Retards et annulations: la SNCF épinglée - Haut-Rhin
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Retards et annulations: la SNCF épinglée - Haut-Rhin
Région 40 JEUDI 28 MAI 2015 [email protected] TRANSPORTS RÉGIONAUX Retards et annulations: la SNCF épinglée L’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir relève que l’Alsace arrive en tête pour la ponctualité des trains express régionaux (TER). Mais elle réclame des pénalités plus sévères pour inciter la SNCF à réduire les retards et dénonce la sous-évaluation du nombre des annulations de trains. Alvezio Buonasorte « Un Alsacien subit un retard ou une annulation de TER tous les quinze jours, alors qu’en France il en est victime une fois par semaine », résume Jean-Jacques Botte. Le président de l’UFC-Que Choisir du Haut-Rhin présentait, hier matin à Strasbourg, la première enquête de l’association de défense des consommateurs sur les TER : « Nous n’avons pris en considération que les retards et les annulations des TER – sans les trains intercités et les TGV – et nous ne nous sommes pas intéressés aux autres problèmes, comme la vétusté du matériel », ajoute-t-il. L’Alsace en tête « Les trains sont ponctuels dans 95,2 % des cas en Alsace, contre 89,5 % pour la moyenne nationale. La SNCF considère qu’un train est à l’heure s’il arrive en gare avec moins de six minutes de retard », poursuit-il. Un chiffre que conteste la SNCF Alsace : « Nous transmettons quotidiennement les chiffres de la ponctualité à la Région : ils ont été de 96,4 % pour 2014. » La plupart des pays européens retiennent 5 ou 6 minutes de retard comme critère de ponctualité, alors que la Suisse (9e en Europe) se restreint à 3 minutes, ce qui permet à la France de la devancer à la 8e place dans ce classement européen dominé par l’Autriche et l’Allemagne. L’Alsace, qui conserve sa première place malgré une dégradation de la ponctualité de 0,6 point en un an, se hisse donc au niveau des meilleurs en Europe. Mais passé ce satisfecit, l’UFC-Que Choisir se montre critique : « Les pénalités imposées par le conseil régional d’Alsace, en cas de retard ou annulation des trains, ne représentent que 1 % des subventions de la collectivité. Des sanctions plus dures inciteraient davantage la SNCF à faire arriver ses trains à l’heure », juge Jean-Jacques Botte. Mais sa principale critique porte sur les annulations : « La SNCF estime que si un train a été annulé avant 16 h, la veille de son départ, il n’existe plus au tableau de service et n’entre donc pas dans la comptabilité des trains annulés », Une application anti-retards L’UFC-Que Choisir va envoyer une lettre, la semaine prochaine, aux élus régionaux et aux futurs candidats pour les interpeller : « Nous demandons, de la part des financeurs des TER, la mise en place d’indicateurs plus fiables et une modulation du prix de l’abonnement en fonction des annulations et des retards ». L’association va aussi faire signer une pétition en ce sens aux usagers dans les grandes gares alsaciennes. Ils invitent enfin les clients à télécharger « une application iOS et Android qui permet en direct de signaler le train en retard, de quantifier ce retard et d’en donner les raisons. Bien que ce soit difficile pour ce dernier point car la SNCF ne communique quasiment jamais sur les raisons », indique UFC-Que Choisir. Les TER Alsace sont les plus ponctuels de France, mais l’UFC-Que Choisir déplore que les raisons des retards ne soient quasiment jamais divulguées par la SNCF. Elle demande des modulations tarifaires en fonction des annulations des trains et un mode de calcul plus fiable de ces annulations Photo L’Alsace/Denis Sollier regrette-t-il. Pour lui « cette sortie des statistiques s’élève à 10 % des trains en circulation. De ce fait, lors des dernières grèves de juin 2014, ce ne sont pas 7 % de trains qui ont été annulés mais 26 %, en réalité », pointe-t-il. La SNCF Alsace précise que, « lorsqu’un train ne peut rouler pour des causes externes à l’opérateur, comme s’il percute un arbre tombé sur la voie, nous ne pouvons demander à la Région de nous pénaliser une seconde fois ». intéressée aux coûts des TER, rappelant que le client ne paie, en moyenne en France, que 30 % du prix du billet, le reste étant subventionné par les Régions depuis 2002. « En Alsace, cela coûte 16 € pour faire rouler un train sur 1 km. Nous sommes devancés par les Pays de la Loire (14 €) ; la Lorraine arrive 7e avec 20 € et la Champagne-Ardenne 13e avec 21 €. Dans ce classement, Paca arrive bonne dernière avec 26 €, dernière aussi pour la ponctualité avec 77,5 %… Nous n’avons pas pu obtenir les chiffres de la Lorraine », détaille Jean-Jacques Botte. L’UFC-Que Choisir s’est également Autre regret de l’UFC-Que Choisir : Pas de compensation Les réponses de l’opérateur « Il y a eu des progrès puisqu’avec les mêmes infrastructures, on a beaucoup plus de trains. En 2002, on était à 90,2 % de régularité pour TER, 89,8 % en 2010. En 2014, nous sommes à 91,45 %. La satisfaction des clientsdeTERsesitueautourde84%, même si cette moyenne lisse bien évidemment des disparités. 30 % des problèmes de régularité ne sont pas de la responsabilité de SNCF : tirage d’alarme, incivilités, agressions, traverses des voies, vols de câbles, feuilles mortes… Par ailleurs, la densité du trafic devient intenable, on absorbe +3 % de voyageurs par an, ce qui fait 30 % depuis 2003. Les trains sont à touche-touche, on ne peut pas en mettre d’autres sans engager la sécurité. Enfin, notre réseau est très vieillissant : 50 % de nos caténaires ontplusde80ansetcertainsaiguillages datent de 1930. » remis en perspective. Elles sont variablesselonlesrégions(plusélevées en Paca qu’en Alsace) et tiennent compte par ailleurs de la difficulté de réaliserl’offreetlarégularitéenfonction de la densité. » Mécanismes de pénalité : Indemnisation en cas de retard : « Ilexisteplusieursmécanismesd’incitation : bonus ou malus en fonction de la qualité de la production ou alors pénalités en fonction de la nonréalisation de l’offre et des exigences contractuelles (remboursement des voyageurs). Le fait que les pénalités ne représentent globalement qu’un pourcentage modéré sur le montant global de la rémunération doit être « Le taux de régularité global du TER reste élevé et ne nous semble pas justifier une telle mesure qui n’est pas rendue obligatoire par les règlements européens. Nous suivons cependant avec attention les expérimentations en cours dans quelques régions françaises, dont le bilan devra être dressé de façon contradictoire. » 1000 Évolution du trafic des TER Alsace 900 939,2 889,1 Million de voyageurs x km 806,9 800 827,8 687.5 700 589,9 600 300 200 532 496 500 400 939,6 435 387,5 383,2 374,6 479 785,9 642,9 554 509 407,3 3 6 1995 199 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 201 Conventions avec les Régions : « La SNCF a progressé ces dernières années pour renforcer la transparence et anticiper la renégociation des conventions. Depuis début 2015, la décentralisation est mise en œuvre. Ce sont désormais les activités TER qui ont la responsabilité d’affecter des moyens sur leur territoire. Tous les éléments de la convention, comme la satisfaction des voyageurs, la lutte anti-fraude et la régularité sont analysés et évalués dans le rapport du délégataire. Les coûts et performances des transports régionaux sont ainsi plus lisibles et transparents pour les autorités organisatrices. » Infographie L’Alsace - Photo Hervé Kielwasser Source : DREAL Alsace Régularité des trains : IRE04 Bientôt un TER Alca ? Faut-il s’attendre à des modifications au réseau TER dans le cadre de la grande Région Alca ? À cette question, la SNCF Alsace indique qu’il faudra attendre la composition de l’ass e m b lé e d e l a n o u v e l le collectivité, laquelle sera l’autorité organisatrice des transports ferroviaires pour l’Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardenne. C’est elle qui décidera des changements éventuels à apporter. « Contrairement à ce qui est en vigueur dans quatre régions en France – Pays de Loire, FrancheComté, Bourgogne et Picardie – il n’y a aucune compensation pour l’abonné en cas d’annulation et de retard d’un train. » 75 000 voyageurs quotidiens L’association consumériste – qui revendique 1 700 adhérents dans le Bas-Rhin et 700 dans le HautRhin – s’est lancée dans cette enquête en raison de l’intérêt des Français qui estiment que les transports sont une de leurs principales préoccupations quotidien- nes, derrière la sécurité et le logement. L’UFC souligne que les usagers de la SNCF affirment, à 48 %, que « la situation s’est dégradée depuis dix ans alors que les dépenses des Régions sont en hausse constante. En Alsace, les transports représentent le deuxième investissement de la Région derrière les lycées. » Depuis 2002 et la régionalisation des TER, la fréquentation est en hausse de 49 %, pour atteindre 75 000 voyageurs quotidiens en Alsace. SURFER www.quechoisir.org/transport