Acalie, Nouvelle-Austrasie ou Rhin-Champagne - Haut-Rhin
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Acalie, Nouvelle-Austrasie ou Rhin-Champagne - Haut-Rhin
45 Politique D IM AN C H E 13 MAR S 201 6 L ' AL S A CE GRANDE RÉGION ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Acalie, Nouvelle-Austrasie ou Rhin-Champagne ? François Fillon à Cernay jeudi C’est le tiercé gagnant pour les propositions de nom de baptême pour la grande région Alsace Champagne-Ardenne Lorraine (Acal)… Aux internautes de décider maintenant lequel ils préfèrent, avant le vote des élus le 29 avril. Pierre Roeder (Le Républicain Lorrain) Et le tiercé gagnant est : NouvelleAustrasie (36 voix), Acalie (32 voix) et Rhin-Champagne (26 voix). Exit Grand Est, pourtant favori. Le turfiste évoquerait une grosse cote… « C’est une surprise ! », reconnaissait hier, humblement, Philippe Richert, président d’une région affublée d’un acronyme (Acal) qu’il exècre et grand initiateur d’une démarche participative se voulant exemplaire. Hier, ce qui était jadis l’hôtel de la Région Lorraine, à Metz, a accueilli, après Châlons-en-Champagne et Strasbourg (L’Alsace des 28 février et 6 mars), la troisième étape du processus. Celle-ci avait pour mission d’arrêter une « short list » de trois noms, qui sera soumise dès lundi au vote des internautes. Quand la séance débute, 15 noms sont affichés devant les 60 participants à cet exercice de démocratie, orchestré par Valérie Debord, vice-présidente de la Région. Parmi eux : des experts (historiens, géographes, communicants, journalistes…), des membres du conseil économique et social, des agents territoriaux et des citoyens tirés au sort, devant huissier, parmi 3 000 candidats. Les membres du comité de soutien de François Fillon : Linda Schleer, Michel Sordi, Claudine Ganter, Gilbert Meyer, Raphaël Schellenberger, Jonathan Frickert (de gauche à droite). Photo L’Alsace/Clement Tonnot Les 15 noms encore en lice sont le fruit des discussions et sélections précédentes. Chaque membre de la Hier, à l’heure des délibérations finales dans l’ancien hôtel de la commission a devant lui quatre pa- Région Lorraine, à Metz. Photo Le Républicain Lorrain/Anthony Picoré Des noms difficiles à vendre La parole est désormais aux internautes. Ces derniers auront la responsabilité immense de donner un nom à la région et ceci pour les générations à venir. À l’issue du vote, hier à Metz, le président LR du conseil régional Philippe Richert a loué avec insistance l’implication des citoyens, experts ou non. Derrière l’hommage sincère pointait néanmoins un embarras compréhensible face à des noms politiquement très difficiles à vendre : Rhin-Champagne, parce qu’il efface la Lorraine ; Nouvelle-Austrasie, en raison d’une justification historique qui remonte à la nuit des temps ; Acalie qui, même féminisé, reste cet acronyme qu’il déteste. La démocratie participative, aussi orchestrée et louable soit-elle, est par définition imprévisible. Fallait-il, par exemple, écarter Grand Est, ce que se sont appliqués à faire les membres de la commission ? Cette appellation fédératrice ne méritait-elle pas, au minimum, d’être soumise à une appréciation populaire plus large ? Il faut croire que non. Dès hier, les réactions sur les réseaux sociaux étaient vives et, le plus souvent, lapidaires pour les trois appellations choisies. Cette férocité ne doit certes pas être prise au pied de la lettre. Elle est la règle sur internet. Mais derrière l’exubérance du ton, le message devra être entendu. Si message il y a. P. R. piers et trois gommettes rouges. Il doit dans un premier temps écrire un nom de son choix avec une courte argumentation sur chacune des feuilles. Ces dernières sont ensuite collées sur les panneaux près de l’appellation sélectionnée. Exit Estrie et Île d’Europe mentaire. Trois groupes partisans se forment. Les avocats de la NouvelleAustrasie y voient une appellation « intemporelle, fédératrice par son antériorité historique », qui « relie passé (Austrasie) et avenir (Nouvelle) ». Les défenseurs de l’Acalie décrivent « un nom de baptême fondateur, fédérateur, poétique, paisible, facile à prononcer, harmonieux et intemporel ». Après l’histoire et l’air du temps, le groupe constitué autour de Rhin-Champagne considère que son choix évoque « une région dynamique au développement économique ancien et prestigieux et au patrimoine historique et culturel reconnu depuis l’Antiquité ». Des noms filent en tête ; d’autres sont d’emblée promis à un échec cuisant, comme Estrie, Orest ou encore Île d’Europe. Puis vient le temps des gommettes apposées avant d’être dénombrées. Derrière les trois premières, Grand Est France n’est pas très loin avec 22 voix, suivi d’Union Grand Est qui comptabilise 19 suffra- Alors que les discussions sont encore ges. en cours, les premières fuites déchaînent les réseaux sociaux. Les modaliAprès le vote, il faut rédiger un argu- tés de vote seront connues lundi. FRONT NATIONAL Bruno Gollnisch : « On voit bien que le système explose » La fédération départementale du FN du Haut-Rhin, qui se flatte d’effectifs « en forte hausse », a tenu son assemblée générale à Mulhouse, en présence du député européen Bruno Gollnisch. frontières extérieures de l’Union européenne, cette grenouille qui a voulu se faire aussi grosse que le bœuf. On voit bien que le système explose, sous l’afflux des réfugiés que Mme Merkel a incité à venir chez nous… Et quelle est la panacée que nous propose le Conseil de l’Europe ? Se reposer sur la Turquie ! Le président Erdogan va nous faire payer ce “service” au prix fort. Il demande déjà qu’on relance les négociations d’adhésion… Or, si la Tu rq u i e d ev i e n t m e m b re d e l’Union, elle en sera le pays dominant, car le plus peuplé. » Emmanuel Delahaye Mercredi soir, devant l’entrée de la salle du Lerchenberg de Mulhouse, sur les hauteurs du quartier de Dornach. Un homme et une femme font le pied de grue dans le froid. Ils auraient bien aimé assister à l’assemblée générale de la fédération départementale du FN du HautRhin, mais le service d’ordre leur en a interdit l’entrée. Mildred Frey et José Sanjuan sont pourtant venus avec leurs cartes d’adhérent, valides respectivement jusqu’en mars et avril 2016. Renseignements pris auprès du secrétaire départemental Alain Favaletto, on saura juste qu’ils sont « suspendus ». Plus que jamais soucieux de respectabilité, le FN façon Marine Le Pen demeure un parti cachotier, où il ne fait pas bon non plus contester les décisions venues d’en haut : lors des dernières élections régionales, les deux réprouvés ont vertement critiqué le grand nombre de candidats parachutés sur la liste haut-rhinoise du FN. Mal leur en a pris… « Nous partions bas » Alain Favaletto n’a pas non plus envie de revenir sur le passé. Peu importe si Martine et Patrick Binder décrivent le FN comme « une secte jacobine » : « On m’a fixé une mission, qui est de bâtir l’avenir. Pas de régler des comptes. » À Bruno Gollnisch, mercredi soir, dans la salle du Lerchenberg à Mulhouse. Photo L’Alsace/Hervé Kielwasser l’écouter, l’avenir du FN 68 s’annonce radieux : le nombre d’adhérents a bondi de 42 % en un an, pour s’établir à un peu plus de 630… « Mais nous partions de plus bas que beaucoup d’autres partis. D’ailleurs, c’est seulement depuis janvier dernier que nous avons mis en place un réseau de correspondants locaux. » On l’a diabolisé parce que lui seul « voyait clair », mais les temps changent : « Beaucoup de nos analyses, naguère jugées plus ou moins scandaleuses et indignes, sont aujourd’hui partagées par un nombre croissant de compatriotes. Sur la déchéance de nationalité par exemple. Sur l’immigration aussi : on s’aperçoit enfin qu’une société multiculturelle est aussi multi-conL’invité d’honneur de la soirée est flictuelle – et pas seulement à l’ocBruno Gollnisch, pilier du FN et casion des attentats qui ont désolé eurodéputé depuis 1989, vient en notre pays… Même Angela Merkel particulier parler de l’Union euro- l’a finalement reconnu à demipéenne, de la crise des migrants et mot. » des accords de Schengen. L’auditoire de quelque 80 personnes boit du La peur de la Turquie petit-lait. Leitmotiv de son propos : sur tous les grands problèmes de « Le problème, insiste Bruno Golll’heure, le FN a eu raison trop tôt. nisch, c’est la perméabilité des « Le FN a vu clair », encore, en matière économique. La disparition des barrières douanières, « la folie furieuse du système de libre-échange mondial », « cette jungle » : voilà le mal apocalyptique dont est censée souffrir une Europe quasi exsangue… « Nous ne sommes pas des gens hostiles à toute forme de commerce. Simplement, il faut rétablir un minimum de protection économique sur nos pourtours et libérer notre économie intérieure des lourdeurs bureaucratiques et du fiscalisme confiscatoire. » Résumons : hantise de la submersion étrangère, rejet du métissage culturel, protectionnisme suranné, accents poujadistes anti-impôts… Le FN a beau vouloir « bâtir l’avenir », la matrice de son discours remonte toujours à sa fondation par Jean-Marie Le Pen, en 1972. IRE02 François Fillon sera en meeting, jeudi soir, à Cernay en vue de la primaire des Républicains. Emmené par Michel Sordi, le comité de soutien haut-rhinois de l’ancien Premier ministre a lancé sa campagne vendredi à Colmar. Autour du député-maire de Cernay, le maire de Colmar Gilbert Meyer, la conseillère régionale Claudine Ganter, le maire de Wattwiller Raphaël Schellenberger, Linda Schleer, élue à Staffelfelden, et Jonathan Frickert, qui s’occupera des réseaux sociaux. candidat sur un projet avant d’être candidat sur sa personne. Il n’est pas dans la séduction électorale », complète Raphaël Schellenberger. Un projet qui est d’ailleurs « copié par certains concurrents », relève Gilbert Meyer, pour qui « cela prouve qu’il est le plus pertinent, notamment sur le plan économique ». Le comité évoque notamment le contrat de travail et l’allocation sociale uniques, ou encore l’accent mis sur l’apprentissage, qui peuvent offrir « un espoir à la jeunesse ». Michel Sordi insiste sur « l’expérience » de l’ancien Premier ministre et sa capacité à « rassembler les Français » : « Nous avons le record de fiscalité, de déficits et de découragement en Europe. Pour inverser cette tendance, il veut remettre de la liberté dans l’économie et de l’ordre dans la République. » « Fidèle » de longue date de François Fillon, Gilbert Meyer cite aussi en exemple « sa ligne de conduite constante ». « C’est le seul qui est Au-delà de leur soutien, Michel Sordi et Gilbert Meyer s’impliquent d’ailleurs dans la préparation du projet du candidat. Le premier, très concerné par Fessenheim, dans le domaine de l’énergie, et le second, dans son domaine de prédilection, la gestion publique. C. T. Y ALLER Meeting jeudi 17 mars à 19 h, à l’Espace Grün de Cernay. AU PARLEMENT Les retombées de la réserve des députés Les 15 députés alsaciens disposent de 130 000 euros de subventions par an pour aider à réaliser des projets dans la région. Le secteur du BTP en absorbe près de la moitié en 2015. Sailesh Gya Longtemps dans l’ombre, cette cagnotte annuelle de 130 000 € par député permet d’alléger les factures des collectivités et associations en mal de trésorerie. En France entière, 90 M€ (millions d’euros) de crédits étaient accordés aux députés en 2015. En Alsace, c’est une manne de 1,95 M€. Sans compter l’enveloppe des sénateurs, dont le détail devrait bientôt être publié. Une rue à refaire, une place à réaménager, une école à remettre aux normes… Mine de rien, les projets de bâtiment et travaux publics (BTP) représentent une part non négligeable des dépenses publiques. C’est d’ailleurs ce poste qui a mobilisé une bonne partie de la réserve parlementaire des députés alsaciens. Selon nos calculs, 869 000 €, soit 44,5 %, partent dans les bâtiment et travaux publics sous forme de construction, d’extension ou de rénovation de locaux. mar, les ventilent sur plus d’une vingtaine d’associations en plus des travaux de voirie. Dans le Bas-Rhin, le député LR Laurent Furst détient la palme de subventions distribuées : plus de 90 ! Les députés aux circonscriptions plus rurales, comme le Bas-Rhinois Antoine Herth (LR), consacrent une plus grande partie de leur enveloppe aux communes et aident les maires pour des projets d’intérêt local. Jean-Louis Christ (LR) a versé par exemple à Illhauesern (10 000 €), Saint-Hippolyte (10 000 €) et Wihr-au-Val (8 000 €) de quoi financer l’élaboration de leur plan local d’urbanisme (PLU). Rares sont ceux comme Francis Hillmeyer (UDI-UC) qui, en donnant à Reporters sans Frontières (3 000 €), s’écartent de leur circonscription. La Cour des comptes vigilante Dans un cinglant rapport fin 2015, la Cour des comptes a épinglé l’utilisation de ces fonds autrefois « secrets ». Faire du clientélisme ou s’attacher des Les députés donnent aussi un coup de relais d’influence dans les associapouce aux associations et communes tions sont des attaques lancées par la qui se chargent du patrimoine reli- juridiction financière après un exagieux. Près de 149 500 € de subven- men de la gestion de la réserve parletions, soit 7,6 %, sont partis dans des mentaire entre 2006 et 2014. La Cour y travaux de réfection d’églises et des rappelle que les aides doivent particirénovations lourdes comme la restau- per « à la mise en œuvre d’une politiration de vitraux ou d’orgues. Les que d’intérêt général et satisfaire un 800 000 € qui restent sont répartis en- intérêt local évident ». tre les associations sportives, sociales et culturelles. Si ces calculs sont possi- Une polémique avait éclaté quand la bles, c’est grâce à la publication sur le publication de la répartition des subsite de l’Assemblée nationale, le 29 fé- ventions a fait apparaître le financevrier dernier, des détails des subven- ment de syndicats étudiants Unef tions distribuées par les députés. (gauche) et Uni (Droite) par des députés… C’était encore le cas en 2015 Un coup d’œil suffit pour voir l’ensem- pour Armand Jung, député PS qui ble des bénéficiaires par parlementai- vient de démissionner pour des raire. Des chiffres très parlants qui sons de santé, qui a ainsi versé 3 000 € dessinent différentes méthodes pour à l’Unef du Bas-Rhin. gérer ces fonds. Ceux des villes comme les députés LR Arlette Grosskost, à SURFER www2.assemblee-nationaMulhouse, ou Eric Straumann, à Colle.fr/reserve_parlementaire/plf/2015 Entretenir le patrimoine religieux