Ces gens-là (1965)
Transcription
Ces gens-là (1965)
Ces gens-là (1965) J. Brel Ces gens-là est une chanson écrite et interprétée par Jacques Brel, dont le thème est le désespoir d'un amour impossible. C'est une chanson très sombre, dont la musique est un trois temps lent avec un ostinato, et dont le texte est composé de façon provocante. Détail : Le narrateur prend à témoin un tiers (un certain « Monsieur ») et lui décrit les différents membres d'une famille de la petite bourgeoisie, dont l'existence est particulièrement médiocre et désespérée. Il fustige en particulier leur immobilisme, leur snobisme (le snob tend à reproduire le comportement d'une classe sociale qu'il estime supérieure. En même temps, il traite avec mépris ceux qu'il considère comme ses inférieurs). L'énumération se termine par la fille, la belle Frida qu'il aime éperdument, et dont l'amour est réciproque, mais dont la famille n'autorise pas le mariage, estimant que le prétendant n'en est pas digne, ce qui explique peut-être pourquoi il les hait tellement. Du point de vue vocal, l'interprétation commence de manière modérée mais s'amplifie progressivement, pour finir par exploser lorsque le narrateur évoque Frida, traduisant ainsi sa passion pour elle, ce qui tranche avec le volume presque inaudible de la phase de résignation qui suit immédiatement et sur laquelle s'achève la chanson. La chanson a également été reprise par Noir Désir en 1998 dans Aux suivants. De même, Florent Pagny en a enregistré une version en 2007 pour son album de reprises de Brel, Pagny chante Brel. Oxmo Puccino, surnommé pour l'occasion « Black Jack Brel », a rappé cette chanson en 2000 sur la compilation L'Hip-hopée : La Grande Épopée du rap français. Abd Al Malik l'a également revisitée en 2006 à la mode du Slam dans son titre Les Autres, sur l'album Gibraltar. Le Texte : D’abord, d’abord, y a l’aîné Lui qui est comme un melon Lui qui a un gros nez Lui qui sait plus son nom Monsieur tellement qu'y boit Tellement qu'il a bu Qui fait rien de ses dix doigts Mais lui qui n'en peut plus Lui qui est complètement cuit Et qui s'prend pour le roi Qui se saoule toutes les nuits Avec du mauvais vin Mais qu'on retrouve matin Dans l'église qui roupille Raide comme une saillie Blanc comme un cierge de Pâques Et puis qui balbutie Et qui a l'œil qui divague Faut vous dire, Monsieur Que chez ces gens-là On ne pense pas, Monsieur On ne pense pas, on prie chemise A des pauvres gens heureux Qui a marié la Denise Une fille de la ville Enfin d'une autre ville Et que c'est pas fini Qui fait ses p'tites affaires Avec son p'tit chapeau Avec son p'tit manteau Avec sa p'tite auto Qu'aimerait bien avoir l'air Mais qui a pas l'air du tout Faut pas jouer les riches Quand on n'a pas le sou Faut vous dire, Monsieur Que chez ces gens-là On n'vit pas, Monsieur On n'vit pas, on triche Et puis, il y a les autres La mère qui ne dit rien Ou bien n'importe quoi Et du soir au matin Sous sa belle gueule d'apôtre Et puis, y a l'autre Et dans son cadre en bois Des carottes dans les cheveux Y a la moustache du père Qu'a jamais vu un peigne Qui est mort d'une glissade Qu'est méchant comme une Et qui r'garde son troupeau teigne Bouffer la soupe froide Même qu'il donnerait sa Et ça fait des grands flchss Et ça fait des grands flchss Et puis y a la toute vieille Qu'en finit pas d'vibrer Et qu'on attend qu'elle crève Vu qu'c'est elle qu'a l'oseille Et qu'on n'écoute même pas C'que ses pauvres mains racontent Faut vous dire, Monsieur Que chez ces gens-là On n'cause pas, Monsieur On n'cause pas, on compte Les autres ils disent comme ça Qu'elle est trop belle pour moi Que je suis tout juste bon A égorger les chats J'ai jamais tué de chats Ou alors y a longtemps Ou bien j'ai oublié Ou ils sentaient pas bon Enfin ils ne veulent pas Parfois quand on se voit Semblant que c'est pas exprès Avec ses yeux mouillants Elle dit qu'elle partira Et puis et puis Elle dit qu'elle me suivra Et puis il y a Frida Alors pour un instant Qui est belle comme un soleil Pour un instant seulement Et qui m'aime pareil Alors moi je la crois, Que moi j'aime Frida Monsieur Même qu'on se dit souvent Pour un instant Qu'on aura une maison Pour un instant seulement Avec des tas de fenêtres Parce que chez ces gens-là Avec presque pas de murs Monsieur, on ne s'en va pas Et qu'on vivra dedans On ne s'en va pas, Monsieur Et qu'il fera bon y être On ne s'en va pas Et que si c'est pas sûr Mais il est tard, Monsieur C'est quand même peut-être Il faut que je rentre chez moi. Parce que les autres veulent pas Parce que les autres veulent pas