École quatre langages

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École quatre langages
Pour une école des quatre langages
ou quatre intelligences
Maryse Métra
28 février 2015
Table des matières
Prise en compte de l’expression et de la diversité des intelligences ........................................................................ 2
Les intelligences ont leur langage… ......................................................................................................................... 2
L’intelligence des relations ...................................................................................................................................... 4
L’intelligence des situations ..................................................................................................................................... 5
L’intelligence des réalisations .................................................................................................................................. 6
L’intelligence des talents ou centres d'intérêts personnels ....................................................................................... 7
L'estime de soi ........................................................................................................................................................... 7
La motivation ............................................................................................................................................................ 7
Principes fondamentaux pour les professionnels ...................................................................................................... 8
Quelques concepts de l'AGSAS qui sos-tendent l'école des quatre langages .......................................................... 8
La notion d'interlocuteur valable ................................................................................................................... 8
L'écoute tripolaire .......................................................................................................................................... 8
La notion de plus-value et de moins-value ................................................................................................... 8
La composition tripolaire d’une classe .......................................................................................................... 9
Bibliographie ........................................................................................................................................................... 11
Annexe : La théorie des intelligences multiples de Howard GARDNER.............................................................. 12
1
Prise en compte de l’expression et de la diversité des intelligences
Une école qui prenne en compte toutes les formes d'intelligence ne peut pas être élaboré par
bribe : c’est un tout , de l’école maternelle à la terminale, sans hiérarchisation.
Il faut cesser de considérer les problèmes d'échec ou de réussite scolaires de façon étroite.
Nous sommes dans la complexité. L’enfant doit rester la préoccupation absolue du système
éducatif : il doit permettre à chacun de s’épanouir, tout en acquérant une culture, un savoirêtre et des savoir-faire.
Il ne faut surtout pas oublier que chaque enfant est différent et qu’il a un rythme propre
d’acquisition. Il peut acquérir très rapidement dans un domaine, très lentement ou pas du tout
dans un autre à un moment de sa vie scolaire.
Nous verrons comment l'école des quatre intelligences tente d’apporter une réponse au
problème de l’hétérogénéité des classes.
Les intelligences ont leur langage…
La visée de l’école des quatre langages est de combiner le développement optimal de la
classe et le souci du développement des potentialités de chacun. C’est considérer la classe
comme étant pluri-nutritionnelle. C'est probablement le problème le plus important que,
respectivement la Maternelle et le Cours élémentaire, doivent résoudre.
L'école des quatre langages n'est probablement pas une panacée, mais peut prendre une
valeur considérable si elle s'articule sur une conception renouvelée du parcours scolaire.
Elle est l'une des réponses au problème que nous posent les suivistes et les marginalisés de
nos classes, et aussi les petits intellectuels qui ne développent pas les autres dimensions de
leur Moi. C’est de l’identité de l’enfant de demain qu’il est question.
La nécessité de porter un nouveau regard sur l’école s’avère de plus en plus d’actualité.
Comment aider les enfants à se réaliser dans leurs apprentissages, dans leur vie ? Comment
suivre avec eux le chemin de leur évolution ?
L’école des 4 langages, telle que l’a conçue Jacques Lévine, se définit en opposition avec le
système traditionnel qui privilégie le langage oral abstrait et le cognitif au détriment des
autres formes d’intelligences.
C’est une école multi-nutritionnelle qui favorise différentes formes d’intelligences ou
langages, et il n'y a pas de hiérarchie dans ces quatre formes de langage.
-
Intelligences des relations humaines : écoute, parole, sensibilité, comportement.
-
Intelligences des situations concrètes : résolution de problèmes, organisation de projets,
manipulations, démarche scientifique, main à la pâte, etc.
-
Intelligences des réalisations, des productions, de la mise en acte
-
Intelligence des talents et des intérêts personnels : tout ce que l’enfant connaît, sait faire et
qu’il appris en dehors de l’école.
Ces quatre langages sont de valeurs équivalentes. L'école des quatre langages est fondée sur le développement de
ces intelligences et non sur la valorisation de performances immédiates. Un bon raisonnement ne se transmet
pas, il s’apprend en se confrontant au raisonnement de l’autre.
Si la cognition se définit par l’ensemble des activités intellectuelles et des processus mentaux qui se rapportent à
la connaissance et à la fonction qui la réalise, elle prend racine dans l’activité globale du sujet. La perception, la
mémorisation, le raisonnement et la résolution de problèmes ne peuvent être isolés des différents aspects du Moi
dont nous avons parlé dans la première partie.
Si la psychologie cognitive se centre sur les stratégies mentales des sujets, elle postule qu’apprendre, c’est
comprendre. Les connaissances sont acquises selon un processus de résolution de problèmes qui recourt à une
véritable dynamique du questionnement, et qui touche au plus profond de l’identité de celui qui apprend.
Lorsque nous prenons la peine d’écouter ce que nous disent les élèves en difficulté d’apprentissage, nous
voyons combien le cognitif résonne sur leurs émotions, et réciproquement.
Bien entendu, le cognitif est sous-tendu par l’art du questionnement des situations et le sens que chaque sujet
peut y mettre. Le cognitif se construit au cours de réalisations, et il implique que les curiosités personnelles
soient suffisamment fortes. C’est pour cela que Jacques Lévine invitait les enseignants à promouvoir une école
des quatre langages où les différentes formes d’intelligence seront sollicitées pour que l’enfant puisse se
découvrir « cognitivement capable ».
L’école des quatre langages correspond à une solution de respect du pluralisme des projets de croissance. Notre
système scolaire est trop fondé sur la mono-dimensionnalité. La réussite à tout ce qui est opérations sur le
langage écrit est déterminante. Pour ces enfants qui posent très tôt des problèmes de non-adhésion au cognitif, il
est indispensable de mobiliser les capacités qui sont plus de leur domaine.
Dans une société où il y aura de moins en moins de petits métiers inintelligents, la lucidité, le réalisme, l’esprit
d’entreprise, l’adaptation à l’imprévisible, seront des qualités essentielles.
« La voie ouverte par Freinet, la prise en compte de la diversité des organisations mentales est
probablement la réponse la plus efficace. Je la traduis, pour ma part, par la notion d’ « école des
quatre langages » ou « des quatre intelligences ». En plus de l'intelligence de la parole et des textes,
l'enfant a besoin de plate-formes de réussite autres que le langage écrit abstrait. Le véritable sens du
cycle 2 devrait être de valoriser le langage des réalisations, manuelles et techniques, le langage des
relations à partir des situations de la vie quotidienne, le langage des curiosités et des talents
personnels. Le passage par ces langages, loin de détourner du savoir lire, constitue au contraire,
pour la moitié de la population scolaire, la condition d'un accès plus intelligent au monde du
savoir. Les bénéficiaires seraient ceux qui ne sont pas à l'aise, dès le CP, avec le langage écrit
abstrait, alors qu'ils seraient à l'aise avec les modes de pensée mal aimés de l'institution : la pensée
factuelle, posturale, pratique, imagée. C'est dans des activités de réalisation, de prise de décision,
d'inventivité, que ces enfants développent leurs qualités spécifiques. Si on sait les repérer et les
encourager, elles constituent des « plate-formes de réussite » à partir desquelles peut émerger un
intérêt plus authentique pour le cognitif traditionnel.
Encore faut-il rompre avec une conception médiévale, aristocratique de la culture, qui dévalorise, en
tant que forme « roturière », l'intelligence constructive et réalisationnelle. « On croit, écrit un
enseignant de classe de technologie, que l'homme qui porte un bleu de travail ne pense pas et que
celui qui porte une blouse blanche réfléchit... Beaucoup de jeunes découvrent l'utilité du théorème
de Pythagore, à genoux, en montant brique à brique des murs à angle droit, alors que d'autres
auront d'abord besoin de théoriser avant de découvrir les applications pratiques de ce théorème...
Le contact sensoriel avec les éléments, le toucher de la matière, est une des composantes de «
l'intelligence concrète », et ce qui donne envie d'apprendre, c'est la fierté d'avoir fabriqué un objet
devant lequel on dira : Mais qui a fait ça ? »
(Considérations sur les notions de panne, de déparentalisation, de nouveau peuple scolaire. Interview par
Giancarlo ONGER.
L’intelligence des relations
C’est l’écoute, la parole, le regard, la sensibilité, le comportement. Cette forme d’intelligence correspond à la
nécessité de relations groupales plus maîtrisées.
Elle implique une capacité d’identification à l’autre, pour comprendre les raisons de ses conduites. Il n'est pas
normal que la violence, à l'école et ailleurs, l'individualisme forcené, le spectacle des injustices et de la misère,
de même que les petits et grands exploits, ne fassent pas l'objet d'échanges en profondeur, reliés, d'ailleurs, aux
réflexions des grands auteurs sur les mêmes sujets.
Le langage relationnel correspond à la nécessité, pour les enfants de l'an 2000, de moins
s'égarer dans des batailles stériles, d'organiser des relations plus constructives, de pouvoir
faire face à des situations inattendues, avec une meilleure aptitude à l'analyse et à la
recherche de stratégies appropriées.
Le langage des relations est articulé aux langages des situations et des réalisations.
La place de la civilisation et de la barbarie est en jeu dans de tels échanges :
• prendre en compte le point de vue de l'autre
• s'interroger sur soi et sur ses propres conduites
• aptitude à gérer les conflits, à les verbaliser, à trouver des solutions
• se pencher sur les grands problèmes de la vie.
Le "quoi de neuf " est un outil qui favorise le développement de l'intelligence des relations
humaines et des intérêts personnels. C'est un moment qui permet le partage des expériences et
des vécus personnels au sein du groupe classe et qui a pour but de faciliter les interactions
entre les élèves. Chaque élève peut, s'il le désire, prendre la parole une fois et intervenir sur un
seul sujet. Il écoute ensuite les remarques que ces camarades peuvent faire en écho à ses
propos et répond à leurs éventuelles questions.
Au « quoi de neuf » et au « conseil de classe », il faut ajouter des outils comme les « ateliers
de philosophie AGSAS-Lévine », les « ateliers psycho-Lévine » et les « ateliers
d’interrogation collective », qui sont des moments où l'enfant se met en position de penser aux
grands problèmes de la condition humaine. C’est ce qui va permettre aux enfants de faire
face aux conflits et à « l’autrement que prévu ».
L’intelligence des situations
C'est le cognitif, mais un cognitif intelligent, qui consiste à former à une approche intelligente du
langage écrit. C’est l’intelligence de la parole orale ou écrite de l’autre, ce qui revient à l’art d’analyser les désirs
et pensées que l’autre veut transmettre, donc d’entrer en dialogue imaginaire avec lui, au-delà du texte qu’il nous
propose. Actuellement, le choc avec le déchiffrement et l’abstraction sont des facteurs de dysfonctionnement et
quantité d’enfants s’en trouvent pénalisés au collège.
Toutes les considérations sur les vertus de telle ou telle méthode sont mineures par rapport
à la nécessité d’aborder la lecture puis le langage écrit abstrait par la médiation de
l’intelligence des situations. Jacques LEVINE insistait sur l'idée que l'enfant dès la
Maternelle et dans sa famille, doit être entraîné à l'intelligence des situations, au dialogue
avec les idées de l'autre, au questionnement sur la nature de ses désirs. Car lire implique un
travail très subtil d'interprétation de la pensée de l'autre - l'émetteur du texte - et implique
un contrôle de soi en tant que récepteur soucieux de la valeur de ses hypothèses sur les
messages de l'émetteur. Lire implique un «imaginaire du cognitif », un travail où la plus
grande fantaisie sur le sens doit être suivie d'un tri rigoureux pour retrouver la cohérence
du message. Freinet avait pressenti que le travail coopératif, la correspondance, les plus
humbles métiers de la classe, toutes les activités où nous nous interrogeons sur le sens des
situations, non seulement ne sont pas étrangères aux apprentissages, mais les préparent.
Freinet accordait une grande importance à l'intelligence des situations quotidiennes, y
compris les plus banales. Effectivement «l'intelligence des situations» est à la base de
toutes les connaissances. La physique n'est pas seulement la physique, le français, pas
seulement le français. C'est l'intelligence des situations appliquée aux problèmes, tant
concrets que théoriques que posent la physique, le français et toutes les autres matières. La
physique n’est pas seulement la physique, le français pas seulement le français, c’est
l’intelligence des problèmes concrets et théoriques que posent la physique, l’orthographe,
la grammaire, la littérature, le calcul et toutes les autres matières.
L’intelligence des situations ou langage cognitif, mobilise des aptitudes à
• explorer des situations
• penser et à anticiper les problèmes
• verbaliser et résoudre les problèmes
• se situer dans l’espace et dans le temps
• comprendre le monde matériel
• s’inscrire dans une culture.
C’est l’intelligence de l’intelligence, la réflexion qui accompagne ce que nous sommes en train de faire.
L’intelligence des réalisations
Il convient de ne pas oublier que, pendant des millénaires, l’intelligence ultra majoritaire a été celle des ouvriers
et des artisans. Ils apprenaient en s’imprégnant du savoir-faire des autres. On se construit en construisant.
L’enfant a besoin de se regarder dans le miroir de ses œuvres pour y lire sa valeur. Pour les enfants « concrets »
qui sont probablement majoritaires, la réalisation pratique est le moyen naturel d’accéder à la pensée abstraite.
C’est le meilleur moyen de la valoriser.
Célestin FREINET avait compris combien il est important pour l'enfant de réaliser des
projets tangibles, surtout collectifs, qui lui donnent le sentiment d'être quelqu'un qui
apporte à la collectivité et à soi-même.
L'enfant a besoin d'un statut de producteur, de réalisateur. Il a besoin de se regarder dans le
miroir de ses oeuvres pour y lire sa valeur. Pour les enfants à organisation mentale à
dominance concrète, la réalisation manuelle, technique est le moyen naturel d'accéder aux
savoirs et à la pensée abstraite. Et elle fait partie du processus de socialisation, dans la
mesure où toute production exige le respect des normes.
Par sa production, l’enfant révèle une partie de ce qu’il vit, de ce qu’il est. Il s’agit de permettre la mise en place
de projets dans lesquels l’enfant va se sentir producteur efficace. C’est, entre autre :
• utiliser les langages oral, écrit, plastique, musical…
• faire preuve d’initiatives, d’habiletés manuelles ou motrices
• pouvoir faire face à l’imprévu
• pouvoir apporter une contribution personnelle
Il existe fréquemment une rupture entre la maternelle et le primaire. Plus l’enfant grandit, plus
l’école privilégie le langage écrit abstrait. L’espace de production se réduit alors à la feuille de
papier et le crayon est l’outil principal. L’école primaire met alors en difficulté les élèves qui
ont besoin d’apprendre en manipulant, en construisant.
La production est le moteur des autres langages : elle enclenche les relations avec les pairs et
le maître pendant et après, L'intelligence des réalisations s’accompagne de l’intelligence des
situations, elle permet d’éprouver du plaisir ou du déplaisir, elle permet de rechercher ses
talents personnels. La réalisation n’est plus une fin en soi. Elle permet de travailler avec ses
camarades, de réfléchir en faisant, de montrer de quoi on est capable aux autres et d’exposer
ses talents.
Par sa production un enfant révèle une partie de ce qu’il est, de ce qu’il vit. À travers elle, il
va se livrer, donc s’exposer. Il en prend conscience à l’école. Au groupe et à l’enseignant de
faire en sorte que cette présentation ne le bloque pas, mais renforce l’image positive qu’il
construit de lui-même.
L’intelligence des talents ou centres d'intérêts personnels
C’est l'intelligence de l’inventivité ludique, des curiosités scolaires ou extrascolaires et des talents personnels
(corporels, scientifiques, esthétiques, domestiques). Il s’alimente d’intérêts souvent extra scolaires sur les
poissons, l’Egypte antique, les secrets de la vie amoureuse, les coulisses du sport ou du monde de la finance… Il
engage dans une inventivité artistique, manuelle, technique, qui permet au sujet de se sentir en découverte de soimême et en expansion. Ce langage est aussi la prise de conscience de la diversité, de l’utilité de
chacun. C’est l’apprentissage de la citoyenneté. On peut même se demander si la société
n'irait pas mieux si les adultes changeaient de temps en temps de métier !
Là encore, la démarche de « la main à la pâte » propose beaucoup de situations de recherches
où chacun peut révéler en quoi il est capable d’organiser, de commander, d’être minutieux,
d’être inventif, etc.
Les enfants peuvent exceller dans des domaines variés : bricolage, qualité du service,
imagination, etc. C’est à l’enseignant de veiller à la variété des activités pour que se révèlent
des talents qui peuvent par ailleurs être utiles aux autres, les surprendre aussi. Quand on a un
don, voire simplement une possibilité, qu’on aime quelque chose, n’est-ce pas un devoir d’en
faire profiter soi-même et les autres ?
J’ajouterai au langage des curiosités et des talents personnels le fait de trouver quelque chose
qu’on aime faire ; qu’importe alors le résultat ! Encourager l’enfant qui aime peindre, qui
aime le sport, qui aime cuisiner, c’est lui donner de la valeur, c’est donner plus de sens à sa
vie et le faire grandir.
Il s’agit de mettre en évidence les talents de chacun et de les mettre en valeur. C’est aussi :
• s’ouvrir aux savoirs en acceptant la culture
• prendre conscience de la diversité de chacun
• apporter en classe ce qu'on a fait et appris en-dehors de l'école…
Il y a là une présentification du réel, faire ensemble quelque chose et en parler.
L'estime de soi
L'école des quatre langages ou intelligences mutiples va permettre à l'enfant ou l'adolescent d'avoir une meilleure
estime de soi, car nous valoriserons ses compétences. Une image de soi positive permet une adhésion plus forte
aux apprentissages.
Voir la pyramide des besoins de Maslow.
La motivation
Nous penser que l'école des quatre langages peut permettre aux élèves et aux enseignants de passe du camp des
démotivés à celui des motivés !
Principes fondamentaux pour les professionnels
Alors que Josse Annino organisait à l'IUFM de Lyon des stages de trois ou quatre semaines
sur l'école des quatre langages, des collègues avaient rédigé une charte avec les valeurs et les
principes fondamentaux qui sous-tendent les pratiques professionnelles au quotidien pour une
conception de l'école des quatre langages :
•
Garder toujours un regard positif sur chaque enfant
•
Instaurer des relations maître-élèves et élèves-élèves plus éducatives.
•
Rendre les enfants curieux
•
Permettre aux enfants d’être plus impliqués dans la vie de la classe, de participer
aux prises de décisions, d’être plus actifs.
•
Permettre aux enfants d’être reconnus socialement dans la classe et dans leur
famille.
•
Prendre du recul par rapport à la classe pour être moins blessé par les échecs, plus
assurés des réussites à venir, et mieux faire face aux problèmes.
•
Travailler en équipe pour s’enrichir et se soutenir mutuellement, être solidaires
face aux difficultés du métier.
•
Éprouver du plaisir à venir à l’école.
•
Avoir un sentiment de compétences.
Quelques concepts de l'AGSAS qui sos-tendent l'école des quatre
langages
La notion d'interlocuteur valable
Solliciter toutes les formes d'intelligence fait vivre à chaque enfant ou adolescent que nous le
considérons comme interlocuteur valable, que nous reconnaissons tous les talents, dans leur
diversité. Il en va de même pour les parents.
L'écoute tripolaire
Penser que derrière ce que chaque enfant ou adolescent donne à voir de sa partie accidentée, il
y a des plate-formes de réussite, permet de se lettre dans une perspective de futurisation.
La notion de plus-value et de moins-value
Penser les évaluarions en fonction des différentes formes d'intelligences au lieu de traquer les
manques, permet de valoriser les réussites et de remettre chaque enfant ou adolescent dans
une dynamique de croissance.
La composition tripolaire d’une classe
La question pour nous sera de faire le lien entre l'école des quatre langages et ce que Jacques Lévine nous sisait de la
composition tripolaire d’une classe. Selon lui, ces trois groupes existent dde la maternelle jusqu’à
l’université.
Les codirigeants
Groupe de codirigeants ou
indépendants actifs
(25 à 30%)
ils sont dans la
progrédiance, ils vont
de l’avant
Ces élèves bénéficient d'une priorité de fait par les enseignants.
Ce sont des gagneurs, des élèves qui adhérent au type d'affiliation que propose la
classe.
Sentiment d’appartenance.
Sentiment d'être du même bord que l'enseignant pour le langage, les curiosités, le sens
donné à la scolarité, la sociabilité, la façon d'analyser les problèmes.
Ils saisissent d'instinct ou après analyse rapide où l'enseignant veut en venir et
comment il procède.
Les indépendants actifs font partie de ce groupe des dirigeants. Le langage écrit est
l'un des domaines dans lequel ils investissent leur Moi.
Ce sont des enfants qui ne posent pas de problème aux enseignants et qui leur donnent des
satisfactions. Ils montrent que venir à l’école a un sens, ça leur apporte quelque chose.
Ce sont des enfants qui connaissent les règles du jeu, qui co-dirigent la classe avec l’enseignant. Ils
ont des projets de vie qui dépassent le moment, l’instant et même quand ils sont tout petits, ils ont
des habitudes de co-habitation dans la famille qui font que l’objectif est plus important que ce qui
est en train de se passer. Lorsqu’il y a un incident, ils voient au-delà de celui-ci une raison d’être
ensemble. Donc, ils maintiennent avec vous la classe.
Ce groupe d’enfants se caractérise par :
• L’adhésion au type d’affiliation que propose la classe
• Le sentiment d’être du même bord que le maître pour le langage, les curiosités, le sens donné à la
scolarité, la façon d’analyser les problèmes
Ils ont déjà cela, en venant de la maison. Il y a là-dedans des petits ingénieurs, des petits
intellectuels, des gosses qui savent comment on décortique une situation. Alors ils sont du même
bord que vous, à vos côtés.
Les suivistes
On peut diviser ce groupe en deux catégories :
a) des « pourraient mieux faire » mobilisables qui pourraient devenir des co-dirigeants
b) des « pourraient mieux faire » qui sont dans une sorte de pesanteur, de routine, et qui deviennent
des suivistes. C’est-à-dire qu’ils imitent, font comme les autres ou bien font des choses assez
superficiellement, assez artificiellement.
Ils ont un désir d’appartenance au monde du langage écrit mais avec un moi identitaire qui doute et
un moi cognitif insuffisamment prêt.
9
Groupe des Suivistes
ou « Pourraient mieux
faire »
(40%)
Personne ne se préoccupe vraiment des suivistes alors qu'ils sont
majoritaires dans une classe. Le malentendu majeur consiste à
considérer les comportements suivistes comme étant de la
responsabilité de l'enfant.
Ces élèves procèdent par picorage d'éléments, avec un recours à la
entre progrédience et mémoire mécanique, par imitation de ce que font les autres, avec une
régrédience, ces enfants sous-utilisation de la pensée qui établit des liens, qui interroge, qui
s'arrangent pour donner le explore, qui analyse.
Désir d'appartenance au monde du langage écrit, mais avec un Moi
change
identitaire qui doute et un Moi cognitif insuffisamment prêt.
Tous les suivistes ne se ressemblent pas, même s'ils ont fonctionné sur
le mode de la mauvaise rencontre, de l'inattendu troublant, de
l'autrement que prévu. Chacun subit les effets de quatre grands facteurs
:
- - les inégalités de rythme et d'organisation du développement
intellectuel
- - les conditionnements socioculturels
- - les images qu'il forme de lui et des autres
- - sa capacité à neutraliser, ou pas, ses conflits affectifs.
Les opposants
Groupe des opposants
ou
des marginalisés
(10 à 15%)
ils sont régrédiants,ils
n'arrivent pas à suivre le
peloton.
Ils se sentent séparés par un trop grand fossé de la demande
scolaire. L'outil premier est le corps avec sa sérénité ou son
agitation, ses moyens de défense ou d'attaque, le cri ou la noncommunication.
Persistance des pulsions d’emprise symbiotique, mégalomane,
oedipienne. Vécu submergeant des problèmes familiaux
ou auto-parentalisation trop précoce.
Ces enfants sont marginalisés la plupart du temps, parce qu’ils ne sont pas assez construits et qu’on
leur demande un niveau de construction du moi et du cognitif qui n’est pas le leur. On a le droit
d’avoir son rythme, on a le droit d’avoir ses retards par rapport aux autres.
On leur demande également d’avoir un moi qui soit un moi de pactisation, un moi d’adhésion, alors
que très souvent, ce sont des enfants qui, sur le plan cognitif, sont parfaitement intelligents mais qui
sont en « non-adhésion».
C’est le problème du sentiment de « désappartenance » qu’ont beaucoup d’enfants de cette
catégorie des opposants, des marginalisés. Ils sont des enfants qui viennent déjà avec l’idée, ou bien
que dans leur famille ils n’ont pas leur place, ou bien que la famille n’a pas sa place dans la société.
Ils viennent avec un sentiment de différence, et ils ne le laissent pas comme ça, ils ne l’acceptent
pas, c’est-à-dire qu’ils réagissent en se donnant encore plus de différence
10
Bibliographie
ASTOLFI J.P.
L’école pour apprendre
ESF
ASTOLFI J.P.
L’erreur, un outil pour apprendre
ESF
BOIMARE S.
L’enfant et la peur d’apprendre
DUNOD
BRUNER J.
Le développement de l’enfant, savoir dire, savoir faire
PUF
CHARLOT B.
École et savoir dans les banlieues...et ailleurs
A.COLIN
GARDNER H
Les intelligences multiples
Retz
IMBERT
Médiations, institutions et loi dans la classe
ESF
LEVINE J.
Pour que les élèves apprennent à l’école
Voies livre
LEVINE J. et coll
Je est un autre, Pour un dialogue pédagogie-psychanalyse
ESF
LEVINE et DEVELAY Pour une anthropologie des savoirs scolaires
ESF
MEIRIEU Ph.
Apprendre...oui, mais comment
ESF
MEIRIEU Ph.
Frankenstein pédagogue
ESF
METRA M.
La première rentrée, Les enjeux d'une prévention précoce…
EAP
PERRENOUD Ph.
La pédagogie à l’école des différences
ESF
PERRENOUD Ph.
Enseigner, Agir dans l’urgence, décider dans l’incertitude
ESF
WINNICOTT D.W
Jeu et réalité, l'espace potentiel.
Gallimard
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Annexe : La théorie des intelligences multiples de Howard GARDNER
Nous avons bien compris que ’individu est bien plus que la somme des intelligences que vous mettez en évidence, il y a
une synergie qui permet de faire face à bon nombre d’événements de la vie scolaire et sociale.
Howard GARDNER dans un ouvrage paru chez Retz (1996) nous présente "Les intelligences multiples", qu'il a mises
en évidence en étudiant les lésions cérébrales. Son approche théorique est différente de la votre, mais vous vous
rejoignez en soulignant la nécessaire diversité des plateformes de réussite. Selon lui, l'intelligence se présente sous sept
formes au moins : verbale, logico-mathématique, spatiale, musicale, corporelle, interpersonnelle et intrapersonnelle.
Chacune d'elles est autonome, indépendante des autres. Les individus développent ces différentes formes à un niveau
plus ou moins grand, les différences interindividuelles sont très variables, mais essentiellement deux sont prises en
compte et développées à l'école élémentaire : la verbale et la logico-mathématique ; pourtant toutes servent au
développement intellectuel du sujet. Il importe donc de ne pas trop privilégier les unes ou les autres à l'école maternelle,
mais de les valoriser toutes.
L'intelligence verbale :
L'aire de Broca, zone du cerveau, est le lieu de production des constructions grammaticales. Des lésions de cette zone
entraîne de grandes difficultés pour le sujet à former une phrase un peu complexe, alors que ses autres fonctions
mentales seront préservées.
L'intelligence logico-mathématique :
C'est ce que nous appelons "l'intelligence", le raisonnement logico-mathématiques constituant la base des tests pour
établir un QI.
L'autonomie de cette forme d'intelligence a été mise en évidence par des "idiots savants", capables d'exploits en matière
de calcul tout en étant très déficients dans d'autres domaines.
L'intelligence spatiale :
C'est l'hémisphère droit du cerveau qui gouverne les processus spatiaux, et des lésions des zones postérieures de cet
hémisphère altèrent le sens de l'orientation.
L'intelligence musicale :
L'autonomie de cette intelligence a été mise en évidence par le fait que certains enfants autistes étaient capables de très
bien jouer d'un instrument, par exemple.
L'intelligence corporelle ou kynesthésique
C'est l'intelligence qui favorise une utilisation précise de son corps pour effectuer tel ou tel geste (sportifs, artistes,
artisans…)
L'intelligence interpersonnelle :
C'est l'intelligence des personnes intuitives, elles sont très sensibles aux réactions des autres. Le lobe frontal joue un rôle
majeur dans cette compétence.
L'intelligence intrapersonnelle :
C'est l'aptitude à une connaissance introspective de soi, à la capacité d'analyser ses émotions et ses sentiments pour
mieux orienter son comportement. Les lobes frontaux sont très actifs dans cette intelligence. Des lésions de la partie
inférieure des lobes frontaux peuvent provoquer de l'irritabilité, de l'euphorie, alors que des lésions de la partie
supérieure des lobes frontaux peuvent provoquer plutôt de l'indifférence, de l'apathie.
H.GARDNER a émis l'hypothèse de deux autres formes d'intelligence :
L'intelligence naturaliste :
Elle concerne la capacité de reconnaître telle ou telle plante, tel animal… comme DARWIN !
L'intelligence existentielle :
C'est la capacité humaine de poser des questions sur les problèmes fondamentaux de l'existence, mais bien que
constatant cette forme d'intelligence chez un certain nombre de sujets, GARDNER ne la retient pas encore car il n'a pas
encore de preuves concernant sa base neurologique.
Pour autant, les faut garder une approche globale du sujet. Ces différentes formes d’intelligence ne sont pas à aborder
d’un point de vue parcellaire, fragmenté, mais doivent vise la multidimensionnalité du sujet.
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