Le Président film d`Henri Verneuil de 1961, dialogues Michel

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Le Président film d`Henri Verneuil de 1961, dialogues Michel
Le Président
film d'Henri Verneuil de 1961, dialogues Michel Audiard avec Jean Gabin
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- La politique, Messieurs, devrait être une vocation... Elle l'est pour certains d'entre
vous... Mais pour le plus grand nombre, elle est un métier... Un métier qui, hélas, ne
rapporte pas aussi vite que beaucoup le souhaiteraient, et qui nécessite d'importantes
mises de fonds car une campagne électorale coûte cher ! Mais pour certaines grosses
sociétés, c'est un placement amortissable en quatre ans... Et s'il advient que le petit
protégé se hisse à la présidence du Conseil, le placement devient inespéré... Les
financiers d'autrefois achetaient des mines à Djelitzer ou à Zoa, ceux d'aujourd'hui ont
compris qu'il valait mieux régner à Matignon que dans l'Oubangui et que de fabriquer un
député coûtait moins cher que de dédommager un Roi Nègre !... Que devient dans tout
cela la notion du Bien Public ? Je vous laisse juges..."
J. Gabin
- On est gouvernés par des lascars qui fixent le prix de la betterave et qui ne sauraient
pas faire pousser des radis.
P.Larquey
- Je suis un mélange d'anarchiste et de conservateur, dans des proportions qui restent à
déterminer.
J.Gabin
- Sauf pour les dictateurs et les imbéciles, l'ordre n'est pas une fin en soi.
J.Gabin
- Je crois avoir été l'un des hommes les plus détesté de son époque, ce fût longtemps
mon chagrin, c'est aujourd'hui mon orgueil.
J.Gabin
- Dans les journaux, c'est toujours les mêmes qu'on cite... Pas étonnant qu'ils soient
connus...
A. Adam
- Les vieillards c’est comme les bébés ça change tous les jours.
J.Gabin
- Les amis n’aiment pas être fidèles. Ils ont l’impression de perdre leur personnalité.
J.Gabin
- C'est une habitude bien française que de confier un mandat aux gens et de leur
contester le droit d'en user.
J.Gabin
- Ma chère amie, Wagner est inécoutable ou sublime selon les goûts, mais exquis,
sûrement pas!
J.Gabin
- J'ai besoin d'un coup de main, toi tu peux tout!
- C'est justement pour cela que je ne peux pas tout me permettre.
J.Gabin
- Dans chaque cambrioleur, il y a un Préfet de police qui sommeille.
- Pour ne pas être nouvelle, l'idée de fédération européenne n'en est pas moins
généreuse. Généreuse mais utopique. La suppression des systèmes douaniers, le libreéchange sont autant de formules qui relèvent du manuel de littérature mais qui constitue
un défi permanent au manuel d'arithmétique. Est-ce parce qu'il sera européen que le
mètre va devenir extensible? Est-ce par ce qu'elle va devenir européenne que la tonne de
charbon va doubler de valeur? Est-ce parce qu'elle sera européenne que la france
augmentera en puissance et en prospérité? Le projet d'union douanière dont le
gouvernement nous invite à voter la confiance, est mis enpratique depuis longtemps par
les contrebandiers. Est-ce une raison suffisante pour l'adopter?
B.Blier
- Messieurs, Monsieur le Député Chalamont vient d'évoquer en termes émouvants les
victimes de la guerre... Je m'associe d'autant plus volontiers à cet hommage qu'il
s'adresse à ceux qui furent les meilleurs de mes compagnons...
Au moment de Verdun, Monsieur Chalamont avait dix ans... Ce qui lui donne, par
conséquent, le droit d'en parler... Étant présent sur le théâtre des opérations, je ne
saurais prétendre à la même objectivité... On a, c'est bien connu, une mauvaise vue
d'ensemble lorsqu'on voit les choses de trop près !... Monsieur Chalamont parle d'un
million cinq cent mille morts, je ne pourrais en citer qu'une poignée, tombés tout près de
moi...
J'ai honte, Messieurs... Je voulais montrer à Monsieur Chalamont que je peux, moi aussi,
faire voter les morts... Le procédé est assez méprisable, croyez-moi !...
Messieurs, j'ai devant moi un très joli dossier, très complet, très épais, trois cents pages
de bilans et de statistiques que j'avais préparé à votre intention... En écoutant Monsieur
Chalamont, je viens de m'apercevoir que le langage des chiffres a ceci de commun avec
le langage des fleurs... on lui fait dire ce que l'on veut !... Les chiffres parlent mais ne
crient jamais... C'est pourquoi ils n'empêchent pas les amis de Monsieur Chalamont de
dormir. Vous me permettrez donc de préférer le langage des hommes. Je le comprends
mieux !...
Durant des années, à travers le monde, j'ai visité des mines, des camps de personnes
déplacées... j'ai vu la Police charger les grévistes, je l'ai vue aussi charger des
chômeurs... j'ai vu la richesse de certaines contrées, j'ai vu l'incroyable pauvreté de
certaines autres... Durant toutes ces années, je n'ai jamais cessé de penser à l'Europe...
Monsieur Chalamont a passé une partie de sa vie dans une banque à y penser aussi...
Nous ne parlons forcément pas de la même Europe...
Lorsqu'il y a quelques mois, les plus qualifiés parmi les maîtres-nageurs de cette
assemblée sont venus me trouver pour éviter une crise de régime, j'ai pris un
engagement... celui de gouverner... Or, gouverner ne consiste pas à aider les grenouilles
à administrer leur mare !... Tout le monde parle de l'Europe... Mais c'est sur la manière
de faire cette Europe que l'on ne s'entend plus... C'est sur les principes essentiels que
l'on s'oppose...
Pourquoi croyez-vous, Messieurs, que l'on demande à mon gouvernement de retirer le
projet de l'Union Douanière qui constitue le premier pas vers une Fédération future ?...
Parce qu'il constitue une atteinte à la souveraineté nationale ?... Non... Simplement
parce qu'un autre projet est prêt... Un projet qui vous sera présenté par le prochain
gouvernement... Je peux, Messieurs, vous en énoncer d'avance le principe !...
La constitution de trusts verticaux et horizontaux, de groupes de pressions qui
maintiennent sous leur contrôle non seulement les produits du travail, mais les
travailleurs eux-mêmes !...
On ne vous demandera plus, Messieurs, de soutenir un ministère, mais d'appuyer un
gigantesque conseil d'administration !...
Si cette assemblée avait conscience de son rôle, elle repousserait cette Europe des
maîtres de forges et des compagnies pétrolières... Cette Europe, qui a l'étrange
particularité de vouloir se situer au-delà des mers, c'est-à-dire partout... sauf en Europe
!... Car je les connais, moi, ces européens à têtes d'explorateurs !
- Je demande que les insinuations calomnieuses que le Président du Conseil vient de
porter contre les Élus du Peuple ne soient pas publiées au Journal Officiel.
- J'attendais cette protestation... Je ne suis pas surpris qu'elle vienne de vous, Monsieur
Jussieu... Vous êtes, je crois, conseil juridique des aciéries Krenner ?... Je ne vous le
reproche pas...
- Vous êtes trop bon !...
- Je vous reproche simplement de vous être fait élire sur une liste de gauche et de ne
soutenir à l'Assemblée que des projets d'inspiration patronale !
- Il y a des patrons de gauche, je tiens à vous l'apprendre !
- Il y a aussi des poissons volants, mais ils ne constituent pas la majorité du genre !...
La politique, Messieurs, devrait être une vocation... Elle l'est pour certain d'entre vous...
Mais pour le plus grand nombre, elle est un métier... Un métier qui, hélas, ne rapporte
pas aussi vite que beaucoup le souhaiteraient, et qui nécessite d'importantes mises de
fonds car une campagne électorale coûte cher ! Mais pour certaines grosses sociétés,
c'est un placement amortissable en quatre ans... Et s'il advient que le petit protégé se
hisse à la présidence du Conseil, le placement devient inespéré... Les financiers
d'autrefois achetaient des mines à Djelitzer ou à Zoa, ceux d'aujourd'hui ont compris qu'il
valait mieux régner à Matignon que dans l'Oubangui et que de fabriquer un député
coûtait moins cher que de dédommager un Roi Nègre !... Que devient dans tout cela la
notion du Bien Public ? Je vous laisse juges...
Le gouvernement maintient son projet. La majorité lui refusera la confiance et il se
retirera... Il y était préparé en rentrant ici...
J'ajouterai simplement, pour quelques uns d'entre vous, réjouissez-vous, fêtez votre
victoire... Vous n'entendrez plus jamais ma voix et vous n'aurez plus jamais à marcher
derrière moi... Jusqu'au jour de mes Funérailles Nationales, que vous voterez d'ailleurs à
l'unanimité... Ce dont je vous remercie par anticipation...
J.Gabin
- Qu'est ce qu'il a ? Il s'applique aujourd'hui. il est encore plus mauvais que d'habitude.
Un député
- Vous êtes intelligent, comme la plupart des salauds d'ailleurs. Vous savez qu'il y a des
hommes qu'on achète avec une enveloppe ou un bout de Légion d'honneur. Mais vous
avez essayé de m'avoir par la vanité. c'est ignoble
J.Gabin
- Si la croissance s'arrête de bonne heure, un homme ne cesse jamais de grandir.
B.Blier
- Il y a des patrons de gauche
- Il y a aussi des poissons volants, mais qui ne constituent pas la majorité du genre.
Un député/J.Gabin
- Quand on ne veut pas du pouvoir on le refuse! On peut très bien vivre dans l'ombre...
- Et ne jamais en sortir! Vous en savez quelque chose.
Un député/J.Gabin
- Dîtes-vous bien que quand un mauvais coup se mijote, il y a toujours une république à
sauver
J.Gabin
- Il y a une chose plus grave que la trahison, c'est la bêtise.
J.Gabin
- Le repos, c'est fait pour les jeunes. Ils ont toute la vie devant eux.
J.Gabin
- A mon âge, on vit en veilleuse.
J.Gabin

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