Syllabus 08 GP agréé 16-21 Approche psychologique des

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Syllabus 08 GP agréé 16-21 Approche psychologique des
7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
Enseignement secondaire
7è Technique de qualification
Assistant(e) aux métiers
de la prévention et de la sécurité
Formation de base « Gardien de la paix
5° La gestion des conflits y compris
La gestion des conflits positifs avec les mineurs
AGREMENT SPFI
2016- 2021
7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
TABLE DES MATIERES
1
2
3
Objectifs, structure et organisation du cours ....................................................... 3
Objectif du cours par rapport à la fonction de gardien de la paix......................... 4
Quelques définitions : .......................................................................................... 4
3.1 La colère : ...................................................................................................... 4
3.2 La crise : ........................................................................................................ 5
3.2.1 La crise concernant l’individu : ................................................................ 5
3.2.2 La crise concernant une entité « morale » : ............................................ 5
3.3 L’agressivité :................................................................................................. 5
3.4 Le conflit : ...................................................................................................... 6
3.4.1 Les Composantes d’un Conflit ................................................................ 7
3.5 La violence : .................................................................................................. 7
4 Stratégies de gestion : ......................................................................................... 8
4.1 La gestion de crise : ...................................................................................... 8
4.2 La gestion de l’agressivité : ........................................................................... 9
4.2.1 Voici quelques signes latents d’agressivité : ......................................... 10
4.2.2 Voici quelques stratégies pour gérer l’agressivité d’une personne : ..... 11
4.3 La gestion de conflit :................................................................................... 12
4.3.1 Approche générale de la gestion de conflit : ......................................... 12
4.3.2 Stratégie de gestion de conflits : ........................................................... 13
4.4 La gestion de la violence : ........................................................................... 14
4.4.1 Stratégies de gestion de la violence : ................................................... 15
4.5 Voici quelques techniques de gestion psychologique des conflits : ............. 15
5 Troubles du comportement suite à la consommation de produits stupéfiants,
sous influence........................................................................................................... 18
5.1 Les principaux produits : .............................................................................. 18
5.1.1 Les stimulants. ...................................................................................... 19
5.1.2 Les sédatifs. .......................................................................................... 21
5.1.3 Les hallucinogènes. .............................................................................. 23
6 Gestion des foules : ........................................................................................... 30
6.1 Définition ..................................................................................................... 30
6.2 Typologie des foules.................................................................................... 30
6.3 L’identité sociale .......................................................................................... 31
6.4 Emotions primaires d’une foule ................................................................... 32
7 Conclusion générale .......................................................................................... 38
8 Remerciements: ................................................................................................ 40
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
INTRODUCTION
1 Objectifs, structure et organisation du cours
L’arrêté royal du 15 mai 2009 déterminant les conditions de formation auxquelles
doivent répondre les gardiens de la paix, ainsi que les modalités de désignation des
organismes de formation et d'agréation des formations1 en son article 3 mentionne
que l’attestation de formation de « gardien de la paix » est délivrée après que
l'intéressé a suivi de manière régulière une formation comportant au moins 90 heures
de cours, constituée des matières suivantes :
1°L'étude des droits et devoirs des gardiens de la paix et des gardiens de la paixconstatateurs : 24 heures de cours; portant sur les sujets suivants :
Connaissance du cadre légal, droits et devoirs du gardien de la paix;
Connaissance
de
l'organisation
d'une
administration
publique;
Connaissance de la police et des relations avec le service de police;
Techniques
de
prévention;
Missions de surveillant habilité
2° Les techniques de communication verbale et non-verbale : 24 heures de cours;
3° L'interculturel et l'apprentissage du contact avec la diversité : 8 heures de cours;
4° L'observation et la rédaction de rapports : 8 heures de cours;
5° L'approche psychologique de conflits : 8 heures de cours;
6° Les techniques de défense physique : 6 heures de cours;
7° Le secourisme : 12 heures de cours.
Ainsi, le présent syllabus s’attachera à synthétiser les diverses techniques et
méthodes utiles pour désamorcer un conflit, le gérer de façon adéquate selon
l’interlocuteur que le gardien de la paix aura face à lui.
De plus, l’article 8 de ce même arrêté royal précise que :
L'évaluation clôturant la formation prévue à l'article 3 du présent arrêté est
considérée
positive
à
deux
conditions
:
1° obtenir au minimum cinquante pour cent des points pour chaque matière
1
Arrêté royal du 15 mai 2009 déterminant les conditions de formation auxquelles doivent répondre les
gardiens de la paix, ainsi que les modalités de désignation des organismes de formation et d'agréation
des formations, Moniteur Belge, 2 juin 2009.
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
2° obtenir au minimum soixante pour cent des points pour l'entièreté de la
formation.
2 Objectif du cours par rapport à la fonction de gardien de
la paix
Dans le cadre de sa profession, le gardien de la paix peut être confronté à des
conflits, des individus agressifs, en colère ou violents. Il devra donc apprendre sur
base de sa capacité à communiquer à éviter ou gérer un conflit. L’intitulé de ce cours
est « gestion des conflits et faire face à l’agressivité ».
L’objectif de ce cours est donc de vous permettre de :
Comprendre les mécanismes d’un conflit
Comprendre les mécanismes d’un comportement agressif et/ou violent
Vous positionner face à un conflit et apprendre comment le gérer
Vous armer psychologiquement face à une personne agressive et/ou violente
Acquérir des outils, des techniques pour désamorcer ce genre de comportement
Ce cours tentera à travers un vocabulaire simple de vous aider à trouver des pistes,
des solutions pour gérer des situations de conflits que vous serez susceptibles de
rencontrer au travers de votre profession.
La méthode pédagogique utilisée dans ce cours comprend d’un côté de la théorie,
d’un autre des exemples concrets et des jeux de rôle afin de vous habituer à vous
exprimer en public, face à des situations tendues, et à ne pas vous laisser
déstabiliser face à ce type de comportements.
3 Quelques définitions :
3.1
La colère :
C’est une émotion primaire, légitime, propre à tout être humain et qui montre que
l’individu est mécontent. La colère nous indique qu’un besoin n’est pas satisfait chez
la personne ; elle prend beaucoup de notre énergie.
Essentiellement, toutes nos réactions émotives sont là pour nous aider à nous
adapter à chaque situation de notre vie ; elles servent à nous permettre de tirer le
plus de satisfaction possible de chaque moment de notre vie et d’éviter les obstacles
et dangers qui se trouvent sur notre chemin. C’est « un système de guidage » très
développé qui nous amène à notre destination finale : la satisfaction de nos besoins.
La colère peut également nous indiquer que les « limites » sont dépassées et que ce
sentiment de colère peut se transformer en agressivité ou violence si une crise
survient.
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
3.2
La crise :
Le terme « crise » vient du grec « krinein » qui signifie « séparer, trier » puis est
devenu « krisis » qui veut dire « choisir, décider ».
Selon le dictionnaire Le Petit Larousse, ce terme veut dire : « 1.a. Changement subit,
souvent décisif, favorable ou défavorable, du cours d’une maladie. b. Manifestation
soudaine ou aggravation brutale d’un état morbide. Ex : crise cardiaque. 2. Accès
bref et violent d’un état nerveux ou émotif. Ex : crise de nerfs. 3. Accès soudain
d’ardeur, d’enthousiasme. Ex : il travaille par crises. 4. Période décisive ou périlleuse
de l’existence. 5.a. Phase difficile traversée par un groupe social. Ex : crise des
universitaires. b. la crise économique : rupture d’équilibre entre grandeurs
économiques. c. crise ministérielle : période intermédiaire entre la démission d’un
gouvernement et la formation du suivant ; démission du gouvernement. 6. Pénurie,
insuffisance. Ex : crise de la main-d’œuvre, du logement ».
Pour résumer ce terme, nous pouvons dire ceci : c’est une manifestation aïgue d’un
trouble physique ou moral/psychique qui concerne un individu, mais c’est également
un moment périlleux ou décisif par rapport à l’évolution d’une situation et qui
concerne une entité « morale ».
3.2.1 La crise concernant l’individu :
C’est une manifestation aigue d’un trouble physique (ex : la crise d’épilepsie) ou
moral/ psychique qui concerne un individu.
Prenons l’exemple de la crise d’angoisse. Elle concerne bien la manifestation d’un
trouble physique et moral : on y rencontre des symptômes physiques et une cause
psychique est à l’origine de celle-ci.
3.2.2 La crise concernant une entité « morale » :
Ce type de crise concerne une entité morale. Prenons comme exemple la crise
gouvernementale. Dans ce cas, c’est le gouvernement qui est en crise : c’est donc
un ensemble de personnes qui forme une entité, et c’est cet ensemble-là qui est « en
crise ».
3.3
L’agressivité :
L’agressivité peut se manifester par une conduite, un comportement, un sentiment,
une pulsion, un instinct. C’est un comportement général constant dans les relations
humaines ; c’est un comportement naturel associé à la survie de l’individu.
L’agressivité saine, qui s’exprime dans le respect de l’autre, est nécessaire pour
vivre.
Elle se manifeste à des fins de mobilisation, de prise de risque ; elle concerne parfois
l’évitement, l’affrontement, le combat si la situation le nécessite. Dans ce cas, c’est
une réaction normale, voire utile pour surmonter les obstacles et satisfaire ses
besoins fondamentaux.
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Formation Gardien de la Paix
Quand elle devient malsaine, elle peut être destructrice, nuire autrui ou soi-même.
Nous retenons plus particulièrement les actes agressifs négatifs en raison de leur
dangerosité.
L’agressivité peut exister sous différentes formes : directe, camouflée, détournée,
masquée ; elle peut être verbale (menaces, médisances, insultes,…) ou non verbale
(regard, gestuelles, attitude, …).
Voici quelques signes précurseurs de l’agressivité :
Les attitudes et comportements agressifs, càd. le non-verbal : regards, mimiques,
gestuelles, mâchoires serrées, …
Les paroles agressives, càd. le verbal : soit direct (menaces, insultes,…), soit indirect
(ironie, moquerie,…)
Tenir compte de la situation : est-ce une agression ? la personne a-t-elle la qualité
d’agresseur ? ou est-ce une victime d’agression qui se défend ?
Exemple pour le gardien de la paix :
Vous êtes gardien de la paix et votre mission du jour est de gérer le parc communal.
Vous remarquez un groupe de personnes qui s’expriment en parlant fort, ils font de
grands gestes avec leurs mains et commencent à se déplacer en gesticulant. Vous
avez l’impression que ces comportements vont conduire sous peu à un conflit. Vous
vous dirigez avec votre collègue (tout en ayant prévenu votre dispatch) vers le
groupe dans l’idée d’une éventuelle gestion de conflit ; or au final, il s’agissait d’une
discussion « normale » entre amis qui, de par leur origine italienne, utilisent ce mode
d’expression !
Conseil : Faites donc attention à ne pas interpréter trop rapidement une situation,
prenez le temps de l’analyser. Tenez compte des signes précurseurs de
l’agressivité !
3.4
Le conflit :
Etymologiquement, le terme « conflit » vient du latin « conflictus » qui signifie « choc,
lutte, affrontement, combat ». Cela veut dire qu’il s’agit d’une opposition entre deux
ou plusieurs parties.
La notion de conflit est omni-présente dans notre Société ; que ce soit au travail,
dans le milieu familial, dans le couple, … les oppositions sont une réalité que l’on ne
peut nier !
Un conflit peut s’achever soit par le triomphe de l’une des parties en jeu qui va
imposer sa volonté, soit par la reconnaissance mutuelle des droits de chacun, soit
suite à une décision d’une tierce partie (tribunal, médiateur,…), soit suite à un accord
mutuel des parties en jeu qui en ont marre de cette situation.
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3.4.1 Les Composantes d’un Conflit
Pour qu’il y ait conflit, TROIS éléments sont nécessaires :
• au moins deux personnes,
• une divergence entre elles,
• une volonté de « gagner.»
Si ces trois éléments sont pris séparément, il n’y a pas réellement un conflit. Si vous
êtes confronté à une situation conflictuelle, vous pouvez l’interrompre en supprimant
un des trois éléments, soit :
en séparant les personnes impliquées;
en trouvant un terrain d’entente sans divergence d’idées;
en apportant une solution commune à leur problème ainsi que chacun des avantages
qu’ils pourraient en tirer.
Néanmoins, ces techniques, tout en étant valables, ne constitueront qu’une solution
à court terme qui permettra de décompresser le conflit en cours
Idéalement, la méthode la plus bénéfique pour les parties en jeu est celle du « WINWIN » (cf. cours de techniques de communication).
Nous pouvons distinguer différentes catégories de conflit :
-
-
-
le conflit intrapersonnel : il concerne des conflits cognitifs, d’objectifs chez un
même individu.
le conflit interpersonnel : il concerne un conflit qui implique 2 individus au
moins, qui peuvent se sentir en opposition sur des questions d’objectifs, de
valeurs, de comportements,…
le conflit intragroupe : il concerne les tensions (= une querelle, une opposition)
qui surgissent au sein d’un groupe et qui peuvent affecter son fonctionnement.
le conflit intergroupe : il consiste en un désaccord qui survient entre 2 ou
plusieurs groupes. L’exemple le plus connu est le conflit social entre les
syndicats et la direction d’une entreprise.
le conflit organisationnel : il s’agit d’une opposition, d’un heurt suscité
prioritairement par l’organisation de l’entreprise (mauvaise gestion des postes
dans l’entreprise, problèmes liés à la hiérarchie, fonctions de chacun mal
délimitées, circulation de l’information entre direction et membres du
personnel défectueuse,…).
3.5
La violence :
Ce mot vient du latin « violentus » qui signifie « emporté ». C’est une notion qui
signifie « ce qui est excessif », qui sort de la mesure, un abus de force, une
transgression qui vise à contraindre un individu (ou soi-même) en la brutalisant ou
en l’opprimant.
C’est donc le résultat du conflit, c’est une décharge des tensions ressenties suite au
conflit.
Elle a pour conséquence la destruction d’un objet ou d’un individu que l’on perçoit
comme source potentielle ou réelle de frustration ou de danger.
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
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Alors que l’agressivité peut viser à nuire de façon spécifique, la violence a pour effet
la destruction de l’autre. L’agressivité ne se traduit pas forcément par de la violence
alors que la violence est toujours sous-tendue par une certaine agressivité.
Exercice pour le gardien de la paix :
Vous êtes gardien de la paix au sein de la commune « x », vous donnez à votre
collègue venu vous remplacer sur poste des informations utiles concernant le
déroulement de votre mission de surveillant habilité devant l’école communale « les
ptits chouchous ».
Chaque matin, vous devez faire traverser les groupes scolaires des sections
maternelles. Vous lui expliquez que 2 enfants ont un comportement turbulent et ont
tendance à ne pas respecter vos consignes de prudence lors de la traversée.
L’un a 6 ans, est indiscipliné et l’autre a 5 ans moins indiscipliné mais influencé par
son copain.
Par rapport à leurs comportements, de quoi s’agit-il ? colère, agressivité, violence,
recherche du conflit ?
4 Stratégies de gestion :
4.1
La gestion de crise :
Nous ne parlerons que des crises concernant l’individu (cf.point 3.1). Dans chaque
situation dite « de crise », la personne est « victime » d’un trouble physique et
souvent psychique. Pour gérer une crise, il faut distinguer l’aspect physique de la
crise à l’aspect psychique.
A propose de l’aspect physique de la crise :
Si dans le cadre de votre fonction de gardien de la paix, vous vous retrouvez face à
une personne en crise physique, vous vous devez de faire appel à vos
connaissances en secourisme (notions acquises pendant votre formation).
Vous devrez rapidement analyser la situation et réaliser un premier bilan afin de
prévenir adéquatement les services de secours si besoin (certaines situations ne
nécessiteront pas de faire appel aux services de secours, vous serez à même de
gérer). En attendant leur venue, vous vous retrouverez seul ou avec des collègues et
vous devez gérer la situation. Pendant ce délai, vous êtes considéré comme
« personne de référence », et devez donc prendre la situation en main.
Etre gardien de la paix, c’est également savoir exploiter ses compétences, ses
qualités et ses limites !
A propose de l’aspect psychique de la crise :
La technique la plus adéquate dans ce genre de situation est celle de « la douche
écossaise » qui consiste à distraire la personne de sa crise, à attirer son attention en
lui posant de nombreuses questions et en lui parlant de façon continue.
En effet, une personne en crise psychique est comme dans une bulle hermétique
aux informations extérieures, et par cette méthode vous enverrez divers stimuli à la
personne de sorte que cela crée une réponse, active une réaction. Sachez qu’un
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
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individu qui est dans un état de crise mentale, agit de façon inconsciente et donc ne
peut contrôler ses réactions !
Cette méthode doit avoir une durée de 15 minutes environ ; vous ne devez pas
cesser de parler, poser des questions, donner des informations, des consignes,
parfois même des ordres à la personne tant que vous n’avez pas obtenu de
réaction, aussi minime soit-elle (geste, parole, attitude, bruit vocal,…). N’hésitez pas
à persévérer tant que vous n’avez pas de réactions de la personne !
Quand vous avez réussi à attirer l’attention de la personne, vous devez maintenir ce
lien (aussi minime soit-il), en entretenant la discussion pour conserver de la part de la
personne une attention suffisamment soutenue pour ne pas qu’elle « reparte dans sa
bulle » ! Le délai de stabilisation de cette phase sera d’environ 30 minutes.
Exemple de technique pour gérer une crise :
« Madame, s’il vous plaît, regardez-moi !! Houhou !! Calmez-vous, respirez
doucement, expirez doucement ! Doucement je vous ai dit… Quel est votre nom ?
Vous avez souvent ce genre de crise ?? Vous avez mal quelque part ? Calmez-vous
Madame ; respirez lentement… Regardez-moi et écoutez le son de ma voix…Vous
voulez vous asseoir ? Un verre d’eau ? C’est bien… continuez comme ça… »
En résumé :
LA CRISE
PHYSIQUE
SECOURISME
4.2
PSYCHIQUE
TECHNIQUE DE LA
DOUCHE ECOSSAISE
La gestion de l’agressivité :
Lorsque l’on parle de gestion de l’agressivité, on parle d’une situation où le gardien
de la paix est confronté à une ou plusieurs personnes qui fait (font) preuve
d’agressivité à son égard (cf. définitions de l’agression et de l’agressivité- point
3.3.).
En situation d’agressivité, vous devez en tant que gardien de la paix relativiser la
situation ; vous devez faire preuve d’objectivité, neutralité, self-control face à chaque
situation et chaque individu. Cela va engendrer du stress et vous devez être à même
d’y résister. Vous ne devez pas confondre « situation de conflit » et « situation
d’agressivité » ; le premier implique que vous êtes partie prenante et qu’il y a attaque
personnelle, et dans l’autre vous êtes face à un individu que vous ne connaissez pas
(en général) et qui fait preuve d’un comportement agressif à votre égard sans qu’il
n’y ait attaque personnelle.
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Formation Gardien de la Paix
4.2.1 Voici quelques signes latents d’agressivité :
L’état mental/émotionnel de la personne agressive : en souffrance ou en recherche
de relation même si celle-ci ne se résume qu’à une relation conflictuelle, un manque
d’information ou d’écoute, la peur de souffrir ou d’être infériorisé, expression de
colère, passé violent, …
L’attitude de l’autre face à la personne : nier ou diminuer le problème de la personne,
adopter une attitude pressée, des gestes d’impatience, faire preuve d’intolérance,
humilier la personne, ton sec, critique, attitude de mépris, manque d’écoute,…
Conditions de travail et environnement : des conditions de travail difficiles, des
problèmes relationnels avec les collègues, des divergences avec l’autorité
hiérarchique, une atmosphère de travail tendue,… ou un environnement mal adapté,
pas de local calme,…
L’attitude des autres (famille, amis, …) : problèmes familiaux, personnels, …
>> Plus de 90% des situations se règlent sans devoir recourir à la moindre forme de
contrainte ; simplement en utilisant les techniques de communication apprises
pendant votre formation (dialogue, écoute active, empathie, patience,…).
Voici quelques méthodes pour vous prémunir face à une personne agressive :
Pour faire face à l’agressivité d’un individu, nous vous proposons diverses méthodes
afin de conserver votre équilibre physique et émotionnel pour pouvoir agir
efficacement et de façon adéquate dans ce genre de situation.
RESPIRER
En situation de stress, notre corps se met en alerte : nos muscles se contractent,
notre respiration s’accélère et devient plus difficile.
Pour favoriser la récupération et l’augmentation de notre énergie, il faut apprendre à
respirer profondément et complètement car cela contribuera à nous détendre et
également à détendre nos muscles.
POSITION DU CORPS
Il existe une étroite relation entre notre état émotionnel et nos positions corporelles.
Quand de fortes émotions nous envahissent (en cas de dispute par exemple), nous
avons tendance à contracter le corps (épaules bloquées, poids dans le haut du
corps, posture d’attaque,…).
La bonne position à adopter pour gérer efficacement et adéquatement une situation
d’agressivité consiste à relâcher les épaules, détendre le dos, avoir les jambes et les
pieds bien ancrés au sol (triangle à 45°), avec une certaine souplesse dans les
genoux.
CONTROLE DE SES EMOTIONS
Nos émotions (colère, joie, peur, tristesse) nous montrent ce qui est essentiel à nos
yeux et principalement si nos besoins sont satisfaits ou non.
Reconnaître, identifier et exprimer nos émotions nous permet d’être authentique (cf.
cours de techniques de communication) et d’être relié aux autres, de communiquer
efficacement et de mieux gérer les situations difficiles.
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
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Nous avons « des embrayeurs émotionnels » (= des déclics qui nous font réagir à
travers certains mots, gestes, situations,…) et pour gérer efficacement nos émotions,
il est utile même nécessaire de les repérer afin de ne pas « démarrer au quart de
tour » dès la moindre difficulté !
De la même façon, il est utile de décoder les émotions des autres (via des
indicateurs : voix tremblante, respiration rapide, ton qui monte, position corporelle,
personne qui a « la bougeotte », les poings serrés, le corps tendu, le regard agressif,
…) pour pouvoir mieux les écouter et gérer leur éventuelle agressivité.
4.2.2 Voici quelques stratégies pour gérer l’agressivité d’une personne :
-
-
Adopter des attitudes préventives :
Informez votre environnement (collègues, responsable,…) de vos
interventions « sensibles »
Gardez une distance de sécurité (= la taille de l’autre)
Restez en position triangulaire de 45°
Soyez proche d’une sortie
Mettez un obstacle entre vous et l’autre
Restez dos au mur
Ne tournez pas le dos à votre interlocuteur
Ne faites pas de contre-menaces
Gardez votre self-control
Gérez votre respiration
Adaptez votre comportement, ni trop calme ni trop agité !
Contrôlez votre peur : ne pas prendre de risque inconsidéré, contrôler sa
respiration, se stabiliser mentalement (= regard franc, direct, non provocateur ;
ne pas se conduire en victime ; avec confiance en ses capacités)
Evitez d’avoir des réactions physiques brusques (se lever d’un bond, courir,..)
Témoignez-lui de l’intérêt
Evitez l’ironie ou la colère
Reformulez ses propos
Utilisez un ton ferme mais pas agressif
Niez les insultes
Décoder les comportements problématiques pour les maîtriser :
-
Définir le problème : poser des questions sans juger pour savoir d’où vient le
problème.
Chercher des solutions possibles (idéalement « win-win ») qui répondent aux
besoins de votre interlocuteur : être écouté, compris, rassuré, reconnu, aidé,…
Choisir un plan d’action : évaluer les solutions proposées et choisir la plus
efficace ; il est préférable que ce soit votre interlocuteur qui suggère des
solutions, et idéalement, il est préférable de choisir la sienne tant qu’elle est
correcte.
Désamorcer la colère :
-
Contrôler sa propre colère : rester calme, analyser l’élément déclencheur de
notre émotion,…
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-
-
Faire face à la personne en colère : l’écouter sans l’interrompre, la laisser
« vider son sac », faire preuve d’empathie, poser des gestes d’ouverture, se
montrer coopérant, être calme dans les paroles et les gestes, utiliser l’humour
et non l’ironie, si elle ne veut rien entendre alors vous éloignez physiquement
le temps qu’elle se calme et surtout pour vous mettre en sécurité (cf. supra).
Résoudre le problème : Ecouter son interlocuteur via l’écoute active,
Récapituler la demande de l’autre en lui montrant que vous l’avez compris via
la reformulation, Interroger la personne pour obtenir le plus d’informations et
pouvoir lui donner satisfaction, Confirmer le suivi de la demande (= méthode
ERIC).
Exercices pratiques pour le gardien de la paix :
L’objectif des exercices pratiques est que l’apprenant réfléchisse à la manière de
réagir lorsqu’il est confronté à une personne agressive afin d’éviter « la spirale de
l’agressivité » et d’acquérir des compétences et automatismes de manière
« théorique ». Cela vous préparera à un certain nombre de situations que vous
pourrez rencontrer dans votre vie professionnelle.
Jeux de rôles sur le rôle du gardien de la paix face à des personnes agressives, en
colère.
Vous êtes en surveillance du parc communal, votre mission est de diminuer le
sentiment d’insécurité par votre présence. Votre attention se porte sur un groupe de
jeunes gens qui consomment des boissons alcoolisées et ont les pieds sur le banc.
Vous vous dirigez vers eux et leur expliquez qu’ils ne peuvent agir de la sorte car ces
comportements sont punissables dans le règlement général de police de la
commune « x ». Ils commencent à adopter une attitude agressive à votre encontre.
Comment devez-vous réagir ?
4.3
La gestion de conflit :
Attention, un conflit n’est pas un problème !
-
-
Un problème = mesurable, observable, représente un écart entre une situation
existante et une situation souhaitée, il génère une insatisfaction acceptable.
FAIT RATIONNEL.
Un conflit= non mesurable, observable, représente une opposition, il éclate
lorsqu’il y a accumulation d’insatisfactions sur base d’un ou de plusieurs
problèmes non résolus. FAIT EMOTIONNEL.
4.3.1 Approche générale de la gestion de conflit :
Gérer au mieux un conflit signifie pouvoir identifier sa nature et appréhender le
problème sous-jacent.
Voici les étapes à suivre :
-
Identifier la situation : est-ce un problème ? un conflit ?une crise ?
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
-
Quels sont les enjeux de la situation difficile ?
Identifier de quel type de conflit il s’agit : intrapersonnel, interpersonnel,
intragroupal, intergroupal, organisationnel.
Quelles sont les composantes de ce conflit ?
Solutions envisagées ?
Solutions choisies ?
Evaluation des solutions mises en place
Plan d’action
Modifications éventuelles à la solution choisie
4.3.2 Stratégie de gestion de conflits :
Bien se préparer physiquement et mentalement :
Avant de gérer un conflit, il est préférable de s’y préparer préalablement pour « se
mettre en condition ».
Sur le plan physique, il faut accorder un minimum de temps à la forme et la condition
physique, tout d’abord pour se sentir mieux dans son corps et dans sa tête (mens
sana in corpore sano) mais également pour éliminer les petites tensions
quotidiennes. Vous devez avoir une certaine condition physique afin de gérer
certaines tâches comme une interception de personnes lors d’un flagrant crime ou
délit, ou lors de l’évacuation d’un bâtiment en cas de début d’incendie.
Vous suivrez également dans le cadre de votre formation de gardien de la paix, des
cours de self-défense pour vous prémunir contre les atteintes physiques et protéger
des personnes en danger.
Vous devez également avoir une bonne hygiène de vie et corporelle.
Sur le plan mental, vous devrez acquérir des automatismes qui vous prémuniront et
façonneront votre esprit afin d’être mieux « armé » psychologiquement contre les
attaques et conflits.
Ce cours vous aidera à y arriver ; rien ne vous empêche de faire en parallèle des
recherches bibliographiques ou sur le net afin d’approfondir vos connaissances sur le
sujet.
Vous devez également apprendre à vous connaitre pour savoir comment réagir.
A travers les exercices pratiques et les exemples que vous verrez au cours, vous
apprendrez à répondre à vos questionnements et à mieux vous connaitre.
Discerner ce qui ne va pas et élaborer une solution :
Pour désamorcer adéquatement un conflit, il faut respecter les 2 principes suivants :
-
Discerner ce qui ne va pas : que se passe-t-il ? quelle est la demande de
l’autre ? dans quel état émotionnel se trouve mon interlocuteur, la personne est-
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
elle sous influence de l’alcool ou de la drogue ? est-ce un problème que je peux
résoudre ?
Il faudra apprendre à discerner une situation rapidement (en quelques secondes)
pour l’analyser et gérer.
-
4.4
Elaborer les prémisses d’une solution : cela permet d’agir intelligemment sans
aller dans tous les sens et en ayant une idée globale de la direction que l’on va
prendre. Vous devrez à travers des exercices de jeux de rôle vous exercer à
identifier les risques possibles liés à une ou des situations que vous pourriez
rencontrer dans votre métier, et vous poser les bonnes questions pour envisager
quelles seront les mesures, précautions à prendre pour diminuer voire éviter les
risques inhérents à telle ou telle situation problématique.
La gestion de la violence :
Pour rappel, la violence est un PASSAGE à l’acte qui use de la force physique,
brutalement ou de la contrainte.
Cela signifie que lorsqu’une personne tente de vous bousculer, vous vous trouver
face à une situation de violence et vous devez la gérer.
Voici quelles sont les différentes réactions possibles face à de la violence :
La fuite
Face à une personne qui sort une arme et quand j’en ai la possibilité, il est parfois
préférable de fuir ; « fuir » c’est aussi refuser le « combat » et ne veut pas forcément
dire « partir » mais simplement refuser de répondre à la violence par la violence.
La réaction physique (incontrôlée et contrôlée)
Vous pourrez réagir physiquement tout en respectant strictement
les règles de « la légitime défense ». Voici les cas où vous pouvez réagir
physiquement en toute légalité : la légitime défense, le flagrant crime ou délit, l’état
de nécessité, la réquisition des forces de l’ordre.
Les techniques de self-défense (formation spécifique)
Dans votre formation, vous apprendrez des techniques de self-défense qui vous
permettront de contrer des attaques physiques d’autrui avec pour objectif de
maîtriser l’individu sans atteindre des points vitaux car le but est de maîtriser/
déstabiliser la personne et non d’occasionner de graves blessures.
Quelques signes annonciateurs d’un passage à l’acte violent :
Au niveau du comportement : gestuelles rapides, retrousser ses manches, retirer ses
lunettes, confier ses biens de valeur à un proche, garder un objet dans sa main
(verre, bâton, bouteille vide,…),…
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
Au niveau corporel : regard haineux ou fuyant, mâchoire crispée, mains qui
tremblent, poings serrés, bégaiement ou volubile, tics répétés, respiration rapide,
augmentation de la pression artérielle, veines visibles, transpiration excessive,
agitation, se raidit, yeux injectés de sang, tutoiement, rapprochement physique,…
4.4.1 Stratégies de gestion de la violence :
-
Le comportement d’évitement : la personne estime qu’en laissant « couler » le
temps, la situation conflictuelle disparaîtra, c’est « la politique de l’autruche ».
Les diverses façons d’éviter un conflit sont le retrait, le déni, la suppression ou
l’aplanissement. Cela représente la personnalité passive.
-
Le désamorçage : c’est l’abandon de la personne impliquée dans un conflit et qui
décide d’arrêter ou de suspendre le combat. L’individu va rechercher à trouver un
accord sur des points mineurs en ne traitant pas le problème de fond et donc ne
résoudra pas le problème initial. Cela représente la personnalité manipulatrice.
-
L’affrontement : dans ce cas, on peut utiliser des stratégies de force (un gagnantun perdant), de compromis (deux perdants) et d’intégration (deux gagnants).
Cela représente la personnalité agressive.
-
L’assertivité : c’est lorsque l’on exprime sa propre personnalité sans susciter
l’hostilité d’autrui, c’est savoir dire « non » sans se sentir coupable, c’est avoir
confiance en soi et prendre des décisions difficiles voire impopulaires, c’est
développer des communications honnêtes/ouvertes,… Cela représente la
personnalité assertive.
4.5
Voici quelques techniques de gestion psychologique des conflits :
Technique du DESC : Décrire, Exprimer, Suggérer, Conclusion
Cette méthode est utilisée pour (re)formuler une critique.
-
-
-
D) DECRIRE de manière précise et objective les situations ou le
comportement que vous voudriez voir modifier (explication objective, se
basant sur les faits et comportements, à bannir les opinions et les jugements).
(E) EXPRIMER dire quel est le sentiment qu’évoque le comportement
(expliquer les conséquences de la situation.).
(S) SUGGERER faire part d’une ou de plusieurs suggestions ou demander à
autrui de formuler une proposition (solutions plus facilement acceptées s’il y
en a plusieurs et si elles sont proposées plutôt qu’imposées.).
(C) CONSEQUENCES laisser entrevoir aux autres la raison pour laquelle la
solution proposée constitue un avantage pour l’intéressé, pour vous, pour
l’entreprise (permet d’énumérer les avantages et les inconvénients pour la
suite).
> cf. cours de « techniques de communication ».
Technique de l’édredon : A chaque phrase, répondre « c’est vrai » lorsqu’il s’agit d’un
fait indiscutable ou « c’est possible » quand il s’agit d’une éventualité.
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
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Technique du disque rayé : cela consiste à répéter sa première réponse autant de
fois qu’il le faut pour que l’autre comprenne.
L’écoute active : parler en « je », encourager l’autre à faire de même, comprendre les
besoins de l’autre et ses demandes, reformuler, conclure,…
La médiation : une tierce partie non concernée par le conflit va aider les parties en
conflit à trouver une solution.
La négociation : Une phase classique dans la résolution des conflits, est l’ART de
résoudre par la discussion des différends portant sur un objet concret.
-
-
Conditions d’une négociation :
Chaque acteur perçoit qu’il a besoin du concours de l’autre dans la recherche
d’une
solution.
Les acteurs sont convaincus qu’une solution commune présente plus
d’avantages.
Les forces sont réparties de façon +/- égale entre les négociateurs.
Les acteurs ont la volonté d’aboutir.
Les avantages et concessions doivent être répartis d’une manière +/- égale
entre les acteurs.
Procédure :
Définir les objectifs.
Dresser l’inventaire des alternatives acceptables pour vous.
Déterminer ses propres concessions possibles (sans les dévoiler trop vite.)
Evaluer le climat psychologique (détente-tension.)
Soigner la présentation du problème (sincérité, pertinence, exhaustivité.)
Utiliser les techniques d’écoute :
REFORMULATION & QUESTIONNEMENT
Evaluation globale
Afin de trouver une solution plus riche (plus qu’un compromis) grâce à la créativité et
à l’élargissement du cadre de référence de chacun;
Une rencontre humaine et de nouvelles solidarités (appréciation des qualités
humaines de l’autre);
Un progrès individuel (et parfois collectif.)
Conclusion :
Un processus de négociation peut être une très bonne solution.
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
La conciliation
Distraire l’autre : pour capter l’attention des protagonistes d’un conflit, il est important
de créer une distraction pour qu’ils se détournent l’un de l’autre et soient « attirés »
par vous.
Comment agir ?
-
-
-
Se présenter (= qui vous êtes) : dire « bonjour, je suis gardien de la paix… ».
Déplacer la personne (= déplacer les individus perturbateurs de l’endroit de
l’incident).
Employer la technique de l’écran (= en cas de conflit, la personne a tendance
à ne plus voir que l’adversaire face à eux et rien d’autre ; dans ce cas, une
priorité consiste à se débrouiller pour que les protagonistes ne se voient plus.
Si cela est plus facile lorsque l’on est au moins deux collègues, il existe des
techniques pour « faire écran » même lorsqu’on est seul.
Rappeler les règles et les conséquences si on ne les respecte pas.
Utiliser l’humour : attention à ne pas confondre humour et ironie ou dérision !!
Hausser le ton
Changer de sujet de conversation
Passer le relais si nécessaire (collègue ou police)
User de charisme et de professionnalisme (tenue, attitude, gestuelle, …)
pourrait faire en sorte que les protagonistes s’en remettent à vous et vos
compétences pour régler le problème.
Soyez attentif à votre attitude et la position de votre corps (jambe en triangle à
45°, regard sûr de soi,…)
Utiliser la reformulation
Faire preuve d’empathie
Relativiser les faits
Méthode de la chouette : cela signifie dire à l’autre « ……ou…….ou……. »,
donc c’est lui proposer un choix ; de la sorte il reste maître de sa décision et
prendra ses responsabilités et d’un autre côté, on ne ferme pas « la porte » à
d’autres solutions. Exemple : « monsieur, OU vous arrêtez ce comportement
OU je mets fin à cette discussion ». Cette méthode n’est appliquée que
lorsqu’une tentative de dialogue ou de recherche de solutions a échoué suite
à une mauvaise foi de la personne !
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
5 Troubles du comportement suite à la consommation de
produits stupéfiants, sous influence.
Introduction :
Dans votre profession, vous pourrez vous retrouver confrontés à des individus sous
influence (alcool, drogues,…). Le but de cette matière est de vous donner des
informations sur les produits les plus courants que vous pourrez rencontrer.
Vous trouverez la liste des produits, les principaux effets et symptômes afin de vous
aider à reconnaître sous l’influence de quelle substance se trouve la personne et à
quels risques comportementaux vous devez vous attendre pour pouvoir adopter les
bonnes attitudes préventives afin d’éviter des risques et « dérives » inutiles.
5.1
Les principaux produits :
Principaux effets et catégorie des produits.
On peut identifier 3 effets principaux provoqués par les drogues et ce, sur le système
nerveux central :
Les effets dépresseurs : On peut notamment assimiler cela aux effets de « descente
». Il y a un ralentissement général chez l’individu, locomotion, réflexes, digestion,
appareil respiratoire, rythme cardiaque ralenti, côté « stone », fatigue, etc… Cela
peut par exemple être le cas avec l’alcool, les barbituriques, les benzodiazépines, les
opiacés, les solvants et produits volatiles.
Les effets stimulants : Ceux-ci ont tendance à « booster » l’ensemble de l’organisme.
L’individu se sent en forme, parfois euphorique, il n’éprouve pas certains besoins
comme s’alimenter, fait preuve d’une plus grande résistance à la douleur ainsi qu’à la
fatigue. Le coeur bat plus vite, l’individu est du genre « speed », tout va bien (ou du
moins c’est ce qu’il pense). On pourra avoir ce genre d’effets avec la cocaïne ou les
amphétamines.
Les effets perturbateurs : Enfin, il y a des produits qui ne boostent pas
particulièrement l’individu ou qui ne le rendent pas forcément « stone », mais qui
perturbent le système nerveux central. Pour faire simple : rien ne va plus ! Tout est «
perturbé ». Souvent on caractérise cela par le fait que le produit provoque des effets
psychotropes (effets hallucinogènes) chez l’individu. Ce sera le cas avec le LSD ou
les champignons hallucinogènes.
Une fois ces 3 effets distingués, il est maintenant possible de procéder à une
catégorisation des produits en 5 catégories :
1) Les produits qui ne font que « stimuler » _ = les stimulants.
2) Les produits qui n’ont pour effets que de « déprimer » l’individu et son organisme
= les sédatifs.
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
3) Les produits qui « perturbent » l’individu et provoquent des hallucinations = les
hallucinogènes.
4) Ceux qui stimulent et qui perturbent à la fois = les stimulants à effets
hallucinogènes.
5) Et enfin, ceux qui dépriment et perturbent en même temps = les sédatifs à effets
hallucinogènes.
5.1.1 Les stimulants.
Parmi cette catégorie, on peut trouver la cocaïne, le crack, les amphétamines et l’ice
principalement.
Pour vous, seuls la cocaïne et les amphétamines nous intéressent. En effet,
le crack ne se consomme pas « facilement » dirons-nous et l’ice est peu répandu
chez nous.
A. Cocaïne.
La cocaïne provient des feuilles de l'Erythroxylon Coca, un arbrisseau d'Amérique de
sud. Il se présente sous forme d'une poudre blanche d’aspect cristallin, comparable à
des cristaux de neige gelée, qui est habituellement inhalée (sniffée) ou injectée.
Toutefois elle peut aussi se présenter sous une couleur rose, comme quoi « l’habit
ne fait pas le moine » et doit vous inciter à la plus grande prudence.
La "coke" se vend environ 10 € le quart de gramme (de 4 à 6 lignes). Elle est
proposée dans de petits sacs de plastique transparents (pacsons) et peut être
coupée par divers substances.
La cocaïne peut être consommée de différentes façons :
- Sniffer (« priser ») : La poudre sera posée sur une matière lisse le plus souvent
et le consommateur utilise un objet fin comme une lame de rasoir pour couper la
dose et en faire des lignes qui seront ensuite reniflées à l’aide d’un tube, d’une
paille ou simplement d’un billet enroulé.
- Injecter : La cocaïne est dissoute dans l’eau et injectée par voie intraveineuse. La
cocaïne injectée est parfois mélangée à de l’héroïne ; ce cocktail est appelé "
speed-ball ".
- Ingérer : Si les populations locales mâchent les feuilles du cocaïer, chez nous
c’est plutôt comme du sucre en poudre que sera mangée la cocaïne qui sera
ainsi saupoudrée sur des gâteaux ou des cakes lors de certaines soirées.
- Fumer : soit dans des pipes à eau (free-base), non opportun à connaître pour
vous.
Effets à court terme de la cocaïne, peu importe ses formes :
Les effets de la cocaïne qu'on renifle se fait sentir en quelques minutes et peuvent
durer de 30 à 40 minutes. Par injection ou fumée, l'effet se fait sentir en moins de
trois minutes...La cocaïne produit une sensation d'euphorie et d'amélioration de la
performance.
La substance cause une sensation de chaleur et une broncho-dilatation. On se sent
tout puissant, euphorique, hyperactif…
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
Les effets se caractérisent par d'intenses poussées d'énergie et d'exaltation,
impression de grande énergie, disparition de la fatigue, du sommeil, de l’appétit et de
la soif.
L'intoxication par la cocaïne produit : des changements comportementaux ou
psychologiques inadaptés, tachycardie ou bradycardie, dilatation pupillaire,
transpiration ou frissons, nausées ou vomissements.
Symptômes visibles :
- Si la cocaïne est sniffée : nez rouge, nez qui coule, saignements de nez.
- Si la cocaïne est injectée : excitation, pupilles dilatées, augmentation des
réflexes nerveux, diminution de la respiration.
L’agent de sécurité devra être attentif à un effet pervers de la cocaïne qui consiste
pour l’usager fréquent en l'apparition de comportements de méfiance, de paranoïa.
L’usager se sent directement agressé, « on le cherche », « on lui en veut », cela peut
donc lui faire adopter un comportement violent très rapidement et sans raisons
apparentes.
B. Amphétamines.
Les amphétamines, mieux connues dans le milieu de la drogue sous le nom
«speed», possèdent des propriétés stimulantes qui agissent sur le système nerveux
central. Ce sont de purs produits de synthèse. Cette classe de produits regroupe
plusieurs médicaments d’ordonnance (Dexédrine®, Méthédrin®, Tenuate®,
Ionamin®, Ritalin®) ainsi qu'une trentaine d’autres substances fabriquées dans des
laboratoires illégaux et susceptibles de créer de la dépendance. Bon nombre de ces
substances sont identifiées par leurs initiales (MDA,
ICE, DOM, etc.).
Les amphétamines se présentent habituellement sous forme de cristaux, en poudre
fine ou épaisse (emballées dans un pacson ou une boulette). Elles sont vendues en
comprimés ou capsules de formes et de couleurs diverses. Mais aussi sous forme de
gouttes nasales. La drogue peut être inhalée, injectée, absorbée par voie orale ou
fumée
Effets à court terme :
Les amphétamines ("speed") ont été originalement prescrites comme coupe-faim en
traitement de l'obésité. Il a fallu plusieurs années avant de découvrir que leur usage
répété menait à une sérieuse dépendance et à des désordres émotionnels.
Les amphétamines créent un état d’éveil et de vigilance. Le consommateur,
euphorisé par cette drogue dont l'effet peut durer plusieurs heures, se sent donc très
énergique. Il est par ailleurs possible que la personne devienne volubile, agitée,
excitée ou qu'elle se sente puissante et agressive.
L’usage régulier des amphétamines amène souvent la personne à rechercher, par
injection intraveineuse, une réaction plus forte et plus rapide de cet état d’euphorie.
L'absorption de très fortes doses provoque des rougeurs, des tremblements, des
hallucinations effrayantes et une grave paranoïa.
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
Symptômes :
- Augmentation de l’endurance. Diminution de la fatigue et de l’appétit.
Volubilité (rapidité dans le débit de parole : loquace). Hyperactivité (rapidité
des mouvements).
- Dilatation des pupilles (+ de 6 millimètres). Illusion d’optique, fièvre élevée,
sensation de douleur à la poitrine, respiration altérée, perte de conscience
possible.
Pour info : de par ses effets, les amphétamines peuvent aussi être classées dans les
stimulants à effets hallucinogènes selon certains auteurs.
5.1.2 Les sédatifs.
A. L’alcool.
L'alcool est rarement considéré comme une drogue. Pourtant, l'alcool est une drogue
parce que son principal ingrédient, l'éthanol, agit comme un dépresseur sur le
cerveau.
Même si on le consomme tout d’abord pour ses effets euphoriques, il est faux de
croire que l’alcool a un effet stimulant. Consommé en faible quantité, il peut sembler
un stimulant du fait qu'il agit sur la partie du cerveau régissant les inhibitions.
Lorsqu'une personne perd ses inhibitions, elle devient plus volubile et semble avoir
plus d'énergie. Mais en fait, l’alcool est un dépresseur qui ralentit les fonctions
cérébrales et intoxique l’organisme.
Processus d’ivresse :
Une fois l'alcool présent dans le sang, aucun aliment ou boisson ne peut retarder ou
empêcher ses effets. Le sucre contenu dans les fruits peut, en accélérant
l'élimination de l'alcool dans le sang, raccourcir la durée de ses effets.
Comme l'alcool passe rapidement dans le sang, l’alcoolémie commence sitôt après
l’absorption. Elle atteint son maximum en moins d’une heure et ne décroît que
lentement.
L'ivresse alcoolique est caractérisée par trois phases successives typiques :
-
une phase d'excitation, un état d'ébriété auquel succède un état de dépression
pouvant évoluer vers le coma.
La phase d'excitation est caractérisée par une impression de facilité intellectuelle et
relationnelle, une perte du contrôle des fonctions intellectuelles et une libération des
tendances instinctives. Le sujet prend des risques inconsidérés (surtout au volant de
sa voiture) et perd toute appréciation objective de la situation réelle.
-
la phase d'ébriété est reconnaissable par la démarche instable, la parole
hésitante, la pensée confuse, des gestes non contrôlés et non coordonnés ; elle
se manifeste par certains signes somatiques : pupilles dilatées, nausées,
vomissements ou diarrhée.
-
la phase dépressive conduit le sujet au sommeil. Quelquefois, l'ivresse peut
évoluer vers un coma; le sujet est dans un très profond sommeil : les pupilles
dilatées, l'absence de réactions aux différentes stimulations, les vomissements et
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
la perte d'urine reflètent la gravité de cet état, qui, comme tout coma toxique, doit
être traité en milieu hospitalier.
Certains états d'ivresse alcoolique s'accompagnent d'hallucinations, de convulsions
ou de délires et peuvent être à l'origine des réactions violentes du sujet. Les thèmes
de jalousie ou de persécution sont fréquents dans les formes délirantes. Dans
d'autres cas, l'ivresse engendre un état de dépression pouvant être dangereux et
conduire au suicide.
Certains sujets ivres peuvent présenter des troubles de mémoires transitoires dont ils
prennent conscience : ces épisodes appelés "trous noirs" ou "black out" sont très
angoissants et difficilement avoués.
B. Les barbituriques.
Les barbituriques sont de puissants calmants qui ralentissent le système nerveux
central, classifiés comme sédatifs hypnotiques (Gardenal®, Luminal®, Vesparax®).
Les barbituriques étaient prescrits par les médecins pour le traitement de l'insomnie,
de l'anxiété, du stress et de l'épilepsie.
Les barbituriques sont souvent utilisés pour leurs effets euphoriques. Certaines
personnes en prennent pour remplacer ou accompagner l'alcool. Les toxicomanes
ont parfois recours à ces substances lorsqu'ils ne peuvent pas obtenir leur drogue
habituelle ou pour combattre les effets de fortes doses de stimulants tels que les
amphétamines ou la cocaïne.
Effets à court terme :
L'effet d'une dose unique apparaît rapidement et s'estompe au bout de quelques
heures. Une faible dose (50mg.) peut soulager l'anxiété et la tension.
Une dose plus forte (100 à 200mg.), dans une ambiance calme, conduit
habituellement au sommeil. Prise dans un cadre social animé, la même dose
produira des effets comparables à ceux de l'alcool (sensation d'euphorie, troubles
d'élocution, pertes d'inhibitions). Il peut être extrêmement dangereux de mélanger
des barbituriques avec d'autres dépresseurs du système nerveux central comme
l'alcool, les tranquillisants ou les opiacés.
Vous devez garder à l’esprit que les effets à long terme des barbituriques
s'apparentent à l'état de l'alcoolique chronique.
Les symptômes comprennent l'affaiblissement de la mémoire et de la capacité de
jugement, les sautes d'humeur, l'intensification de troubles affectifs déjà présents, le
tout pouvant aboutir à la paranoïa et aux idées suicidaires.
C. Les benzodiazépines.
Les benzodiazépines sont les médicaments les plus souvent prescrits dans le
traitement de l'anxiété et des troubles du sommeil (Lexotan®, Temesta®, Valium®,
Mogadon®, Rohypnol®). Ils ont remplacé certains barbituriques qui, malgré leur
efficacité, présentaient un important degré de dangerosité de par leurs puissants
effets dépresseurs sur le système nerveux central.
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
On peut cependant s'inquiéter de la dépendance tant physique que psychologique
qu'engendrent les benzodiazépines prescrits abondamment par les médecins.
Les médicaments d'ordonnance, qu’ils soient excitants ou calmants, sont utilisés
pour
modifier la perception de la réalité et pour atténuer un état de mal-être psychique ou
physique.
Les tranquillisants sont des dépresseurs du système nerveux central, prescrits pour
guérir ou
soulager la douleur. Souvent, ils sont utilisés pour obtenir une sensation de calme et
de détendre et diminuer le stress dans certaines situations difficiles.
Parmi les principaux effets de ces benzodiazépines, voici ceux que doit connaître
l’agent de sécurité :
- Perte de coordination, risques de chutes, de fractures et de confusion chez les
personnes âgées
- Elles peuvent induire une baisse de la vigilance, des sensations d'euphorie et
une somnolence qui peuvent être préjudiciables au conducteur de véhicule.
Des effets imprévisibles peuvent s'ajouter si ces psychotropes sont mélangés
à l'alcool ou à d'autres dépresseurs du système nerveux central.
- Risque de paranoïa, hallucinations et délire.
5.1.3 Les hallucinogènes.
Le terme «hallucinogène» s'applique à toute drogue qui altère radicalement l'état
mental, avec distorsion de la réalité et qui, à fortes doses, fait halluciner, c'est-à-dire
qui font voir ou entendre des choses qui n'existent pas en réalité. Ces drogues, aussi
appelées psychédéliques ou psychodysleptiques, ont une action puissante sur
l'esprit. Les principaux hallucinogènes connus sont le LSD et la psilocybine (extraite
du champignon magique).
Effets généraux : désorientation, euphorie, hallucinations, troubles émotifs et de
l'humeur, élocution rapide et insensée.
Signes distinctifs: Description déformée de la réalité, pupille dilatée, respiration
rapide, tremblements, agitation, panique.
A. Le LSD.
Le LSD est un produit de synthèse, c’est-à-dire fabriqué dans des laboratoires
clandestins.
Très répandu dans les années 60 il est, malheureusement, revenu en force depuis
quelques années chez nous. Il se présente sous forme de cristaux blancs solubles
dans l’alcool. Inodore et incolore, cette substance sous forme de sel très soluble
dans l’eau permet d’imbiber des comprimés, de petits blocs de gélatine, des
morceaux de buvards ou des timbres. 91gr de LSD permet la fabrication de 5000
doses !!
Si le LSD est le plus souvent ingéré, il peut aussi être mis directement en contact
avec les muqueuses, injecter ou fumer (rares) ou utiliser dans un aérospray.
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
Effets :
Les effets durent de 6 à 12 heures.
Troubles de la perception, couleurs plus éclatantes, « on voit les sons et on entend
les couleurs » (exemple : « la bouteille de Coca-Cola, ben, elle respire m’sieur »),
dilatation des pupilles, sueurs, mains froides et moites, langage confus, démarche
incertaine, réflexes nerveux.
Attention : risque de « bad trip » (mais aussi de flash-back).
B. Les champignons hallucinogènes.
Les champignons sont principalement consommés « entre amis », mais peuvent être
consommés lors de « raves », ce qui peut intéresser l’agent de gardiennage.
Il s’agit souvent de psilocybes, de conocybes, panaeolus et autres du genre. Petits
champignons ayant généralement le chapeau pointu et la tige fine.
Ils sont mangés frais ou sec, crus ou cuits (souvent mélangés à du miel pour faire
passer le mauvais goût). Ils peuvent aussi être infusés dans une boisson chaude.
Effets :
Après une vingtaine de minutes hallucinations visuelles, auditives et tactiles,
euphorie, hilarité, pupilles dilatées et … troubles digestifs. Mais aussi nausées, maux
de ventre, anxiété et crise de panique !!
C. Les stimulants à effets hallucinogènes.
L’ecstasy.
Egalement appelé XTC, love drug, ecsta, MDMA. Cette drogue est dite « récréative »
car longtemps et souvent prisée par une population jeune lors des « raves » qui
l’associe à une musique précise : la techno. Cette substance consommée pendant la
danse favoriserait un état proche de la transe et potentialiserait l’action des rythmes
et des décibels tout en empêchant le consommateur de ressentir la fatigue.
L’ecstasy est encore une drogue synthétique produite dans des laboratoires dont la
MDMA (méthylène-dioxy-méthamphétamines) est la plus usitée. Toutefois d’autres
molécules (MDA, MDEA, 2-CB, etc.) sont également vendues sous cette appellation.
A quoi çà ressemble ?
L’ecstasy se présente sous forme de comprimés blancs ou de différentes couleurs.
Souvent, mais pas toujours, l’ecsta est « estampillé », « tamponné » d’un symbole
caractérisant son origine ou une ode d’un moment (Acid, sigle VW, Mickey, etc…).
Mode de consommation :
Généralement l’ecstasy est ingéré, on dit « gobé » dans le jargon. Mais il peut aussi
être fumé ou sniffé.
Effets :
Les effets interviennent après 20 à 30 minutes et peuvent durer de 4 à 6 heures.
Dans un premier temps, le consommateur n’a plus conscience de ce qui lui arrive.
Désinhibition émotionnelle, augmentation de la sensualité et recherche de contacts
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
l’impression de fatigue intense et les troubles de la mémoire. L’individu peut alors
être pris de crises aiguës d’angoisse et d’attaques de panique. L’agent de
gardiennage devra être attentif à ces risques.
Symptômes :
- Augmentation du rythme cardiaque et température corporelle élevée (donc
transpiration)
- Dilatation des pupilles, bouche sèche, grincements des dents (il y a contraction
de la mâchoire, beaucoup de consommateurs ont une sucette à la bouche ou une
paille)
- Difficultés d’élocution (la mâchoire s’ankylose).
Le risque pour l’agent de gardiennage (hormis les risques de passages à l’acte
violent lorsque l’individu angoisse ou panique) est que le consommateur fasse une
crise de déshydratation.
Nous vérifierons au cours quelles sont vos connaissances en matière de secourisme
afin de savoir si vous aurez les bons réflexes le cas échéant.
Autres substances.
Comme nous l’avons dit, les amphétamines peuvent également être classées parmi
les stimulants à effets hallucinogènes car lorsqu’elles sont prises en grande quantité,
elles provoquent des hallucinations chez le consommateur. Ne nous intéressant
qu’aux risques liées aux « petites consommations » que nous pourrions rencontrer
sur poste, nous avons volontairement placé les amphétamines dans les stimulants.
Dans le même ordre d’idées, certains considèrent que le GHB appartient à la
catégorie des stimulants à effets hallucinogènes de par certains de ses effets. Nous
verrons dans le point suivant ce produit que nous avons décidé de placer dans les
sédatifs à effets hallucinogènes car il emporte selon nous davantage d’effets sédatifs
que stimulants. Long débat sur lequel nous n’aurons malheureusement pas le temps
de nous attarder au cours.
D. Les sédatifs à effets hallucinogènes.
Les opiacés.
Les principaux sont la codéine, l’héroïne, la morphine et l’opium.
Si différentes substances sont classées sous le terme d’opiacés, seule l’héroïne
retiendra particulièrement notre attention dans ce cours car plus courante,
malheureusement, et donc plus propice à être consommée dans notre pays bien
qu’elle ne soit plus en tête des produits les plus consommés.
Description :
Les opioïdes comprennent les opiacés naturels, soit les drogues provenant du pavot
à opium et leurs dérivés synthétiques comme la mépéridine (Demerol ®) et la
méthadone.
Les opiacés sont extraits du suc épaissi (substance laiteuse) qui s'écoule d'incisions
faites aux capsules de diverses espèces de pavot, une plante qui ressemble au
coquelicot et qui peut atteindre dans les 1,50 m de haut. De ce suc, sont extraits
l'opium, la morphine et la codéine.
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
D'autres drogues, comme l'héroïne, sont dérivées de la morphine ou de la codéine.
On retrouve l'opium en morceaux brun foncé ou en poudre. Il peut être mangé ou,
après traitement, fumé. Dans ce cas, il se présente sous forme de pâte; puis on en
fait des boulettes qui, une fois ramollies, sont utilisées dans une pipe. D'autres
opiacés analgésiques sont vendus sous formes de capsules, comprimés, sirops ou
suppositoires. L'effet de l'opium dure environ quatre heures.
Effets à court terme :
- Les premières doses peuvent provoquer de l'agitation, des nausées et des
vomissements.
- À dose modérément forte, l'usager en vient à ressentir un sentiment
d'euphorie, d'exaltation et une intense sensation de bien-être, suivie d'un état
de gratification que ni la faim, ni la douleur ni les besoins sexuels ne peuvent
généralement troubler; le corps devient plus chaud, les extrémités sont
lourdes et la bouche est sèche. Plus on augmente la dose, plus la respiration
ralentit.
- À très forte dose, l'usager reste dans un état de torpeur permanent, les
pupilles du
- consommateur se contractent pour n'être plus que des petits points, la peau
est froide, humide et bleuâtre. Cà peut alors causer de la stupeur et une
dépression respiratoire pouvant ainsi entraîner le coma et la mort.
Vous retiendrez aussi que le consommateur régulier est très maigre et que son
regard est fixe. Les utilisateurs chroniques peuvent éprouver des troubles
pulmonaires en raison des effets des opiacés sur la respiration.
Les risques associés au partage des seringues sont élevés: sida, etc… dès lors une
grande prudence est recommandée lors d’éventuels contacts.
Le cannabis.
LE CANNABIS est mieux connu sous les 200 mots d'argot différents attribués à la
marijuana et au haschich : pot, herbe, marie-jeanne, shit, kif, tosh, hakik, ganja, jaja,
…
Importé au Canada principalement de la Colombie, du Mexique, de la Jamaïque et
de la Thaïlande, le cannabis est également cultivé en serre tant en Europe qu'en
Amérique du Nord.
Toutes les formes de cannabis sont des substances qui perturbent l'état d'esprit dû
particulièrement au THC (tetrahydrocannabinol), élément chimique que compte le
cannabis. La concentration en THC varie suivant l'espèce et la partie de la plante qui
est utilisée.
D'un plant de cannabis, trois produits sont dérivés :
- LA MARIJUANA, (pot, joint, marie-jeanne, herbe, grass, ganja): provient des
tiges, des feuilles et des fleurs séchées de la plante Cannabis Sativa. Sa couleur
peut aller d'un vert grisâtre au brun verdâtre; sa texture ressemble à celle de
l'origan ou du thé grossièrement haché. La substance renferme habituellement
des graines et des tiges. Forte odeur. La marijuana est habituellement fumée
dans des cigarettes roulées à la main (joint, pétard), ou dans des pipes, mais elle
est également mangée dans des recettes de pâtisserie ou infusée comme du thé.
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
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-
LE HASCHICH (Hasch, H, shit): extrait de la résine sécrétée par le cannabis, le
haschich est vendu sous forme de cube ou en morceaux dont la couleur varie du
brun clair au noir, sa texture allant de sèche et dure à molle et friable. Il est
souvent mélangé au tabac et fumé. Il est plus puissant que la marijuana en raison
de sa teneur plus élevée en THC, il contient de 12 à 20 % de THC.
-
L'HUILE DE HASCHICH :est un concentré de haschisch visqueux et
goudronneux, un liquide vert foncé, marron ou noir, obtenu par percolation à
partir du haschich purifié avec un solvant organique ou de l’alcool. Son degré de
concentration de THC est très élevé entre 60 à 80 %. L’huile de haschich est
ajoutée aux joints pour en augmenter la puissance
Effets à court terme:
Les effets du cannabis ne dépendent pas seulement du mode de consommation, de
la quantité ou du taux de THC consommée, mais aussi de la personnalité de
l’individu qui en consomme, de son état d’esprit. Lorsque le haschich est fumé, ses
effets surviennent en 10 à 30 minutes. Avalé, ses effets peuvent prendre plus de 30
minutes à se manifester, et persister de 3 à 8 heures. Chez un sujet à personnalité
structurée, les effets d'un usage à faible dose restent circonscrits et les risques sont
peu marqués tant sur le plan physique que psychique.
L’effet principal du THC est de modifier l’humeur, les sensations et le comportement.
Les personnes peuvent se sentir plus relax, joyeuses, insouciantes; mais l’euphorie
peut facilement se transformer en déprime et autres difficultés psychiques.
La marijuana augmente le rythme cardiaque, dilate les vaisseaux sanguins de la
conjonctivite, causant une rougeur caractéristique des yeux.
ATTENTION, la rougeur de la conjonctivite peut être associée à diverses situations
comme la fatigue, la poussière, un manque de sommeil, et ne suffit pas à identifier
un consommateur de THC.
La marijuana provoque peu d'hallucinations. La perception sensorielle semble
accrue, les couleurs plus éclatantes, les sons plus distincts. L'utilisateur a la bouche
sèche, son appétit augmente. Rythme cardiaque légèrement accéléré. La perception
du temps et de l'espace est déformée. Certains consommateurs se replient sur euxmêmes, ou ressentent de la peur, rient sans raison apparente, souffrent d'anxiété, de
dépression.
En clair, le consommateur sous effets présente quasiment les mêmes
caractéristiques que la personne en état d’ébriété mais à la différence près qu’il n’a
pas d’haleine d’alcool !!! En outre, il se peut qu’il véhicule une odeur de cannabis sur
lui car s’il a fumé dans un endroit un peu confiné, l’odeur de cannabis s’incruste
davantage aux vêtements que la fumée de cigarette.
Le GHB.
Le Gamma Hydroxybutyrate ou GHB est à la base un produit utilisé en médecine
comme anesthésiant. Malheureusement, et comme souvent, ce produit peut être
classé dans la catégorie dite des « médicaments détournés ». Ces dérives l’ont
conduit à être rebaptisé du nom de drogue du viol eu égard à ses effets et l’usage
qui en est fait.
27
7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
Il faut savoir que ce produit est extrêmement facile à fabriquer et dès lors son usage
est courant.
Présentation :
Il s’agit d’un liquide (légèrement gras) inodore, incolore dont le goût est légèrement
salé. Dans ce cas il sera transporté facilement car conditionné dans des petites fioles
parfois du type « échantillon de parfum ». Mais certains contenants peuvent aussi
dissimuler des liquides ou des poudres tels que des stylos, briquets et certains bijoux
(type médiéval notamment).
A cet égard, l’agent de gardiennage sera attentif à tous les objets y compris ceux qui
peuvent sembler anodins. En effet, outre des drogues, certains objets courants
dissimulent parfois des armes également.
Effets :
Lorsque le produit est versé dans une boisson à l’insu de la personne, les effets
apparaissent après 10 à 30 minutes : absence de volonté (effets relaxants et
légèrement euphorisants), sensualité, communication facile, augmentation de la
libido. Mais aussi à plus forte dose : somnolence, étourdissements, nausées et effets
amnésiants.
Il faut savoir que le GHB peut également se présenter sous forme de poudre ou de
gélule et être consommé volontairement par des consommateurs qui recherchent
certains effets.
Les solvants volatiles.
Les inhalants sont des produits chimiques à vapeur psychotrope. Ils sont rarement
considérés comme des drogues puisqu'ils ne sont jamais fabriqués à cette fin
(essence, vernis à ongles, colles).
La plupart des produits à inhaler sont des solvants d'hydrocarbures volatiles dérivés
du pétrole et du gaz naturel; les deux principales exceptions sont le nitrite d'amyle et
le protoxyde d'azote. Le terme «volatile» signifie que les hydrocarbures s'évaporent
au contact de l'air et «solvant» fait référence à leur propriété, sous forme liquide, de
dissoudre plusieurs autres substances.
Les utilisateurs versent ou vaporisent ces produits dans un sac ou sur un linge, puis
ils en inhalent les vapeurs.
Ce sont :
- les colles à séchage rapide (toluène, xylène),
- les carburants comme la gazoline (benzène, toluène),
- les solvants comme les diluants de peinture ou les dissolvants à vernis à ongles
(acétone),
- les liquides servant au nettoyage( benzène, trichloroéthane),
- l'essence à briquet (naphta),
- hydrocarbures en aérosol ( fixatifs à cheveux, désodorisants, insecticides,
peinture,…),
- certains médicaments ou aérosols utilisés comme anesthésiques.
28
7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
Effets à court terme :
Les effets à court terme apparaissent peu après l'inhalation et disparaissent en
quelques heures. Un usager expérimenté peut prolonger les effets pendant 12
heures s'il aspire des doses plus concentrées de drogue à l'aide d'un sac de
plastique et s'il continue l'inhalation. Cependant, Il est possible que les maux de tête
et certains malaises persistent plusieurs jours :
- allégresse et euphorie semblables à celles causées par l'alcool;
- sensation d'engourdissement, d'apesanteurs et dissociation de l'environnement;
- manque de coordination motrice;
- difficultés d'élocution;
- dilatation de la pupille.
- ralentissement du rythme respiratoire et cardiaque;
- sentiment de témérité et de toute puissance;
- enfin, elle peut également mourir si on la fait sursauter ou si elle se livre à des
activités épuisantes durant son intoxication.
EN CONCLUSION :
On peut dire que les drogues et l’alcool lèvent les freins sur les inhibitions des
individus et modifient les comportements, leurs facultés de jugement et de contrôle
de soi.
Pour intervenir adéquatement et en toute sécurité dans des situations où sont mêlés
des individus sous influence de l’une ou l’autre de ces substances, seuls nos gestes,
nos automatismes et le contrôle de l’espace peuvent nous prémunir du pire ! Soyez
extrêmement prudents avec ce genre de personnes car elles n’ont pas « une attitude
normale et rationnelle » ; n’espérez pas de leur part à ce qu’elles adoptent le
comportement de tout un chacun !
Soyez attentif aux signes précurseurs et surtout prémunissez-vous de tout danger
éventuel lié au comportement d’individus sous influence !
29
7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
6 Gestion des foules :
6.1
Définition
La foule est une réunion ou un regroupement, en un même lieu, d’un grand nombre
de personnes qui se différencie des autres concentrations de population par les
caractéristiques suivantes :
- Conscience collective
- Chaque membre du groupement poursuit le même but tout en gardant une
personnalité propre.
- Abaissement des facultés intellectuelles
- Le collectif intellectuel d’une foule est faible quelle que soit la qualité
intellectuelle de ses membres.
- En effet, la foule ne cherche pas à avoir un raisonnement complexe ou une
analyse approfondie des choses, elle est guidée principalement par ses
émotions et ses propres normes. Les individus composant la foule gardent
une logique d’action qui est d’agir au mieux de leurs intérêts et de ceux qui les
entourent.
En conséquence, on parlera de «foule» notamment lors de:
- Manifestations sociales;
- Evènements sportifs;
- Rassemblements autour d’un accident;
Par contre, des concentrations importantes de personnes, comme c’est le cas
notamment dans les rues commerçantes ou aux heures de pointe, ne seront pas
considérées comme répondant aux mécanismes sociaux de la «foule» dans la
mesure où les caractéristiques «conscience collective » et «appauvrissement
intellectuel » ne s’y retrouvent pas. Savoir différencier la foule des autres groupes
permet de comprendre le comportement de cette masse, d’identifier leurs attentes et
d’anticiper ses réactions.
6.2
Typologie des foules
D’un point de vue « ordre public», on peut distinguer quatre catégories de foule selon
l’origine de la concentration:
A.
B.
C.
D.
Foule fortuite;
Foule culturelle ou sportive;
Foule de protestation;
Foule révoltée;
30
7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
A. La foule fortuite :
Il s’agit d’un regroupement spontané formé suite à un évènement soudain et
imprévu.
Exemple: Amassement de personnes devant l’entrée d’un hôtel suite à l’annonce de
l’arrivée d’une star du cinéma. Dans la gestion de ce type d’évènement, les acteurs
de la sécurité sont pris au dépourvu et se trouvent souvent en effectif insuffisant.
B. La foule culturelle ou sportive :
Il s’agit d’un regroupement planifié dans le but de participer à des activités sociales
ou sociables.
Exemple: Concert d’une star dans un stade de football. L’affluence de la foule étant
prévisible, les acteurs de la sécurité sont généralement bien préparés et en effectif
suffisant.
C. La foule de protestation :
Il s’agit d’un regroupement généralement planifié qui exerce ses droits
constitutionnels pour manifester un mécontentement quelconque. Exemple :
manifestation des agriculteurs suite à la baisse des prix du lait.
Dans le cas d’un évènement planifié, les acteurs de la sécurité sont généralement
bien préparés et en effectif suffisant. Cependant, la complexité de la gestion de ce
type de foule réside dans le fait que l’envie d’exprimer «la colère » est omniprésente
et que la moindre contrariété peut conduire à des débordements.
D. La foule dite « révoltée »
Il s’agit d’une masse d’individus dont l’expression se limite à un déchainement de
violences contre les biens et/ou les personnes représentant ou non l’autorité, pour
exprimer ou non un message. Exemple: scène de pillage. De nos jours, ce type de
foule ne se rencontre plus dans notre pays. Cependant, comme nous le verrons par
la suite, le mécanisme des émotions primaires ou la manipulation par des éléments
subversifs des trois premières catégories de foule peuvent conduire aux mêmes
expressions que la foule dite «révoltée».
6.3
L’identité sociale
Lorsqu’un individu se retrouve dans une foule, il a tendance à échanger sa propre
identité pour celle du groupe que l’on appelle « l’identité sociale».Cela a pour
conséquence que l’identité propre de l’individu, avec ses normes et ses valeurs, va
être dominée par l’identité du groupe (= identité sociale) dont les attributs sont
déterminés par le contexte et la situation. Ce changement d'identité sera d’autant
plus important si le groupe est menacé ou en danger. Au sein d’une foule, il peut
exister plusieurs groupes avec des identités sociales différentes.
Par exemple, lors d’un rassemblement protestataire, on retrouve dans la foule divers
courants: ceux qui sont pour des actions modérées et d’autres qui veulent des
démonstrations fortes (dégradations, violences,…).
Les études récentes sur le comportement des foules montrent que les actes
extrêmes ne sont pas irrationnels mais souvent la conséquence d’une réaction à un
exogroupe (comme les services de police). Afin d’éviter que chaque individu de la
31
7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
foule ne se stéréotypie sur l’identité sociale la plus extrême qui la compose, il est
primordial que les représentants de l’autorité (policiers, stewards, agents de
gardiennage,…) ne considèrent pas la foule comme étant un groupe à l’identité
sociale homogène.
6.4
Emotions primaires d’une foule
La foule se caractérise par un faible niveau d’intelligence qui accentue les
comportements « contre normatifs ». De par son identité sociale, l’individu lui-même
subit un changement de personnalité. Son appartenance à une foule lui donne du
courage pour tenter des choses et lui apporte un sentiment d’impunité créé par
l’anonymat.
Quelle que soit sa typologie, la foule s’exprime par des émotions simples ou, dans
des cas extrêmes, par l’instinct de survie.
Les émotions les plus visibles sont :
A. La colère;
B. La panique;
C. La joie;
A. La colère :
C’est le sentiment qui conduit à la violence vis-à-vis des personnes et/ou des choses
se trouvant à l’extérieur de la foule. La prédominance de l’identité sociale ne permet
pas de mettre une barrière morale aux actes.
L’action de la foule sera dirigée soit sur un objectif (attrapons-le) soit par un mot
d’ordre (cassons tout).
B. La panique
L’expression de la panique conduit la foule à un instinct de survie qui se caractérise
par des mouvements désordonnés dans la précipitation à fuir le danger.
Le chaos produit peut mettre en péril les membres même de la foule.
On citera par exemple le drame du Heysel, où les morts ne sont pas la conséquence
directe de l’agression des Hooligans mais le piétinement et la compression des gens
qui ont tenté de leur échapper.
C. La joie
Des trois sentiments étudiés, la joie dans sa simple expression ne représente pas un
danger pour l’extérieur ou l’intérieur de la foule. Cependant, l’euphorie créée dissipe
les balises du raisonnable et certains comportements dangereux peuvent naître.
Tous ces comportements peuvent conduire à des dégradations ou des violences,
voire à la constitution d’un anti-groupe. Ces émotions se diffusent dans la foule par
effet de contagion et d’escalade.
32
7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
Chapitre : Gestion positive des conflits avec les mineurs d’âge
I.
Quelques principes sur l’adolescence
Dans les sociétés occidentales, l'adolescence est considérée comme un âge de
crise.
Souvent, l'adolescence se caractérise par une lutte pour trouver son identité et
acquérir son indépendance.
Qu'est-ce au juste que l'adolescence? Est-ce la même chose que la puberté?
Quand débute-t-elle et que bouleverse-t-elle? Pourquoi représente-t-elle un
problème dans nos sociétés?
II.
La puberté
Sous le terme de "puberté", on place des transformations physiologiques
relatives à la maturation sexuelle.
La croissance est alors caractérisée par des variations rapides du taux
d'hormones. Celles-ci agissent, à l'intérieur du corps, en messagères chimiques
qui opèrent des changements radicaux. Cela a pour effet des poussées de
croissance parfois spectaculaires et l'augmentation de la masse musculaire.
La silhouette se transforme et les organes sexuels se développent. Chez les
filles, la poitrine et les règles font leur apparition.
Quant aux garçons, leur voix se fait plus grave (c'est la mue) et leur système
pileux se développe.
La poussée de croissance commence en général vers 10 - 11 ans chez les filles et
12 - 13 ans chez les garçons. Pour finir vers 14 - 15 ans pour les filles et 16 - 17
ans pour les garçons.
Si les signes pubertaires sont reconnaissables, l'âge de leur apparition varie
selon les individus. Une fois ces modifications survenues, l'adolescent a acquis
son corps d'adulte et il est sexuellement mature, c'est-à-dire apte à la
reproduction.
III.
L'adolescence : une période difficile à délimiter
L'adolescence marque la période transitoire entre l'enfance et le monde des
adultes mais c'est une période très difficile à délimiter; elle s'étale entre 12 et 20
ans selon les individus, elle s'accompagne d'un changement intellectuel et
cognitif important.
L'adolescence est en effet caractérisée par l'acquisition de la pensée formelle
ainsi que les travaux du psychologue Jean Piaget (1896 - 1980) l'ont montrée.
33
7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
À partir de 12 - 13 ans, l'adolescent est capable d'opérer sur des signes et des
symboles substitués aux objets eux-mêmes et de raisonner sur ces substituts.
Le raisonnement fait désormais appel à des combinaisons qui permettent, en
face d'une situation donnée, d'envisager des éventualités résultant de différentes
combinaisons possibles.
IV.
Des transformations physiques et psychiques
Durant la puberté, le corps se transforme tandis que l'adolescent prend
conscience de sa personnalité et de son identité.
En partie à cause de sa croissance soudaine, il est souvent maladroit, se trouve
laid, gauche, mal à l'aise.
Il renverse des verres, claque les portes avec force, se heurte aux objets car il
évalue mal sa force.
Tout cela est dû à un développement des os et des muscles trop rapide auquel le
cerveau et le système nerveux doivent s'adapter. Rapidement cependant, les
mouvements retrouvent toute leur coordination.
L'adolescent doit s'habituer à sa nouvelle apparence physique et à l'éclosion de
sa sexualité. C'est l'expérience la plus bouleversante, la plus significative et la
plus perturbante qu'il vit. L'excitation sexuelle se manifeste plus fortement que
dans l'enfance et génère de nouvelles expériences. Quelle attitude adopter?
Comment réagir face à ses propres désirs mal contrôlés et dont il est si difficile
de parler à quelqu'un? Faut-il lutter contre ou s'y abandonner? Est-ce normal?
Toutes ces questions obsèdent l'adolescent qui a souvent du mal à s'en ouvrir à
ses parents.
Toutefois, si l'adolescent d'aujourd'hui ne parle pas de sa sexualité à ses parents,
ces derniers font l'éducation sexuelle de leurs enfants, en leur expliquant
notamment l'utilisation du préservatif, pour les prévenir des maladies
sexuellement transmissibles, dont la plus tragique : le sida.
L'adolescence est parfois le moment de la découverte d'une passion amoureuse,
certes vécue avec générosité et force mais empreinte d'un désir de possession.
Pendant toute la durée de l'adolescence, l'amitié est un facteur d'équilibre.
Puisque l'on ne peut se confier à ses parents, l'amitié redonne confiance dans les
moments difficiles. Les adolescents recherchent le groupe, la bande de copains
au sein desquels ils trouvent la connivence, la tolérance, la communication, la
tendresse et l'humour.
6.4.1 V. L’opposition à l’adulte versus l’appartenance au groupe
34
7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
Les individus s'identifient les uns aux autres quand leurs attitudes et leurs
intérêts sont semblables. C'est encore plus vrai au moment de l'adolescence,
période pendant laquelle les relations avec les parents sont souvent conflictuelles
et où l'amitié devient prépondérante.
On cherche à s'identifier aux autres, à leur ressembler, et on modifie son
comportement pour y parvenir.
Les "bandes" sont souvent composées de jeunes qui ont sensiblement le même
âge, le même niveau social et les mêmes préoccupations dans la vie.
Pour l'adolescent, les adultes (les parents, en particulier) paraissent
complètement étrangers à ce qu'il ressent. Ils lui imposent des règles
strictes, qui lui paraissent injustes et dépassées.
Le groupe d'amis offre alors la compréhension et le sentiment d'appartenance
qu'il ne trouve pas dans les relations familiales. Au sein du groupe, il ressent le
sentiment de s'affirmer, d'être libéré de ses souvenirs d'enfance et de la pression
parentale.
Pourtant la bande possède un ensemble de règles qui peuvent être plus rigides
que celles des parents ou des professeurs.
La bande instaure sa propre hiérarchie et peut édicter des conduites que
l'adolescent n'approuve pas intérieurement mais auxquelles il se conforme parce
qu'elles émanent de celle-ci. Le groupe qui considère comme valorisantes et
excitantes certaines activités attend de ses membres qu'ils y participent.
Un adolescent désireux d'être reconnu et accepté par les autres ne résistera pas
à de telles pressions. Tandis qu'un autre peut considérer comme un signe de
faiblesse de se laisser influencer et entraîner aussi facilement.
Par extension, les jeunes auront tendance à s’opposer de manière parfois brutale
aux adultes. Cette opposition sera exprimée à différents degrés. Souvent, elle est
systématique, c’est-à-dire qu’elle se manifeste non pas en rapport avec le fond
mais simplement parce que la source n’est pas reconnue comme valable.
Cette opposition à l’adulte, à la règle, à l’autorité, déjà très présente
individuellement, peut-être surdéveloppée en groupe.
VI . La gestion du conflit avec les jeunes : pistes de réflexion
On l’a vu la situation conflictuelle peut être récurrente avec les jeunes. Il est
donc important de pouvoir faire face à ce type de conflit spécifique. Voici
quelques techniques utiles
1° Rappel du cadre et de l’autorité
35
7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
Même s’il a tendance à vouloir s’en écarter, le jeune a BESOIN de se sentir
encadrer par les règles. Dans un premier temps, le rappel à la loi, à la règle peut
être perçu comme négative par le jeune, mais la plupart d’entre eux
l’intérioriseront.
Il est important cependant de privilégier un rappel au cadre ASSERTIF. Plus le
jeune se sent écouté et reconnu plus il aura tendance à accepter la règle. A
contrario, plus il ressent une absence de reconnaissance de ce qu’il vit, ressent,
plus il aura tendance à rejeter la règle
2° La communication non violente
Comme dans toute gestion de conflit, celle particulière aux jeunes fera appel aux
techniques de communication non-violente :
Ecoute active
Empathie
Assertivité
3° La communication intergénérationnelle
La communication intergénérationnelle peut se synthétiser en 6 phases de la
métacommunication. Son objectif est de partager les différents points de vue
et de réguler une tension interpersonnelle.
6.5 Phase 1 : Différencier ma perception de la réalité
Cette première phase permet de faire la différence entre la perception de la
réalité et la réalité elle-même. Ce sont 2 choses distinctes. La perception ou
l’interprétation de la réalité n’est pas forcément la même pour tout le monde.
Chacun la construit au travers de 3 filtres :
•
Les sens : ce qu’il voit, entend, sent, etc.
•
L’histoire personnelle et la psychologie
•
Les mots utilisés pour exprimer la situation
Ce qui donne dans notre conflit entre Pierre et Jean-Louis :
6.6 Phase 2 : Prendre conscience que l’autre est différent de moi
Sachant que ma perception est différente de la réalité, le processus est le même
pour l’autre personne. Sa réalité est modelée par ses perceptions car il possède
aussi ses propres filtres. L’autre est donc forcément différent de moi. C’est
36
7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
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pourquoi un même comportement peut provoquer des réactions différentes selon
les individus.
6.7 Phase 3 : Accueillir la perception de l’autre
C’est le moment de laisser parler l’autre. D’accueillir sa perception, sa vision de
la réalité. L’autre parle ainsi de comment il interprète la situation suivant son
analyse et son ressenti. Cette phase doit absolument être placée sous le signe de
l’écoute. Quand l’autre s’exprime, il ne doit pas être interrompu.
6.8 Phase 4 : Communiquer ma perception
C’est à mon tour d’exprimer ma perception de la situation. De même que pour la
phase précédente, je dois être écouté, sans être coupé.
6.9 Phase 5 : Se donner un feedback mutuel
Une fois que chacun s’est exprimé dans le respect et l’écoute de l’autre, on peut
se donner un feedback. Mais pas n’importe comment. Ce n’est pas une phase
pour se lâcher et balancer sur l’autre. L’intention est de livrer un ressenti sur
comment l’autre s’est exprimé. Nous avons vu dans un précédent article
comment donner un feedback constructif. Alors c’est une bonne occasion de le
mettre en pratique.
6.10 Phase 6 : Créer une solution commune
Pour terminer, les protagonistes réfléchissent à une solution commune. Elle doit
satisfaire les deux parties, en prenant en compte tout ce qui a été dit depuis le
début de la régulation. L’objectif est de créer une nouvelle perception partagée
qui recrée du lien entre les deux personnes.
Résoudre un conflit générationnel : quelques protections à mettre
Pour que ce processus de régulation en 6 étapes fonctionne, il est nécessaire de
poser un cadre avec des règles. Voici celles que je vous suggère :
•
La volonté de résoudre le conflit : si l’une des deux parties ne veut pas
que le conflit se résolve, cela ne marchera pas. Il doit y avoir une volonté
commune d’améliorer la relation.
37
7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
•
L’écoute : il ne peut y avoir de résolution de conflit sans une réelle écoute
de l’autre. Le médiateur doit veiller à ce que les personnes ne se coupent pas
la parole.
•
L’ouverture : chacun peut oser parler de lui et dire de ce qu’il ressent.
•
La bienveillance : chacun peut parler de lui sans jugement de la part de
l’autre.
•
La courtoisie : cette discussion difficile ne doit pas virer au lynchage avec
insultes. Chacun doit rester courtois dans ces propos.
Bibliographie :
« Intégrer la Génération Y et Créer une Relation de Confiance entre les Générations » de Rémi
Renouleau, First Edition, Paris, 2015
« Manuel de communication Non violente », Lucy Leu, Jouvence, 2016
« La psychologie de l’adolescent », A. Colin, Cursus, 2013
Sites Internet
http://www.yapaka.be
http://www.universitedepaix.org
7 Conclusion générale
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
Pour conclure ce cours, nous pouvons dire qu’aucune règle ne peut jamais
s’appliquer de façon générale dans une situation d’intervention et de gestion de
crise.
Plus vite vous serez capable de cerner une personnalité, plus vite vous arriverez à
gérer la situation dans les meilleures conditions.
Seules l’expérience et la multiplicité des contacts interpersonnels vous apporteront
cette capacité. Les jeux de rôles et mises en situation vous permettront de vous
familiariser avec des situations conflictuelles et vous prépareront à avoir des
réactions adéquates afin de minimiser les risques d’être surpris et déstabilisé par
certaines situations.
Afin d’éviter d’être trop exposé au danger, n’oubliez pas de prévenir au plus tôt les
collègues ou les services de police.
En effet, nous vous rappelons que l’usage de la contrainte n’est pas de votre ressort,
ni même le port et l’usage d’armes. Vos seuls droits sont ceux de tout citoyen, à
savoir l’usage de la force dans des cas bien précis déterminés par la loi ; par
exemple, en cas de légitime défense (pour soi-même ou autrui).
Enfin, nous vous souhaitons bonne chance dans votre nouvelle carrière, et espérons
que vous tenterez d’appliquer un maximum les conseils qui vous ont été enseignés
dans ce cours ainsi que tout au long de votre formation.
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7ème Technique « Métiers de la prévention et de la sécurité »
Formation Gardien de la Paix
8 Remerciements:
Ont contribué à la rédaction de ce document :
• Le groupe de travail inter-réseaux « Gardien de la paix »
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