Conserver notre joie - Un poisson dans le net

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Conserver notre joie - Un poisson dans le net
Conserver notre joie
Philippiens 4.1-4
18. A la poursuite de la
perfection… Conserver notre joie
Ph 4.1-4
Introduction
Y’a de la joie !
H o n o r é d e B a l z a c a dit (1799-1 8 5 0 ) : « La joie ne peut éclater
que parmi des gens qui se sentent égaux. » 6
L é o n D a u d e t ( 1 8 6 8 -1 9 4 2 ) « L’homme naît tout prêt pour la
douleur, avec un appareil héréditaire de transformation et de
résistance, dont la pièce majeure est la joie. » 7
A n d r é G i d e ( 1 8 6 9 -1 9 5 1 ) « La joie, en moi, l’emporte toujours ;
c’est pourquoi mes arrivées sont toujours plus sincères que mes
départs. » 8
M a x J a c o b ( 1 8 7 6 -1 9 4 4 ) « Le poète cache sous l’expression de
la joie le désespoir de n’en avoir pas trouvé la réalité. » 9
S i m o n e d e B e a u v o i r ( 1 9 0 8 -1 9 8 6 ) « C’est parce qu’il y a un vrai
danger, de vrais échecs, une vraie damnation terrestre, que les
mots de victoire, de sagesse ou de joie ont un sens. » 10
G e o r g e s D u h a m e l ( 1 8 8 4 -1 9 6 6 ) « L’expression « faire l’amour »
prête à toutes les erreurs. Nos aïeux disaient naïvement « faire
la joie », et ce n’était pas moins absurde. L’amour est un don, la
volupté une servitude, et entre cette servitude et la joie, il n’y a
certes aucune commune mesure. » 11
Quelqu’un a dit : « On n’est pas responsable de la tête que l’on
a mais on est responsable de la tête que l’on fait. »
Proverbes 15.13
« Un cœur joyeux rend le visage aimable ;
mais quand le cœur est dans la peine, l’esprit est abattu. »
Pierre Oster, Dictionnaire de citations françaises, Editions Le Robert, 1993 Paris, réf. 9619, page
484
6
7
8
9
Pierre Oster, réf. 13197, page 663
Pierre Oster, réf. 13297, page 668
Pierre Oster, réf. 13701, page 686
10
11
Pierre Oster, réf. 15818, page 793
Pierre Oster, réf. 14081, page 705
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Bien placer notre espérance
Philippiens 4.1-4
P r o v e r b e s 1 7 . 2 2 « Un cœur joyeux est un bon remède, mais un
esprit abattu dessèche les os. »
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Vous avez certainement deviné le thème que nous allons aborder ce matin.
La joie est une composante de la vie que bien des hommes aimeraient
posséder. Elle inspire nos poètes et nos chanteurs. « Y’a de la joie » chantait
Charles Trenet.
Pourtant, si la joie est une composante essentielle de la vie et du bonheur,
nous savons que l’homme connaît bien des difficultés pour la créer d’une
manière durable.
Un sondage de 1999 montre qu’une partie des Français trouve le bonheur
et donc d’une certaine manière, la joie (en tant qu’expression ou
caractéristique du bonheur) au travers de leur travail :
Pour 27% des Français, le travail est une composante essentielle
du bonheur. Ce sont les personnes qui ont les rémunérations les
plus faibles, les conditions de travail les plus pénibles et les
risques de chômage les plus élevés qui sont les plus attachées à
cette idée du bonheur : 43% des ouvriers, 43% des travailleurs
temporaires, contre 27% des chefs d'entreprise, cadres et
professions libérales. Pour les personnes modestes, le fait
d'avoir un travail est déjà une condition pour espérer être
heureux. 12
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Est-ce que le fait d’avoir un travail fait de vous un homme heureux ? Si le
travail est une composante du bonheur alors que se passe-t-il lorsque l’on
perd son emploi ? La joie s’en va-t-elle ?
La difficulté de l’homme concernant la joie ne réside pas dans le fait qu’il
ne sait pas créer des situations qui le rendent joyeux mais qu’il ne sait pas
ce qui peut le rendre joyeux d’une manière constante.
Heureusement pour nous, la Bible semble offrir une perspective de la joie
qui est non seulement accessible mais durable. Découvrons quelques
principes au travers de la lettre de Paul au Philippiens.
Lecture de Philippiens 4.1-4
C’est pourquoi, frères bien-aimés que je désire vivement revoir, ma joie et
ma couronne, demeurez ainsi fermes dans le Seigneur, mes bien-aimés !
2 J’exhorte Évodie et j’exhorte Syntyche à avoir une même pensée dans le
Seigneur. 3 Et toi aussi, fidèle collègue, oui, je te demande de les aider,
elles qui ont combattu côte à côte avec moi pour l’Évangile, avec Clément et
mes autres compagnons d’œuvre dont les noms sont dans le livre de vie.
4 Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je le répète, réjouissezvous. »
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Gérard Mermet, Francoscopie 1999, Editions Larousse, page 249
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Philippiens 4.1-4
Les circonstances ne doivent pas nous
priver de la joie que Dieu veut nous
donner en abondance
1. Demeurer ferme dans le Seigneur (v. 1)
C’est pourquoi, frères bien-aimés que je désire vivement revoir, ma joie et
ma couronne, demeurez ainsi fermes dans le Seigneur, mes bien-aimés !
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Par ce verset Paul met un terme à toutes les exhortations qu’il venait
d’adresser aux Philippiens.
Ainsi, il leur demande de rester fermes dans le Seigneur. C’est-à-dire de
rester solidement attachés aux principes qu’il vient de décrire. Ceci se
résume en une série d’exhortations et de conseils pratiques :
r
Conduisez-vous d’une manière digne de l’Evangile (1.27)
r
Demeurez dans le même état d’esprit (1.27)
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Combattez d’une même âme pour la foi de l’Evangile (1.27)
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Ne vous laissez pas intimider par vos ennemis (1.28)
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Ne faites rien d’égoïste (2.3)
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Considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes (2.4)
r
Considérez d’abord les intérêts des autres (2.5)
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Faites fructifier votre salut (2.12)
r
Faites toutes choses sans murmures (2.14)
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Prenez garde aux faux chrétiens (3.2)
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Soyez mes imitateurs (3.17)
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Suivez le modèle de ceux qui marchent dans la foi (3.17)
r
Considérez en priorité votre identité céleste (3.21)
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Attendez fermement le retour de Christ (3.21)
Si les chrétiens de Philippes continuaient à mettre en pratique ces principes,
ils seraient de plus en plus matures et fructueux pour le Royaume de Dieu.
Rester fermement attaché à ces principes permettrait aux Philippiens mais
aussi à tous les chrétiens du monde entier de développer la maturité
chrétienne et de porter beaucoup de fruits pour l’avancement de l’œuvre de
Dieu.
2. S’accorder dans le Seigneur (v. 2-3)
J’exhorte Évodie et j’exhorte Syntyche à avoir une même pensée dans le
Seigneur. 3 Et toi aussi, fidèle collègue, oui, je te demande de les aider,
elles qui ont combattu côte à côte avec moi pour l’Évangile, avec Clément et
mes autres compagnons d’œuvre dont les noms sont dans le livre de vie.
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Evodie et Syntyche étaient deux anciennes collaboratrices de l’apôtre Paul.
Visiblement elles éprouvaient quelques difficultés à se comprendre.
Loin de les mettre à l’index, Paul va les encourager à unir leurs pensées de
façon à travailler sans amertume et dans la joie.
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Ce genre de désaccord n’est, bien sûr, pas inhabituel au sein d’une Eglise
locale. Paul le comprend bien parce que lui aussi a eu quelques différends
avec des chrétiens dans le passé.
L’objectivité de la Bible est telle que les auteurs apostoliques n’hésitent pas
à nous relater les défauts, les bévues, les accrochages, en fait la vraie vie
des apôtres.
Ainsi, le livre des Actes relate une discussion « chaude » entre Paul &
Barnabas :
Actes 15.35-39 « 35 Paul et Barnabas restèrent à Antioche, continuant avec
beaucoup d’autres à enseigner et à annoncer la Parole du Seigneur. 36 Après
quelque temps, Paul dit à Barnabas : -Partons refaire le tour de toutes les
villes où nous avons annoncé la Parole du Seigneur et rendons visite aux
frères pour voir ce qu’ils deviennent. 37 Mais Barnabas voulait emmener
avec lui Jean, appelé aussi Marc, 38 et Paul estimait qu’il ne convenait pas de
prendre avec eux celui qui les avait abandonnés en Pamphylie et qui ne les
avait pas accompagnés dans leur œuvre. 39 Leur désaccord fut si profond
qu’ils se séparèrent. Barnabas emmena Marc avec lui et s’embarqua pour
Chypre. »
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Nous voyons que la discussion finit par un profond désaccord au point
qu’ils se séparèrent. Mais attention, n’y voyons pas une raison pour quitter
la foi ou l’Eglise !
La suite du texte nous apprend que Paul et Barnabas continuèrent tous
deux leur ministère. Ce désaccord, même s’il fut vif, ne compromettait pas
l’avancée de l’Evangile. C’est certainement là que nous voyons que Paul et
Barnabas étaient deux hommes de Dieu, imparfaits soit, mais assez matures
pour ne pas tout lâcher.
Il faut dire que la situation n’était pas si simple. Le chapitre 13 des Actes
nous apprend que Jean-Marc avait quitté prématurément l’équipe de Paul :
Actes 13.13 « Paul et ses compagnons reprirent la mer à Paphos et
arrivèrent à Perge en Pamphylie. Là, Jean-Marc les abandonna et retourna à
Jérusalem. »
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Un abandon. Rien que ça ! Jean-Marc les avait abandonnés au beau milieu
d’une campagne d’évangélisation. On comprend mieux pourquoi Paul ne
désirait pas avoir un « lâcheur » en tant qu’équipier !
Ceci explique la position de Paul. Par contre, cela ne nous aide pas à
comprendre l’attitude de Barnabas. Pour quelle raison défend-il à tout prix
Jean-Marc ? L’épître aux Colossiens nous donne une piste plausible :
Colossiens 4.10 « Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue,
ainsi que Marc, le cousin de Barnabas, au sujet duquel vous avez reçu des
instructions : s’il vient chez vous, faites-lui bon accueil. »
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Ce passage nous apprend que Marc (ou Jean-Marc) avait un lien de parenté
avec Barnabas. C’était son cousin. De ce fait, Barnabas était certainement
moins exigeant avec un membre de sa famille que ne l’était l’apôtre Paul.
Reconnaissons qu’il est parfois plus facile de passer l’éponge avec les gens
qui nous sont proches qu’avec des inconnus, même si ce sont nos frères en
Christ ! L
Plus tard, nous apprenons dans les épîtres, que Paul parle amicalement de
Barnabas (1 Co 9.6 ; Ga 2.1, 9, 13) et avec encore plus d’affection pour
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Jean-Marc, qui fut pourtant à la source de la dissension (2 Ti 4.11 ;
Col 4.10).
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Tout ceci pour montrer qu’il peut exister des divergences de point de vue
même entre chrétiens mûrs. La particularité des chrétiens matures est qu’ils
savent généralement résoudre leur désaccord et parvenir à un consensus
qui ne bloque pas l’avancée de l’œuvre de Dieu. Cela nécessite parfois une
séparation géographique, mais pas un abandon de service.
Ils ne permettent pas aux problèmes de troubler l’amour et l’unité dans le
corps de Christ. C’est à cela, semble-t-il, que Paul convie Evodie et
Syntyche, quand il leur demande d’être « d’un même sentiment dans le
Seigneur ».
Toutes deux étaient des chrétiennes mûres, mais il leur fallait résoudre
leurs divergences par une communication ouverte et une compréhension
mutuelle. Il semble pourtant que leur conflit nécessitait l’intervention d’une
tierce personne :
Et toi aussi, fidèle collègue, oui, je te demande de les aider,
Paul reconnaît que ces femmes ont besoin d’un médiateur, de quelqu’un
pour les aider à démêler les fils de leur conflits.
Ceci me fait penser à un jeune couple, le week-end dernier, qui essayait de faire
décoller un immense cerf-volant. Intrigués, nous nous sommes arrêtés pour observer
le décollage de leur OVNI. Nous avons attendu près de 15 minutes pour rien, parce
que visiblement il y avait un sac de nœuds dans leurs suspentes.
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Evodie et Syntyche avaient besoin de quelqu’un pour les aider à régler leur
problème. Elles étaient probablement honnêtes dans l’approche de leur
problème, mais toutes deux avaient un regard subjectif de la situation.
Par conséquent, elles étaient incapables de le résoudre toutes seules. Quel
que soit notre degré de maturité chrétienne, nous avons tous tendance à
raisonner et agir de manière subjective.
Il se peut que, même si nous sommes profondément attachés à Dieu, nous
ayons besoin d’un frère ou d’une sœur capable d’écouter les deux sons de
cloche et de favoriser une approche objective du problème.
Ce qui était le cas de ces sœurs dont le nom était pourtant inscrit dans le
livre de vie. (Etre inscrit dans le livre de vie était une marque, une preuve de
leur appartenance au royaume de Dieu. Paul n’a aucun scrupule à le dire.
Uniquement dans le livre de l’Apocalypse, nous trouvons 6 mentions de ce
« livre de vie » : Apocalypse 3.5, 13.8, 17.8, 20.12, 20.15, 21.27).
C’est la raison pour laquelle Paul encourage un autre membre de l’Eglise
digne de confiance à aider ces femmes à résoudre la tension qui existe
entre elles.
N’hésitons pas à faire appel à quelqu’un d’extérieur pour gérer les tensions
que nous avons du mal à gérer tout seul. Notre objectivité n’est jamais
maximale !
Pour ma part, je fais un lien direct avec le verset 4 où Paul encourage les
Philippiens à être joyeux.
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3. Se réjouir dans le Seigneur (v. 4)
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Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je le répète, réjouissez-vous.
Au début de ce message nous avons dit qu’il était très difficile à l’homme
d’être dans la joie d’une manière durable. Il me semble que les chrétiens ne
sont pas exempts de cette difficulté.
Une des causes qui peut rabattre notre joie est le fait d’être en désaccord
avec quelqu’un. Evodie et Syntyche avaient probablement perdu leur joie
pour cette raison.
Focalisées sur leurs problèmes, le nez dans le guidon, elles ne pouvaient
plus élever leur regard jusqu’à la source de leur joie : Dieu.
Le fait d’être en désaccord avec une personne qui nous est proche est
encore plus difficile à gérer parce que l’on a du mal à concevoir que l’autre
ne soit pas du même avis que nous. Le couple est un lieu privilégié pour
expérimenter ce genre de conflit. J
Pas plus tard qu’hier, Sandrine et moi avons eu une discussion qui s’est terminée en
« queue de poisson ». Nous sommes allés chacun dans une pièce pour ronger notre
frein. Je peux vous assurer que la joie que j’avais auparavant a disparu quasiment
instantanément. Mes pensées n’étaient plus focalisées sur Christ mais sur notre
désaccord. C’était suffisant pour ternir ma joie. L
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Il me semble que Paul dit aux Philippiens (y compris Evodie et Syntyche) de
ne pas se laisser priver de la joie à cause d’un manque d’unité. Il les
exhorte, les encourage, les pousse à se réjouir dans le Seigneur.
Les exhortations bibliques vont généralement à l’encontre de nos tendances
« charnelles » et naturelles. Comme si le fait d’être triste ou mécontent était
une ornière dans laquelle les hommes tombaient facilement.
Réjouissez-vous dans le Seigneur.
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Paul utilise ici le mode impératif à la voix active. Ce qui signifie que nous
sommes responsables du fait de nous réjouir. La joie vient de Dieu mais la
réjouissance est de notre ressort. Nous sommes appelés à nous réjouir
comme nous sommes appelés à être reconnaissants (Col 3.15), à prier sans
cesse (1 Th 5.17)…
La source de leur joie ne se trouvait pas dans les circonstances présentes
mais dans le Seigneur. Avez-vous remarqué que Paul utilise trois fois la
même expression ?
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v. 1 demeurez ainsi ferme dans le Seigneur, mes bien-aimés !
v. 2 J’exhorte Évodie et Syntyche à avoir une même pensée dans le
Seigneur.
v. 4 Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur
La joie durable ne se trouve que dans le Seigneur. Car Dieu est la source
de la joie. Dieu est joyeux et désire que ses enfants connaissent sa joie.
Inutile de rechercher la joie dans les circonstances car cette joie ne dure
qu’un temps. Cherchons-là où elle est durable, dans le Seigneur.
Il y a un passage formidable dans l’Evangile de Jean qui souligne combien
Dieu veut que nous soyons joyeux, et montre qu’il est possible de connaître
une joie indépendamment des circonstances :
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Jean 15.5-11 « 5 Moi, je suis le cep ; vous, les sarments. Celui qui demeure
en moi, comme moi en lui, porte beaucoup de fruit, car sans moi, vous ne
pouvez rien faire. 6 Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors
comme le sarment, et il sèche; puis l’on ramasse les sarments, on les jette
au feu et ils brûlent. 7 Si vous demeurez en moi et que mes paroles
demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et cela vous sera
accordé. 8 Mon Père est glorifié en ceci : que vous portiez beaucoup de
fruit, et vous serez mes disciples. 9 Comme le Père m’a aimé, moi aussi, je
vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. 10 Si vous gardez mes
commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme j’ai gardé les
commandements de mon Père et que je demeure dans son amour. 11 Je
vous ai parlé ainsi, afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit
complète. »
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Qui peut prétendre à cette joie complète ? Tous les disciples. Il suffit d’être
un sarment solidement attaché au cep pour que la sève de Dieu, c’est-àdire l’Esprit Saint, nous communique sa joie. N’est-ce pas extraordinaire ?
Le désir de Dieu est que ses disciples soient dans la joie. Une des
caractéristiques essentielle du christianisme devrait donc se voir sur nos
visages. J
Reflétons-nous la joie de Dieu, la joie de connaître personnellement le
créateur de l’univers ? Connaissez-vous la joie merveilleuse que procure
l’assurance du salut ?
Luc 15.7, 10 « 7 De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le
ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour 99 justes qui n’ont pas
besoin de repentance. 10 De même, je vous le dis, il y a de la joie devant
les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent. »
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Les anges dans le ciel se réjouissent quand un homme reconnaît ses
manquements devant Dieu. Dieu lui-même se réjouit quand un homme se
détourne de sa vie pour le suivre et l’aimer.
Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la
connaissance de la vérité (1 Tm 2.4). Il use de patience envers tous les
hommes, ne désirant pas qu’ils périssent mais que tous parviennent à la
repentance (2 Pi 3.9).
Si Dieu et les anges se réjouissent du salut des hommes, nous pouvons
aussi nous réjouir quand un pécheur se repent. Est-ce votre cas ? Ou bien
êtes-vous comme Jonas, préférant garder vos privilèges pour vous ?
Un peu plus loin, et toujours dans l’Evangile de Jean, Jésus va avertir ses
disciples qu’ils devront traverser un moment difficile avant de recevoir la
joie d’en haut :
Jean 16.20-24 « 20 En vérité, en vérité, je vous le dis, vous pleurerez et
vous vous lamenterez, et le monde se réjouira : vous serez dans la tristesse,
mais votre tristesse sera changée en joie. 21 La femme, lorsqu’elle
enfante, a de la tristesse, parce que son heure est venue ; quand elle a
donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus de sa douleur, à cause de
la joie de ce qu’un homme soit venu au monde. 22 Vous donc aussi, vous
avez maintenant de la tristesse ; mais je vous verrai de nouveau, votre cœur
se réjouira, et nul ne vous ôtera votre joie. 23 En ce jour-là, vous ne
m’interrogerez plus sur rien. En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous
demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom. 24 Jusqu’à présent,
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vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez et vous recevrez, afin
que votre joie soit complète. »
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Au verset 20, Jésus n’encourage pas ses disciples à penser positivement
mais à être réalistes (en vérité vous allez pleurez avant de vous réjouir). Il
les encourage à prendre du recul, à avoir une perspective juste.
Or l’épreuve a une durée limitée. Et Dieu connaît notre capacité à supporter
l’épreuve. La joie ne se trouve pas dans l’évacuation de la difficulté, de la
source pénible mais dans le fait que Jésus transforme cette tristesse en joie
(v. 20).
Les disciples allaient être tristes de voir mourir leur Seigneur, mais leur
tristesse allait être changée en joie lorsqu’ils le reverraient vivant, après sa
résurrection.
Jésus prend ici l’image d’une femme enceinte. L’accouchement est
douloureux mais il produit aussi la joie. La naissance du bébé fait oublier
rapidement les douleurs de l’enfantement.
Pareillement, les disciples allaient souffrir beaucoup pendant un temps,
mais Dieu allait leur donner une telle joie que cette douleur allait
rapidement se dissiper.
Ceci s’explique si l’on considère que Dieu est la source de notre joie. La joie
que connaissent les véritables disciples de Christ n’est pas produite par une
capacité naturelle, mais par l’Esprit de Dieu.
En fait, la joie est une marque du fruit de l’Esprit dans la vie du croyant.
Dans Galates 5.22, elle est citée en deuxième position, tout de suite après
l’amour. Elle devrait donc caractériser tout enfant de Dieu rempli du SaintEsprit.
La vie chrétienne est surnaturelle. La joie d’en haut, c’est-à-dire la joie
durable, ne dépend pas du temps qu’il fait où des circonstances, de notre
travail, de la réussite aux examens, du fait d’être marié ou célibataire,
Français ou Irakiens, riche ou pauvre, en bonne santé ou non…
La joie durable vient de notre relation avec Dieu. Du fait d’être solidement
attaché au cep. La joie est produite par l’Esprit qui coule en nous tels que
les fruits sont produits par la sève qui coule dans ses branches.
Quelques écueils à éviter
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Ceci dit, méfions-nous de condamner trop vite ceux qui connaissent une
tristesse passagère.
Il me semble que Dieu ne nous demande pas de sourire et de dire
« encore » lorsqu’on nous maltraite. Nous devons tendre la joue droite
lorsqu’il s’agit d’un soufflet (quand on nous manifeste du mépris) mais pas
lorsque l’on nous donne un coup de poing ! ça fait mal ! L
Le verset de Matthieu 5.39 ne légitime pas un pacifisme mou, encore moins
le masochisme ou l’héroïsme « humain ».
Dans l’épître aux Romains, Paul encourage les chrétiens à vivre en paix
dans la mesure où cette paix dépend d’eux :
Romains 12.17-21 « 17 Ne rendez à personne le mal pour le mal.
Recherchez ce qui est bien devant tous les hommes. 18 S’il est possible,
autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes.
19 Ne vous vengez pas vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère,
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car il est écrit: A moi la vengeance, c’est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur.
20 Mais Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; S’il a soif, donne-lui à
boire ; car en agissant ainsi, ce sont des charbons ardents que tu amasseras
sur sa tête. 21 Ne sois pas vaincu par le mal, mais vainqueur du mal par le
bien. »
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Ce passage ne dit pas que nous devons nous laisser écraser par les autres.
Il nous dit d’être victorieux du mal par le bien et de ne pas tirer vengeance
des situations que nous subissons. Mais il ne dit pas que nous devons nous
laisser faire !
Désirer la paix ne signifie pas être passif lorsqu’on nous frappe. A ma
connaissance, les Ecritures ne nous demandent pas de nous réjouir de la
souffrance, mais des bienfaits que produit la souffrance (Ro 8.28 ; Jc 1.2-4,
1 Pi 1.6).
Elles nous demandent de prendre du recul et de nous souvenir que Dieu
reste aux commandes de notre vie, quel que soit l’orage que nous
traversons. Le fait de le savoir nous procure une joie malgré la souffrance
présente (Jn 19.11 ; Ro 8.28).
Nous ne sommes donc pas appelés à nier nos sentiments mais plutôt à les
exprimer sans nous laisser déborder par eux (garder la maîtrise de soi).
A ce titre, nous trouvons, dans le Nouveau Testament, non seulement des
situations où des hommes de Dieu ont pleuré mais aussi des exhortations à
pleurer. Par exemple :
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La compassion nous amène à pleurer avec ceux qui pleurent
(Ro 12.15). « Jésus pleura. » (Jn 11.35 )
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Notre péché nous amène à pleurer : « Sentez votre misère ; soyez dans
le deuil et dans les larmes ; que votre rire se change en deuil, et votre
joie en tristesse. » (Jc 4.9).
Le reniement de Dieu nous amène à pleurer : « Et Pierre se souvint de
la parole que Jésus avait dite : Avant que le coq chante, tu me renieras
trois fois. Il sortit, et dehors il pleura amèrement. » (Mt 26.75)
Notre incapacité devant la souffrance des autres nous rend triste : « Il
a été malade, en effet, tout près de la mort ; mais Dieu a eu pitié de lui,
et non seulement de lui, mais aussi de moi, afin que je n’aie pas
tristesse sur tristesse. » (Ph 2.27)
Le péché des autres nous amène à pleurer : Jésus pleure sur Jérusalem
(Luc 19.41). Paul pleure sur le péché des Corinthiens « Je crains qu'à
mon arrivée mon Dieu ne m'humilie de nouveau à votre sujet, et que je
n'aie à pleurer sur plusieurs de ceux qui ont péché précédemment, et
qui ne se sont pas repentis de l'impureté, de la débauche et des
dérèglements auxquels ils se sont livrés. » (2 Co 12.21)
L’amour des autres nous amène à pleurer : « C’est dans une grande
affliction, le cœur serré, avec beaucoup de larmes, que je vous ai écrit,
non pour vous attrister, mais pour que vous connaissiez l’amour
extrême que j’ai pour vous. (2 Co 2.4)
Ces textes nous montrent que parfois la joie cède la place aux pleurs. J’en
déduis que nous ne devons pas refouler (étouffer) nos sentiments mais les
exprimer clairement et les gérer avec sagesse.
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Un homme peut donc pleurer. Ce n’est pas une fillette pour autant. Les
larmes d’un homme montrent sa sensibilité et sa vulnérabilité. Si Dieu fait
homme a su pleurer, alors il n’y a pas de honte à pleurer.
En revanche, il ne doit pas se laisser accabler par ce sentiment au point de
ne plus se maîtriser et d’étaler à outrance ses états d’âme :
Proverbes 29.11 « L’insensé étale tous ses sentiments, mais le sage se
retient de montrer les siens. »
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Si l’on passait notre temps à pleurer et à étaler tous nos sentiments,
l’œuvre de Dieu n’avancerait guère ! Comme dit l’Ecclésiaste, il y a un
temps pour tout :
Ecclésiaste 3.4 « Un temps pour pleurer et un temps pour rire ; un temps
pour se lamenter et un temps pour danser »
Le paradoxe chrétien
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Je voudrais maintenant relever le paradoxe que le chrétien peut rencontrer
au sujet de la joie. Nous sommes parfois amenés à pleurer et à nous réjouir
en même temps. Quand Paul demande aux Philippiens de se réjouir
toujours il sait de quoi il parle.
Dans la deuxième lettre aux Corinthiens il donne un compte-rendu détaillé
des difficultés qu’il a rencontrées tout au long de son ministère. Je trouve
que ce récit exprime très bien ce paradoxe :
2 Corinthiens 6.4-10 « 4 Mais nous nous rendons à tous égards
recommandables, comme serviteurs de Dieu, par beaucoup de persévérance
dans les tribulations, dans les privations, dans les angoisses, 5 sous les
coups, dans les prisons, dans les émeutes, dans les travaux, dans les
veilles, dans les jeûnes ; 6 par la pureté, par la connaissance, par la
patience, par la bonté, par l’Esprit Saint, par un amour sans hypocrisie, 7 par
la parole de vérité, par la puissance de Dieu, par les armes offensives et
défensives de la justice ; 8 au milieu de la gloire et du déshonneur, au
milieu de la mauvaise et de la bonne réputation ; regardés comme
imposteurs, quoique véridiques ; 9 comme inconnus, quoique bien connus ;
comme mourants, et voici que nous vivons ; comme châtiés, quoique non
mis à mort ; 10 comme attristés, et nous sommes toujours joyeux ;
comme pauvres, et nous enrichissons plusieurs ; comme n’ayant rien, et
nous possédons tout. »
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Je relèverai simplement le verset 10 : comme attristés, et nous sommes
toujours joyeux. Paul connaît simultanément la joie et la tristesse. Deux
sentiments qui paraissent opposés et pourtant cohabitaient parfaitement en
lui. Un véritable paradoxe.
Dans l’Eglise, nous avons traversé des moments difficiles. On ne peut pas
dire que c’étaient des moments de grandes réjouissances. Mais cela ne
nous a jamais empêchés de louer Dieu et de lui rendre un culte avec joie.
Les larmes coulaient sur nos joues mais notre cœur était dans la joie car
nous regardions à Dieu et non à l’épreuve que nous traversions. Nous
connaissions le même sentiment que l’apôtre Paul.
Un ami pasteur, près de la retraite, me partageait récemment le paradoxe
qu’il vivait lors des enterrements chrétiens. Il disait la chose suivante :
Les émotions vécues lors des ensevelissements de frères et de
sœurs chrétiens sont vraiment paradoxales en ce qu’elles
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Bien placer notre espérance
Philippiens 4.1-4
produisent simultanément une grande tristesse (le fait de ne
plus pouvoir partager notre vie avec eux) et une immense joie
(le fait de les savoir auprès de Dieu).
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Cela peut vous paraître fou, utopique, mais c’est une réalité que vivent les
chrétiens. J’ai personnellement vécu ce paradoxe à plusieurs reprises.
Un jour, je me suis trouvé dans une situation où j’étais complètement impuissant. La
plupart de mes projets importants était tombée à l’eau : j’ai du rompre mes
fiançailles, tirer un trait sur ma carrière professionnelle, etc. D’un côté, je me sentais
complètement accablé, ce qui me rendait terriblement triste, mais de l’autre, je savais
que Dieu était au contrôle et cela me procurait une joie incompréhensible. J’étais en
train de vivre ce paradoxe sans savoir que c’était normal et que d’autres vivaient la
même chose que moi.
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Mes amis, si Paul nous demande de nous réjouir toujours, c’est que c’est
possible. Même si cela va à l’encontre de notre raison. C’est possible quand
c’est Dieu qui est la source de notre joie.
Car Dieu est fidèle et nous pouvons toujours compter sur lui, malgré nos
inconséquences (2 Tm 2.13). Le caractère de Dieu ne change pas selon les
circonstances.
Bien aimés, réjouissons-nous dans le Seigneur, je le répète, réjouissonsnous !
Conclusion
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J’aimerais conclure par cette histoire authentique racontée par Pierre
Bellemare :
Mademoiselle Madeleine sort 1 fois par semaine pour faire ses
courses. Depuis 20 ans, elle vit seule dans une maison dont les
volets sont toujours clos. Depuis 20 ans, elle achète chaque
semaine 1 paquet de riz, 1 kg de sucre, des sardines, de l'huile
et des pommes de terre.
En Mai 1962, elle sortira pour la dernière fois. Arrivée chez elle,
elle mourra…
Dans une ceinture de toile, elle avait cousu de petits sacs,
bourrés d'argent et de bijoux, qu'elle portait sous ses jupons,
en permanence, semble-t -il. Cela représentait plusieurs
millions, alors qu'elle vivait avec dix mille anciens francs par
mois. Et, sous son matelas, il y avait un petit cahier d'écolier :
« 22 septembre 1941… Maman est morte… Je ne veux pas que
l'on sache ce qu'elle a fait de moi. J’aimais un homme, il
s'appelait Edmond, il n'était pas riche. Elle n'a pas voulu qu'il
m'épouse. J'avais 24 ans, je suis restée avec maman, mais j'ai
fermé mon cœur. Maintenant qu'elle est morte, je vais fermer
ma vie. Je vais fermer les portes et j'attendrai de mourir à mon
t our, devant cet argent qui a tout gâché… Je n'y toucherai pas…
je lègue tout ce que j'ai à l'Etat… pour moi, depuis longtemps, il
n'y a plus personne…! »
Les autres pages étaient blanches, vides, aussi vides que les 20
années passées depuis ce 22 septembre 1941, où Mademoiselle
Madeleine avait enterré sa mère.
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Quel gâchis ! Dieu nous a laissé son Esprit Saint pour que nous puissions
vivre dans la joie. Ne nous en privons pas !
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Bien placer notre espérance
Philippiens 4.1-4
Romains 12.12 « Réjouissez-vous en espérance. Soyez patients dans la
tribulation. Persévérez dans la prière. »
Matthieu 5.12 « Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que
votre récompense sera grande dans les cieux, car c’est ainsi qu’on a
persécuté les prophètes qui vous ont précédés. »
1 Thessaloniciens 5.16 « Soyez toujours joyeux. 17 Priez sans cesse. 18 En
toute circonstance, rendez grâces ; car telle est à votre égard la volonté de
Dieu en Christ-Jésus. »
1 Pierre 4.13 « Au contraire, réjouissez-vous de participer aux
souffrances du Christ, afin de vous réjouir aussi avec allégresse, lors de
la révélation de sa gloire. »
Philippiens 3.1 « Au reste, mes frères, réjouissez-vous dans le Seigneur.
Je n’éprouve aucun ennui à vous écrire les mêmes choses, et pour vous,
c’est une sécurité. »
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De Franck Segonne , Pasteur à Dijon. Nous écrire à
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