Forum mondial de la paix : construire un monde pacifique, juste et
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Forum mondial de la paix : construire un monde pacifique, juste et
Forum mondial de la paix : construire un monde pacifique, juste et viable par Gary Noel et Keith Samuelson Plus de 50 p. 100 de la population mondiale vit en milieu urbain. Compte tenu de l’augmentation annuelle de cette proportion, les villes ne constituent plus des oasis paisibles, mais subissent plutôt les conséquences sévères des nombreuses politiques nationales sur la guerre et la militarisation. Alfred L. Marder, président, Association internationale des villes messagères de paix L ’été dernier a été riche en débats sur le rôle militaire du Canada en Afghanistan, ainsi qu’en controverses sur la présence et la formation de terroristes à Toronto. Aussi de nombreux citoyens ont‑ils cherché à comprendre les causes sous‑jacentes de tout conflit ainsi que la dynamique du changement positif. Pour la première fois dans l’histoire, des personnes des quatre coins de la planète se sont réunies pour participer à un programme de six jours axé sur des stratégies en faveur d’une culture mondiale de la paix. Du 23 au 28 juin, 5 000 personnes déléguées, présentateurs, animatatrices et artistes de la scène représentant plus de 90 pays se sont rassemblés à Vancouver (Colombie-Britannique) dans le cadre du Forum mondial de la paix pour y aborder le thème « Villes et communautés : Travaillant ensemble pour arrêter la guerre et construire un monde pacifique, juste et de développement durable ». (Voir www.worldpeaceforum.ca.) Organisé par la Fédération des enseignantes et des enseignants de la Colombie‑Britannique, en collaboration avec la Ville de Vancouver et la Simons Foundation, ce forum a attiré divers groupes : jeunes, mairesses et maires, conseillères et conseillers municipaux, parlementaires, environnementalistes, groupes interconfessionnels, membres de la profession enseignante, universitaires, personnes militantes, éducatrices et éducateurs pour la paix, syndicalistes, professionnelles et professionnels de la santé, chefs des Premières nations, anciens combattants et combattantes, résistantes et résistants à la guerre, personnes réfugiées ou déplacées à l’intérieur de leur propre pays, chefs d’entreprise et personnes représentant des organismes non gouvernementaux. Les Amériques, l’Asie et le Pacifique, l’Afrique, l’Eurasie, le Moyen-Orient et l’Europe y étaient tous représentés. De plus, l’Association internationale des villes messagères de paix et le Réseau des maires pour la paix y ont dépêché des mairesses et maires du monde entier. Comme l’a souligné le maire de Vancouver, Sam Sullivan, lors d’un dîner tenu au cours du Forum, puisque les dépenses militaires détournent des fonds destinés à la santé, au logement et aux transports, la paix constitue assurément une « préoccupation municipale ». Bien que l’événement se soit principalement déroulé au magnifique campus de la University of British Columbia, d’autres endroits à Vancouver ont offert un cadre spectaculaire à un vaste éventail d’activités captivantes. S’articulant autour de trois thèmes, soit le milieu de vie, la justice sociale et la viabilité, le programme comprenait des séances plénières, des ateliers thématiques, des tables rondes et des spectacles à teneur culturelle. Par ailleurs, des groupes de travail ont participé à la planification d’activités portant sur une grande variété de sujets dans une perspective internationale. Parmi les principales questions traitées, notons la justice mondiale, les femmes et la paix, les problèmes des Premières nations, le racisme et la discrimination, la viabilité, le désarmement et l’éducation pour la paix. Une grave préoccupation a également été soulevée tout au long du Forum : 24 le fait que la « guerre au terrorisme » compromet les droits de la personne et le rôle des Nations Unies dans un monde aux prises avec la pauvreté extrême, l’itinérance, les taux de maladie et les inégalités économiques croissants, le tout conjugué à des dépenses militaires sans précédent. Jane Turner et ses collègues de la Fédération des enseignantes et des enseignants de la Colombie-Britannique ont mis sur pied un programme dynamique d’activités artistiques et culturelles. L’inauguration de Hiroshima and Nagasaki, une extraordinaire exposition réunissant des photographies et des artéfacts de la bombe atomique datant de 1945, s’est déroulée au Storyeum en collaboration avec le Forum mondial de la paix. Hans Blick, Ph.D., président de la Commission sur les armes de destruction massive, a présenté un compte rendu contenant 60 recommandations visant à limiter la prolifération et l’utilisation des armes nucléaires, biologiques et chimiques. Les personnes participantes ont également pu assister à une séance d’information intitulée Civilian Casualties to War (les pertes civiles causées par la guerre), offerte par le regroupement September 11th Families for Peaceful Tomorrows, de même qu’aux Wolf Sessions, deux journées d’exposés, d’ateliers et de représentations traitant des enjeux qui touchent directement les communautés autochtones du Canada et de l’étranger. Parmi les ateliers et les spectacles du Jour de la jeunesse organisés par des jeunes à l’intention des jeunes, mentionnons la conférence virtuelle en direct qui a réuni des jeunes du monde entier grâce à Internet et dont l’invité d’honneur n’était nul autre que Deepak Chopra, président de l’Alliance pour une nouvelle humanité et auteur du livre Osons la paix. La Cérémonie des lanternes pour la paix, qui s’est tenue au parc Stanley, a donné l’occasion aux personnes participantes de décorer des lanternes tout en écoutant de la musique, de prendre part à une procession au coucher du soleil et, finalement, de mettre à l’eau les lanternes illuminées. Cette cérémonie, qui symbolisait à la fois l’effacement des frontières culturelles et la reconnaissance de la souffrance universelle engendrée par la guerre et la violence, célébrait, d’une part, un engagement commun à faire triompher la paix et, d’autre part, la conviction que la survie de l’espoir, de la beauté et de l’esprit humain est aussi importante que la survie du corps luimême. Au terme du Forum, les personnes participantes ont conclu qu’il est possible de vivre dans un monde sans guerre, pour autant que nous établissions une paix juste, fondée sur la justice sociale, les droits de la personne et l’égalité sur le plan économique, et que nous apprenions à nos enfants à cultiver la paix. Lors de la conférence des éducateurs et éducatrices pour la paix internationale, portant sur le thème « Les écoles et les sociétés », Mary Gordon, conférencière principale de l’événement, Une grave préoccupation a a indiqué que nous pouvons également été soulevée tout créer une culture de la paix dans nos écoles en faisant au long du Forum : le fait que découvrir aux enfants le la « guerre au terrorisme » pouvoir de l’empathie et de la compassion. Bud compromet les droits de Hall, Ph.D., doyen de la la personne et le rôle des Faculté d’éducation de la Nations Unies dans un monde University of Victoria, Cora Weiss, Ph.D., présidente de aux prises avec la pauvreté Hague Appeal for Peace, et extrême, l’itinérance, les taux Kathleen Meagher, chargée de maladie et les inégalités de programme, Éducation, à la Commission canadienne économiques croissants, le pour l’UNESCO, ont tout conjugué à des dépenses agi à titre de panélistes militaires sans précédent. à la conférence intitulée Creating a Culture of Peace: Reflections from a Variety of Perspectives (créer une culture de la paix : réflexions et perspectives diverses). Chacun a décrit son rôle dans l’éducation pour la paix et sa collaboration avec des organismes afin d’établir une culture de la paix. Grace Feuerverger, Ph.D., professeure à l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario et auteure d’Oasis of Dreams: Teaching and Learning Peace in a Jewish-Palestinian Village in Israël (l’oasis des rêves : enseigner et apprendre la paix dans un village judéo‑palestinien d’Israël), a présenté une étude de cas concernant une école expérimentale de Neve Shalom/Wahat AlSalam, un petit village situé près de Jérusalem et dont les habitants se sont engagés à coexister dans la paix. Chaque classe réunit des élèves juifs et palestiniens en proportions égales; toutes et tous reçoivent une éducation intégrée 25 et sont encouragés à se forger une identité propre. Les jeunes y étudient leur langue maternelle ainsi que l’histoire et la culture de leur pays, de même que la langue, l’histoire et la culture de l’autre groupe. Chaque classe compte deux enseignantes ou enseignants, l’un juif, l’autre palestinien. Mme Feuerverger a expliqué de quelle manière une école et une communauté peuvent surmonter de profondes divisions afin de créer une société juste et viable. Elle a présenté un modèle exemplaire d’éducation multiculturelle pouvant être appliqué à d’autres écoles et communautés, et a montré comment « l’éducation a le pouvoir de créer un “chezsoi” collectif, une vision de l’avenir entretenue par des réflexions et des récits de toutes les personnes concernées. » Chaque classe réunit des élèves juifs et palestiniens en proportions égales; toutes et tous reçoivent une éducation intégrée et sont encouragés à se forger une identité propre. Les jeunes y étudient leur langue maternelle ainsi que l’histoire et la culture de leur pays, de même que la langue, l’histoire et la culture de l’autre groupe. Chaque classe compte deux enseignantes ou enseignants, l’un juif, l’autre palestinien. 26 Voilà la vision que nous avons communiquée aux personnes participantes lors de notre séance d’information intitulée Teaching for International Understanding: A Holistic Approach to Creating a Culture of Peace (l’enseignement pour la compréhension internationale : une approche holistique visant à créer une culture de la paix), tandis que nous inaugurions le Newfoundland and Labrador Global Education Centre (NLGEC), qui s’inscrit dans l’Initiative Le monde en classe parrainée par l’Agence canadienne de développement international (ACDI) en partenariat avec l’Eastern School District de Terre-Neuve‑et‑Labrador (www.pwc.k12. nf.ca/nlgec). Nous soutenons que grâce à une approche holistique s’appuyant sur un cadre d’enseignement pour la compréhension internationale, les élèves apprennent à devenir des citoyennes et citoyens du monde responsables ayant le désir de créer une culture de la paix et se sentant capables de le faire. Nous avons présenté une théorie de la compréhension internationale et un cadre exposant les principes essentiels de cette théorie. De plus, nous avons fait la démonstration de méthodes permettant de faire de la compréhension internationale un objectif central de l’enseignement, puis avons émis des recommandations pour relier l’éducation pour la paix, les droits de la personne, le développement international et les enjeux mondiaux aux communautés locales, nationales et internationales. Toutefois, ce sont les réflexions et les récits des élèves participants qui ont touché le plus les membres du corps enseignant et professoral ainsi que les militantes et militants pour la paix d’horizons et de pays divers. Les récits, les chansons, les rédactions, les poèmes, les œuvres d’art, les entrevues, les réponses individuelles, les représentations théâtrales et les productions vidéo présentés par les uns et les autres dans la section du site Web du NLGEC destinée aux activités d’apprentissage et dans d’autres sites créés au cours des six dernières années par les élèves afin de souligner la Décennie internationale de la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde, initiative de l’UNESCO, ont reçu un accueil des plus enthousiastes. Notre public a été particulièrement ému par l’engagement de nos élèves envers la justice sociale et le service communautaire, comme en témoignent les nombreux projets novateurs qui ont permis à ces jeunes de sensibiliser la population et d’amasser des fonds considérables pour des personnes dans le besoin d’ici et d’ailleurs. Ces projets ont été menés en partenariat avec la Commission canadienne pour l’UNESCO, l’ACDI, Oxfam Canada, Amnistie Internationale, la Newfoundland and Labrador Human Rights Association et d’autres organismes non gouvernementaux et multiculturels de la région. En outre, les participantes et participants ont été très impressionnés par les activités du comité d’action des jeunes de l’école Prince of Wales Collegiate, la mise en œuvre par notre école du programme d’études des droits de la personne et de l’holocauste de l’Asper Foundation et notre participation aux activités du Musée canadien des droits de la personne. De plus, notre programme de certificat en citoyenneté internationale, qui comprend des études approfondies, un volet « voyage » et un stage obligatoire en milieu communautaire, est un modèle que certains districts scolaires d’autres provinces et pays se disent intéressés à adopter. Le pouvoir de l’empathie et de la compassion est palpable dans les réflexions et les récits de nos élèves. (Suite à la page 27) Feu vert à Ma rue verte! La FCE accueille un programme national d’éducation relative à l’environnement La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants est heureuse d’être parmi les organisations hôtes du programme Ma rue verte, carrefour Internet novateur et destination du personnel enseignant et des élèves qui veulent instaurer dans les écoles du pays des activités pédagogiques exemplaires en matière d’environnement. En faisant une promenade virtuelle dans Ma rue verte (www.marueverte.ca), vous découvrirez un vaste éventail de programmes reconnus et liés au curriculum dans le domaine de l’environnement, destinés aux élèves de la 1re à la 12e année. Depuis son lancement en 2001, Ma rue verte a vu croître le nombre de programmes offerts dans ses pages. Certains sont axés sur l’environnement naturel tandis que d’autres portent davantage sur l’étude de la durabilité (intégration des questions d’ordre environnemental, économique et social). Vous y trouverez des programmes qui : • réflètent les préoccupations des élèves; • se rattachent au curriculum; • inculquent le sens de responsabilité personelle envers l’environnement; • incitent à un engagement en faveur du développement durable; • favorisent une ardeur soutenue à l’égard de l’environnement. La FCE est ravie de participer au projet et d’avoir la possibilité de collaborer avec ses collègues québécois de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) afin d’offrir aux enseignantes et enseignants du pays des programmes en français comme en anglais. Ma rue verte est financé par la Fondation de la famille J.W. McConnell, une fondation familiale privée appuyant des initiatives de portée nationale qui cherchent à résoudre des problèmes de la société canadienne en mobilisant les personnes, en bâtissant des communautés résilientes et en constituant une solide base de connaissances pour le travail qu’elle soutient. Pour plus de renseignements : www.greenstreet.ca www.marueverte.ca www.ctf-fce.ca (Suite de la page 26) Dans son préambule, l’acte constitutif de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) indique que « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ». C’était un honneur et un privilège de pouvoir échanger des idées sur les moyens de défendre la paix et de façonner l’esprit des jeunes à cet égard. Nous espérons avoir d’autres occasions de le faire dans l’avenir. Grâce au Forum mondial de la paix, nous avons appris que la paix ne concerne pas seulement les municipalités, mais aussi les écoles. Gary Noel est un éducateur militant. Il participe activement à la vie communautaire au sein d’organismes non gouvernementaux, de groupes défendant les droits de la personne et d’organismes multiculturels. Keith Samuelson est le coordonnateur de l’éducation internationale à l’école Prince of Wales Collegiate, à St. John’s (Terre-Neuve-et-Labrador). En outre, il a reçu le Prix du Premier ministre pour l’excellence dans l’enseignement en 2003‑2004. 27