Bâtir dès maintenant pour l`avenir : Étude sur les

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Bâtir dès maintenant pour l`avenir : Étude sur les
Bâtir dès maintenant pour l’avenir :
Étude sur les ressources humaines dans le secteur canadien de la biotechnologie
SOMMAIRE
La biotechnologie repose avant tout sur les gens, leurs idées, leurs découvertes scientifiques, leur désir
de réussite. La biotechnologie est aussi une question d’emplois, de bons emplois. L’Étude sur les
ressources humaines dans le secteur canadien de la biotechnologie visait à déterminer quels types
d’emplois seront céés d’ici cinq ans et quelles sortes de compétences seront exigées des titulaires. Nous
avons pu constater que la demande de nouveaux travailleurs et de nouvelles compétences ne cessera
de crôitre dans toutes les spécialités de l’industrie. Par ailleurs, nous avons aussi constaté que le Canada
ne possède pas, à l’heure actuelle, toute la base de travailleurs expérimentés don’t l’industrie a besoin
pour maintenir sa croissance et dont développement.
Cette étude, enterprise et dirigée par l’industrie de la biotechnologie, constitue la première à se consacrer
essentiellement à la question des besoins en ressources humaines, en s’attachant plus particulièrement
aux aspects régionaux. Un comité directeur, don’t la composition reflétait les éléments nationaux et
régionaux de l’industrie, a fixé les paramètres de l’étude et le sens de la démarche, et ce, afin de
déterminer :
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les orientations futures de l’industrie;
les besoins en matière de compétences;
la situation de l’approvisionnement en ressources humaines;
ainsi que les domaines de spécialité où il y a pénurie de main-d’oeuvre et la
capacité de suppléer à la demande.
Le mandat du comité l’invitait ainsi à formuler des recommandations sur les moyens que pourrait prendre
l’industrie pour répondre à ses besoins à long terme en ressources humaines.
LE CONTEXTE DE L’ÉTUDE
À l’échelle mondiale, l’industrie de la biotechnology est en pleine évolution, et quatre facteurs clés
façonnent son développement :
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l’importance croissante des alliances entre les sociétés de biotechnologie et les
entreprises qui en appliquent les résultats, que ce soit dans le domaine des
produits pharmaceutiques, de l’agro-alimentaire, des produits chimiques, de
l’assainissement environmental et de l’élimination des déchets, des pâtes et
papiers ou autres domaines;
la nature changeante des travaux de recherche, don’t le centre d’intérêt délaisse
peu à peu la seule question technologique au profit de la mise au point de
produits et d’une approche beaucoup plus large et mutlidisciplinaire, comme par
example la biologie moléculaire, la pharmacologie moléculaire et la
bioinformatique;
l’intérêt changeant des sociétés de biotechnologie, qui s’axe non plus tant sur
des efforts de grande envergure aux plans de la recherche, du développment et
de la commercialisation, que sur la spécialisation, la rationalisation et la
consolidation de leurs activités autour des quelques grands pôles qui font leur
force;
l’importance prépondérante des ressources humaines comme facteur de réussite
des sociétés de biotechnologie.
Ailleurs dans le monde, les pouvoirs publics aident le secteur de la biotechnologie à relever ces défis de
taille en offrant des stimulants financiers et d’autres formes d’aide à la recherche fondamentale et
appliquée et en mettant en place un cadre réglementaire et des lois sur la propriété intellectuelle qui sont
favorables.
L’INDUSTRIE AU CANADA
Les mêmes tendances affectent le secteur canadien de la biotechnologie, quoique à des degrés divers
selon chaque région du pays, suivant en cela la spécificité de l’industrie au niveau régional. En effet, les
sociétés d’une même région tendent à se concentrer sur un champ activité donné; on pense à l’agroalimentaire en Alberta et en Saskatchewan, ou aux produits pharmaceutiques au Québec. Le stade où en
est le développement des enterprises, allant du démarrage à la commercialisation proprement dite, en
passant par les essais en contexte réel, varie également selon les régions. En outre, on remarque
également que le poids économique de l’industrie en regard de l’économie locale n’est pas le même
d’une région à l’autre, non plus d’ailleurs que l’étendue des mesures favorables adoptées par le
gouvernement en vue d’en faire bénéficier les grappes d’entreprises au niveau régional.
On estime à plus de 300 le nombre d’entreprises canadiennes engagées directement ou indirectement
dans des activités du secteur de la biotechnologie. Si on la considère souvent comme une industrie, la
biotechnologie n’en constitue pas moins une locomotive technologique qui entraîne avec elle la
transformation de plusieurs secteurs de l’écomomie, don’t ceux de l’agriculture et de l’alimentation, de
l’industrie pharmaceutique et de la gestion de l’environment.
La présente étude s’est attachée aux quelque 120 entreprises que l’on peut considérer comme
appartenant essentiellement au secteur de la biotechnologie, c’est-à-dire celles dont l’activité principale
consiste en cette biotechnologie « nouvelle » ou « de deuxième génération » s’appuyant sur l’exploitation
industrielle de l’ADNr, de l’hybridation cellulaire et de nouvelles techniques de biotransformation. Nous
avons étudié les besoins en ressources humaines des entreprises à chacun des stades de croissance :
démarrage initial, essais précliniques ou en laboratoire, le stade des essais cliniques ou pratiques et la
commercialisation.
L’industrie emploi aujourd’hui environ 8000 personnes et affiche des revenus annuels de plus de 1,3
milliard de dollars. Pas moins de 65% de ces revenus proviennent des exportations. L’étude s’est
penchée sur une centaine d’organisations à travers le Canada qui emploient quelque 4000 personnes,
soit près de la moitié des effectifs totaux de l’industrie. Bien que l’industrie canadienne de la
biotechnologie soit généralement concentrée dans certaines régions et fortement spécialisée, les défis
qu'elle doit relever sont partout les mêmes :
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trouver le personnel de gestion qualifié et les compétences spéciales permettant
d’accélérer le passage de l’étape de la recherche et du développement à celle de
la commercialisation;
rassembler les ressources financières suffisantes pour franchir l’étape de la
fabrication et réussir la transition vers la commercialisation;
établir un processus réglementaire plus efficient et plus bienveillant afin que les
produits puissent passer du stade de la recherche à celle de la mise en marché;
enfin, sensibiliser et éduquer le public à la réalité de l’industrie.
LES CONSTATS DE L’ÉTUDE
Employeur important de personnel hautement qualifié et fortement scolarisé, les postes qu’on y trouve
étant en effect pour la plupart dévolus à des diplômés de deuxième et troisième cycles, l’industrie de la
biotechnologie devrait pouvoir créer d’ici l’an 2000 près de 1300 nouveaux postes en recherche
scientifique et au sein d’activités techniques et de soutien, si l’on suppose que l’industrie connaîtra un
taux de croissance modéré (soit 8% par année).
Si l’on retient la même hypothèse de croissance, 2 000 emplois seront créés pour diverses fonctions de
commercialisation, c’est-à-dire au moment de passer du banc d’essais au marché proprement dit. De
plus, 700 postes de gestionnaires additionnels seront requis pour orienter le financement et la croissance
devant appuyer cette transition et assurer la réussite à long terme de l’entreprise.
L’étude a été en mesure de constater que les universités et les Cégeps ou collèges communautaires
devraient pouvoir répondre à cette nouvelle demande pour des techniciens, des diplômés universitaires,
y compris de deuxième et troisième cycle, et des boursiers de recherche postdoctorale. Les pénuries de
main-d’oeuvre qualifiée toucheront davantage les nouveaux domaines de compétences spécialisées en
biotechnologie, tels ceux de la biologie moléculaire et de la bioinformatique, qui font appel à une
formation multidisciplinaire associant plusieurs spécialités scientifiques. Cette évolution laisse entrevoir la
nécessité de tisser des liens plus étroits et plus efficaces entre l'entreprise et le système d’éducation, à
tous les niveaux.
En outre, on ne peut s’attendre à ce que sorte des universités toute la compétence spécialisée dont les
sociétés de biotechnologie auront besoin pour entrer dans la phase de commercialisation proprement dite
de leurs technologies. Une trop grande part de cette compétence ne peut être issue que de l’expérience.
Bien qu’une partie de ce besoin de compétence puisse être satisfait à l’intérieur du pays, en recrutant au
sein de d’autres secteurs industriels, l’avenir de l’industrie de la biotechnologie passe par la possibilité de
recruter des ressources stratégiques à l’étranger (entre autres grâce à des politiques d’immigration
adaptées) et par un redoublement des efforts consentis au sein de l’industrie elle-même pour former les
compétences dont dépend sa réussite commerciale.
Au nombre de ces compétences spécialisées, on note celles touchant la protection de la propriété
intellectuelle par le biais de la garantie qu’offre un brevet solide et efficace, critère déterminant à l’étape
du montage financier. L’habileté de faire franchir à un produit les différentes étapes du processus de
réglementation et de satisfaire aux exigences gouvernementales régissant la commercialisation constitue
une autre de ces compétences. D’ailleurs, le fait d’encourir durant cette phase critique la moindre
difficulté ou le moindre délai peut faire toute la différence entre un succès et un désastre financier. Les
différents intervenants en matière de réglementation, que ce soit dans l’industrie ou dans l’appareil
gouvernemental, gagneraient à se familiariser avec les considérations et les obligations de l’une et l’autre
partie. On pourrait atteindre cet objectif en faisant appel, par exemple, à des échanges de personnel et à
des sessions conjointes de formation dans le domaine des techniques de communication, de négociation
et de résolution de problèmes.
RECOMMANDATIONS
La réalisation du potentiel de création d’emplois et du volume d’exportation optimal de l’industrie
canadienne de la biotechnologie repose sur la disponibilité de personnel scolarisé, compétent et
expérimenté à tous les échelons de l’entreprise. Pour atteindre de tels objectifs, le comité directeur
recommande pour l’industrie l’adoption d’une stratégie de grande envergure en matière de ressources
humaines englobant les éléments suivants :
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Un rapport de collaboration avec Citoyenneté et Immigration Canada et
Développement des ressources humaines Canada concernant l’immigration
stratégique et dont le but sera d’acquérir des compétences qui ne sont pas
disponibles au pays.
Une stratégie de formation d’application régionale en vue de mettre en commun
les ressources des sociétés composant la grappe biotechnologique locale et
rendre ainsi plus abordable la meilleure formation qui soit, peu importe la taille de
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l’entreprise. La gestion de la technologie, les spécialités fontionnelles et la
technique de pointe constituent autant de champs de formation d’une importance
vitale.
Des relations stratégiques et opérationnelles plus étroites entre l’industrie de la
biotechnologie, les établissements universitaires et les organismes de recherche.
Une solution coopérative réunissant l’industrie de la biotechnologie et le
gouvernement fédéral et visant à former du personnel dans les domaines de la
réglementation et de la propriété intellectuelle tout en réduisant les coûts et à
optimaliser l’ensemble de ces deux processus. La formation commune, l’analyse
comparative des meilleures pratiques dans d’autres sphères de compétences et
les échanges de personnel sont au nombre des activités envisagées.
Des accords de partenariat avec le système d’education afin de relever le niveau
de connaissance générale de la biotechnologie et d’améliorer la place qui lui est
faite dans les écoles.
Création d’un conseil sectoriel des ressources humaines en biotechnologie en
vue de définir et de mettre en oeuvre le programme exposé dans le présent
rapport.
L’industrie canadienne de la biotechnologie jouit d’une excellente position pour profiter des occasions
sans précédent qui s’offrent à elle en termes de développement et de croissance, entraînant du coup la
création possible de milliers d’emplois hautement qualifiés et bien rémunérés. La réalisation de cette
promesse suppose que l’industrie soit en mesure d’attirer d’abord, puis de développer et enfin de
conserver les compétences dont elle a besoin à chaque échelon de sa structure. Il s’agit non seulement
de trouver un personnel scientifique et technique hors pair, mais aussi les personnes qui possèdent un
précieux savoir-faire en matière de réglemantation, de brevets, de fabrication, de mise en marché, de
financement et des affaires en général. Ce sont ces compétences qui permettent à l’excellence
scientifique de se traduire par la croissance de l’entreprise et par sa réussite commerciale.