Assia Djebbar, la recalée

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Assia Djebbar, la recalée
Assia Djebbar, la recalée !
Publié par Saida le Octobre 17 2010 18:19:52
Maintes fois proposée, maintes fois nominée ! Et surtout maintes fois recalée tout juste sur cette
fatidique ligne d'arrivée ! Pourquoi ? Et pourtant Assia Djebbar produit du bon texte littéraire
depuis plus d'un demi-siècle déjà dans ce pur et très dur Français des années soixante du siècle
dernier.
Pour rappel, elle est déjà académicienne depuis 2005, remplaçant au pied levé le titulaire du
fauteuil, en l'occurrence Monsieur Georges Vedel. Et dire que tout ce beau et très fourni palmarès
ne lui a servi finalement à rien, face à cette guigne qui la poursuit dès le mois d'octobre de chaque
année, la privant injustement de cette suprême consécration du prix Nobel qui aurait fait d'elle ce
deuxième titre arabe et Algérien, après celui décroché par Naguib Mahfoud, l'égyptien, en 1988, et
Albert Camus, l'Algérien de condition ( ?!), un certain 10 décembre 1957. Déjà académicienne de
longue date et toujours en activité, très prolifique, enrichissant ses belles collections et patrimoine
culturel exceptionnel, avec notamment la sortie de son dernier-né « Nulle part dans la maison de
mon père », cette plume algérienne de renom cherche à définitivement coller son nom au-dessus
du fronton de la « Maison des lettres et des arts de Stockholm ». A y figurer sur son registre doré
et éternel pour servir de vraie référence aux jeunes générations, en franchissant le seuil de sa
porte et surtout avec succès ces nombreux écueils qui font souvent que cette porte de la célébrité
lui soit constamment fermée au nez. A bien considérer certaines « vérités » occultées ou
volontairement « tues » et autres aspects de la question posée, on est tenté de croire qu'il s'agit
bel et bien d'une malédiction, laquelle continue encore de frapper de plein fouet l'auteur comme
son pays de naissance(?!).
Bien sûr que non, vous répondra l'autre plume algérienne laquelle a pour nom Rachid Boudjedra,
lui qui a eu dans un passé assez récent à bien s'exprimer sur les modalités d'attribution du prix
Nobel en question ! En fait, dit-il, le mérite du prix Nobel de la littérature ne se situe que rarement
dans la suprématie du texte de l'auteur pour l'occasion primé ou récompensé. Le choix ainsi fait a
surtout rapport avec le contexte et la conjoncture du moment, à l'heure de son attribution, faisant
parfois allusion à d'autres prétextes qui font décaler les Arabes et les indigènes de condition au
dernier rang de ces toutes subjectivités considérables, bien ou mal considérées. Sinon comment
expliquer cet échec latent au moment même où tout le monde croit dur comme fer en cette heure
de vérité ? En cette belle étoile de l'auteure très souvent plébiscitée ?
La bonne logique toute seule, surtout celle qui s'articule autour du texte littéraire, lequel s'inspire
de la seule beauté de la métaphore des uvres de l'auteur, est incapable de répondre à cette
épineuse question. La seule réponse jusque-là donnée en public et anonymement, à chaque
occasion ressassée, est qu'Assia Djebbar doit encore repasser ?! Pourquoi… ? Personne ne
le sait… ? La preuve… La pauvre… ! Détentrice de ce riche patrimoine et grand
palmarès d'une riche bibliothèque ambulante, une vraie légende vivante, en quelque sorte,
l'auteure attend toujours son heure… ! Se levant toujours de bonne heure… !De vérité et
de grande consécration !
Dommage… ! C'est bien dommage qu'Assia Djebbar soit à chaque fois recalée ! Presque
ignorée ! Que c'est dur d'être Arabe, Amazigh, Berbère ! D'être Algérien, indigène, à la fois, dans
sa peau d'autrefois et celle d'aujourd'hui ! Incontestablement Assia Djebbar, sans la moindre
bavure ou même rature aurait mérité le titre des grands Nobélisés. La littérature en est témoin de
ce que je dis. Sans parti pris ni chauvinisme envers ce grand serviteur de la littérature
d'expression française.
Et sur ce chapitre-là, autant l'Algérie que l'Académie française, ont, chacune de son côté ou les
deux réunies pour la bonne cause, sans conteste, toutes les deux échoué. Peut-être que cette
malédiction lui vient ou provient de son propre nom ? Camp David a bien su porter chance à
Naguib Mahfoud. L'Académie Française volera-t-elle au secours de son locataire, ce titulaire du
fauteuil numéro cinq, plus précisément, en quête d'une bonne et toute honorable considération ?
L'espoir reste encore permis tant que ce Nord de la planète terre a toujours su bien tirer grand
profit de ce génie du Sud de ce même univers. Rendez-vous est donc pris pour la prochaine
année. Sera-t-elle, enfin, la bonne… ?
(*) Universitaire et écrivain. Il est, entre autres, l'auteur de « Emigrés Algériens : les chances d'un
retour sans détour » paru en juin 2009 chez Edilive, France.
Le Quotidien d'Oran
Saida, Algerie :