Et pour quelques DVD de plus…

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Et pour quelques DVD de plus…
Et pour quelques DVD de plus…
Février 2015
n° 10
Cabiria (1914)
Giovanni Pastrone
C’est en Italie que les premiers chefs-d’œuvre du film antique voient le jour.
Premier long métrage et première superproduction de l’histoire du cinéma, Cabiria
est un jalon capital dans l’évolution du film à grand spectacle. Entreprise
monumentale aux décors magnifiques (le temple carthaginois de Moloch), aux
batailles spectaculaires et aux effets spéciaux impressionnants, le film bénéficie
d’un retentissement mondial considérable. Il exerce notamment une grosse
influence sur les cinéastes hollywoodiens (Cecil B. DeMille et D.W. Griffith pour son Intolérance).
Et pour quelques DVD de plus… vous présente les coups de coeur cinéma (nouveautés et rééditions) de
la médiathèque de Meudon, ainsi qu’une sélection thématique.
Retrouvez également toutes les dernières nouveautés dans la boîte à idées du portail.
COUP DE PROJECTEUR
Le péplum italien
Scipion l’Africain (1937)
Carmine Gallone
Scipion l’Africain est l’un des rares péplums à avoir été réalisé en Italie entre l’âge
d’or de la période muette et le renouveau des années 50. C’est également la
seule incursion spectaculaire dans l’antiquité de l’ère mussolinienne. Cette
fresque de propagande, mise en chantier en 1937, relate les principaux
évènements de la deuxième guerre punique qui oppose Rome et Carthage,
Scipion et Hannibal. Le but est ainsi, pour le régime fasciste, de justifier par ce
rapprochement historique la récente invasion de l’Ethiopie par les forces
italiennes. Malgré quelques scènes d’action spectaculaires, Scipion l’Africain reste
une vision pompeuse et édifiante de l’histoire romaine, à voir aujourd’hui avec
le recul nécessaire.
Le péplum (mot latin pour tunique) désigne un film dont le cadre est l’Antiquité. Ce terme a été utilisé à la
fin des années 50 avec une connotation plutôt péjorative, synonyme de kitsch et de carton-pâte, pour
qualifier l’abondante production de films de ce type qui se développa brusquement en Italie. Aujourd’hui,
ce terme est utilisé de façon plus générale et englobe aussi bien les superproductions hollywoodiennes (les
grandes fresques antiques) que le cinéma bis.
L’éditeur Bach Films a sorti récemment une salve de DVD dans la collection « Les grands classiques du
cinéma italien ». Parmi ces titres figurent notamment deux péplums, disponibles pour la première fois en
DVD en France : Cabiria et Scipion, l’Africain.
Le péplum (livre)
Laurent Aknin
Précis et concis, cet ouvrage offre une très intéressante porte d’entrée pour
découvrir ce genre. Il se consacre à l’histoire du péplum depuis les origines du
cinéma jusqu’aux productions les plus récentes. Richement illustré, il évoque
ses évolutions, ses métamorphoses, ses éclipses et ses renaissances. Laurent
Aknin, s’intéresse peut à la véracité historique de ces films et préfère voir dans
le péplum un genre éminemment « populaire » qui s’est emparé du fonds
culturellement « noble » de l’Occident, l’Antiquité et le monde biblique, pour le
magnifier en le travestissant. Spécialiste du cinéma bis, auquel il a également consacré un ouvrage,
l’auteur traite ainsi longuement du péplum italien et de ses grands auteurs (Mario Bava, Riccardo Freda,
Vittorio Cottafavi…).
Le temple carthaginois de Moloch dans Cabiria (1914)
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ACTU CINE
REEDITIONS
Coups de cœur nouveautés
Le cinéma du patrimoine réédité en DVD et en Blu-ray.
Moi et toi (2012)
Bernardo Bertolucci
Adapté d'un roman de Niccolo Ammaniti, Moi et toi raconte les retrouvailles, dans
la cave inutilisée de leur immeuble, de Lorenzo, un adolescent mal dans sa peau, et
de sa demi-sœur, Olivia, ex-photographe et junkie. Passé inaperçu lors de sa sortie
française, Moi et toi marque le retour de Bernardo Bertolucci. Après un accident qui
l'a contraint à une immobilité définitive, le cinéaste italien a fini par trouver une
issue artistique en filmant à huit clos ce beau film touchant au dispositif
Les Croix de bois (1932)
Raymond Bernard
Adaptation du roman éponyme de Roland Dorgelès, Les Croix de bois est un terrible
réquisitoire contre la Première Guerre mondiale. Le film s’attache aux destins de
différents soldats d’un même bataillon et décrit leur quotidien, le froid, l’attente,
l’ennui mais aussi la camaraderie qui règnent dans les tranchées. Très
impressionnantes, les séquences de bataille frappent par leur réalisme et traduisent
de façon magistrale la violence de l’affrontement.
minimaliste.
Violences à Park Row (1952)
Samuel Fuller
Echec public à sa sortie en 1952, Violences à Park Row, est pourtant l’un des
meilleurs films de Samuel Fuller et l’un de ses plus personnels. Lui-même
journaliste à ses débuts, le cinéaste réalise, en toute indépendance, un scénario qui
lui tient particulièrement à cœur sur la naissance du journalisme moderne. Le film
raconte l’histoire de rivalités violentes entre patrons de presse à Park Row, une rue
célèbre de New York. Ce western urbain, âpre et nerveux, est aussi connu pour son
plan séquence inaugurale virtuose qui détaille la rue.
Black Coal (2014)
Yinan Diao
Après A touch of sin, sorti en 2013, Black Coal est un nouveau portrait violent et
sans concession de la Chine contemporaine. L’intrigue nous plonge dans la
grisaille d’une ville de province, où, à plusieurs années d’intervalle, des meurtres
sont perpétrés. Un ex-inspecteur mène sa propre enquête et se rapproche
dangereusement d’une étrange jeune femme. Hommage au film noir, Black Coal
est un polar envoûtant à l’esthétique flamboyante.
P’tit Quinquin (2014)
Bruno Dumont
Minisérie produite par Arte, P'tit Quinquin suit une enquête policière extravagante,
improbable et burlesque autour d’étranges crimes (des corps en morceaux sont
retrouvés dans des vaches mortes) commis dans un petit village de la Côte
d'Opale. En se confrontant pour la première fois à la comédie, le cinéaste Bruno
Dumont, auteur de L'humanité, de Flandres ou de Hors Satan, signe son œuvre la
plus aboutie. D'une drôlerie insolite, constamment inattendue, le film est
également formellement magnifique bénéficiant d'un somptueux format scope.
La guerre des gangs (1980)
Lucio Fulci
Plus connu pour ses films fantastiques, Lucio Fulci réalise avec La Guerre des gangs à la
fin des années 70, son unique polar, genre alors très en vogue en Italie. Situé à Naples, le
film est le récit de la rivalité féroce qui oppose un trafiquant de cigarettes et un caïd
marseillais aux méthodes brutales, bien décidé à étendre son empire sur la ville. Mais la
Camorra, la mafia, veille. Fulci injecte à un contenu réaliste des scènes de violence
dignes de ses films d’horreur.
A hard day’s night (1964)
Richard Lester
A Hard Day’s Night (Quatre Garçons dans le vent) est le premier des deux films (l’autre
est Help) que Richard Lester tournera avec les Beatles. Le cinéaste américain partage
avec les « pop stars » anglaises un même état d’esprit potache, désinvolte et farfelu
qui fait le charme de cette comédie. Le scénario est un prétexte à une succession de
calembours, de gags visuels (qui évoquent le burlesque américain) et bien sûr de
numéros musicaux dont « A Hard Day’s Night » ou « Can’t Buy Me Love ».
Under the skin (2014)
Jonathan Glazer
Réalisé par le cinéaste anglais Jonathan Glazer, déjà l’auteur du formidable et très
étrange Birth sorti en 2004, Under the skin est l'un des objets les plus fascinants sorti
récemment sur les écrans. A travers l’histoire d’une extraterrestre qui arrive sur
terre afin de séduire les hommes et de les faire disparaître, le cinéaste signe une
fable bouleversante qui mélange la science-fiction et l’horreur, et qui donne à voir
des expérimentations plastiques impressionnantes.
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ET POUR QUELQUES BO DE PLUS
Cyclone à la Jamaïque (1965)
Alexander Mackendrick
Cyclone à la Jamaïque est l’un de ces trésors cachés du cinéma. Sa sortie en DVD permet
enfin d’en découvrir toute la beauté, l’étrangeté et l’ambigüité. A travers l’histoire, au
XIXe siècle, d’enfants accidentellement enlevés par des pirates, le réalisateur
Alexandre Mackendrick détourne les conventions du genre « film d’aventure », pour
constituer une réflexion, non dénuée de cruauté, sur l'enfance, l'apprentissage de la
vie, la civilisation et l'innocence.
Under the skin (2014)
Un film de Jonathan Glazer
Musique de Mica Levi
Avec Under the Skin, l'aventure sensorielle est totale. Aux puissantes visions de
cinéma, s’ajoute une bande sonore toute autant fascinante. Pour mettre en
musique son film-trip, le cinéaste Jonathan Glazer a fait appel à Mica Levi. Pour
sa première bande originale, la musicienne anglaise compose une musique
anxiogène et pénétrante. En accord avec les images du film, elle crée une musique
aux sonorités étranges qui mêlent autour d’un thème entêtant instruments à cordes et instruments
électroniques.
Sacco et Vanzetti (1971)
Giuliano Montaldo
Sacco et Vanzetti retrace le destin tragique de deux anarchistes italiens condamnés à
mort en raison de leurs convictions politiques et exécutés en 1927 aux Etats-Unis.
Le cinéaste Giuliano Montaldo dénonce l'incroyable entreprise de diabolisation de
ces deux hommes considérés comme « différents » dans une Amérique de plus en
plus conservatrice et hostile envers les étrangers. Il reconstitue l’affaire par une
dramatisation efficace et s’appuie sur une interprétation magistrale de Gian Maria
Volonté.
La propriété c’est plus le vol (1973)
Elio Petri
Réalisé en 1973, La propriété c’est plus le vol clôt la grande trilogie enragée d'Eio Petri
après Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon et sa critique radicale du
pouvoir politique, et La classe ouvrière va au paradis, pamphlet sur la productivité et
l'aliénation dans le monde du travail. La propriété c’est plus le vol instruit le procès de
l’argent sous la forme d’une farce qui met en scène des personnages archétypaux :
un boucher cupide, sa femme traitée comme un objet sexuel et un petit employé de banque allergique à
l'argent.
Lilith (1964)
Robert Rossen
Dernier film de Robert Rossen (Les Fous du roi, L’Arnaqueur), Lilith est une œuvre
puissante et singulière et l’une des plus secrètes du cinéma américain. Le film
raconte l’histoire d’un jeune homme qui trouve un emploi d’aide-soignant dans une
clinique psychiatrique de la Nouvelle Angleterre. Très vite, il tombe sous le charme
vénéneux de Lilith Arthur, une jeune patiente atteinte d’une étrange forme de
schizophrénie. Chronique provinciale, drame psychologique, peinture d’une
institution psychiatrique, Lilith est surtout un essai de cinéma poétique qui détonne
dans la production hollywoodienne.
Under the skin (2014)
Tous ces films sont disponibles à la médiathèque.
A noter : La médiathèque propose trois lettres d’info : cinéma, policiers et mondes imaginaires.
Vous pouvez vous inscrire à celle que vous souhaitez en suivant le lien :
Et pour quelques DVD de plus..., Les crimes de la Médiathèque, Lettre d'info des mondes imaginaires.
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