INTRODUCTION

Transcription

INTRODUCTION
INTRODUCTION
L’histoire de l’Ordre Teutonique en Sicile offre la possibilité d’étudier à la fois l’histoire d’un établissement religieux sicilien, d’une
province de l’Ordre Teutonique et d’un établissement qui était l’intermédiaire entre deux régions géographiques et culturelles différentes. Mon point de départ est avant tout la position intermédiaire
des Teutoniques de Sicile.
La problématique de ma recherche se divise en quatre parties.
1. D’abord, elle cherchera à caractériser la base de l’existence de
la Magione médiévale. Il faut mettre en lumière les valeurs idéologiques qui garantissaient la présence des Teutoniques en Sicile et
leurs rapports avec le pouvoir et la société. En particulier, c’est la
position de base arrière de la croisade du bailliage sicilien qui m’intéresse. Il est question aussi d’une nouvelle approche à la période
frédéricienne et au rôle de Frédéric II dans l’installation des Teutoniques en Sicile.
2. Ensuite, il faut trouver les raisons de la continuité des possessions des Teutoniques en Sicile, notamment après le départ des
grands maîtres de l’Ordre de la Méditerranée (1309), et les raisons de
la perte du bailliage en 1492. Il convient d’analyser la gestion de la
Magione pour percevoir des signes de son adaptation à la société et
de son éventuel éloignement des centres de l’Ordre Teutonique.
3. Les origines étrangères de la Magione inspirent une étude de
la circulation des hommes et des rapports socioculturels, à la lumière de ce que disent les sources sur les origines et la vie des Teutoniques et de leurs dépendants. Une question importante est celle de
la position de minorité des Teutoniques dans la société sicilienne.
De même, tous les signes d’une coopération entre la Magione et les
groupes minoritaires de la société seront pris en compte.
4. Il est nécessaire de combler la lacune des connaissances sur le
patrimoine de la Magione des Teutoniques par le biais d’un répertoire topographique et d’expliquer les méthodes de rentabilisation
de ce patrimoine.
Au fond, la recherche doit donner réponse à trois grandes questions : quelles furent les raisons de la création, de la continuité et de
la fin des possessions de l’ordre militaire des Teutoniques en Sicile;
.
2
LES TEUTONIQUES EN SICILE
quelle fut la position des Teutoniques dans la société sicilienne médiévale et qui furent les Siciliens liés à l’Ordre; comment se présenta
et comment fonctionna le patrimoine et l’économie de la Magione
des Teutoniques?
A – SOURCES
L’histoire des archives de l’Ordre Teutonique au Bas Moyen Âge
comporte une césure : tout change avec le déplacement des grands
maîtres (Hochmeister) de l’Ordre de la Méditerranée vers la Prusse
en 1309.
Pendant la première période, l’Ordre ne possedait pas d’archives
centrales. L’analyse des bulles pontificales des Teutoniques de Palerme1 montre en effet que les privilèges n’étaient pas tous matériellement apportés dans les Maisons-mères en Terre Sainte. Les archives de l’arrière-pays, de Palerme et de Barletta, jouaient épisodiquement le rôle de lieux de conservation. Après 1291 et la chute de
Saint-Jean-d’Acre (qui achevait la présence des Teutoniques en
Terre Sainte), mais peut-être aussi auparavant, la base des privilèges
de l’Ordre se déplaça à Venise, résidence des grands maîtres jusqu’en 1309. La Pouille acquérant une importance particulière dans
les structures de l’Ordre Teutonique au début du XIVe siècle, les archives de Barletta (malheureusement disparues et peu connues) formèrent avec Venise les deux dépôts d’archives principaux des Teutoniques en Méditerranée 2.
Après 1309, une partie des parchemins de Venise fut transportée
en Prusse pour former la base des archives du grand maître de
l’Ordre Teutonique (Hochmeisterarchiv). La division de l’Ordre en
trois branches (la Prusse, la Livonie et le domaine du maître d’Allemagne [Deutschmeistertum]) s’accompagna de la création d’archives
centrales correspondantes. Les possessions méditerranéennes de
l’Ordre dépendaient (dès 1367 environ) des maîtres d’Allemagne,
mais aussi des grands maîtres et des procurateurs généraux de
l’Ordre Teutoniques auprès de la Cour pontificale 3.
Archives
1. Lorsque les Teutoniques perdirent leurs possessions en Sicile,
en 1492, ils ne furent pas en mesure d’emporter avec eux les archives
de leur bailliage. Cependant, le patrimoine de ce dernier resta inToomaspoeg 1999.
Op. cit.
3
Cf. Berichte; Beuttel 1999.
1
2
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INTRODUCTION
3
tègre, dans le cadre d’une commanderie royale espagnole (celle de la
Magione de Palerme), ce qui permit d’assurer la conservation de ses
archives médiévales.
Après l’unification de l’Italie, le fonds de la Magione fut versé à
l’Archivio di Stato de Palerme (ASP) 4, où il forme deux lots distincts : le Tabulario della Magione (ASP, TM) qui contient les parchemins, et la Commenda della Magione (ASP, CM) qui contient à la fois
les livres de copies et la comptabilité moderne. Par ailleurs, le fonds
des manuscrits, Miscellanea Archivistica, série II (ASP, Misc. Arch.
II) contient quatre livres de copies des privilèges de l’Ordre Teutonique, tandis que les Carte topografiche (ASP, Carte) gardent une série de cartes (modernes) des possessions de la Magione. L’Archivio
di Stato contient ainsi les documents produits par l’église de la Magione avant, pendant et après la présence des Teutoniques ainsi que
tous les actes adressés à l’église.
Puisque l’ASP comprend toutes les archives centrales pour l’histoire de la ville et de la province de Palerme 5, on y trouve aussi des
documents sur les Teutoniques dans de nombreux autres fonds. Le
plus important est la série de registres notariaux, Notai Defunti
(ASP, ND) présentant l’enregistrement de plusieurs actes (en premier lieu économiques) rédigés pour la Magione. Les Teutoniques
apparaissent aussi dans les fonds conservant la documentation
émise par les autorités publiques et par les établissements religieux.
Une même constatation peut être faite dans le cas de l’Archivio
Storico Comunale (ACP) et de la Biblioteca Comunale de Palerme
(BCP). A l’ACP, nous trouvons des informations sur les Teutoniques
parmi les Atti del Senato. Dans la BCP se trouvent quelques manuscrits avec des actes notariés intéressant notre sujet. Les activités des
Teutoniques dans leurs possessions locales en Sicile sont reflétées
par quelques documents de l’Archivio Capitolare d’Agrigente (Agrigente, AC) et de l’Archivio di Stato de Messine (ASM). Il s’agit cependant d’informations isolées 6.
2. Du fait de la subordination du bailliage sicilien de l’Ordre Teutonique aux maîtres d’Allemagne, les archives de ces officiers constituent un deuxième pilier documentaire. Après la Réforme, lorsque le
grand maître de l’Ordre devint le duc de Prusse, les maîtres d’Alle-
Cf. Archivi 1944; Archivi 1952.
A l’ASP ont été déposés (aprés la Seconde Guerre mondiale) des documents
médiévaux des archives d’importance locale (par exemple de Corleone).
6
Les destructions subies par les archives locales de l’Ordre en Sicile orientale (Messine) et la centralisation de la documentation en Sicile occidentale (les
documents de Polizzi, Castronovo, Corleone) expliquent la position dominante
des archives de Palerme.
4
5
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LES TEUTONIQUES EN SICILE
magne reprirent ses charges. Les archives des maîtres d’Allemagne
médiévaux sont ainsi conservées dans les archives des grands
maîtres modernes et contemporains : le Deutschordens Zentralarchiv à Vienne (DOZA). Ici, la partie principale de la documentation
consacrée aux bailliages méditerranéens se trouve dans le département Welschland (DOZA, WEL) tandis que plusieurs actes importants subsistent au département des manuscrits, Abteilung Handschriften (DOZA, HS). Les archives de Vienne contiennent toute la
documentation relative aux visites ordonnées par les maîtres d’Allemagne en Sicile, y compris les enregistrements des comptes annuels
du bailliage. Malheureusement, les sources qui intéressent la Sicile
ne débutent ici qu’en 1433 (les archives ont subi des dommages durant les Temps Modernes). Les privilèges de l’Ordre qui se trouvent
au DOZA, et dont certains ont de l’importance pour l’histoire de la
Magione, ont été répertoriés voire publiés 7.
La soumission aux maîtres d’Allemagne ne signifiait cependant
pas pour le bailliage sicilien de l’Ordre l’absence de liens avec les
grands maîtres. Les archives médiévales des grands maîtres, à l’origine conservées à Königsberg, se trouvent actuellement à Berlin,
dans le Geheimes Staatsarchiv Preußischer Kulturbesitz 8. Les archives de Berlin contiennent des procès-verbaux de visites des bailliages méditerranéens par les envoyés du grand maître et une importante correspondance. Les lettres qui font partie de l’Ordensbriefarchiv (GSPK, OBA) sont le fruit des échanges entre les maîtres
d’Allemagne, les grands maîtres et les procurateurs généraux des
Teutoniques à Rome. Plusieurs d’entre elles traitent des possessions
italiennes de l’Ordre (y compris la Sicile) au XVe siècle.
3. La base documentaire est ainsi repartie entre Palerme, Vienne
et Berlin. Le reste des sources est éparpillé entre de nombreux lieux
de conservation. L’Archivio di Stato de Naples (ASN) 9 présentait
avant sa destruction partielle en 1943 de nombreuses sources (publiées) sur le bailliage des Teutoniques en Pouille (dans le fonds des
Monasteri soppressi) ainsi que quelques documents de la chancellerie angevine, notamment sur les aspects du commerce et de la navigation des Teutoniques en Méditerranée. Dans l’Archivio Segreto
Vaticano (ASV)10 se trouvent (dans les Registri Vaticani) les copies de
quelques privilèges du bailliage sicilien non conservés sous forme
originale et des manuscrits sur les tentatives de récupération de l’é7
Jusqu’à la parution de nouveaux régestes dans Arnold 1999 (que M. Udo
Arnold m’a aimablement permis de consulter), on est encore obligé de se référer
à Pettenegg 1887, qui contient de nombreuses erreurs.
8
Cf. Forstreuter 1955.
9
Cf. Durrieu 1886.
10
Cf. Boyle 1972; Diener 1982.
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INTRODUCTION
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glise de la Magione par l’Ordre Cistercien (qui possédait l’église
avant l’arrivée des Teutoniques en 1197) aux XVI-XVIIe siècles. Ces
manuscrits contiennent aussi des copies des documents du XIIIe
siècle; précisions qu’un manuscrit analogue se trouve à la Bibliothèque Nationale autrichienne (Österreichische Nationalbibliothek :
Vienne, BN)11. Une série de documents éclairant la perte du bailliage
sicilien par les Teutoniques prend place dans l’Archivio de la Corona
de Aragòn12, à Barcelone.
Des sources isolées et indirectes se trouvent dans d’autres
centres d’archives : plusieurs archives locales allemandes nous informent par exemple sur la généalogie des Teutoniques de la Sicile.
J’ai aussi pris en compte les documents sur des ordres militaires
autres que l’Ordre Teutonique et sur divers établissements religieux
siciliens, qui pouvaient présenter un interêt.
Les documents
1. Les documents qui forment le matériau du présent travail13
peuvent être classés en fonction de leurs lieux de conservation14.
Tableau 1
Lieux de conservation des sources
Ms. 6368.
ACA, régistre 3611 (fo 5-97) : cf. De La Torre 1958.
13
Les régestes de 1103 documents sur les Teutoniques de Sicile, ainsi que
vingt actes retenus comme représentatifs de l’histoire du bailliage sicilien seront
publiés dans l’annexe du livre.
14
Sans prendre en compte les cartes et plans du XVIIIe siècle.
11
12
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6
LES TEUTONIQUES EN SICILE
Le tableau no 1 est purement indicatif : le fonds dominant, le Tabulario della Magione, est un chartrier et les unités archivistiques
sont des feuilles de parchemin de 20 à 30 lignes d’écriture, tandis
que les fonds de DOZA contiennent des documents couvrant quelquefois des dizaines de pages. De plus, l’importance du Tabulario diminue au début du XVe siècle, alors que la quantité de documents
consacrés aux Teutoniques augmente dans les autres fonds.
Les documents indiqués comme varia sont ceux qui proviennent
des fonds les plus éparpillés, ceux dont l’existence est connue grâce
aux publications et régestes ou qui ne sont que des sources comparatives et indirectes.
Tableau 2
Division chronologique des sources
Remarquons l’existence d’une importante lacune documentaire
entre 1350 et 1400 et la richesse des sources de 1250 à 1349.
Tableau 3
Provenance des actes de la Magione, 1135-1500
.
INTRODUCTION
7
La répartition des documents selon l’autorité dont ils émanent
et selon leur forme montre la prédominance des actes notariés;
viennent ensuite les diplômes royaux et impériaux et, ensuite, les
bulles et brefs pontificaux. Les sources comptables (inventaires,
comptes) et les récits de visites, les lettres privées et toute la documentation administrative de la Magione (les documents sur ses rapports avec l’Ordre Teutonique, les désignations des officiers) ainsi
que le matériel des cours de justice forment un troisième groupe important de sources.
2. Les archives de la Magione à Palerme et les autres fonds qui
concernent le bailliage des Teutoniques en Sicile contiennent un imposant corpus de bulles et brefs pontificaux; j’ai utilisé ici 47 bulles
et 10 brefs15. A la différence des brefs, peu de bulles concernent directement le bailliage sicilien mais toutes furent à la base de l’existence de la Magione médiévale.
3. Le corpus des privilèges de la Magione couvre toute l’époque
de la présence des Teutoniques en Sicile. Il est particulièrement
riche pour l’époque frédéricienne, notamment durant les années
1219-1221. La succession des privilèges, confirmations et mandements qui concernent les Teutoniques permet de faire une histoire
diplomatique de l’Ordre Teutonique en Sicile. La condition préliminaire pour effectuer ce travail est l’authentification et l’identification
des premiers privilèges de la Magione des Teutoniques.
4. Plus de 60% des sources sont des actes notariés palermitains
qui couvrent toute la période des Teutoniques en Sicile et sont surtout des contrats de location et de vente.
Mon objectif n’est pas une analyse diplomatique et paléographique des actes. Il est toutefois important de savoir quelles sont
les informations que la documentation notariée peut fournir16. La
majorité des actes concernent les biens immobiliers, dont ils indiquent en général aussi l’emplacement précis. Cela permet de répertorier le patrimoine des Teutoniques en Sicile à partir de leur
arrivée en 1197. Une autre partie des documents consiste en transcriptions et traductions des privilèges et d’autres sources publiques
qui complètent les connaissances sur l’histoire politique des Teutoniques.
15
Le Tabulario della Magione possède une collection de 10 bulles pontificales
originales du XIIIe siècle. La majorité se rapporte aux années 1220, lorsque la
Maison des Teutoniques à Palerme constituait (à cause de la fréquente présence
du grand maître Hermann de Salza en Sicile) l’un des principaux lieux de conservation des documents des Teutoniques.
16
Pour l’histoire diplomatique des documents de la Magione, cf. Burgarella
1991 (une analyse générale de la diplomatique sicilienne qui utilise aussi des parchemins du chartrier de la Magione).
.
8
LES TEUTONIQUES EN SICILE
Tableau 4
Actes notariés de la Magione, 1197-1492
Le point commun entre tous les actes notariés est qu’ils donnent
les noms des personnes liées à l’histoire de la Magione. En effet, les
listes de témoins et le dispositif des actes contiennent les noms des
notaires au service de la Magione, des juges, des témoins des actes,
des locataires, des donateurs et des associés des Teutoniques. De
très nombreux documents dressent la liste des Teutoniques de Sicile : les connaissances sur les frères du bailliage se basent presque
exclusivement sur la documentation notariée.
5. Outre une division des sources entre originaux et transcriptions, il existe aussi une différence entre les transcriptions diplomatiquement correctes (authentiques) et les copies. Cette question
concerne presque exclusivement les sources du XVe siècle, issues le
plus souvent des registres notariaux et des livres de copies. Les registres des notaires transmettent les actes d’une manière généralement correcte, en posant quelquefois des problèmes de datation. Les
difficultés principales sont liées aux copies de la Commenda della
Magione, rédigées tardivement et sans prêter toujours attention à
l’orthographe des noms ou à la forme diplomatique des originaux.
La consultation des sources du XVe siècle pose donc plus de problèmes que celle des documents des siècles antérieurs.
6. La documentation notariée et certaines autres sources
(concessions des biens, décisions judiciaires, comptes) permettent
de repérer les lieux les plus cités dans la documentation des Teutoniques de Sicile. La Sicile occidentale prédomine avec d’abord Pa-
.
INTRODUCTION
9
lerme et son territoire, puis les territoires des bourgs du centre – Polizzi, Castronovo, Vicari –, enfin Agrigente.
Comme le démontre la présentation des sources, ma recherche
sera fondée sur une documentation composée en majorité d’actes
notariaux privés, complétés par une importante collection de privilèges et assistés d’une série de sources comptables, récits de visites
et lettres. La division des documents entre les trois siècles de présence des Teutoniques en Sicile (1197-1492) montre une concentration des sources durant la période allant de 1250 à 1350 (6 documents par an) et une lacune importante de 1350 à 1400 (2 documents par an). Les époques antérieure à 1250 et postérieure à 1400
sont relativement bien documentées (3-4 actes par an). La base géographique est le territoire et la ville de Palerme et la Sicile occidentale en général.
Pour la première fois, il est d’autre part possible de confronter
les sources siciliennes de la Magione avec les sources des archives de
Vienne et de Berlin.
B. – HISTORIOGRAPHIE
Les recherches sur l’histoire des possessions de l’Ordre Teutonique en Sicile débutèrent un siècle à peine après le départ de
l’Ordre de Palerme. Les efforts de récupération du bailliage sicilien
réalisés par les grands maîtres des Teutoniques et les tentatives de
l’Ordre Cistercien de faire valoir ses droits sur l’église de la Magione
de Palerme (cédée en 1197 aux Teutoniques) s’accompagnèrent de la
rédaction de manuscrits contenant les copies des principaux privilèges de la Magione. Les introductions et les annotations de ces manuscrits indiquent la raison de leur création : appuyer les démarches diplomatiques. Le meilleur exemple en est la Deductio juris
& facti des Cisterciens17, qui est complétée par des manuscrits des
archives de l’Ordre Teutonique à Vienne. Les efforts de récupération
de la Magione durèrent du XVIe à la fin du XVIIIe siècles et s’ac-
17
Deductio juris & facti qua ratione Equestris Ordo Teutonicus anno 1197 Monasterium Sanctissimae Trinitatis in Palermo ex post Domus Sacrae Mansionis
dictum, ex donatione Romanorum Imperatorum ac Regum Siciliae acquisiverit, et
quomodo post possessionem trium seculorum anno 1492 ab illius possessione violenter dejectus sit (Vienne, BN, ms. 6368), recueil de documents commentés, de
161 pages, allant jusqu’en 1669.
.
10
LES TEUTONIQUES EN SICILE
compagnèrent d’un recensement partiel des privilèges de l’établissement.
Œuvre d’Antonio Mongitore
Pour la rédaction d’une première histoire analytique des Teutoniques en Sicile, il faut attendre le renouveau historiographique
local du XVIIIe siècle. Antonio Mongitore, homme d’Église et l’un
des principaux historiens siciliens des Temps Modernes, s’est alors
intéressé aux chartriers palermitains. Ses recherches sur les parchemins de la Magione ont abouti, en 1721, à la publication d’un
livre qui reste jusqu’à nos jours l’ouvrage principal sur l’histoire
des Teutoniques en Sicile : Monumenta historica sacrae domus
mansionis Sanctissimae Trinitatis militaris ordinis Theutonicorum
urbis Panormi et magni ejus praeceptoris. Origo, privilegia, immunitates, praeceptores, commendatarii, ecclesiae suffraganae, proventus,
aliaque memorabilia ejusdem sacrae domus recensentur et illustrantur.
L’œuvre de Mongitore, qui a eu tout de suite une diffusion importante, se présente sous la forme d’un recueil commenté de documents. Dans un premier temps, l’auteur présente l’histoire diplomatique de la Magione durant les grandes époques de son histoire (les
époques cistercienne et teutonique et l’ère des abbés-commandeurs)
et, dans un second temps, l’histoire diplomatique des églises dépendant de la Magione. Mongitore présente (et publie en partie18) 234
documents dont 150 sont issus du Tabulario della Magione. Les
autres proviennent d’autres fonds palermitains19. Son livre marqua
une étape importante dans l’historiographie sicilienne, notamment à
cause de l’intérêt porté aux actes privés, de nature économique.
Mongitore dressa aussi une première liste des commandeurs de
l’Ordre Teutonique en Sicile et décrivit patrimoine de la Magione
(avec ses revenus annuels en 1721).
L’auteur n’a pas consulté la totalité des parchemins de la Magione. Sans parler des actes notariaux, plusieurs privilèges du bailliage sicilien lui échappèrent et sa reconstitution resta ainsi partielle. Par ailleurs, il ignorait l’existence des sources des archives de
l’Ordre Teutonique. Les Monumenta restent cependant une base de
travail remarquable.
18
La majorité des documents sont cités; seuls les privilèges et quelques actes
notariés les plus importants – comme les premières donations en faveur de la
Magione – sont publiés.
19
Certains actes notariés pouvaient aussi être des parchemins du Tabulario,
disparus ensuite.
.
INTRODUCTION
11
Historiographie sicilienne
Après Mongitore, l’historiographie de la Magione des Teutoniques peut être divisée en deux courants, l’un sicilien et l’autre allemand.
L’historiographie sicilienne moderne donna lieu à plusieurs
œuvres sur l’église de la Magione. Elles ne possèdent pas toutes une
valeur scientifique pour la période médiévale. Une première tentative de catalogage les parchemins de la Magione fut réalisée en 1859
par Vincenzo Mortillaro, malheureusement avec de très nombreuses
erreurs qui empêchent l’utilisation de son livre 20. Ensuite, Giorgio
Battaglia 21 publia quelques actes de la Magione. Le seul chercheur à
apporter des éléments analytiques fut Lodovico Bianchini, qui
consacra quelques lignes de son histoire économique et civique de la
Sicile à la Magione 22.
Il existe aussi une description de l’église de la Magione par Giovanni Di Giovanni (il dressa la liste des œuvres d’art qui y sont
conservées 23), un article de Vincenzo di Giovanni sur le même sujet,
écrit un siècle plus tard 24, un chapitre du guide de Palerme de Gaspare Palermo 25 et une monographie sur la Magione de Palerme de
l’époque lorsqu’elle appartenait à l’Ordre Constantinien de SaintGeorges 26. Citons également le dictionnaire topographique de la Sicile de Vito Amico, qui mentionne plusieurs possessions de la Magione 27.
Dans l’historiographie sicilienne contemporaine de la Magione,
il convient de distinguer trois courants. Les historiens d’art, qui
fournissent des descriptions des édifices et des œuvres d’art de la
Magione, à Palerme 28 et à Messine 29 ; les historiens de l’Église 30 et les
historiens proprement dits. Ces derniers ne traitent jamais exclusivement de la Magione et utilisent ses sources pour d’autres buts.
L’un des historiens les plus remarquables de l’après-guerre sicilienne, Illuminato Peri, a utilisé des parchemins de la Magione dans
Mortillaro 1859.
Battaglia 1895.
22
Bianchini 1841.
23
Di Giovanni G 1743.
24
Di Giovanni V 1888.
25
Palermo 1816.
26
De Spuches 1852. Possède une introduction sur l’histoire de la Magione.
27
Amico 1855, il est toutefois souhaitable de remonter jusqu’à Pirri 1733
pour des informations plus détaillées.
28
Rocco 1968.
29
Agnello 1960. La partie historique contient de nombreuses erreurs.
30
Russo 1975; Augello 1988.
20
21
.
12
LES TEUTONIQUES EN SICILE
deux articles importants, sur Polizzi 31 et sur Agrigente 32. Son travail
de classement des parchemins de la Magione et l’utilisation qu’il en
a faite ont facilité ma recherche.
Tout compte fait, on peut dire que les historiens siciliens n’ont
jamais perçu la Magione médiévale comme faisant partie d’un
contexte dépassant le cadre de l’île : celui de l’Ordre Teutonique. Ils
ont toujours observé la continuité de l’établissement, la continuité
des édifices et des possessions, à partir de l’époque cistercienne jusqu’à nos jours.
Historiographie allemande
L’historiographie allemande de la Magione débuta plus tardivement que son homologue sicilien. En effet, à l’époque moderne, la
question n’intéressait pas les historiens du monde germanique. La
situation changea avec l’augmentation, à partir de la fin du XIXe
siècle, des études sur les rapports entre l’Allemagne et l’Italie au
Moyen Âge et la parution des livres comme celui de Karl Heinrich
Schäfer sur les chevaliers et écuyers allemands en Italie 33.
Deux historiens s’occupèrent des Teutoniques de Sicile : Bruno Schumacher et Kurt Forstreuter. Bruno Schumacher publia, en
1941-42, un article qui présenta pour la première fois l’histoire de
la Magione à partir des sources des archives de Vienne et de Berlin (ces dernières étaient encore à Königsberg) 34. L’auteur ne
consulta pas les fonds siciliens mais connaissait le livre de Mongitore. L’article de Schumacher est une courte présentation de l’histoire politique du bailliage sicilien de l’Ordre, qui s’accompagne
d’une liste des possessions du bailliage et d’une présentation de
ses commandeurs et officiers. Il reste toutefois victime de l’absence de sources siciliennes et on peut lui reprocher une dramatisation excessive des problèmes rencontrés par les Teutoniques en
Sicile durant la première moitié du XVe siècle. Bruno Schumacher
a écrit la meilleure description de la perte du bailliage par les Teutoniques en 1491-92.
Kurt Forstreuter, archiviste qui connaissait à la perfection les
documents des archives de l’Ordre Teutonique, écrit dès 1936 un article sur l’Ordre Teutonique en Europe sud-orientale 35. Après la Seconde Guerre Mondiale, des historiens comme Walter Hubatsch 36
Peri 1956.
Peri 1962.
33
Schäfer 1911.
34
Schumacher 1941.
35
Forstreuter 1936.
36
Hubatsch 1955.
31
32
.
INTRODUCTION
13
ou Erich Maschke 37 corrigèrent les conceptions erronnées au sujet
de l’Ordre Teutonique, créées par le nazisme, et démontrèrent le rôle
international des Teutoniques au Moyen Âge. Forstreuter s’associa à
leur analyse dans son livre sur l’Ordre Teutonique en Méditerranée 38. Cet ouvrage explore toutes les possessions de l’Ordre, de l’Espagne jusqu’à la Terre Sainte, en passant par la Provence, l’Italie, la
Grèce, le Chypre et l’Arménie. Dans le chapitre consacré à la Sicile,
Forstreuter présente les bases de l’histoire diplomatique du bailliage, mentionne ses possessions et dresse une liste de ses frères
connus. Comme Schumacher, Forstreuter fut aussi victime du caractère partiel de ses sources (il ne connaissait pas les sources siciliennes) mais son œuvre représenta un grand pas en avant grâce aux
comparaisons qu’il put faire entre les divers bailliages de l’Ordre en
Méditerranée.
Pour l’historiographie allemande, la Magione est avant tout un
bailliage de l’Ordre Teutonique, distincte du contexte du pays d’accueil. Par ailleurs, les Allemands n’ont pas utilisé le matériel généalogique dans leur disposition et n’ont pas étudié les contacts territoriaux entre les bailliages de l’Ordre dans l’Empire et en Italie.
L’historiographie directe sur la Magione des Teutoniques s’achève avec Kurt Forstreuter. Après 1967, aucune recherche importante ne traite de l’histoire de la Magione des Teutoniques et un recours au matériel comparatif s’avère nécessaire. Il s’agit de recherches portant à la fois sur l’histoire sicilienne, l’histoire de
l’Ordre Teutonique et l’histoire des ressortissants germaniques en
Italie. Le nombre et la variété des études empêchent de les mentionner ici : chaque livre consulté sera cité ou commenté dans le texte.
Signalons cependant l’importance des recherches sur l’histoire
du bailliage des Teutoniques en Pouille. Il s’agit du bailliage géographiquement le plus proche de la Sicile et son histoire offre de
nombreux points de comparaison. Son historiographie débute en
1913 avec la publication des documents du monastère de San Leonardo di Siponto (Manfredonia), l’un des centres du bailliage 39, suivie de celle d’un article de Primaldo Coco 40. Le bailliage de Pouille
est également étudié dans l’article cité de Bruno Schumacher 41. Son
historiographie fut complétée plus tard, entre autres, par Klemens
Wieser 42. Plus récemment, l’histoire des Teutoniques en Pouille a
Maschke 1970.
Forstreuter 1967.
39
Camobreco 1913.
40
Coco 1925. De nombreux erreurs.
41
Schumacher 1941.
42
Wieser 1973. Cf. aussi Mastrobuoni 1960 et Scholz 1961.
37
38
.
14
LES TEUTONIQUES EN SICILE
fait l’objet des recherches d’Hubert Houben 43 qui a apporté une lumière nouvelle sur le sujet.
Enfin, l’historiographie de la Magione des Teutoniques n’est pas
uniquement sicilienne ou allemande, car plusieurs des documents
des Teutoniques, des parchemins mais aussi des actes conservés
dans les registres notariaux, ont été utilisés par Henri Bresc, le spécialiste français de l’histoire médiévale sicilienne, entre autres dans
sa recherche sur l’économie et société sicilienne de 1250 à 1350 44.
De même, pendant les dernières années, les archéologues ont
commencé à porter un intérêt aux possessions de la Magione. Je
pense notamment aux fouilles réalisées dans les annexes de l’église 45.
L’historiographie des Teutoniques de Sicile montre que les
sources allemandes et autrichiennes ont toujours été traités indépendamment des actes palermitains. Les études se divisent ainsi en
recherches sur l’église de la Magione de Palerme, réalisées par les
historiens siciliens, et en recherches sur le bailliage de l’Ordre Teutonique en Sicile, effectuées par les historiens allemands. Les premiers insérèrent la Magione dans une continuité historique locale,
les seconds ignorèrent la base réelle de l’existence du bailliage,
concentrant leurs recherches sur les centres de l’Ordre Teutonique.
Remarquons encore que les célébrations du 800e anniversaire de
Frédéric II ne s’accompagnèrent d’aucune recherche importante sur
les Teutoniques de Sicile, sujet pourtant important à la fois pour
l’histoire de la période frédéricienne et pour celle des liens entre la
Sicile et l’Empire 46.
Il faut donc réunir les données des deux grands courants (allemand et sicilien) et les confronter à la réalité des textes et du terrain,
à l’aide du matériel comparatif fourni par les recherches sur d’autres
sujets.
Matériel de comparaison
Mon travail se place dans le cadre des études antérieures sur la
présence de l’Ordre Teutonique dans la Méditerranée et dans celui
des analyses de l’histoire des établissement religieux siciliens.
Houben 1997; Houben 1999.
Bresc 1986.
45
Mansio Sanctae Trinitatis; D’Angelo-Di Stefano-Tommaselli.
46
Notons dans l’historiographie récente l’article de Powell (Powell 1994) sur
les rapports entre Frédéric II et les Teutoniques de Sicile jusqu’en 1221. Cet article possède deux défauts qui obligent à ne pas en tenir compte : 1. il n’utilise pas
de sources originales et cite des documents publiés ou catalogués dont certains
sont faux. 2. Il révèle une connaissance insuffisante du contexte sicilien : ainsi, il
associe les faveurs obtenues par les Teutoniques de Sicile en 1202-1206 aux activités de leur commandeur, maître Gerardus (Powell 1994, p. 237-239), en négli43
44
.
INTRODUCTION
15
1. L’historiographie de l’Ordre Teutonique en général 47 fournit la
conception de base, celle de la dimension européenne de l’Ordre.
Outre les trois branches principales (la Prusse, la Livonie, les possessions en Allemagne occidentale), ce dernier se composait de nombreux bailliages éparpillés, notamment en Méditerranée. Les travaux d’Erich Maschke (entre autres) démontrent l’importance internationale des Teutoniques, hommes qui ne furent pas exclusivement
des nobles et des Allemands 48.
Parmi les études récentes, je me suis appuyé sur les méthodes et
les conceptions des monographies et des recherches d’Udo Arnold 49,
Marie-Louise Favreau 50 et Jürgen Sarnowsky 51, mais aussi de Helen
Nicholson 52, dont le travail a élargi le cadre littéraire et politique de
l’historiographie de l’Ordre. De même, les travaux d’Anthony Luttrell
sur l’Ordre de l’Hôpital sont particulièrement importants pour l’historiographie moderne des ordres militaires 53.
2. Les ordres militaires du royaume de Sicile, autres que l’Ordre
Teutonique, n’occupent pas la place qu’ils méritent dans l’historiographie 54. Les monographies sur l’histoire des églises et monastères
siciliens ne sont pas nombreuses : il s’agit dans la majorité des cas
de publications de chartriers ou de documents 55. Il faut remonter à
Rocco Pirri et à sa Sicilia Sacra pour avoir des informations détaillées sur les églises siciliennes 56. Les études proprement dites apparaissent avec Antonio Mongitore 57. L’historiographie contemporaine, même si elle ne consacre que peu de recherches exclusives
aux établissements religieux siciliens, a mis au jour une conception
geant le rôle de Guglielmo Capparone qui tint le pouvoir dans le royaume. Il
ignore par ailleurs tout le contexte politique qui porta Frédéric II à chercher le
soutien des Teutoniques dans un premier temps (dès 1214) et, dans un second
temps, à favoriser leurs possessions en Sicile (1217-1221).
47
Il n’existe pas une histoire générale exhaustive de l’Ordre Teutonique. Il est
conseillé de se référer à Tumler 1955 et à Militzer 1999 pour ce qui concerne la bibliographie et le fond historique général de l’Ordre pendant les périodes de sa
création et de sa plus grande puissance (1190-1410 environ).
48
Maschke 1970.
49
Notamment Arnold 1980; Arnold 1983; Arnold 1994.
50
Favreau 1974.
51
Sarnowsky 1995.
52
Nicholson 1993.
53
Luttrell 1995.
54
Sur les ordres militaires en général : Bresc-Bautier 1991; Cleve 1993; Powell 1983; Toomaspoeg 2003; White 1938. Sur les Templiers : Bramato 1991; Villari 1993. Sur les Hospitaliers : Gattini 1928; Brühl 1983, p. 114-119; Marullo di
Condojanni 1953; Minutolo 1699; Salerno 2001; Wiest 1995.
55
Mentionnons ici Bruni 1978; Ciccarelli 1986; Giambruno 1909.
56
Pirri 1733, voir aussi Janauschek 1877 et Ughelli 1717.
57
Voir Mazzè 1979 qui analyse un manuscrit écrit par Mongitore en 1721 (Le
Parrocchie, Maggione, Spedali : BCP, ms. no Qq E 4).
.
16
LES TEUTONIQUES EN SICILE
importante : celle des ecclesiae qui sont insérées dans un contexte
politique, économique et social, et non plus seulement religieux 58.
3. Une troisième série de travaux historiques a influencé ma recherche : ceux consacrés à la présence des étrangers en Italie et au
développement des communautés de minorités en Sicile 59 : les Teutoniques formaient l’un de nombreux groupes minoritaires de la société sicilienne.
Les minorités siciliennes sont connues grâce à de nombreuses
recherches, consacrées (en ce qui concerne le Bas Moyen Âge) à la
communauté juive du royaume 60, aux immigrations des artisans et
marchands de l’Italie du Nord vers le Sud 61, mais aussi aux communautés originaires de régions plus lointaines 62. Ces recherches et les
synthèses sur le sujet 63 donnent des informations sur la composition
de la société sicilienne, sur les conditions juridiques et sociales de
ses minorités éthniques et religieuses et sur les flux migratoires. Notons les recherches de Norbert Kamp sur la présence allemande en
Sicile 64.
Le livre repose ainsi sur trois pôles de travaux historiographiques qui démontrent à la fois le rôle d’intermédiaire culturel de
l’Ordre Teutonique, le rapport des établissements religieux à la vie
économique, politique et sociale, l’étendue de la présence des Allemands en Italie et la position cruciale des minorités dans la Sicile
médiévale.
L’étude se compose de trois volets thématiques : l’histoire politique des Teutoniques de Sicile, leur histoire économique et la géographie de leurs possessions, enfin, leur histoire religieuse et sociale.
Le cadre est celui de l’île de Sicile et de la période comprise entre
l’arrivée et le départ des Teutoniques (1197-1492). Cette longue période est divisée en trois parties chronologiques.
1. La première partie débute avec l’arrivée des Teutoniques à Palerme, en 1197, et s’achève en 1291, date de la chute de Saint-Jean-
Fodale 1979; Bresc 1986; Peri 1978; Peri 1981; White 1931.
Concernant la présence des gens du monde germanique en Italie, j’ai utilisé notamment les recherches classiques de Anton de Waal (Waal 1880; Waal
1896; Waal 1897), Karl Heinrich Schäfer (Schäfer 1911; Schäfer 1911 a; Schäfer
1913; Schäfer 1913 a) et Bruno Schumacher (Schumacher 1943. Cf. aussi Doren
1903; Freytag 1900; Grävenitz 1900; Kohler 1978; Luiso 1936; Niese 1905), qui indiquent les régions de provenance et les lieux et modalités de séjour. Les études
citées permettent d’observer les liens entre les Teutoniques de Sicile et les personnes de même origine qui séjournèrent ailleurs en Italie.
60
Bresc 2001; Di Giovanni 1748; La Lumia 1870; Lionti 1883.
61
Carini 1876; Corrao 1984; Petralia 1989; Petralia 1989 a; Tangheroni 1989.
62
Bresc 1990; Kanceff 1992.
63
Giunta 1968.
64
Kamp 1996.
58
59
.
INTRODUCTION
17
d’Acre. Celle-ci modifia en effet radicalement l’existence de l’Ordre
Teutonique (comme de tous les ordres militaires) et créa les conditions pour le départ du chapitre des Teutoniques de la Méditerranée
vers la Prusse. Cette première partie a pour objet l’installation et la
consolidation des Teutoniques en Sicile. 2. La deuxième partie
commence en 1292. Elle analyse une période difficile, marquée par
l’affaiblissement du pouvoir central en Sicile et par le départ des
centres de l’Ordre Teutonique de la Méditerranée. La partie s’achève
en 1391, lorsque Martin de Montblanc débarque en Sicile pour restaurer le pouvoir central dans le royaume. 3. Le départ des Teutoniques de Sicile en 1492 fait l’objet de la troisième partie.
.

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