Rue Frontenac - Catherine Ringer, à fleur de peau

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Rue Frontenac - Catherine Ringer, à fleur de peau
Rue Frontenac - Catherine Ringer, à fleur de peau
Écrit par Philippe Rezzonico
Jeudi, 19 mai 2011 00:11 - Mis à jour Lundi, 23 mai 2011 15:18
Le deuil peut être personnel, familial ou professionnel. Comble de malheur pour Catherine
Ringer, il fut les trois à la fois lorsque Fred Chichin est décédé des suites d’un cancer
foudroyant, en 2007. La grande Catherine perdait à la fois l’amour de sa vie, le père de ses
enfants et son compagnon de route au sein des Rita Mitsouko.
Les difficultés liées au fait de retrouver un semblant de vie normale pour Catherine Ringer sont
de son ressort. En revanche, la parution au début du mois de mai en Europe de Ring n’ Roll
(mardi prochain au Québec) confirme sa renaissance musicale.
Une renaissance quand même douloureuse pour l’artiste, qui avait conclu la tournée de l’album
Variéty
toute seule, à la demande de celui qui allait la quitter. Fin de virée, quelques petits projets, puis
le vide sonore. Plus le goût de chanter.
Pour quelqu’un qui a séduit des milliers de spectateurs en trente années de performances
électrisantes, le silence ressemblait quelque peu à une autre forme de disparition.
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Pour Catherine Ringer, faire un album sans Fred s’est révélé une expérience singulière. Photo courto
Puis, un collègue (Mark Plati, qui a réalisé le dernier disque des Rita Mitsouko) a proposé à
Ringer de venir chanter avec lui ce qui lui tentait. De fil en aiguille, la voix a repris ses droits,
puis des chansons sont nées, réunies ici, sur Ring n’ Roll.
Longue cicatrice
En amorce de notre entretien téléphonique plus tôt cette semaine, Catherine, aussi affable que
lors d’anciens entretiens (elle insiste même pour qu’on se dise «tu»), a un timbre de voix qui ne
laisse planer aucun doute. Peut-être est-ce le fait d’aligner une série d’entrevues où le fantôme
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de Fred est invité d’emblée, mais on la sent fragile. Et c’est elle qui lâche le morceau.
«Je me porte bien, mais, oui, mon deuil n’est toujours pas terminé, dit-elle avec une voix
cassée. C’est sûr que j’ai pensé tout lâcher. D’autant plus qu’il n’y avait pas de nécessité
économique immédiate. Toi aussi, dans ton milieu de journalisme, ça a dû t’arriver de penser
de tout lâcher un jour ou l’autre, je suppose. Mais je suis là…»
Doit-on obligatoirement voir la parution de Ring n’ Roll comme une thérapie essentielle, comme
l’était, peut-être, la fin de la tournée de
V
ariéty
?
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«Essentielle? Je ne peux pas dire... Les encouragements à faire des choses, à continuer, à être
une muse, ça, ça fait du bien. Ça me permet de rester active. Mais on ne fait pas ça pour
s’aider soi-même. On fait ça pour apporter du bonheur à ceux qui veulent nous entendre.»
Indépendamment de la présence de collaborateurs chevronnés, faire un album sans Fred s’est
révélé une expérience singulière. Et certains aspects ont surpris sa créatrice, qui a composé
toutes les chansons elle-même.
«J’ai été étonnée, surtout de faire les arrangements des chansons toute seule, dit-elle. Mais j’ai
aussi décidé de laisser aller certains aspects, d’interpréter… À bien des égards, cet album
représentait un challenge. Un défi.»
Éventail large
Ring n’ Roll a une palette sonore, musicale, lyrique et vocale que l’on pourrait qualifier
d’éclatée. Entre la pop lumineuse, les grincements de dents, les bidouillages électro, les élans
de fougue, le rock, les moments tendres et une chanson (
Mahler) qui est une
déchirante ode à son Fred disparu qui repose sur la
Cinquième Symphonie
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du compositeur autrichien, l’auditeur s’offre une jolie promenade en montagnes russes.
«Ce volet éclectique, c’est mon goût musical. C’est comme la cuisine, ça dépend des
ingrédients que l’on veut! (petit rire) Quelques choses exotiques, un peu de terroir et on
mélange tout ça.»
Ringer a déjà donné une vingtaine de concerts en Europe avec ses nouvelles compositions.
Elles seront la matière première de ses spectacles prévus au Québec pour le mois prochain,
spectacles auxquels seront greffés des chansons des Rita Mitsouko, bien sûr.
«J’aime bien chanter les Rita Mitsouko, mais je ne me sens pas obligée de faire les grands
classiques. Ça permet de garder les chansons vivantes.»
Le vide de scène
L’absence de Fred en studio, c’est une chose. Mais sur scène, le vide est peut-être plus
présent. Et comme Catherine n’éprouve pas que du plaisir sur les planches, l’absence est
peut-être, aussi, plus cruelle.
«C’est important pour moi, la scène, mais ce n’est pas un hobby. C’est douloureux, c’est tendre,
triste, joyeux. C’est plus difficile… L’enthousiasme est variable, selon le public, la ville, la joie et
les sentiments qui nous habitent.»
Mais tout n’est pas gris, se dit-on, surtout quand l’album s’ouvre sur Vive l’amour, un titre pop
dansant aussi joyeux que festif.
«La vie continue, confirme la chanteuse. La reproduction aussi. Grâce à l’amour qui n’est pas
mort.»
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• Ring n’ Roll, de Catherine Ringer, disponible le 24 mai.
• Catherine Ringer, aux FrancoFolies de Montréal le 14 juin (Métropolis) et au Théâtre Petit
Champlain de Québec le 15 juin.
Vidéo de Prends-moi, à La Boule noire.
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