TUUD - unBlog.fr

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É
conomique
et
social
Syndicalisme étudiant
La Tendance pour une UNEF
Unitaire et Démocratique
(TUUD) :
composition militante
et ligne syndicale
La création de la Tendance pour une UNEF Unitaire et Démocratique (TUUD)
est actée les samedi 20 et dimanche 21 janvier 2007 à l'École Normale Supérieure
(rue d'Ulm) à l'occasion de sa première réunion nationale. Sa création est le
fruit de la fusion de la Tendance
ous Ensemble (TTE) (1), anciennement à l'aile gauche
du syndicat, des militants des CUUD (Collectifs
pour une UNEF Unie et Démocratique) (voir encadré
ci-contre, point 1), et des militants "dissidents" de la
Tendance Majorité nationale (voir encadré ci-contre,
point 2), ces derniers reprochant notamment à la direction
de la Tendance Majorité nationale un manque
d'indépendance syndicale vis-à-vis du courant
Nouveau Parti Socialiste (NPS) du Parti Socialiste (2),
ainsi qu'un manque de démocratie interne.
T
Le CPE comme révélateur des oppositions
Ces critiques étaient déjà apparues depuis le congrès
national de Reims à l'automne 2005. En effet, à cette époque,
suite à la scission de la Tendance Syndicale (TS) de Julie
Coudry pour fonder ce qui deviendra par la suite la
Confédération étudiante (Cé) en 2003, la majorité nationale
de l'UNEF était affaiblie. Or suite à cette scission, la
Tendance Majorité nationale, alors animée par Bruno
Julliard, décidait de se renforcer en opérant un
rapprochement avec la Tendance Transformation
Sociale (TTS) (voir encadré ci-contre, point 3). Cette
fusion est dénoncée par une partie des militants de la
Tendance Majorité nationale. Ces conflits restent latents
durant plusieurs années, jusqu'à ressurgir à l'issue du
mouvement contre le CPE, lors du Collectif National de
juillet 2006 où la direction du syndicat et les dissidents
de la Majorité nationale ne tirent pas le même bilan de la
mobilisation contre CPE.
L'émergence d'une tendance
d'opposition : la TUUD
Lors de la rentrée universitaire, en septembre 2007, la
tension est à son comble. Ceci aboutit au départ des
AGE de Grenoble et de Lille de la Tendance Majorité
nationale. Ces deux AGE sont mises "hors tendance".
Des militants des AGE de Lyon et d'Angers font de
même en quittant la Tendance Majorité nationale. Les
anciens de la "majo" s'organisent alors dans la Sensibilité
pour une UNEF Indépendante et Syndicale (SUIS). La
TTE, les CUUD et la SUIS abordent alors le 80ème congrès
L’Émancipation syndicale et pédagogique - 14/05/2008
Pour se repérer dans
les tendances de l'UNEF…
1. Les CUUD (Collectifs pour une UNEF Unie et
Démocratique) : à l'occasion du Collectif National de
septembre 2006, 40 militants de la TTE, encartés aux
Jeunesses Communistes Révolutionnaires (JCR) et sous
le leadership de Xavier Chiarelli (Paris X) sont exclus du
syndicat par la Commission de contrôle de l'UNEF. Ils
décident alors de se regrouper dans les CUUD afin de
demander leur réintégration, avec l'appui des membres
non-exclus de la TTE, et dans un second temps celui des
militants "dissidents" de la Tendance Majorité nationale.
En mars 2007, à l'occasion du 80ème congrès, le vote d'une
motion de réintégration acte alors la réintégration de ces
40 militants à partir du 1er juillet 2007. Pour des informations
complémentaires à ce sujet, consulter le blog :
http://unef.veritas.blogspirit.com
2. Les dissidents de la "Tendance Majorité nationale" :
les anciens militants de la Tendance Majorité nationale
sont issus de plusieurs villes universitaires, notamment
Grenoble, Lille, sous l'impulsion d'une équipe organisée
autour de Jérémie Giono, et Martin Crouzet. Parmi ces
militants, un certain nombre sont adhérents à l'organisation
des Jeunesses Communistes. Ce regroupement des
communistes dans l'UNEF semble marquer leur retour
formel dans le syndicat.
3. La Tendance Transformation Sociale (TTS) : animée
par Benjamin Vetele, elle est composée d'une majorité
de militants adhérents au Mouvement des Jeunes
Socialistes (MJS). Elle est considérée par les militants,
après la Tendance Refondation Syndicale (TRS), strausskhanienne, comme l' "aile droite" du syndicat, privilégiant
la gestion de La Mutuelle Des Étudiants (LMDE) et la
co-gestion des universités. En parallèle du rapprochement
syndical entre les deux tendances, et suite à un tel
mouvement de convergence dans la LMDE, un rapprochement politique s'opère également au sein du
Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) où les deux
sensibilités politiques (la sensibilité Nouvelle Gauche
issu du MJS et la sensibilité Nouveau Monde d'Henri
Emmanuelli, héritière du courant Gauche Socialiste du
PS, et majoritaire dans la Tendance Majorité nationale)
impulsent un travail dans une majorité commune.
(1) Les militants
de cette
tendance sont
principalement
issus de la
LCR, dont les
représentants
sont Marianne
Mugnier et
Julien Vicaine.
(2) NPS est
créé en
octobre 2002
à l'occasion du
congrès
national de
Dijon du Parti
Socialiste.
Il regroupe
Benoît
Hamon, Julien
Dray, Arnaud
Montebourg et
Vincent
Peillon.
Sa fondation a
pour but une
refonte des
institutions de
la République
et le passage à
une VIème
République.
9
É
conomique
et
social
national de l'UNEF de mars 2007 en se regroupant
dans la TUUD. À l'occasion de ce congrès de Lille, la
TUUD obtient 13,05% des mandats et six représentants
dans les instances de l'UNEF (3). Cette dernière est
majoritaire dans les AGE de Dijon, Clermont-Ferrand,
Amiens, Chambéry, Perpignan et Paris V. Elle représente
une forte minorité des AGE de Lille (43%) et de
Grenoble (35%). Enfin, elle est aussi présente à Angers
(35%), Nantes (20%), Lyon (19%), Nancy (10%),
Rennes (8%), Artois, Besançon, Metz, Strasbourg,
Toulouse... De même, elle est présente dans la région
parisienne dans les universités de Paris I, Paris II,
Paris III (37%), Paris V, Paris VI, Paris VII (50%), Paris VIII,
Paris X (20%), Paris XIII et Évry.
Les orientations de la TUUD
(3) Membres
du Bureau
national :
Delphine
Bouënel
(Paris V),
Xavier
Chiarelli
(Paris X),
Jérémie Giono
(Grenoble),
Danielle Richin
(ClermontFerrand),
délégué au
Bureau national :
Valentin
BrouillardDusong
(Angers) ;
membre de la
Commission
de contrôle :
Lucile Jamet
(Chambéry).
4) http://uneftuud.blogspirit.com/media
/01/00/debf3cb
84f31fdc3b3ad
e0e3e664a92b.pdf
(5) http://uneftuud.blogspirit.
com/media/01
/02/c51a65d37
af46fcd57b4cc
15187c2019.pdf
(6) Voir le
bulletin de la
TUUD n°3:
http://uneftuud.blogspirit.
com/media/01
/02/dcacf678c6
462e1315d314
1c73679a9b.pdf
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Syndicalement, la TUUD s'est constituée sur une ligne
combattive. Son texte d'orientation issu du 80ème
congrès de l'UNEF (4) tire les conséquences du
mouvement contre le CPE, en critiquant cette mesure
de politique libérale, et estime que la victoire a été
acquise grâce à "la grève et la construction d'un mouvement
de masse", mais aussi à "l'auto-organisation" et au "lien
avec les travailleurs". Le texte revient également sur
l'analyse du soulèvement des banlieues de l'automne
2005 vu comme un véritable mouvement social, mais
aussi sur l'analyse des discriminations (sexiste,
d'orientation sexuelle, envers les étudiants handicapés).
D'un point de vue pédagogique, la TUUD estime que
la réforme LMD de 2003, dite d'harmonisation
européenne, correspond à "une politique globale de
marchandisation de l'Éducation", et que face à une telle
politique, il faut "défendre le service public" et revendiquer
"le lien entre l'enseignement et la recherche". De plus,
plus globalement, la TUUD propose "une pédagogie
alternative" avec des TD plus nombreux comprenant
moins de 25 personnes, mais aussi, parallèlement, la
création de postes d'enseignants, la défense du
contrôle continu, et la revendication de l'interdisciplinarité
face à la pluridisciplinarité installée par la réforme
LMD. Enfin, d'un point de vue social, le texte propose
Pour aller plus loin
Ouvrages
Beroud Sophie, “Syndicalisme et mouvements étudiants:
socialisation politique et carrières militantes”, entrée
"UNEF", in Crettiez Xavier, Sommier Isabelle (dir.),
La France Rebelle, Paris, Michalon, 2006, pp.298-306
(Synthèse retraçant l'histoire de l'UNEF, et notamment
les différents rapports de force entre les tendances
syndicales).
Legois Jean-Philippe, Monchablon Alain, Morder Robi
(coord.), Cent ans de mouvements étudiants, Paris,
Syllepse, 2007, 434 p. (Ouvrage de référence sur le
monde étudiant en général, et l'UNEF en particulier. Les
articles très documentés permettent de saisir la filiation
des tendances syndicales de l'UNEF, et le positionnement
de ce syndicat étudiant au cours de l'histoire du mouvement
étudiant).
Morder Robi (coord.), Naissance d'un syndicalisme
étudiant. 1946: la charte de Grenoble, Paris, Syllepse, 2006,
3 2 8 p . ( O u v r a g e r e ve n a n t s u r l a c r é a t i o n d u
s y n d i c a l i s m e étudiant).
la mise en place d'un statut social étudiant, avec
l'attribution d'un pré-salaire d'autonomie à hauteur
de 800 euros, cette allocation étant financée par la
création d'une nouvelle cotisation sociale, dont le
versement aux étudiants serait géré par un organisme
spécifique de distribution sous forme d'une branche
jeunesse de la sécurité sociale. En définitive, la TUUD
propose d'ancrer l'UNEF dans le mouvement social,
de faire le choix d'un "syndicat internationaliste"
solidaire de toutes les luttes d'émancipation, tant en
participant aux conseils universitaires qu'en agissant
"pour la grève étudiante et la construction d'un mouvement
d'ensemble". À ce sujet, cette tendance considère que
c'est en établissant un rapport de force favorable
par le biais de la mobilisation étudiante qu'elle pourra
gagner durablement de nouveaux droits pour les
étudiants. La TUUD rejette donc toute logique
d'accompagnement, consistant à négocier des
améliorations à la marge du modèle universitaire
actuel. Elle prône l'unité du mouvement étudiant, la
démocratie interne du syndicat (en faisant en sorte
que le vote d'un adhérent du syndicat ait le même
poids dans chaque AGE) et l'indépendance syndicale.
Au Collectif National d'octobre 2007, le syndicat
étudiant est agité par le débat sur la loi Pécresse. La
TUUD se prononce clairement "pour l'abrogation de la
LRU", tandis que la Majorité nationale ne lance pas de
mot d'ordre et préfère la voie de la négociation gouvernementale, de peur d'envenimer ses relations avec
le pouvoir suite à l'élection récente de Nicolas
Sarkozy. Face à cette position de la direction du syndicat,
200 militants, principalement de la TUUD, lancent un
appel pour l'abrogation de la LRU (5). Ces derniers
participent aux mobilisations de l'automne 2007 aux
côtés de militants de Fac Verte, de la FSE et de SUDétudiant. De même, ils appellent à une journée nationale
de mobilisation contre la LRU le 10 avril 2008 (6).
¨
Romain Vila
étudiant en M2 sociologie politique
à l'IEP de Lyon.
Porte Emmanuel, “Au tournant du siècle (1986-2006) :
actualité des mouvements étudiants" in Legois JeanPhilippe, Monchalblon Alain, Mordre Robi (coord.),
Cent ans de mouvements étudiants, Paris, Syllepse, 2007,
pp.113-125. (Article sur l'actualité du syndicalisme étudiant,
les mouvements étudiants, ainsi que les relations de
l'UNEF avec les autres organisations étudiantes comme
la Confédération étudiante, la Fédération Syndicale
Étudiante (FSE), ou encore SUD-étudiant).
Sites internet
Site de l'UNEF : http://www.unef.fr/
Site de la TUUD : http://unef-tuud.blogspirit.com/
Site du 80ème congrès de l'UNEF :
ttp://www.unef100ans.fr/index.html
Site du Groupe d'Études et de Recherche sur les
MouvementsÉtudiants (GERME) :
http://www.germe.info/
Site de la mission CAARME (Centre d'Animation,
D'Archives et de Recherches sur les Mouvements
Étudiants) : http://www.caarme.fr/
Site du Conservatoire des Mémoires Étudiantes (CME) :
http://www.cme-u.fr/index.php
L’Émancipation syndicale et pédagogique - 14/05/2008