BROOKLYN
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BROOKLYN Avant-première De Pascal Tessaud Avec KT Gorique, Rafal Uchiwa, Jalil Naciri France – 2014 1h23 SYNOPSIS ACTRICE Ce qui m’a donné envie de jouer dans ce film c’est d’abord les messages que Pascal fait passer à travers son scénario, ce qu’il a voulu y démontrer, les causes qui y sont défendues, mais surtout, parce que c’est un film qui montre les vraies valeurs du hip-hop. Beaucoup pensent qu’elles ont disparu et ce film prouve que des gens se battent encore pour que ces valeurs ne disparaissent pas. Brooklyn prouve aussi qu’on peut partir de rien et faire de belles choses si on le veut vraiment et qu’on peut se battre sans jamais baisser les bras. La passion de Pascal m’a aussi convaincu tout de suite. Dans mon univers, je suis comme lui : passionnée, perfectionniste, obsessionnelle même parfois… ! KT Gorique, actrice principale Coralie débarque à Paris pour tenter sa chance dans le Rap. En attendant, elle se fait engager pour faire la cuisine dans une association musicale de Saint-Denis. Elle y rencontre Issa, la star locale, qui compte bien réussir. Logée chez Odette, vieille dame du quartier, Coralie trouve un peu de chaleur et de réconfort. Alors qu’on l’encourage à monter sur scène, elle se fait vite remarquer lors des soirées slam organisées dans la cité. Porté par sa jeune actrice, Brooklyn parle de musique et de rap avec justesse, à travers des scènes souvent proches du documentaire. Mais le film offre également une vision sans compromis de la banlieue, évitant les clichés, avec au final, un message universel sur la jeunesse, ses espoirs et ses désillusions. COMMENTAIRE « De prime abord, on pourrait se dire que c’est un (bon) film sur la musique… Brooklyn est aussi et surtout un film sur l’énergie. L’énergie du verbe, de celles et ceux qui le pensent, le rêvent, l’écrivent. Beauté et plaisir des mots donc, qui prennent corps chez une incroyable jeune rappeuse suisse qui déboule à Saint-Denis pour se construire comme chanteuse, mais aussi chez tous ceux qui l’entourent. De cette alchimie se dégage une idée de la solidarité, de la fraternité, du collectif, que l’on a envie de partager à notre tour. » Jean-Louis Gonnet, cinéaste ANALYSE COMMENTAIRE Pascal Tessaud choisit de se concentrer un temps sur le Rap, sur cette musique, qui, qu’on le veuille ou non, est le meilleur témoignage de la voix des quartiers. En suivant pas à pas, KT Gorique dans sa passion, le réalisateur rend compte d’une réalité. Les meilleurs ambassadeurs du Rap ne sont peut-être pas ces multimillionnaires qui s’agitent autour de véhicules hors de prix et qui tiennent des discours souvent très limités. Le Rap existe partout dans les quartiers. Ce n’est pas le succès qui compte ici. C’est cette communion, ce dialogue intergénérationnel. Le Rap permet à Brooklyn de communiquer avec les autres et surtout de communiquer avec le monde. Tout au long du film, Pascal Tessaud à travers la voix de ces personnages rappelle que le Rap est avant tout un message. C’est pourquoi le réalisateur a choisi de s’entourer des meilleurs représentants du Rap Underground en Seine Saint-Denis. Dans le premier rôle, on retrouve KT Gorique, une rappeuse suisse, qui découvre le cinéma avec Brooklyn. KT Gorique a une très belle plume, peut-être la plus belle du film, elle lâche souvent un Rap mélancolique, un Rap qui transporte, et qui reste dans tous les cas gravé dans les esprits. Despee Gonzales et Babali Show d’Ursa Major sont là pour lui donner la réplique. Les deux compères sont des monuments, et ont connu les galères du Rap Underground, bien avant que Pascal Tessaud n’ait eu le temps d’écrire son scénario. Ils sont également épaulés par Rafal Uchiwa qui représente la jeune garde du 93. Jalil Naciri et Liliane Rovère ont même deux petits rôles dans le film. Le tournage du premier long métrage de Pascal Tessaud s’est étalé sur plus de deux ans. Du pur “cinéma guerilla”, sans financement, sans chaîne de télévision, sans producteur, juste une bande d’amis, animée par une envie de dire et de montrer, de donner à voir le destin d’une jeune rappeuse, interprétée par KT Gorique, étoile montante du monde du Slam, bien décidée à percer. Et à travers les tribulations de Brooklyn, se dessine également une chronique subtile d’une ville que l’on a rarement vue aussi belle au cinéma. Autrement dit, point ici de dealers, de fusils à pompes et autres clichés du genre, mais une ville habitée par des rois (comme elle le fût par le passé). Ici, ce sont des rois de la lose, de la débrouille, de la normalité, mais des rois tout de même. D’après le site cosmichiphop Tel est le charme puissant de ce petit film aux contours imprécis, au jeu d’acteurs parfois maladroit : raconter ce qu’un JT de 20h ne racontera jamais, à savoir qu’à Saint-Denis comme ailleurs, les gens sont beaux, torturés, rêveurs, poètes, mesquins, moralisateurs, etc. Il y a même des rappeurs romantiques et des voleurs aussi rieurs qu’attachants. Pour paraphraser Brooklyn, Saint-Denis “pue la normalité”. Brooklyn n’en est pas pour autant une simple carte postale. Très bien écrit, le film se suit sans jamais nous assoupir, notamment grâce à la gouaille communicative de son interprète principale. Au final, une œuvre, certes mineure, mais extrêmement recommandable. Julien Nève Un programme présenté dans le cadre du 33e FESTIVAL CINÉMA D’ALÈS - ITINÉRANCES - 20 MARS - 29 MARS 2015