Jean-Léon Gérôme, Vue de la plaine de Thèbes

Transcription

Jean-Léon Gérôme, Vue de la plaine de Thèbes
Fiche d’œuvre/
19e siècle
Jean-Léon Gérôme (Vesoul, 1824 – Paris, 1904)
Vue de la plaine de Thèbes,1857
Vue de la plaine de Thèbes
1857
Salon de 1857
Huile sur toile
76,7 x 131 x 2 cm
S.M sur la base d'une colonne : J.L Gérôme, MDCCCLVII
Achat au Salon de Nantes, 1858
Inv. : 989
L’œuvre
Une précision documentaire
On perçoit déjà ici la ferveur documentaire que Jean-Léon Gérôme mettra en jeu dans ses représentations de scènes du
Moyen-Orient : la précision des contours des vestiges architecturaux qui jonchent le sol au premier plan crée un
contrepoint avec l'aspect flou des collines dans le lointain. Entre les deux, la masse des colosses de Memnon est rendue
encore plus imposante par le contraste créé par la fine caravane de chameaux. Dans la conception de certaines de ses
œuvres, Gérôme a recours à la photographie pour retranscrire avec fidélité la composition d'un paysage ou d'un
monument. L'usage de la photographie pour cette œuvre est une hypothèse permettant d'expliquer la précision
documentaire du tableau.
Substitut des silhouettes destinées à donner l'échelle qui figurent systématiquement dans la peinture de paysage et dans
les documents photographiques de l'époque, la caravane met ici en valeur les vastes dimensions des Colosses et de la
nécropole désertée. Le ciel immense, dont la luminosité est rendue avec habileté, contribue encore à l'échelle
majestueuse du site.
Gérôme inscrit avec précision son nom sur un débris de colonne, près du bord inférieur du tableau. Cette inscription,
manifestant la présence du peintre, peut évoquer les graffitis que d’innombrables voyageurs et vandales ont superposés
aux hiéroglyphes.
Le cadre doré, conçu spécialement, est amplement orné de signes ressemblant à des hiéroglyphes. Il est loué par
Théophile Gautier lors du Salon de 1857 pour la façon dont il souligne l'apparence parfaitement égyptienne de la
peinture.
Un lieu historique
Les célèbres Colosses de Memnon, vus par Gérôme lors de son premier voyage en Égypte en 1856, suscitent
l'émerveillement depuis l'Antiquité , bien avant que le goût du tourisme pittoresque et colonial en fasse une étape
rituelle pour les peintres, photographes et hommes de lettres européens. Situées face aux nécropoles de Thèbes,
dominant le Nil, ces statues monumentales d'Aménophis III, hautes de 16 m, sont les vestiges d'un ensemble d'édifices
funéraires honorant ce pharaon parmi les plus illustres de l’Égypte ancienne. L'appellation « Memnon », encore utilisée à
ce jour, atteste de l'appropriation culturelle de ces statues par la légende grecque.
Musée des beaux-arts de Nantes / Service des Publics /
L’artiste
Jean-Léon Gérôme est né à Vesoul (Haute-Saône). Il suit entre 1842 et 1845 les cours de Paul Delaroche (avec qui il visite
l'Italie) puis, entre en 1846 et 1847, ceux de Charles Gleyre. Dés 1847, il présente au Salon de Paris Le combat de coqs, un
tableau de genre classique qui lui vaut les éloges de la critique et le lance dans une carrière de portraitiste mondain.
Étoile montante de l'école dites des « néo-grecs », Gérôme bénéficie très vite de nombreuses et importantes commandes
de l’État et également de collectionneurs particuliers. En 1863, il est nommé professeur à l’École des Beaux-Arts, où il va
exercer une forte influence. Il formera notamment d'autres peintres orientalistes dont Eugène Girardet et Jean-JulesAntoine Lecomte du Nouÿ. En 1865 il est élu à l'Institut de France.
Gérôme se rend de nombreuses fois au Proche-Orient entre 1856 et 1874. Il visite également Constantinople et l’Asie
Mineure en 1871 et 1875.
Tout au long de cette période il présente régulièrement au Salon des peintures d'histoire minutieusement détaillées, des
scènes en costumes, des tableaux qui traduisent sa fascination pour l'Orient.
Son intérêt pour le détail précis, sa technique minutieuse, lui ont valu le qualificatif de “ peintre ethnographe ”.
L’œuvre picturale de Gérôme comporte six cents peintures ou davantage, dont deux cents cinquante au moins ont
l'Orient pour sujet. Il réalise ses dernières dans son atelier parisien, d'après les très nombreux croquis accumulés au cours
de ses voyages. Ses pérégrinations exotiques lui permettent aussi d'amasser des quantités de costumes orientaux et tout
un bric-à-brac qu'il reproduit dans sa peinture avec une véritable passion documentaire.
Au cours de ses dernières années de vie, la popularité (jamais unanime) dont Gérôme a joui très tôt auprès des
marchands, des collectionneurs et des critiques commence à décliner en raison de son hostilité envers les
impressionnistes.
A la fin de sa vie , il se consacre de plus en plus à la sculpture, ayant exposé pour la première fois une œuvre sculptée en
1878 et continuant à le faire jusqu'à sa mort.
Musée des beaux-arts de Nantes / Service des Publics /