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Éditorial Je salue la parution de ce guide, qui nous présente Milan et son Histoire, à travers entre autres le regard de Stendhal, ce grand écrivain qui occupe une place d’honneur dans notre Lycée. Grâce à ce guide, le lecteur éprouve le désir de découvrir Milan, ses musées, ses bibliothèques, ses églises, mais aussi sa culture, sa littérature... Je félicite tous les élèves qui ont participé à sa rédaction, ainsi que leur professeur Madame Figuier pour les avoir accompagnés avec persévérance et bienveillance dans cette tâche, leur permettant ainsi non seulement de développer leurs compétences mais également de donner du sens aux apprentissages. Je souhaite à tous une bonne lecture et découverte de la ville. Helena Costa Garon Proviseure Un autre regard sur Milan Lycée Stendhal de Milan Classes de seconde 2010 - 2011 2011 - 2012 Sommaire Stendhal et Milan Histoire de Milan avec deux extraits des Promessi Sposi d’Alessandro Manzoni : La Grande Peste Federigo Borromeo Monia, Alice, Marianne Les Arts La Pinacothèque Isabella, Alexia Le Musée des Beaux-Arts de Brera Isabella, Alexia Deux peintres milanais : Le Caravage et Arcimboldo Alexia Vivre Nicolas , Nanni Les lieux de rencontre à Milan Camilla Vingt choses à faire à Milan Nanni Les tramways Antonio Qu’est-ce que manger à Milan ? Une promenade à Milan dans le centre historiquue La mode Milan capitale de la mode De grands noms : Dolce et Gabbana, Moschino, Versace Gros plan sur Prada Présentation du livre de Simona Segre Reinach, La Moda, Un’ Introduzione, La Terza Entretien avec Simona Segre Reinach Mila, Bianca, Caroline coordinatrice Bettina Lire à Milan Trois grands libraires- éditeurs : Nanni Feltrinelli Mondadori Hoepli La presse : visite des Presses du Sole 24 ore, à minuit, pour le tirage du journal. Visite à la Mairie de Milan, quelques questions à M. le Président du Conseil municipal Daphné, Emma, Ameni, Marie-Amélie Stendhal et Milan Extraits tirés de Rome, Naples et Florence, ed. Pierre Brunel, Gallimard, Folio classique,1987 Stendhal publie en 1826 la troisième édition d’un ouvrage intitulé Rome, Naples et Florence, qui ne cor- ______ 000_____00______000______ G R R G respond pas au contenu du livre et donne une fausse Vous voyez deux trottoirs de granit GG de trois pieds de image du voyage. La plus grande partie du livre en large, le long des maisons ; deux bandes de granit RR, effet est consacrée à Milan et Bologne, qui y prennent placées pour que les roues des voitures n’éprouvent pas une place beaucoup plus grande que dans l’édition de de cahots désagréables. Le reste de la rue est pavé en 1817. petits cailloux pointus. » Dans une note, Stendhal caractérise ce livre comme un « recueil de sensations ». Les cloches : « Le son des cloches est en effet une Stendhal perdit l’Italie le 13 juin 1821 quand, expulsé, partie de la musique. Ce mot me révèle qu’après en il dut quitter Milan. La France aussi avait perdu l’Ita- avoir été étonné d’abord, j’aime à la folie la manière lie. singulière de sonner les cloches à Milan. On la doit, je Lorsqu’en 1824 Stendhal décide de reprendre l’édition crois, à Saint Ambroise qui a aussi le mérite d’avoir de 1817, Milan reprend sa place, la première (sauf dans allongé le carnaval de quatre jours. Le carême ne com- le titre), et sa fonction d’initiatrice. mence à Milan que le dimanche après ce que l’on ap- Les nombreuses pages qui lui sont consacrées, outre le pelle le mercredi des Cendres. Les gens riches, de trente récit des rencontres comme celles de Pellico, Manzoni, lieues à la ronde, arrivent en foule à Milan le soir de ce des concerts et des visites dans la ville et ses alentours, mercredi-là. Ils viennent pour le carnavalon. foisonnent de notations et d’informations précieuses : La Scala : Je sors de la Scala. Ma foi, mon admiration Rues et cours : « Milan est la ville d’Europe qui a les ne tombe point. J’appelle la Scala le premier théâtre du rues les plus commodes et les plus belles cours dans l’in- monde, parce que c’est celui qui fait avoir le plus de térieur des maisons. Ces cours carrées sont, comme plaisir par la musique. Il n’y a pas une lampe dans la chez les Grecs anciens, environnées d’un portique, formé salle ; elle n’est éclairée que par la lumière réfléchie par des colonnes de granit fort belles. Il y a peut-être à par les décorations. Impossible même d’imaginer rien Milan vingt mille colonnes de granit ; on les tire de de plus grand, de plus magnifique, de plus imposant, de Baveno, sur le lac Majeur. Elles arrivent ici par le fa- plus neuf, que tout ce qui est architecture. Il y a eu ce meux canal qui joint l’Adda au Tessin. Léonard de Vinci soir onze changements de décorations. Me voilà con- travailla à ce canal en 1496 ; nous n’étions encore que damné à un dégoût éternel pour nos théâtres : c’est le des barbares, comme tout le Nord. » véritable inconvénient d’un voyage en Italie. « Pour faire une rue ici, l’on commence à creuser au milieu de la rue un canal de quatre pieds de profon- Les Milanais : « Je ne partirais jamais, dis-je, si deur, dans lequel viennent aboutir tous les tuyaux qui j’écoutais mon penchant. J’userais tout mon congé à du haut des toits conduisent les eaux pluviales de la Milan. Je n’ai jamais rencontré de peuple qui convienne rue. Les murs de face des maisons étant de briques, sou- si bien à mon âme. Quand je suis avec les Milanais, et vent l’on cache ces tuyaux dans le mur. Le canal de la que je parle milanais, j’oublie que les hommes sont rue terminé, l’on pave la rue avec quatre bandes de méchants, et toute la partie méchante de mon âme s’en- granit et trois de pavé, ainsi : dort à l’instant. » Histoire de Milan Une appellation obscure Les XIe et XIIe siècles La ville de Milan a été à l’origine habitée par un peuple Tout en traversant une période d’invasions barbares, celte, les Insubres, au VIe siècle av. J-C. D’après Tite- la ville forma une commune (conseil municipal) au XIe Live, Milan aurait été fondée par des tribus celtes du siècle qui lui permit de se développer. Sans doute à cause Nord aux environs de 600 ans avant Jésus Christ. Quant de sa réussite, la ville ne s’entendait pas bien avec ses au nom de Milan, il proviendrait de “Medhelanom” qui voisins. Ce ne fut qu’en 1045 que Milan retrouva sa signifie centre du territoire. Une autre étymologie pos- liberté. Au XIIe siècle, elle acquiert un gouvernement sible est «Mediolanum», qui signifierait selon certains démocratique et une très bonne santé économique. «moitié de mouton”. Selon d’autres le nom proviendrait Le saint empereur romain, Frederick Ier (Barberousse), de “medio-laneum” (truie à demie recouverte de décida de tirer profit des ces conflits locaux, et attaqua “laine”). Cet animal aurait été un totem des Insubres. Milan en 1162. Galvanisées par un ennemi commun, les villes alentour se liguèrent pour former la Ligue Lom- Une autre explication vient contredire cette version et barde et mettre Frederick en échec en 1176 (Legnano). stipule que le nom «Milan» viendrait d’un mot Celti- À partir de la moitié du XIIIe siècle, la ville fut dirigée que signifiant «entre les rivières». par une succession de grandes familles: les Torriani, les Visconti et les Sforza. Sous ces dernières dynasties, Mi- Les premiers temps lan connut une période de richesse et de pouvoir exceptionnels. Après avoir été la ville la plus importante des Gaulois Insubres, Milan est conquise en 222 avant Jésus Christ L’emblème de Milan par les Romains. La conquête est contrariée en 218 par l’arrivée d’Annibal, le fameux général carthaginois Le symbole naît au début du XIe siècle de la fusion de considéré comme l’un des plus grands tacticiens mili- l’enseigne de la noblesse (rouge) avec celle du peuple taires de l’Histoire, à qui la population doit s’allier. (blanche). En 1167, la Ligue Lombarde rassemblant les villes du nord de l’Italie se constitua pour combattre Grâce à son importance militaire, politique et économi- l’empereur Frédéric Barberousse et conquérir l’indépen- que, la ville reçoit le titre de municipalité puis de colo- dance. La ligue adopta comme symbole l’emblème de nie impériale avant de devenir le chef-lieu de la pro- Milan. vince d’Aemilia et Liguria. lors de la victoire de En 292, quand l’Empire Romain fut divisé en deux, la Bataille de Le- Milan devint la capitale de l’Empire d’Occident. Milan gnano, l’emblème resta la capitale jusqu’en 452 à la venue d’Attila. de Milan devint le En 1176, symbole d’autorité En 539, les Ostrogoths pillent la ville alors que les Lom- et d’autonomie, et bards en prennent possession en 568 et font de Padoue beaucoup de villes leur capitale. du Nord de l’Italie l’adoptèrent. Avec Saint Ambroise, Milan devint au IVe siècle l’un des centres les plus importants du christianisme. Saint Ambroise Né vers 340 environ à Trêves, Ambroise fit des études classiques et juridiques et une brillante carrière administrative. Il fut nommé en 374 par l’empereur Valentinien Ier gouverneur de l’Émilie et de la Ligurie, en résidence à Milan. LE 7 DECEMBRE 374 Survenant comme un pacificateur après la mort d’Auxence, l’ «évêque» arien intrus de Milan, Ambroise fut acclamé évêque par le peuple, choix qui fut approuvé par les évêques d’Italie et l’empereur. Ambroise fut baptisé et, huit jours plus tard, consacré évêque, le 7 décembre 374, événement que la ville de Milan célèbre encore aujourd’hui par un jour de fête. LES ACTIONS D’AMBROISE Devenu chrétien et évêque, Ambroise s’initia par une étude incessante à la doctrine qu’il avait mission d’enseigner. Il se dépouilla de son riche patrimoine au profit des pauvres et se fit l’homme de tous. Son éloquence attira Augustin et dissipa les doutes du futur évêque d’Hippone. L’action d’Ambroise s’étendit bien au-delà de son diocèse. Il mena une lutte incessante contre le paganisme, soutenu par l’ empereur Valentinien Ier, puis par Gratien et Valentinien II, ses fils, desquels il fut très écouté. LA MORT La mère de Valentinien II, l’arienne Justine, rencontra dans l’évê- Saint Ambroise tomba malade un jour qu’il dictait un commentaire que de Milan un adversaire inflexible. Il refusa à l’impératrice la des Psaumes à son disciple. Un feu lui couvrit la tête en forme de basilique Porcia. Enfermé dans l’église, il exhorta le peuple à résis- petit bouclier et entra dans sa bouche. Alors son visage devint ter, mit les soldats de son côté et la cour dut se retirer. blanc comme neige. Il mourut la nuit de Pâques, le 4 avril 397. Ambroise fut l’ami de l’empereur Théodose mais, après le massacre de Thessalonique, il lui avait interdit l’entrée de son église et SON CARACTERE imposé une pénitence publique. Alors seulement Ambroise leva Saint Ambroise fut sa vie durant une grande autorité morale grâce à l’excommunication prononcée contre lui. la noblesse de son caractère, à la sainteté de sa vie, à sa fermeté et à sa droiture, mais aussi à sa science des affaires et à son art de LA POLITIQUE RELIGIEUSE D’AMBROISE gouverner. La politique religieuse d’Ambroise s’était proposé un triple objet. La tournure d’esprit d’Ambroise est toute romaine, épanouie dans D’abord, protéger l’Eglise contre toute violence ou toute indiscré- les questions morales et pratiques. Il fut plus un catéchiste qu’un tion de l’Etat ; ensuite, obliger le pouvoir civil à respecter la loi théologien. Notamment il écrivit le traité Des mystères (De morale, sous peine des censures de l’Eglise; enfin, sceller une étroite Mysteriis) qui expose, sous forme de catéchèse, la doctrine sur les union entre l’Eglise et l’Etat. Sacrements. Sources : site missel.free/ Sanctoral La marque des Visconti Le duché de Milan Le moins que l’on puisse dire c’est que le passage de la famille Visconti aura marqué à jamais la ville de Milan. C’est d’ailleurs au Milan incarne pendant la Renaissance le succès et la puissance des régimes dits «seigneuriaux». Privée de rivière navigable, elle moment de leur domination que le Duomo et le Castello sont construits. Dès le début de leur «règne», en 1311, Milan devient bâtit sa croissance économique sur la fertilité de ses environs et la proximité du lac de Côme, du lac Majeur et des cols transalpins. une importante capitale culturelle et politique. Dès 1288, Bonvesin da Riva en célébrait la richesse, la densité et la puissance industrielle : les Visconti venaient de l’emporter sur Une autre empreinte de la famille, le blason de Milan qui serait à l’origine celui des Visconti. C’est donc de là qu’émerge l’enfant de la commune autonome et la dynastie rivale des Della Torre. Leur mainmise prit la forme d’une seigneurie héréditaire dont la chute la bouche d’un serpent. Le Biscione (grand serpent des herbes), également connu sous le ne devait se produire qu’en 1447. Malgré les efforts des cités lombardes voisines, l’expansionnisme des Visconti atteignit son nom Vipera (« vipère » ou en Milanais Bissa), est une symbole héraldique montrant un serpent bleu dans l’acte d’avaler un humain: apogée avec Gian Galeazzo (1385-1402) dont les prétentions dynastiques aboutirent à la constitution par l’empereur du duché généralement un enfant parfois décrit comme un Maure. Il a été l’emblème de la famille italienne Visconti pour environ un millier de Milan (1395). De ce duché, les Français, arguant du mariage de la fille du duc, Valentina, avec Louis, duc d’Orléans (1387), d’années. Ses origines sont inconnues. Cependant il a été affirmé que cette figure vient des armoiries d’un Sarrasin tué par Ottone n’allaient pas à tarder à se prétendre les héritiers légitimes. Visconti lors des croisades. Les Sforza Plus tard, à la fin du XIVe siècle, l’ancien capitaine de l’armée des Visconti, Francesco Sforza, prend le contrôle de Milan. Lorsque Filippo Maria mourut sans héritiers (1447), la dynastie fut pour peu de temps remplacée par «l’Aurea Republica Italiana», que Francesco vainquit en réussissant à entrer à Milan (réduite à la famine après un long siège) le 22 Mars 1450. Francesco se montra être un bon administrateur, il modernisa la ville et créa un système fiscal efficace qui engendra une considérable augmentation de revenus pour le gouvernement. Sa cour devint un centre artistique et culturel important et fut très populaire parmi les Milanais. Sa famille gouverne ensuite sur Milan et notamment Ludovico Il Moro ainsi que sa femme Béatrice d’Este, laquelle était grandement appréciée et aimée de tous. Francesco Sforza, par Bonifacio Bembo, Pinacothèque de Brera, Milan Carte de l’Italie en1494. Dans le cartouche au centre à gauche, le duché de Milan. Le gouvernement des Visconti puis des Sforza inaugure à Milan une époque très importante dans l’histoire et l’art de la péninsule. Sous le règne de Francesco Sforza en particulier (1450-1466), une première Renaissance dans le plein sens du terme se fait jour en Lombardie ; avec Ludovic le More, duc de Milan à partir de 1494, cette Renaissance donne lieu à des réalisations artistiques comptant parmi les plus significatives du moment. Le XVIIe siècle à Milan I Promessi Sposi (Alessandro Manzoni) La grande Peste de Milan (1630) Au XVIIe siècle (1630) la grande peste de Milan provoqua la mort de dizaines de milliers d’habitants. Dans son grand roman I Promessi Sposi, Alessandro Manzoni (Milan, 1785-1873) consacre de nombreux chapitres à cette catastrophe, en analyse les causes, les manifestations, en présente les grands acteurs, en s’appuyant sur une documentation extrêmement riche. Une grande partie du récit lui-même prend place à cette époque, plus précisément à l’intérieur du lazzeretto où étaient soignés des milliers de pestiférés. Le lazzeretto (chapitre 35) Que le lecteur s’imagine l’enceinte du lazzeretto, peuplé de seize mille pestiférés ; cet espace tout encombré, ici de cabanes et de baraques, là de chariots, ailleurs de gens ; ces deux interminables rangées de portiques, à droite et à gauche, pleines, grouillantes de malades ou de cadavres mélangés, sur des toiles à sac, ou sur de la paille ; et traversant cet immense refuge, un fourmillement, comme une immense ondulation ; et ici ou là, des convalescents, des gens fébriles, des soignants, qui allaient et venaient, qui s’arrêtaient, qui couraient, se baissaient, se levaient. Tel fut le spectacle qui se présenta d’emblée à Renzo, le laissant accablé et oppressé. Ce spectacle, nous ne nous proposons certes pas de le décrire par le menu, et le lecteur ne le souhaite pas ; nous nous contenterons, en suivant les pas de notre jeune homme dans son pénible trajet, de nous arrêter là où il s’arrêta, et de ne mentionner, de ce qu’il découvrit, que les détails nécessaires pour raconter ce qu’il fit, et ce qu’il lui arriva.(…) La chapelle (chapitre 36) La chapelle octogonale qui s’élevait, en haut d’un petit escalier, au milieu du lazzeretto, était, dans sa construction primitive, ouverte de tous les côtés, sans autre soutien que des piliers et des colonnes : un ouvrage, pour ainsi dire, ajouré ; sur chaque côté, une arcade reliant deux colonnes ; à l’intérieur, un portique entourait l’église proprement dite, ne comportant que huit arcades, correspondant à celles de l’extérieur, et recouverte d’une coupole ; de sorte que l’autel, construit au centre, pouvait être vu de toutes les fenêtres des pièces du bâtiment d’enceinte et quasiment de n’importe quel endroit du lazzeretto. Aujourd’hui, l’édifice est destiné à un tout autre usage, et les espaces ouverts des quatre côtés sont murés ; mais l’ossature ancienne, demeurée intacte, indique clairement l’état ancien du lieu, et la destination première de celui-ci. Outre la chapelle, des parties du lazzeretto, situé derrière la Porta Venezia et autour de la via San Gregorio, subsistent encore en parfait état, comme en témoignent les photos. Un personnage vénéré des Milanais Federigo Borromeo (I Promessi Sposi, Alessandro Manzoni, chapitre XXII) ARCHEVEQUE DE MILAN Federigo Borromeo, né en 1564, fut l’un des hommes, rares en son temps, qui avaient engagé un esprit remarquable, tous les moyens procurés par une immense richesse, tous les avantages d’une naissance privilégiée, au service d’un but unique, la recherche et l’exercice du Bien. Sa vie est semblable à un ruisseau qui, jailli limpide de la roche, sans jamais stagner ni se troubler dans sa longue course à travers des terrains toujours différents, va se jeter sans une souillure dans le fleuve. (…) En 1580, il manifesta le désir d’embrasser la carrière ecclésiastique, et il en reçut l’habit des mains de son cousin Carlo, qui, depuis longtemps déjà, faisait figure de saint aux yeux de tous. Il entra peu après au Collège fondé par Carlo à Pavie, et qui porte encore leur nom ; et là, remplissant avec assiduité les devoirs qui lui incombaient, il en ajouta deux de son propre chef : ce fut d’enseigner la doctrine chrétienne aux plus démunis, et de visiter, servir, consoler et secourir les malades. (…) Après la mort du cardinal Carlo, la réputation croissante de son intelligence, de sa doctrine et de sa piété, les liens de parenté et le soutien de plus d’un cardinal en exercice, le crédit de sa famille, son nom même, auquel Carlo avait quasiment annexé dans les esprits une idée de sainteté et de prééminence, tout ce qui doit, et tout ce qui peut élever les hommes aux dignités ecclésiastiques, concourait à les lui décerner. Mais lui, persuadé dans son cœur de ce que nul chrétien ne peut nier, à savoir que la supériorité d’un homme sur d’autres hommes est injuste, à moins qu’elle ne consiste à les servir, redoutait d’accéder à ces dignités, et cherchait à les fuir ; non pas parce qu’il cherchait à éviter de servir les autres, car peu de vies y furent consacrées autant que la sienne ; mais parce qu’il ne s’estimait ni digne ni capable d’une tâche aussi haute et aussi dangereuse. C’est pourquoi, en 1595, lorsque Clément VIII lui demanda de devenir archevêque de Milan, il se troubla fortement et refusa sans hésiter. Il céda ensuite à l’ordre formel du pape. (…) Il demanda que l’on estime à combien pouvait monter la somme nécessaire à son entretien et à celui de ses domestiques ; ayant appris qu’elle était évaluée à six cents écus (on appelait alors écu cette monnaie d’or qui, demeurant toujours de même poids et de même valeur, fut ensuite appelée sequin), il ordonna que l’on en sorte chaque année l’équivalent de ses caisses personnelles pour le reverser dans celles de l’archevêché, persuadé qu’il n’était pas licite qu’un homme riche comme lui puise dans le patrimoine de l’église. Prenons garde de ne pas induire de ces traits une vertu avare, mesquine, inquiète, un esprit emprisonné dans les détails, et incapable de desseins élevés. LA BIBLIOTHEQUE AMBROSIENNE Sinon n’aurait jamais vu le jour cette Bibliothèque Ambrosienne, que Federigo conçut avec tant de hardiesse généreuse, et fit surgir, à si grands frais, de ses fondations. Pour le remplir de livres et de manuscrits, outre le don de ceux qu’il avait déjà acquis au prix de beaucoup d’efforts et d’argent, il envoya huit hommes, parmi les plus cultivés et les plus savants qu’il put trouver, pour en acquérir en Italie, en France, en Espagne, dans les Etats Allemands, dans les Flandres, en Grèce, au Liban, à Jérusalem. Ce fut ainsi qu’il parvint à rassembler environ trente mille volumes imprimés, et quatorze mille manuscrits. A la Bibliothèque il adjoignit un Collège de Docteurs (ils furent neuf, pensionnés par lui jusqu’à la fin de sa vie ; ensuite, les recettes ordinaires ne suffisant pas à cette charge, ils furent réduits à deux) ; et leur mission était de prodiguer divers enseignements, théologie, histoire, lettres, histoire de l’Eglise, langues orientales, avec obligation faite à chacun de publier leurs recherches dans leurs domaines respectifs. Il y ajouta un Collège trilingue pour l’étude des langues grecque, latine et italienne ; un Collège d’élèves, qui soient instruits dans ces disciplines et ces langues afin de les enseigner un jour. Il y ajouta une imprimerie pour les Langues orientales, l’Hébreu, le Chaldéen, l’Arabe, le Perse, l’Arménien ; une galerie de peintures, une de statues, et une Ecole pour les trois principaux Arts plastiques (peinture, sculpture, architecture) (…) UNE BIBLIOTHEQUE OUVERTE A TOUS Il prescrivit au Bibliothécaire de maintenir un échange permanent avec les plus grands savants d’Europe, pour qu’ils l’informent de l’état de la recherche en sciences, et le conseillent dans l’acquisition des livres les meilleurs dans toutes les disciplines. Il ordonna que, à tous, qu’ils soient habitants de la ville ou non, soient donnés les moyens et le temps d’utiliser la Bibliothèque, selon leurs besoins. Une telle intention doit aujourd’hui sembler à tous aller de soi, et inséparable de la fonction même de bibliothèque ; mais il n’en allait pas de même à cette époque. Dans une histoire de l’Ambrosienne, écrite par un certain Pierpaolo Bosca, qui fut bibliothécaire après la mort de Federigo, il est indiqué clairement, comme chose singulière, que dans cette bibliothèque privée, payée entièrement par son fondateur, les livres soient exposés à la vue du public, fournis à qui les demandait, et que papier, plume et encrier soient offerts à tous les usagers avant qu’ils s’installent, pour prendre les notes dont ils avaient besoin ; alors que dans certaine bibliothèque publique célèbre d’Italie, les livres n’étaient pas même exposés, mais enfermés dans des armoires, d’où ils ne sortaient que selon le bon vouloir des bibliothécaires, quand il leur prenait l’envie de les montrer un moment ; de donner aux visiteurs la possibilité d’étudier ne leur venait même pas à l’idée. De telle sorte qu’enrichir une telle bibliothèque, c’était soustraire les livres à l’usage de tous ; une de ces façons de faire, comme il y en avait et comme il en existe encore beaucoup, qui stérilisent le champ du savoir.(…) UN HOMME D’UNE GRANDE CHARITE En ce qui concerne un tel homme, suprêmement bienfaisant et généreux, il peut sembler qu’il ne soit pas nécessaire de savoir s’il gardait aussi beaucoup d’argent pour le secours immédiat des pauvres ; et il y en a certains qui pensent que l’argent employé ainsi, et même de toute autre façon, constitue l’aumône la meilleure et la plus utile. Mais Federigo considérait l’aumône proprement dite comme le premier des devoirs. (…) La charité inépuisable de cet homme, non moins que dans les dons, se manifestait dans toute sa façon d’être. D’un abord facile pour tous, il pensait devoir offrir spécialement à ceux que l’on disait de basse condition un visage jovial, une courtoisie affectueuse ; et ce d’autant plus, qu’ils en trouvaient moins dans le monde. (…) Régie par L’Espagne Napoléon ne pouvant se partager entre la France et l’Ita- Une longue et pénible période s’abat sur Milan à partir lie, choisit un vice président, de 1535 jusqu’à 1714. La monarchie espagnole prend le Francesco Melzi d’Eril, et un contrôle de la ville et la néglige à un tel point qu’elle représentant résident à Paris, contribue à sa régression et sa pauvreté. Ferdinando Marescalchi. Ainsi, l’Italie, avec le maître Les Habsbourg et Napoléon de la France et de l’Europe ( et une forte présence de troupes Les résultats des grandes guerres européennes de la fin françaises sur son territoire) du ‘600 et du début du ‘700 à Milan, placèrent cette devenait un protectorat français qui n’allait pas tarder ville sous la domination de la dynastie autrichienne (et à inquiéter les autres puissances européennes, plus par- impériale) des Habsbourg. En particulier la période de ticulièrement l’Autriche en raison de ses ambitions sur Maria Teresa - la seconde moitié du ‘700 - a été caracté- l’Italie. Le 17 mars 1805, presque un an après la créa- risée par une forte reprise pratiquement dans tous les tion de l’Empire Français, la République italienne de- domaines : l’économie, l’art, la culture, le système sco- vint un royaume: l’ébauche de ce que sera l’Italie uni- laire et le développement scientifique. L’ Académie de fiée puisqu’il ne recouvre que la Lombardie et l’Émilie- Brera fut fondée, ainsi que la Scala, le Palais Royal, la Romagne avec Napoléon comme souverain. Villa Royale, et de nombreux bâtiments privés furent Cette décision politique se concrétisa formellement par construits, selon le style néo-classique. Cela jusqu’à ce le couronnement du nouveau roi à Milan, le 26 mai que Napoléon prenne le pouvoir. 1805. Cérémonie au cours de laquelle Napoléon, recevant la Couronne de fer (la «corona ferrea’), réaffirma Napoléon couronné Roi d’Italie le 26 Mai 1805 à Milan A la fin du printemps 1796, après ses victoires sur les ses références carolingiennes en reprenant les mots de Charlemagne: «Dio me l’ha data, guai a chi la tocca!!!!» Le décret de Milan renforce le blocus Piémontais et les Autrichiens, Napoléon Ier dominait désormais une grande partie de l’Italie du Nord. Il im- En 1807, Napoléon décide de renforcer le blocus conti- posa son autorité sur les Duchés de Parme et de Modène. nental et d’améliorer son efficacité. Mais pour que ce- Il envahit l’État pontifical en obligeant le Pape Pie VI à lui-ci soit vraiment valable, il fallait que l’Empire con- un armistice onéreux et à renoncer à sa souveraineté trôle la majorité des côtes. Napoléon se lance donc dans sur les légations de Bologne et de Ferrare. de nouvelles campagnes militaires pour s’en assurer la maîtrise. Par ailleurs, ce blocus aura pour effet la réor- Les troupes françaises de Napoléon provoquèrent de ganisation de l’économie continentale. grands bouleversements. Elles arrivèrent aux portes de Bologne le 19 juin 1796, et eurent un accueil bienveillant de la part des citoyens, bien contents de se libérer du joug pontifical. La Constitution de la République de Bologne fut proclamée, mais elle disparut avec l’annexion de la ville d’abord à la République Cispadane (de 1796 à 1799), puis à la République Cisalpine (de 1799 à 1801), et enfin au Royaume Italique de Napoléon. En 1802, les membres du Conseil d’Etat chargés de trouver un président à la nouvelle République italienne persuadèrent le Premier Consul d’assumer cette charge. L’Empire austro-hongrois Les Autrichiens qui revinrent à Milan après la chute de Napoléon (1815) n’étaient plus ni réformateurs ni éclairés. Leur ministre des Affaires étrangères, Metternich a fait valoir que l’Italie était une «expression géographique», alors que dans le Milan de Napoléon elle avait un air de nation unie. En 1848, la ville se révolta contre l’Empire austro-hongrois. En 1859, elle fut annexée à la Savoie qui , en 1861, rejoignit le royaume d’Italie sous la domination du roi Victor Emmanuel II. Le Royaume d’Italie L’après-guerre Avec l’unification, Milan put atteindre plus facilement Durement touchée par les bombardements alliés, et la des marchés plus vastes, et commença à s’établir dans guerre de partisans contre les nazis qui avaient occupé le nouvel Etat en tant que centre financier et indus- le pays, Milan a dirigé la reconstruction nationale. triel. La ville attira des travailleurs d’autres régions Même au-delà de la grande concentration de l’indus- italiennes, mais la croissance avait suscité des tensions trie, la ville devint le plus grand centre italien en ter- sociales, qui éclatèrent en 1898 et furent férocement mes de commerce, de finances, d’industrie , de culture réprimées par des tirs. La nouvelle richesse avait égale- et - plus récemment - des médias, du design, de la mode ment provoqué l’invasion de la vieille ville par les ban- et de l’industrie des services. ques et les bureaux d’assurance, ce qui entraîna de grands bouleversements. (Ce fut une grande période de construction : élégants quartiers résidentiels, prison, nouveau modèle de San Vittore et le Cimetière Monumental). De nos jours Aujourd’hui, la ville connaît un profond revirement du point du vue architectural, avec d’une part des opé- L’Italie fasciste rations de requalification urbaine de vastes quartiers, et d’autre part de grands chantiers qui cherchent, à travers une architecture ambitieuse, à exprimer la vi- Le Parti fasciste a été fondé à Milan en 1919. Mis à part talité économique de Milan. les travailleurs de la ceinture industrielle et des grou- Citons la nouvelle «fiera di Milano», la rénovation du pes d’intellectuels, la ville ne s’oppose pas à la naissance théâtre de la Scala, le projet Citylife qui comprendra de la dictature. Pendant le fascisme, une série d’ouvra- trois gratte-ciel de hauteurs comprises entre 170 et 218 ges pompeux se construit comme la Gare centrale ou mètres, la bibliothèque européenne, le quartier S.Giulia, Arengario, mais aussi des architectures innovantes tel- la «città della moda» qui culminera au plus haut à 220 les que la Triennale. mètres de haut, le gratte-ciel du futur siège de la région Lombardie (163 m), les deux gratte-ciel Vaserine qui Benito Mussolini devient Premier ministre en 1922. atteindront 140 et 150 mètres, les immeubles «ex- Entre l’Armistice de 1943 et la Libération en 1945 , Falck» de Sesto S.Giovanni (110 m), un projet de gratte- Milan a énormément souffert des bombardements al- ciel à plus de 215 mètres, un autre d’hôtel de ville de liés et de l’Occupation. Il faut dire qu’elle faisait partie 150 mètres de haut et un dernier projet nommé de la république de Salo, laquelle contrôlait tout le Nord Famagosta (150 m). de l’Italie, et était entre les mains de l’ancien gouvernement fasciste allié des nazis. L’exécution de Mussolini le 28 avril 1945 signe la fin de l’Italie fasciste et frappe d’un dur coup la monarchie de Victor-Emmanuel III. Ce dernier abdique et le 2 juin 1946, L’Italie devient une république. Tous ces projets vont profondément modifier le panorama de la métropole milanaise, qui ne sera plus dominée par «Il Duomo», ni par la très ancienne silhouette du gratte-ciel Pirelli (127 m) ou l’intrigante «Torre Velasca» qui date des années 1950 (106 m), mais par de nouvelles constructions d’immeubles de grande hauteur qui rivaliseront à l’échelle européenne avec ceux de quartiers comme Moskva-city à Moscou, La Défense à Paris ou la City à Londres. L’Exposition internationale de 2015 se tiendra à Milan. Benito Mussolini le 28 avril 1945 Les arts La Pinacothèque Après le shopping dans le centre et une promenade dans les parcs , une visite à la Pinacothèque s’impose. Ce musée est situé dans le Palazzo Brera où se trouve l’Académie des Beaux-Arts. Il s’agit d’un des musées les plus prestigieux au monde et sûrement l’un des plus importants de Milan, abritant les plus belles oeuvres . Un peu d’histoire Macchiaioli, précurseurs de l’impressionnisme. Le bâtiment a été construit sur un ancien couvent en Si vous n’avez pas de temps, mais vous ne voulez pas 1571, par bulle papale du pape Grégoire XIII, qui l’at- renoncer à l’essentiel de la visite, courez voir au moins tribue aux Jésuites, qui en firent une université.. Lors- les toiles majeures: que l’ordre fut aboli au XVI siècle, le Palazzo Brera fut Le Christ à la Colonne de Bramante cédé au Gouvernement Français. Et c’est ainsi que l’im- Le Retable Montelfelto de Piero della Francesca pératrice Marie-Thérèse d’Autriche y installera sa bi- Les Noces de la Vierge de Raphaël. bliothèque privée. Elle ouvrit ensuite l’École des BeauxArts , un centre astronomique et l’Institut de Lombardie . Elle aménagea sa collection d’art privée et élargit les jardins botaniques . L’arrivée de l’Empereur Français entraînera de grands changements . Il réquisitionnera des oeuvres pour enrichir les musées français et détruisit l’église de Brera pour construire des salles napoléoniennes. Un an plus tard , en 1810 , la Pinacothèque royale ouvrira au public à l’occasion du 40ème anniversaire L’Académie des Beaux-Arts Brera Le nom «Brera» vient du mot braida d’origine germanique, signifiant grand espace vert. de Napoléon Bonaparte . Le bâtiment, comme on l’a dit, fut La collection d’abord utilisé en tant que cou- Le plus important de la Pinacothèque demeure non dans vent des Umiliati, puis se conver- son histoire mais dans ce qu’elle contient . Dans sa cour, tit sous l’arrivée des Jésuites en on peut voir au centre la statue de Napoléon réalisée 1572 qui installèrent une biblio- par Antonio Canova . thèque et un observatoire. A l’intérieur, suivant l’itinéraire, on peut admirer dans Puis après l’abolition de cet ordre une période de res- la première salle les peintures de la Donation des Jésui- tauration complète du bâtiment tes qui comporte les grands maîtres de la peinture ita- sous le contrôle de Francesco Maria Richini. lienne du XXe siècle. Ensuite commence l’histoire de la Le Jardin Botanique sera créé en 1774, et enfin l’Aca- peinture italienne depuis le Trecento ( XIVe siècle) et le démie en 1776 . Quattrocento ( XVe siècle ) ou la Renaissance avec les De nos jours les différents départements d’étude sont oeuvres des grands artistes italiens tels que Mantegna, partagés en trois grandes catégories : Bellini et Carpaccio. Se succèdent de grands salons de Département des Arts Visuels , Département des Arts style Empire, où sont exposées toiles et fresques de gran- appliqués, et enfin celui de la Communication et Didac- des dimensions de peintres du XVe siècle comme Bel- tique de l’art . lini, le Tintoret, Véronèse. Le premier comprend l’enseignement de la peinture, Les écoles vénitienne, lombarde mais aussi les écoles de de la sculpture, de la décoration et des arts graphiques. Ferrare et des Marches y sont représentées. Mais la vi- Le deuxième celui de la scénographie, de la restaura- site ne touche pas encore à sa fin, les plus belles oeuvres tion , des nouvelles technologies et des projets artisti- sont encore à voir. Ce sont les oeuvres du Seicento qui ques pour l’entreprise ; puis enfin le dernier se consacre vous seront illustrées par de grands artistes comme à la valorisation des biens culturels, et à l’enseigne- Carrache et Caravaggio ou les maîtres vénitiens qui ment de l’art . dominent cette époque comme Tiepolo, Canaletto, L’Académie des Beaux-Arts, fondée dans le centre ville Guardi et Belotto. La visite se terminera par les artistes en 1776 par Marie-Thérèse de Hongrie , a pour objet romantiques et néo-classiques, mais aussi par les d’enseigner la création ou l’histoire de l’Art . durera de 1627-28 Deux grands peintres LE CARAVAGE ( Michelangelo Merisi, 1571, Le Caravage, 1610, Porto Ercole) Le Caravage fut l’un des artistes les plus révolutionnai- der, rejoint la Sicile, puis reprend le chemin de Rome, res de l’Epoque Baroque, en créant une manière dra- mais il meurt dans des conditions mystérieuses sur une matique de représenter les sujets religieux qui intégrait plage de Porto Ercole. le réalisme à la spiritualité. Son style naturaliste était Le style du Caravage se caractérise par une extraordi- une réaction contre les artifices du Maniérisme. Il con- naire maîtrise de la technique du clair-obscur, connu sistait à représenter de façon très détaillée des sujets sous le nom de « ténébrisme ». Ses toiles reflètent un illuminés par une lumière très vive à l’intérieur d’un sens aigu du drame, en choisissant de peindre l’événe- espace étroit. ment au moment où il atteint son paroxysme. Surtout, Le Caravage naquit près de Milan. Il était le fils d’un le traitement réaliste, voire trivial de ses sujets fait de architecte à la Cour du marquis de Caravage. Il fut lui un peintre révolutionnaire, dont le style n’a jamais l’élève du peintre Simone Peterzano avant de se rendre laissé indifférent. à Rome, où il se fit une clientèle de choix. Ses premières toiles relèvent du genre des « tableautins », œuvres de petite taille et exécutées avec un grand souci du détail. Avec l’aide du cardinal Francesco Del Monte, Le Caravage accepta en 1600 une commande pour la décoration de la Chapelle Contarelli de l’église Saint-Louis des Français. Les trois chefs d’oeuvre qui s’y trouvent, La Vocation de saint Matthieu, Le Martyre de Saint Matthieu et Saint Matthieu et l’Ange, suscitent une polémique intense mais lui apportent la consécration. En 1606, accusé de meurtre, il est contraint de quitter Rome. Il se réfugie à Malte où il exécute de nombreux sujets religieux. Incarcéré à nouveau, il parvient à s’éva- GIUSEPPE ARCIMBOLDO (1527, Milan – 1593, Milan) La carrière d’Arcimboldo commença de manière conventionnelle à Milan, comme peintre religieux formé par son père. Le talent d’Arcimboldo se développa lorsqu’il fut nommé peintre officiel à la Cour impériale de Prague. Homme actif, il se consacra à de nombreuses tâches, comme costumier, décorateur scénique, peintre à la Cour, ambassadeur artistique de l’Empereur, auteur d’un traité sur la peinture. Surtout, il inventa un style tout à fait nouveau, où fruits, fleurs, animaux, ou objets usuels, étaient assemblés pour constituer un portrait reconnaissable. Ce style répondait au goût de l’époque pour l’absurde et l’inhabituel. Il faut comprendre ses œuvres comme des allégories, des représentations symboliques des quatre saisons, des quatre éléments, des différents métiers. Arcimboldo fut extrêmement populaire de son vivant et la famille royale aimait faire présent de ses toiles aux Cours européennes. Vivre à Milan Les lieux de rencontre à Milan La place du Dôme bondée, cœur de la vie milanaise et centre géométrique de la ville, est le lieu idéal pour commencer à goûter aux merveilles d’une ville toujours pleine de surprises pour tous ceux qui sont les hôtes des établissements de Milan. La Place Della Scala est voisine, accessible par la Place du Dôme à travers la Galerie Vittorio Emanuele II qui, avec ses cafés caractéristiques, ses restaurants, ses boutiques et ses librairies est l’un des endroits de rencontre les plus fréquentés par les Milanais. Sur la Place della Scala se trouve le Théâtre néo-classique La Scala, l’une des scènes lyriques les plus connues au monde. Son calendrier plein d’évènements offre aux visiteurs de Milan une occasion sans pareille d’assister à des concerts et des spectacles tout au long de l’année. La Via A. Manzoni, riche de boutiques à la mode, se termine par la très célèbre rue de la mode milanaise : Via Monte Napoleone. Les visiteurs de Milan pourront, à ce moment là, se dédier au shopping le plus en vogue ou bien simplement admirer les vitrines les plus fastueuses d’Italie et le va-et-vient des passants qui envahissent la rue à toute heure. Les rues latérales, S.Spirito, Borgospesso, S.Andrea conduisent au quartier Brera de Milan dans lequel se concentrent les antiquaires, les magasins d’artisanat et les galeries d’art. Au bout de la rue Via Borgonuovo, on trouve la Pinacothèque de Brera, l’une des plus importantes collections d’art d’Europe. En se déplaçant dans la zone de Via Dante, on arrive au Château Sforzesco, le plus grand exemple d’architecture de la Renaissance de Milan, où sont aménagés les Musées du Château avec d’importantes collections de sculpture, de peinture et d’arts appliqués de grande valeur. Le grand parc situé derrière le château, le parc Sempione, l’un des principaux poumons verts de la ville, accueille, outre l’Arène Municipale, l’Aquarium, l’Arc néo-classique de la Paix, monument élevé en l’honneur de Napoléon, la Palais de l’Art, siège de l’exposition trisannuelle d’Art Décoratif et la Tour du Parc réalisée en tubes d’acier. La vie nocturne Le quartier Brera est considéré comme le centre de la vie nocturne de Milan, ici se concentrent trois des principaux théâtres de la ville : le Théâtre delle Erbe, le Théâtre Manzoni et le Piccolo Teatro fondé par Giorgio Strehler. En ce qui concerne les établissements à choisir pour apprécier un apéritif, assister à un concert live ou danser toute la nuit, à Milan il n’y a que l’embarras du choix. Parmi les zones les plus fréquentées, en plus du quartier de Brera, les fameux «navigli» milanais, zones traversées par les canaux artificiels construits entre le Moyen-âge et le XIXe siècle comme voies de transports et barrières défensives, sont constellés d’établissements à la mode et en perpétuel renouveau. Sources:http://www.ricercahotel.com/fra/dett_milano_eventi_teatri_musei_fiere_7_66_129.php Vingt choses à faire à Milan Visiter le Duomo Visiter les nombreux musées de la ville Située sur la Piazza del Duomo, en plein centre de Mi- -Museo della Scienza e della Tecnica Leonardo da Vinci lan, la cathédrale de la ville est sans doute la première chose que vous devriez voir lors de votre séjour. Cons- : on peut y découvrir le progrès de la science et de la technologie au cours du temps. truite en style gothique en 1386, la cathédrale atteint une hauteur de 186 m avec la Madonnina, symbole de -Museo di Storia Naturale : on y approfondit ses connaissances sur la nature et les animaux. Milan. La cathédrale est ouverte tous les jours de 7 h à 19 h. Pour ceux qui veulent s’aventurer sur les terras- -Acquario Civico : c’est l’aquarium de la ville. -Civico Planetario Hoepli: c’est l’observatoire de la ville. ses du Duomo, voici les horaires: de 9 h à 18 h (à partir du 14 Novembre) Ne pas oublier: Les musées de la ville sont pour tout le monde, des plus Ne pas oublier : 1 Le Trésor du Duomo qui regroupe les objets plus pré- petits aux plus grands ! cieux de l’histoire de la cathédrale. Santa Maria delle Grazie et la Dernière Cène 2. La cathédrale est fermée pendant les offices religieux. L’église Santa Maria delle Grazie (Sainte Marie des Grâces) et le Monastère Dominicain ont été construits en- Assister à un spectacle à la Scala tre 1466 et 1496 par Solari. L’église Santa Maria delle Grazie a été classée comme patrimoine mondial de Le Théâtre de la Scala fut construit en 1776, sur les restes du Théâtre Ducal, par volonté de l’impératrice Marie Thérèse d’Autriche, et fut inauguré en 1778. La saison de la Scala, aussi bien pour l’opéra que la danse, est très riche. Depuis le XIXe siècle, les plus grands chefs d’orchestre s’y sont illustrés. On peut le considérer comme l’un des théâtres les plus importants et les plus prestigieux du monde. Ne pas oublier : Il est obligatoire de s’habiller de façon élégante. l’UNESCO. L’église est mondialement connue parce qu’elle renferme un trésor inestimable : la Cène de Léonard de Vinci. C’est un des plus beaux chefs-d’œuvre jamais réalisé. De nombreux touristes affluent pour pouvoir admirer cette fresque incomparable de Léonard de Vinci. La Cène est la représentation du Dernier Repas de Jésus Christ. Le « Cenacolo » est le nom donné à l’endroit où Léonard de Vinci a peint la Cène : le Réfectoire du Monastère de Santa Maria delle Grazie, une pièce exceptionnelle née de la Renaissance à Milan. Visiter le Castello Sforzesco Le Castello Sforzesco a subi de nombreuses démolitions, reconstructions, restaurations au cours des années. Il fut construit en 1360-70 comme château de défense mais devint ensuite la résidence des Visconti. A la mort du dernier des Visconti, le château fut détruit, mais il sera reconstruit par le nouveau seigneur de Milan, Francesco Sforza ( d’où le nom Castello Sforzesco). Ne pas oublier : Chaque année de nombreuses expositions sont proposées à l’intérieur des murs du château. Se promener aux Navigli Faire du shopping Des petites boutiques cachées dans les petites ruelles de la ville aux grands magasins comme la Rinascente, la ville de Milan est pleine de magasins. Les plus importants se trouvent dans le centre, la Via della Spiga et la Via Montenapoleone sont remplies de magasins de haute couture (de Gucci à Armani). En se déplaçant vers le Duomo, on retrouve la Rinascente et des tas d’autres magasins qui se trouvent sur le Corso Vittorio Emanuele et dans la Galerie. De l’autre coté de la place du Duomo, la Via Torino et la Via Dante fourmillent également de magasins. Enfin, après la Porta Venezia, ne manquez Les Navigli de Milan sont des canaux artificiels cons- pas le Corso Buenos Aires, où l’on trouve tous les magasins les plus « in » de la ville. truits entre 1179 (Naviglio Grande) et le XVI siècle (Naviglio Martesana) qui permettaient de rejoindre Ne pas oublier : Milan est la ville de la mode, profitez-en ! Milan soit depuis le Tessin soit depuis l’Adda. On y trouve beaucoup de magasins (Pisotti, mais aussi des magasins artisanaux), des restaurants de cuisine milanaise et des bars. Ne pas oublier : Avec Navigarmangiando, vous pouvez avoir un bon dîner en navigant sur les Navigli. Aller au Dialogo nel Buio Le Dialogo nel Buio est situé dans le siège de l’Istituto dei Ciechi de la ville. C’est un parcours qui s’accomplit dans le noir le plus total, on est accompagné par des guides experts non-voyants. Un voyage durant plus d’une heure qui permet d’expérimenter une nouvelle manière de voir. On s’appuie sur le sens du toucher, l’odorat, et Se rendre au Parco Sempione et à l’Arco della Pace le goût, pour vivre une expérience extraordinaire où les rôles s’inversent et les barrières se détruisent. Située derrière le Castello Sforzesco, cette zone était autrefois un bois pour la chasse des familles Visconti et Ne pas oublier: En plus du parcours, le Dialogo nel Buio offre un théâ- Sforza. Depuis 1894, elle a été transformée en jardin public. On y trouve l’Arc de la Paix (XIXe siècle), la tre avec des acteurs non-voyants et un restaurant, toutes ces expériences à vivre dans le noir. Torre Bianca, la Fontana Metafisica, la Triennale où ont lieu de nombreuses expositions, ainsi qu’une statue Le quartier Brera de Napoléon. Ne pas oublier : Situé dans le centre de Milan, ce quartier déborde de magasins d’antiquaires et il est connu pour son style Accompagnés de chants d’oiseaux, vous y ferez des promenades très agréables, surtout si vous vous y rendez raffiné, créé par la fréquentation des artistes au fil du temps . de bonne heure. Ne pas oublier: A Brera on peut visiter la Pinacoteca (le plus grand Manger une Cotoletta à la Cotoletteria ou chez Garghet musée de Milan) et l’Accademia delle Belle Arti. Tout le monde sait que la cotoletta est un des plats milanais les plus connus. Dans ces deux restaurants, l’un Brunch au California Bakery situé dans le centre de Milan (la Cotoletteria) et l’autre dans les alentours de Milan, vous pourrez goûter d’ex- Le California Bakery représente l’Amérique à Milan. Des pancakes aux hamburgers, ce « restaurant » nous offre plein de plats américains au goût unique. Le sa- cellentes cotolette, d’un goût incomparable. medi et le dimanche, de 10 à 16h il y a le brunch, un petit déjeuner à l’heure du vrai déjeuner. Assister à un derby à San Siro Ne pas oublier : Le California Bakery propose des cours de cuisine, les matchs Inter-Milan. L’ambiance est des meilleures car ce sont des matchs importants de la saison du foot showcooking, pour apprendre des recettes américaines, aux adultes comme aux enfants. italien. Le Milan et l’Inter sont les deux équipes de Milan, elles Faire un tour gourmand sur le tram Atmosfera sont renommées mondialement et sont parmi les plus fortes d’Italie. Lorsque celles-ci jouent chez elles, leur Le tram ATMosfera est le seul restaurant qui « bouge » autour de la ville, c’est une expérience unique qui vaut stade de référence est le stade Meazza, plus communément appelé stade de San Siro. Il comporte une capacité d'être tentée. Imaginez la magie et la beauté qui s'emparent de vous quand vous traversez Milan le soir sur d'environ 800 000 places. un des plus vieux -et beau- tram de l’histoire. Une atmosphère digne de l’Orient Express pour savourer des Les colonnes de San Lorenzo sont l’un des rares plats particuliers, de tradition milanaise notamment, réalisés par des chefs connus dans le monde entier. Ne pas oublier: Il est conseillé de réserver au moins 3 mois avant le Passionnés du foot ou pas, nul ne reste insensible aux vestiges de l’Empire Romain à Milan, elles furent transportées sur le Corso di Porta Ticinese au IVe siècle pour achever la basilique de San Lorenzo. repas, car ces trams sont très recherchés. Prendre une glace à la Gelateria Marghera et se promener jusqu’au Corso Magenta Manger des panzerotti chez Luini La gelateria Marghera est l' une des meilleures « gelaterie » de Milan, on y peut prendre une très bonne Situé juste à coté du Duomo, Luini est une « boulangerie » spécialisée en panzerotti, semblables à des pizza glace et ensuite se promener jusqu’au Corso Magenta, en passant par le Corso Vercelli, où l’on peut faire beau- pour les ingrédients, mais « renfermés ». En effet, ces panzerotti sont excellents, d’un goût unique et depuis coup de shopping. 1949, les meilleurs de tout Milan. Ne pas oublier: Se reposer aux Thermes Luini est tellement connu qu’on doit faire la queue pour se procurer les panzerotti. . Milan possède de très beaux thermes à coté du centre ville. Il est possible de s'y faire masser, ou de faire des parcours de bien-être. Ces thermes sont à la portée de toute la famille. Après une dure semaine de travail, se reposer aux thermes week-end la Chartreuse de Pavie qui se trouve à 8 km au nord de la ville de Pavie. vaut la peine. Une autre ville intéressante à visiter est Bergame, avec des édifices médiévaux et de la Renaissance perchés sur Voir les étoiles au Planétarium une colline. À Mantoue, vous visiterez surtout le Palazzo Ducale, Le Planétarium est un lieu exceptionnel, où les grands comme les petits peuvent être fascinés par les étoiles qu’ils peuvent voir au dessus de leur têtes. Le planétarium offre des conférences sur plusieurs thèmes, des construit entre les XIIe et XVIIe siècles. Dans cette résidence de la famille Gonzague, l'oeuvre la plus célèbre est la Camera degli Sposi, entièrement de la main de observations guidées, des manifestations pour enfants et adultes. Mantegna. Vous pouvez également visiter le Duomo de Monza ou Ne pas oublier: L'entrée coûte 3 • et 1,50 euro pour les enfants assister à l'une des fameuses courses de Formule 1. Enfin vous pouvez piloter une voiture à l’Autodromo. Passer un week-end en dehors de Milan Vous pouvez visiter tous les jours de la semaine et le Si vous voulez déguster un ossobuco ou des ravioli alla zucca au restaurant Santa Chiara, ou voir un opéra dans le théâtre Reggio, visitez Parme ! Les trams à Milan Les tramways font partie du paysage milanais. Ils se partagent la chaussée. C’est l’un des réseaux de tramways les plus étendus du monde avec 287 km qui desservent l’ensemble de l’agglomération milanaise. La série 1500 appelé « Peter Witte » est le modèle le plus ancien en circulation. On le voit dans le centre de La série 4600, elle, dérive d’une La série 4800 a été livré entre 1976 série plus ancienne, elle apparaît et 1978. C’est une version avec des dans les rues de Milan en 1960. voitures d’une plus grande capacité Milan. Il a été créé à la suite d’ une que le 4600. réforme du transport milanais des années 30. Il y en a actuellement encore une centaine en circulation. La série 4900 : le Les séries 7500 et succès obtenu par la 7100 sont les plus ré- série 4800 (les voitu- centes, les premières res à plus grande ca- livraisons ont eu lieu pacité) a poussé l’ATM à concevoir 100 trams de en 2002 et devraient atteindre 35 voitures pour le nouvelle conception, construits par la FIAT. Ils sont 7500 et 33 pour le 7100. Elle sont fabriquées par entrés en service dans les années 80. Ansaldo-Breda. Qu’est-ce-que manger à Milan ? D’abord, en Italie N’avez-vous jamais entendu parler des pâtes, de la pizza, du panettone, du tiramisù ? Ben, tout cela, sans exception, vient exclusivement d’Italie. L’Italie est un splendide pays au sud de l’Europe, avec une forme de botte. Bien évidemment, ce ne sont pas tous ces produits alimentaires qui attirent tous les ans des millions de visiteurs, mais c’est cette forme bizarre que prend la péninsule italienne. Effectivement, quand on est petit et qu’on doit apprendre la carte de l’Europe, celle de l’Italie est la plus facile à retenir, même le plus ignorant saurait placer le nom « Italie » sur un pays en forme de botte ! Bon, maintenant, je vais parler plus sérieusement. Nous, les Italiens, on est connus partout dans le monde pour être de grands play-boys, de grands mafieux, de grands joueurs de foot, de grands metteurs en scène, de grands artistes... mais l’un de nos plus grands atouts est la cuisine : nous sommes les créateurs de 40% des déjeuners et des dîners et nous avons des restaurants partout dans le monde. Et maintenant, Milan Je vais me concentrer maintenant sur Milan. Milan, c’est certainement une des plus belles villes du monde. C’est une ville connue dans le monde entier pour le Duomo, pour ses oeuvres d’art, son histoire, sa culture. C’est une référence internationale pour la mode et le design. Tous ces sites historiques, ces monuments, ces boutiques... On fait de Milan une ville touristique, mais surtout c’est une ville italienne et comme pour toute ville italienne, sa cuisine est un atout touristique important. Aujourd’hui à Milan on peut trouver tout type de restauration, depuis un Macdonald jusqu’à un restaurant de luxe, des restaurants japonais, chinois, français, turcs, thaïlandais, mais surtout italiens. Et la mode, le luxe, la richesse ne pouvant être assortis de propositions culinaires médiocres, celles-ci sont largement à la hauteur. Si la jeune top-model, très chic, veut faire un peu de shopping, elle n’a qu’à aller à la Rinascente où elle peut commencer par acheter un parfum (rez-de-chaussée), ensuite un joli t-shirt (premier étage), puis quelque chose d’intime ou des chaussures (deuxième étage), puis une robe (troisième étage) et enfin si après tout ce voyage elle parvient à avoir un peu faim, elle peut se rendre au dernier étage où elle pourra se restaurer avec la plus belle vue sur le Duomo que l’on ait à Milan. Elle pourra l’admirer de tous ses yeux si elle n’est pas concentrée sur ses nouvelles lunettes ... A Milan chacun peut trouver ses lieux d’élection : on y trouve de tout. Prenons un autre exemple : je suis un homme d’affaires, je travaille beaucoup et donc je n’ai pas le temps de déjeuner. A Milan on a la solution ! Midi arrive et je dois me nourrir, c’est alors qu’un ami me dit que je peux me rendre à Peck si j’ai faim. J’y vais et je découvre que c’est parfait pour moi : je peux emporter le déjeuner à mon bureau. Et quel déjeuner ! Une promenade étonnante dans le centre historique San Maurizio Sant Eustorgio Les reliques des Rois Mages Le siège de l’Inquisition L’église fut construite par le saint au IVe siècle pour y contenir les reliques des rois mages apportées de Constantinople et offertes par Constantin. Dans le transept droit se trouve la chapelle des Mages avec leurs reliques, non plus dans le sarcophage du XIIe siècle que l’on voit sur le côté mais dans une petite vitrine voisine. L’église, cédée aux Dominicains, fut le siège de l’Inquisi- Les fresques de Luini et un orgue unique Cette magnifique église conventuelle, dans le style de la Renaissance lombarde, est décorée des très belles fresques de Bernardino Luini et de son Ecole. Elle abrite aussi un merveilleux orgue Antegnati (1554) utilisé pour des concerts de haut niveau en raison de son excellente qualité, et dont une restauration récente permet d’admirer la beauté. tion avant que celui-ci soit transféré à Santa Maria delle Gracie. Elle est traditionnellement le lieu où les autorités et le peuple accueillent les nouveaux archevêques, Carlo et Federigo Borromeo notamment. San Lorenzo Maggiore Une église construite sur les restes Le Museo civico di Archeologia : les vestiges de la ville romaine d’une basilique antique Situé dans la zone du cirque romain, le musée, cons- Eglise du XVIe siècle d’une truit sur trois étages qui se répartissent les différentes très grande importance dans périodes évoquées, permet de voir la tour du Cirque l’histoire de l’architecture oc- qui, au IVe s., signalait le point de départ des courses de cidentale, elle est construite chevaux. sur les restes d’une église pa- La tour polygonale et les restes de murs appartiennent léochrétienne (Ve siècle). à l’enceinte maximilienne (IVe siècle). Edifié dans une zone importante de la cité romaine, l’édifice subit deux importantes re- Santa Maria presso San Satiro constructions, au XIIe siècle L’église actuelle construite au XVe siècle sur les fonde- après diverses catastrophes, puis au XVIe siècle, et il fut ments d’une église du IXe siècle dédiée à Satiro, restauré entre 1911 et 1916. Sa façade fut refaite en Ambrogio son frère et Silvestro, est devenue célèbre 1894. Mais l’intérieur témoigne de façon saisissante de parce qu’une représentation de la Vierge y aurait sai- la réintégration au XVIe siècle de l’ancienne basilique gné lorsqu’un jeune homme lui avait donné un coup de antique. couteau. Dans la chapelle de droite, on peut voir des mosaïques Le chœur extraordinaire de Bramante, en trompe-l’œil, antiques représentant les douze tribus d’Israël, ainsi que abrite la fameuse image de la Vierge, et l’histoire de deux grandes mosaïques, le Christ et les Apôtres et l’En- celle-ci est peinte au-dessus de l’autel. lèvement d’Elie. De Bramante aussi les murs, le projet de la façade (l’ac- Devant la basilique, se dressent seize colonnes romai- tuelle est du XIXe siècle) et la sacristie. nes La Mode milanaise Nous sommes tellement intégrées à la ville que nous sommes devenues complètement bilingues et nous baignons tellement dans ce milieu que parfois lorsque nous retournons en France nous nous sentons étrangères. Nous essayons de prendre des distances et de comprendre ce que représente Milan pour nous, ce qu’elle est devenue à nos yeux. Que pourrions-nous vous dire, vous conseiller si vous étiez de passage? Ainsi pour répondre a cette question nous avons fait un sondage parmi nos camarades de classe puis dans le centre de Milan où nous avons demandé aux passants ce qu’ils aimeraient savoir ou voir sur Milan si ils étaient des touristes. Bien que les réponses aient été assez différentes, les thèmes les plus récurrents furent: le centre historique la mode et le design le foot Ne pouvant pas tout vous dire, d’autant plus que sur ces points vous en savez déjà beaucoup, nous avons choisi de vous parler de la mode, en particulier de créateurs milanais que nous apprécions. Le texte qui suit est extrait du livre de Simona Segre Reinach La Moda. Un introduzione (la Terza), nouvelle édition de 2010 Les stylistes italiens sont l’un des représentants les L’exigence de créativité se presque tous des chefs plus emblématiques du trouve étendue à tous les d’entreprise, ou associés à pôle-travail, au contraire niveaux de la filière de un chef d’entreprise qui de Versace, tout orienté production, et dans ce leur donne la capacité de vers le loisir et le plaisir. sens, le prêt-à-porter est répondre aux demandes Avec ce tournant dans un système entièrement complexes du marché. l’activité du styliste, le lié à la personne et à l’ex- Le prêt-à-porter fonde son concept d’art en tant que pression de sa créativité offre sur les occasions Beau éternel, peu compa- (Gastel 1995). qu’ont les clients de s’ha- tible avec une production biller, et sur le style de vie artisanale, voire indus- qui oscille entre le pôle - trielle, vouée à l’éphé- temps de travail et le pôle- mère, se transporte vers le La filière intégrée est l’une temps libre. sens de techné, de savoir- des caractéristiques du Milan est le siège d’une L’enjeu pour le styliste est faire ; et il ne s’agit pas de made in Italy et l’un de ses mixité culturelle qui pro- d’introduire et de valori- faire de la mode un art ap- points de force. Et les dis- duit les stylistes-chefs d’en- ser le temps libre dans sa pliqué, mais d’élargir le tricts sont les éléments qui treprise, une authentique relation avec une nouvelle concept permettent nouveauté qui se résume vision du temps de tra- (Versace et Calabrese, œuvre d’une filière textile dans le made in Italy. vail. Georgio Armani est 1991). verticale, c’est-à-dire le Le styliste chef d’entreprise même d’art La filière et les distretti la mise en contrôle du processus à soie a disparu en Italie toir de vente, tombe la Les stylistes italiens pro- complet qui mène au pro- (la soie est importée de barrière qui sépare le posent un concept de luxe duit – de la conception à Chine). client du vendeur. Le accessible à tous, non qu’il la distribution sur tout le Mais la formule des dis- client peut toucher les vê- soit bon marché, au con- territoire. tricts est mise en difficulté tements exposés sur les traire, mais parce que la Ce processus est l’aboutis- par l’actuel contexte in- rayons. mode devient un besoin sement d’une longue his- dustriel. On passe de l’idée Citons aussi le Gruppo culturel. toire. Trois phases se dis- de pôle géographique, à Finanziario Tessile (GFT) Il tinguent : celle de méta-pôle, se rap- fondé en 1930 à Turin. abîme entre les rituels de • une phase industrielle portant non plus à des li- Avec lui s’inaugure la haute-couture et le (de la révolution indus- mites géographiques mais production du prêt-à-por- prêt-à-porter trielle anglaise jusqu’à la à une fidélité dans la let- ter signée des stylistes. d’une part, et la révolution fin du XIXe siècle) dans tre et l’esprit à la spéciali- Max Mara est exemplaire du nouveau prêt-à-porter laquelle se dessinent déjà sation initiale des pôles. pour l’attention au pro- italien. les districts. • une phase sistemico- manageriale (qui commence au début du XXe la existe pourtant de un luxe duit ; il engage des stylis- Celui-ci incarne le mé- Les boutiques de mode tes célèbres. Fendi, dès les lange de la tendance anti- Un modèle parfait : Benetton années 70, transforme le mode des jeunes et d’une secteur de la maroquine- élégance qui se passe du siècle) dans laquelle s’af- rie, élitiste et conserva- couturier et des rites bour- taylorisme- Le groupe, fondé en 1965, teur, en un produit de geois. fordisme de la production. apporte deux innovations mode et à la mode (sœurs La classe moyenne a be- • enfin une phase de flexi- fondamentales dans l’his- Fendi et Karl Lagerfeld). soin d’autre chose que des bilité dans laquelle se dé- toire de la mode textile ita- Prada transforme l’entre- temples inaccessibles de la veloppent les entreprises- lienne. L’une concerne la prise familiale tradition- mode. Le made in Italy réseaux, basées sur les productivité, l’autre la nelle marché traduit le passage d’une nouvelles technologies de distribution. d’avant-garde stylistique. société structurée en clas- Mais ce sont aussi des en- ses, mais étendue en une seignes isolées qui pro- unique classe moyenne de meuvent une culture de la grande amplitude tou- ancien du système de Le tinto in capo eu égard mode en Italie (Fiorucci à jours porteuse des codes mode italien ; ils sont liés au tinto in filo tradition- Milan). esthétiques bourgeois, à à l’histoire et à la géogra- nel révolutionne le mar- phie italiennes et forts ché traditionnel du tex- d’une tile. Il s’agit de fabriquer firme le l’information. Les districts de producti- La productivité vité sont l’élément le plus tradition textile en un une société segmentée se- Le consommateur lon les styles de vie. Milan, ville de la mode pré-industrielle. les tissus et de les teindre La création d’un type de On ensuite, ce qui permet de consommateur est plus si- autres, Trevise ( pour la diversifier gnificative laine), les Marches, la Tos- peut citer, entre l’offre et que 1951 : défilé historique à d’orienter les choix en celle des objets. Sans l’en- Florence où est consacrée cane et Brenta (pour le fonction de la réception gouement l’autonomie d’un style cuir et les chaussures), auprès du public. pour la mode dans les an- Montebelluna (pour les chaussures de ski). De l’industrie de la soie de Côme, tradition essentiellement lombarde et piémontaise, proviennent les meilleurs tissus de soie, aujourd’hui encore, même si la culture des vers encore des Italiens italien face à Paris. nées 80, le made in Italy La distribution n’aurait pas la même 1972 : quelques créateurs forme. On exporte des pro- comme Albini et Ken Scott Dans ce domaine – la pre- duits, mais avec eux une décident mière boutique ouvre à manière de vivre, typi- Florence pour aller défiler Belluno en 1968-, l’inno- quement italienne, qui à Milan, capitale lom- vation est encore plus si- exerce une attraction con- barde et siège de nombreux gnificative. Avec l’aboli- sidérable au niveau inter- échangescommerciauxdanslesecteur tion du traditionnel comp- national. de la mode. d’abandonner Milanovendemoda, l’expo- Les défilés les plus impor- ville fréquentée, dynami- comme capitale du style. sition des tants ont lieu à Milan, les que, riche d’événements, « Milan peut être considé- agents et des représen- show-room, les agences de et une grande partie de la rée comme un distretto, tants commerciaux du presse et de publicité, ville est impliquée, même non industriel, mais d’acti- secteur de l’habilement, ainsi que les studios pho- indirectement, dans le vité immatérielle »(Bucci, est active dès 1969, avec tographiques s’y trou- spectacle de la mode mêlé 2002). l’objectif d’intensifier les vent. Les rues du centre au monde de la publicité, relations entre les nom- délimitent le quadrilatère de la télévision et de la po- A la fin des années 90, ce- breux acheteurs déjà pré- de la mode. Le boom de la litique. Mais ceci ne peut pendant, d’autres modèles sents dans la ville. mode à Milan, qui sur- expliquer entièrement le de production et culturels (rassegna) vient lors d’une période succès du made en Italy. modifient la physionomie La caractérisation de Mi- noire pour la ville, les An- Milan est le centre d’une de l’industrie de la mode, lan comme ville du prêt- nées de plomb (1969- industrie textile intégrée et le rôle de Milan comme à-porter international s’ef- 1981), parvient à opérer qui a promu, soutenu et ville de la mode. Florence fectue en un laps de temps le lien entre le souci de développé au niveau in- et Rome reviennent sur la très bref (entre 1970 et l’apparence et les valeurs ternational l’onde de créa- scène. 1978). Alors les produc- de contestation des années tivité qui a caractérisé la teurs de textile se fédèrent 70. mode italienne dès le dé- N’en reste pas moins le rôle but des années 70. historique de Milan dans en groupes et les nouveaux la création du prêt-à-por- stylistes affluent à Milan : Années 80 : une nouvelle Armani dans les années génération de stylistes ty- Mais Milan est aussi, et soixante, Gianni Versace piques de la production plus encore que de la en 1973, milanaise apparaît, Dolce mode, la ville du design, Cette traduction est publiée et Gigli, et il s’opère une fertilisa- avec l’aimable autorisation en 1975 Coveri, Ruggeri, Miuccia Prada, Roberto tion réciproque qui a ren- de l’auteur. Krizia. Cavalli. Milan est une forcé le rôle de la ville Gabbana, ter. Simona Segre Reinach est professeur à l’Université de tutte aziende della moda, cosi mi sono interessata Bologne. Elle enseigne également à l’Académie Domus et sempre di più a questo argomento. au MFI (Milan Fashion Institute). Elle est également membre du MIC (Moda Immagine Consumi), un centre d’études sur la mode à l’Université Statale de Milan. Come mai vede superficiale? la moda in modo non Son dernier livre, Un monde di mode. Il vestire Perché è parte della cultura umana. E’ un sistema simbolico come il linguaggio. E’ ciò che ci differenzia globalizzato, est publié par La Terza (2011). dagli animali, per esempio. Alcune domande a Simona Segre Reinach Alunni del liceo : Perché ha scelto di scrivere questo libro (La Moda) ? Dopo molti anni di insegnamento allo IULM non ero soddisfatta dei libri sulla moda a quel tempo. Infatti negli anni Novanta erano ancora pochi i libri in italiano che trattassero di moda. Allora ho pensato di scriverne uno che mi aiutasse nelle lezioni e potesse piacere agli studenti. La moda è sempre stata une passione? Ho cominciato a occuparmene quando lavoravo come consulente e ricercatrice di mercato. I miei clienti erano Per curiosità che studi ha fatto ? Con che idealismo è stata cresciuta? Io ho studiato antropologia culturale. Mi piace pensare che siamo tutti uguali ma tutti diversi. Studio queste differenze anche attraverso la moda. La sua curiosità per la moda l’ha da quando era una bambina o è più recente? Da bambina non mi interessava la moda. Neanche adesso per la verità sono molto interessata ai vestiti. Quello che mi piace della moda è che è un modo di espressione e di communicazione. Per questo non è superficiale ma fondamentale. Milan sacrée capitale de la mode C’est officiel ! Pour l’association américaine Global Language Monitor, qui surveille la presse mondiale, les sites et les blogs, Milan est bien devenue la capitale mondiale de la mode. La ville détrône New York , en tete depuis cinq ans. La domination italienne semble écrasante. Rome, qu’on dit souvent déchue, occupe en effet le quatrième rang, après Paris certes, mais avant Londres. L’avenir, c’est Barcelone ? Un peu d’histoire Ce qui manquait , c’était en fait la structure industrielle . Métropole financière de l’Italie depuis la fin du XIXe siècle, Milan supplantera ses rivales. Ce sera avec l’apparition de nouvelles marques, comme Moschino, ou le formidable développement d’ateliers familiaux (Trussardi, Gucci, Ferragamo..), dont la base ne se trouvait pas forcément en Lombardie. Leur essor sera mondial. Milan est arrivée tard sur la scène internationale: Fédérée en 1950 par Gian Battista Giorgini, la mode italienne se crée alors plutôt à Rome , Venise ou Florence. C’est cette dernière ville qui se voit d’ailleurs choisie pour abriter les premiers défilés (sfilata, en italien) collectifs, le 12 février 1951. Dans les années ’60, ces derniers se déplaceront au Palazzo Grassi de Venise. Raffinement à l’italienne La mode italienne part en 1951 sur les acquis de l’avant guerre et les promesses d’Hollywood .L’autarcie imposée pas Mussolini a habitué les riches clientes à s’habiller sur place. Les actrices venues des Etats-Unis découvrent le raffinement du «made in Italy ».Emergent des noms comme Emilio Schuberth, Balestra ou Gattoni. Les Sorelle Fontana (Giovanna, Micol et Zoe) font un tabac en habillant Ava Gardner ou Linda Christian. Autant dire que les acheteurs américains se précipitent. La haute couture italienne va cependant rater le virage du prêt à porter. La plupart des maisons romaines devront mettre la clef sous le paillasson après 1968. Presque seul survivant du désastre avec Roberto Capucci, le jeune Valentino saura se débrouiller. Il n’a pris sa retraite, on le sait, que l’année dernière. La chose a bien sur été favorisée par la réputation de chic de l’Italie. Les belles voitures (Ferrari, Lamborghini et Cie) , le design (Scarpa, Sottsass...), les bijoux (Bulgari) ou le cinéma (de Visconti à Fellini) n’ont pas été pour rien dans cet essor. Ils ont aidé à la multiplication des boutiques dans le monde, alors que la France s’endormait un peu. Une rue comme Bond Street, à Londres, est aujourd’hui largement occupée par des chaînes du type Prada, Armani ou Dolce&Gabbana. Texte rédigé fin 2010 LES GRANDS NOMS Moschino Moschino est une marque de vêtements et accessoires de luxe créée en 1983 par Franco Moschino En 1984, la seconde ligne femme présentée à Milan confirme le succès de la saison précédente. C’est le début de l’ascension de la marque. En 1985, la première collection homme, printemps-été 1986, est présentée au Regal Palace à Milan. L’année suivante, la première collection Jeans Moschino est lancé Gianni Versace HISTOIRE DE VERSACE Né le 2 Décembre 1946 à commence à travailler en Reggio Calabria, Gianni qualité de styliste indé- Versace découvre la cou- pendant, et son travail ture dans l’atelier de con- l’amène à Milan, qui à fection appartenant à sa cette période s’affirme en mère, où il fait son ap- tant que pôle internatio- prentissage. Ensuite, il nal du prêt à porter. En 1978, il décide de créer sa sentera une propre griffe, en présen- Haute Couture, tant sa première collection comme une féminine. Pour réaliser ce projet en son nom propre, tion de la ligne Versus : nama tout une collaboration qui don- City.Fort ligne nera corps à la collection d’environ 150 boutiques tailoring, V2, en collabo- printemps/été 2010. Une et presque 2000 corners ration avec Zegna et une vingtaine de boutiques dans des multimarques de Gianni Versace s’associe ligne de mobilier et déco- Versus sont attendues d’ici prestige, Versace a récem- avec son frère Santo - ration d’intérieurs. Cette à 2011. ment entrepris une série nommé Directeur Géné- même signe Autre projet en cours, et d’inaugurations en Asie ral - et sa soeur Donatella l’apogée de la griffe, qui pas des moindres, la réali- (Kuala - responsable des campa- fait défiler les top modèles sation de la « Vita Tower Kong, Macao, Taiwan...). gnes publicitaires. Le logo le plus en vogue, qui signe », en binôme avec la so- À Milan, un nouvel espace de la griffe, représentant des contrats avec des pho- ciété immobilière Attie : Home a été inauguré Via la tête de Méduse, renvoie tographes de renom, qui 52 étages de résidences Borgospesso, tant à la mythologie grec- entreprend une remar- luxueuses avec vue sur deuxième que qu’aux origines du quable expansion com- l’océan en 2010, au coeur est attendue. styliste, grandi dans les merciale, avec l’inaugu- de Balboa Avenue, à Pa- terres ayant fait partie de ration des boutiques de la Grande Grèce. À partir New York, Londres et Pa- de 1979, pour ses campa- ris. L’assassinat de Gianni gnes publicitaires, Gianni Versace, le 15 juillet 1997 Versace entreprend une à Miami Beach marque collaboration un coup d’arrêt dans l’his- avec Ri- collection décennie d’un réseau Lampur, et Hong une inauguration chard Avedon. toire de la griffe. C’est Le style de Versace se ca- Donatella Versace, qui ractérise pour le choix de avait déjà pris en charge tissus inédits, ainsi que la création des collections Dolce & Gabbana SrL est marque en 1985, D. Dolce par leur utilisation créa- Versus, qui assume la Di- une société de prêt-à-por- et S. Gabbana indiquaient tive: ses propositions con- rection Artistique de la ter de luxe basée à Le- que juguent cuir et soie, bro- Maison. gnano (Milan). Elle a été étaient « Armani pour la deries et imprimés, mé- En 2000, la Maison con- lancée en 1985 par deux discipline, Alaïa pour la taux et matériaux plasti- çoit, en collaboration avec créateurs, Domenico Dolce folie, Chanel pour son con- fiés. En 1982, la Maison si- le immobilier et Stefano Gabbana. La cept de couture et Jean- gne des pièces réalisées en Sunland Ltd, le premier marque se caractérise par Paul Gaultier pour la maille Hôtel Versace sur la Gol- l’existence de collections créativité ».Dolce renvoie aux anciennes te- den Coast australienne. importantes aussi bien Gabbana s’est aujourd’hui nues des chevaliers. Des Malgré ses efforts, Versace pour les femmes que pour hissé au niveau de ses mo- références historiques - en- subit les effets d’une con- les & dèles et est comparable à tre autres la Renaissance, joncture économique défa- Gabbana est très popu- des marques telles que le XIX siècle - reviennent vorable, 2004 laire dans le monde des Versace, Gucci, Prada ou constamment, tant dans Giancarlo Di Risio est stars du cinéma, de la Moschino. La vie privée la mode féminine que nommé musique ou du sport ; il de Stefano Gabbana et Do- masculine. Au cours de la délégué, afin d’entrepren- habille autres menico Dolce est devenue décennie ’90, le styliste dre une restructuration Jennifer Lopez, Madonna, publique en 2004, quand s’inspire de l’univers de interne de l’entreprise. Gisele Bündchen, Monica ils ont annoncé leur sépa- l’art, du constructivisme Une reprise dont témoi- Bellucci, Isabella Rossel- ration. La compagnie con- russe, des oeuvres d’Andy gne l’accord avec la société lini, Kylie Minogue ou serve toutefois son nom et Warhol , Roy Lichtenstein Facchini, concernant la l’équipe de football du Mi- les deux stylistes collabo- et Sonia Delaunay. Il pré- production et la distribu- lan AC. À la création de la rent toujours ensemble. métallique, qui groupe et en Administrateur Dolce & Gabbana hommes. entre Dolce leurs influences & Gros plan sur Le groupe Prada Texte réalisé grâce à la gracieuse collaboration du Groupe Prada Un peu d’histoire… L’ensemble de ces produits est commercialisé à travers deux ré- La marque Prada a été fondée en 1913 à Milan par Mario Prada, grand-père de Miuccia Prada, avec l’ouverture, Galerie Victor seaux de distribution : le réseau retail, représenté par des boutiques monomarques (y Emmanuel II , d’une boutique exclusivement destinée à procurer des objets et accessoires de luxe en cuir à l’aristocratie et à la grande compris les trois Epicentres), gérées directement par la société. le réseau indépendant des commerces multimarques, bourgeoisie européennes. department store et magasins franchisés. Cette structure de distribution permet au groupe d’être présent En 1919, Prada obtient le titre de fournisseur officiel de la Maison Royale et la marque obtient le droit d’inclure dans son propre logo dans les points de vente les plus stratégiques dans le monde entier. les insignes de la Maison de Savoie. Les matières premières De nos jours La plupart des matières premières sont produites en exclusivité par le groupe Prada et soumises à des contrôles de qualité et à des La collaboration de Miuccia Prada et Patrizio Bertelli commence à la fin des années soixante-dix, posant la base du développement inspections internes à l’entreprise, en conformité avec des critères rigoureux spécifiques . international du groupe. Patrizio Bertelli a été le premier à introduire dans l’industrie de Elles se divisent en deux catégories, les peaux et les tissus. luxe un nouveau modèle d’entreprise basé sur des critères de qualité stricts mis en œuvre tout au long du cycle de productivité. Les peaux Les peaux sont depuis toujours à la base du succès du Groupe et La créativité de Miuccia Prada, capable d’enrichir de manière origi- font partie intégrante d’une tradition quasi centenaire. Le savoir-faire développé par Mario Prada dans la sélection des nale son travail avec des idées tirées de la vie quotidienne et d’une observation intuitive de l’ambiance, ne contrevient jamais aux va- différentes qualités de peaux et dans l’élaboration de traitements adaptés à chacun fait partie du patrimoine de la Maison, que ses leurs traditionnelles de qualité et au savoir-faire artisanal historique de l’entreprise. successeurs ont su préserver. Une des caractéristiques du groupe est sa capacité à innover dans Les tissus Le Groupe utilise chaque année près de quatre millions de mètres tous les domaines. Le Groupe Prada a été le premier à proposer un concept de boutique révolutionnaire, les « épicentres Prada » des- de tissus de matières différentes : soie, laine, coton, lin, tissus synthétiques, qui varient selon la saison et la collection. sinés par des architectes de réputation internationale comme Koolhaas et Herzog et de Meuron. La fourniture des tissus est à 82% italienne, et les 18% restants partagés à égalité entre le Japon et l’Europe. Aujourd’hui Prada propose des produits pour les femmes et pour Les technologies les plus modernes servent à reproduire avec la meilleure qualité et la plus grande précision les procédés de bains les hommes dans les secteurs du vêtement, de la maroquinerie et des chaussures, qui sont modernes et sophistiqués, mais sans rien de couleur et d’impression utilisés traditionnellement dans le secteur du luxe. perdre de leur qualité artisanale. La production Les horizons de Prada dépassent les secteurs de la mode : l’art , l’architecture, le cinéma et la culture en font partie. En 1993 est née La production du groupe est concentrée en onze entreprises : dix la Fondation, pour proposer un défi intellectuel plus radical dans les domaines de l’art et de la culture. en Italie et une en Grande-Bretagne, auxquelles il faut ajouter cinq laboratoires de recherche et de développement. Les structures La distribution du groupe est présente dans 65 pays, et le circuit de distribution se compose de 325 boutiques gérées sur place, un Le Groupe Prada inclut les marques Prada, Miu-Miu, Church’s et point fondamental dans le processus de croissance internationale du marché. Car Shoe. Il propose également téléphones portables, lunettes, parfums. Lire à Milan Edition et librairie Trois grands noms milanais La Feltrinelli Senior Service, ou une marque de cigarettes devenue le titre d’un livre Le parcours du célèbre éditeur italien, milliardaire, communiste, puis gauchiste, découvert assassiné à Milan, en 1972, est raconté par son fils Carlo Feltrinelli, qui n’a que 10 ans à la mort de son père, dans un livre publié par Christian Bourgois dans la traduction de Guillaume Chpaltine, Senior Service. Dans cette biographie très réussie, le fils parvient à transformer son père en personnage de fiction et, en restituant méticuleusement le climat historique et politique très tendu de l’époque, à provoquer chez le lecteur un sentiment d’étouffement et de saturation qui contribue à la fascination exercée par son récit. Twist est un chien qu’un homme promène dans la banlieue de Milan un jour de mars 1972. Twist s’arrête sous un pylône de ligne à haute tension et remue la queue. Son maître s’approche et découvre un cadavre couché à terre, sur le dos, les bras ouverts en croix, non loin d’une camionnette Volkswagen. Dans la poche du mort, il y a la photo d’un enfant. Et sur le tableau de bord de la camionnette, un paquet de cigarettes de la marque Senior service. Le surlendemain, la presse du monde entier divulgue l’ identité de ce cadavre: Giangiacomo Feltrinelli, personnage mythique du monde politico-littéraire de l’après-guerre, mort à quarante-six ans. Les Feltrinelli sont des marchands de bois qui diversifient leurs activités à partir du milieu du XIXe et participent au carré d’as qui fondent le nouveau capitalisme Les Feltrinelli Feltrinelli est un nom dont les Italiens n’ont pas fait toujours « un usage très raisonnable ». Il fut un temps où chacun l’évoquait à sa façon, souvent avec des éclats de voix. Un nom qui pouvait signifier argent, crédit illimité, édition, réussite, mais aussi révolution, terrorisme, pureté ou folie pure. Il y en avait enfin pour qui Feltrinelli c’était un peu tout cela à la fois, l’incarnation d’un mélange de genres qui n’ont pas forcément grand- chose à voir entre eux. italien. A la Libération, le futur éditeur (seul héritier mâle) fête ses 20 ans et adhère au Parti communiste. Giangiacomo trouve dans cette famille idéologique l’affection qui a manqué à son «enfance aride». Le «milliardaire rouge» conduit sa Buick couleur papier kraft pour aller coller des affiches. Le Parti met ce camarade en or sous la protection d’un garde du corps et Giangiacomo Feltrinelli espère que le communisme lui permettra de faire de grandes choses. En attendant, la politique lui ouvre quelques nouveaux marchés, audelà du Rideau de fer. Le voici qui crée, au début de l’année 1954, sa maison nir sa femme, Inge, «un mélange d’Audrey Hepburn et d’édition, puis son propre réseau de diffuseurs et de li- de Leslie Caron», écrit Carlo, et il a raison. La publica- braires. «Un engagement de longue haleine», déclare- tion du Guépard, de Lampedusa, refusé par Mondadori t-il au Publisher Weekly (journal américain). La vie lui (succès irrésistible) le propulse dans les années 60. sourit. Ses auteurs, ses amis, et ses ennemis aussi, l’ont «Cuba, Cuba, Cuba.» Les pays du tiers-monde luttent surnommé «le Jaguar». Il n’a pas 30 ans, porte lunet- pour leur indépendance et Feltrinelli est l’ami des com- tes et moustaches et devient le soleil d’une galaxie anti- battants algériens, kurdes ou ghanéens. Porté par sa conformiste. Les événements de Hongrie l’éloignent du «passion aventureuse», il devient l’un des interlocu- PCI. Il accueille les livres des premiers dissidents, noue teurs de Fidel Castro (dont il espère un livre, qui ne des contacts avec les représentants de ce qu’on appelle vient pas), l’ami de Che Guevara et de Yasser Arafat, alors la «Troisième Voie». Il quitte le PCI sans faire de pendant qu’à Milan il publie les auteurs du Groupe 63 bruit, en 1958, se déclarant simplement «déçu», mais («Une sorte d’avant-garde, soeur aînée de Tel Quel», sa gloire culmine. avait dit Umberto Eco) et la revue Tricontinentale. Mais, après 68, le délire théorique, les tensions imposées par Feltrinelli vient de réussir l’un des plus gros «coups» de l’extrême droite italienne et l’agitation gauchiste sur le l’histoire éditoriale moderne en publiant la traduction thème de la lutte armée et de la nouvelle résistance du Docteur Jivago de Pasternak (1957). Beaucoup de accélèrent la métamorphose du grand éditeur. Prison- mystères avaient entouré cette publication. Carlo (fils nier de nouvelles obsessions, il s’écarte de tous ceux qui de Giangiacomo Feltrinelli) se souvient d’Inge Feltrinelli l’avaient accompagné jusqu’alors, entre dans la clan- (sa mère) parlant dans les années 80 d’un coffre où se destinité, achète des armes, des appartements pour des trouvaient tous les documents relatifs à l’affaire. La clé planques, vit dans la solitude. était perdue. Carlo a fait venir un serrurier qui a ouvert le coffre. La révélation de ses secrets les entraîne dans La mort l’attend au pied d’un pylône. Erreur de mani- un roman à la John Le Carré, avec des messagers qui se pulation? Assassinat? A-t-il été lâché par ses amis, reconnaissent parce qu’ils sont porteurs chacun d’un comme le Che? La seule chose dont on soit sûr, c’est que demi-billet de banque et de messages de Pasternak sur les cigarettes dans la Volkswagen étaient de la marque du papier à cigarettes. Les censeurs de Moscou perdent Senior Service et que la photo dans sa poche était celle la partie (mais obligeront Pasternak à refuser le Nobel) de son fils Carlo. Il faut dire enfin que certains ont pra- ; le livre est publié à Milan puis vendu à Gallimard, à tiqué la terre brûlée autour des éditions Feltrinelli. Inge Fischer. L’éditeur parle de «protestation explicite» et a traversé les flammes avec le sourire. Aujourd’hui, d’un moment «de lutte pour la tolérance» en impliquant c’est Carlo qui dirige la maison de son père. Tout va ironiquement le député Togliatti. Peu après, l’éditeur bien. allemand Ledig Rowohlt lui présente celle qui va deve- La Mondadori L’histoire de la célèbre maison d’édition italienne, la Mondadori , de sa fondation jusqu’à aujourdhui Le fondateur, Arnoldo Mondadori 1920-1930 : C’est la décennie de la montée en puissance de Mondadori en tant qu’éditeur de livres et de Dans le domaine de l’édition, Arnoldo Mondadori se dis- magazines, avec le lancement de nouvelles collections : tingue par son dynamisme et son objectif parfaitement Le Grazie, Romanzi d’Oggi, Le Scie et La biblioteca clair : se développer à la vitesse de développement du Romantica et avec la création des premiers magazines marché et l’anticiper. Son point fort n’est pas de débau- du groupe : Novella, La Donna, Romanzo Film, Il Milione cher des auteurs en provenance d’autres maisons d’édi- et Il Secolo illustrato... tions, mais de créer un réseau d’agents de distribution, et, précurseur en matière de marketing direct, de met- 1929 : Création de la collection Gialli Mondadori, pre- tre en place un système de vente directe de ses ouvra- mière collection de roman de détectives. ges auprès du public. Très rapidement, on compte plus de 50 000 clients réguliers qui s’arrachent ouvrages à 1932 Arnoldo Mondadori obtient de Walt Disney le droit grand tirage autant que collections prestigieuses. de publier des histoires de Mickey Mouse, d’abord des traductions puis des histoires produites spécialement 1907 : Arnoldo Mondadori, lance à l’âge de 18 ans son en Italie dans un magazine appelé Topolino, du nom de premier journal : Luce! la souris. 1911 : Arnoldo Mondadori publie son premier livre, Aia 1933 : Lancement de la collection Medusa, oeuvres de Madama par Tomaso Monicelli, et lance sa prestigieux auteurs italiens et étrangers, malgré les in- première collection de livres pour enfants. terdits et les restrictions imposées par le régimes fasciste. 1912 : A Ostiglia, petit village de Lombardie, Arnoldo Mondadori fonde «La Sociale», sa première imprime- 1937 : Lancement de la collection de fiction Omnibus, rie. Durant ses premières années, la société s’est spécia- inaugurée par la traduction d’Autant en emporte le vent, lisée dans la production de manuels scolaires, et conti- le chef d’oeuvre de Margaret Mitchell. nuera son développement dans ce domaine jusqu’à l’arrivée de Mussolini au pouvoir. 1938 : Lancement de Grazia, le premier féminin moderne. 1915-1918 : Durant la Première Guerre Mondiale, la maison d’édition n’interrompt pas ses activités mais 1939 : Lancement du magazine d’information Tempo, travaille d’arrache-pied à publier un certain nombre édit par Alberto de magazines destinés au troupes sur le front. Les titres Mondadori, les plus célèbres sont La Ghirba et La Tradotta, auxquels plus jeune fils contribuent de nombreux auteurs et peintes célèbres, d’Arnoldo. le tels que Soffici, De Chirico et Carrà. 1942 : Pour évi1919 : C’est la période cruciale de consolidation de la ter les bombar- jeune maison d’édition. Arnoldo Mondadori transfère dements, le siège les équipes éditoriales à Milan (ou siègent les autres prin- social et les équi- cipales pes sont transfé- maisons d’éditions italiennes) et ouvre une nouvelle im- rées à Arona. Le primerie à San Nazaro (Verona) 8 Septembre 1943, la société est réqui- zine d information moderne, mensuel qui très rapide- sitionnée par le régime ment devient hebdomadaire. fasciste de la «Repubblica Sociale Italiana». La fa- 1965 : Mondadori bouleverse le marché italien de l’édi- mille Mondadori s’y re- tion en lançant la collection Les Oscars, livres de poche fuse et s’exile en Suisse. diffusés chez les marchands de journaux, dont les ventes atteignent très vite des records. 1945-1950 : Arnoldo Mondadori reprend pos- 1970-1990 : Mondadori continue de se diversifier et de session de sa société et se développer dans le secteur de la presse avec les lance- commence sa reconstruction. Grâce au Plan Marshall, ments de nouveaux titres encore en kiosque à ce jour : il fait l’acquisition de nouvelles rotatives modernes, ce Casaviva, Starbene, Cento Cose, Auto Oggi, Marie Claire, qui stimule l’activité et relance le développement. De Sale & Pepe et Donna Moderna. nouveaux magazines sont lancés : Confidenze, Bolero Film... ainsi que de nouvelles collections de haute qua- 1971 : Décès d’Arnoldo Mondadori. Son fils, Giorgio (déjà lité littéraire. président-directeur général depuis 1968), lui suc- 1948 Lancement de la collection Biblioteca Moderna cède jusqu’en 1976. C’est Mondadori, un équivalent de nos actuelles collections Mario de poche. Succès immédiat auprès des jeunes lecteurs. prendra la tête de la so- Formenton qui ciété jusqu’à sa mort pré1950-1960 Mondadori lance de nouvelles collections maturée en 1987. prestigieuses auxquelles sont associés de grands noms tels qu’Hemingway, Simenon, Sartre, Dos Passos, Un- 1975 : Mondadori s’ins- garetti, Piovene, Pratolini, Remarque, Montale et Buz- talle dans ses nouveaux zati. locaux de Segrate, construit par le célèbre archi- 1950 Avec le lancement d’Epoca, Mondadori introduit tecte contemporain Oscar en Italie le concept américain de photojournalisme. Niemeyer. 1950-1960 Mondadori continue de se développer sur le 1975-1991 : Le groupe, constitué d’une maison mère et plan international, non seulement à cause de la taille de nombreuses et multiples filiales couvre tous les sec- du groupe mais aussi à cause de ses liens et relations teurs de l’édition : impression, livres, magazines, points avec des personnalités culturelles fortes et des éditeurs de ventes, librairies, et marketing direct. Une co-édi- étrangers. C’est le premier éditeur italien à ouvrir des tion est créée entre Mondadori et les Editions L’Espresso bureaux à l’étranger, comme à New York où Arnoldo pour la publication de la Repubblica, le premier quoti- Mondadori inaugure la nouvelle filiale à l’occasion de dien de qualité italien. son premier voyage aux USA en 1949. 1981 : Mondadori signe un accord avec le groupe cana1952 : Lancement d’Urania, première collection dien Harlequin pour le lancement d’Harmony, la plus d’ouvrages de science-fiction en Italie. populaire des collections internationales de fiction romancée. La maison d’édition entre également dans le 1954 : La chaîne de librairies «Mondadori per Voi» voit secteur de la télévision avec le lancement de la chaîne le jour. Retequattro Television, qui sera ensuite vendue à Fininvest Group. 1960 : Mondadori lance le premier club de lecteurs italiens, le «Club degli Editori». 1988 : Mondadori entre dans le secteur de la presse in- 1962 : Mondadori lance Panorama, le premier maga- formatique avec le lancement de sa branche Mondadori Informatica. 1989 - 1991 : C’est la période de transition qui verra la 2001 : Création du Gruppo editoriale Random House majorité des actifs du groupe Mondadori passer sous l’ac- Mondadori, une fusion à 50% entre le groupe Mondadori tionnariat majoritaire de Fininvest, le groupe de et le groupe Bertelsmann : son objectif de réunir leurs Berlusconi. forces sur le marché espagnol et d’Amérique latine. A terme, avec un revenu de plus de $100 million, ce 1990 : Le groupe Mondadori signe un accord avec groupe devient le second éditeur de langue espagnole. Gruner & Jahr pour la publication de nouveaux maga- Lancement de Cambio, premier fruit de la fusion ACI zines en Italie. Mondadori, qui ouvrira la voie à l’arrivée des titres Cambio, Auto oggi, Automobile Club, HP Trasporti, 1991 : Mondadori intègre définitivement le groupe Club et du portail web inauto.com. Mondadori et Fininvest. Leonardo Mondadori devient président di- Microsoft s’accordent sur la création en Italie du pre- recteur général. mier e.Book store et du site ebook.mondadori.com, qui permet aux lecteurs de sélectionner leurs ouvrages à 1995 : Le groupe entre dans l’ère du multimédia avec télécharger et de les lire avec un lecteur électronique la création de sa branche Mondadori New Media. exploitant la technologie Microsoft Reader. 1998 : Lancement des magazines Panorama Travel et 2002 : Le 13 décembre 2002, décès du président-direc- Top Girl. Ouverture du premier mégastore de médias teur général Leonardo Mondadori. Marina Berlusconi italien, le Mondadori Informatica Multicenter de Mi- lui succède le 5 février 2003. lan, puis des librairies Mondolibri. 2003 - 2004 : Acquisition de 70 % du groupe Piemme 1999 : Le groupe renforce ses positions à grands coups (édition pour enfants), accords avec Attica Publications de fusions et d’acquisitions. En particulier dans le sec- pour l’acquisition de 40% de la société grecque basée à teur de l’édition scolaire avec le rachat de Mursia Scuola, Athènes et leader dans le marché de la presse de grande Le Monnier et Poseidonia ; côté magazines, fusions avec consommation grecque. Lancement de nouveaux titres Hearst Corp et Il Sole 24 Ore ; en marketing direct avec : Flair, Economy, Evo, Per Me, Easy Shop. la création de Mondolibri, une fusion entre Club degli En 2004, Mondadori a réalisé un chiffres d’affaires de Editori et Eurolibri (Bertelsmann Group); en publicité, 1,65 milliard d’euros, dont 862,6 millions pour la presse accord avec le groupe Disney ; dans le secteur online, magazine (source éditeur). acquisition de Volftp. Lancement des magazines Tu et La maison mère, Fininvest, détient également 38% du Y&S, création des sociétés Mondadori Printing et groupe audiovisuel Mediaset qui possède les chaînes de Mondadori.com télévision Canale 5, Rete 4, Italia 1. Celui-ci a réalisé 3,44 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2004. 2000 : Le développement s’accentue avec de nouvelles collaborations : Mondadori Rodale, BoL Italia, ACI 2005 : Mondadori entre dans le secteur de la radio avec Mondadori, Mondadori Informatica e. Bismedia. Lan- Monradio et l’acquisition de Radio 101 One-O-One. cement des magazines Cosmopolitan, Men’s Health, Go!, Jack et ouverture des librairies Mondadori Bookstores à 2006 : Mondadori fait l’acquisition du groupe Emap Florence et Padua et d’un gigantesque magasin France et devient le 3eme éditeur de presse magazine Multicenter à Milan (le plus grand d’Italie). français. Sources: http://www.guim.fr/blog/2006/09/qui_estu_mondad.html http://www.lexpress.fr/culture/livre/senior-service_797511.html 2011 Une dynastie d’éditeurs-libraires : la famille Hoepli La librairie, une des plus grandes d’Eu- ces et aux techniques, dans un pays en rope, occupe six étages au coeur de Mi- pleine révolution industrielle où des ma- lan, entre la Scala et le Dôme. 2500 nuels simples, à prix modeste, pouvaient clients s’y rendent chaque jour, sans procurer les formations et informations compter les 75 000 visiteurs et clients nécessaires à la mise en place de nou- en ligne. veaux métiers. La maison d’édition publie cent vingt nouveautés par an (300 titres avec les Aujourd’hui réimpressions) ; elle a célébré en décembre ses 140 ans avec une édition spéciale du catalogue général, qui constitue non En ce qui concerne la littérature roma- seulement un répertoire très riche nesque, seuls les classiques sont retenus, d’auteurs et de titres, mais aussi un chapitre important de l’histoire de la culture italienne. les titres contemporains nécessitant une autre stratégie commerciale. La stratégie éditoriale demeure tournée vers la science, la technologie, la formation, ce qui signifie de nos jours Les débuts des livres d’informatique, de marketing, de management. Le fondateur, Ulrico, né en 1847 dans un village suisse, Hoepli demeure un éditeur spécialisé, qui se tient aux est fils de paysans mais il aime les livres. A 15 ans il livres de fond, à rotation lente mais sûre. quitte le village pour devenir commis dans une librai- Un exemple en est le Manuel de l’ingénieur, qui a vu sa rie à Zurich. Après un apprentissage de quelques an- 84e édition en 2010. nées dans différents pays, et en dernier lieu au Caire, il Chaque fois mis à jour, le titre se compose maintenant achète par correspondance une librairie dont il a appris de quatre volumes signés par 200 collaborateurs. la mise en vente par une revue, et il débarque le 7 dé- Les dictionnaires sont une autre valeur sure de la mai- cembre 1870 pour en prendre possession. Il devient édi- son. teur peu de temps après. Et la concurrence ? Les premiers titres Hoepli est entouré de librairies géantes (Feltrinelli, Il y eut une Grammaire française en 1871, puis le Ma- Mondadori, Fnac), mais il résiste, notamment grâce à nuel du Teinturier du chimiste suisse Robert Lepetit, li- Internet, la Hoepli on line réalisant 50 % du chiffre d’af- vre qui inaugura la plus importante et la mieux ven- faires de la librairie entière, avec 350 000 abonnés à la due des collections Hoepli. Les premières publications Newsletter et 400 000 paquets expédiés chaque année furent essentiellement humanistes, vouées aux scien- dans toute l’Italie. Interview récrite à partir de l’article et de l’interview réalisés par la Repubblica (mercredi 22 décembre 2010) Visite de l’imprimerie du Sole 24 ore Le vendredi 27 janvier 2012 à minuit Vendredi 27 janvier nous avons visité l’imprimerie du la passe) jusqu’à ce que la qualité de l’encrage soit jugée Sole 24 ore. satisfaisante par le contremaître. Le gérant du Sole nous a accompagnés tout au long de Ensuite les journaux sont transportés par de longs câ- cette visite. bles attachés au plafond, qui ressemblent à une monta- Nous avons d’abord vu les immenses rouleaux de pa- gne russe. Les journaux sont séparés, selon qu’ils sont pier rose servant de support au journal. Notre guide destinés aux abonnés, alors un système informatique nous a expliqué que les rouleaux étaient trop lourds imprime l’adresse de l’abonné en tout petit sur la page pour être manipulés par les hommes, des machines auto- du journal, ou qu’ils seront acheminés vers des dépôts matiques étaient chargées de les déplacer d’un endroit d’où ils rejoindront les kiosques. Les livreurs les atten- à l’autre. dent avec impatience dans leurs camionnettes, dont les Nous avons ensuite vu les machines sur lesquelles s’im- portes arrière sont ouvertes face à la « montagne russe » prime le journal, chaque machine constituant une co- qui les propulse directement à l’intérieur des véhicu- lonne où se superposent les quatre couleurs, les trois les. couleurs primaires jaune, magenta (rouge), cyan (bleu) et enfin le noir. Ce cycle sera très long et prendra toute la nuit, de sorte Puis nous nous sommes rendus dans une sorte de salle que les derniers journaux comporteront des nouvelles de contrôle aux baies vitrées qui domine la salle des encore plus fraîches que ceux qui auront été imprimés machines, et où sont imprimées, depuis des ordina- au début. Les premières voitures chargées se dirigent teurs alignés sur une table, les plaques métalliques qui vers les régions du Nord les plus éloignées, puis en der- servent à l’impression du journal, couleur par couleur, nier ce sera Milan, afin que tous les kiosques de l’Italie et qui sont minutieusement contrôlées avant d’être ac- du Nord recoivent les crochées sur les rouleaux des rotatives que l’on voit en journaux surplomb. temps. Au signal du chef d’atelier, l’impression commence, Le Sole possède égale- chaque colonne de rotatives correspondant à un cahier ment des imprimeries du journal. L’impression commence très lentement puis dans les zones de Gênes, de plus en plus vite. Les bandes de papier imprimé sor- de Rome et dans des îles, tent des colonnes que constituent les machines quatre mais celle de Milan est la couleurs, à différentes hauteurs selon l’ordre des cahiers, plus grande. puis elles passent par un cône qui les incurve, avant Enfin, avant de repartir, d’être pliées et assemblées et d’apparaître sur une che- notre guide a offert à cha- nille qui les achemine par le moyen de pinces à l’en- cun le journal du samedi droit où les journaux seront expédiés. en avant-première et la plaque métallique correspon- Nous avons ainsi vu défiler devant nous les journaux dant à la Une du même jour, celle qui a été imprimée tout imprimés et pliés, et une partie a été gâchée (c’est sous nous yeux, et nous ne pouvions demander mieux ! en même Rencontre avec le Président du Conseil Communal Le 8 mai, un groupe de cinq élèves a participé à une rencontre animée par le Président du Conseil Communal de Milan, monsieur Basilio Rizzo. L’Exposition universelle de 2015 Tout d’abord, le Président du Conseil Communal a répondu à nos questions au sujet de l’Expo 2015, et a éclairci nos doutes par rapport au symbole de l’Expo, son organisation, l’avancement des travaux et les effets que cette manifestation aura sur la ville. Monsieur Basilio Rizzo nous a dit que le nouveau logo a été choisi après un concours entre jeunes, pour inviter la jeunesse à prendre part activement à cet évènement de portée mondiale. Les travaux ne sont pas encore terminés mais il est prévu que la plupart soient terminés propose l’organisation d’activités culturelles et politiques pour 2015, en particulier la nouvelle ligne de métro. gérées collectivement, en exprimant une opposition au li- Chaque pays aura un espace réservé et les pays plus béralisme marchand. riches pourront l’aménager eux-mêmes, tandis que les Les centres sociaux permettent aux jeunes de se réunir et espaces des pays qui ne peuvent ou ne veulent pas les de militer, mais ils sont ouverts à tous. préparer indépendamment seront pris en charge par la Commune de Milan. Monsieur Mazzali nous a dit que seul le centre social Les drapeaux des pays qui se sont déjà inscrits ( plus Leoncavallo (qui existe depuis 1975 et se trouve via dequatre-vingt), sont exposés rue Dante. 80% des bâti- Antoine Watteau à Milan) possède un statut car il s’agit ments seront précaires et les autres d’ une association à but social et culturel. En outre, seront réutilisés pour la ville, à des fins non commerciales. c’est le centre social le plus vieux d’Europe et il fait dé- On espère que les difficultés que rencontre encore l’or- sormais partie, comme tous les centres sociaux, de la ganisation de cette manifestation, primordiale pour la réalité milanaise. ville et pour l’Italie, seront rapidement surmontées. Les autres centres sociaux, eux, n’ont pas de statut. Tous organisent, comme le Leoncavallo d’ailleurs, des Les Centres sociaux débats, des conférences, des expositions et des concerts. A l’intérieur de ces lieux de rencontre sociale est prévu Le président du conseil communal, l’avocat pénaliste aussi un service de restauration. Mazzali, qui a eu beaucoup de contacts avec les centres Les centres sociaux occupent des espaces pour lesquels sociaux au cours de sa carrière ont répondu à nos ques- ils n’ont pas de contrats de location, mais la municipa- tions sur les centres sociaux. lité n’y est pas opposée car ce sont des espaces faits pour Rappelons de quoi il s’agit. améliorer la vie sociale. La pratique des centres sociaux se développe en Italie de- En ce moment le centre social le plus à la mode est le puis des décennies : Ces centres alternatifs existent prati- Cantiere, via Monte Rosa, tout près du lycée Stendhal. quement dans toutes les villes, grandes, moyennes et On ne sait pas encore quelle place prendront les centres meme petites. sociaux pendant l’Expo de 2015 : la manière dont ils Née dans la mouvance contestataire des années soixante- pourraient y représenter leurs valeurs sera sans doute dix en Italie, cette pratique, issue de la culture autonome, un élément déterminant. Un autre regard sur Milan Directeur de publication : Madame Helena Costa-Garon. proviseure Professeurs : Claude Figuier et Patrizia Fiorino Montage : Marie-Odile Morandi Imprimerie spéciale