rich media et prend en charge, pour ses clients, le contrôle et la responsabilité du respect du développement durable sur les matières et la chaîne de production. Effectif 100 personnes. Implantation En France : à Levallois-Perret (92), Saint-Étienne (42) et Martigné-sur-Mayenne (53, pour Edipro Solidaire. À l’étranger : Bruxelles (Benelux), Milan (Italie) et Kielce (Pologne). Export 8 % du chiffre d’affaires en 2010. Objectif La progression annuelle d’Edipro est de l’ordre de +15% (malgré une diminution des budgets print gérés par Edipro d’environ 5 à 10% par an) Croissance (CA M€) 120,0 60 CA M€ EFFECTIF PART la poste 220 50 92,5 40 10,0 0 50 40 65,0 30 20 37,5 10 60 22 2005 31 36 38 2006 2007 2008 48 30 20 10 Part Groupe La Poste 2009 Effectif 2010 0 Squid Solutions 60 23.11.2011 61 Groupe La Poste à sa distribution. « Le périmètre de nos projets communs s’est soudain élargi, ce qui a différé l’accord commercial. Nous sommes entrés dans un processus plus classique de réponses aux cahiers des charges. Nous avons adapté notre solution technique aux contraintes informatiques du groupe, notamment en termes de sécurité et de confidentialité. Finalement, le contrat a été signé en août 2011. » Daniel BARBERYE DIRECTEUR DE PROJETS DIDES (DIRECTION DE L’INNOVATION ET DU DÉVELOPPEMENT DES SERVICES) « La Dides a aujourd’hui trois missions essentielles : veiller activement sur les usages et les concurrences ; accompagner des projets innovants pour nos métiers (le Courrier, le Colis, l’Enseigne, etc.) ; détecter et qualifier des relais de croissance pour le Groupe La Poste. Adrien SCHMIDT PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL C omment une jeune pousse peut-elle se frayer un chemin jusqu’au panel fournisseurs d’un grand compte ? La coopération de Squid Solutions avec La Poste offre des éléments de réponse à cette question récurrente des entreprises françaises porteuses d’une innovation de rupture. De l’audace, de la persévérance… Et une rencontre avec un grand compte doté d’une structure d’accompagnement de l’innovation. L’histoire débute en 2004, lorsqu’Adrien Schmidt, Serge Fantino et Grégoire Pauty, qui jusqu’alors travaillaient ensemble chez un éditeur de logiciels du domaine des télécoms, décident de voler de leurs propres ailes. Ils lancent Squid Solutions, qui a pour projet d’exploiter les volumes colossaux de données brutes contenues dans les bases des entreprises à des fins de marketing. « Nous avons d’abord fait du consulting. Puis nous nous sommes lancés dans l’édition de logiciels en identifiant tout ce qui, dans la chaîne de valeur de l’analyse de données, prenait le plus de temps, était le plus complexe et le plus coûteux à réaliser avant de mettre au point une technique », explique Adrien Schmidt, président-directeur général. Cette technologie s’applique notamment à la Web Intelligence, qui consiste à dépasser la simple analyse du trafic web sur un site pour prendre en compte toutes les données d’une entreprise sur Internet et, comme le font les industries matures (par exemple la finance ou les télécoms), exploiter des techniques d’analyses plus poussées pour anticiper les comportements des internautes. « Les enseignements obtenus par cette méthode représentent une aide à la décision absolument indispensable pour piloter son activité dans un environnement aussi concurrentiel que le web. Ils permettent d’optimiser l’ergonomie d’un site, d’ajuster les prix de services proposés, d’acquérir le bon trafic ou encore d’orienter la stratégie plus rapidement, ce qui est la clé du succès sur Internet. » Grâce au support de financements publics et privés, le produit sort en 2007 après 3 ans de développement et convainc immédiatement E-Bay et SFR. « Grâce à nos premiers clients, qui comptaient parmi les plus grosses bases de données du marché, nous avons fait la preuve de notre technologie, poursuit Adrien Schmidt. Cela nous a permis de lever 3 millions d’euros auprès de capitaux-risqueurs fin 2008, en pleine crise financière, et de constituer en 2009 une force commerciale chargée de prospecter de nouveaux marchés. » L’un des commerciaux fraîchement recrutés par l’entreprise rentre en contact avec un camarade du réseau des anciens de l’ESSEC qui travaille pour La Poste. Intéressé par la technologie de Squid Solutions, il organise une première rencontre fin 2009… Au cours des deux années suivantes, la Dides apportera un soutien sans faille à la PME en finançant des démonstrateurs confortant la confiance placée par La Poste dans la technologie de Squid Solutions. La PME est engagée dans un projet d’études avec la Direction industrielle du courrier (DIC) pour gérer les flux et la répartition des containers qui transportent le courrier en France. L’essai est concluant, et la DIC détecte dans la technologie de Squid Solutions l’outil idéal pour un projet prioritaire qui consiste à prévoir les volumes de courrier au niveau des centres de tri et ainsi anticiper globalement les services liés La persévérance dont a dû faire preuve Squid Solutions au cours de ces deux ans de travail acharné infléchit-elle sa stratégie de croissance ? « Je retire de cette expérience que collaborer avec un grand compte qui ne disposerait pas d’une structure d’accompagnement dédiée à l’innovation n’est pas encore tout a fait à notre portée. Je tiens vraiment à saluer la contribution de la Dides qui, outre l’apport de financements, a mis en place une démarche volontaire pour faire émerger les besoins au sein du groupe La Poste. Indiscutablement, cela valait la peine de s’accrocher à ce contrat : le projet que nous menons avec La Poste est stratégique pour nous, il nous fait progresser sur notre cœur de métier et renforce notre crédibilité auprès du marché et de nos propres investisseurs. Aujourd’hui, notre stratégie est de nous déployer à l’international, ce qui devrait nous permettre de changer de taille. Nous avons déjà un partenaire aux ÉtatsUnis et nous réalisons actuellement une étude pour confirmer notre démarche. » Ᏹ Nous sélectionnons des idées et nous finançons autant que possible, comme ce fut le cas pour Squid Solutions, des pilotes présentés aux métiers à l’occasion du Lab postal. Cet événement accueille chaque année environ 500 acheteurs internes de La Poste. Et lorsqu’ils sont intéressés, nous les associons en amont en les aidant à porter le prototype avec les PME. Lorsque la Dides a repéré Squid Solutions et sa technologie informatique de modélisation prédictive, nous avons financé un démonstrateur pour présenter l’entreprise au Lab postal. Il concernait une problématique complexe rencontrée par le Courrier : I’optimisation de la logistique des containers servant à transporter les lettres. Ces bacs sont surnuméraires dans les centres de distribution recevant plus de courrier qu’ils n’en expédient, tandis que d’autres connaissent la pénurie. Le logiciel de Squid Solutions a démontré son efficacité pour fluidifier l’acheminement des bacs afin de pallier les disparités. Cette expérience concrète a décidé la direction du Courrier industriel de contracter avec Squid Solutions en août 2011. Grâce à leurs serveurs et logiciels, le fonctionnement des plates-formes et des flux du Courrier industriel se trouve optimisé sur le plan des coûts et des ressources. Le service est amélioré et La Poste est en mesure de respecter les contraintes règlementaires et contractuelles en anticipant et en lissant le volume remis chaque jour aux agents chargés de la distribution. » Squid Solutions en bref www.squidsolutions.com Effectif 15 personnes. Implantation Boulogne-Billancourt (92). Objectif Décupler le CA d’ici à 2015. Croissance (CA M€) 20 0,6 CA M€ 15 10 0,3 10 0,2 5 0,1 0,0 0 EFFECTIF PART la poste 0,5 15 0,4 0,5 0,4 0,3 5 4 0,6 0,2 0,1 2007 2008 Part Groupe La Poste 2009 2010 Effectif 0,0 Probayes 62 30.11.2011 63 MBDA de projets communs. De ce point de vue, MBDA fait preuve d’un esprit comparable à celui que j’ai pu apprécier lorsque je travaillais aux ÉtatsUnis. Outre-Atlantique, le plus surprenant n’est pas l’obligation de travailler avec des PME imposée par le Small Business Act aux entreprises publiques. C’est la capacité des grands comptes à traiter d’égal à égal avec les petites entreprises et à leur accorder de la crédibilité, pour peu qu’elles leur apportent de la valeur ajoutée. MBDA pratique cette même culture de l’écosystème de PME agiles, qui semble se répandre en France, notamment dans le domaine de la Défense. Le groupe contribue à la stabilité et à la progression de Probayes. Non seulement en termes de chiffre d’affaires, mais aussi en nous apportant une crédibilité auprès d’autres entreprises du secteur, comme Dassault ou DCNS, et en acceptant volontiers de nous servir de référence, ce qui facilite notre prospection. » Ᏹ Bernard TURLIER SUPPLIER MARKET INTELLIGENCE EXECUTIVE « MBDA, très tourné vers l’innovation interne et externe, a organisé ces dernières années avec le soutien du Pacte PME plus d’une dizaine de forums qui ont permis de rencontrer une centaine de PME. Chaque forum, sur un thème technologique pointu, permet aux PME présentes de proposer leurs solutions avancées, en présence d’experts MBDA et de représentants des autres PME invitées (concept d’Open Innovation). Serge RIGORI DIRECTEUR COMMERCIAL S i « gouverner, c’est prévoir », comme l’affirmait l’homme politique Émile de Girardin, la PME grenobloise Probayes est en mesure de donner à ses clients les moyens de devenir leaders dans leur domaine d’activité. Ce spin off de l’INRIA et du CNRS, créé en 2003, est spécialisé dans la prévision du comportement des objets, des processus ou des personnes. « Notre technologie utilise les mathématiques bayesiennes, une des méthodes du calcul des probabilités, dans un objectif d’aide à la décision qui peut intervenir dans votre vie quotidienne, précise Serge Rigori, le directeur commercial de Probayes. Par exemple, nous avons pour clients le GIE Carte bancaire et plusieurs banques pour lesquels nous prévenons les fraudes monétiques en prévoyant l’usage des cartes par leurs porteurs. Au fil du temps, nos logiciels observent le type d’achats réalisés, la somme sur le compte, les transactions de la semaine précédente, les fréquences de voyage du porteur et détectent les anomalies. Dans ce cas, nous indiquons à nos clients la suspicion de fraude. C’est une approche beaucoup plus efficace que la règle qui prévoit, par exemple, que toute transaction de plus de 1 000 euros dans une bijouterie d’un pays donné est suspecte, très facilement détectée par les fraudeurs qui communiquent beaucoup entre eux. » La technologie de Probayes qui mixe l’approche statistique, où l’information est contenue dans les données, et l’approche experte fondée sur les connaissances humaines et la capacité analytique, démontre aussi son efficacité à réduire les incertitudes en business intelligence, pour anticiper les comportements des consommateurs. Ou en gestion de process industriels, pour prévoir les rendements. Elle excelle tout particulièrement dans les questions d’évitement de collisions, qui intéressent aussi bien l’automobile que la sécurité et la Défense. C’est sur ce terrain que, en mars 2009, Probayes est invitée à présenter ses compétences lors d’une rencontre organisée par MBDA avec le soutien du Pacte PME. Reçue ensuite par différents groupes techniques du missilier, Probayes se voit confier par l’un d’entre eux, en septembre de la même année, une étude de faisabilité portant sur l’identification des comportements de menace. Convaincu par les résultats de la veille technologique et la valeur ajoutée des solutions de Probayes, MBDA présente la PME à MBDA UK et confie, sur un financement franco-britannique et tactique de Défense, une étude sur deux ans plus conséquente dans ses implications… Et dans son financement, puisque le montant de ce deuxième contrat est dix fois supérieur au premier. « MBDA nous appuie solidement dans la maturation de l’innovation que nous mettons au point avec leurs équipes, poursuit Serge Rigori. La première étude était plutôt une recherche amont. Cette fois, il s’agit vraiment de R&D dans une logique industrielle de valorisation et, pour le groupe, un espoir de retour sur investissement. Les relations humaines entre les équipes sont excellentes – c’est un point qu’il ne faut pas négliger lorsque l’on souhaite la réussite C’est ainsi que MBDA a pu amorcer dès 2009 une collaboration suivie avec la PME Probayes, rencontrée lors d’un Forum ‘’Aide à la décision’’. En 2010, MBDA a confié à Probayes une étude de faisabilité de quelques mois, d’un montant financier limité, portant sur l’amélioration des performances d’interception aérienne par l’introduction d’algorithmes probabilistes. Probayes en bref www.probayes.com Les résultats s’étant révélés prometteurs, MBDA confie à Probayes, sur financement franco-britannique de Défense (MCM-ITP) de deux ans, la réalisation d’une étude algorithmique conséquente pour un montant financier décuple du premier contrat. Activité Probayes est un éditeur de logiciels qui développe des solutions d’aide à la décision fondées sur des calculs probabilistes permettant de prévoir le comportement des objets, des personnes et des processus. Probayes propose aux secteurs de l’industrie, de la banque/finance, de la distribution, de l’énergie et de la Défense quatre types de prestations : étude R&D, développement de logiciels à façon, aide et conseil à la modélisation et formation sur les technologies probabilistes. MBDA mesure ainsi tout l’intérêt qu’apporte la coopération avec une PME performante. » Effectif 23 personnes. Implantation Montbonnot (38), Paris (75) et Puebla (Mexique). Export 20 % du chiffre d’affaires. Objectif 20 % de croissance par an. Croissance (CA M€) 1,2 25 CA M€ EFFECTIF PART ? 1,0 20 0,8 20 21 1,0 0,8 0,6 0,6 13 0,4 15 0,4 0,2 0,0 10 1,2 0,2 2005 Effectif 2006 '2009' '2010' 0,0 Modem 64 20.1.2012 65 Météo France le développement de Modem. Elle représente environ 40 % de notre chiffre d’affaires et son excellente réputation mondiale constitue une référence de poids auprès de nos autres clients, les services météos étrangers. À ce jour, 120 de nos stations sont opérationnelles sur la planète. Nous sommes aussi soutenus par sa filiale Météo France International (MFI), avec laquelle nous avons un partenariat très étroit depuis 2004, date d’un premier marché en Mongolie. MFI, qui répond aux appels d’offres dans le monde en proposant des packages comprenant non seulement des produits Météo France, mais aussi des équipements achetés à des constructeurs français, travaille en exclusivité avec nous pour le radiosondage. Grâce à eux, nous venons d’ailleurs de réaliser une grosse opération en Indonésie, où nous avons équipé six stations. » Ᏹ Aleth DIZDAR SECRÉTAIRE PERMANENTE DE LA COMMISSION CONSULTATIVE DES ACHATS Patrick CHARPENTIER PRÉSIDENT E n 1992, Patrick Charpentier crée avec Georges Ricaud, ingénieur comme lui, le bureau d’études Modem. La société se consacre dans un premier temps au développement d’appareils utilisés pour les liaisons maritimes distribués par Geolink, groupe spécialisé dans la télécommunication par satellite dont elle est une filiale. Dès cette date, elle intègre dans ses systèmes le positionnement GPS, qu’elle allie à la liaison radio et à la transmission satellitaire Inmarsat. Cette maîtrise de la technologie GPS attire l’attention de l’ESA (Agence spatiale européenne). En 1994, elle demande à Modem de concevoir un équipement performant, à même de mesurer la rafale à 18 000 mètres au-dessus de la base de Kourou. Les données recueillies serviront à mettre au point l’un des réacteurs de la fusée Ariane 5. « Nous avons utilisé le ballon Méduse, dont les déplacements étaient suivis et mesurés par une nouvelle sonde à base de technologie GPS, une première à l’époque, conçue par Modem. Nous avons également introduit le calcul de la pression par GPS, le WMO a mis dix ans à reconnaître que c’était la meilleure méthode et elle est aujourd’hui utilisée par tous », se souvient Patrick Charpentier, actuel président de la société. Naissance d’une passion ! Toute exceptionnelle qu’elle soit, cette demande de l’ESA infléchit pour de bon le destin de la PME. « À partir de cet instant, nous avons commencé à nous intéresser fortement au domaine du radiosondage pour la météorologie. Je me suis rendu chez Météo France pour leur montrer notre réalisation. Les chercheurs de Trappes lui ont témoigné un grand intérêt… Tout en répondant qu’elle ne correspondait pas à leur besoin comprenant, outre la mesure du vent, celle de la température, de l’humidité, etc. Ils m’ont fourni toutes les spécifications nécessaires. » Dès 1998, Modem répond à un premier appel d’offres de Météo France. Sans succès. Le désir de spécialisation dans le domaine météorologique est devenu si impérieux que, en 2001, Patrick Charpentier décide d’abandonner totalement les télécommunications. Modem quitte le giron de Geolink et met à profit sa nouvelle indépendance pour participer à des salons dans le monde entier. En 2002, Météo France allotit le marché des systèmes de radiosondage. Modem remporte le lot concernant les équipements embarqués à bord des navires faisant la navette entre la métropole et les Antilles. « Le marché est rouvert tous les trois ans. À notre deuxième participation, nous avons gagné les DOM-TOM en plus des bateaux et à la troisième, nous avons obtenu tout le réseau… Que nous gardons grâce au dernier marché, notifié en 2011. Depuis quelque temps, nous dirigeons nos efforts sur le développement et la commercialisation d’automates de lâcher de sondes. Le marché est important, car les lâchers manuels impliquent que plusieurs équipes se relaient. Nous allions donc dans le sens de Météo France qui cherchait, dans son dernier appel d’offres, à tendre vers une plus grande automatisation des systèmes de radiosondage pour alléger le travail des opérateurs. D’ailleurs, en 2008, Météo France a recouru à un MAPA de deux ans pour nous louer des Robotsondes afin de les tester préalablement à Nîmes et à Toulouse. Elle utilisait déjà l’équipement de notre concurrent finlandais Vaisala sur son site de Bordeaux, d’une conception et d’une technologie différentes… Mais à un prix équivalant dix fois au nôtre. » Le Code des marchés publics autorise-t-il ce type de veille ? Oui, dès lors que cette location n’engage en rien l’organisme public à un acte d’achat et qu’elle s’achève avant la rédaction de l’appel d’offres. « Il est indéniable que nous devons à Météo France une grande part de notre croissance, conclut Patrick Charpentier, exprimant sa gratitude envers le rôle que joue l’organisme dans « Météo France souhaite contribuer au maintien d’un tissu industriel national vivant, en s’efforçant de faire émerger des PME industrielles françaises, ce qui est possible non seulement sans aller à l’encontre du Code des marchés publics, mais en utilisant à propos certaines de ses procédures. Comme l’allotissement par exemple, qui nous a permis d’attribuer en 2002 l’un des lots d’un marché concernant des systèmes de radiosondage à Modem… tout en échappant à une relation commerciale plutôt captive avec l’un des leaders mondiaux de la mesure environnementale. Par la suite, nous avons continué à travailler régulièrement avec cette PME. En 2011, Modem a gagné un nouveau marché d’achat de systèmes de radiosondages automatiques et maintenance associée, ainsi que de fourniture de radiosondes GPS utilisables dans le cadre du réseau opérationnel de Météo France. Météo France effectue environ 10 000 radiosondages par an depuis 19 sites situés en métropole, outre-mer et depuis les navires météo ASAP (Automated Shipboard Aerological Programme). Deux de ces 19 sites – à Bordeaux et à Nîmes – sont équipés de systèmes automatiques. Pour les 17 autres, l’ensemble des opérations est effectué de façon manuelle par des techniciens de Météo France. Avant de lancer notre appel d’offres, nous avons effectué une veille économique et technologique en louant deux Robotsondes à Modem dans le cadre d’un MAPA. Ainsi, nous avons ajusté notre demande sur le sujet de l’interopérabilité entre le système de radiosondage et la sonde elle-même et choisi de nous tourner vers la solution de l’achat, moins onéreuse à terme que la location. L’exécution de ce marché à bons de commande, pour un montant compris entre 1,2 et 3,5 millions d’euros et une durée ferme de six ans, permettra à Météo France de remplacer les systèmes automatiques existants et d’accroître le nombre de sites équipés en automatique. La proposition de Modem s’est classée première non seulement sur le critère du prix (40 % de la note globale), mais surtout sur le critère technique (60 %), se distinguant par ses qualités métrologique et de robustesse, sa facilité de mise en œuvre, d’organisation et de maintenance, ainsi que sa compatibilité avec les contraintes fonctionnelles d’exploitation. » Modem en bref www.meteomodem.com Activité Née en 1992 de la société française d’ingénierie Geolink, Modem est devenue indépendante en 2001 pour se spécialiser dans la conception, la fabrication et la commercialisation de matériel météorologique, et tout particulièrement le radiosondage : radiosondes, stations de radiosondage, lanceurs automatiques Robotsonde, dérouleurs et parachutes, ballons, etc. Effectif 11 personnes. Implantation Ury (77). Export 44 % du chiffre d’affaires. Objectif Renforcer notre chiffre à l’export, qui a souffert en 2011 de l’impact des événements politiques sur des clients importants (Moyen-Orient, Afrique) ainsi que de la crise économique qui a différé les appels d’offres (Asie, Europe). Réaliser en 2012 un chiffre d’affaires de 3,5 M5 en maintenant le même effectif. Croissance (CA M€) 13,000000 5 CA M€ 2 8,333333 1 6,000000 0 EFFECTIF PART METEO FRANCE 11 4 10,666667 3 7 7 2005 2006 8 8 2007 2008 11 5 4 3 9 2 1 Part Météo France 2009 2010 Effectif 2011 0 Sterela 66 18.1.2012 Robert BOUSQUET PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL L e 8 février 2010, Jean-Paul Dumas, fondateur de Sterela en 1980, vend son entreprise à Robert Bousquet, Antoine Jaureguiberry et Pierre Macias - triumvirat associé à six cadres de la société détenteurs des postes clés - et au fonds d’investissement Midi-Pyrénées Croissance. « Diplômés du même MBA et armés d’une belle expérience, nous nous sommes tous les trois découvert un désir partagé de reprendre une belle PME », raconte Robert Bousquet, président-directeur général. Sterela n’avait jamais perdu un centime en trente ans et avait développé beaucoup de technologies prometteuses. Ses quatre secteurs d’activité contracycliques lui ont donné une réelle stabilité durant ces trente ans. Certes, ce sont des niches, mais la société est très performante sur chacune d’entre elles. Le premier secteur est la Défense. Nous sommes le premier fabricant français de porte-cibles pour l’armée. Au salon Milipol 2011, j’ai même pu découvrir que le nom Sterela était devenu, comme “frigidaire”, un nom commun utilisé pour désigner les portecibles. Le deuxième est l’aéronautique, pour lequel nous réalisons des équipements de sécurité et de tests pour les chaînes de montage des avions et pour les aéroports, comme des effaroucheurs acoustiques d’oiseaux ou des enregistreurs de voix et de données. Le troisième, historique, est celui du transport routier et représente annuellement de 30 à 45 % de notre chiffre d’affaires. Nous figurons notamment dans le trio de tête mondial des fabricants d’appareils de contrôle de la charge des poids lourds en vitesse, à des fins de sécurité et de répression. Le quatrième est la météorologie. » Sur ce dernier segment, Sterela a remporté en juillet dernier - devançant les n°1 et 2 mondiaux ainsi que d’autres acteurs très importants du domaine - un accord-cadre mono-attributaire de Météo France d’un montant global maximum de 14 millions d’euros pour une durée de huit ans. Il concerne le renouvellement des équipements d’acquisition et de collecte nécessaires au fonctionnement du réseau de mesures d’observation Christophe MARQUET INGÉNIEUR D’AFFAIRES de surface (hors capteurs). « En 2005, nous avions déjà gagné un marché de développement et de fabrication des stations synoptiques et aéronautiques Opale, reprend Christophe Marquet, ingénieur d’affaires. Le besoin en renouvellement des anciennes stations automatiques (notamment pour sites isolés) était prévisible et nous nous préparions depuis longtemps à répondre à l’appel d’offres correspondant. C’était un gros défi à relever : un an de travail, trois personnes mobilisées – deux collaborateurs du bureau d’études et moi-même pour la partie administrative et financière. Au début, nous ne connaissions pas les détails techniques du projet puisque Météo France, en raison de son enjeu et du nombre de stations concernées, a eu recours à la procédure de dialogue compétitif. » Comme les autres concurrents, Sterela ne reçoit le cahier des charges qu’à l’issue d’une sélection initiale. « Conviés à une réunion de présentation, les huit candidats ont rendu ensuite une première réponse technique et financière, continue Christophe Marquet. Après analyse, Météo France a demandé des évolutions afin de nous faire converger vers des offres comparables. Notre réponse technique insistait sur la faible consommation énergétique de nos stations, autonomes grâce à un panneau solaire de 10 watts, sur leur modularité et sur leur évolutivité. Elles sont conçues de telle sorte que l’on puisse leur intégrer facilement de nouveaux capteurs de température, d’hygrométrie ou de salinité par exemple, car les fabricants les font évoluer d’année en année. Sur le volet de la communication, nous avons privilégié la transmission GPRS, car la station a pour vocation d’être installée dans la nature, et satellite sur un navire ou sur une bouée. Nous avons aussi prévu de réaliser un serveur vers lequel seront remontées chaque minute – auparavant la durée des intervalles entre chaque collecte variait de 6 à 60 minutes – les données de ce parc qui comptera 500 à 1 000 stations. Ce fut une grande satisfaction pour l’entreprise 67 Météo France entière lorsque nous avons appris en juillet 2011 que notre proposition était retenue par Météo France ». Aleth DIZDAR L’exécution du marché n’en est qu’à ses débuts, mais Robert Bousquet en mesure déjà les effets vertueux sur Sterela. « J’ai eu l’honneur de faire partie de la délégation de chefs d’entreprise invités à accompagner le Premier ministre lors de son dernier déplacement au Brésil. J’ai pu vérifier à quel point le gain de ce marché était un vecteur de notoriété. Nous comptons nous appuyer par ailleurs sur l’excellente réputation de Météo France dans le monde pour développer ces nouvelles stations à l’export qui ne représente pour le moment que 15 % de notre chiffre d’affaires. Rien n’est plus international qu’une station météo qui peut, de plus, trouver de nouvelles applications, comme dans l’agriculture intelligente par exemple. La durée de huit ans de ce marché nous offre aussi de la visibilité et a toutes les chances de faire progresser techniquement nos quatre pôles, qui ont en commun l’usage des capteurs, une électronique et une informatique de traitement, par un effet de cross fertilisation. » Ᏹ SECRÉTAIRE PERMANENTE DE LA COMMISSION CONSULTATIVE DES ACHATS « La sécurité des biens et des personnes, figurant parmi les missions institutionnelles de Météo France, comprend, entre autres, la vigilance à l’égard des phénomènes météorologiques dangereux, la veille cyclonique ou encore l’évaluation du risque de feu de forêt. Pour l’accomplir, Météo France doit disposer notamment d’un réseau d’observation en surface très performant. Le renouvellement des systèmes d’acquisition et de collecte a fait l’objet d’un accord-cadre d’une durée de huit ans, pour un montant maximal de 14 millions d’euros. Le choix de cette procédure permet la mise en place d’une stratégie d’achats à long terme, la maîtrise des coûts d’acquisition et de maintenance, la passation de marchés subséquents en intégrant facilement les évolutions technologiques au cours de la vie du système au fur et à mesure des besoins tout en préservant l’homogénéité du matériel. La consultation a été remportée par Sterela. Cet accord-cadre et ses marchés subséquents prévoient la fourniture de sous-ensembles PACOME (Plate-forme d’acquisition et de collecte des observations météorologiques étendues), c’est-àdire la réalisation de matériels et de prototypes constituant le réseau pilote, l’installation de platesformes de collecte des données en métropole et outre-mer, le remplacement de plus de 500 stations d’observation à partir de 2015, la couverture d’autres besoins éventuels, ainsi que des prestations associées. Certes, la procédure du dialogue compétitif est lourde à instaurer : elle implique des auditions et la mobilisation des experts internes de Météo France, qui analysent les offres des concurrents et font évoluer le cahier des charges en fonction de leur contenu. Météo France l’a pourtant choisie car elle est très fructueuse, en permettant d’accéder aux innovations technologiques proposées par les entreprises et de les faire coïncider exactement avec notre besoin. L’enjeu de ce marché était capital : c’est pourquoi la valeur technique, représentant 60 % de la note, l’emportait sur le prix. C’est ainsi que Sterela s’est distinguée en matière d’architecture technique, de capacité d’acquisition des données et de leur traitement, d’autonomie électrique, de fiabilité du système, de capacité d’évolution et de facilité de maintenance, d’installation et de mise en œuvre opérationnelle. » Sterela en bref www.sterela.fr Activité Depuis 1980, Sterela conçoit, fabrique, vend et assure l’après-vente et le maintien en conditions opérationnelles de systèmes électroniques pour les secteurs des transports (aériens, routiers), de la Défense, de l’industrie et de la météorologie. Effectif 93 personnes. Implantation Pins-Justaret (31). Export 15 % du chiffre d’affaires. Objectif 20 % de croissance du chiffre d’affaires. Croissance (CA M€) 100 15,0 CA M€ 11,4 80 9,6 73 EFFECTIF PART METEO FRANCE 13,2 79 73 75 2007 2008 78 93 80 13,2 11,4 9,6 7,8 6,0 60 15,0 7,8 2005 2006 Part Météo France 2009 2010/11 2011/12 Effectif 6,0 Brainsonic 68 15.9.2011 Sébastien IMBERT INTEGRATED MARKETING & COMMUNICATION GROUP MANAGER Jean-Louis BÉNARD PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL 1718 % C’est l’impressionnant taux de croissance réalisé entre 2005 et 2010, par Brainsonic, leader européen de la production de contenus rich media, la diffusion live de vidéos et la commercialisation de plates-formes web TV. Il lui a valu la 15e place au palmarès Technology Fast 50 – 2010 de Deloitte. Croissance externe ou croissance organique ? Les deux. « Fin 2008, nous avons racheté trois structures dont les savoir-faire étaient complémentaires du nôtre et qui nous permettaient de consolider notre stratégie d’accompagnement des clients sur une chaîne de valeur globale autour de la vidéo sur Internet : Slideo, une plate-forme de réseau social d’entreprise ; Kalitic, qui proposait des solutions de référencement vidéo ; et OnePoint TV, dédiée au marketing vidéo. Les années suivantes, nous avons plutôt souhaité nous concentrer sur la bonne intégration de ces structures en développant le middle et le top management. Ce qui ne signifie pas que nous ne referons pas de croissance externe », déclare Jean-Louis Bénard, le fondateur et présidentdirecteur général de Brainsonic. Si c’est à présent la banque assurance qui occupe le premier rang dans la répartition du chiffre d’affaires de Brainsonic, Jean-Louis Bénard n’oublie pas que c’est le secteur de l’IT, et notamment le rapport très privilégié entretenu dès les débuts avec Microsoft France, qui a favorisé son premier rayonnement. « En 2008, Microsoft France, qui était déjà notre fournisseur et notre client, nous a permis de bénéficier de l’accompagnement de son programme IDÉES. Ce partenariat, en renforçant notre crédibilité quant à l’utilisation des technologies Microsoft, a étendu notre influence dans l’écosystème de notre activité. » En 2011, cette démonstration n’est plus à faire et les collaborateurs de Microsoft (cf. encadré) sont les premiers à reconnaître à Brainsonic un temps d’avance sur certaines technologies du groupe, dont la PME est devenue un prescripteur des plus efficaces. « Par exemple, à partir de Microsoft Silverlight, notre cellule R&D a mis au point très tôt une technologie de time control (la possibilité de revenir dans le passé d’une diffusion live). Récemment, nous avons sorti, en première mondiale, une plate-forme VOD sur Facebook pour TF1, toujours à partir de Silverlight. Mais nous travaillons aussi avec les concurrents de Microsoft et nous sommes libres de recommander la solution qui nous semble la plus pertinente. » Reposant sur des bases saines, la coopération entre les deux entreprises n’a cessé de devenir plus étroite. Depuis 2009, Brainsonic, qui a remporté l’appel d’offres portant sur l’exploitation du studio de Microsoft France, collabore quotidiennement avec le groupe qui profite de sa politique de ressources humaines des plus avisées. « Aucun de nos collaborateurs n’est entièrement consacré à Microsoft, dans notre intérêt et celui de notre client. Microsoft, qui est toujours en recherche d’ouverture, peut ainsi profiter de nouvelles idées, issues d’autres univers hors de l’IT, et d’une sorte de benchmaking spontané. Cette gestion diminue aussi les risques en cas de congés ou de maladie. » De son côté, le groupe 69 Microsoft France contribue à la notoriété de Brainsonic auprès des autres filiales internationales et partage très en amont sa stratégie et ses objectifs. « Microsoft nous a rapidement orientés vers les opportunités que représentaient les smartphones sous Windows et vers les réseaux sociaux. Nous en avons d’ailleurs été récompensés, puisque Facebook nous a accordé le label PDC (Preferred Developer Consultant), qui n’a été attribué qu’à 90 entreprises dans le monde, dont sept en France. Et nous sommes les seuls Européens dans le domaine de la vidéo. La proximité naturelle entre Microsoft et Facebook ouvre beaucoup de perspectives. Il y a aussi le sujet de la 3D, ainsi que d’autres thématiques plus confidentielles à propos desquelles nous avons déjà ouvert des chantiers ambitieux qui mettront un ou deux ans à se concrétiser. » Ᏹ Sébastien PETIT DIGITAL MARKETING MANAGER « Il y a deux ans, Microsoft a lancé son propre studio vidéo et Brainsonic a remporté l’appel d’offres concernant son exploitation. L’entreprise produit donc à présent la totalité des vidéos diffusées par Microsoft France. Il peut s’agir soit de diffuser en direct les événements live, depuis notre centre de conférences, soit de couvrir les grandes opérations comme les Microsoft Techdays, notre salon annuel. Pour l’occasion, Brainsonic a monté en un mois une TV événementielle en assurant toute la partie technique, de la captation à la diffusion sur le web, et en utilisant les technologie Silverlight dans le cloud Azure de Microsoft. Le dispositif, qui permettait le contrôle du direct et une diffusion adaptée à la bande passante de l’internaute, a récemment remporté la médaille d’or du Brand Content Contest. Brainsonic en bref www.brainsonic.com Activité Créée en 2003 par des pionniers du web, Brainsonic regroupe toutes les compétences pour la mise en place de WebTVs et de portails communautaires 2.0, la production Rich Media (vidéo sur Internet, webcast, retransmissions en live d’événements), l’hébergement et le référencement de vidéos. Avec la volonté de démocratiser l’usage de la vidéo pour le marketing et la communication, Brainsonic a su séduire et fidéliser de grands groupes comme BNP Paribas, Bouygues, EMI, IBM, Microsoft, PPR, Société Générale, Sodexo… Brainsonic est membre du réseau OSEO Excellence et partenaire IDEES Microsoft. Cette agilité est due non seulement à des capacités techniques hors normes, mais aussi à leur proximité. Nous ne pourrions pas outsourcer cette compétence aux États-Unis : nous avons besoin d’un acteur local et performant, dont les équipes, peu sujettes au turn over, font preuve d’un aussi grand investissement personnel et humain que celles de Brainsonic. Leurs propositions nous ont souvent surpris en allant au-delà de ce que nous attendions, soit en termes de conseil et d’accompagnement de nos réflexions, soit en terme d’ingénierie, car ils disposent de leur propre cellule de R&D . Brainsonic est un acteur qui exploite au mieux les solutions et technologies Microsoft. Cela permet de montrer à leurs clients en quoi ces technologies peuvent être synonymes d’avantage concurrentiel et d’efficacité, en toute objectivité. Enfin, dans sa recherche permanente de montée en compétences, Brainsonic vient d’être certifié partenaire Facebook, ce qui va encore renforcer notre relation, car Microsoft peut tirer de réels bénéfices d’une plus forte présence sur les réseaux sociaux, notamment pour y diffuser ses vidéos. » Effectif 100 personnes. Implantation Paris (75) & zone Caraïbe. Export 10 % du chiffre d’affaires. Objectif +20 % en 2011 Croissance (CA M€) 100 8 7 80 6 5 60 4 40 3 2 20 1 0 CA M€ 6 2005 EFFECTIF PART ? 15 2006 Effectif 21 2007 79 83 2009 2010 42 2008 8 7 6 5 4 3 2 1 0 Calipia 70 5.9.2011 71 Microsoft France de s’abonner à un service multiplie les modalités de mise en œuvre de l’informatique. L’enjeu se décale de la technologie à la valeur d’usage. Nous l’expliquons à nos clients en faisant valoir la stratégie forte de Microsoft par rapport à ses concurrents. Mais c’est là aussi que réside notre rôle de conseil marketing auprès de Microsoft France, du fait de notre expérience terrain sur les usages réels de ses technologies, et les questionnements des DSI. » Gwénaël FOURRÉ DIRECTEUR MARKETING PARTENAIRES ET PME « Le conseil et la formation que prodigue Calipia, aussi bien à nos collaborateurs qu’à nos clients et partenaires, nous permet de faire face aux différents challenges qui se présentent aujourd’hui en France. L’agence mène des interventions très pointues sur deux registres : d’une part l’approche technologique et, d’autre part, les modes de commercialisation de nos solutions. Éric MIJONNET DIRECTEUR ASSOCIÉ E n 2003, de plein accord avec Microsoft France, six collaborateurs décident de quitter le groupe pour s’associer dans Calipia, une structure conseil. « Chacun d’entre nous avait passé dix à douze ans chez Microsoft France, occupant des postes très différents et complémentaires : un directeur commercial, un directeur du marketing produits et des architectes dédiés au marketing technique, se souvient Éric Mijonnet, l’un des directeurs associés. Initialement, nous faisions de la veille sur les technologies Microsoft et leurs usages dans leur environnement concurrentiel commercial, afin d’apporter un conseil aux partenaires et aux clients finaux du groupe. » Depuis, Calipia a enrichi son activité de trois métiers supplémentaires. Le premier concerne toute une gamme de services marketing – conseil, création de contenus et formations – à destination de Microsoft et de ses partenaires. Ainsi, Calipia forme tous les nouveaux embauchés de Microsoft mais aussi bon nombre de commerciaux seniors de l’entreprise, ses partenaires (dans le cadre de la Partner Academy ou au travers de formations spécifiques) et organise également, en propre, le Briefing Calipia, un tour de France qui accueille deux fois par an environ 200 directeurs informatiques, responsables technologiques et directeurs techniques de grandes organisations des secteurs privé et public, ainsi que des partenaires de Microsoft. Le deuxième est la réalisation d’études. Enfin, Calipia se livre à une riche activité de publication qui revêt plusieurs formes. D’une part La Synthèse Calipia, ouvrage de référence sur les domaines de préoccupation des DSI IT et les technologies Microsoft afférentes : il équipe, entre autres, nombre de commerciaux, consultants et chefs de produits chez Microsoft France. D’autre part, La Lettre Calipia, une lettre d’information gratuite qui compte plus de 4 000 abonnés dont 30 % la lisent dès la première demi-journée de parution. Enfin tout récemment, un blog déjà visité quotidiennement par plus 500 personnes. Un succès éditorial que Calipia tient pour un véritable vecteur de réussite durable auprès de l’ensemble de ses clients. « Les deux ou trois premières années, le lien très fort qui existe entre Calipia et le groupe a favorisé notre développement en attendant de consolider notre portefeuille clients. Aujourd’hui, Microsoft France représente 30 % de notre chiffre d’affaires, une dépendance que nous ne cherchons pas à réduire, même si les contrats sont revus chaque année, car elle est essentielle à notre activité. » Parmi ses autres clients, Calipia dénombre beaucoup de grands comptes comme la Banque de France, la CNAV, L’Oréal, La Poste ou encore Technip. « Nous leur délivrons des prestations de conseil et d’accompagnement du changement. Actuellement, les questions se concentrent beaucoup autour du cloud computing. À quoi sert-il ? Comment l’aborder ? C’est une tendance lourde de l’industrie IT qui révolutionne la conception des systèmes d’information, l’organisation des DSI et, plus généralement, les modèles économiques. Jusqu’alors, les entreprises n’avaient comme seule possibilité que d’acheter des logiciels. Avec le cloud, la possibilité Ce rôle structurant entre Microsoft, ses partenaires et les clients finaux définit le positionnement et la stratégie de croissance très particuliers de Calipia. « Nous ne souhaitons pas faire de prestations d’intégration, ce qui nous permet de créer des synergies avec des partenaires SSII de Microsoft, mais aussi avec l’éditeur lui-même. Nos recommandations et nos interventions tirent ainsi parti des enseignements croisés. C’est pourquoi notre modèle de croissance repose plus sur un renforcement de notre influence auprès d’un réseau que nous créons que sur une croissance de nos effectifs. » Ᏹ L’émergence du cloud computing permet d’illustrer de façon très éloquente l’apport de Calipia à l’écosystème de Microsoft. Innovation technologique, le cloud remet en cause les modèles économiques de nos partenaires. Jusqu’à présent, plusieurs d’entre eux déployaient des solutions très techniques chez leurs clients, comme le déploiement de logiciels, d’infrastructures ou de serveurs. Autant de services voués à disparaître au profit d’autres à plus grande valeur ajoutée, comme la conduite du changement, la construction de workflows pour les métiers dans l’entreprise ou la migration des données. Calipia aide donc nos partenaires sur le plan stratégique. L’agence, en accompagnant l’adaptation de leur modèle économique, de leur structure, de leur force commerciale et opérationnelle, contribue à leur pérennité et, par conséquent, à celle du rayonnement des solutions Microsoft. Quant à l’adaptation des contenus marketing, elle est tout aussi essentielle en raison des spécificités de l’environnement concurrentiel français. Par exemple, sur un logiciel de télécommunication/téléphonie, les modes de rémunération et de compensation de nos concurrents associés à leurs partenaires sont très différents en France de ce qu’ils sont ailleurs. Et là encore, la qualité de consulting proposée par Calipia est très précieuse pour permettre à Microsoft de se positionner à l’égard de la concurrence pour adresser ses clients. » Calipia en bref www.calipia.com Activité Calipia est un cabinet de conseil, spécialisé dans les technologies de l’information, créé en 2003. L’activité, organisée en quatre pôles- research, consulting, training et events - met en jeu des compétences technologiques, rédactionnelles, didactiques et organisationnelles, et s’adresse à tous les secteurs de l’économie. Effectif 6 personnes. Implantation Issy-les-Moulineaux (92). Export 9 % du chiffre d’affaires. Objectif +15 % en 2011. Croissance (CA M€) 1,5 CA M€ EFFECTIF PART microsfot 1,5 1,2 1,2 0,9 0,9 0,6 0,6 0,3 0,0 0,3 2005 2006 2007 2008 Part Microsoft France 2009 2010 0,0 72 Homecom 5.9.2011 73 Microsoft France exemple pour aider les partenaires à exporter ou importer des licences et les inciter à offrir un marché mondial à leurs produits. Le développement rapide du cloud représente une opportunité majeure pour les partenaires de Microsoft, mais nécessite une évolution de l’offre, de l’organisation et de la compétence des équipes… » Gwénaël FOURRÉ DIRECTEUR MARKETING PARTENAIRES ET PME « L’écosystème de Microsoft en France comprend 11 000 partenaires, ce qui représente environ 33 000 experts de nos technologies. Le succès de Microsoft en France dépend à 100 % des compétences disponibles chez les partenaires. Dans la mesure où Microsoft ne réalise que des ventes indirectes, c’est la qualité de cet écosystème qui assure la proximité avec nos clients et la bonne diffusion de nos produits. Pierre FRANÇOIS « PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL Au cours des huit dernières années, l’activité de notre société a énormément évolué, affirme Pierre François, président-directeur général de Homecom, qui consacre sa vie professionnelle depuis le début des années 1980 à la recherche et au développement de compétences à destination du secteur IT. Auparavant, notre métier consistait à faire de la formation technique pour l’informatique en suivant les évolutions du secteur. Mais à partir de 2003, notre offre s’est déplacée vers une prise en compte plus globale de la compétence des équipes au sein des SSII, qui comprend de multiples services : la mission de recrutement, la conduite du changement, la communication RH, le coaching et la reconversion. » Une mutation rendue nécessaire par un déficit mondial des compétences informatiques. « Dans tous les pays industrialisés, on note une inflexion du nombre d’étudiants dans les filières scientifiques et techniques au profit des filières commerciales et juridiques. Les informaticiens qui partent à la retraite sont plus nombreux que ceux qui arrivent sur le marché. En France, où la population des informaticiens est peu nombreuse par rapport à l’Angleterre ou à l’Allemagne – elle représente un peu moins de 600 000 personnes –, la courbe des besoins exigerait un doublement des effectifs tous les vingt ans. » Fort de ce constat, Pierre François, qui coopère avec Microsoft France depuis 1993, propose en 2005 une initiative originale et innovante : la création de MSemploy, une organisation entièrement dédiée à l’emploi des professionnels des technologies Microsoft et destinée aux partenaires du groupe. Le projet emporte l’adhésion non seulement de la filiale française, mais aussi de Microsoft Corp. à Redmond avec laquelle la PME française traite directement. « L’une des grandes qualités du groupe Microsoft est de ne pas tenir compte de l’origine nationale d’une idée dès lors qu’elle leur paraît convaincante et qu’elle correspond à l’une de leurs problématiques. » Après quelques ajustements, le projet est lancé. « Outre les plans de formation traditionnels sur les technologies Microsoft, nous leur proposons des outils packagés qui sont avant tout des promesses de résultats. Le reskilling amène des populations qui ne sont pas originellement informaticiennes vers les technologies et métiers informatiques. L’upskilling permet de faire monter en compétences des salariés au sein d’une entreprise. L’accompagnement du changement et les programmes de développement partenaires leur permettent de viser 30 % de croissance par an et une augmentation de 15 % des résultats d’exploitation. Ils comprennent par exemple du coaching au leadership, au management. L’idée est d’accroître très vite le niveau de performance. La communication RH est destinée à favoriser le recrutement. Nous élaborons actuellement de nouveaux services comme l’appui aux fusions et acquisitions pour accompagner la recomposition du paysage et la recherche de capitaux, par Une vraie réussite qui a permis à la PME de s’internationaliser, d’asseoir son rôle auprès de Microsoft et d’augmenter annuellement de 30 % son volume d’affaires avec le groupe, devenu son premier client. « Aujourd’hui huit pays sont ouverts en plus de la France : le Canada, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Suède, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne et le Portugal. Nous devons entièrement ce rayonnement international à Microsoft qui, en outre, nous a nommés Partner Development Center (PDC) pour l’espace francophone : France, Belgique, Suisse, Afrique de l’Ouest et du Nord. Les 22 PCD existant dans le monde et couvrant l’ensemble de la planète ont pour mission de travailler à l’adaptation des partenaires pour préparer la post-génération, notamment en perspective de l’arrivée du cloud. » Ᏹ Or, actuellement, on constate une raréfaction des compétences dans le domaine informatique, notamment sur les technologies innovantes, qui pose deux problèmes. Le premier, celui de la qualité de notre écosystème qui vient d’être évoqué, est un problème de business à court terme. Cette difficulté à recruter et à former de nouveaux ingénieurs a aussi pour conséquence une hausse de la pression salariale qui entraîne la réduction des niveaux de marge de nos partenaires. Ce sont pour l’essentiel des PME qui peinent parfois à faire face à leurs contraintes économiques. Afin de maintenir un réseau performant et pérenne, nous faisons appel à Homecom pour construire une approche structurée de recrutement pour nos partenaires. Elle organise des forums de recrutement, bâtit des cursus de formation, etc. Certaines de ces prestations permettent à des partenaires, qui par exemple sont excellents techniquement mais plus faibles en marketing, de combler ces lacunes. Microsoft France a choisi de confier cette mission cruciale à Homecom pour deux raisons : son niveau très élevé de conseil et la qualité de son discours, parfaitement adapté à l’écosystème. En effet, leurs intervenants ont eu, dans un passé récent, les mêmes expériences ou les mêmes métiers que les partenaires et clients Microsoft. Ils partagent avec eux un vocabulaire et des référentiels qui leur permettent de répondre avec beaucoup de pragmatisme à leurs préoccupations. » Homecom en bref www.homecom.fr Activité Sous la marque Vascoo, Homecom et MSemploy proposent un ensemble cohérent de services autour de la gestion et du développement des compétences IT : formation, accompagnement au changement, recrutement, communication et conseil RH. Effectif 20 collaborateurs permanents en France, renforcés par un vivier d’experts et d’intervenants. Implantation Levallois-Perret (92). Export 80 % du chiffre d’affaires. Croissance (CA M€) 20 CA M€ EFFECTIF PART microsoft 20 15 15 10 10 5 0 5 2005 2006 2007 2008 Part Microsoft France 2009 2010 0 74 Trydea 20.7.2011 MIOMCTI Antoine GUILMOTO CHARGÉ DE MISSION RECHERCHE EN SÉCURITÉ AU ST(SI)2 SERVICE DES TECHNOLOGIES ET DES SYSTÈMES D’INFORMATION DE LA SÉCURITÉ INTÉRIEURE MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR, DE L’OUTRE-MER, DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES ET DE L’IMMIGRATION Jean-Philippe MANGEOT « DIRECTEUR GÉNÉRAL La création de Trydea en 2007, alors que mon associé et moi-même étions encore étudiants, repose sur un pari : nous pensions qu’une dizaine d’années plus tard, toutes les applications, web ou non, seraient passées de la 2D à la 3D, comme autrefois la télévision couleur a supplanté le noir et blanc, raconte JeanPhilippe Mangeot, le dirigeant de la PME. Plutôt que de recourir aux moteurs 3D existants, nous avons préféré développer Tachyon, un moteur propriétaire qui nous permet de répondre rapidement et précisément aux deux besoins que nous avions identifiés chez nos clients potentiels. Le premier est la visualisation 3D des systèmes industriels, par exemple le besoin de contrôler en temps réel l’évolution de toutes les variables d’un processus dans une centrale nucléaire. Le deuxième concerne les simulateurs dans le cadre des formations. » Un positionnement avisé puisque la toute jeune entreprise a rencontré depuis son lancement une croissance annuelle de 50 %, en réalisant 80 à 90 % de son chiffre d’affaires grâce aux marchés publics. Un choix stratégique dicté par la jeunesse de l’entreprise. « Notre carnet d’adresses est encore restreint. Certes, le cadre très carré des marchés publics ne permet pas de réaliser des marges importantes, mais il nous aide à asseoir la société. Nous avions un temps réfléchi à demander des aides à la R&D, mais nous avons estimé que notre temps était mieux employé à tenter d’obtenir un marché de 20 000 euros qu’une subvention du même montant. » C’est ainsi qu’en 2010, lorsque la DGPN (Direction générale de la Police nationale) formule le besoin d’un simulateur 3D pour former les policiers à la manipulation de leur arme, Trydea met à profit son expérience dans les réponses à appel d’offres. « Nous avions de multiples raisons d’être très motivés par le projet. Le client était un grand compte, ce qui nous offrait l’opportunité d’une belle référence. La structure légère de Trydea nous permettait d’être compétitifs sur le prix. Sur le volet technique, nous avons outrepassé la demande en réalisant un démonstrateur pour lequel nous nous sommes renseignés sur le fonctionnement des armes et le nom des pièces. » Le projet de logiciel de Trydea devance une douzaine d’autres propositions et remporte le marché. Il comprend une partie de support de cours et une partie formation est conçue « Avant que les élèves policiers ne perçoivent leur arme, ils doivent recevoir une formation à sa manipulation. Jusqu’à ce jour, cette initiation avait pour support des planches peu adaptées aux jeunes générations qui ont grandi avec les jeux vidéos. Le logiciel de formation élaboré par Trydea concentre donc plusieurs avantages. Tout d’abord, il est adapté à son public. Ensuite, il permet une autoformation interactive via des simulations et des quiz. En cette période de rationalisation budgétaire où la Police dispose de moins de moniteurs, ces derniers pourront se recentrer sur une pédagogie à forte valeur ajoutée, non répétitive et qui requiert véritablement une intervention humaine. Dans le cadre d’un déploiement de cet outil dans toutes les écoles de Police, la formation sera réellement standardisée et de qualité. Enfin, le logiciel permettra à ceux qui le souhaitent de continuer à améliorer leurs performances au-delà du niveau requis. Le logiciel a été acheté à Trydea. Il a été livré au Centre national de tir en juillet 2011. Il sera testé dans une école de gardiens de la paix afin que l’entreprise puisse y apporter les dernières modifications en fonction des remarques des usagers avant le déploiement dans toutes les écoles. Il est même possible que ce déploiement soit plus large qu’il n’était prévu initialement : la direction de la formation de la Gendarmerie a également manifesté son intérêt pour cette solution. En effet, les gendarmes et les policiers ont la même arme en dotation individuelle et mutualiser l’adoption du logiciel de formation mis au point par Trydea permettrait, après quelques adaptations, de réaliser d’importantes économies d’échelle. » 75 comme un jeu vidéo en plug & play, facilement duplicable et exécutable. La simulation 3D permet à l’agent d’explorer son arme et d’en voir les pièces en transparence, comme si elle était en verre. Restait à finaliser ce démonstrateur. « Notre collaboration avec le ST(SI)2, gestionnaire du projet, et le Centre national de tir, notre client final, s’est déroulée dans d’excellentes conditions et les deux entités ont su nous témoigner leur satisfaction. Le Centre national de tir, de façon pratique, en nous conviant à une journée de test de différentes armes, et le ST(SI)2 en nous invitant au salon Technopolice, destiné à informer la Police nationale, la Gendarmerie nationale et la Douane française du rôle des nouvelles technologies dans leurs missions. Nous y avons recueilli de précieuses informations. C’est aussi grâce à cela que le général Bertrand Cavalier, de la Gendarmerie nationale, a découvert notre solution et envisage désormais de la déployer pour la formation de tous les gendarmes. » Jean-Philippe Mangeot ne craint pas d’être remis en concurrence si cet intérêt se confirme. « À la différence de la Police, la Gendarmerie travaille sous Linux. Un avenant au précédent contrat, qui ne pourrait excéder 10 %, ne suffirait pas à rémunérer le travail à faire. Nous préfèrerions que cela fasse l’objet d’un nouveau marché. Quant à savoir si cette référence nous aide remporter d’autres marchés, c’est trop tôt pour le mesurer. » Ᏹ Trydea Solutions Logicielles en bref www.trydea.fr Activité Trydea Solutions Logicielles est une société spécialisée dans l’ingénierie 3D, la gestion et la manipulation de données (bases de données, 3D, multimédia). Elle se positionne sur les projets courts (moins de 12 mois) et peut mobiliser jusqu’à 6 ingénieurs par projet. Effectif 5 personnes. Implantation Varangéville (54). Chiffre d’affaires Défense 48 %, Collectivités 29 %, Nucléaire 14 %, Industrie 6 %, autres 3 % Ficap 76 13.1.2012 77 RATP à des problèmes identiques de gestion de flux et attentifs au vandalisme. En remplaçant des téléskis, le tapis a permis de résorber les files d’attente en période de vacances scolaires. Ce segment de marché va sûrement nous porter pour les cinq années à venir. Nous avons protégé nos innovations par plusieurs brevets, nous commençons à être présents dans les salons internationaux. En carnet, nous avons déjà plusieurs grosses installations en Tarentaise et dans les Pyrénées pour 2012 qui devraient nous permettre également d’attaquer des installations à l’étranger. Le marché mondial est dominé par un Autrichien qui détient 99 % des parts de marché dans son pays, où plus de 1 000 tapis sont déjà installés. Ficap a le potentiel de le détrôner… Si la confiance des grands donneurs d’ordre français se développe de la même façon. » Ᏹ Daniel PRIGENT RESPONSABLE DES ACHATS DU DÉPARTEMENT MAINTENANCE DES ÉQUIPEMENTS ET SYSTÈMES DES ESPACES Jérôme BESNARD PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE E ntreprise familiale créée en 1980, Ficap exerce la majeure partie de son activité dans le domaine de la manutention continue par tapis roulant. « Nous sommes structurés selon trois pôles : la conception-fabrication, la maintenance et le négoce caoutchouc, précise Jérôme Besnard, président du directoire depuis 2007. Nos convoyeurs à bandes sont, par exemple, destinés aux mines et carrières ou à l’industrie sucrière. Notre marché est très fortement concurrentiel, aussi notre stratégie consiste à nous imposer sur de nouvelles niches en capitalisant sur l’expérience acquise sur notre cœur de métier. » Une orientation dont Jérôme Besnard peut se féliciter. Tandis que nombre de PME étaient impactées par la crise économique, Ficap affichait une belle croissance, la conduisant à augmenter ses effectifs de près de 30 %. « C’est le résultat d’une grande diversification de nos clients et de nos fournisseurs qui nous permet de minimiser les risques. Nous ne dépendons pas d’une filière en particulier, mais de multiples micromarchés. Nous avons même fait des incursions dans le monde du spectacle en réalisant notamment un tapis roulant sur lequel défilaient choristes et danseuses du dernier spectacle de Michel Polnareff. Nous sommes surtout numéro 1 en France sur le marché de la main courante pour escalier mécanique. » Une spécialité grâce à laquelle Ficap remporte depuis 2005 les marchés de maintenance d’escaliers mécaniques de la RATP. « Il s’est d’abord agi d’un marché de service : la RATP nous fournissait les produits servant à réparer les mains courantes, que nous posions. Puisque nous sommes positionnés sur le négoce de pièces détachées, nous avons développé une analyse de leurs besoins. Elle nous a permis de démontrer l’intérêt mutuel de regrouper les marchés de fourniture et de prestation. La RATP y gagnait en termes d’efficacité et Ficap en termes de prix et de chiffre d’affaires. De plus, notre bureau d’études a travaillé sur un système augmentant la disponibilité des matériels grâce à un redémarrage plus rapide des escaliers mécaniques après dépannage (cf. encadré). Nous nous sommes également organisés pour optimiser le délai d’intervention. La collaboration avec la RATP est d’autant plus fructueuse qu’elle est exigeante et permet de faire progresser nos savoir-faire. Les échanges sont facilités par la mise en place de la RTA (Revue trimestrielle d’avancement). » Cette réunion permet aux acheteurs et aux utilisateurs du produit au sein de la RATP d’évoquer tous les trois mois avec les collaborateurs de la PME les aspects positifs et les difficultés de la relation dans une totale transparence. Elle débouche également sur des plans d’actions dont le suivi fait l’objet des rencontres suivantes. « Nous évitons ainsi les nondit, reprend Jérôme Besnard. Autre avantage : nous faire prendre conscience des contraintes budgétaires de notre client et nous tenir prêts à positionner nos produits et nos savoir-faire dans le cadre des renouvellements de marchés. » Outre le chiffre d’affaires régulier qu’elle représente, la RATP constitue une référence capitale pour le marché des tapis pour skieurs, énergiquement développé par Ficap. « Il est né il y a dix ans environ. À l’origine, de petits tapis de dix à trente mètres de long remplaçaient les télésièges pour favoriser l’apprentissage du ski par les enfants. Voici deux ans et demi, nous avons remporté l’appel d’offres lancé par la station de Val Thorens. Nous avons installé un tapis grande vitesse d’environ 250 mètres de long, truffé d’innovations et qui comporte des sorties latérales. Une première mondiale puisqu’il est ascendant et descendant. Notre relation avec la RATP a été un facteur important aux yeux de nos interlocuteurs de Val Thorens et de Tignes, confrontés « En région parisienne, il y a principalement deux entreprises – dont Ficap – qui assurent la pose de mains courantes pour les escaliers mécaniques. Ces deux sociétés ont coopéré avec la RATP pour installer des mains courantes qu’elle fournissait jusqu’alors. Cette organisation a soulevé plusieurs problématiques. Un bon service suppose à la fois un personnel formé, organisé et connaissant parfaitement le parc d’escaliers mécaniques afin de partir en intervention avec le bon matériel. Il exige aussi la gestion d’importants stocks de pièces. En cas de panne, Ficap adressait une équipe pour l’intervention et la RATP se chargeait de la livraison du matériel, mais il se produisait parfois des erreurs de référence ou de dimensionnement du produit. Ou encore que le rendez-vous entre l’équipe de pose et le livreur ne se fasse pas. Dès 2005, la RATP a choisi une solution d’externalisation globale comprenant la pose ainsi que la fourniture et c’est Ficap qui a remporté le marché. Aujourd’hui, l’entreprise a étendu le champ de sa collaboration : elle gère les stocks, a mis en place une organisation qui permet une réactivité optimale et a également apporté une innovation essentielle pour accroître la disponibilité de nos escaliers mécaniques. Les interventions se font en heures creuses, en dehors des pointes de service du matin et du soir. La bande qui constitue la main courante doit être collée, ce qui implique un temps de séchage durant lequel on ne pouvait pas remettre en service l’escalier mécanique pour la pointe de service suivante. Ce qui est désormais possible grâce au système de séchage rapide NTR (No time to restart) de Ficap. La satisfaction client qui en résulte est fondamentale pour la RATP, car notre client est à la fois la personne qui emprunte les transports en commun et le STIF (Syndicat des transports d’Île-de-France, donneur d’ordre de la RATP qui la rémunère en fonction de la disponibilité de l’ensemble des appareils nécessaires au service. » FICAP en bref www.ficap.fr (activités traditionnelles) www.funbelt.fr (activités montagne) www.mains-courantes.fr (activités mains courantes) Activité Créée en 1980, Ficap fournit en convoyeurs à bandes permettant la manutention continue de nombreux secteurs : ferroviaire, mines et carrières, agroalimentaire, production thermique ou encore industrie chimique. Ficap qui, annuellement, consacre à la R&D un budget 3 à 6 % et dépose deux à trois brevets, est également le leader français de la main courante pour escalier mécanique. Effectif 65 personnes. Implantation Bray-sur-Seine (77). Objectif Ficap dispose d’un très fort carnet de commandes. 25 % de croissance sur la prise de commande pour atteindre un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros d’ici à 4 ans. Croissance (CA M€) 80 10 70 8 60 6 50 4 40 2 30 20 0 CA M€ EFFECTIF PART RATP 65 23 2005 27 2006 Part RATP 41 43 47 51 10 8 6 4 2 2007 2008 2009 Effectif 2010 2011 0 78 Mobiletag 15.9.2011 RATP Danielle GANCE RESPONSABLE MARKETING EN CHARGE DU DÉVELOPPEMENT DE PRODUITS ET SERVICES INNOVANTS « La RATP transporte plus de dix millions de voyageurs par jour. Ma mission consiste à concevoir de nouveaux services facilitant leur quotidien dans un environnement urbain compliqué à vivre. Pour cela, nous nous appuyons sur les études réalisées auprès des clients et des non-clients, nous observons les tendances sociétales, par exemple les réseaux sociaux, et nous nous intéressons aux opportunités technologiques du marché. Nous réalisons aussi des expérimentations qui entrent dans notre vision stratégique et notre cœur de métier en relation avec des entreprises qui nous contactent spontanément. Christian-François VIALA CMO À qui devez-vous de pouvoir visionner instantanément sur votre smartphone la bande-annonce d’un film à partir de son affiche ? Ou d’accéder, toujours avec votre téléphone mobile, au contenu web lié au magazine feuilleté pour vous aider à patienter dans la salle d’attente de votre médecin ? Et à qui la France doit-elle d’être le pays le plus avancé, après le Japon, en termes d’utilisation de codes-barres 2D ? À Mobiletag, entreprise parisienne créée en 2006 par Cédric Mangaud et son président-directeur général, Domenico Surace. Leader européen des solutions de marketing mobile, la société est en passe de devenir leader mondial à la faveur d’un accord signé en août 2010 avec le géant américain des télécommunications AT&T. « Le lancement commercial a débuté en juin 2011 et en ce moment-même, les 15 000 commerciaux du groupe sont en train de vendre des codes barres à leurs 800 000 clients entreprises », s’enthousiasme Christian-François Viala, CMO. Initialement, c’est la société japonaise Denso-Wave qui crée en 1994, afin de faciliter le suivi des pièces de voitures dans les usines Toyota, le Qr-code (Qr pour Quick response). Ce code-barre bidimensionnel contient plus d’informations que le code barre 1D classique. L’opérateur japonais NTT DoCoMo l’intègre dès les années 2000 dans les téléphones mobiles. « Qr-code est une marque qui appartient à Denso. Contrairement à ce que l’on croit, Qr-code n’est pas dans le domaine public. C’est pourquoi nous avons développé, pour le compte des opérateurs téléphoniques français, Flashcode, nom marketing de ces codes barres 2D pour la France, à partir de la norme européenne publique Datamatrix. » Très vite, l’entreprise met au point un lecteur universel (2D Flashcode, QR code et 1D), obtient en 2008 l’agrément des opérateurs mobiles – Orange, Bouygues Télécom et SFR – afin qu’ils installent le logiciel dans leurs terminaux, et développe la plate-forme permettant de gérer les informations et les applications lisibles sur tous les téléphones. En octobre de cette même année, Mobiletag lève 4 millions d’euros auprès d’Alven Capital, XAnge Private Equity et IDF Capital, qui lui permettent de s’implanter à Atlanta, aux États-Unis. En 2008, après une expérimentation concluante réalisée dans le cadre du Quartier numérique (2e arrondissement de Paris) sur 80 points d’arrêt d’autobus, la RATP lance une consultation pour déployer un service d’information temps réel sur les durées d’attente des bus et tramways pour l’ensemble de leur réseau de surface. « Mobiletag n’est pas qu’une société technologique : elle apporte aussi des solutions marketing innovantes et notre savoir-faire a été différenciant dans le cadre de l’appel d’offres. Aucune autre société sur le marché français ne pouvait prétendre à une expérience équivalente à la nôtre. En outre, la RATP fait preuve d’une véritable réflexion en amont pour construire un cahier des charges qui permet à des PME comme Mobiletag de répondre de façon simple, reprend Christian- François Viala. Notre solution était globale, Mobiletag avait déjà les outils opérationnels et le rapport qualité-prix de notre proposition nous a permis d’être mieux notés que les autres concurrents, ce qui fait que nous avons remporté l’appel d’offres. La coopération avec la RATP a été très structurante. Non Intéressés par ce qui se passait sur le marché japonais autour du Qr-code et sachant que 83 % de nos voyageurs disposent d’un téléphone mobile, nous avons d’abord effectué un test utilisant des Qr-codes pendant six mois à Noisy-le-Grand dès 2007, portant entre autres sur l’information relative au temps d’attente des deux prochains bus. Sa réussite nous a conduits à lancer en 2008, après une expérimentation plus poussée utilisant les Flashcodes, une consultation afin de déployer le service sur l’ensemble des lignes de surface (bus et tramways, soit 350 lignes et 12 000 points d’arrêt concernés) et c’est Mobiletag qui a remporté le marché. Son offre présentait le meilleur rapport qualité/prix. De plus, Mobiletag était un acteur essentiel du Flashcode, puisque l’entreprise avait développé le lecteur pour Orange, Bouygues Télécom et SFR. Le service a été lancé en janvier 2010. 21 000 Flashcodes ont été installés. C’est moins cher et plus écologique qu’un afficheur qui nécessite des travaux d’implantation plus conséquents. Le succès immédiat, largement relayé par les médias, a renforcé l’image de modernité de la RATP ainsi que sa notoriété hors de France. La RATP est aussi un groupe international qui exploite des réseaux, entre autres, en Afrique du Sud, en Algérie, en Italie et aux États-Unis. La RATP a été invitée à présenter son innovation de service en Israël, à Singapour et à Macao. Le ministère des Transports de la Corée du Sud nous a également questionnés et désormais, en réponse à des appels d’offres, notre filiale RATP DEV propose les Flashcodes comme modalité d’accès à l’information en temps réel. » 79 seulement elle nous a appris à remplir les dossiers d’achats, mais nous avons été amenés à collaborer avec des avocats pour élaborer des conditions d’utilisation. Elle nous offre aussi une référence capitale qui a constitué un gage de crédibilité au moment de signer avec AT&T. » La RATP a offert aux ambitions de Mobiletag un précieux marchepied. La société vient à nouveau de lever 6,6 millions d’euros, auprès des mêmes fonds qu’est venue rejoindre la Banque suédoise, afin de poursuivre son développement à l’international. « Notre bureau de Minsk, en Biélorussie, ouvert dès le début, est dédié à la R&D, car l’université dont elle est proche forme d’excellents mathématiciens. Mais nous avons aussi besoin de recruter des développeurs et des commerciaux pour poursuivre notre expansion. Nos clients sont principalement soit des agences de communication, soit des marques qui veulent communiquer sur leurs différents supports. S’ils veulent des millions de codes pour que chaque canette de soda consommée dans le monde renvoie à un minisite spécifique, nous devons être en mesure de leur donner des outils simples et industrialisés pour générer et manager les contenus. Et nous voulons aussi être en mesure de développer les millions de minisites correspondants. Nous travaillons également à un nouveau lecteur universel incluant le NFC (Near Field Communication) une technologie d’échanges d’information appelée à connaître de grands développements. » Ᏹ Mobiletag en bref www.mobiletag.com Activité L’entreprise Mobiletag est leader sur le marché des solutions marketing et technologiques de lecture et de redirection d’informations de codesbarres via le mobile. En 2006, année de sa création, la société a lancé mobiletag, une application embarquée permettant aux mobiles de lire des codes barre 2D grâce à l’appareil photo du téléphone. Ce logiciel a été développé par Mobiletag afin de créer un accès rapide à l’information. Déjà partenaire des principaux opérateurs européens de téléphonie mobile, Mobiletag est également sollicité par les opérateurs et annonceurs internationaux, en Europe et aux USA. Effectif 69 personnes. Implantation Paris (75), Atlanta (USA) et Minsk (Biélorussie). Saficard 80 3.1.2012 Max GHOZLAND, Richard JEANBERNÉ DIRECTION COMMERCIALE E n 1977, trois ans après l’invention de la carte à puce par Roland Moreno, le groupe Schlumberger entre au capital d’Innovatron, la société de l’inventeur, et crée sa division Cartes à mémoires et systèmes. Celle-ci tiendra une place prépondérante dans la multiplication des applications de la carte à puce qui bouleversera le quotidien au cours des années 1980 : carte bancaire, télécarte et carte santé, l’ancêtre de notre actuelle carte Vitale. En 1999, trois managers de cette division, travaillant à la fois sur les cartes et les terminaux, décident de créer une société d’édition informatique orientée vers le secteur de la santé, développant des modules de mémoire intégrés dans les terminaux de lecture de cartes. Ils baptisent leur entreprise Saficard – « Sa » pour santé, « fi « pour finance et « card » pour carte –, un nom qui résume parfaitement les compétences respectives des cofondateurs. « Lorsque nous travaillions au sein de Schlumberger, Fabien Lellouche, notre président-directeur général, a tenu un rôle capital dans le lancement de la carte Vitale. Patrick Sebbane était spécialiste du secteur bancaire. Quant à moi, j’étais responsable Europe de l’activité terminaux et cartes », se souvient Max Ghozland, directeur commercial de la PME. Alliée au fabricant de terminaux Ingenico, la jeune entreprise met au point Vit@jour, une borne d’actualisation de la carte Vitale, mise à disposition par la Sécurité sociale dans un réseau de pharmacies, entre autres. Mais surtout, Saficard développe Vit@plus, un système tout-en-un qui combine quatre applications dans un même terminal, lisant aussi bien les cartes bancaires que la carte Vitale. La première est Vit@jour. La deuxième, Ing5nius, est une solution autonome de gestion et de transmission des feuilles de soin destinée à tous les professionnels de la santé et leur permet de faciliter leur comptabilité. La troisième, CB 5.2, permet le paiement par carte bancaire. Enfin, EI 96, la quatrième, connecte le lecteur de carte, fixe ou mobile, à l’ordinateur du praticien pour mettre à jour la fiche patient et RESAH-IDF Dominique LEGOUGE DIRECTEUR accéder à son compte professionnel sur Ameli, la plate-forme de la Sécurité sociale. Gain de temps, optimisation de la gestion et garantie du recouvrement des paiements : autant d’arguments qui auraient pu imposer d’autant plus rapidement ce système global que le carnet d’adresses de Saficard était impressionnant. « Nous connaissions bien tous les acteurs du marché depuis l’époque de Schlumberger, continue Max Ghozland. Les portes se sont donc ouvertes très facilement… Mais les services techniques ont regardé avec d’autant plus d’attention les produits que nous proposions. De notre côté, nous nous sommes montrés extrêmement perfectionnistes, presque trop pointilleux sur la qualité de notre offre en redoublant de zèle par rapport à ce que nous demandait le GIE SESAM-Vitale pour nous qualifier. Notre démarrage a été plus lent que prévu, mais aujourd’hui nous ne le regrettons pas, car nos produits et services sont reconnus comme les plus performants du marché. » Cette notoriété a toutes les chances de prendre une nouvelle ampleur grâce à l’accord-cadre mono-attributaire de quatre ans, attribué par le Resah-IDF à Saficard en juin 2011. « Après que je l’ai référencée dans la base d’entreprises du Pacte PME en janvier 2011, Saficard acommencé à participer aux opérations de l’association, reprend Richard Jeanberné, ingénieur commercial grands comptes. Dès lors, je suis entré en contact avec plusieurs de ses membres, ce qui m’a valu de rencontrer, entre autres, Dominique Legouge, le directeur du Resah-IDF. Il a tout de suite été sensible à notre système qui va dans le sens de l’amélioration de la gestion des recettes des établissements de santé. Notre lecteur concentre en effet toutes les fonctions utiles à un établissement hospitalier (mise à jour de la carte Vitale, transfert des données au logiciel santé, suppression des rejets et règlement par carte bancaire). Le Resah-IDF a décidé de lancer un appel d’offres. Nous avons remporté le marché, grâce auquel nous sommes référencés par le ResahIDF, ce qui permet aux établissements intéressés, « Non seulement les hôpitaux tendent constamment à perfectionner leurs prestations, par exemple grâce à de nouveaux matériels et protocoles qui augmentent les chances de guérison des patients, mais ils cherchent également à optimiser leur organisation et leurs dépenses. En tant que centrale d’achats de tous les établissements des secteurs sanitaire et médico-social franciliens, le Resah-IDF se veut la tête chercheuse des solutions innovantes, souvent portées par les PME, qui vont conditionner ces améliorations. Nous nous efforçons à la fois de faire émerger et de relayer la demande synthétique des acheteurs hospitaliers et d’identifier les entreprises qui proposent les solutions sur étagère répondant à des besoins existants. Enfin, lorsqu’un besoin existe, mais qu’aucune solution n’est commercialisée, nous faisons en sorte de déterminer quelles sont les entreprises qui pourraient offrir une réponse adéquate, de la valider et de leur donner une chance d’accéder à leur marché. Dans ce sens, le Resah-IDF est un réel partenaire des PME innovantes, notamment lorsqu’elles ont peu de moyens commerciaux pour déployer leur offre, malgré les contraintes imposées par le Code des marchés publics. En juin 2011, Saficard a remporté un accord-cadre mono-attributaire pour quatre ans. Nous faisons connaître son offre à nos adhérents. Sa valeur ajoutée représente pour eux une perspective de progression organisationnelle et financière. Cette PME a mis au point un lecteur capable de lire aussi bien les cartes bancaires que la carte Vitale, tout en permettant de mettre à jour cette dernière. Le système est très facile à installer, sans paramétrage spécifique. Ceux qui mettront en place ces terminaux vont sensiblement augmenter le taux de recouvrement des créances auprès de la Sécurité sociale, qui rejette les factures lorsque les droits des allocataires sont dépassés ou que la carte est périmée. La solution Saficard représente un investissement d’environ 20 000 euros pour un établissement qui, en contrepartie, peut espérer augmenter son budget annuel de plusieurs centaines de milliers d’euros par un meilleur recouvrement des factures. » 81 parmi les 120 adhérents de la centrale d’achats, de recourir à notre système sans avoir à ouvrir leur propre appel d’offres. Dès le mois de juillet, le CH de Saint-Denis a conclu le premier marché subséquent. Depuis que nous y avons déployé notre solution, il est devenu notre site vitrine. » La croissance de Saficard est-elle déjà dynamisée par ce référencement ? « Nous n’en sommes encore qu’aux prémisses, répond Max Ghozland. « Cet accord cadre a déjà accru notre zone d’influence ainsi que notre impact marketing, renchérit Richard Jeanberné, y compris auprès des établissements qui n’en bénéficient pas. C’est le cas des 55 établissements du programme expérimental FIDES (Facturation individuelle des établissements de santé), pour lesquels notre tout-en-un facilite le nouveau mode de facturation. De plus, nous étendons et consolidons notre réseau et, grâce à cela, nous recueillons de précieux avis de professionnels et d’utilisateurs, actifs ou potentiels, sur lesquels nous nous appuyons pour imaginer les évolutions futures de nos produits. » Ᏹ Saficard en bref www.saficard.com Activité Saficard est un éditeur informatique français et indépendant, créé en 1999 par trois managers issus de la division « cartes à puce » du groupe Schlumberger. Les différents modules, développés par Saficard, sont déployés dans des terminaux de lecture de carte, portables et fixes. ceux-ci s’adressent à tous professionnels de la santé qui utilisent la carte Vitale : hôpitaux, cliniques, éditeurs de logiciels santé, centres de santé, PMI, maisons de santé ou de retraite, pharmaciens, opticiens, mutuelles, médecins généralistes ou spécialistes, paramédicaux, etc. Saficard a bénéficié de la part d’OSEO Innovation d’une aide pour le développement de ses projets. Effectif 24 personnes. Implantation Bagnolet (93). Croissance (CA M€) 35 2,5 CA M€ 1,5 20 1,0 16 EFFECTIF PART CEA 2,0 18 19 23 24 24 2,0 1,5 1,0 0,5 0,0 5 2,5 0,5 2006 2007 Effectif 2008 2009 2010 2011 0,0 Groupe LPF 82 21.9.2011 83 Safran nous ne pourrions pas aller au Mexique. Nous avons remporté le marché d’Airbus Military et, en joint venture avec un partenaire espagnol, nous avons créé une filiale, WNC, dont l’usine en cours de travaux est située dans l’enceinte même d’EADS PZL. Cependant, l’opportunité de créer une entité au Mexique avec Safran reste ouverte. Snecma vient de confier à un consortium de trois fournisseurs, dont nous faisons partie, la réalisation d’une chambre de combustion. C’est la première fois que Snecma externalise la réalisation complète d’un sous-ensemble de moteur et nous sommes très fiers de ce marché qui suppose du codéveloppement. » Ᏹ Raymond SCODELLARO RESPONSABLE ACHATS GROUPE, COMPOSANTS MÉTALLIQUES ET SOURCING INTERNATIONAL Thomas CORBEL PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL C ’est dans la France d’après-guerre, en 1947, qu’est créé Le Piston Français. L’entreprise commence par réparer des moteurs de véhicules légers et de camions puis se spécialise dans la production de pistons. Dans les années 1960, Le Piston Français s’oriente vers le secteur aéronautique en devenant fournisseur de Snecma Groupe Safran, implantée dans le sud de l’Îlede-France, à Villaroche et à Corbeil-Essonnes. Le motoriste devient l’un des principaux clients de la PME. Réalisant tout d’abord des prototypes, Le Piston Français se voit ensuite confier du délestage – usinage et fabrication de pièces à partir de matières premières fournies par le groupe. L’évolution s’est poursuivie : Snecma a progressivement externalisé la réalisation de produits finis au Piston Français en fourniture complète. Cette relation pérenne inspire le premier développement international de la PME. « Jusqu’en 2009, ce que l’on appelait le groupe Piston Français était un ensemble de sociétés sœurs sans réelles synergies entre elles. Le Groupe Le Piston Français, que l’on nomme Groupe LPF afin de le dissocier de sa filiale homonyme, a été créé en 2009, raconte Thomas Corbel, actuel président du groupe LPF. L’une des plus importantes filiales, la SODAPEM, avait été fondée à Sommières au cours des années 1960 dans le Gard, afin d’accompagner IBM qui s’implantait à Montpellier. La création, en 1999, de la SERMP à Casablanca a obéi à une autre logique. Snecma Services, qui initiait alors au Maroc un partenariat industriel avec Royal Air Maroc, nous a suggéré d’étudier les atouts de cette destination. Nous avons pris seuls la décision de nous y implanter. C’est ce qui a fait notre force, car nous y avons développé une clientèle propre qui maintenant travaille avec les autres entités du groupe LPF. À présent, le pôle aéronautique marocain dénombre une centaine de sociétés. Nous y sommes considérés comme des pionniers, puisqu’avec Snecma Services, nous étions les deux premières sociétés françaises à y prendre pied. » Après une carrière dans l’automobile, Thomas Corbel rejoint l’entreprise en 2000, avec la mission de démarrer et développer SERMP, l’entité de Casablanca. En 2007, peu avant la crise, les entités du futur groupe LPF entrent dans une zone de turbulences, liée à une crise sociale chez Boeing. Les deux fondateurs, Claude Taillasson et Jacques Sauvain, toujours aux commandes, décident d’une restructuration aboutissant à la création du Groupe LPF et appellent une nouvelle équipe dirigeante, avec Thomas Corbel à sa tête. « Grâce à cette réorganisation industrielle et juridique, toutes les sociétés du Groupe LPF fonctionnent selon un modèle commun et sont en ordre de marche pour la reprise. À l’été 2009, nous avons inauguré le nouveau siège social à Blagnac où sont hébergées les directions fonctionnelles, réaffirmant notre positionnement sur le secteur aéronautique et notre volonté de diversification commerciale. Cette restructuration s’est effectuée en plein accord avec Safran qui nous appuie dans notre stratégie. Par exemple, Safran nous avait invités à les accompagner au Mexique pour évaluer la pertinence d’un projet d’implantation. Mais, en lice pour un important marché d’Airbus Military en Pologne, nous avions averti Safran que si nous étions retenus, « Noyau historique du Groupe LPF, Le Piston Français a développé, dès les années 1960, une relation solide avec Snecma Groupe Safran. Pour l’ensemble des métiers du Groupe Safran, en particulier l’aéronautique, les délais sont fondamentaux. La performance logistique de Snecma concernant la livraison de moteurs d’avions atteint les plus hauts niveaux depuis des années. Pour les maintenir – ce qui nous rend très exigeants – nous avons besoin de fournisseurs extrêmement réactifs et d’une grande technicité. L’entreprise est intégrée au “concurrent engineering” des nouveaux produits. Nous l’invitons à des groupes de réflexion portant, par exemple, sur l’optimisation des dessins de pièces afin d’atteindre le meilleur rapport productivité/ prix. Cette démarche est très importante en particulier avec le lancement des nouveaux produits Safran dans le domaine de la propulsion. Là encore, le Groupe LPF peut facilement détacher des équipes projet en plateau et participer à des réunions avec notre staff, ce qui est très important pour le développement d’une culture commune. D’autre part, un groupe comme Safran cherche à consolider le panel de ses fournisseurs afin en particulier de rendre plus robuste sa Supply Chain. Le Groupe LPF a été parfois très dépendant vis à vis du Groupe Safran mais a su faire preuve de dynamisme en se développant seul au Maroc et en se restructurant. C’est pourquoi nous l’accompagnons dans ce développement par des échanges stratégiques. Ces échanges portent sur les possibilités que peut offrir Safran afin d’aider le fournisseur à mener des opérations à l’international : au niveau financier, accès à Aerofund, le fonds d’investissement alimenté par Airbus, la CDC et Safran, et au niveau business, accès à l’éclairage des programmes de nos différentes sociétés afin de lui permettre de construire ses business plans de développement. » Groupe LPF en bref www.groupe-lpf.com Activité Fournisseur de rang 1 d’Eurocopter et du groupe Thales, fournisseur stratégique de Safran, le Groupe LPF est aujourd’hui un partenaire privilégié de l’aéronautique. Chacune de ses entités spécialisées intervient dans l’un des domaines suivants : development engineering, mécanique série, assemblage, rechange, fonderie, outillage. Effectif 410 personnes. Implantation Bagnolet (93). Le Piston Français à Savigny-le-Temple (77), SODAPEM à Sommières (30), SERMP à Casablanca (Maroc), WNC à Varsovie (Pologne), LPF Aéro (outillages) à Lunel (34), Sesam (fonderie) à Chartrettes (77) Export 15 % du CA. Objectif La croissance concerne l’ensemble des activités et des sites du Groupe. Nous prévoyons une croissance d’environ 10 % pour les exercices 2011 et 2012, puis de 15 % en 2013. Ces prévisions ne prennent pas en compte d’éventuelles opérations de croissance externe. Croissance (CA M€) 500 100 CA M€ EFFECTIF PART SAFRAN 80 60 400 40 360 350 360 370 380 410 80 60 40 20 300 0 100 20 2008 2009 2010 Part Groupe Safran 2011 2012 Effectif 2013 0 Prévisionnel 84 17.10.2011 Spring Technologies 85 Safran présence, poursuit-il. Une fois encore, j’ai souhaité pour cette démarche travailler avec un des groupes membres du Pacte PME qui figurent dans le portefeuille clients de Spring. J’ai ainsi la certitude qu’il est au fait de la valeur ajoutée de nos solutions et, par son appartenance à l’association, qu’il est sensible à la dimension stratégique du partenariat. » Ᏹ François ANORGA DIRECTEUR DU DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL À L’INTERNATIONAL Gilles BATTIER PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL T o Spring. En anglais cela veut dire bondir. Spring Technologies est donc un nom on ne peut mieux choisi pour un éditeur et intégrateur de solutions informatiques, spécialisé dans la FAO (fabrication assistée par ordinateur) et le PLM (Product Lifecycle Management), dont l’éventail de logiciels permet aux machines industrielles de réaliser de grands bonds de productivité. Lorsque la société est créée en 1983, Spring est l’acronyme pour Société de productique et de recherche en informatique numérique et graphique. « L’entreprise concevait alors des post-processeurs pour les entreprises de mécanique, se souvient Gilles Battier, son présidentdirecteur général. Cette intervention sur l’usinage a permis aux équipes de Spring de constater que les machines industrielles, souvent immobilisées pour diverses raisons, ne produisaient pas autant qu’elles le devraient. L’entreprise a donc développé NCSIMUL, un logiciel permettant de simuler et d’optimiser l’usinage, notamment en permettant de produire pendant le temps de réglage des machines. Puis, TOOL EXPERT (gestion des outils coupants), TOOL SIMUL (aide à la détermination des conditions de coupe) et WIPLINK (gestion des dossiers de production) sont venus élargir la gamme. » Spring Technologies exerce en outre deux métiers complémentaires à l’édition. Son centre de formation CAD ÉCOLE, créé en 1992, accueille chaque année 2 000 ingénieurs et techniciens pour l’apprentissage métier des logiciels de CFAO et PLM. L’entreprise propose également aux industriels qui souhaitent développer des projets, les services de ses propres ingénieurs en assistance technique ou en mode forfait. Une richesse de compétences qui conduit naturellement Spring Technologies à se développer à l’international au milieu des années 2000. Trois filiales ouvrent successivement en Suisse (2005), en Allemagne (2007) puis en Chine (2008). Les Amériques sont l’étape suivante pour desservir les USA, le Canada et le Mexique. Mais il s’agit d’un investissement important pour une PME de la taille de Spring. « Même si notre activité ne requiert pas autant de capitaux qu’une entreprise industrielle qui doit bâtir une usine ou en racheter une, nous considérions que notre démarche impliquait d’avoir les moyens de tenir deux ou trois ans aux USA sans revenu, ce qui représente environ un million d’euros », précise Gilles Battier. En 2009, dans le cadre du Pacte PME International, il rencontre François Anorga, directeur du développement industriel à l’international du Groupe Safran. Le Groupe, déjà client de la PME, accepte d’épauler son projet dans le cadre d’un portage conseil. « Cette aide a constitué un accélérateur très efficace. Notre filiale de Boston a ouvert en 2010. Non seulement les recommandations de François Anorga nous ont permis d’affiner notre stratégie, mais nous commençons à pouvoir réaliser des affaires avec les fournisseurs locaux du groupe qui, grâce à nos produits, gagnent en compétitivité au bénéfice de Safran. Nous avons aussi remporté une affaire importante en avril 2011 avec Snecma Rochester, devant notre principal concurrent qui est pourtant américain. » Grâce à une communication proactive de Spring Technologies, la réputation des performances de ses solutions a également gagné du terrain auprès des entités de Safran : Messier-Dowty Suzhou en Chine et Messier-Dowty Querétaro au Mexique ont respectivement coopéré avec les filiales chinoise et américaine de la PME. Un schéma conquérant que Gilles Battier souhaite aujourd’hui reproduire avec Alstom Power Industrie, très bien implanté en Suisse et en Allemagne. « Nous sommes déjà implantés dans ces pays, mais nous souhaitons y renforcer notre « Le chiffre d’affaires global de Safran repose aux deux tiers sur des achats. La capacité du groupe à s’associer les meilleures compétences est déterminante pour son développement. C’est vrai en France et à l’international. Safran a un réel intérêt à ce que ses fournisseurs soient proches géographiquement de ses implantations à l’étranger, sans pour autant que leur volume d’affaires y dépende entièrement du groupe. Nous leur indiquons des pistes, il leur appartient de faire des choix. Ma mission m’interdit de faire la promotion de ces entreprises au sein du groupe – ce qui ne serait pas déontologique puisque Safran compte environ 7 000 fournisseurs – mais consiste à entretenir des échanges de stratégie avancée avec leurs dirigeants. Ce qui n’empêche pas de faciliter les mises en relations entre les PME et nos décideurs lorsque c’est pertinent. Spring Technologies réunit tous les ingrédients de la réussite. Ses dirigeants – Gilles et Philippe Battier – ont parfaitement compris leur marché, ses produits sont excellents et son équipe commerciale sait bien en faire la promotion. Pour l’implantation de Spring aux ÉtatsUnis, mon aide a concerné l’évaluation des cycles de négociation, de prise de commande et de paiement, qui diffèrent d’un pays à l’autre. J’ai recommandé de tenir compte de cette variable dans le business plan et aussi attiré l’attention sur l’importance, lors d’une implantation aux États-Unis, de travailler avec des natifs, en particulier dans le domaine IT. Actuellement, nous réfléchissons à une autre méthode pour raccourcir le délai d’implantation et en minimiser les risques au Maroc et en Tunisie, où vient de m’accompagner Gilles Battier. Il s’agit d’y nouer des partenariats de codéveloppement avec des entreprises locales qui apporteraient à Spring des capacités de production locales à prix raisonnable, en rationalisant ainsi les investissements de départ. Si ce fonctionnement est efficace, le Groupe Safran augmentera les chances de voir Spring Technologies à ses côtés, partout où il ira. » Spring Technologies en bref www.springplm.com Activité Spring Technologies est une société internationale qui accompagne les industriels de la conception à la fabrication de leurs produits. Son offre s’articule selon deux axes : • Prestation de services CFAO, PLM et MES (conseil, intégration, support et formation) sur les solutions du marché : SAP, D/S, Siemens, PTC… • Edition de solutions progicielles et expertise sur les processus de développement industriel et d’usinage (industrialisation, programmation, post-processeur, rétrofit, simulation, optimisation). Principales références Airbus, Astrium, China Aerospace, Dassault, Eurocopter, Goodrich, MBDA, Raytheon, Safran, Thales, US Army, DCNS, Hyundai, ABB, Alstom, Areva, GE, Audi, BMW, Renault, Toyota… et plus de 1000 de leurs fournisseurs. Effectif 100 ingénieurs. Implantation Outre son siège social à Paris et son centre principal de R&D à Toulouse, Spring Technologies compte quatre filiales à l’étranger : Boston (USA), Beijing (Chine), Francfort (Allemagne) et Genève (Suisse). Export 33 % du chiffre d’affaires, part du groupe Safran 7 % du CA. Objectif Réaliser 20 M5 à l’horizon 2014. Croissance (CA M€) 130 10 CA M€ EFFECTIF PART ? 8 6 90 4 2 50 0 65 2007 Effectif 79 82 85 2008 2009 2010 100 10 8 6 4 2 2011 0 Auxel 86 20.12.2011 87 Schneider Electric interrupteurs différentiels gérant chaque rangée de disjoncteurs dans un tableau électrique. Substitut simple aux câblages complexes, économique en encombrement, Auxel a développé celui de Schneider Electric en pleine période de vacances d’été pour commencer à produire à la fin de l’année. « Il est vrai que notre entreprise est travailleuse et productive. Mais pour exprimer cette flexibilité et cette réactivité, il faut l’adhésion du client. Cet esprit partenarial ne se dément pas depuis. Notre relation est en train de s’installer dans la durée puisque nous travaillons actuellement à deux nouveaux projets pour 2012, importants pour Auxel aussi bien que pour Schneider Electric. » Ᏹ Éric DOS SANTOS DIRECTEUR ACHATS NOUVEAUX PRODUITS FINAL DISTRIBUTION Philippe DÉFOSSEZ DIRECTEUR COMMERCIAL ADJOINT E n 1986, l’entreprise dans laquelle travaille Michel Pavy cesse son activité. Il décide de reprendre l’un de ses produits, baptisé l’Auxigaine – un répartiteur électrique destiné à distribuer l’alimentation dans les coffrets et armoires électriques, facile à câbler et à mettre en œuvre. Pour ce faire, il fonde la société Auxel, spécialisée dans les interconnexions électriques basse tension (à usage domestique ou du secteur tertiaire). Il lui donne un essor rapide en se constituant une clientèle de grands comptes pour lesquels Auxel se dote de bureaux d’études et élargit son catalogue. Michel Pavy conforte ce développement par de la croissance externe. En 1990, il rachète d’abord l’entreprise allemande FTG, qui avait développé un produit proche de l’Auxigaine et avec qui la synergie était immédiate. La filiale est aujourd’hui leader mondial de la fabrication de barres de pontage. Puis, au début des années 2000, il acquiert Sérame, entreprise située à Vendargues. Spécialisée dans les busbars laminés, pièces d’interconnexion destinées aux convertisseurs solaires, aux éoliennes, ainsi qu’à la traction ferroviaire, elle permet à Auxel de diversifier son marché vers l’électronique de puissance. « Malheureusement, en raison de la crise, nous avons dû fermer ce dernier site en 2011, pour regrouper toutes nos activités françaises à Gondecourt, près de Lille », déplore Philippe Défossez, directeur commercial adjoint et responsable du Business Development France et Italie. « Aujourd’hui, Auxel est toujours une entreprise familiale, puisqu’elle est dirigée par les deux fils de son fondateur, Marc Pavy et son frère Luc. Elle est un peu le Valéo de l’électricité puisqu’elle réalise 90 % de son chiffre d’affaires avec de grands groupes comme Legrand, Hager, ABB, Siemens etc. 70 % de notre production part à l’export et pour les accompagner en Asie, et plus particulièrement en Chine, nous avons ouvert l’unité Auxel FTG Shanghai en 2006. Initialement tournée vers la production, elle a intégré une activité de design, continue Philippe Défossez. J’insiste sur un point : cette implantation à Shanghai n’est pas une démarche de délocalisation, mais une logique d’accompagnement technique et commercial de nos grands clients, pour servir le marché asiatique. » Spécialiste mondial de la gestion de l’énergie, Schneider Electric a concrètement été d’un des derniers parmi les acteurs phares de la basse tension à rejoindre l’enviable portefeuille d’Auxel. « En 2003, nous avons commencé à coopérer avec Schneider Toshiba Inverter Europe (STIE), une joint venture entre le Français et le Japonais dédiée à l’activité variation de vitesse. Mais, dans le domaine de la basse tension, tous les produits Schneider Electric étaient, à l’origine, conçus au sein du groupe, par Merlin Gerin Alpes (MGA). » En prenant ses fonctions chez Auxel fin 2004, Philippe Défossez apprend que Schneider Electric s’ouvre à d’autres designers de produits et inscrit, en tête de ses objectifs, de le compter parmi ses clients. « Grâce à nos interventions auprès de STIE, nous étions déjà identifiés comme fournisseur du groupe. Restait à contacter les bons interlocuteurs. Je me suis rendu à Electropole. 1 200 personnes y travaillent, et je me suis d’abord dit que cela risquait d’être compliqué. Mais les collaborateurs de Schneider Electric sont ouverts aux savoir-faire externes et savent écouter. Progressivement, j’ai été guidé jusqu’à la business unit Final Distribution avec laquelle nous avons commencé à codévelopper un pontage vertical à fin 2009. » Offre déjà présente dans le catalogue des concurrents de Schneider Electric, le pontage vertical permet d’interconnecter les « Schneider Electric souhaitait améliorer ses solutions pour les clients et proposer le raccordement vertical dans ses tableaux, et Auxel qui détient des brevets et expertises dans ce domaine, nous a proposé très rapidement une solution. Ce fournisseur était déjà connu dans notre Groupe, mais n’avait jamais collaboré avec notre Business Unit. Leurs produits en catalogue étaient bien conçus, et nous les avions porteur d’une vision globale du marché. Leur dispositif industriel s’est également avéré performant en qualité et intéressant de par leur aptitude à fabriquer en Allemagne et en Chine. Leur présence commerciale mondiale témoigne aussi de leur dynamisme et de leurs succès. Ajoutons à cela qu’Auxel a su convenir d’accords de propriété intellectuelle servant au mieux les projets et l’intérêt de chacune des parties. Auxel en bref www.auxel.com Activité Auxel, créée en 1986, réalise des systèmes complets d’interconnexion en électricité basse tension, en électronique et en électronique de puissance. Représentée partout dans le monde et par conséquent très informée sur toutes les normes locales, Auxel maîtrise différentes techniques de fabrication : travail des métaux, isolants, injection plastique, surmoulages de résines. Les sites français (électronique de puissance, et répartiteurs basse tension) et allemand (pontages) d’Auxel sont tous deux dotés d’un bureau d’études spécialisé. Le bureau d’études du site chinois concerne l’électronique de puissance. Nous avons codéveloppé un pontage vertical dans un temps record, car Auxel s’est montrée particulièrement innovante et réactive avec nos équipes. Leur agilité constitue un point clé de différenciation sur le marché, ce dont Schneider Electric bénéficie alors. Le produit qui en résulte est très fiable et porte de nombreux avantages pour Schneider Electric : il sait rester dans la continuité des structures du tableau et habitudes du client, mais lui confère des avantages supplémentaires et le simplifie. Pour nous qui nous attachons à faciliter la vie de nos clients, ce pontage vertical augmente la valeur apportée et crée donc en soi un petit marché. Un point faible ? La compétitivité de l’offre peut encore être améliorée et nous travaillons ensemble à ce que le coût obtenu après la première étape de réalisation se poursuive par une optimisation économique. Nous sommes conscients ensemble que plus nous développerons l’activité conjointement, plus nous améliorerons le coût chez notre fournisseur. C’est pourquoi Schneider Electric inscrit ses partenariats dans la durée, avec une relation de long terme. Auxel a toutes les chances de s’inscrire dans ce schéma, à condition bien sûr de se montrer irréprochable sur le plan de la qualité industrielle et de rester simultanément innovant et compétitif. » Effectif 320 personnes. Implantation Gondecourt (59), Triberg (Allemagne), Shanghai (Chine). Export 70 % du CA Objectif Réaliser 50 M5 en 2013. Croissance (CA M€) 350 50 CA M€ EFFECTIF PART Schneider 40 2005 2006 2007 2008 Part Schneider Electric 2009 50 40 30 20 260 10 240 0 300 290 30 295 20 315 10 2010 2011 Effectif 0 EVTRONIC 88 8.12.2011 89 Schneider Electric pour des raisons d’autonomie. Il y a cependant des signes favorables : à la différence des années 1990 les constructeurs communiquent sur le sujet et les investissements sont nettement plus importants. Nous nous préparons à accompagner cette accélération en augmentant nos effectifs et en nous structurant. J’étais seul en 2007. Le nombre de salariés a doublé chaque année. Au début 2012, nous serons 20 et nous projetons d’être 50 en 2015. Il nous paraissait important qu’EVTRONIC ne soit pas qu’un bureau d’études, auquel on associe toujours une idée d’intervention éphémère. Aussi, deux tiers des collaborateurs se consacrent à l’innovation, le tiers restant est affecté à la production des bornes. Quant à la production de cartes électroniques, nous avons fait le choix de la soustraitance pour pouvoir absorber des volumes plus importants. » Ᏹ Nicolas DESCAZEAUD Éric STEMPIN DIRECTEUR DU PROGRAMME VÉHICULES ÉLECTRIQUES DE LA BU POWER PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL « Schneider Electric avait participé aux premières A u cours des années 1990, Éric Stempin est élève de l’ENSEIRB-MATMECA (École supérieure d’électronique, informatique, télécommunications, mathématiques et mécanique de Bordeaux), adossé au laboratoire IMS (Intégration du matériau système), une unité mixte de recherche du CNRS où il effectue plusieurs stages. Après avoir travaillé un an dans une société privée, il intègre l’IMS en 1999 pour animer les activités de recherche auprès des industriels sur la thématique des véhicules électriques. « Notre objectif était de démontrer qu’il s’agissait d’une solution viable, notamment avec les technologies de batterie lithium-ions, se souvient Éric Stempin. Nous avons d’abord réalisé des démonstrateurs très variés : camions, scooters, karts, bateaux. En 2005, nous avons considéré que nous avions prouvé la viabilité de la solution véhicule électrique. Il m’est apparu que l’essor du marché était tributaire de celui des infrastructures de charge. J’ai donc lancé l’idée de concevoir des bornes de charge rapide pour véhicules électriques. Leur objectif était de recharger 80 % d’une batterie en moins de trente minutes, point d’équilibre entre un délai satisfaisant pour le client, sans que le régime dégrade les performances de la batterie. Cette initiative a abouti à la création de la société EVTRONIC en 2007. » Elle démarre sur les chapeaux de roues. Dès sa création, l’entreprise, presque seule sur son marché, décroche auprès de la communauté urbaine de Bordeaux un projet de développement et d’installation de dix bornes de charge rapide, destinées aux véhicules de « première génération » - Peugeot 106, Citroën Berlingot, Renault Clio, etc. En cherchant des financements pour soutenir les débuts d’EVTRONIC, Éric Stempin prend un premier contact avec Schneider Electric Venture. Le fonds n’entrera pas dans le capital de la start-up, mais grâce à une communication interne efficace, EVTRONIC est appelée en 2008 à travailler avec les collaborateurs du expérimentations de déploiement de véhicules Groupe dévolus au véhicule électrique. Il s’agit de répondre conjointement à un appel d’offres lancé par Renault. Le constructeur choisit une autre solution, mais le binôme persiste et remporte un marché d’équipement en infrastructures de charge rapide des stations Total de Belgique, ainsi qu’une affaire en Australie. « Cela nous a donné le goût d’aller à l’international. Aujourd’hui près de 90 % de notre production de bornes charge rapide est destinée à l’étranger. » Ensemble, la PME et le groupe participent aux travaux d’élaboration des standards inter constructeurs et européen, comme l’EVPlug Alliance, association qui a permis de définir une connectique de référence. À partir de 2010, la PME commence à livrer au groupe des systèmes électroniques et des logiciels pour les bornes de charge normale construites par Schneider Electric. « Notre portefeuille clients est volontairement très diversifié, mais Schneider Electric est le plus important. En termes de volume et de chiffre d’affaires, mais aussi de référence. Dans un monde où il nous est arrivé de constater que certains groupes préféraient ne pas répondre à un appel d’offres plutôt que de s’associer à une PME porteuse d’innovation, Schneider Electric s’est montré plus audacieux. La confiance est née et, aujourd’hui, cette relation nous ouvre la porte des grands constructeurs avec lesquels nous n’aurions actuellement aucune chance de travailler en direct. » Éric Stempin compte sur un rapide envol du marché du véhicule électrique pour, à moyen terme, transformer sa start-up en entreprise moyenne. « 2010 a vraiment marqué un tournant pour le véhicule électrique et pour nous : l’activité a pris un réel départ. Notre chiffre d’affaires a triplé. Il va encore le faire en 2011 et nous pensons que le phénomène va encore s’accentuer en 2012. Certes, il faut rester prudent, parce que le véhicule électrique a été inventé il y a très longtemps et que le marché a toujours été incertain et, notamment électriques, dans les années 1990 à La Rochelle. Le marché est de nouveau en pleine ébullition et en cours de structuration. Schneider Electric a décidé de s’y impliquer. En proposant une offre d’infrastructures de recharge complète, le Groupe occupe un rôle important dans le développement de ce marché. Les constructeurs ne vendront des véhicules électriques que si des bornes sont installées à la maison, dans les parkings, publics ou privés, etc., où les acheteurs pourront les mettre en charge. Les deux principaux enjeux pour Schneider Electric sont la gestion d’énergie associée aux infrastructures de recharge (si tous les véhicules se rechargent simultanément, l’impact sur le réseau électrique ne sera pas négligeable) et l’interopérabilité des véhicules sur les bornes EVTRONIC en bref de charge (impossible de vivre la même situation www.evtronic.com qu’avec le téléphone portable : autant de types de bornes dans la rue que de constructeurs). Activité Créée en 2007, EVTRONIC est issue d’un essaimage de la cellule de transfert de technologie RAVEL (Réseau aquitain véhicules électriques), adossée au laboratoire de recherche IMS, unité de recherche mixte du CNRS. L’entreprise réalise des prestations de service en électronique et informatique embarquée pour les projets. Elle développe et produit également des infrastructures de charge normales et rapides pour véhicules hybrides et rechargeables. Fin 2008, nous nous sommes rapprochés d’EVTRONIC qui bénéficiait d’une grande crédibilité auprès des acteurs du domaine, dont CHAdeMO (Charge de move), l’association qui gère les protocoles de recharge en courant continu. L’expertise technologique d’EVTRONIC était reconnue dans les deux domaines qui nous intéressaient : la charge rapide courant continu, et les protocoles de communication entre la borne et le véhicule pour contrôler la charge. Effectif 17 personnes. L’expérience d’EVTRONIC a permis à Schneider Electric de Implantation Pessac (33). gagner en réactivité et nous avons travaillé ensemble sur deux codéveloppements. Le premier consistait à adapter Export 18 % du CA maximum de produits Schneider Electric pour avoir une Objectif Effectifs : 24 personnes en 2012, 36 en 2013 et 50 en 2014. Chiffre d’affaires : 3 M5 en 2012 ; Superficie : 200 m2 en 2011, 600 m2 en 2012 et 1 200 m2 en 2013. la borne mise au point par EVTRONIC en y intégrant un offre de charge rapide DC facile à vendre et à maintenir via notre réseau de distribution traditionnel. Le deuxième consistait à faire évoluer la carte électronique élaborée par EVTRONIC afin de la rendre interopérable Croissance (CA M€) avec le plus grand nombre de véhicules. Quels sont les prolongements futurs de notre coopération concernant 30,0 3,0 d’une augmentation volumétrique importante, nous 15,0 1,5 la production de bornes de charge rapide ? À la veille envisageons, de plein accord avec EVTRONIC, de réaliser les grandes séries tout en accompagnant le développement de sa capacité d’industrialisation en lui confiant de petites séries adaptées à ses moyens actuels. » CA M€ EFFECTIF PART Schneider 2,5 22,5 2,0 1,0 7,5 0,5 0,0 20 1 2 2007 2008 4 2009 Part Schneider Electric 3,0 2,5 2,0 1,5 8 1,0 0,5 2010 2011 Effectif 0,0 90 8.12.2011 Serge HENRY GMT u milieu des années 1990, l’importance croissante des questions environnementales donne à un collaborateur du fabricant d’appareils électriques Transfix l’idée d’optimiser les bacs de rétention d’huiles polluantes s’écoulant des transformateurs. Il crée la société GMT, dont les produits se démarquent d’une offre standard par leur dimensionnement à la puissance des transformateurs équipés. Rachetée en 2005 et dirigée depuis par Yves Machou et Serge Henry, respectivement président et directeur général, la PME avignonnaise a également innové en développant un système anti-feu. « Ce matériel, capable d’éteindre un incendie en quelques minutes, dispose d’une autorisation d’emploi chez ERDF et répond à une norme française, précise Serge Henry. Tout en considérant le marché hexagonal comme prioritaire, Yves Machou et moi-même, qui avons toujours travaillé à l’international, souhaitions dès 2006 que GMT franchisse les frontières. Nous pensions que les autres pays européens, moins avancés que la France pour la récupération des huiles polluées, seraient intéressés par nos produits. 40 % de notre chiffre d’affaires concerne des prestations sur-mesure et ces services spécifiques nécessitent une proximité géographique. Nous souhaitions donc avoir un représentant ou une vraie structure juridique pour chacun de nos marchés étrangers ». Ce raisonnement conduit GMT à adresser à Schneider Electric, en octobre 2008, une demande d’hébergement de VIE en Espagne. « La législation espagnole impose que les VIE soient salariés localement, ce que peu d’entreprises françaises “porteuses” acceptent. » La qualité du business plan et des produits de GMT, ainsi que les contacts préalablement noués par la PME avec les acteurs du marché ibérique de l’électricité emportent cependant l’assentiment de Schneider Electric, qui aide aussi l’entreprise à effectuer une analyse stratégique du pays et à comprendre les particularismes des différentes provinces. La convention signée par les deux entreprises en mars 2008, aboutit début 2010 à la création d’Akhelec, filiale de GMT située en plein cœur de Barcelone. Entre-temps, Serge Henry, voyant dans le portage un modèle optimal et de maintenance de nos équipements. À notre petite échelle, nous nous sommes inspirés des modèles organisationnels de Schneider Electric pour la structurer. Nous continuons encore à créer des emplois. Nos ex-VIE occupent désormais des postes à responsabilité et rien que cette année, nous avons recruté onze personnes – dont quatre dédiées à l’export. Nous travaillons aujourd’hui en six langues. Cette globale montée en compétences, imputable pour une large part à notre relation transparente et mature avec Schneider Electric, est un socle robuste pour la poursuite de notre stratégie de développement. » Ᏹ Denis KIBLER DIRECTEUR GÉNÉRAL A 91 Schneider Electric RESPONSABLE DES RELATIONS GROUPE AVEC LES PME et duplicable pour poursuivre cette expansion sollicite un autre hébergement en Italie, effectif tout au long de l’année 2010. Imaginant d’abord d’intégrer au catalogue de Schneider Electric Italie les produits GMT, les deux parties renoncent à leur idée initiale. « L’Espagne et l’Italie, qui de surcroît ont été profondément touchées par la crise, ont beaucoup plus recours à des technologies de transformateurs secs. Par ailleurs, l’objectif de ces opérations était avant tout de nous y développer et non de vendre à Schneider Electric. Le groupe, et c’est remarquable, nous a permis d’exister dans ces deux pays, de nous donner de la crédibilité et d’y nouer des contacts avec des fabricants locaux, des distributeurs d’énergie électrique, ou d’autres clients comme Siemens, qui intervient sur le chantier du métro de Turin. Sur cette lancée, GMT a déployé un solide réseau européen en 2011 par la signature d’accords avec des distributeurs au Royaume-Uni, en Belgique, au Luxembourg, aux Pays-Bas, au Portugal, en Italie et sans doute bientôt en Suède. » Depuis août 2011, Schneider Electric, à présent 3e client de GMT, héberge un VIE, cette fois au Brésil, dont les besoins de rénovation des infrastructures électriques en vue des prochains Mundial et Jeux olympiques sont considérables. « L’appui de Schneider Electric, en France et à l’international, constitue un levier très puissant, qui s’est encore renforcé avec l’intégration en 2010 des équipes d’Areva T&D. Ensemble, nous avons pu répondre aux projets d’évolution du Parc Astérix, d’Eurocopter, de Pierres et Vacances Avoriaz et de la centrale hydroélectrique de Neuville. En quelques mois, nous avons presque triplé le chiffre d’affaires que nous réalisions avec toute la partie ingénierie/projets spéciaux et nous avons de très gros projets en France et à destination de l’Afrique, de l’Europe de l’Est et de la Chine », poursuit Serge Henry. « Les traductions concrètes de ce soutien sont multiples, au-delà du chiffre d’affaires. Nous continuons à innover et à déposer des brevets, nous avons augmenté notre capacité de fabrication et nos moyens logistiques. Nous avons créé en 2009 Calivesta, une filiale Services qui réalise pour la France tous nos chantiers de fabrication de fosses béton, de montage « Après l’Espagne et l’Italie, c’est à présent au Brésil que Schneider Electric héberge un VIE de GMT, depuis août 2011. Ce nouvel appui logistique qui intervient à l’issue d’une analyse de marché et de missions exploratoires également soutenues par Schneider Electric, devrait permettre à GMT de s’imposer en Amérique du Sud avant de se tourner vers les USA et le Canada. Ces opérations se révèlent tout à fait fructueuses pour Schneider Electric et nous espérons transposer ce modèle avec d’autres PME. Le groupe peut se concentrer sur ses propres métiers grâce à un partenaire innovant, en mesure de le suivre presque partout dans le monde et d’engager des efforts de R&D sur ses propres savoir-faire. Dans le cas de GMT, grâce à son expérience internationale impliquant une adaptation aux spécificités et normes locales, les solutions de rétention d’huiles polluantes et de la protection anti-feu ont évolué en termes de qualité des produits, de réactivité des équipes et de maîtrise des coûts. Pour en arriver à ce même degré de maîtrise de l’offre globale, un éventuel concurrent devrait en passer par tout ce cycle d’apprentissage, sans pouvoir garantir une qualité et des prix équivalents. Ces bénéfices justifient pleinement que Schneider Electric agisse pour le renforcement de GMT, au-delà de l’accueil de VIE dans les pays où nous sommes présents. D’une part, nous avons indiqué à l’entreprise la cartographie de nos besoins en transformateurs afin de lui permettre d’affiner sa stratégie de développement. D’autre part, nous proposons à toutes nos implantations qui vendent des transformateurs dans le monde d’embarquer la solution GMT, facteur supplémentaire de sécurité pour les utilisateurs. Il leur appartient de présenter les produits de GMT à nos clients afin qu’ils puissent la contacter s’ils le souhaitent. Cette prescription indirecte est d’autant plus efficace et crédible que nous ne sommes pas bénéficiaires de la vente. » GMT en bref www.gmtinternational.fr Activité Acteur depuis plus de quinze ans du monde de l’énergie et de la protection de l’environnement, GMT conçoit, fabrique et distribue des équipements évitant la pollution des sols en collectant les huiles qui s’écoulent des transformateurs électriques, ainsi que des systèmes anti-feu. L’entreprise, qui peut réaliser des solutions sur-mesure, est alliée aux grands fabricants de transformateurs et propose également ses services aux sociétés d’installation électrique et aux distributeurs. Effectif 70 personnes (incluant la production). Implantation Avignon (84) et Sao Paulo (Brésil). Filiales : Akhelec à Barcelone (Espagne) et Calivesta (La Défense - Paris). Réseau de distribution : Dishelec65 à Barcelone (Espagne), IAC à Londres (Royaume-Uni), Sadinter à Bruxelles (Benelux), Sisacol à Lisbonne (Portugal), Isotech à Turin (Italie). Export 12 % du CA en 2011 (prevision pour 2012 : 20 %). Objectif Consolider notre position de leader en France ; développer notre réseau de distributeurs en Europe et en Afrique du Nord ; implanter une nouvelle filiale pour le marché brésilien ; accompagner nos grands comptes à l’export. Croissance (CA M€) 35,000000 6 CA M€ EFFECTIF PART ? 27 29,166667 5 23,333333 4 17,500000 3 11,666667 2 5,833333 1 0,000000 0 1 2005 4 5 2006 2007 Effectif 9 12 6 5 4 16 3 2 1 2008 2009 2010 2011 0 Sophia Conseil 92 8.12.2011 93 Schneider Electric PME trouver la seconde. Nous avons monté un projet en tant qu’agrégateur de compétences. » Yasser MOUMNEH Vincent DAVID DIRECTEUR GÉNÉRAL L e désir de fonder une entreprise obéit à des motivations complexes où se mêlent, entre autres, la volonté de concrétiser une idée, une aspiration à l’indépendance et l’espoir de réussite. Créateur dans l’âme, Vincent David, président de la société d’ingénierie Sophia Conseil, se distingue en concevant l’entreprise comme un humanisme. « Avant la naissance de Sophia Conseil, j’ai enchaîné des expériences professionnelles qui me poussaient à développer les savoir-faire nécessaires pour diriger une entreprise. D’abord, je suis passé par une start-up où, en raison de la taille, on doit savoir tout faire. J’ai ensuite rejoint un grand compte où j’ai appris à recruter et à faire travailler des groupes, en mesurant à quel point le travail collaboratif avait un effet démultiplicateur sur les compétences individuelles. C’est grâce à ce constat qu’est née l’idée animant Sophia Conseil. C’est une entreprise qui, comme d’autres de notre environnement concurrentiel, propose des prestations intellectuelles. Mais ce qui la différencie, c’est son modèle économique reposant sur un partage plus juste de la création de valeur ajoutée avec les salariés. » Le respect de cette équité est garanti par le principe simple d’une rémunération en fixe + variable. « Les consultants motivés par l’assurance de leurs compétences nous rejoignent et ce que Sophia Conseil leur donne en retour les fidélise. De plus fortes rémunérations, mais aussi plus de services touchant à leur vie quotidienne qui vont jusqu’à l’aide à la recherche de logement, à l’accomplissement des formalités administratives, etc. L’une des missions que Sophia Conseil se donne envers ses salariés est de développer leur potentiel. Nous les formons en permanence. Ils sont libres de choisir leurs projets, leur mobilité, de nous quitter pour rejoindre un client ou encore de monter leur propre projet, ce en quoi nous continuons à les aider. Grâce à ce système vertueux, nous attirons les meilleurs talents. » Doublement labellisé par le pôle de compétitivité SCS et le pôle CNRFID, le projet Trace It All fait partie des lauréats nationaux de la RFID qui ont reçu une subvention du ministère de l’Industrie. « Les 9 autres projets concernaient le lecteur, le nôtre est le seul portant sur les tags. Nous en sommes aujourd’hui à la signature de l’accord de consortium. Chacun des partenaires recevra 145 000 5 pour développer le démonstrateur. Nous croyons tous beaucoup en ce projet qui recèle un vrai potentiel stratégique et d’économies pour Schneider Electric, voire pour toute l’industrie électronique. J’en veux pour preuve que lorsque le président Hu Jintao est venu visiter l’usine de Carros, Jean-Pascal Tricoire, le président du directoire de Schneider Electric, lui a présenté Trace It All en chinois, qu’il parle couramment. Il devrait aussi contribuer à renforcer la notoriété de Sophia Conseil, ainsi que la poursuite de notre croissance que nous autofinançons, dans un esprit où le qualitatif prime sur le quantitatif. » Ᏹ DIRECTEUR DES ACHATS SYSTEMS CONSISTENCY Justice, vertu et sagesse, que traduit le mot grec « sophia »… Vincent David a su démontrer l’efficacité pragmatique de ces notions empruntées à la philosophie : depuis sa création en 2005, Sophia Conseil est passée de 0 à 188 salariés en octobre 2011 et s’est vu distinguée par le Deloitte Fast 50 pour la progression de 1 124 % de son chiffre d’affaires en cinq ans. Organisée en quatre grands pôles : électronique, mécanique, systèmes d’information, optique et détection, Sophia Conseil se positionne comme une plateforme de l’innovation. « Cette structuration est quasiment contemporaine de nos débuts, car elle nous permettait de répondre à tous les projets », ajoute Vincent David. Riche de collaborateurs parfois consacrés par des publications scientifiques, en particulier dans le domaine de l’optique, Sophia Conseil exerce la même force d’attraction sur ses nombreux clients. « Les meilleurs talents attirent les meilleurs clients. Le plus important d’entre eux représente environ 8 % de notre chiffre d’affaires. » L’entreprise sait faire montre d’audace pour aller à leur rencontre, comme le prouve le début de sa coopération avec Schneider Electric. « À l’époque de la réalisation du Livre blanc de l’Industrie, fin 2009, j’ai entendu lors d’une séance plénière Daniel Philippe, le patron de Schneider Automation, s’exprimer sur l’intérêt du groupe à monter des partenariats avec les PME locales. Je me suis présenté à lui promptement en lui proposant de me parler de ses trois projets stratégiques. L’un d’entre eux concernait les technologies sans contact (RFID), domaine où excelle Sophia Conseil. Il s’agissait de travailler à un système unique de traçabilité d’un produit tout au long de son cycle de vie, de sa fabrication à sa destruction, au moyen d’une puce. Au cours de notre première réunion, il est apparu que nous disposions d’une des deux briques technologiques qui manquaient à leur projet et que nous savions auprès de quelle « Ma fonction de directeur des achats comporte trois facettes. Je suis d’abord responsable des achats opérationnels du site de Carros, l’usine de Schneider Automation où sont fabriqués des automates pilotant les plus grandes chaînes de production au monde. J’assure également les achats pour les nouveaux projets de l’activité Automation, ainsi que le développement de nouveaux services après-vente à destination de l’industrie. La première rencontre avec la société d’ingénierie Sophia Conseil s’est déroulée au cours du dernier trimestre 2009. Elle a donné lieu à plusieurs projets. Nous avons baptisé le plus important d’entre eux Trace It All. Il s’agit d’un codéveloppement qui a pour finalité d’intégrer à l’ensemble des automates que nous fabriquons une puce électronique communicante. Celle-ci permettra non seulement de dématérialiser la traçabilité de nos cartes électroniques – pour le moment les codes et numéros de série font encore l’objet d’un marquage concret –, mais aussi de créer de nouveaux services marketing que nous pourrons proposer à nos clients industriels finaux. Les résultats de ce codéveloppement devraient créer un avantage concurrentiel conséquent pour notre groupe, en nous donnant une avance sur nos concurrents. Il existe d’excellentes idées pour innover au sein de Schneider Electric, mais travailler avec une entreprise aussi jeune, créative et agile que Sophia Conseil est très fécond. Ses compétences pluridisciplinaires nous ouvrent soudain à de plus larges horizons. Notre collaboration fructueuse avec Sophia Conseil illustre parfaitement notre volonté de contribuer, chaque fois que possible, au développement du tissu industriel local à travers des PME qui nous font bénéficier de leur dynamique d’innovation, tandis que Schneider Electric apporte ses processus de développement éprouvés et son savoir-faire commercial et industriel. » Sophia Conseil en bref www.sophiaconseil.fr Activité Créée en 2005, Sophia Conseil est une société d’ingénierie qui accompagne le développement de la compétitivité de ses clients, tous domaines industriels confondus, en apportant des solutions technologiques innovantes et de l’expertise métier à toutes les étapes d’un projet, depuis l’analyse du besoin et la conception jusqu’à sa mise en production. Effectif 190 personnes (fin octobre 2011). Implantation Sophia Antipolis (06), Neuilly-sur-Seine (92), Villeurbanne (69). Objectif Devenir rapidement une ETI en dépassant le cap des 250 salariés. Croissance (CA M€) 210,0 12 CA M€ EFFECTIF PART CEA 190 10 157,5 8 105,0 6 4 52,5 2 0,0 0 0 2 2005 2006 Effectif 35 2007 50 80 12 10 8 99 6 4 2 2008 2009 2010 2011 0 Delannoy-Dewailly 94 23.1.2012 ACHETEUR « PRESTATIONS IMMOBILIÈRES » SERVICE DES ACHATS DE L’ÉTAT (SAE) PRÉSIDENT n mai 2012, l’entreprise de génie climatique du Nord-Pas-de-Calais Delannoy-Dewailly célèbrera son centenaire. Six générations de dirigeants, toujours en binôme, se sont succédé à sa tête, depuis les fondateurs jusqu’à aujourd’hui, où son président Dominique Zamolo est secondé par son fils Jean-Sébastien. « Je suis détenteur de 98 % des parts de la société, qui est toujours sur son activité d’origine, c’est-àdire les installations de chauffage, de climatisation, de ventilation ou de désenfumage, indique Dominique Zamolo. Mais la façon d’exercer le métier a changé. Les technologies ont progressé, les contraintes techniques et environnementales se sont durcies. Jusqu’aux années 1980, le bureau d’études était moins étoffé, alors qu’à présent, il représente 20 % de notre effectif, essentiellement des ingénieurs (6) et techniciens supérieurs (14). Cette transformation touche d’ailleurs l’ensemble de nos ressources humaines, pour lesquelles nous recourons beaucoup à la formation en alternance. Nous sommes passés en quelques décennies d’un personnel majoritairement ouvrier à un personnel ETAM (employés techniciens - agent de maîtrise) et cadres. Par exemple, nos intervenants en maintenance ont au minimum un BTS. Voilà pour les évolutions progressives. L’entreprise a aussi connu un tournant structurel en 1993 : nous avons séparé les prestations de maintenance de celles de construction en créant deux entités distinctes, Delannoy-Dewailly Entreprise et DelannoyDewailly Maintenance, managées par DelannoyDewailly Holding. » Cette mutation a permis au groupe d’aborder au fil du temps des chantiers de plus en plus sophistiqués comme des musées, des cliniques, hôpitaux ou sièges d’entreprises et administrations.« Les marchés publics, avec leurs exigences technologiques très pointues, représentent environ 70 % de notre chiffre d’affaires. Les 30 % de contrats privés sont le fait de groupes industriels comme la nôtre. Le regroupement des services promus par le SAE nous permet d’avoir un décisionnaire unique pour toucher une multitude d’administrations et de ministères. Cela représente la perspective d’un volume d’affaires plus important pour nous et se traduit, pour nos clients, par des prix plus intéressants. Cette visibilité nous donne également l’occasion d’investir pour aborder l’avenir. Nous l’avons fait de façon importante dans un système de GMAO (gestion maintenance assistée par ordinateur) grâce auquel nos équipes aussi bien que le client peuvent contrôler le fonctionnement des installations au moyen de tablettes ou de PC. Enfin, outre l’augmentation de chiffre d’affaires de l’entité Maintenance, cet accordcadre a aussi permis de remporter des travaux induits. Par exemple, l’Institut régional d’administration (IRA), satisfait de nos prestations dans le domaine de la maintenance, a consulté et retenu Delannoy-Dewailly Entreprises pour l’installation d’un groupe froid destiné à climatiser un amphithéâtre. » Ᏹ Pascal AUFFRAY Dominique ZAMOLO E 95 SAE comme Saint-Louis Sucre, Lesaffre ou le groupe Nestlé qui nous sollicitent pour nos compétences en matière de HQE (haute qualité environnementale). Nous ne nous positionnons pas sur le marché du logement car une chaudière individuelle requiert peu de technique. Actuellement, nous travaillons sur le Louvre de Lens. C’est un projet complexe. Nous sommes également impliqués dans la réalisation d’un auditorium pour l’Orchestre national de Lille, pour lequel il s’agit de concevoir des installations de pompe à chaleur sur nappe et des techniques de ventilationdésenfumage très élaborées. La part du génie climatique s’élève à environ 2,5 millions d’euros, sur un marché qui représente à peu près 8 millions d’euros. Les critères d’attribution sur ces marchés sont de plus en plus souvent pondérés essentiellement par la technique, le prix ayant une moindre incidence, valorisant le savoir-faire et les qualifications. » Lorsque Dominique Zamolo apprend en 2010 que le Service des achats de l’État (SAE) envisage de lancer une démarche de mutualisation des contrats de maintenance des installations de chauffage, ventilation et climatisation, il entreprend une démarche pour rencontrer les responsables du futur appel d’offres, alors en pleine action de sourcing. Dès la publication, Delannoy-Dewailly Maintenance s’aligne dans la compétition pour la région Nord-Pas-de-Calais aux côtés de grands groupes. Déjà titulaire de contrats importants avec, entre autres, la SNCF ou l’Opéra de Lille, la PME fait valoir son organisation spécifique de dépanneurs, de personnels affectés à la mise au point à l’entretien et ses services d’astreinte, week-end et jours fériés. En janvier 2011, deux lots sur les quatre concernant la région lui sont attribués. « Nous nous réjouissons d’avoir remporté cet accord-cadre mono-attributaire pour une durée de quatre ans, conclut Dominique Zamolo. La mutualisation rend le marché moins diffus pour une PME « Le SAE et les préfectures de région déploient une démarche de mutualisation des contrats de maintenance des installations de chauffage, ventilation et climatisation (CVC). Elle répond à quatre objectifs : privilégier la maintenance préventive forfaitaire à la maintenance corrective en cas de panne ; obtenir des conditions technicofinancières performantes ; s’inscrire dans les objectifs du Grenelle de l’Environnement en optimisant le fonctionnement des installations ; permettre l’accès des PME à la commande publique sur ce segment des achats de l’entretien immobilier. Cette démarche se formalise par 22 appels d’offres interministériels publiés en région portant sur un périmètre total de dépenses de plus de 80 millions d’euros et qui concernent environ 5 000 sites. Pourquoi avoir choisi l’allotissement géographique plutôt qu’un marché global ? Les prestations se décomposent en 70 % de main-d’œuvre qualifiée et 30 % de fournitures. Il est donc plus rentable pour les prestataires titulaires – et pour le SAE – qu’ils soient à proximité des sites, afin que leurs techniciens passent la majeure partie de leur temps en chaufferie plutôt qu’en déplacement. Nous avons collaboré avec les chambres de commerce, les fédérations et syndicats, ainsi qu’avec l’INSEE pour établir des cartes de chaque région où figuraient nos sites, les entreprises locales et les principaux axes routiers. Déterminer ainsi l’allotissement le plus judicieux était le moyen d’instaurer la dynamique gagnant-gagnant tout en soutenant le tissu industriel local. À ce jour, 7 régions ont notifié et sur 44 lots, 20 ont été attribués à des PME. Pour la région Nord-Pas-de-Calais, DelannoyDewailly correspondait parfaitement aux critères requis : le savoir-faire reconnu localement, l’expérience et la référence technique par un suivi constant des évolutions, les qualifications Qualibat et ISO 9001, la qualité de son personnel composé de monteurs hautement qualifiés, de techniciens supérieurs et d’ingénieurs. Sa zone d’activité couvrant parfaitement la région Nord-Pas-deCalais, cette PME nous a proposé un prix forfaitaire très attractif et a obtenu deux lots sur les quatre. » Delannoy-Dewailly en bref www.delannoy-dewailly.fr Activité Né en 1912, Delannoy-Dewailly est un groupe familial spécialisé dans le génie climatique (chauffage, climatisation, ventilation, plomberie, désenfumage, etc.). Certifiée Qualibat et ISO 9001, la PME intervient sur des bâtiments prestigieux de la région Nord-Pas-de-Calais, comme La Piscine, musée des arts et techniques de Roubaix et à Lille, les gares Flandres et Europe, ainsi que l’hôtel de Région. Effectif 100 personnes. Implantation Armentières (59). Objectif Une croissance raisonnée, avec un objectif d’augmentation annuelle de 5 à 6 % de la part Maintenance. Croissance (CA M€) 20 110 CA M€ 15 10 89 EFFECTIF PART CEA 95 93 87 95 94 99 15 10 5 75 0 20 5 2005 2006 Effectif 2007 2008 2009 2010 2011 0 Simonneau 96 15.2.2012 GÉRANT i l’usage du titre d’économiste de la construction s’est répandu en France au cours des années 1990, il ne désigne pas un nouveau métier. Loin s’en faut, car les coûts du bâtiment ont toujours fait l’objet de contrôles drastiques. Appelé toiseur sous l’Ancien Régime, le professionnel devient métreur-vérificateur en 1840, trois ans après qu’une loi eut définitivement imposé le mètre comme unité de mesure sur l’ensemble du territoire. « Lors de ma formation, nous étions encore appelés ainsi », se souvient Patrick Simonneau, gérant de son entreprise éponyme, créée en 2008 après 14 ans d’activité libérale. Il y travaille entouré d’une petite équipe où évoluent sa femme et son fils. « Notre mission nous conduit à intervenir soit auprès du maître d’ouvrage, c’est-à-dire l’entité porteuse du projet qui en définit les besoins et les objectifs en fonction des utilisateurs finaux, soit auprès du maître d’œuvre qui va réaliser l’ouvrage. » « S’ils annoncent, par exemple, que leur projet est conforme aux 5 millions alloués, mais que nous nous apercevons qu’il vaut6 millions en réalité, nous les amenons à refaire leur étude. Sinon, les problèmes surgiront après le concours. Un tel écart d’estimation rendrait impossible la réalisation d’économies sans modifier l’image architecturale choisie et les concurrents évincés pourraient engager des recours pour faire annuler la consultation. Une fois l’architecte retenu, nous bâtissons le cahier des charges en précisant quels seront les types de plafonds, de peintures, de luminaires utilisés. Nous avons aussi une fonction de conseil pour réaliser des économies. Récemment, nous avons également rendu une recommandation à un propriétaire hésitant entre la rénovation de son patrimoine ou le remplacement par des bâtiments neufs. Cela nous oblige à connaître parfaitement toute la technologie du bâtiment, les matériaux, mais aussi la règlementation administrative. » Auprès de l’un ou l’autre, l’économiste de la construction joue un rôle crucial à chaque phase de l’évolution des projets. « Les maîtres d’ouvrage peuvent nous solliciter pour réaliser leurs programmes, c’est-à-dire formuler l’expression de leurs besoins, que nous allons ensuite chiffrer. Après cette étape, l’État, la collectivité territoriale ou l’organisme investisseur peut définir son enveloppe budgétaire pour juger s’il a les moyens de son ambition. Et c’est délicat, car si elle est sousestimée, il faudra y apporter des rallonges ou réaliser des économies en termes de prestations, mais qui risquent d’alourdir ultérieurement les frais d’entretien et de maintenance. Cette phase programme débouche ensuite sur la mise en concurrence des architectes, maîtres d’œuvre du projet. » L’entreprise Simonneau réalise plus de 80 % de son chiffre d’affaires avec des marchés publics. « Chaque matin, un prestataire m’envoie les appels d’offres qui peuvent me concerner. C’est ainsi que j’ai décidé de répondre à l’appel d’offres du SAE, car je suis toujours intéressé par les marchés à bons de commandes sur plusieurs années qui me donnent une visibilité partielle sur la charge de travail et le chiffre d’affaires à venir. J’avais d’autres marchés sur la même zone géographique me permettant d’envisager l’optimisation de mes déplacements commerciaux. En octobre 2011, j’ai appris que nous avions remporté trois des quatre lots sur lesquels nous avions concouru avec l’impression satisfaisante d’avoir donné la réponse vraiment adaptée aux besoins des maîtres d’ouvrage. Certes, ni le SAE qui lance ce marché pour la première fois ni nous-mêmes ne savons quel sera l’impact de cet accord-cadre. Mais les quelques opérations que j’ai déjà décrochées me permettront d’estimer un volume de chiffre régulier sur lequel compter pour les quatre années à venir. C’est rassurant pour Lorsqu’ils coopèrent avec des architectes, la mission des économistes de la construction est de les assister au concours en vérifiant tout particulièrement que le projet des équipes de conception est bien compatible avec l’enveloppe budgétaire. Yacine ALI-RACHEDI ACHETEUR « PRESTATIONS IMMOBILIÈRESPI TRAVAUX », SERVICE DES ACHATS DE L’ÉTAT (SAE) Patrick SIMONNEAU S SAE « Au sein du SAE, je suis chargé des achats de Prestations intellectuelles travaux et Facility Management. À ce titre, ma mission consiste à définir et à mettre en œuvre une politique d’achat homogène pour le compte des services de l’Administration d’État. C’est dans ce cadre que nous avons été amenés dernièrement à lancer une consultation visant à couvrir nos besoins en assistance à maîtrise d’ouvrage en économie de la construction. Identifiée comme une activité à forte valeur ajoutée par les prescripteurs et les acheteurs responsables d’opérations immobilières de construction, rénovation et entretien, elle aide à définir et à tenir un équilibre budgétaire tout au long d’un projet. Pour rédiger au mieux cet appel d’offres, nous avons approfondi notre connaissance du métier en dialoguant préalablement avec l’Union nationale des économistes de la construction (Untec). Cela nous a conduits à retenir la procédure de l’accord-cadre mono-attributaire, qui permet au travers des marchés subséquents de redéfinir une partie des besoins en fonction de chaque opération spécifique. Par souci de rationalité, nous avons effectué un allotissement régional pour apporter aux projets des compétences proches du lieu d’exécution. Le listing fourni par l’Untec nous a aidés à réaliser un sourcing précis et à réaliser un découpage géographique optimal. Pondéré à 60 % pour la technique et 40 % pour le prix, le marché a été totalement dématérialisé. Douze lots ont été notifiés en octobre 2011 et tous l’ont été à des PME. L’entreprise Simonneau en a remporté trois : la région Centre où elle est implantée, le Limousin et la Bretagne. Sa réponse a été pertinente à plusieurs égards : la PME n’avait candidaté que sur des lots cohérents avec sa zone de chalandise. Son mémoire technique nous a démontré que son barème de prix était défini en fonction de son expérience de terrain plutôt que calqué sur la concurrence. Elle a su valoriser ses compétences dans le domaine HQE. Elle a aussi démontré que ses coopérations avec des opérateurs privés la tenait informée des évolutions du secteur et la plaçait à même de mettre cette connaissance au service du secteur public. » 97 les finances et les équipes. Autre avantage : la communication réalisée par le SAE auprès des directions régionales et départementales pour les informer que Simonneau détenait ce marché change la nature de mon effort commercial et marketing. Certes, il me faudra effectuer des relances, mais le fait qu’il suffise de nous passer un marché subséquent plutôt que de lancer une consultation au moindre besoin identifié est un argument de poids. Pour résumer, j’ai bon espoir de faire croître significativement le chiffre d’affaires de mon entreprise et surtout sa notoriété non seulement auprès des maîtres d’ouvrages, mais aussi des architectes afin que Simonneau soit sollicité dans des équipes de maîtres d’œuvre. » Ᏹ Simonneau en bref [email protected] Activité Depuis 2008, Simonneau optimise les coûts de construction ou de réhabilitation pour les équipements publics ou les investissements privés au travers de deux missions : l’économie de la construction au sein d’équipes de maîtrise d’œuvre et l’assistance à la maîtrise d’ouvrage sur les aspects économiques et techniques. Simonneau est certifiée OPQTECC. Effectif 8 personnes. Implantation Olivet (45). Objectif Pour les prochaines années, notre objectif est de développer notre structure avec une progression de 10 à 20 % annuelle du chiffre d’affaires. Après une forte amélioration de nos missions d’AMO, nous souhaitons maintenant développer notre activité d’économiste auprès des architectes. Une des orientations commerciales est d’accroître notre activité auprès du secteur privé. Notre objectif de croissance est de développer notre activité tout en maîtrisant parfaitement sa progression par un recrutement contrôlé et qualitatif de notre effectif. Croissance (CA M€) 10 1,0 CA M€ 0,8 8 0,6 0,4 6 0,2 0,0 4 6 5 EFFECTIF PART ? 7 7 8 8 8 1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 2005 2006 Effectif 2007 2008 2009 2010 2011 0,0 Cequad 98 26.9.2011 Siemens France Gilles DESMOULIERS DIRECTEUR DES ACHATS SIEMENS MOBILITY FRANCE « Les débuts de notre collaboration avec Cequad, pour la réalisation d’équipements électroniques destinés aux automatismes de métro remontent à plus de vingt-cinq ans et correspondent au déploiement à Lille du célèbre VAL. Depuis 2001, Siemens et Cequad ont développé le CBTC, une nouvelle technologie d’automatisme de métro. Les lignes 1 et 14 du métro parisien fonctionnent avec cette technologie, aussi déployée à New York, Barcelone et Helsinki. Pascal DENOËL PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL 25 avril 1983. L’agglomération de Lille inaugure la première ligne de son métro, le VAL pour Villeneuve d’Ascq-Lille. C’est une réalisation Matra qui a remporté en 1973 le concours international lancé par Lille pour s’équiper d’un transport en commun innovant. Reste à le déployer et à le prolonger. En 1985, Matra Transport International, société d’ingénierie qui deviendra Siemens Transportation Systems, puis Siemens Mobility France, décide de confier la réalisation des cartes électroniques à Cequad, une entreprise bretonne qui vient juste de naître. « Il n’a pas été trop difficile à Cequad de rentrer dans le panel fournisseurs de Matra Transport International (futur Siemens Mobility France), petite entité relativement indépendante. En langage de 2011, on dirait que c’est une start-up qui s’adressait à une PME, raconte Guy Hautekiet, directeur général de Cequad depuis 2010. Aujourd’hui, ce serait plus compliqué. Mais pas impossible, car toute l’entreprise, qui sait allier rigueur et créativité, adore que les clients nous demandent de créer des moutons à dix-huit pattes. » Pascal Denoël, son président, renchérit : « Ce positionnement qui consiste à assurer l’impossible intéresse les grands donneurs d’ordres. » Matra Transport International et Cequad entament donc un voyage commun qui les mène dans tous les lieux du monde désireux de Guy HAUTEKIET DIRECTEUR GÉNÉRAL s’équiper d’un métro automatique : Chicago, Taipeh, Toulouse, New York, Caracas, Alger, Roissy, Turin et actuellement Helsinki. En 2001, Matra Transport International devient Siemens Transportation Systems (STS) après son rachat intégral par le groupe. La coopération prend aussi un nouveau tour avec la mise au point conjointe du CBTC (Communication Based Train Control), rupture technologique dans la gestion des flux du trafic des métros. « Les matériels qui vont “à bord” et “au sol” sont des tiroirs dans lesquels sont insérées des cartes électroniques », explique Guy Hautekiet. Cequad ne fournissait que les cartes électroniques, mais à partir de 2006, date à laquelle Pascal Denoël fait l’acquisition de la PME, Siemens fait monter l’entreprise en compétences pour qu’elle fournisse le sous-système entier. « Aujourd’hui, nous sommes fournisseur de rang 1, chargés d’acheter les tiroirs vides aux fournisseurs agréés par Siemens. Nous y intégrons les systèmes et nous testons l’ensemble que nous envoyons à Siemens une fois intégralement validé. La responsabilité technique est entièrement du côté de Cequad. Mais les risques financiers sont partagés selon des accords qui nous préservent d’être trop exposés. Par exemple, Siemens prend en charge le risque sur le taux de change euro/dollar. » L’accompagnement dynamique de Siemens a favorisé cette montée en compétences. « Nous Nous avons profité du développement du CBTC pour faire monter Cequad en compétences : Cequad est aujourd’hui capable de nous fournir des systèmes et des tiroirs complets, prêts à l’intégration dans les rames de métro. Quels sont les intérêts et avantages de cette démarche? Notre activité requiert énormément de tests. Or, Siemens Mobility France est une société d’ingénierie et faire réaliser ces tests par Cequad permet à nos ingénieurs de se consacrer aux études et déploiements de nos systèmes plutôt qu’à des tests de tiroirs électroniques. De plus, Cequad nous a permis de nous aligner sur les standards généraux de l’industrie en matière de testabilité. Nous ne sommes donc plus obligés, à chaque évolution de notre système, de développer des produits de tests spécifiques qui nous coûteraient plus cher. La collaboration étroite avec Cequad a amélioré notre productivité. Nous sommes maintenant en mesure de travailler sur quatre ou cinq projets simultanément au lieu d’un seul à la fois par le passé et cela avec un effectif de Cequad qui s’est maintenu ces dernières années, sans que nous ayons dû renforcer notre propre structure. De plus, cette collaboration permet une meilleure maîtrise qualité du process de réalisation de nos tiroirs électroniques et, à présent, Cequad reçoit, pour des démonstrations, nos clients finaux qui s’en trouvent rassurés. Enfin, dernier avantage : cette réactivité, inhérente à la plupart des PME, mais qui dans le contexte d’un projet de métro, dont la durée est longue, permet de faire face aux impondérables qui surgissent dans la relation que nous entretenons avec nos propres clients. » 99 tenons des réunions mensuelles avec Siemens, pour aborder les aspects quantitatifs et qualitatifs. Les exigences du groupe se sont beaucoup accrues avec le temps, ce dont nous avons profité pour être aujourd’hui à l’état de l’art, notamment en matière de tests, de qualité et de traçabilité. Un audit annuel mesure notre progression : la prochaine étape pour Siemens est de transférer chez nous l’assurance qualité produits. » Ce soutien du groupe s’assortit d’une aide directe à l’élargissement de l’influence de Cequad « Dans le cadre de ses propres marchés, Siemens propage activement notre notoriété auprès des acteurs de son écosystème. Leur succès est notre succès et cela provoque un phénomène d’aspiration qui sert nos objectifs de croissance. Nous souhaitons avant tout élargir la typologie de nos marchés. La coopération avec Siemens a stabilisé notre chiffre d’affaires. Un nouveau grand client de cette envergure permettrait de “ l’invulnérabiliser ”. Par ailleurs, nous aimerions développer d’autres activités au sein du groupe Siemens lui-même, dans le médical par exemple. Cequad fournit aussi de plus petites sociétés, dont l’électronique n’est pas le cœur de métier. Nous souhaitons aussi développer cet axe, forts de nos capacités en études et optimisation des systèmes. Cette dualité nous enrichit en expertises pour le plus grand bénéfice de tous, les petits et les grands clients comme Siemens. » Ᏹ Cequad en bref www.cequad.fr Activité Cequad conçoit, produit et intègre des cartes et des systèmes électroniques de haute qualité. Les sytèmes produits par Cequad sont présents sur tous les continents, dans des domaines aussi exigeants que l’énergie, le transport, le militaire, l’aéronautique, les machines, la mécatronique, le médical, etc. En juillet 2011, Cequad vient de se voir renouveler la certification ISO 9001. Implantation Jugon-les-Lacs (22). Effectif 50 personnes. Export 46 % du CA. Objectif Croissance maîtrisée de 15 % par an, en s’appuyant à la fois sur ses clients existants et le développement de nouveaux clients. Phitech 100 24.2.2012 Philippe LEMAIRE A En 2004, Philippe Lemaire fait le tour des associations qui l’aident à élaborer un cahier des charges. L’association Valentin Haüy, le GIAA (Groupe intellectuel des amblyopes ou aveugles) et la FAF (Fédération des aveugles de France), entre autres, contribuent à la construction d’une solution la plus universelle possible. Elles informent la PME sur la différence des besoins, selon que les personnes ont perdu la vision centrale ou périphérique, selon qu’elles s’expriment plutôt en mètres ou en pas. L’année suivante, la promulgation d’une loi imposant qu’à l’horizon 2015 la France entière devienne accessible à toutes les personnes, quel que soit leur handicap, conforte l’orientation stratégique de Phitech. Actitam est commercialisé en 2007. Le système destiné aux transports se compose de balises, émettant des messages sonores courts audibles par tous, et de développer, conjointement avec Alstom, un système de repérage des portes. Nous traçons notre route dans le ferroviaire, notamment le ferroviaire embarqué. Nous travaillons aussi avec d’autres grands comptes comme la RATP ou Siemens Division Incendie qui commercialise un produit mis au point par Phitech pour aider les handicapés sensoriels à sortir d’un bâtiment en cas de sinistre. Et le champ à explorer est encore vaste car pour le moment, bien qu’il existe aujourd’hui des solutions simples pour que les déficients sensoriels – auditifs ou visuels – soient mieux pris en compte, par exemple à un guichet, trop de grands groupes ou de collectivités identifient encore le handicap au fauteuil roulant. » Ᏹ Emmanuelle KHASSANI PRÉSIDENT FONDATEUR utodidacte revendiqué, Philippe Lemaire, président-fondateur de Phitech, a débuté sa vie professionnelle comme chef d’entreprise, sans jamais plus cesser de l’être. « L’entrepreneuriat est une disposition familiale. Je représente la troisième génération et avant Phitech, j’avais déjà créé deux sociétés. La première fabriquait des meubles de salon. Et puis à 25 ans, j’attrape le virus de l’électronique et je fonde une autre entreprise, développant des solutions innovantes dans le secteur de la carte à puce. En 2003, je m’associe à trois ingénieurs pour lancer Phitech qui, au départ, devait se spécialiser dans les équipements d’appels d’urgence pour les métros. Cette même année, une rencontre sur un quai de métro change ma vie ! Je tente d’aider une personne déficiente visuelle qui avait pour habitude de se repérer en comptant chaque station et qui, ce jour-là, était perdue parce qu’elle avait oublié cette petite gymnastique. En échangeant avec elle, je me rends compte qu’il est assez facile d’apporter des informations aux personnes non voyantes et malvoyantes via la radio. C’est ce hasard qui a déterminé la vocation de Phitech et ce tour du destin était bienvenu car mon métier me rend très heureux. » 101 SNCF RESPONSABLE DU DÉPARTEMENT ACHATS DE LA BRANCHE SNCF VOYAGES de télécommandes dont les détenteurs peuvent recevoir des informations discrètes pour mieux se représenter l’espace. L’équipement des bâtiments est complété par un guidage au sol et des éléments de signalétique en braille. Dans le modèle économique de Phitech, les clients sont les établissements, les collectivités territoriales et les sociétés de transport accueillant le public. Ce sont eux qui achètent les télécommandes, soit pour les distribuer eux-mêmes, soit pour les offrir aux associations. En 2009, l’entreprise envisage de proposer une solution alternative, par le simple téléchargement d’une application permettant à un téléphone portable de reconnaître les balises et d’accéder aux informations discrètes en appuyant sur la touche 5 ou en double-cliquant. Au non voyant de choisir la solution qu’il préfère. L’idée est appréciée par le fonds d’investissement Écomobilité Partenaires de la SNCF qui entre dans le même temps au capital de la PME. « Lors d’un forum à Strasbourg, j’ai saisi la chance de présenter nos travaux à Fabienne Herlaut, la présidente du fonds. Je l’ai convaincue et nous avons concrétisé le projet fin 2009. Cet apport d’argent frais a permis de recruter. Nous avons amélioré notre communication en nous dotant d’un site Internet digne de ce nom. La présence de la SNCF dans notre capital nous a aussi apporté beaucoup de crédibilité. Elle rassure les clients sur la pérennité de notre entreprise. » L’effet est accru d’autant que le grand compte est aussi client de Phitech. « La SNCF joue vraiment le jeu de développer des relations business avec nous. Elle ne fait pas qu’investir, elle est vraiment un partenaire qui accompagne notre croissance. Cela prend un peu de temps, car il nous faut prendre la dimension de ce qu’est un déploiement national, mais va nous permettre de fabriquer à d’autres volumes et d’amortir ainsi nos 2,3 millions d’euros de R&D. Nous sommes passés chez elle de 20 000 euros de commande en 2010 à 250 000 en 2011 et nous avons de bons espoirs de continuer sur cette lancée. Cette proximité avec la SNCF nous a permis « L’accessibilité des personnes à mobilité réduite figure parmi les grands axes de la politique de responsabilité sociétale de la SNCF, au même titre que l’égalité des chances, les actions de prévention et de médiation sociale, l’insertion sociale et professionnelle et la lutte contre l’exclusion. C’est cet engagement fort de notre président et, par là même de toute la SNCF, qui est à l’origine de notre collaboration avec Phitech. Elle porte sur le déploiement de systèmes Actitam, qui améliorent le déplacement des personnes mal voyantes dans nos espaces. Cela concerne les voyageurs, mais aussi les salariés de la SNCF, puisque la lutte contre l’exclusion, autre cause sociétale majeure de notre entreprise, implique d’employer des travailleurs handicapés et de faciliter l’accès à leur environnement de travail. Phitech en bref www.phitech.fr Activité Née en 2003, Phitech réalise des systèmes de guidage à destination de personnes aveugles ou malvoyantes à partir de technologies radio et de communication. À la gamme de produits constituant le système Actitam (balises, télécommandes, applications téléphones portables, bandes de guidage au sol et signalétique en braille), Phitech ajoute une gamme de services, du diagnostic à l’installation, pour accroître l’accessibilité aux espaces de ses clients. Après avoir installé des systèmes dans quelques gares, Phitech vient d’équiper le siège de la branche SNCF Voyages, implanté au CNIT. Le site abrite aussi la mission Accessibilité de la SNCF qui reçoit beaucoup d’associations. Les balises Actitam qui y sont installées sont donc destinées autant aux nombreux visiteurs qu’au personnel déficient visuel de la SNCF. Comment avons-nous découvert Phitech et son offre ? En 2008, la SNCF a mis en place Écomobilité Partenaires, un fonds patient d’une durée d’au moins six ans qui investit dans l’innovation et les entreprises créatives. Phitech faisait partie des six premières entreprises soutenues par ce fonds. Grâce à cette relation, la PME a pu se rapprocher de SNCF Voyages pour lui proposer ses services. Elle a su aligner ses prix sur ceux du marché, grâce à une augmentation de ses volumes de production, et la SNCF a décidé de lui attribuer le dossier à la fin de l’année 2011. L’entreprise s’est montrée très réactive et efficace : les équipements ont été rapidement déployés et sont opérationnels. Autant de qualités dont a fait preuve Phitech lors du déroulement du marché, qui démontrent la pertinence de l’investissement du fonds Écomobilité Partenaires et renforcent la philosophie et les actions de la SNCF dans le domaine du développement durable. » Effectif 12 personnes. Implantation Villers-lès-Nancy(54). Export Nous assurons d’abord notre présence sur le sol national, tout en discutant avec des pays limitrophes avant d’envisager un déploiement sur l’export à partir de 2013. Objectif Nous espérons doubler notre chiffre d’affaires avec la SNCF dans les deux ans qui viennent. Dans le même temps, nous prévoyons de quadrupler notre chiffre d’affaires global. Croissance (CA M€) 15,00 1,5 CA M€ EFFECTIF PART ? 10 1,2 11,25 0,9 7,50 0,6 3,75 0,3 0,00 0,0 7 5 2007 2008 1,5 1,2 0,9 6 5 4 12 0,6 0,3 2005 2006 Part SNCF 2009 Effectif 2010 2011 0,0 Carbox 102 3.1.2012 Benoît CHATELIER, Alexandre CROSBY COFONDATEURS À petite cause, grands effets : la création de Carbox trouve son origine dans un désagrément du quotidien. En 2006, Benoît Chatelier trouve son véhicule personnel entièrement désossé dans son parking à son retour de vacances. Il relate l’anecdote à Alexandre Crosby, un ancien camarade de promotion de l’ESSEC. Tous deux imaginent sur-le-champ un service d’autopartage évitant aux habitants des villes les contraintes et les frais inhérents à la possession d’une voiture. Ils réalisent une étude de marché qui leur enseigne que la France est en retard sur les pays scandinaves, la Suisse, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis, où le service existe déjà. Le concept est validé, mais les deux futurs associés découvrent aussi que la rentabilité des opérateurs d’autopartage grand public se situe à 10 ou 12 ans. « Quand on se lance dans une aventure entrepreneuriale, on cherche une visibilité à plus court terme, précise Benoît Chatelier, directeur du développement. Nous nous sommes rendus compte que les pôles de mobilité les plus importants, notamment en Île-de-France, étaient les entreprises. Les véhicules ne dorment jamais car les salariés peuvent les utiliser pour des besoins de déplacements professionnels, ainsi que le soir et le week-end. C’est ainsi que nous avons inventé la première offre d’autopartage B to B en Europe. » Et pour cause : un véhicule autopartagé peut remplacer jusqu’à six véhicules individuels immobilisés à 95 % du temps dans les parkings, et son coût s’élève à 40 centimes par kilomètre, soit un coût équivalent à l’indemnité kilométrique, et très sensiblement inférieur à celui du taxi (2 euros/km en moyenne pour un taxi). « Nous sommes devenus leaders de l’autopartage en France. Nous avons 300 véhicules en flotte, majoritairement de type urbain, et 18 clients, exclusivement des grands comptes. Nous saluons aujourd’hui Airbus, L’Oréal ou Sodexo, entre autres, pour avoir su mettre de côté le risque de traiter avec une start-up, en se concentrant sur la qualité du service que nous étions susceptibles de développer », poursuit Benoît Chatelier. Carbox 103 Société Générale qu’au tout début, avec des projets de développement de plus grande ampleur. » Une belle réussite qui dynamise encore la fibre innovante de Carbox. « Le 17 novembre 2011, nous avons lancé une nouvelle offre, le Crédit Mobilité. Cette alternative au véhicule de fonction est une enveloppe budgétaire qui pourra être dépensée par le collaborateur pour financer ses besoins de déplacement personnels. Grâce à ce complément de l’autopartage, nous espérons devenir un acteur incontournable de la mobilité en entreprise, en France et à l’international où nous souhaitons nous développer bientôt en accompagnant nos grands clients. » Ᏹ Damien FELD ACHETEUR VOYAGES ET TRANSPORTS TERRESTRES propose une offre différenciée reposant sur une technologie propriétaire élaborée en 2009. « Elle permet la réservation en ligne, l’accès au véhicule par badge et la restitution des informations aux gestionnaires de flotte par tableaux de reporting. Elle est privatisable sur-mesure pour s’adapter aux besoins des entreprises, différents s’il s’agit de desservir une collectivité locale, un site industriel ou un siège social, et à leurs modes de facturation interne. » Autre singularité du modèle Carbox : une hotline internalisée à laquelle l’utilisateur peut recourir via un simple bouton à disposition sur le tableau de bord des véhicules. « Nous tenons beaucoup à la présence de l’équipe dans nos bureaux de Boulogne-Billancourt et nous recrutons régulièrement pour la renforcer. Son retour d’expérience est précieux pour faire évoluer nos process et notre technologie. » L’originalité et les prix du service Carbox séduisent Société Générale, rencontrée en 2009 par l’entremise de la filiale de leasing du groupe ALD Automotive. « Notre parc est financé à 95 % par des locations longue durée et ALD Automotive est un de nos partenaires. À l’issue d’une réunion où la Société Générale a exprimé le besoin de mettre en place un service d’autopartage pour ses tours de La Défense, nous avons monté une offre commercialisée par ALD, opérée par Carbox et baptisée ALD Sharing by CARBOX. Elle est opérationnelle aujourd’hui (cf. encadré). Outre la croissance de notre chiffre d’affaires, ce partenariat avec le groupe Société Générale, à la pointe de nombreux sujets dont le développement durable, nous a conduits à énormément innover. Nous avons intégré les premiers véhicules électriques à notre flotte, dont ils représentent désormais 10 %. Sous son impulsion, nous avons amélioré notre qualité de service et optimisé notre application en réalisant des développements spécifiques pour intégrer les contraintes des grandes banques en matière de sécurisation des bases de données. Enfin, notre notoriété s’est trouvée accrue grâce à des opérations de communication conjointe avec ALD Automotive à destination de la presse spécialisée. Nous n’en sommes « Aujourd’hui, les services étatiques, les groupes du CAC 40 et les PME préfèrent, plutôt que posséder une flotte, louer des véhicules avec des prestations de service – assurance, maintenance, réparations, etc. – à des sociétés de leasing telles ALD. Cette filiale du groupe Société Générale, spécialiste du leasing automobile, est leader sur le marché français, 2e en Europe et 3e dans le monde. Société Générale, qui disposait d’un pool de six véhicules vieillissants à la disposition des 20 000 employés de La Défense, souhaitait faire évoluer cette offre. Elle a exprimé ce besoin à ALD qui nous a mis en relation avec Carbox, experte en nouvelles solutions de mobilité. Carbox en bref www.carboxservices.com Activité Carbox est le leader des solutions d’autopartage et de crédit mobilité pour les entreprises et les collectivités locales. Grâce à une solution technologique développée spécifiquement pour les besoins de ce marché, Carbox peut gérer les véhicules à distance (planning de réservation, accès par badge, opérations d’entretien et de nettoyage), informer le client sur l’état et les utilisations de sa flotte (reporting en ligne, indicateurs qualité etc.) et ainsi proposer la première offre d’autopartage électrique et thermique, 100 % automatisée et externalisée. La valeur ajoutée du service est triple : une meilleure gestion de la mobilité des collaborateurs en entreprise, à moindre coût et à forte valeur ajoutée environnementale. Carbox était une toute jeune société, mais son offre de service était déjà mature. Nous avons seulement eu besoin de l’adapter aux besoins du groupe : en adéquation avec notre politique RSE, nous voulions des véhicules écologiques et Carbox a signé des partenariats avec des constructeurs de véhicules électriques. Nous avons également demandé des optimisations en matière de reporting de données et de gestion des véhicules. À l’automne 2010, nous avons d’abord mis en place une version pilote du service et, après une importante communication interne, nous l’avons déployée en septembre 2011, à l’occasion de la semaine de la mobilité. Les sept véhicules sont directement disponibles dans les parkings des tours Sociétés Générale de La Défense. Nos collaborateurs peuvent réserver en ligne à toute heure et sont très bien guidés avant, grâce à un texto, et pendant l’utilisation de la voiture au moyen d’un boitier qui communique avec la centrale de Carbox. Pas besoin de clés : le véhicule s’ouvre grâce au badge Société Générale. C’est un service de proximité, très flexible et moins cher que l’Autolib, puisqu’il est refacturé au service dont est issu le collaborateur 8 d de l’heure ou 80 d pour une journée, sans abonnement, énergie et assurance comprises. Pour le moment, il est encore un peu tôt pour se prononcer sur les frais de taxi que ce dispositif permet d’économiser, mais nous projetons de le rentabiliser davantage en le proposant dès 2012 en utilisation personnelle, le soir et le week-end. » Effectif 12 personnes. Implantation Boulogne-Billancourt (92). Export Le développement de Carbox à l’export est prévu pour 2012. Objectif Doubler le chiffre d’affaires chaque année. Rester leader sur le marché de l’autopartage et s’imposer comme le principal fournisseur de mobilité pour les entreprises et les collectivités locales. Développer Carbox à l’international. Croissance (CA M€) 14 1500 CA K€ PART SOC GEN EFFECTIF 1200 900 7 600 300 0 4 2 12 6 1500 1200 900 600 300 2008 2009 Part Société Générale 2010 2011 Effectif 0 Yseop 104 21.2.2012 Société Générale Richard HABABOU DIRECTEUR DE L’INNOVATION GROUPE Jean RAUSCHER U « En 2007, lorsque j’ai rejoint les fondateurs, le logiciel fonctionnait, mais seuls des chercheurs pouvaient l’utiliser. Il fallait transformer cette invention, fruit de dix-sept années de recherche d’une équipe de l’ENS de Cachan en innovation… C’est-à-dire en une invention apte à rencontrer son marché. Nous avons notamment œuvré à simplifier l’interface de paramétrage. Notre offre globale comprend trois produits : Yseop Rules, le moteur d’intelligence artificielle que les utilisateurs alimentent facilement en règles métier ; DIGITAL MARKETING MANAGER « La direction du groupe Société Générale a pour visée de devenir la banque de référence en termes de PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL n logiciel qui rédigerait des textes aussi intelligents et structurés qu’un être humain, à la vitesse de milliers de pages par seconde ? Serait-ce de la sorcellerie ? Une victoire par KO de l’intelligence artificielle sur l’esprit humain, dépossédé par la machine de l’apanage dont il est le plus jaloux, à savoir la maîtrise du langage ? Ni l’un ni l’autre… « Notre produit n’est pas destiné à remplacer l’être humain – les métiers de l’écriture comme le journalisme vont continuer à exister –, mais il a pour vocation de démocratiser l’accès à l’expertise (application d’une base de connaissance à un contexte particulier pour produire une réponse individualisée), qui aujourd’hui coûte très cher. Cela bouleverse complètement la façon d’aborder les marchés du service en industrialisant par exemple le conseil à la vente, la relation client ou le marketing individualisé », explique Jean Rauscher, directeur général d’Yseop, société éditrice du logiciel éponyme. Les enjeux d’une telle innovation de rupture avaient de quoi séduire ce serial entrepreneur. Après avoir, en 1998, introduit en bourse son entreprise bostonienne Cyrano Inc., et avoir revendu Sunopsis, sa deuxième société, à Oracle en 2006, les conditions étaient réunies pour investir dans un projet de recherche, virtuellement porteur d’une grande évolution sociétale. Nicolas MONTETAGAUD relation clients, en améliorant de façon permanente la simplicité et la qualité de ses services, explique Yseop Dialog, qui collecte le contexte ou les données manquantes pour les communiquer à Yseop Rules et Yseop Text, le générateur de textes intelligents en langage naturel. » Son fonctionnement ? Jean Rauscher lève volontiers le voile sur la particularité du moteur d’inférence : « Yseop a franchi un cap car les fondateurs ont compris qu’il ne fallait pas séparer le “quoi dire” du ”comment dire”. Technologiquement, cela se traduit par le fait qu’Yseop Rules n’est pas construit autour d’un arbre de décision unique et statique. Celui-ci se crée de façon dynamique à partir des règles – et des exceptions – qui sont rentrées en vrac. Cela explique pourquoi les questions qu’il vous pose ne sont pas prédéfinies. Et c’est le générateur de texte qui va exprimer la logique de raisonnement du moteur d’inférence en langage naturel, car on lui aura enseigné, par exemple, que dans un contexte donné, il peut utiliser tel ou tel mot. » Le résultat ? Une production à grande échelle de diagnostics, comptes-rendus, recommandations ou plans d’actions équivalant à ceux que pourraient rédiger un expert de chair et d’os. Le niveau de compétences convoqué est le même, les documents sont personnalisés et non répétitifs – vous n’obtiendrez jamais deux fois le même texte – et les préconisations d’une rigueur irréprochable. Quant à la clarté et au style, ils n’ont rien à envier, loin de là, à la plume humaine, dès lors qu’il est établi que la licence poétique, nécessaire à un prix Nobel de Littérature, n’est pas pertinente dans cet exercice. Réellement fascinant ! « Pour qu’Yseop prenne sa pleine mesure, il faut avoir un nombre important de documents à produire. C’est pourquoi nous nous sommes immédiatement tournés vers les grands comptes, dont nous avons cherché à rencontrer les directeurs généraux. Parmi eux, Séverin Cabannes, Richard Hababou. C’est pourquoi la direction de l’innovation du groupe s’attache à déployer une innovation ouverte et responsable en jetant des ponts entre les collaborateurs internes, qui peuvent proposer des innovations incrémentales, et un écosystème de partenaires extérieurs qui peuvent nous apporter des innovations de rupture. Celui-ci inclut des pôles de compétitivité, des universités et grandes écoles, ainsi que des organisations comme le Pacte PME, grâce à laquelle nous organisons deux fois par an des opérations de mise en relation avec des TPE et des PME. La coopération du groupe Société Générale avec Yseop s’est nouée dans le cadre de cette démarche. Nous avions exploré cet univers de l’intelligence artificielle mise au service de la relation client et Yseop était la première, et sans doute la seule entreprise, en mesure d’industrialiser une réponse experte, formulée dans un langage à la portée de tous. C’est cette particularité qui nous a amenés à cofinancer un prototype destiné à Boursorama, sous forme d’un questionnaire en ligne, qui est aujourd’hui opérationnel. C’est une expérimentation de ce qui pourrait être mis en ligne sur d’autres sites Internet du groupe, mais 105 directeur général délégué du groupe Société Générale, a immédiatement perçu l’apport révolutionnaire que pouvait représenter notre technologie pour le groupe. Il nous a dirigés vers Richard Hababou, le directeur de l’innovation du groupe, avec lequel nous avons initié deux projets. L’un, réalisé pour le département Stratégies, études et datamining de BDDF, fait parler les chiffres pour générer un benchmark Société Générale sur les marchés de dépôts et de crédits. L’autre est un module de conseil clients en ligne aujourd’hui sur le site de Boursorama Banque. Et nous avons encore ensemble de nombreuses perspectives futures, de grande envergure. Face à notre technologie, le groupe Société Générale s’est montré à la fois audacieux et pragmatique, souligne Jean Rauscher, plus habitué au scepticisme qu’à un tel esprit d’ouverture à l’innovation. Cette collaboration nous a offert la crédibilité, cruciale pour une technologie de rupture et sur laquelle nous capitalisons aujourd’hui pour nous développer. Ainsi, nous avons signé avec une autre grande banque pour un usage différent de notre logiciel, que nous allons déployer sur 12 000 postes de travail à partir de janvier 2012. Autre contrat qui devrait faire monter Yseop en compétences : nous venons de livrer le prototype d’un système de relation client à Blue Link, la filiale d’Air France dédiée à la gestion du programme Flying Blue. À terme, notre logiciel qui se décline actuellement en français, anglais et allemand existera en 26 langues avec l’aide de ce dernier client. » Ᏹ aussi en aide au contact client dans les agences de l’ensemble de notre réseau. Nous travaillons sur plusieurs nouveaux projets transversaux. » « La solution d’Yseop fonctionnait déjà sur le site d’Aramis Auto, un des plus importants vendeurs en ligne de véhicules, ce qui nous a convaincus, reprend Nicolas Montétagaud. Elle a été facile à mettre en place, car sa méthode itérative est très pertinente pour nourrir le moteur d’intelligence artificielle en règles métier. Le questionnaire en ligne a été lancé le 20 juillet sur notre site et affiche déjà des résultats très encourageants. Le conseil personnalisé qu’il génère permet de présenter l’ensemble de notre gamme, plutôt que de renseigner nos prospects sur un produit donné. Nous avons déjà pu constater l’effet positif de ce nouveau service sur les plus hésitants à devenir clients, en facilitant et accélérant leur prise de décision. » Yseop en bref www.yseop.com Activité Yseop est un éditeur de logiciels, détenu par ses fondateurs avec des capitaux 100 % français. Son marché se situe à la confluence de trois spécialités : la relation client, le conseil et la Business Intelligence. Effectif 22 personnes. Implantation Lyon (69) et Paris (75). Objectif Sur les six premiers mois de l’année 2011, la croissance d’Yseop a atteint 325 % (chiffre certifié par un expert-comptable). L’objectif de croissance pour 2012 est de 150 %. 106 9 .2. 20 1 2 Dolphin Intégration STMicroelectronics Cyril COLIN-MADAN DESIGN PLATFORM DIRECTOR Louis ZANGARA DIRECTEUR DE LA STRATÉGIE DES SERVICES U ne autonomie d’une heure, 33 cm pour un poids de 800 grammes… C’était le DynaTAC 8000X, premier vrai téléphone mobile ne nécessitant pas de valise pour le transporter, sorti en 1983. La comparaison avec les 130 grammes moyens et les performances de nos actuels smartphones permet de mesurer l’extrême rapidité à laquelle évolue l’industrie microélectronique. Les fonctions qui exigeaient à elles seules des cartes électroniques sont de plus en plus concentrées sur une seule puce. Dans les années 1970, une puce supportait quelques milliers de transistors contre des centaines de millions aujourd’hui, mutation qui tient à la finesse croissante de la gravure des circuits, évaluée en nanomètres. Fondée en février 1985 par cinq anciens collaborateurs de Thomson-EFCIS (Études et fabrication de circuits intégrés spéciaux), Dolphin Intégration tient son rang dans cette course effrénée à l’innovation. « Nous avons créé cette entreprise pour développer des circuits intégrés fabricables chez divers fournisseurs, précise Louis Zangara, directeur de la stratégie des services de la PME. Ce positionnement sur le service pur faisait de nous des précurseurs car, à cette époque les centres de conception étaient associés à un fabricant unique. À partir de 1988, nous avons lancé aussi nos propres produits. » À ce jour, l’activité de Dolphin Intégration, PME en Bourse depuis 2003 et cotée sur Alternext depuis 2007, est structurée en trois branches. « La première, c’est le service à la demande, notre métier initial. La deuxième rassemble ce que l’on appelle des composants virtuels ou “blocs de propriété intellectuelle”. Il s’agit de sous-ensembles de circuits, utilisables comme des briques dans l’architecture générale d’une puce pour assurer diverses fonctions comme le traitement vidéo, l’émissionréception du son de haute résolution, etc. La troisième concerne la conception de circuits intégrés dits fabless, car fabriqués par nos partenaires, et la vente à des industriels de la Défense, du spatial ou de l’aéronautique. » Le développement de Dolphin Intégration s’est appuyé sur l’étroite relation nouée dès 1987 avec STMicroelectronics, lorsque le groupe, issu de la fusion de la société italienne SGS Microelettronica et de la société française Thomson Semiconducteurs, s’appelait encore SGS-Thomson. « Depuis le début, nous avons travaillé avec STMicroelectronics sur le terrain du service. À certaines périodes, le groupe a représenté environ 30 % de notre chiffre d’affaires. Je peux affirmer que nous avons grandi ensemble, notamment au travers de projets de R&D collaboratifs. » Ces projets entrepris ensemble permettent à Dolphin Intégration de monter en compétences et d’élargir sa gamme de produits. « Par exemple, il y a deux ans, nous avons coopéré sur un développement de SOI (Silicon on insulator) – en français, silicium sur isolant –, une technologie qui permet d’élaborer des transistors micro-ondes performants et d’être en avance d’une génération de puce. STMicroelectronics a profité d’ingénieurs et d’experts supplémentaires aux moments cruciaux, tandis que nous avons pu tester des solutions de propriété intellectuelle que nous souhaitions vendre sur le marché. Ce qui aurait été trop cher pour nous sans cette collaboration car les masques de fabrication nécessaires coûtent plus d’un million de dollars. Cette collaboration est emblématique du caractère gagnant-gagnant de notre relation ». Celle-ci va plus loin et s’enracine aussi dans des valeurs convergentes et des souhaits communs pour le rayonnement du bassin de GrenobleCrolles, cœur de l’industrie microélectronique en France. « Je suis président bénévole du conseil de Phelma, la plus grande des six écoles d’ingénieurs du groupe Grenoble INP, précise Louis Zangara. Elle accueille 1 200 étudiants et chaque année, 400 ingénieurs en sortent et viennent renforcer les rangs « La coopération entre Dolphin Intégration et STMicroelectronics est de longue date et fructueuse. Elle est liée de près au développement de l’industrie microélectronique dans le bassin grenoblois qui s’est accéléré au cours des années 1990 afin de concentrer toutes les compétences nécessaires pour figurer au meilleur niveau international. À cette époque, une vingtaine d’industriels dans le monde étaient en capacité d’innover. À ce jour, STMicroelectronics est le dernier en Europe à pouvoir concurrencer les Taiwanais, les Coréens ou les Américains et notre collaboration avec Dolphin Intégration y contribue. Comment ? Parce que ce partenariat est multidimensionnel. D’abord, il existe une solide relation client-fournisseur sur un modèle certes classique, mais nécessaire. Par ailleurs, nous participons ensemble à un grand nombre de projets de R&D, un peu comme nous le faisons avec le CEA-LETI. Les moyens, les volumes et les méthodes sont différents, mais grâce à la flexibilité et à l’agilité de Dolphin Intégration, les deux démarches sont complémentaires. Par exemple, nous coopérons dans le projet Dynamic ULP, pour une innovation qui conditionne le grand projet différenciant qu’est pour STMicroelectronics le 28 nanomètre FD SOI. Enfin, nous unissons nos forces pour contribuer à la vie et à la santé de l’écosystème local. À ce titre, Dolphin Intégration et STMicroelectronics sont très impliqués dans l’élaboration des programmes éducatifs des écoles d’ingénieurs. Malgré la différence de tailles, il existe une authentique parité entre Dolphin Intégration et STMicroelectronics. Nous nous rejoignons sur une vision d’avenir. Si l’écosystème est vivace, s’il permet de produire plus d’innovation que le reste du monde et de gagner en vélocité de développement et de time to market, alors en conséquence, la raison de s’adresser à des entreprises dans des pays low cost plutôt qu’à des PME locales disparaîtra, car le prix ne sera plus un coût, mais une valeur pour l’industrie. » 107 des entreprises de notre écosystème. Dolphin Intégration fait aussi partie du cercle de PME de Minalogic, le pôle de compétitivité micro-nano, et participe à sa gouvernance. Nous partageons avec STMicroelectronics les mêmes objectifs de création de richesse et d’emplois dans cette région. » Ce partenariat très vivant pourrait prendre bientôt une nouvelle dimension. « Nous réfléchissons actuellement à un accord qui nous placerait dans le rôle d’interface auprès des équipementiers ou des avionneurs. Sur ces marchés de niche à très long terme, impliquant de petites quantités, nous ne concurrençons pas les grands fabricants comme STMicroelectronics ou Texas Instruments. Dès lors que nous vendons des circuits intégrés pour l’A380, et il ne s’agit que de quelques milliers d’unités par an, un avion représente environ dix ans de conception, trente ans de fabrication et un besoin en pièces détachées pendant vingt ans encore, ce qui a un grand intérêt pour nous. En mutualisant les besoins de ces clients et en faisant l’adaptation des puces pour des applications critiques, nous pourrions leur vendre les produits de STMicroelectronics, au bénéfice de nos deux entreprises. » Ᏹ Dolphin intégration en bref www.dolphin.fr Activité Dolphin Intégration est une entreprise de conception en microélectronique, née en 1985, exportatrice de circuits intégrés et de composants dits virtuels pour fabrication à grand volume. Son catalogue, incluant des microprocesseurs, des bibliothèques de cellules standard et de générateurs de mémoires embarquées, ainsi que des composants convertisseurs pour la mesure et le traitement du son haute résolution, trouve ses principales applications dans les téléphones portables, le matériel médical, l’aéronautique, etc. Dolphin Intégration propose aussi des services de conception à la demande. Effectif 190 personnes. Implantation Meylan (38), Duisburg (Allemagne), Montréal (Canada) et Netanya (Israël). Export : 60 % du chiffre d’affaires. 3D-plus 108 6 .3 .20 1 2 109 Thales deux ans. Nous travaillons avec Thales Com sur la miniaturisation d’une partie de leur nouveau poste télécom. C’est un projet fantastique, très complexe, né d’une rencontre organisée par Thales et le Pacte PME. Les exigences de Thales nous ont conduits à mener une réflexion sur l’optimisation technicoéconomique de notre nouvelle technologie WDoD fondée sur l’empilage de wafers reconstitués bons. Nous l’avons combinée avec l’ancienne MCM-V qui utilise un support en circuit imprimé afin d’assurer une meilleure intégrité du signal pour les signaux à 2 GhZ issus du processeur. Cette montée en compétences, soutenue par la subvention RAPID, n’est pas le seul bénéfice que 3D-Plus tire de cette collaboration. Elle nous fait entrer par la bonne porte dans le secteur de la Défense, où nous figurions peu jusqu’alors. De plus, lorsque le codéveloppement aura abouti, nous envisageons avec l’accord de Thales de proposer au fabricant des puces d’industrialiser pour lui cette solution, ce qui nous ouvrirait de nouveaux marchés. Enfin, nous cheminons également au sein du groupe Thales. Nous avons ensemble plusieurs projets, dont l’un porte sur les radars. » Ᏹ Alain MONJAUX DIRECTEUR DE LA RELATION FOURNISSEURS Christian VAL FONDATEUR I ngénieur diplômé de l’École nationale supérieure de céramique industrielle de Sèvres, auteur d’une thèse de doctorat sur la physique des matériaux effectuée au CEA/Saclay, Christian Val a voué sa vie à la recherche et au développement, ainsi qu’à l’invention… Mais bien loin d’avoir eu, comme l’illustre céramiste Bernard Palissy, à brûler « les tables et le plancher de sa maison » pour mener à bien ses recherches, l’homme aux cent brevets a construit une belle PME qui fait vivre aujourd’hui 110 salariés et exporte dans le monde entier. En 1996, après avoir passé 25 ans chez Thomson-CSF (aujourd’hui Thales), Chistian Val quitte le groupe avec la technologie du 3D-Plus développée en son sein, suivi par deux collègues, Pierre Maurice et Michel Leroy. « Le départ s’est effectué en bonne intelligence. Il s’agissait d’une externalisation et non d’un essaimage, car nous partions sans promesse de commandes. Et d’ailleurs, nous préférions cette solution, facteur de dynamisme pour une jeune entreprise. Le groupe a pris 20 % du capital de l’entreprise, via Thomson Venture Capital, et nous a accordé une licence gratuite des brevets pendant trois ans. À l’issue de cette période, nous aurions pu payer des redevances, mais nos investisseurs nous ont incités à acheter les huit brevets qui constituaient à l’époque notre portefeuille brevet sur le 3D, qui aujourd’hui en compte vingt-cinq. » Le premier concept MCM-V (Multichip Module Vertical), la technologie propriétaire de 3D-Plus, permettait d’empiler tous les types de composants électroniques dans un cube de résine pour réduire l’encombrement et le poids des modules. Autre atout : elle réduisait les parasites. Cette miniaturisation, spectaculaire et performante, est particulièrement compétitive dans les domaines où les contraintes d’encombrement sont très élevées. « Nous pensions, avec Pierre Maurice, nous diriger d’abord vers la Défense, mais la première commande est venue du spatial et c’est là que nous avons creusé notre sillon, ce dont nous sommes très satisfaits. Notre technologie est très robuste et progressivement, toutes les agences spatiales du monde nous ont évalués ou qualifiés: le CNES, l’ESA, mais aussi la NASA, les agences japonaise, chinoise et indienne… Aujourd’hui, nous vendons 85 % de nos produits sur catalogue à des clients certains de ne courir aucun risque, car près de 50 000 modules de 3D-Plus volent ou ont volé dans des satellites sans jamais connaître la moindre défaillance. » À partir de 2004, 3D-Plus – qui s’est donnée pour principe de toujours disposer d’une R&D puissante – se lance dans le développement d’une nouvelle technologie WDoD (Wirefree Die on Die). Il va durer huit ans. Il s’agit cette fois d’empiler des wafers – et non plus des boîtiers – ce qui réduit la taille des systèmes d’un facteur pouvant aller jusqu’à 20. « Nous pourrons nous positionner dans le domaine médical, grâce à notre technologie qui pourrait permettre de fabriquer des pacemakers de 0,5 cm3 au lieu de 8 cm3 actuellement, positionnables à même le cœur. Nous réalisons un chiffre d’affaires en forte croissance depuis de nombreuses années dans le domaine du spatial, mais nous ne pourrons pas multiplier facilement notre chiffre d’affaires par dix, par exemple, ce qui sera possible avec le secteur médical dès lors que nous serons qualifiés, ce qui est long. Nous appliquons d’ailleurs la même stratégie que pour la pénétration du domaine spatial : obtenir d’abord cette reconnaissance des premières plus grosses sociétés du domaine médical. Les autres suivront. » Grâce à cette nouvelle technologie, la PME trace aussi sa voie dans le domaine de la Défense avec un projet RAPID de la DGA obtenu avec Zodiac en 2009, en phase d’achèvement et un second baptisé Modern avec Thales, qui a débuté en 2011. « La mise en œuvre est vraiment aussi rapide que son nom l’indique : elle ne prend que six mois, ce qui est peu au regard d’un projet européen qui peut prendre jusqu’à « La démarche d’innovation ouverte de Thales se concrétise notamment par l’organisation de journées thématiques, conjointement avec le Pacte PME. Les trois rencontres qui ont déjà eu lieu – Radiotech, Optrotech et Sécuritech – ont débuté par l’expression d’une ambition de Thales, traduite en besoins technologiques – devant un parterre de PME, constitué par certains de nos fournisseurs pertinents que viennent compléter des entreprises préalablement sélectionnées parmi les PME inscrites au Pacte PME. À cette assemblée plénière se succèdent les présentations des réponses des entreprises aux besoins exprimés. L’analyse de ces réponses, selon des critères d’innovation, débouche sur la planification de rencontres bilatérales avec un certain nombre de PME permettant d’envisager des projets collaboratifs. Notre coopération avec 3D-Plus, qui fait de l’assemblage de puces actives en trois dimensions, est l’un des fruits de la journée Radiotech. L’ambition de Thales consistait à définir les contours de la radio du futur pour des applications militaire et civile. Elle était exprimée, sans spécifications trop précises pour laisser place à l’innovation, autour de trois fonctions : l’antenne, l’émission/réception et le modem. Cela a donné à 3D-Plus l’occasion d’exposer à notre Direction technique une réponse réellement innovante à notre exigence de miniaturisation. À l’issue d’un débat ouvert et itératif, la PME a donc été retenue pour participer au projet de codéveloppement Modern, lancé au milieu de l’année 2011 pour une durée de 24 mois. En raison de son caractère dual, Modern a bénéficié d’un financement RAPID de la DGA. Il s’assortit d’un “consortium agreement” qui permettra à 3D-Plus la promotion des résultats vers d’autres marchés, tandis que Thales en retirera des avantages compétitifs conséquents à l’égard de la concurrence mondiale. » 3d-plus en bref www.3D-plus.com Activité Spécialiste mondial de la miniaturisation des composants électroniques, 3D-Plus, grâce à sa technologie brevetée d’empilage de composants EPIC, propose un catalogue de solutions très performantes et fiables aux secteurs de l’industrie, des télécommunications, de la sécurité et de la Défense, ainsi que du spatial. 3D-plus est détentrice de 25 brevets et certifiée ISO 9001. Effectif 110 personnes. Implantation Buc(77) et McKinney (USA). 3D-Plus est aussi représentée commercialement en Allemagne, en Espagne, en Grèce, en Italie, au Royaume-Uni, en Russie, en Suède et en Turquie. Export 90 % du chiffre d’affaires. 130 30 Croissance (CA M€) CA M€ PART THALES 25 105 20 15 80 10 55 5 30 0 52 2005 53 52 2007 2008 45 2006 EFFECTIF 110 73 81 30 25 20 15 10 5 Part Thales 2009 Effectif 2010 2011 0 Goupil Industrie 110 20.7.20 1 1 111 UGAP avec le grand compte. « Nous innovons pour tous les clients, publics et privés. Mais nos interlocuteurs sont diffus. En relayant les réactions à notre offre, ainsi que les besoins exprimés, l’UGAP nous permet de nous positionner, met en valeur nos innovations et nous aide à les promouvoir. Par ailleurs, être titulaire d’un marché sur trois ans nous offre de la visibilité. » L’enjeu est de taille, puisque sur la centaine de salariés de Goupil Industrie, une dizaine est affectée au bureau d’études. L’entreprise, qui propose désormais une nouvelle gamme de G3 avec plus de vingt options et de nombreux aménagements pour des usages de toute nature, vient également de lancer le G5, un véhicule électrique bi-mode hybride, dont le développement a coûté trois millions d’euros. Marc THIERCELIN DIRECTEUR ADJOINT « La loi sur l’air de 1996 indiquait que les collectivités publiques devaient renouveler, à hauteur de 20 %, leur parc de véhicules légers avec des véhicules électriques ou utilisant des carburants alternatifs. Au début des années 2000, nous avons vu émerger une offre française dans le domaine des véhicules légers à motorisation électrique, notamment des petits utilitaires, et en 2004, nous avons souhaité devancer les besoins et les inscrire au catalogue de l’UGAP. Pascal DUCLOS PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL E n 1996, Pascal Duclos, ingénieur électrotechnique spécialisé dans la commande des moteurs électriques, quitte Schneider Electric pour se lancer, avec Thierry Zerbato, dans le véhicule électrique. La nouvelle TPE tente d’abord, sans grand succès, d’importer de petits utilitaires des États-Unis. En 2001, les deux associés conçoivent un véhicule proche du G3, l’un des modèles phares de la gamme actuelle. L’utilitaire, initialement destiné à l’industrie, rencontre plutôt son marché auprès des municipalités, en quête de véhicules pour leurs espaces verts et la propreté. Goupil Industrie décide de tourner sa politique commerciale en direction des collectivités territoriales et, en 2004, elle remporte son premier marché avec l’UGAP. « C’était enthousiasmant, se souvient Pascal Duclos. La démarche de l’UGAP est d’identifier des produits intéressants et, dans le cas des véhicules électriques, elle s’était positionnée en avance de phase. Elle a créé le marché et, pour faciliter l’accès à ces produits de ses propres clients, a joué sur l’effet de volume pour obtenir des gains de prix. Nous avons tout de suite adhéré à ce mécanisme qui nous offrait une réputation et une formidable opportunité de nous développer. » Goupil, qui vendait une centaine de véhicules en 2004, en a commercialisé 1 050 en 2010, dont 700 en France. Outre la référence que constitue, pour l’ensemble des autres clients de Goupil Industrie, le fait d’être détenteur exclusif du marché de l’UGAP sur les véhicules de servitude électriques, Pascal Duclos souligne le rôle de facilitateur joué par ce grand compte. « Les marchés des municipalités sont compliqués. Les villes commencent souvent par acheter un véhicule pour essayer et le faire via le catalogue de l’UGAP simplifie beaucoup leur démarche. Nous profitons de la notoriété que nous procurent les démonstrations de véhicules organisées par l’UGAP, nous avons sept commerciaux en France qui travaillent en parallèle de leurs équipes. Cependant, nous canalisons 70 % de nos clients publics vers eux. C’est un choix stratégique de notre part, même s’il nous rend partiellement dépendants. Partiellement, car le secteur public ne représente que 50 % de notre chiffre d’affaires en France. » Autre point important aux yeux de Pascal Duclos : l’aiguillon en matière d’innovation que représente le renouvellement régulier des marchés de l’UGAP, imposé par le Code des marchés publics, et le caractère structurant de la collaboration Goupil Industries a remporté le lot « Véhicules de servitude » avec les atouts qui sont toujours les siens : des véhicules très compacts, maniables, fiables et des coûts très maîtrisés. Et surtout, une multitude d’équipements qui ont convaincu aussi bien les hôpitaux que l’armée ou les collectivités locales. C’est important pour l’UGAP qui ne se contente pas de référencer des fournisseurs, mais revend aussi à des clients publics, apportant ainsi une réponse à leurs besoins et usages. « Nous sommes en phase de conquête, conclut Pascal Duclos. Un de nos objectifs est de nous développer en Europe. Depuis quelques années, nous affichons en moyenne 40 % de croissance annuelle et nous prévoyons de maintenir ce rythme au cours des trois années à venir. L’UGAP fait pleinement partie de ces leviers de croissance, même si ce n’est pas le seul. » Ᏹ Pendant la durée des marchés, nos intérêts et ceux de nos fournisseurs sont conjoints, dès lors que pour le produit ou la prestation objet du marché ils sont notre fournisseur exclusif. Goupil Industries qui, après ce premier marché en 2004 en a remporté deux autres en 2006 et 2009, dispose d’un point de facturation unique et peut se concentrer sur la promotion de son produit plutôt que de remplir des dossiers d’appels d’offres. L’UGAP bénéficie du renfort des équipes de Goupil Industries pour vendre ce produit très technique. C’est un fournisseur idéal : non seulement les relations sont bonnes et les litiges absents, mais c’est aussi une entreprise dynamique qui, en allant chercher d’autres clients, se rend toujours plus indépendante et présente donc moins de risques. » Goupil Industrie en bref www.goupil-industrie.com Activité Goupil Industrie – PME 100 % française – conçoit, fabrique et distribue des véhicules utilitaires à motorisation électrique pour les villes (40 %), l’industrie (16 %), les loisirs (13 %), les prestataires (18 %), la Défense (8 %) et les aéroports (2 %). Effectif 100 personnes. Implantation Bourran (47). Export 30 % du CA Objectif Réaliser 60 M5 de chiffre d’affaires en 2015 Croissance (CA M€) 120,0 30 CA M€ EFFECTIF PART CEA 100 25 92,5 20 65,0 15 10 37,5 5 10,0 0 20 2005 26 31 2006 2007 Part UGAP 47 30 25 20 55 15 10 5 2008 Effectif 2009 2010 0 Majencia 112 20.7.20 1 1 113 UGAP acquise au contact direct des clients et utilisateurs finaux, dans le domaine privé ou publics. » Murielle BOULLET Ce dialogue sur les produits et les services se double d’une véritable complémentarité sur le plan commercial. « Notre réseau interne d’agences régionales, unique dans notre métier, est en adéquation avec celui de l’UGAP, qui sollicite parfois nos équipes locales pour leur expertise en matière d’aménagement des espaces, de configuration et d’implantation. Par ailleurs, nos commerciaux adressent eux-mêmes des clients publics, comme des municipalités ou des collectivités territoriales, qui n’ont pas forcément le réflexe UGAP. Nous leur expliquons qu’au travers de notre offre au sein du catalogue UGAP, ils auront accès aux mêmes produits sans se lancer dans le parcours complexe des appels d’offres. Ainsi nous optimisons l’action de nos forces de vente, plutôt que de vendre en direct, même avec une meilleure marge. Cette coopération entre l’UGAP et Majencia, pour orienter nos clients respectifs afin qu’ils deviennent des clients communs, est très positive et nous fait progresser ensemble. » Ᏹ CHEF DU DÉPARTEMENT ACHATS MOBILIERS DE BUREAU ET MOBILIER COLLECTIF « Nos clients ne se contentent plus d’acheter un produit. Ils veulent le service en plus. Travailler avec des acteurs comme Majencia, qui ne candidatent que sur les marchés pour lesquels ils ont la certitude de pouvoir fournir des produits de qualité associés à un excellent service, c’est l’assurance d’obtenir les deux. Outre la qualité de ses produits, Majencia assure aussi une qualité d’exécution irréprochable : des livraisons à date, un montage du mobilier sans défaut, une équipe suffisamment nombreuse dédiée au suivi des commandes et à l’après-vente, une résolution rapide des éventuels litiges, mais également une bonne couverture géographique commerciale et des showrooms permettant aux clients ou à notre réseau de voir les produits le cas échéant. La présence effective et efficace de son réseau commercial auprès du nôtre est fondamentale dans la réussite de notre coopération. Vincent GRUAU PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL E n 2009, la société Samas France, née du regroupement de Ronéo et Sansen, acteurs majeurs sur le marché du mobilier de bureau nés au début du 20e siècle, décide de se rebaptiser Majencia. Ce renouveau de l’entreprise marque la fin d’une période de difficultés qui a débuté au tournant du siècle. Face à la contraction du marché de 30 % constatée entre 2000 et 2004, le choix de délocaliser en Chine dès l’année 2000 n’a pas constitué une réponse efficace. Fin 2004, l’entreprise est exsangue lorsque Vincent Gruau, précédemment directeur général d’une filiale de Thales, en reprend les rênes. Réorganisation commerciale et logistique, relocalisation dans l’Hexagone, accent mis sur l’innovation en matière de design, de fonctionnalité et de solution de matériaux respectueux de l’environnement… Et enfin rachat de la société par ses dirigeants en 2008. L’ETI retrouve son indépendance. Acteur en croissance d’un marché en décroissance, Majencia égale presque à fin 2010 les performances du leader du marché. Les mesures prises pour conduire ce redressement spectaculaire donnent aussi l’occasion de renforcer les liens avec les clients de longue date, en particulier avec l’UGAP dont le catalogue propose des produits Majencia depuis les années 80. « Nous sommes aujourd’hui le premier fournisseur de mobilier de bureau de l’UGAP, constate Vincent Gruau. Vers 2005, une orientation de l’UGAP très axée sur les prix l’avait conduite à préférer un fournisseur étranger. Or, les marges que nous devions atteindre pour garantir la pérennité de notre entreprise ne nous permettaient pas de nous aligner. Mais l’expérience décevante avec notre concurrent a permis à l’UGAP de prendre conscience de notre valeur ajoutée et sa politique d’achats a évolué. Nos relations ont repris dès 2006, plus solides qu’avant. Depuis 2008, l’UGAP est, selon les années, notre 2e ou 3e client, ce qui a fortement contribué à établir notre position sur le marché. » Bien que le Code des marchés public impose le renouvellement régulier des marchés, qui se traduit par de nouvelles mises à concurrence, Vincent Gruau décrit la relation entre Majencia et l’UGAP comme un véritable partenariat. « Moteur permanent de notre capacité à innover, il nous permet aussi d’alimenter l’UGAP, pour l’évolution de son offre, par l’expérience Par ailleurs, Majencia innove en répondant aux contraintes d’espace des clients de l’UGAP et en soignant les conditions de bien-être de l’utilisateur final, ainsi que l’esthétique des équipements. D’autre part, Majencia se positionne en outre sur le développement durable et, même si l’industrie du mobilier de bureau ne peut pas être totalement verte, nous valorisons la dimension environnementale dans nos appels d’offres. Majencia en bref www.majencia.com Activité Fabrication et distribution de mobilier de bureau. Aménagement d’espaces tertiaires. Effectif 759 personnes. Enfin, Majencia a rapatrié depuis 2006 la totalité de la production dans ses différentes usines françaises. Pour l’UGAP, centrale d’achats œuvrant pour le compte de l’État et des collectivités locales, il est également important de faire travailler notre tissu industriel. » Implantation Au siège social, domicilié à Saint-Cloud (92), s’ajoutent trois usines qui emploient 171 salariés à Noyon (60), 121 à Guise (02),72 à Bressuire (79), ainsi que 13 agences commerciales. Export 1 % du CA. Objectif 5 % pour l’année 2011. Croissance (CA M€) 120 800 CA M€ EFFECTIF PART ugap 759 110 100 90 710 110 100 714 90 80 80 70 650 60 120 70 2008 Part UGAP 2009 Effectif 2010 60 Pacte PME 32, rue des Jeûneurs - 75002 Paris Standard : +33 1 44 88 93 33 Fax : +33 9 55 88 01 31 E-mail : [email protected]