22 - Andy Warhol - Petites histoires d`artistes

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22 - Andy Warhol - Petites histoires d`artistes
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ANDY WARHOL (1928-1987)
Images à gogo
New York, 1964. Les artistes new-yorkais s’emparent de la frénésie de consommation de leurs contemporains…
Quand on se promenait dans les rues de New York au début des années 60, on se retrouvait tout de suite plongé dans
la société de consommation. La publicité avait envahi l’espace public, des musiques populaires s’échappaient de
tous les transistors, les vitrines de néon exposaient des aspirateurs, des réfrigérateurs et des machines à laver, et
partout les postes de télévision enchainaient des programmes de divertissement.
Dans les kiosques à journaux, les magazines étalaient leurs couvertures bariolées, répétant les mêmes événements,
historiques ou anecdotiques, avec le même traitement tapageur. Les nouveaux procédés de reproduction en couleurs,
comme la quadrichromie, avaient totalement transformé le travail des graphistes et des publicitaires.
Claes Oldenburg :
Grille-pain mou, 1964.
Roy Lichtenstein :
In the car, 1963.
Même l’art était descendu dans la rue. A Manhattan, le sculpteur Claes Oldenburg avait loué une petite boutique où
il exposait ses dernières créations comme de vulgaires objets de consommation courante.
Non loin de là, Roy Lichtenstein exposait chez Leo Castelli ses agrandissements de bandes dessinées.
Dans la 47e rue, Andy Warhol venait d’installer son atelier, la Factory, dans un ancien entrepôt industriel.
Il terminait avec son équipe de graphistes une nouvelle affiche pour le magazine Vogue.
En quelques années, Andy Warhol était devenu l’un des artistes publicitaires les plus en vue de New York.
Copyright : Sylvie Léonard – Petites histoires d’artistes – 2012
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C’était un grand jeune homme flegmatique, étonnamment maigre et pâle, qui trainait sa carcasse de vieil adolescent
et sa tignasse argentée dans toutes les soirées branchées. Il était toujours entouré d’une cohorte de copains, de
collaborateurs, d’admirateurs, de pique-assiettes et sa Factory ne désemplissait pas.
Andy Warhol :
Autoportraits, 1967.
Les fêtes succédaient aux fêtes, on y tournait des films, on y faisait de la musique, on y buvait, on y fumait, et les
gens disaient à New York qu’il suffisait de participer à ces soirées pour devenir une superstar.
Pour réaliser ses affiches, Andy Warhol utilisait un procédé très simple qui lui permettait d’obtenir rapidement un
résultat spectaculaire : il décalquait une photo sur un transparent plastifié, repassait ses contours avec des encres
d’imprimerie et reportait le tout sur un papier buvard. C’était un truc très employé, mais la plupart des illustrateurs le
faisaient en cachette. Andy, lui, ne s’en cachait pas et il utilisait même ce procédé pour faire des tableaux.
Andy Warhol :
Boîte de soupe Campbell, 1962.
8 boîtes de soupe Campbell, 1962.
210 bouteilles de Coca-Cola, 1962.
Ce qui l’intéressait dans ce processus, c’était les petits accidents aléatoires provoqués par les manipulations : les
minuscules bavures, les légers glissements, les débuts d’effacements, les subtiles décalages... Il avait commencé à
décliner en séries les objets les plus courants de la vie quotidienne comme des boîtes de soupes Campbell ou des
bouteilles de Coca Cola, renvoyant ainsi le spectateur-consommateur à une sorte de monstrueux miroir grossissant.
Copyright : Sylvie Léonard – Petites histoires d’artistes – 2012
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Depuis qu’il s’était installé à la Factory, Andy Warhol consacrait tout son temps à Marylin Monroe. L’actrice était
morte, au mois d’août 1962, et Andy gardait un souvenir très fort de leurs brèves rencontres. Pour les portraits de
Marilyn, il utilisait la sérigraphie, qui lui permettait de reproduire des images en grandes dimensions. En reportant
sur un écran de soie une photo découpée dans un magazine, il pouvait répéter à l’infini la trame de son visage,
conservant soigneusement toutes les imperfections des encrages successifs.
La star, affublée de couleurs acides, sombres ou criardes, agressives ou délavées, étalait un sourire figé dans toutes
les galeries de la ville, perdant, à chaque nouvelle exhibition, un peu de sa présence et de sa réalité.
L’homme qui avait su faire des marchandises une œuvre d’art faisait maintenant de ses œuvres d’art une
marchandise. Mais les images que sa Factory produisait devenaient immédiatement des icônes célèbres, aussitôt
imitées par les graphistes, les stylistes, les décorateurs et les publicitaires.
Andy Warhol :
Triple Elvis, 1962.
Nine Marilyn, 1967.
Mao Tsé-Toung, 1972.
Andy Warhol peignit des séries de portraits sur les personnalités les plus populaires de son époque, Elvis Presley,
Liz Taylor, Jackie Kennedy, Mao Tse Toung, Che Guevara, et même la Joconde et la chaise électrique…
A force de peindre des idoles mythiques, Andy était devenu lui-même, la fin des années 60, une véritable star
mondiale. On le surnommait Le pape du Pop Art.
Et quand, en 2007, vingt ans après sa mort, Barack Obama se présenta à la présidence des Etats-Unis, c’est encore à
son œuvre que faisait référence l’affiche de la campagne qui fit le tour du monde.
Copyright : Sylvie Léonard – Petites histoires d’artistes – 2012

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