Région | Le meuble vosgien broie du noir

Région | Le meuble vosgien broie du noir - Le Républicain Lorrain
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publié le 19/11/2012 à 05:00
ÉCONOMIE I LE GROUPE PARISOT EN DIFFICULTÉ
L’avenir incertain du groupe Parisot et des 388 emplois de son site MVM à Mattaincourt (Vosges), assombrit un peu plus l’horizon de
l’industrie du meuble. Laquelle emploie en Lorraine 2 800 salariés dans 600 entreprises.
Depuis le placement en redressement judiciaire de MVM, ses 388 salariés sont inquiets. Photo DR
Garder, coûte que coûte, le moral. Depuis le salon parisien Equip’Hôtel où il est venu glaner les dernières tendances d’un marché plutôt frileux, Dominique
Weber, patron de Weber Industries, n’entend rien céder à la sinistrose ambiante : « Nous traversons une crise à la fois conjoncturelle et structurelle. À nous
d’être capables du sursaut qui nous permettra de relever les défis qui se posent à la profession. »
Depuis juin qu’il assume la présidence du Pôle lorrain de l’ameublement bois (Plab), l’industriel supervise une filière en pleine tourmente. En deux ans,
liquidations et plans sociaux ont jeté sur le carreau des centaines de salariés. Dans les Vosges, la crise frappe plus particulièrement le secteur du meuble de
cuisine et du mobilier en kit : 250 salariés licenciés chez Manuest en janvier 2010. Au même moment, 126 salariés perdent leur emploi chez ECB à
Poussay.
La liquidation de l’enseigne Vogica entraîne la disparition d’un millier d’emplois et provoque, en janvier dernier, la chute de Nevelt et de ses 144 salariés à
Mattaincourt, filiale du groupe Parisot… Il y a quelques jours, c’est l’usine voisine MVM (Manufacture vosgienne de meubles), autre filiale de Parisot dans
la commune, qui est placée en redressement judiciaire. Là, ce sont 388 salariés qui se retrouvent dans l’incertitude. Propriété de la holding Windhurst
Industrie, le groupe de meubles Parisot, majoritairement implanté en Haute-Saône, fait l’objet d’une procédure de sauvegarde.
L’inquiétude gagne aussi les deux sites franc-comtois : celui de la SAS Parisot à Saint-Loup-sur-Semouse (650 salariés) et la Compagnie française du
panneau (CFP) à Corbenay (210 salariés).
Reprendre du poil de la bête
En concentrant près de 60 % des emplois lorrains de ce secteur, l’ouest vosgien subit la crise de plein fouet. De quoi plomber davantage un département
dont la vocation industrielle l’expose particulièrement aux défaillances de l’économie.
S’il ne représente que 16 % de l’emploi régional, le département n’en est pas moins celui qui concentre le plus fort taux de perte d’emplois. Dominique
Weber refuse pourtant de se laisser submerger par la vague. De sa reprise, en février 2011, de Manuest (aujourd’hui 147 salariés et 49 M€ de chiffre
d’affaires), il a acquis la certitude d’une adaptation possible de l’outil industriel. « On est dans un changement de modèle. Il faut être capable de proposer
des séries plus courtes, de les renouveler, de faire appel à des réseaux de compétences, des designers. Ça n’est pas parce que deux entreprises sont à 25 km
l’une de l’autre qu’elles vivent la situation de la même façon. » Le patron lorrain en est persuadé, pour reprendre du poil de la bête et casser la baraque,
l’industrie du meuble doit faire sa révolution à l’instar du renouveau opéré en Allemagne ou en Italie.
« Il faut mutualiser les moyens de production et la commercialisation, notamment pour les entreprises de petite taille insuffisamment dotées en capitaux.
Les voies d’avenir se situent dans la grande distribution et le luxe », assure le président du Plab. Lequel s’appuie sur sa propre expérience : « Il y a vingt
ans, avec mon frère, nous sommes partis en Roumanie créer des emplois ex nihilo sans en détruire ici. Aujourd’hui, 550 salariés y travaillent sur des
productions low cost à destination de la grande distribution. »
Manière d’insister sur la nécessité de faire jouer, plus que jamais, la complémentarité des activités et des marchés.
Xavier BROUET.
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20/11/2012 10:23