Pékin doute de la solvabilité de Brazzaville

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Pékin doute de la solvabilité de Brazzaville
Pékin doute de la solvabilité de Brazzaville
Écrit par Serge Michel
Mardi, 02 Février 2016 11:55 - Mis à jour Mardi, 02 Février 2016 12:06
Le robinet chinois est-il en train de se fermer pour Brazzaville ? Selon des documents auxquels
Le Monde Afrique a eu accès, la compagnie d’Etat chinoise de garantie des exportations
rechigne à valider une demande de prêt émise à l’été 2015 par la République du Congo auprès
de la banque d’import-export de Chine, Exim Bank. L’hésitation de la Sinosure, le principal
organisme public d’assurance-crédit chinois à l’export contre les risques de non-paiement, est
liée à la baisse des cours du pétrole et à des doutes sur les capacités de remboursement de
Brazzaville. Une information que personne au ministère de l’économie, des finances et du
budget n’a voulu commenter.
Plusieurs grands chantiers sont en cours de réalisation par des entreprises chinoises. Après le
barrage d’Imboulou et de nombreux bâtiments publics comme l’aéroport de Brazzaville, le
ministère des affaires etrnères ou le siège de la télévision nationale, les principaux projets
actuels sont la route nationale reliant Pointe-Noire à Brazzaville, le barrage de Liouesso. Sans
compter les opérations à venir, comme le chemin de fer Congo-Océan ou le port minéralier de
Pointe-Noire. En dehors des prêts, le plus souvent garantis par des ventes futures de pétrole,
plus de 1,5 milliard de dollars (1,37 milliard d’euros) a été investi par Pékin au Congo depuis
2006, alors que les échanges entre les deux pays sont passés de 290 millions de dollars en
2002 à 5,8 milliards de dollars en 2013, en grande partie de l’or noir.
Un problème pour le « grand bâtisseur » ?
Pour le président Denis Sassou-Nguesso, la Chine est ainsi devenue un véritable « partenaire
stratégique » grâce à trois structures chinoises de financement des exportations : Exim Bank, la
Banque de développement et Sinosure. Or, depuis un an, plusieurs entreprises chinoises de
BTP actives au Congo ont été contraintes de ralentir ou d’interrompre leurs chantiers en raison
de l’arrêt du paiement de leurs factures. Et, cette fois, Pékin ne semble pas disposé à éffacer
l’ardoise, pas plus au Congo qu’en Sierra-Léone, où les autorités chinoises ont revu
drastiquement leurs engagements en raison de la chute des prix du minerai de fer.
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Écrit par Serge Michel
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A moins de deux mois d’une élection lors de laquelle Denis Sassou-Nguesso va briguer un
nouveau mandat, après trente et un ans au pouvoir, ces difficultés de trésorerie pourraienttenir
l’image de celui qui se présente en « grand bâtisseur ».
C’est à l’automne 2015 que les Congolais ont pris connaissance, avec inquiétude, des
réticences de Sinosure. L’aide budgétaire sollicitée devait justement permettre à Brazzaville de
payer des dettes déjà dues à des sociétés chinoises. Des rencontres ont eu lieu lors du grand
sommet sino-africain de Johannesburg en décembre 2015, qui n’auraient pas apporté le
résultat escompté. Les discussions se poursuivent au niveau diplomatique : mi-janvier, Lin
Song Tian, le « Monsieur Afrique » des affaires étrangères chinoises, était à Brazzaville pour
évoquer les suites du sommet de Johannesburg et preparer le sommet suivant, à Pékin en
2018.
Les réticences de Sinosure ne semblent pourtant pas rédhibitoires. En octobre 2015 a été en
effet annoncé à Brazzaville l'ouverture d'une Banque sino-congolaise pour l'Afrique , en
partenariat avec l’Agricultural Bank of China. Par ailleurs, le Zimbabwe serait sur le point
d’obtenir un nouveau prêt chinois dans le secteur minier, alors qu’un précédent lui avait été
refusé en juin 2014 par Sinosure à cause de risques politiques et d’une dette de 60 millions de
dollars non réglée. C’est en Libye que la compagnie d’assurance a fait face aux plus grosses
demandes de couverture. Au moment de la chute du régime de Kadhafi, en 2011, treize
entreprises chinoises actives dans le pays avaient fait valoir des pertes de plus d’un milliard de
dollars.
Serge Michel
Source: http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/02/02/quand-pekin-doute-de-la-solvabilite-de-b
razzaville_4857872_3212.html
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