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Site d’information sur les composants et la composition de produits alimentaires et cosmétiques
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Allergologues
Les congrès se suivent et ne se ressemblent pas … Si nos
dernières newsletters traitaient essentiellement d’allergie
alimentaire, celle-ci vous emmènera dans l’univers
complexe et parfois surprenant des allergènes de contact,
grâce au Docteur Anne Grange, dermato-allergologue :
elle était présente au GERDA qui s’est récemment tenu
Novembre 2011
à Montpellier et nous fait l’amitié de nous en rapporter
quelques points importants. De l’arbre à thé aux tensioactifs, en passant par le résumé d’une conférence relative
à la polémique suscitée par les parabènes, nous vous
souhaitons une bonne lecture, en attendant de vous
retrouver sur www.eassafe.com.
FOCUS
Les ingrédients dit « naturels » ne sont pas dénués de risques,
en particulier allergiques. Il faut donc aussi s’en méfier et en chercher l’utilisation, parfois cachée dans les habitudes !
Quelques exemples concrets parmi les produits
de sécrétions des insectes :
La Propolis est une résine jaune à brune fabriquée
par les abeilles à partir de substances résineuses,
principalement les bourgeons de peuplier. Elle sert à
assurer l’étanchéité des alvéoles des ruches.
Utilisée dans des cosmétiques dits naturels et en
médecine douce, elle peut être responsable d’eczéma
de contact avec une très franche augmentation
de fréquence, conduisant au taux actuel de 2 à
6% dans les dernières études en Europe. Il s’agit
du 2ème allergène en fréquence après le nickel chez les
enfants en Grande Bretagne. Elle peut rentrer dans
la composition de tout type de cosmétiques, rincés
ou non , en médecine « naturelle », mais on la trouve
également en dentisterie, cordonnerie, dans les bois
vernis d’instruments de musique (vernis à l’huile de
lin) et bien sûr chez les apiculteurs et amateurs de
produits de la ruche.
Elle doit être testée à 10% dans la vaseline.
Les allergènes principaux sont identifiés : il s’agit d’esters
de l’acide caféique . Un test positif au Baume du Pérou
est trouvé dans un tiers des cas ; une sensibilisation au
farnésol peut également être retrouvée.
A ne pas confondre avec la cire d’abeille (« cera
alba » ou « bee wax »), à laquelle les eczémas de
contact sont très rares. De faux cas d’eczéma à la cire
sont en fait liés à la propolis pouvant contaminer la cire.
Deuxième exemple à connaitre, le shellac (ou gomme
laque) est une résine secrétée par des cochenilles
parasitant des arbres en Asie du sud est. Il est utilisé
dans de nombreux cosmétiques : laque capillaire,
mascara, vernis à ongles, produits pour lèvres...
Une vingtaine de cas d’eczéma de contact est publiée,
en particulier sur les lèvres et les paupières. Il peut
aussi être retrouvé dans l’enrobage de médicaments,
en dentisterie, dans les bonbons, comme brillant des
pommes, du vernis de bois…
… mais aussi des produits d’origine végétale :
L’huile de l’arbre à Thé (Tea tree oil) n’a aucun lien
avec la boisson préférée de nos amis anglais ! Il s’agit
d’une huile essentielle tirée de la distillation à chaud
des feuilles d’un arbre natif d’Australie : Melaleuca
alternifolia (famille des Myrtacées). Ses vertus
médicinales sont multiples : anti-inflammatoire,
anti-infectieux... Elle est malheureusement aussi
allergisante, avec des eczémas de contact, des
allergies de contact systémiques en cas d’ingestion,
et même quelques formes sévères à type d’érythème
polymorphe. Une étude rétrospective australienne
récente rapporte un taux de sensibilisation de
1,8%. Aux USA et en Europe, le taux varie entre
0,5 et 1,1%. Les allergènes connus appartiennent
à la famille des terpènes. Une association (ou réaction
croisée?) avec le Baume du Pérou, le Fragrance
mix, la colophane ou l’essence de térébenthine
est fréquente.
Les huiles végétales sont à la mode. Elles sont obtenues
par pression des graines. L’huile de nigelle (Nigella
sativa) est parfois appelée « cumin ou sésame noir ».
Des cas d’eczémas de contact sont publiés depuis
1997 ainsi qu’une forme sévère à type de syndrome
de Stevens Johnson après ingestion. Plus récemment,
l’huile de neem (margousier) a été impliquée dans un
cas d’eczéma de contact.
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Novembre 2011
Les Parabens : danger ou campagne de pub ?
Résumé d’une conférence très instructive.
Les parabens (méthyl, éthyl, propyl et butyl-parabens)
sont des esters de l’acide hydroxybenzoïque.
Largement utilisés depuis 1930 dans l’industrie
alimentaire
(E214-219,
pâtisserie,
conserves,
confiture…), en pharmacologie et cosmétologie, ils font
partie de la liste d’une quarantaine de conservateurs
autorisés dans les cosmétiques. Ils sont très appréciés
car ils sont sans odeur ni saveur, efficaces, non
irritants, reconnus jusqu’à présent comme non toxiques
et non carcinogènes ; ils ne s’accumulent pas dans
l’organisme. Enfin, leur pouvoir sensibilisant reste
faible (< 2% en général et autour de 3% chez les
patients avec ulcères de jambe), comparé à d’autres
conservateurs de cosmétiques (par exemple Kathon
CG, Dibromodicyanobutane…).
Pourtant les parabens ont depuis peu mauvaise presse :
ils ont été accusés de favoriser des cancers du sein chez
les femmes utilisant des déodorants en contenant ou
de provoquer des troubles hormonaux chez les jeunes
garçons. Qu’en est-il réellement ?
Concernant le cancer du sein, la suspicion est venue
d’un article médical (Darbre, J Appl Toxicol 2004), et
a été élargie par un article grand public du mensuel
« Que Choisir » (Sokolsky : « Cosmétiques, l’envers
du décor » 2005) établissant un lien. Deux arguments
étaient avancés : la présence de parabens dans les
tissus cancéreux et la fréquence préférentielle des
cancers dans le quart supéro-externe du sein. Par
ailleurs, quelques études in vitro montreraient l’action
œstrogénique de l’éthyl- et du butylparaben.
Cependant, il existe beaucoup d’arguments contre
cette hypothèse : l’article accusateur initial présente
des faiblesses (en particulier l’absence de dosages
comparatifs dans les tissus sains), le pouvoir
œstrogénique existe mais est très faible (1000 à
10 000 fois plus faible que celui du 17-β-œstradiol),
la fréquence de localisation est expliquée par la plus
grande quantité de tissu mammaire dans le quart
supéro-externe, et enfin le drainage lymphatique a lieu
du sein vers le creux axillaire et non le contraire. En
définitive, une revue récente conclut à l’absence de lien
(Witorsch, Crit Rev Toxicol 2010).
Qu’en est-il des perturbations endocriniennes chez les
jeunes garçons ? Les études montrent que les parabens
appliqués sur la peau ou ingérés sont rapidement
métabolisés en acide para-hydroxybenzoïque, qui
lui n’a aucun effet endocrinien. Seuls les propyl et
butylparabens ont un très faible pouvoir œstrogénique,
et peuvent entraîner des diminutions du taux de
testostérone chez l’animal mâle. Chez l’homme,
seul 0,1% appliqué sur la peau est retrouvé dans le
sang, sans effet hormonal détectable. Par mesure de
précaution, le propyl- et le butylparaben sont interdits
au Danemark chez l’enfant de moins de 3 ans. Ce n’est
pas le cas pour les méthyl- et éthylparabens.
Au total, aucun lien n’est prouvé dans le cancer du
sein et il n’existe pas d’effet hormonal des méthyl- et
éthylparabens ; les butyl- et propyl-parabens restent
en cours d’investigation, nécessitant peut être une
précaution chez l’enfant (appliquée seulement au
Danemark) .
Suite à cette « diabolisation » des parabens, beaucoup
de marques de cosmétiques ont retiré ce conservateur
de la formulation de leurs produits, entraînant de fait
une baisse du taux de sensibilisation. Il est cependant
à craindre qu’ils ne soient remplacés par d’autres
conservateurs à fort pouvoir allergisant comme
actuellement le méthyl-isothiazolinone.
| L’Etroit Unlimited | 11/2011
Tensio-actifs des cosmétiques :
à ne pas rater comme allergènes de contact
Les allergènes les plus fréquents des cosmétiques sont
les parfums et les conservateurs. Parmi les autres
composants, les tensio-actifs (ou agents de surface)
permettent de réunir des ingrédients normalement non
miscibles (aqueux et huileux). On les classe suivant leur
caractère ionique en quatre groupes : anioniques (les
savons), cationiques (les ammoniums quaternaires),
amphotères et non anioniques. Ils sont réputés irritants,
en particulier les anioniques et cationiques. Mais il ne
faut pas négliger leur caractère allergisant.
Deux tensio-actifs ont le « vent en poupe » :
Les Glucosides (décyl-, lauryl-, coco- et cétéarylglucosides) font partie des tensio-actifs non anioniques.
Peu irritants, ils sont de plus en plus utilisés, dans les
produits rincés ou non rincés, en particulier dans les
gammes « peau sensible », « hypoallergéniques » ou
«enfant». Leur pouvoir allergisant est de connaissance
récente (2003). Des cas d’allergie de contact ont été
publiés avec des sprays solaires, shampoings et produits
antiseptiques (exemple le Diaseptyl®).
Un piège : le décyl-glucoside est présent de manière
cachée dans des filtres solaires comme stabilisateur du
Tinosorb®M (méthylène-bis-benzotriazolyl-butylphénol).
Seul le lauryl-glucoside est commercialisé pour la
réalisation de patch-tests mais il peut probablement
servir de marqueur pour la famille.
La cocamidopropyl betaine (CAPB) reste d’actualité.
Il s’agit d’un tensio-actif amphotère dérivé de l’huile
de coco (ou coprah), peu irritant (en particulier
pour les yeux). Il est d’utilisation croissante dans
beaucoup de cosmétiques de tous types. Le taux de
sensibilisation a régulièrement augmenté : 1,4% en
1995, 7,2% en 1999, 9,8% dans une étude chinoise
en 2004. Le pouvoir sensibilisant est dû non pas au
produit fini, la CAPB, mais à une ou des impuretés de
fabrication, la 3-diméthylaminopropylamine (DMAPA)
et l’amido-amine. Les tests réalisés avec la CAPB
peuvent donc être faussement négatifs et il faut
tester la DMAPA. Des réactions croisées se voient
avec d’autres alkylamines comme cocamidobetaineamide MEA, cocamidopropyldimethylamide acide,
oleamidopropyldimethylamine….
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