dp_fleurs du mal - Ville de Saint
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LES FLEURS DU MAL DE BAUDELAIRE BRIGITTE FONTAINE & ARESKI BELKACEM CONCEPTION & MISE EN SCÈNE FRANÇOISE COURVOISIER ÉQUIPE ARTISTIQUE ROBERT BOUVIER CÉDRIC CERBARA AURÉLIE TRIVILLIN ARTHUR BESSON LAURENT KAYE SYLVIE LÉPINE COPRODUCTION LE POCHE GENÈVE LE PUBLIC, BRUXELLES COMPAGNIE DU PASSAGE, NEUCHÂTEL Cédric Cerbara et Aurélie Trivillin, comédiens THÉÂTRE LE POCHE www.lepoche.ch / 022 310 37 59 location Service culturel Migros 5 > 25 MAI 2014 CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / PHOTOGRAPHIE BRUNO MULLENAERTS LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE) LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD) PARTENAIRES MEDIAS : LEPROGRAMME.CH & NOUVELLES (Spectacle poétique et musical ) L ES FLEURS DU MAL (création) 5 > 25 MAI 2014 Texte Conception & mise en scène Scénographie & costumes Lumière Musique Charles Baudelaire Brigitte Fontaine & Areski Belkacem Françoise Courvoisier Sylvie Lépine Laurent Kaye Arthur Besson Jeu Robert Bouvier Cédric Cerbara Aurélie Trivillin Coproduction Le Poche Genève / Théâtre Le Public, Bruxelles Compagnie du Passage, Neuchâtel Un spectacle musical pour redécouvrir la splendeur d’une des œuvres les plus géniales de la langue française. Un choix de textes où explose la modernité du poète dont l’audace lui avait valu la censure de son vivant : un regard sans concession sur la noirceur de l’âme humaine mais aussi, un amour de la vie et une sensualité enivrante. Le spectacle a été créé au Théâtre Le Public en janvier 2013. Images disponibles, libres de droits Robert Bouvier, Cédric Cerbara, Aurélie Trivillin / Photographie Bruno Mullenaerts 5 > 25 MAI 2014 LES FLEURS DU MAL DÉJEUNER SUR L’HERBE Notes d’intention de Françoise Courvoisier, janvier 2013 « Dire un texte, c’est en proférer l’éloge », disait Greta Prozor, puis Richard Vachoux… On n’a pas trouvé mieux depuis. Dire, savourer, se délecter du verbe et des sens… Trois amis, une jeune femme et deux hommes, partagent une journée à la campagne. Des liens divers se devinent entre ces trois-là. Mais ici, il n’est question que du bonheur de dire… ou de chanter. Dans les sous-bois, entre pique-nique, sieste crapuleuse et confidences au clair de lune, ils égraineront leurs plus belles Fleurs du mal. Parce qu’elles ont consolé nombre d’adolescents écorchés, qu’elles sont logées dans le cœur de chacun d’entre nous, c’est un véritable remède de les dire, de les entendre. On découvre à travers ces textes qu’au-delà des différences, des âges, des professions, des sexes… nous sommes bel et bien tous semblables. Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat… Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère. Avec Baudelaire, nous sommes au-delà du jugement, par-delà bien et mal… Nous sommes juste l’oreille collée contre l’âme et dans l’exacerbation de nos souffrances intimes. Et c’est là que la musique intervient, dans « nos Fleurs du mal »… Elles sont le pansement pour la plaie, la douceur de la compassion, la tendresse… J’ai souhaité retrouver Arthur Besson, compositeur suisse parmi les plus doués, pour mettre certains poèmes en chansons, comme il avait si bien su le faire déjà pour mon spectacle Poussières d’étoiles (2003 !). Le résultat est magnifique. Puis Brigitte Fontaine, avec son audace, sa mutinerie et son immense talent de parolière, s’est vite imposée comme une petite sœur de Charles Baudelaire. La grande dame a généreusement accepté de nous céder quelques uns de ses plus beaux titres ! Un travail assidu sur la versification a été incontournable au début des répétitions, car comme l’explique Charles Baudelaire si bien ci-dessous, la métrique entraîne le sens, la rime le sentiment, en bref, la forme et le fond sont indissociables, en particulier dans Les Fleurs du mal. Tout poète, qui ne sait pas au juste combien chaque mot comporte de rimes, est incapable d’exprimer une idée quelconque ; que la phrase poétique peut imiter (et par là elle touche à l’art musical et à la science mathématique) la ligne horizontale, la ligne droite ascendante, la ligne droite descendante ; qu’elle peut monter à pic vers le ciel, sans essoufflement, ou descendre perpendiculairement vers l’enfer avec la vélocité de toute pesanteur; qu’elle peut suivre la spirale, décrire la parabole, ou le zigzag figurant une série d’angles superposés… Extrait d’une des nombreuses préfaces des Fleurs du mal 5 > 25 MAI 2014 LES FLEURS DU MAL EXTRAITS DE PRESSE Ce bouquet de "Fleurs du mal" nous entraîne dans un tourbillon d’images où volupté, vertige, beauté, spiritualité se mêlent à lassitude, incompréhension, déchéance et mort. Pour casser l’image amidonnée du récital poétique, la metteuse en scène Françoise Courvoisier s’appuie sur le jeu varié et dynamique de ses comédiens. Le détachement de Robert Bouvier, à la voix chaude et profonde, la souplesse d’Aurélie Trivillin, maternelle ou sensuelle et la fougue convaincante de Cédric Cerbara se conjuguent pour refléter les espoirs et les désillusions du poète écorché.(…) On se laisse gagner par une ambiance de "déjeuner sur l’herbe", on savoure un spectacle original, subtil, porté par des comédiens vibrants. Jean Campion, Demandez le programme Baudelaire, tout le monde le connait, de là à réaliser un spectacle de ses poèmes... Le pari était risqué... et ma foi, brillamment relevé! C'est donc une ballade champêtre qui nous est réservée, nous laissant papillonner de poèmes déclamés à quelques touches chantées... En fait, une mise en vie de la dimension érotique d'un auteur censuré, mise en vie de la lassitude d'un monde pourri de par les êtres qu'il accueille. Le tout est agrémenté d'une touche de Dame Fontaine (Brigitte), image poétique et underground à la fois, image décalée d'un univers décadent, Baudelaire des temps modernes. Finalement une belle (re)découverte de textes en fait très actuels, magnifiés par un jeu d'acteur impressionnant. C'est beau, émouvant, dur, c'est Baudelaire. N'hésitez donc pas à vous engouffrer dans cette représentation proche du surréalisme, où l'atmosphère est tellement langoureuse et sensuelle qu'elle réveillerait la libido d'un mammouth dans son bloc de glace. Culture et Compagnie De mémoire de spectateur vous n’êtes entré d’aussi près, dans le tableau. De mémoire de spectateur les syllabes égrenées dans le plaisir de dire et de ressusciter ne vous auront autant touchés. C’était une veille de Saint-Valentin, et l’amour était déjà au rendez-vous. L’amour étincelant des mots vivants.(…) Votre cœur est alors saisi d’audace de liberté et de bonheur. Vous respirez comme un encens capiteux les vers de Baudelaire dits par les trois comédiens malicieux et si unis. Souvent, la langue baudelairienne fusait vers un ciel sans étoiles, couchée à même l’herbe, tendre et magique. (…) On emportera comme un viatique, les mélodies et les musiques mystérieuses qui embrassent les déclamations poétiques, les gestes si beaux sous les lampions, les regards, les bribes éparses d’un verbe célébré afin de peupler parfois un quotidien si peu romantique. "Heureux celui qui peut d'une aile heureuse s'élancer... et comprendre l'essence des choses muettes!" Deashelle, Bruxelles News, no 941, 19 février 2013 5 > 25 MAI 2014 EXTRAIT Ange plein de gaieté, connaissez-vous l’angoisse ? La honte, les remords, les sanglots, les ennuis, Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits Qui compriment le cœur comme un papier qu’on froisse ? Ange plein de gaieté, connaissez-vous l’angoisse ? Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine ? Les poings crispés dans l’ombre et les larmes de fiel, Quand la vengeance bat son infernal rappel, Et de nos facultés se fait le capitaine ? Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine ? Ange plein de santé, connaissez-vous les fièvres ? Qui, le long des grands murs de l’hospice blafard, Comme des exilés s’en vont d’un pied traînard, Cherchant le soleil rare et remuant les lèvres ? Ange plein de santé, connaissez-vous les fièvres ? Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides ? Et la peur de vieillir, et ce hideux tourment De lire la secrète horreur du dévouement Dans des yeux où longtemps burent nos yeux avides ? Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides ? Ange plein de bonheur, de joie et de lumières, David mourant aurait demandé la santé Aux émanations de ton corps enchanté ; Mais de toi je n’implore, ange, que tes prières, Ange plein de bonheur, de joie et de lumières ! LES FLEURS DU MAL 5 > 25 MAI 2014 LES FLEURS DU MAL PRÉFACE DE CHARLES BAUDELAIRE extrait de la préface aux Fleurs du mal, éd. Gallimard, 1996 S’il y a quelque gloire à ne pas être compris, ou à ne l’être que très peu, je peux dire sans vanterie que, par ce petit livre, je l’ai acquise et méritée d’un seul coup. Offert plusieurs fois de suite à divers éditeurs qui le repoussaient avec horreur, poursuivi et mutilé, en 1857, par suite d’un malentendu fort bizarre, lentement rajeuni, accru et fortifié pendant quelques années de silence, disparu de nouveau, grâce à mon insouciance, ce produit discordant de la Muse des derniers jours, encore avivé par quelques nouvelles touches violentes, ose affronter aujourd’hui, pour la troisième fois, le soleil de la sottise. Ce n’est pas ma faute ; c’est celle d’un éditeur insistant qui se croit assez fort pour braver le dégoût public. « Ce livre restera sur toute votre vie comme une tache» me prédisait, dès le commencement, un de mes amis qui est un grand poète. En effet, toutes mes mésaventures lui ont, jusqu’à présent, donné raison. Mais j’ai un de ces heureux caractères qui tirent une jouissance de la haine, et qui se glorifient dans le mépris. Mon goût diaboliquement passionné de la bêtise me fait trouver des plaisirs particuliers dans les travestissements de la calomnie. Chaste comme le papier, sobre comme l’eau, porté à la dévotion comme une communiante, inoffensif comme une victime, il ne me déplairait pas de passer pour un débauché, un ivrogne, un impie et un assassin. Mon éditeur prétend qu’il y aurait quelque utilité, pour moi comme pour lui, à expliquer pourquoi et comment j’ai fait ce livre, quels ont été mon but et mes moyens, mon dessein et ma méthode. Un tel travail de critique aurait sans doute quelque chance d’amuser les esprits amoureux de la rhétorique profonde. Pour ceux-là, peut-être l’écrirai-je plus tard et le ferai-je tirer à une dizaine d’exemplaires. Mais, à un meilleur examen, ne paraît-il pas évident que ce serait là une besogne tout à fait superflue, pour les uns comme pour les autres, puisque les uns savent ou devinent, et que les autres ne comprendront jamais ? Pour insuffler au peuple l’intelligence d’un objet d’art, j’ai une trop grande peur du ridicule, et je craindrais, en cette matière, d’égaler ces utopistes qui veulent, par un décret, rendre tous les Français riches et vertueux d’un seul coup. Et puis, ma meilleure raison, ma suprême, est que cela m’ennuie et me déplait. Mène-t-on la foule dans les ateliers de l’habilleuse et du décorateur, dans la loge de la comédienne ? Montre-t-on au public, affolé aujourd’hui, indifférent demain, le mécanisme des trucs ? Lui explique-t-on les retouches et les variantes improvisées aux répétitions, et jusqu’à quelle dose l’instinct et la sincérité sont mêlés aux rubriques et au charlatanisme indispensable dans l’amalgame de l’œuvre? Lui révèle-t-on toutes les loques, les fards, les poulies, les chaînes, les repentirs, les épreuves barbouillées, bref toutes les horreurs qui composent le sanctuaire de l’art ? D’ailleurs, telle n’est pas aujourd’hui mon humeur. Je n’ai désir ni de démontrer, ni d’étonner, ni d’amuser, ni de persuader. J’ai mes nerfs, mes vapeurs. J’aspire à un repos absolu et à une nuit continue. Chantre des voluptés folles du vin et de l’opium, je n’ai soif que d’une liqueur inconnue sur la terre, et que la pharmaceutique céleste elle-même ne pourrait pas m’offrir ; d’une liqueur qui ne contiendrait ni la vitalité, ni la mort, ni l’excitation, ni le néant. Ne rien savoir, ne rien enseigner, ne rien vouloir, ne rien sentir, dormir, et encore dormir, tel est aujourd’hui mon unique vœu. Vœu infâme et dégoûtant, mais sincère. 5 > 25 MAI 2014 LES FLEURS DU MAL CHARLES BAUDELAIRE Charles Baudelaire naît à Paris en 1821. Élève brillant mais dissipé au Lycée Louis le Grand, il se fait renvoyer en 1839 et choisit de mener une vie en opposition aux valeurs bourgeoises incarnées par sa mère et son beau-père, le général Aupick. Dandy endetté, il est placé sous tutelle judiciaire et dès 1842 il commence à composer plusieurs poèmes des Fleurs du mal. Les Fleurs du mal paraissent en 1857 et le recueil est en partie condamné « pour outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ». La nouvelle édition de 1861 sera enrichie et restructurée mais aussi amputée de six poèmes interdits, publiés plus tard sous le titre Pièces condamnées. Le poète part alors pour la Belgique et se fixe à Bruxelles. Il y rencontre Félicien Rops qui illustre Les Fleurs du mal. Il meurt en 1867 et est enterré au cimetière du Montparnasse. Le Spleen de Paris sera édité à titre posthume. Le jugement de 1857 ne sera révisé, et Baudelaire réhabilité, qu'en 1949. BRIGITTE FONTAINE Brigitte Fontaine débarque à Paris à dix-sept ans pour devenir comédienne. Dès 1963, elle se tourne vers la chanson et interprète ses propres textes. Son destin croise celui du musicien Areski Belkacem, avec lequel elle construira toute son œuvre ; des centaines de chansons, dont certaines ont marqué des générations entières : Les Zazous, Demie-clocharde et, plus récemment, Prohibition… Voguant entre pop, folk et world music elle est une artiste inclassable et reçoit de nombreuses récompenses. Parmi ses nombreuses œuvres publiées, citons en mars 2011, Mot pour mot aux Éditions Les Belles Lettres et, en octobre 2012, Portrait de l’artiste en déshabillé de soie aux Éditions Actes Sud. ARTHUR BESSON Arthur Besson est un compositeur suisse qui a œuvré pour un bon nombre de spectacles et de films, avec de grands metteurs en scène tels que Mathias Langhof, Murielle Mayette de la Comédie française ou Christophe Rauck du Théâtre Gérard Philippe à Paris. Il retrouve la metteur en scène Françoise Courvoisier, pour laquelle il avait composé les musiques du spectacle musical Poussières d’étoiles. 5 > 25 MAI 2014 LES FLEURS DU MAL ROBERT BOUVIER Robert Bouvier est un homme de théâtre accompli. Comédien, metteur en scène et directeur du Théâtre du Passage à Neuchâtel depuis 2000, il a travaillé tant en Suisse qu’à l’étranger. Nommé Chevalier de l’ordre des arts et lettres en 2006, il a signé de nombreuses mises en scène, notamment Peepshow dans les alpes de Köbeli, Saint Don Juan de Delteil, Cronopes et fameux de Cortazar, L’homme qui vivait couché sur un banc de Chappaz, ainsi que plusieurs opéras. Comme comédien, il a joué dans une quarantaine de spectacles, sous la direction de Matthias Langhoff, Adel Hakim, El Hakawati, Jean Chollet, Jean-Louis Hourdin, Irina Brook ou encore Hervé Loichemol, et dans une vingtaine de films, entres autres d’Alain Tanner et d’Alain Resnais. Au Poche, il joue Éloge de la faiblesse d’Alexandre Jollien et monte Cinq Hommes de Daniel Keene. Récemment, il met en scène et joue Le Doute de John Patrick Shanley au Festival d’Avignon, puis en tournée, et reprend son rôle de François d’Assise de Joseph Delteil à Vidy. AURÉLIE TRIVILLIN Aurélie Trivillin a terminé ses études de théâtre au Conservatoire de Mons il y a quatre ans. Depuis, son charme, son talent et sa personnalité originale ont rayonné dans plusieurs spectacles du Théâtre Le Public à Bruxelles, où elle a été sélectionnée pour intégrer la jeune troupe. Elle joue notamment dans Les Deux Gentilshommes de Vérone sous la direction de Robert Bouvier et dans L’Encrier a disparu de Daniil Harms mis en scène par Bernard Cogniaux. CÉDRIC CERBARA Cédric Cerbara, jeune comédien également issu du Conservatoire de Mons, a aussi été choisi par Le Public pour faire partie de sa troupe. Il a joué dans plusieurs spectacles, notamment La Puce à l’oreille de Feydeau, L’Encrier a disparu de Daniil Harms aux côtés d’Aurélie Trivillin et dans Le Bourgeois gentilhomme mis en scène par Serge Demoulin. Sur scène, il allie à merveille technique, inventivité et émotion.