Les quotas à la télévision française
Transcription
Les quotas à la télévision française
Les quotas à la télévision française Notes d’information Introduction - Au cours des récentes réunions de la Commission du doublage, plusieurs questions ont été soulevées par les membres concernant l’accès limité des productions doublées au Québec aux réseaux de télévision en France. - Afin de clarifier l’état de la situation, nous avons communiqué au cours de l’automne avec une représentante du Conseil supérieur de l’audiovisuel (le CSA est l’équivalent français du CRTC). Le CSA est l’organisme français responsable de délivrer les permis de télédiffusion, de conseiller l’État en matière d’audiovisuel et de superviser les pratiques des télédiffuseurs au regard des différentes lois qui régissent leurs activités. Nous avons complété l’information, en consultant les dossiers de recherche produits en 1998 dans le cadre du rapport L’industrie du doublage : consolidation et nouveaux marchés. Les chaînes de télévision et les quotas selon l’origine de la production - Selon l’information recueillie auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel, les seuls quotas auxquels sont soumis les réseaux de télédiffusion en France, sont des quotas relatifs à l’origine des productions. Ces quotas constituent l’équivalent de ceux imposés ici par le CRTC aux télévisions canadiennes quant au contenu canadien de leur programmation. Toutefois, compte tenu de la participation de la France à l’Union européenne, la configuration de ces quotas s’avère un peu plus complexe. - La déclinaison des différents quotas s’organise comme suit : 1) Quotas relatifs aux œuvres1 d’expression originale française Ces quotas sont établis à un seuil minimum de 40 % pour les œuvres d’expression originale française tant sur le volume que par grande catégorie d’émissions, soit 40 % des longs métrages, 40 % des fictions TV et 40 % de la programmation destinée à l’heure de grande écoute (soit entre 20 h 30 et 22 h 30); 1 Aux fins de ce règlement, le terme « œuvres » se limite aux programmes dits de stock (émissions de fiction, longs métrages, documentaires) et exclut les programmes dits de flux, c’est-à-dire de plateau et qui n’ont généralement pas de rediffusion. 1 2) Quotas relatifs à l’origine européenne des films et des émissions Un minimum de 50 % de la programmation doit être européenne (tous les types de programmes confondus) et 60 % des films diffusés annuellement doivent être d’origine européenne. Selon ces paramètres, seules les productions québécoises — produites dans le cadre d’accord officiel de coproduction avec l’un ou l’autre des pays de l’Union européenne —, peuvent être comptabilisées dans ces quotas. Les autres productions québécoises pourront toutefois être comptabilisées dans les quotas des œuvres d’expression originale française ou dans les différentes cases hors quotas. 3) Quotas relatifs à la diffusion de films de cinéma à la télévision Un maximum de 192 diffusions de longs métrages par année est autorisé pour les chaînes hertziennes; Et un maximum de 500 diffusions de longs métrages par année est autorisé pour les chaînes thématiques de cinéma. Voilà les différents quotas auxquels est soumise la télévision française. On comprendra toutefois que l’influence réelle de ces quotas sur l’achat ou non de productions québécoises de langue originale française demeure limitée, dans la mesure où elles peuvent en faire partie dans presque tous les cas. Toutefois, les productions canadiennes de langue originale anglaise, peu importe le lieu du doublage, peuvent très rarement être comptabilisées dans ces quotas. Elles sont donc moins favorisées que les productions québécoises de langue originale française. Des quotas selon l’origine du doublage? - Si des réglementations établissent des quotas quant à la nationalité des productions, il en est tout autrement en ce qui a trait à l’origine des doublages. Bien qu’il y ait eu des ententes à la fin des années 80 entre les syndicats d’artistes français et certaines grandes chaînes françaises pour limiter le recours à des doublages faits à l’étranger, ces ententes n’ont pas été reconduites par la suite, tel que l’a confirmé monsieur Daniel Goudineau à la SODEC en 1998, à titre de directeur général adjoint du Centre national de la cinématographie (CNC) et à la suite d’une enquête du CNC. - Bien qu’il n’y ait aucun quota en matière de doublage, les pratiques en cours dans les réseaux de télévisions françaises consistent à privilégier généralement, mais non exclusivement, des productions doublées dans ce qu’il est convenu d’appeler la langue de proximité, c’est-à-dire une langue dans laquelle le public de ses réseaux se reconnaîtra aisément tant au plan de la langue et de ses particularités nationales (expressions, syntaxe, usages différents des mots, etc.) que de son accent. L’importance du marché français confère aux réseaux français cette latitude de choix en matière de doublage. 2 En outre, une enquête réalisée en 1998 auprès de Bel-Air Productions, entreprise de doublage belge, confirmait les exigences et le contrôle qu’exerçaient les télévisions françaises sur la réalisation des doublages des émissions étrangères dont elles se portaient acquéreurs. Ainsi, il est assez courant qu’un réseau français de télévision se substitue au distributeur et décide quelle entreprise fera tel ou tel doublage; supervise la traduction des textes; exige des tests de voix; décide du choix final des comédiens, etc. Ce contrôle est plus ou moins important selon la production, son créneau de diffusion et sa case horaire. En définitive, on comprendra que les pratiques en matière de choix de doublage des télévisions françaises relèvent essentiellement de décisions d’affaires des unes et des autres et non de cadres réglementés, tels des quotas. Anne-Marie Gill Chargée de projets Direction générale politiques, communications et relations internationales 4 février 2004 3