Ruines de Lavassaudie

Transcription

Ruines de Lavassaudie
Robert BOURDIER
Ruines de Lavassaudie
Guillaume de Vassal
Gouverneur de la ville de Martel
(1352)
Murs énormes lézardés, envahis de lierre, cette imposante ruine, comme un
défi lancé au temps, survie à son chimérique passé.
Ruines de LAVASSAUDIE au début du XXe siècle d’après une carte
postale de l’époque.
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La Vassaudie
Ecrite aussi la Vassaldie ou la Bassaudie.
Son nom le plus ancien est La Soucque ou Fact de Tournemire
Je m’éloigne un peu de la commune de Creysse pour vous décrire ces ruines d’un
caracrère tout particulier et sin gulièrement imposantes situées au fond de la gorge sur la
gauche en contre bas de la route de Creysse à Martel et qui sont presque en limite de notre
territoire communal.
De nombreuses personnes, randonneurs et autres, m’ont souvent demandé l’origine
de cet édifice situé sur la commune de Martel, et que tous les Creyssois aperçoivent en se
rendant au canton ou en venant à Creysse.
Cette ruine telle qu’elle apparait, disparait inexorablement au fil des ans, envahie
par les lierres, les ronces et la végétation de proximité et c’est bien regrettable !.. nous
n’apercevrons bientôt dans l’amoncellement qu’un immense pan de mur qui semble crier
vengeance au ciel à la manière d’un poing levé.
Pour ma part, je me suis rendu plusieurs fois au pied de cet imposant vestige, pour
essayer d’en saisir l’origine et je dois dire que c’est très impressionnant. C’est une
majestueuse bâtisse faite de gros moellons appareillés et bien assisés. Aujourd’hui
éventrée, on y devine une grande salle principale, avec en continuité une autre pièce plus
petite qui devait être une chapelle à croisée d’ogive, dont les liernes devaient reposer sur
des culots sculptés qui ont du être volés, on remarque aussi au-dessus de la chapelle, des
traces de murs comme si l’espace était surmonté d’un haut donjon dont il ne resterait
comme témoin que cet immense pan de mur. On y distingue également des restes de baies
en arc brisé et deux emplacements destinés certainement à positionner des rosaces.
ORIGINE :
Les auteurs classiques (Ramet ; histoire de Martel. Serrurier Dubois ; Martel et ses
annexes) ne sont pas très bavards sur ses origines, preuve qu’ils n’ont pas trouvé sur place
d’archives anciennes la concernant. Pour Delpon (Statistiques sur le Lot) il s’agit d’une
maison de Templiers. Le chanoine Albe en doute ; il déclare ne pas avoir trouvé trace dans
les archives du temple. Il dit bien que les Templiers avaient à Martel une maison unie à
celle de Saint Julien de Cazillac et d’autres biens, mais il les situent à l’est de Martel, d’une
manière générale, du coté de Loupchat (cités en 1231-1262). En 1298 leurs biens sont unis
à ceux de l’Hôpital Beaulieu (Issendolus près Gramat).
Nulle part, d’après Albe, La Vassaudie n’est citée, ou alors comme le prétend Mme
Guely il ne l’a pas cherchée dans son ancien nom de la Soucque ou Fact de tournemire.
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En faveur d’une implantation d’ordre hospitalier, il y a l’aspect général des
bâtiments. Situés en fond de gorge, sur les bords du chemin roumieux allant de Brive à
Rocamadour par Martel et composé essentiellement d’une très vaste salle et d’une
chapelle, l’absence de véritable défense et de possibilité d’observation à distance, renforce
l’impression qu’il s’agit d’un genre d’hôtel pour pèlerins ou malades, plutôt qu’un repaire
ou château.
En 1251, lors du partage de la vicomté entre les Turenne et les Rudel, Martel est
donné par moitié indivise à chacun des vicomtes et les Rudel obtiennent le port et le
village de Creysse, alors ques les Turenne ont Gluges.
Pour Mr Pataki, c’est alors que la Vassaudie devient un repaire pour permettre
aux Rudel puis aux Pons leurs descendants, de surveiller la route de Martel à Creysse.
Certains chroniqueurs ont supposé à cet emplacement éloigné de Martel une
léproserie. A mon avis, c’est très fantaisiste, les léproseries étaient des bâtiments isolés,
d’accord !.. mais ces derniers n’avaient pas de structure aussi importante, c’était des
bâtiments plutôt vétustes.
Je présume à l’origine un établissement de l’ordre des Hospitaliers de Saint Jean de
Jérusalem, puisque cet ordre avait pour but principal la défense des voyageurs et des
pèlerins, ils avaient également à Martel l’hôpital de la «Vere Croix » et des possessions sur
Barbaroux. A noter, que faute de preuves, cette éventualité n’engage que ma
responsabilité.
On voit que cette « superbe » ruine, qui n’a pas dû être relevée après la guerre de
cent ans, marque et marquera encore l’imaginaire collectif.
PRINCIPAUX PROPRIETAIRES :
XIVe siècle ;Le premier texte connu date de 1343, donation par Raynal de Pons, du mas de
la Soucque ou Fact de Tournemire à Guillaume de Vassal. L’ancien propriétaire du mas
était Guy de Tournemire, bourgeois de Martel.
Le nouveau propriétaire, Guillaume de Vassal, appartient à une vaste famille, il est
chevalier docteur ès lois, coseigneur de Fraissinet (près de Gourdon) seigneur de Loupiac
et Belcastel.. C’est un homme de confiance de la maison Pons, il est gouverneur de la ville
de Martel en 1352 et capitaine Pour le Roy. A noter qu’il est question de mas ou fact et
qu’il n’est pas fait allusion à un château. Il s’agit d’un fief unique à l’hommage réservé.
Armoiries des de Vassal
D’azur à la bande d’argent remplie de gueules, chargée de trois
besants d’or et accompagnée de deux étoiles à cinq rais de même, 1 en
chef et 1 en pointe
(Couleurs sur première page)
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XVe siècle ; en 1481, la Vassaudie passe aux seigneurs de Belcastel.
1490, Jean de Belcatel meurt et ses descendants laissent le château aux Bauze, puis aux
Lion. Ils s’installent à Campagnac (Creysse)
Ils en resteront propriétaires durant le XVIe siècle.
XVIIe siècle ; 1643, Louis de la Serve , lieutenant général de la sénéchaussée de Martel
est propriétaire de la Vassaudie après l’achat au Sr et Dlle de Campagnac. Le 24 novembre
1647, il teste et dit avoir acheté « il y a quelque années » le repaire ou fief noble de la
Soucque, alias la borie de Vassal alias la Vassaudie.
1695 , La Vassaudie figure dans les biens saisis sur Suzanne de la Serre,
fille de Léon. C’est un domaine de 140 quartonnées de terre, avec maison, grange, four,
jardins, vignes, terres et fraux, mazure de château et garenne, le tout tenant ensemble..
Ensuite la Vassaudie passe dans la célèbre famille Martellaise des Judicis, ce fief noble va
leur permettre de se titrer sieurs de la Vassaudie. Les Judicis sont de prospères marchands
au XVIIe siècle, des hommes de lois au XVIIIe siècle.
XVIIIe siècle ; 1720 Etienne Judicis, sieur de la Vassaudie est procureur du Roy à la
sénéchaussée de Martel.
XIXe siècle ; au début de ce siècle, Elisabeth Judicis épouse Jean Joseph Mazeyrie,
Docteur à Puybrun, leur fils Jean Baptiste également Docteur est l’héritier avec sa mère, en
1827, de la Vassaudie.
en 1847 l’héritage passe en partie au Sr Louis Marcillac, en 1848, Louis
Marcillac et Honorine Mazeyrie afferment verbalement le domaine de la Vassaudie à
Antoine Lasservarie, cultivateur.
en 1876 c’est Charles Brauche qui est métayer avec son épouse.
en 1901, Jean Lachièze et son épouse Marie Nouaille.
en 1921, Antoine Lachièze et son épouse Léonie, ainsi que Louis Fouilloux
et son épouse Marie.
Aujourd’hui, ces pauvres ruines sont la propriété de Mr J-B
CHABREYROU de « Pouchou » (Martel) avec quelques lopins de terre, depuis 1938.
LEGENDE : Une légende raconte que deux souterrains de la Vassaudie rejoignent
Creysse et Martel. Des histoires de trésors, non sans rappeler le mystère des Templiers sont
également liés à cette ruine.
1347 : Les anglais, après avoir pris Belcastel, s’approchent de Saint Sozy et Creysse. Le
château de Creysse est pris (ils resteront 40 ans) et mettent une garnison au repaire de la
Vassaudie.
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ROMAN : Germaine Claval, aujourd’hui décédée, a publié en 1989 son dixième livre
« Jean de Vassal » Martel 1381. Parfaitement documentée, elle romance la vie de Jean de
Vassal, fils de Guillaume et ami fidèle de Bertrand Duguesclin, qui à Martel, sa ville
natale, revint après sept années passées en prison à Bordeaux (toujours aux anglais).
« Prison sur sa foi » il revient chercher l’argent de la rançon.
On est agréablement surpris par la qualité des informations, l’auteur évoque encore cette
idée de trésor, met en scène ces grandes compagnies qui dévastent le pays. La Vassaudie se
dessine au travers des chapitres, mais déjà Mme Claval l’a élevée au rang de ruines.
Creysse, juillet 2003
NOTES :
Mme Marguerite Guely ; professeur honoraire d’histoire et de géographie au lycée
Cabanis à Brive a beaucoup travaillé sur l’histoire de la ville de Martel, dépouillant
notamment les archives de la sénéchaussée.
Mr Tibor Pataki ; est l’historien de Cressensac qui a donné de nombreuses conférences
dans la région et à Martel.
Les anglais ; Contrairement à ce qu’enseigne l’école primaire, les anglais au cours de la
guerre de 100 ans étaient peu nombreux, quelques uns étaient disons parmi les états majors
des troupes, mais il y avait surtout à cette époque de grandes compagnies de troupes
formées pendant la guerre. C’étaient des soldats de métier et les capitaines, véritables
entrepreneurs militaires, au service de qui les payait autant et plus que leur seigneur et roy.
Ce sont ces bandes de routiers qui mirent à contribution régulière la ville de Martel.
Martel était toute environnée de compagnies dites « anglaises » qui tenaient un
certian nombre de sites stratégiques. Il y avait deux cents hommes au château de Carennac,
deux cents hommes au château de Murlac, trois cents hommes au château de Pinsac et six
cents hommes à celui de Montvalent, deux cents hommes occupaient également le fort et
château de Creysse.
J’exprime toute ma gratitude à Madame Marguerite Guély, qui m’a procuré des documents
concernant les propriétaires de la Vassaudie du 14 ème siècle à nos jours.
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