Les Gnaouas - Riad Essaouira

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Les Gnaouas - Riad Essaouira
Les Gnaouas
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Mercredi, 27 Janvier 2010 14:59 - Mis à jour Vendredi, 12 Février 2010 10:34
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Les Gnaouas ou Gnawas
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partie d'entre
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eux, des descendants
du
Il furent amenés par les anciennes dynasties qui ont œuvré à l'histoire du Maroc, de
l'Algérie et de la Tunisie, en commençant par l'empire Almohade, pour les travaux et les
bâtiments des palais et le renforcement des armées (garde noire reprise par les dynasties
marocaines suivantes).
La constitution en confréries des gnaouas à travers le Maroc s'articule autour de maîtres
musiciens (les mâallems) et/ou de rituel, d'instrumentistes (quasi exclusivement les qraqeb (ou
qrâqech) – sorte de crotales – et le guembri), de voyantes (chouaafa), de médiums et de
simples adeptes. Ils pratiquent ensemble un rite de possession syncrétique (appelé lila au
Maroc, diwan en Algérie) où se mêlent à la fois des apports africains et arabo-berbères et
pendant lequel des adeptes s'adonnent à la pratique de la transe à des fins thérapeutiques.
Le Festival des Gnaouas d'Essaouira au Maroc est un haut lieu de rassemblement annuel de
ces confréries ou écoles.
Origines sacrées
Selon de vieux et rares érudits Gnaouis, la musique et les rituels Gnawas, tireraient leurs
origines du Vaudou. Ces pratiques ont du se métamorphoser pour survivre et adopter l'islam
comme religion afin d'assurer leur continuité (de même pour leurs cousins qui ont dû adopter le
christianisme en Amérique).
Pendant la période coloniale, plusieurs chercheurs et anthropologues tentent de comprendre et
de classifier le système religieux au Maghreb. Les Gnawa sont, dès la fin du XIXe siècle,
identifiés comme une confrérie religieuse populaire dont les pratiques thérapeutiques seraient
l'héritage de cultes animistes subsahariens « importés » par des générations d'esclaves retenus
au Maghreb.
Dans le Maghreb le terme " Soudani" est utilisé pour désigner toutes les populations d'origine
subsaharienne à la peau noire et par extension " esclave ou descendant d'esclave " quel que
soit leur pays d'origine (et donc pas uniquement le Soudan ). Le terme " Abd ou Abid" signifie
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clairement " esclave ou descendant d'esclave". En effet, les travaux sur le culte des saints
maghrébins ou sur la traite négrière en terre d'islam ont tenté d'identifier la provenance de cette
communauté et de ses pratiques rituelles en explorant l'origine du mot « Gnawa ». L'explication
fournie par Maurice Delafosse en 1924, est restée pendant longtemps l'unique référence
étymologique du mot et fut adoptée par des générations de chercheurs. Selon Delafosse,
l'expression berbère akal-n-iguinaouen qui signifie pays des Noirs, aurait donné naissance au
mot Guinée et au mot « Gnawa » par ressemblance phonétique. Gnawa, signifierait donc, par
extension, homme noir ou venant du pays des hommes noirs( Afrique subsaharienne).
Toutefois, en l'absence de données historiques probantes, seules cette parenté phonétique a
permis d'appuyer l'hypothèse de l'origine subsaharienne de cette communauté et de ses rituels.
Les chercheurs contemporains admettent qu'il est difficile aujourd'hui d'identifier l'origine des
Gnawa à partir de leur nom, d'autant plus qu'ils ne sont pas tous noirs, arabes ou musulmans.
Ainsi, Il existe, au Maroc et plus précisément à Essaouira, des Gnawa berbères et des Gnawa
juifs du fait de la présence de communautés berbères et juives dans cette ville. D'autres
confréries religieuses, dites d'anciens esclaves, apparentées aux Gnawa du Maroc, existent bel
et bien mais sous des noms différents dans divers pays d'Afrique du Nord ". Les rituels des
Gnawa de Tunisie (appelés Stambali) et d'Égypte (appelés Zar), d'Algérie (appelés Diwane) ou
du Maroc (appelés Gnawa) se ressemblent sur certains points (attestant ainsi une origine
commune) et divergent sur d'autres points du fait des parcours spécifiques que ces gnawa
rencontreront dans les sociétés d'accueil au cours des siècles.
En Libye, ce genre musical existerait dans le Fezzan sous le nom de "Stambali". Ainsi, ces
rencontres et déplacements entre l'Afrique noire et blanche ne se limitent pas aux échanges de
communautés serviles mais préparent aussi progressivement l'émergence de confréries telles
que les Gnawa au Maroc, les Diwan en Algérie ou les Stambali en Tunisie et leurs autres
homologues de Libye et d'Égypte. De même que les ressemblances certaines entre les
pratiques rituelles des Gnawa et celles des confréries soufis marocaine prouvent une véritable
parenté spirituelle qui exclut la thèse d'un syncrétisme où une religion extérieure se serait
simplement accommodée à une religion dominante. Il s'agit de la constitution complexe et
progressive d'une communauté et d'une pratique religieuse, sur une longue période, par «
strates diverses et par apports semblables ».
Il est plus judicieux de parler ici, pour répondre à la question des origines de cette communauté
et de ses pratiques, d'une « synthèse », plutôt que d'une forme d'accommodation, de métissage
ou de syncrétisme.
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Musique
On parle de musique Gnaoui ( masculin singulier) Gnaouiya (féminin singulier) ou tagnaouite (
appellation berbèro-marocaine) . Gnaoua écrit aussi Gnawa est la forme plurielle.
Avec le tourisme important et les échanges artistiques entre le Maroc et l'Occident, la musique
gnawa s'internationalise grâce des influences extérieures au Maghreb tels que Bill Laswell,
Adam Rudolph, et Randy Weston, qui font souvent appel à des musiciens gnawas dans leurs
compositions.
Les rituels gnaoua portent une part de mystère et les entrées aux soirées thérapeutiques sont
confidentielles. Au Maroc, le premier enregistrement de musique gnaoua sera réalisé sur
cassettes audio en 1975.
Cette musique Gnawa enrichit les autres musiques au Maroc (dont le Rap marocain), dans le
monde ( fusion Jazz-gnawa, blues-gnawa, reggae-gnawa.....) et dans le Maghreb celle produite
par des artistes franco-maghrébins (comme Gnawa Diffusion ou l'orchestre national de
Barbès).Ainsi de grands standards de la musique Gnawa comme " Allah Allah Moulana " se
retrouvent dans de nombreuses compositions.
L'étude comparée des structures des compositions musicales des Gnawas et des musiques du
Golfe de Guinée montre des similitudes intéressantes. Au niveau rythmique, certaines
compositions Gnaouas sont polyrythmiques binaire et ternaire (rythmes ternaires superposés
sur une structure binaire de fond), et on retrouve la même structure dans les musiques du Golfe
de Guinée. Les compositions d'Ali Farka Touré, notamment le titre Sega dans l'album Talking
Timbuktu, en donnent un bel exemple. C'est là un indice de plus, sinon de l'origine "Guinéenne"
des Gnaouas, du moins de la fécondation réciproque des cultures entre les deux rives du
Sahara. Cette part africaine de la culture des pays du Maghreb est progressivement retrouvée
par les sociétés maghrebines.
Pour des raisons financières, ces Gnawa du Maroc (qui ne sont pas tous des maalems
c'est-à-dire des maitres musiciens ou de cérémonie) sortiront du rituel afin de présenter leur
musique à un public marocain plus large, s'inspirant de troupes acrobates ( auxquelles les
marocains prêtent des pouvoirs) que l'on peut voir en particulier place Jemmaa el Fna de
Marrakech ou dans les Moussem, ils vont développer et inventer des acrobaties (qui ne font
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pas partie du rituel) et enrichir leur tenue vestimentaire (habits chatoyants et coiffe avec un long
pompon sur lesquels sont cousus des gris-gris ou petits coquillages blancs) afin d'attirer,
amuser et distraire le public. En dehors d'Essaouira et avant leur renommée, Ils furent
longtemps pris pour des amuseurs public.
Au Maroc uniquement, la musique Gnaoui est également représentée depuis peu par des
groupes de femmes d'Essaouira (appelée Mqadamate féminin de maâlem). Leur musique se
fait avec des Darboka, des plateaux en métal et parfois des Crakeb mais sans le Gambri à ce
jour. Leur tenue ressemble à celle des hommes et leur danse est de forme conforme à celle du
rituel.
La notoriété musicale de la musique Gnawa du Maroc ( voir musique marocaine) sort de
l'ombre son équivalente algérienne (la musique Diwane dite Gnawa d'Algérie) qui connaît
depuis peu un regain d'intérêt (voir musique algérienne).
Il faut espérer que les festivals d'Essaouira et de Béchar auront lieu dans tous les pays où ce
genre musical existe. En Tunisie, cet art ganwa-Stambali semble bien porté par la population
alors qu'en Égypte, la musique gnawa-Zar semble mourir. En Libye, aucune production de
musique "stambali" ne nous arrive.
En acceptant l'existence de ce genre musical, les pays du Maghreb reconnaissent enfin la part
africaine de leur culture et ouvre la porte d'un passé esclavagiste avec tous les sujets tabous
qui l'accompagne.
Mâalem Abdeslam Alikane, édition 2005 festival d'Essaouira
Les puristes marocains du genre musical craignent une dénaturalisation du style due à des
objectifs commerciaux parfois considérés comme excessifs, d'autres applaudissent cet intérêt
des artistes internationaux pour ce genre musical qui sort des frontières du Maroc ( et donc du
Maghreb ) permettant ainsi aux artistes Gnawas une notoriété et une reconnaissance
internationale ainsi que de meilleures perspectives financières. Des artistes comme Hassan
Hakmoun, par exemple, organisent à grande échelle des spectacles pour les touristes.
Depuis 1992, les gnaouas du Maroc ont vu leur statut changer,avec la création du Festival
Gnaoua & Musiques du Monde, propulsant leur notoriété sur la scène internationale. Cet
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événement 100 % marocain, qui a su se distinguer par sa force et son originalité, est devenu
une référence internationale. La manifestation propose des fusions entre des artistes de
renoms de la scène internationale et les maâlems : Pat Metheny Trio (en 2006), youssou n'dour
(en 2005), wayne shorter (en 2008), Keziah Jones (en 2003), Joe Zawinul (en 2001), Congo
Nation et Donald Harrison (en 2009)... sous la baguette de directeurs artistiques, Karim Ziad et
de Abdeslam Alikane, passionnés par la musique Gnaouas et les musiques du Monde, eux
mêmes artistes musiciens. Cet évènement constitue également un levier économique pour la
ville d'Essaouira lui permettant de réaliser 40% de son chiffre d'affaire annuel pendant les 4
jours du Festival.
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