CIRCOLARE N
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CIRCOLARE N
COMMENTAIRE DIRIGÉ- VOLTAIRE :CANDIDE ESABAC EN POCHE PAG.51-52 CHAPITRE PREMIER - COMMENT CANDIDE FUT ÉLEVÉ DANS UN BEAU CHÂTEAU, ET COMMENT IL FUT CHASSÉ D'ICELUI Il y avait en Westphalie, dans le château de M. le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les moeurs les plus douces[…]. Il avait le jugement assez droit, avec l'esprit le plus simple ; c'est, je crois, pour cette raison qu'on le nommait Candide. Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu'il était fils de la soeur de monsieur le baron et d'un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu'il n'avait pu prouver que soixante et onze quartiers[…].Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son château avait une porte et des fenêtres. Sa grande salle même était ornée d'une tapisserie. Tous les chiens de ses basses-cours composaient une meute dans le besoin ; ses palefreniers étaient ses piqueurs ; le vicaire du village était son grand aumônier[…]. Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s'attirait par là une très grande considération, et faisait les honneurs de la maison avec une dignité qui la rendait encore plus respectable. Sa fille Cunégonde, âgée de dix-sept ans, était haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante. Le fils du baron paraissait en tout digne de son père[…].Candide trouvait Mlle Cunégonde extrêmement belle, quoiqu'il ne prît jamais la hardiesse de le lui dire. Il concluait qu'après le bonheur d'être né baron de Thunder-ten-tronckh, le second degré de bonheur était d'être Mlle Cunégonde ; le troisième, de la voir tous les jours[…].Le lendemain après le dîner, comme on sortait de table, Cunégonde et Candide se trouvèrent derrière un paravent ; Cunégonde laissa tomber son mouchoir, Candide le ramassa, elle lui prit innocemment la main, le jeune homme baisa innocemment la main de la jeune demoiselle avec une vivacité, une sensibilité, une grâce toute particulière ; leurs bouches se rencontrèrent, leurs yeux s'enflammèrent, leurs genoux tremblèrent, leurs mains s'égarèrent. M. le baron de Thunder-ten-tronckh passa auprès du paravent, et voyant cette cause et cet effet, chassa Candide du château à grands coups de pied dans le derrière ; Cunégonde s'évanouit ; elle fut souffletée par madame la baronne dès qu'elle fut revenue à ellemême ; et tout fut consterné dans le plus beau et le plus agréable des châteaux possibles. Voltaire,Candide,Chapitre 1, 1759 QUESTIONS DE COMPRÉHENSION: 1-Repérez les temps verbaux utilisés et analysez leur emploi. 2-Relevez et analysez les comparatifs et les superlatifs présents dans le texte QUESTIONS D’INTERPRÉTATION : 1-En quoi cette description est-elle une parodie de la chassée d’Adam du Paradis terrestre décrite dans la Bible ? 2-Montrez que ce passage est une virulente satire de la noblesse ? RÉFLEXION PERSONNELLE : Sujet:Dans ce passage Voltaire met en relief l’écart entre l’être et le paraître.Développez ce thème à l’aide des œuvres lues et de vos connaissances personnelles. Problématique : Quelles sont les causes qui poussent l’homme à mettre l’accent sur les apparences ou sur l’essence RÉDACTION DU COMMENTAIRE DIRIGÉ QUESTIONS DE COMPRÉHENSION: 1- Dans ce texte,on trouve de différents temps verbaux. L’imparfait est utilisé pour décrire des situations et narrer les faits :“Il y avait en Westphalie…”(ligne 1). Il est présent surtout dans la première partie du texte. Le passé simple est utilisé pour représenter et narrer une situation momentanée extérieure à la description des actions habituelles des personnages :“Cunégonde laissa tomber son mouchoir”( ligne 18). Ce temps verbal représente surtout le renversement de la situation de Candide et le début de ses aventures. 2- Les superlatifs sont utilisés pour donner à la description un ton satirique. En effet, en disant “un des plus puissants seigneurs de la Westphalie” le narrateur semble décrire l’importance du baron mais il ajoute “car son château avait une porte et des fenêtres” nous faisant comprendre la fausseté de cette richesse. Dans les dernières lignes, Cunégonde doit aller dans un château “le plus beau et le plus agréable des châteaux possibles” mais elle est presque “consternée” dans ce château-là, comme s’il était une prison dorée. QUESTIONS D’INTERPRÉTATION : 1- Candide affirme que son bonheur avait plusieurs degrés. Le premier était le fait qu’il vivait dans le château. Les autres étaient la beauté de Cunégonde et la possibilité de l’admirer toujours (lignes 15-16). Quand il est chassé du château par le baron “à grand coups de pieds dans le derrière” c’est une parodie de la chassée d’Adam du Paradis. Adam avait été puni par Dieu car il avait mangé le fruit interdit et il avait desobéi. C’est la même chose pour Candide qui avait baisé Cunégonde qui représente le pomme. Il devait être puni car elle était la fille d’un noble et le décalage social ne permettait pas ce comportement. De cette façon, il est obligé à quitter Thunder-ten-Tronckh qui représente l’Eden. 2- Dans ce passage, Voltaire critique la noblesse en employant l’ironie. Par exemple, le baron est représenté comme un homme influent et riche “un de plus puissants seigneurs” (ligne 7) mais l’impression qui nous donne est démentie par l’affirmation “tous les chiens de ses basses-cours composaient une meute dans le besoin” et “ ses palefreniers étaient ses piqueurs” (lignes 8-9). C’est une critique à un type d’aristocratie apparente qui joue un rôle qui ne lui appartient pas. En effet, le choix de donner au château un nom dur tel que “Thunder-ten-Tronckh” semble vouloir effrayer, même si la construction n’était pas si riche et noble :“avait une porte et des fenêtres” ; “sa grande salle était ornée d’une tapisserie” (lignes 7-8). Il critique aussi la superficialité de la noblesse parce que Candide était né d’un homme que cette demoiselle ne pourrait jamais épouser parce qu’il n’avait pu prouver que « soixante et onze quartiers » (lignes 5-6) car on était intéressé seulement par l’argent et la richesse. RÉDACTION DE LA RÉFLEXION PERSONNELLE : « Il est si naturel de penser que c'est la couleur qui constitue l'essence de l'humanité ». (Montesquieu,l'Esprit des Lois) Cette phrase résume un problème existentiel traité dans la philosophie, c'est à dire l'écart entre l'Être et le Paraître présent surtout dans la pensée des philosophes du XVIIe et XVIII siècle. D'abord, on va analyser la thématique de l'Apparence et le contexte historique dont on fait référence et après on va affronter le problème de l'Essence, en remarquant les causes qui poussent l'homme à choisir l'une plus que l'autre. Le sens esthétique et l'apparence étaient des thèmes importants dans la société française, surtout pour l’ aristocratie dont le comportement avait été âprement critiqué par Montesquieu dans les "Lettres Persanes" où ses deux protagonistes doivent faire face aux mœurs et à la vanité des Européens. Dans ce roman, il y a plusieurs références à l'excessive richesse des Français et à la superficialité des rapports sociaux basés seulement sur l'extériorité. On va examiner maintenant le thème de l'Essence. Voltaire avait aussi confronté l'Essence et l'Apparence dans ses contes. Ses protagonistes comme Zadig ou Candide sont décrits comme des personnes qui posent leur attention de façon particulière sur leur Essence. Dans "Candide", Voltaire dénonce la fausseté de l'aristocratie, par exemple par la figure du Baron de Thunder-ten-Tronckh qui se vantait d’être considéré comme un noble, ayant un nom effrayant, même si sa richesse était apparente,presque un bourgeois. Donc, il critiquait l'aristocratie fictive. Dans le choix de préférer l'Apparence à l’Essence, l'homme est influencé par la société. Une personne ayant un caractère influençable choisira probablement le Paraître parce-que c'est plus facile de s'occuper de son apparence et donc être apprécié pour ce qui on est vraiment. C’est pourquoi, quelques philosophes comme Voltaire et Montesquieu avaient critiqué le culte de l'apparence. Rebecca Colucci- Classe 4^G-a.s.2014-15 Lycée Linguistique International « Aristosseno » Docenti :prof. Sergio Mulas-Sabine Scheck