Production artificielle de naissains d`huitre creuse Crassostrea gigas

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Production artificielle de naissains d`huitre creuse Crassostrea gigas
Journée Nationale sur la valorisation des résultats de la Recherche
dans le domaine de la Pêche et de l’Aquaculture
Sidi Thabet, le 6 juin 2014
Production artificielle de naissains d’huitre creuse Crassostrea gigas :
résultats de collaboration avec 10 fermes conchylicoles installées
dans la lagune de Bizerte
CHALGHAF M., BELLAKHAL FARTOUNA M., JLASSI E., BELLAKHAL M.,
KSOURI J., & MISSAOUI H.
Institut Supérieur de Pêche et d’Aquaculture de Bizerte
RESUME
En Tunisie, l’activité conchylicole remonte aux années soixante avec principalement l’élevage
de Moule Mytilus galloprovencialis et de l’Huître creuse Crassostrea gigas. La Moule, étant
une espèce autochtone et se reproduisant naturellement dans le milieu, le captage naturel est
à la base de l’activité mytilicole; alors que pour l’huître creuse, l’import de naissains du Japon
au début et de la France par la suite était la règle jusqu’en 2009.
Un projet de coopération Tuniso-Coréen était à l’origine de la maîtrise de la production
artificielle de naissains d’huître. En effet, une écloserie de bivalve a été installée à l’Institut
supérieur de Pêche et d’Aquaculture de Bizerte.Quatre cycles de production ont été réalisés
et la production a été mise en grossissement dans la lagune de Bizerte en collaboration avec
les conchyliculteurs (10 fermes).
MOTS CLES : Crassostrea gigas, Naissain, Ecloserie, production artificielle, conchyliculture
:
.
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Journée Nationale sur la valorisation des résultats de la Recherche
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Sidi Thabet, le 6 juin 2014
INTRODUCTION
En Tunisie, l’activité ostréicole remonte selon Azzouz, (1966) au début du siècle dernier. Dridi et al.,
(2008) ont rapporté que Laffitte et ses collaborateurs ont obtenu en 1885 des résultats intéressants suite
à leurs essais d’élevage de l’huître autochtone Ostera edulis et ce dans l’oued Sourrak au sud de Gabès.
Un ostréiculteur Breton a entrepris, en 1900, d’autres essais à l’oued Sourraketaux iles Kerkennah
et ce pour l’espèce Ostrea edulis.
La production moyenne a connu des fluctuations autour de 12 tonnes; en effet, elle dépend jusqu’à nos
jours de l’importation de naissains de la France ce qui constitue un handicap économique majeur surtout
que des mortalités massives sont enregistrées. C’est dans l’objectif d’acquérir une autonomie complète
de l’élevage de l’huitre creuse Crassostrea giags que le projet de transfert de technologies entre la Corée
du Sud et la Tunisie a vu le jour pour permettre aux tunisiens de profiter de l’expérience coréenne
et de maitriser la production de naissains d’huître creuse en écloserie. Une Collaboration de Recherche
Développement entre l’Institut Supérieur de Pêche et d’Aquaculture de Bizerte et l’ensemble
des Conchyliculteurs privés installés dans la lagune de Bizerte a été établie.
MATERIEL ET METHODES
L’huitre creuse se présente comme étant une espèce de forme allongée. La coquille bivalve (Figure 1)
protège un corps mou comprimé latéralement. Ce dernier englobe les différents tractus ou organes
permettant de remplir les différentes fonctions vitales de l’animal (Chávez-Villalba, 2002; Dridi
et al.,2008; Lubet et al., 1991; Helm et al., 2006; Le Moullac, 2008 ; Bacca, 2007).
Les géniteurs utilisés proviennent de la lagune de Bizerte. Les conditions et la durée de la stabulation
et du conditionnement des géniteurs varient en fonction de l’état de maturité des gonades.
Les reproducteurs sont placés dans des casiers en plastique dans l’enceinte d’élevage (Figure 2)
jusqu’à la date de l’induction de la ponte. Un contrôle de la température et de la photopériode est
effectué. La technique de ponte adoptée est celle du choc thermique (Helm et al, 2006).
Fig.1 : Illustration de la coquille et Anatomie de l’huitre creuse Crassostrea giga
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Les larves D sont récupérées 24 heures plus tard puis transférés dans un autre bassin (Température
26°C). Une bonne aération est nécessaire pour éviter la sédimentation des larves. La collecte des larves
se fait au moment de la vidange des bacs (Figure 3).
Fig.2 : Conditionnement et ponte
Fig.3 : Opération de collecte des larves
Le comptage ainsi que la mensuration des larves (au moins 30) s’effectuent à l’aide d’un projecteur
de profile. Une fiche de mensuration a été préparée à cette fin. La ration alimentaire journalière varie
en fonction du stade de développement; elle est monospécifique au stade D, bispécifique aux premières
phases du stade umboné et plurispécifique par la suite (Isochrysisgalbana, Tetraselmistetrathele
et Pheodactylumtricornitum). Après la métamorphose et lorsque la taille des larves atteint 300 µm,
on place dans l’enceinte d’élevage des collecteurs qui vont jouer le rôle de supports de fixation
des naissains (Figure 4).
Fig.4 : Illustration des opérations de comptage et de mensuration et préparation des collecteurs
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RESULTATS ET DISCUSSIONS
Les différentes campagnes de production artificielle étaient fructueuses et renseignent sur la possibilité
de mener une telle activité en Tunisie. La production issue des dites campagnes était mise
en grossissement dans différents sites dans la lagune et en pleine mer en collaboration avec
10 conchyliculteurs privés. La durée totale du cycle de production en écloserie (production larvaire
jusqu'à la fixation) était de 26 jours et la production réalisée en 2012 était de 800 milles naissains
(tête d’épingle) de 5 mm de taille moyenne. L’évolution de la taille des larves d’huitre Crassostrea gigas
ainsi que le cycle de développement sont illustrés par la figure suivante (Figure 5)
Fig.5 : Cycle de production et évolution de la longueur et de la hauteur moyennes des larves
Les premières constatations relatives au grossissement en mer et dans la lagune indiquent une croissance
à caractère saisonnier (pousse automnale et printanière) en mer et en continu au niveau de la lagune
à raison de 1 cm/mois en moyenne. Les juvéniles d’huitre ont une taille moyenne de 8 cm pour
une période de grossissement de 7 mois.
Fig. : Evolution de la croissance
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CONCLUSION
Les principaux objectifs ont été réalisés à savoir la production artificielle de naissains d’huitre creuse,
tout en maitrisant la culture de Microalgues, le conditionnement des géniteurs, l’élevage larvaire
et le grossissement sur filières.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Azzouz A., 1966.Etude des peuplements et des possibilités d'ostréiculture du lac de Bizerte. Ann. Inst.
Ocean. Salammbô: 15, 65 pp.
Dridi S., M.S. Romdhaneet M El Cafsi, 2008 :Croissance et variations saisonnières de la composition
en acides gras de l’huître Crassostrea gigas cultivée dans la lagune de Bizerte, Tunisie. Belg. J. Zool.,
138 (2) : 158-169 July 2008

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