Taille de formation_élagage

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Taille de formation_élagage
AGROFORESTERIE / Guide n° 001
Taille de formation et d’élagage
Objectifs, principes,
diagnostics et mise en oeuvre
En Europe occidentale comme en Wallonie, les tailles de formation et élagages contribuent à produire du bois de grande
qualité pour les arbres d’avenir d’essences nobles et précieuses. En vue de corriger les défauts de cime et de branchaison et
d’obtenir un maximum de bois sans nœuds, ces opérations seront PRECOCES, PROGRESSIVES, SELECTIVES et SOIGNEES,
réalisées durant les périodes idéales avec un matériel adapté : outils manuels fonctionnels et maniables ou matériels
mécaniques plus confortables et performants, quoique plus coûteux.
Avant-propos
La forêt wallonne s’étend sur environ 550.000 ha, soit
32,3 % du territoire wallon. La forêt appartient à raison de
53 % aux propriétaires particuliers et les peuplements
feuillus représentent 52,4 % de l’ensemble des
peuplements.
La taille de formation et l'élagage sont souvent
indispensables, car ils contribuent largement à produire du
bois de grande qualité : rectitude du tronc et absence de
nœuds. Sur le terrain, ces opérations sont souvent
confondues ou négligées, voire mal appliquées.
En feuillus comme en résineux, la sylviculture d’arbres
objectif privilégie une dynamique de soins culturaux
précoces et dirigés vers les arbres d’avenir en vue de
produire au moindre coût du bois de qualité.
Pour prévenir ces défauts, le sylviculteur dispose d’atouts :
choisir des espèces d’origine recommandée et les mieux
adaptées à chaque station, maintenir la végétation ligneuse
d’accompagnement pour favoriser l’élagage naturel,
appliquer des dépressages et éclaircies précoces.
Bois d’œuvre de qualité
Qu’il s’agisse d’une plantation feuillue ou résineuse,
l’intérêt du propriétaire pour rentabiliser au mieux
l’investissement est de produire du bois de qualité, donc
des arbres aptes aux utilisations les plus valorisantes et
sans défauts de structure ou de conformation.
Par « défauts de structure », on distingue les traces et
anomalies de branches incluses dans le bois provenant des
nœuds.
Par «défauts de forme» d’un arbre (figure 1), on entend
tout rameau inséré sur la tige principale ou toute anomalie
de la bille de pied susceptible d’altérer durablement la
rectitude, la cylindricité et/ou la qualité de cet axe.
Ces défauts concernent respectivement la formation de la
cime, ensuite le développement de la branchaison et la
forme de la bille de pied généralement limitée à 6 m de
hauteur.
On distingue toute une panoplie de nœuds, depuis le petit
nœud clair, isolé, très bien toléré, jusqu'au gros nœud noir
non adhérent ou même pourri.
Figure 1 : typologie des défauts de forme des arbres
DEFAUTS DE CIME
Fourche de tête
Cime multiple
DEFAUTS DE BRANCHAISON
Cime diffuse
Centre de développement agroforestier de Chimay asbl
Branche plongeante
Grosse branche
Pseudoverticille
DEFAUTS DE TRONC
Inclinaison
Sinuosité
Décroissance
Agroforesterie : taille de formation et élagage
La valeur du bois varie en fonction de sa qualité
technologique, des débouchés, voire des modes. Pour les
utilisations de haut de gamme les plus lucratives (placages,
merrains,
plots
d’ébénisterie),
les
nombreuses
spécifications requises sont rigoureuses.
Produire du bois de qualité
Au-delà des différences entre essences, la production de bois
d’œuvre de qualité correspond aux critères suivants :
dimensions suffisantes : pour les feuillus, une bille de
pied de 6 m de longueur et de 160 à 220 cm de grosseur à
1,5 m du sol ; pour les résineux, la grosseur finale de 150
cm semble le meilleur compromis technico-économique ;
rectitude et cylindricité pour assurer le maximum de
rendement à l’usinage ;
cernes réguliers pour produire un matériau homogène à
travailler, moins nerveux et plus stable au séchage ;
absence de nœuds pour éviter des purges et déficiences
mécaniques ;
couleur homogène pour les usages les plus valorisants où
le bois est visible (meubles, décoration…) ;
et absence de défauts externes et internes.
En toutes circonstances, les bois de qualité ont des
débouchés plus diversifiés et plus rémunérateurs que les
bois de second choix. Ce phénomène s’observe d'ailleurs
sur un nombre d’essences de plus en plus important,
surtout les feuillus. Quant aux différences de prix entre des
bois élagués et non élagués, elles sont très variables
(tableau 1) :
Tableau 1 : pourcentage de plus-value des bois
élagués (enquête française sur bois abattus)
• elles varient avec l’essence, la dimension et la
rectitude de la grume, l’absence de tares et le
pourcentage de bois exempt de nœuds ;
• elles peuvent atteindre 85 % pour les résineux et
600 % d’augmentation pour les feuillus précieux.
De même, le coût des opérations de tailles de formation et
des élagages varie en fonction de nombreux paramètres :
• l’essence et la qualité génétique des plants : élagage
naturel plus ou moins efficace et l’état de la
branchaison (nombre, grosseur, insertion) ;
• le milieu : branches plus développées sur terrains nus
et stations fertiles ;
• la densité du peuplement : plus le peuplement est
serré et moins ses branches basses se développent ;
par contre, la mobilité sur le terrain est souvent moins
aisée ;
• le nombre d’arbres à élaguer : le sylviculteur décide
d’un minimum d'arbres à élaguer pour que l'opération
soit utile et crédible et, éventuellement, éligible pour
les subventions ;
• la nature des branches : une intervention précoce
permet un travail plus facile sur des branches fines et
vivantes et diminue le coût de l'élagage ;
• la hauteur d’élagage : jusqu'à 4 m de hauteur,
l'opération est aisément réalisable depuis le sol avec
les outils manuels et mécaniques les plus courants ; la
partie située entre 4 et 6 m nécessite une surélévation
de l'opérateur ou l'utilisation d'un outil de coupe plus
sophistiqué, augmentant le coût de l'intervention ;
• les outils utilisés : le prix d’achat, leur amortissement
et leur rendement, et par conséquent leur coût
d'utilisation diffère considérablement.
PLUS-VALUE FINANCIERE DES BOIS ELAGUES
(PRIX 1992 D’APRES HUBERT ET COURRAUD, 1994)
Résineux 120 - 150 cm
Pins
+ 33 %
Douglas
+ 50 à 75 %
Sapin-Epicéa
+ 85 %
Feuillus 16O cm et +
Peuplier
Hêtre
Frêne
Chêne
Merisier
Erable
Noyer
+ 48 %
+ 75 %
+ 250 %
+ 300 %
+ 300 %
+ 500 %
+ 600 %
Pour conclure, les calculs de rentabilité des tailles et des
élagages annoncent donc un meilleur rendement financier
pour les essences nobles (chêne, hêtre, douglas, épicéa) et
surtout pour les essences précieuses (noyer, merisier,
alisier, frêne, érable…).
Repérage des arbres d’avenir
L’examen de la valeur actuelle ou d’avenir d’un arbre est
surtout le fruit de l’expérience. Tous les facteurs
permettant de porter un jugement doivent être rapidement
analysés. Si l’arbre est jeune, il importe d’apprécier son
aptitude à produire au moindre coût du bois de qualité et à
remplir son rôle cultural, technique, ou économique. Et si
l’arbre est adulte, il faut examiner sa vigueur, ses défauts et
ses qualités pour décider de son avenir et éventuellement
l’éduquer. Le jugement peut distinguer :
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• les arbres capables de produire du bois de qualité
pour les favoriser comme arbre d’avenir jusqu’à la
coupe finale ;
• ceux de qualité moyenne, soit les futurs arbres
intermédiaires récoltés en éclaircies ;
• les arbres d’accompagnement, sans intérêt pour la
production de bois mais au rôle cultural combien
bénéfique : accompagner les autres, protéger leur
tronc, favoriser leur élagage, couvrir et enrichir le
sol...
Agroforesterie : taille de formation et élagage
Les arbres d’avenir constituant
ituant le peuplement final, auront
une bille parfaitement propre de 6 à 7 m, sans défauts ni
nœuds, d’une circonférence à 1,30 cm de 150 à 200 cm. Il
faut donc choisir parmi les tiges vigoureuses, en bon état
sanitaire, de qualité (tronc droit, absence de fourches ou de
nœuds plongeants,, branches fines) et bien équilibrées
(figure 2) pour notamment éviter l’apparition de
gourmands.
Figure 2 : normes dendrométriques
de feuillus équilibrés
LE FEUILLU IDEAL ET EQUILIBRE
IBRE
♦ Hci/Htot = 50 %
♦ Htot /d < 80
♦ D/d :
Htot : hauteur totale
HCI : hauteur de la cime vivante
+ 23 à 15 ans
+ 20 à 30 ans
+ 18 à 70 ans
D : diamètre de cime
d : diamètre à 1,3 m du sol
Sauf circonstances exceptionnelles
ptionnelles (chablis, maladies...),
maladies
les
tiges d’avenir et intermédiaires doivent constituer le
peuplement final et les futurs arbres
rbres des dernières
éclaircies.
De l’état observé du peuplement et du choix de l’objectif
final de production va dépendre le nombre d’arbres à tailler
et à élaguer. Souvent, on fait l’hypothèse
pothèse que les arbres
objectifs vont occuper la totalité de l’espace disponible,
c’est à dire que leurs cimes couvriront tout le terrain. Ces
arbres, une fois repérés, sont conduits en croissance libre,
sans concurrence au niveau de la cime, à la fois pour
maintenir en vie les branches inférieures de leur houppier
et conserver une croissance soutenue.
Tableau 2 : normes
ormes d’arbres finaux à désigner
Distance
(*)
moyenne
Densité
à l’ha
Frêne
Noyer noir
Chênes indigènes
12 à 14 m
60 à 80
Hêtre
10 à 12 m
80 à 100
Merisier
Erables
Châtaignier
10 à 13 m
70 à 100
Pin sylvestre
8à9m
140 à 180
7,5 à 9 m
150 à 200
6à7m
250 à 350
Essence
Douglas
Mélèze
Epicéa commun
Sapin blanc
adulte au moment de la dernière coupe. Il est par
conséquent, inutile de désigner deux arbres situés trop près
l’un de l’autre, même s’ils sont tous les deux de bonne
conformation, car ils ne pourront
ourront se développer dans de
bonnes conditions jusqu’à la coupe finale.
Le repérage des arbres d’avenir (arbres finaux et
d’éclaircies) facilite la gestion future du peuplement. Ce
repérage est réalisé de préférence en hiver, la visibilité en
sous-bois étant
tant meilleure pour observer la forme des
cimes :
• uniquement pour les feuillus,
feuillus vers 6 m de hauteur,
une prédésignation de 2 fois le nombre final
s’effectue déjà pour orienter les travaux
d’amélioration sur les meilleurs arbres déjà
repérables : correction
on d’éventuels défauts par tailles
de formation et élagages, enlèvement de tiges
voisines concurrentes pour libérer le développement
de leur cime ;
• pour les feuillus et pour les résineux, vers 12 m de
hauteur moyenne, la désignation des arbres finaux
est quasi définitive,, soit la moitié des arbres
prédésignés : les éclaircies favorisent en ordre
principal ces arbres objectif et très accessoirement le
peuplement de bourrage.
Si une répartition uniforme des arbres d’avenir est
préconisée, la qualité et la vigueur
vi
sont des critères
prioritaires de sélection.
La marque des arbres d’avenir matériellement visible
permet de guider les personnes chargées d’exécuter les
tailles de formation et d’élagage ; elle signale aussi aux
abatteurs et aux débardeurs les arbres
arbre qu’il faut éviter de
blesser lors des exploitations.
Elle peut se faire, soit à la peinture (bombes de peinture
forestière sans plomb ni chrome et sans gaz propulseur
polluant), soit à l’aide de bandes
bande de signalisation (au lieu du
plastique, préférer les modèles se désagrégeant
dés
après
quelques mois).
Tout marquage à la griffe est à proscrire pour éviter des
dommages aux essences à écorce fine : gélivures, attaques
parasitaires
Marquage du statut des arbres améliorés
am
PREDESIGNATION
vers 6 m de hauteur :
DESIGNATION DEFINITIVE
vers 12 m de hauteur :
apposer 3 points de couleur
sur les arbres candidats d’avenir
cercler d’un anneau de
couleur les arbres objectif
ableau 2)
2 dépend
Le nombre d’arbres à retenir à l’hectare (tableau
donc de la taille moyenne qu’aura le houppier d’un individu
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Agroforesterie : taille de formation et élagage
Diagnostic préalable des peuplements
Avant toute intervention de tailles de formation ou
d’élagage, il convient de procéder à un examen attentif de
la parcelle à traiter :
• apprécier la potentialité de la station et du
peuplement pour repérer la présence d’essences
nobles et précieuses susceptibles de produire du bois
d’œuvre de qualité ;
• vérifier la possibilité de valoriser ces bois de qualité :
marché des grumes, essences rares très
recherchées… ;
• vérifier l’accès à la parcelle et aux arbres : circulation
à l’intérieur pour appliquer les opérations de tailles et
d’élagages (cloisonnement cultural), mais aussi pour
exploiter les futures éclaircies et vidanges des
produits (cloisonnement d’exploitation) ;
• contrôler la nécessité et la possibilité d’exécuter les
tailles et/ou élagages : interventions urgentes ou non,
impossibles car trop tardives, types d’intervention
(hauteurs, diamètres des branches à éliminer,
techniques, outils…), recours ou non à un
entrepreneur… ;
• évaluer les moyens disponibles : motivation,
compétence, temps, main d’œuvre, matériel, budget,
subsides… ;
• en fonction de toutes ces données et des objectifs de
production visés, déterminer le nombre d’arbres à
tailler ou à élaguer et fixer les modalités ;
• enfin, repérer et désigner les arbres à améliorer.
Le potentiel de production de bois de qualité n’est pas
toujours envisageable : essences sans valeur, défauts trop
fréquents (gourmands et broussins chez le chêne, grosse
branchaison du douglas, hêtres à fourches répétitives)
difficiles à récupérer où alors à un coût inacceptable.
Dans ce cas, il faut soit renoncer à intervenir, soit réduire la
hauteur de bille améliorée, soit concentrer ses efforts sur
un nombre plus faible d’arbres, les moins mauvais...
L’examen préalable du peuplement et des arbres est
indispensable pour bien évaluer la situation en vue de
formuler des consignes simples et claires aux intervenants.
Le diagnostic peut être facilité par une fiche de sondage : le
but est de disposer d’un outil simple pour estimer les
potentialités du peuplement en arbres d’avenir et juger en
connaissance de cause s’il y a lieu de le cloisonner, de
tailler, d’élaguer, voire d’émonder un certain nombre
d’arbres.
Prévention des défauts des arbres
De nombreux facteurs favorisent la malformation et
l’apparition des défauts sur les arbres.
Une mauvaise qualité génétique des plants, une station
trop riche, des arbres trop isolés et les agents extérieurs
(gel, vent, gibier, oiseaux...) peuvent être respectivement
responsables de cimes multiples, de grosses branches,
d’une forte décroissance du tronc, de la présence de
fourches, d’arbres penchés, de dégâts de frotture ou de bris
de flèche terminale.
• elle favorise la croissance en hauteur des arbres gainés
et améliore la forme et l’élagage naturel de leur tronc ;
• elle limite l’évapotranspiration des plants ;
• elle réduit la concurrence herbacée et fait écran au
vent ;
• elle protège contre les attaques de gibier et contre les
dégâts dus aux engins d’entretien et d’exploitation ;
• elle peut fournir des tiges de remplacement sur la ligne
en cas de problèmes sur un arbre objectif : fourche,
blessure, maladie...
L’apparition des défauts est d’autant plus importante que
le milieu est ouvert, en particulier sur les terres agricoles,
fort exposées aux aléas climatiques.
Figure 3 : rôle déterminant de l’accompagnement
ligneux pour la protection et l’élagage naturel plus
performant des arbres d’avenir
VEGETATION D’ACCOMPAGNEMENT
Avec le reboisement d’essences mieux adaptées au milieu et
grâce à un meilleur approvisionnement et contrôle plus
strict des provenances des plants forestiers, le
recrutement d’arbres d’avenir devrait s’améliorer.
Parallèlement, le contrôle du recrû ligneux et semi-ligneux
des reboisements en forêt peut contribuer à limiter ces
défauts. En effet, cette végétation d’accompagnement joue
plusieurs rôles avantageux (figure 3) :
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Arbre accompagné (E < H) :
tailles plus fréquentes
Arbre gainé (E < 1 m) :
tailles plus réduites
Agroforesterie : taille de formation et élagage
Cloisonnement cultural des peuplements
Le CLOISONNEMENT CULTURAL, installé pour éduquer les
jeunes arbres et former leur fût, poursuit plusieurs
objectifs :
• mieux organiser les chantiers, surtout dans les
peuplements mélangés et irréguliers : plus grande
facilité de pénétration dans le peuplement et repérage
facile des vides à enrichir, des zones à dégager, des tiges
à éduquer ou des problèmes sanitaires ;
• aux stades fourrés et gaulis, faciliter l’exécution et
réduire le coût des tailles de formation et des élagages,
les ouvriers pouvant intervenir uniquement à partir des
couloirs gyrobroyés.
à corriger, manipulation commode des échelles ou des
outils encombrants (perches télescopiques équipées d’un
échenilloir ou d’une scie), possibilité de déposer dans le
layon les buissons et autres rejets dégagés sur la ligne.
Le cloisonnement offre aussi des atouts faunistiques :
repousses appétentes des strates herbacées et arbustives
dans les layons, microclimat ensoleillé propice au refuge de
la grande faune.
Figure 4 : gyrobroyage alternatif des interlignes
CLOISONNEMENTS CULTURAUX
Ce cloisonnement est constitué par un réseau de couloirs
gyrobroyés de 2 m de largeur, espacés de 5 m d’axe en axe
dans les régénérations naturelles ou installés dans 1
interligne sur 2 dans les plantations (figure 4).
Outre les avantages sylvicoles - accès plus facile aux arbres,
observation aisée des cimes pour repérer les malformations
Taille de formation
En vue d’obtenir rapidement une bille droite et verticale,
les tailles de formation suppriment les fourches ou les
branches trop vigoureuses, redressées et concurrençant la
cime.
Principalement appliquées chez les feuillus, elles ont pour
but de corriger les défauts de rectitude dès qu’ils
apparaissent : une grande longueur de fût sans courbure et
une faible décroissance permettent de commercialiser un
volume maximal de bois d’œuvre.
Plus elles sont précoces, plus elles sont efficaces : en effet,
en plein découvert, les branches des essences à croissance
rapide peuvent, en un an, grossir de près de 2 cm sur le
diamètre.
Principes
♦ débuter tôt : coupe de branches de faible diamètre inférieur à 3 cm ;
♦ de haut en bas : d’abord corriger les défauts de cime pour favoriser une flèche unique avant de supprimer ou de raccourcir les
grosses branches basses ;
♦ tailles progressives : tous les ans pour les essences à croissance rapide (merisier, frêne, érable), tous les 2 ou 3 ans pour les autres ;
♦ tailles limitées : ne pas supprimer plus de 30 % des branches vivantes, notamment si la cime est peu développée ;
♦ coupes nettes au ras du tronc sans laisser de chicots et sans blesser le tronc ;
♦ hors gel et hors sève : au début de printemps, avant le débourrement pour mieux apprécier l’architecture du houppier ; sinon, les
fines branches peuvent être éliminées à l’aide de sécateurs pendant la période de végétation ;
♦ MAXIMUM 2 fois le nombre final de tiges : 120 à 200 feuillus/ha parmi lesquels on recrutera, vers 12 m de hauteur, le lot d’arbres
objectif de la coupe finale ; dans les lignicultures de peupliers et arboricultures de noyers, chaque arbre présentant un défaut de
conformation est amélioré ; parmi les résineux, le douglas sensible au gel tardif peut nécessiter des défourchages.
En pratique
DEFOURCHAGES FREQUENTS
Conserver l’axe le plus
droit et le plus vigoureux.
Sélectionner l’axe orienté
face aux vents dominants
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INTERVENTIONS DIRIGEES
Eliminer ou raccourcir les
branches latérales trop
grosses ou trop redressées
PINCEMENT « EN VERT » TRES EFFICACE
Fin mai, début juin pincer en
vert les extrémités des
pousses susceptibles de
concurrencer la cime
Agroforesterie : taille de formation et élagage
Conseils
Matériels
HAUTEUR D’INTERVENTION
INFERIEURE A 2,5 M
Les tailles de formation débutent sur le
chantier de plantation : « l’habillage » des
plants dédouble notamment les fourches.
HAUTEUR D’INTERVENTION
SUPERIEURE A 2,5 M
Un peuplement d’accompagnement ou
bourrage sera toujours bénéfique pour
les plantations à faible densité sur sols
nus : la forme des arbres sera plus
élancée et les branches latérales moins
vigoureuses.
Pour les tailles de formation, les
principales erreurs observées sur le
terrain sont : tailler des arbres trop
jeunes à peine installés ; pratiquer les
tailles de formation avec retard, les
défauts se corrigeant alors difficilement ;
et surtout pratiquer un déshabillage
complet par le bas des troncs tout en
ignorant l’amélioration de la formation de
cime dans le 1/3 supérieur (confusion
avec l’élagage).
ébrancheur
sécateurs
échenilloir
Les sécateurs manuels devraient suffire pour la taille préventive des branches jeunes et de faible
diamètre, preuve d’interventions préventives toujours recommandées.
Pour les interventions en hauteur, l’échenilloir monté sur perche est un sécateur dont la lame
mobile est actionnée à partir du sol grâce à une cordelette ou un câble.
Elagage
Les élagages visent à concentrer les nœuds dans un cylindre
de 12 à 15 cm de diamètre, au cœur de la tige,
généralement sur une hauteur de 6 m. Ils se pratiquent sur
l’ensemble des essences résineuses et feuillues.
En effet, l’élagage naturel trop tardif des feuillus peut être à
l’origine de nœuds noirs et de risques de pourritures.
Quant aux résineux, ils ne s’élaguent pas naturellement :
les branches mortes restent sur le tronc sans pourrir, d’où
le risque de nœuds non adhérents. Dans les plantations sur
terres agricoles, l’élagage artificiel est une nécessité
absolue : les densités des plantations souvent faibles et
l’absence de végétation ligneuse d’accompagnement ne
favorisent pas l’élagage naturel.
Principes
♦ coupe correcte : outils très affûtés, pas d’élagage abusif déséquilibrant le plant
♦ hors gel et hors sève : cicatrisation plus rapide au printemps
♦ périodes spécifiques : le merisier du 15 juin au 15 août pour réduire les risques de gommose ; les grosses branches juste avant la
reprise de la végétation pour profiter d’une cicatrisation rapide
♦ uniquement sur les arbres d’avenir sélectionnés : ceux déjà améliorés par les tailles de formation, dominants, de qualité, sains,
bien répartis
♦ débuter tôt : lors du dernier passage en élagage, le diamètre des arbres est au maximum égal au 1/3 du diamètre prévu à la coupe
finale
Conseils
BON
TROP PRES
Intervention correcte
au ras du bourrelet
TROP LOIN
Arrachage de
l’écorce posant des
problèmes de
cicatrisation
Mauvaise coupe :
chicot développant
un nœud noir
Chez les résineux, on pratique souvent un élagage de pénétration jusqu’à 2 mètres de hauteur pour faciliter le choix des arbres
d’avenir, la marque des éclaircies et l’exécution des élagages sélectifs en hauteur.
Le certificat d’élagage permet d’informer objectivement les futurs acheteurs du lot élagué pour négocier un meilleur prix de vente.
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Agroforesterie : taille de formation et élagage
En pratique
DIAMETRES D’INTERVENTION
L’élagage n’est pas tardif si le diamètre
du tronc est inférieur à 15 cm. Avec la
coupe de petites branches (Ø < à 23 cm), la cicatrisation est plus rapide.
ELAGAGE DE GROSSES BRANCHES
NOMBRE DE PASSAGES
Mieux vaut ne pas devoir couper
Le nombre de passages en
de grosses branches.
élagage est fonction de la
hauteur totale de bois d’œuvre
En
pratique,
l’élagage
de
souhaitée et de la longueur qu’il
rattrapage s’opère en deux
est possible d’élaguer à chaque
temps : soit couper la branche à
passage : à chaque intervention,
30 cm du tronc et ensuite couper
il est conseillé de ne pas élaguer
le moignon, soit débuté par
plus de 1 m de hauteur de tronc
sectionner le tiers inférieur de la
sur des arbres isolés et plus de 2
branche pour terminer par sa
m sur des arbres accompagnés.
partie supérieure.
FREQUENCE D’INTERVENTION
INTENSITE
Au premier passage, la hauteur élaguée doit
correspondre au tiers de la hauteur totale de
l’arbre.
Pour les élagages suivants, la hauteur du
tronc élagué peut atteindre la moitié de la
hauteur totale.
En toutes circonstances, il est prudent de ne
pas prélever plus de 30 % de la cime vivante.
HAUTEURS SPECIFIQUES
La périodicité des élagages est liée à la vitesse de croissance des La hauteur optimum d’élagage se situe :
arbres : plus ils poussent vite, plus court sera l’intervalle entre deux - à 3-4 m pour les noyers isolés ;
passages.
- à 5-6 m pour les feuillus isolés ou sans accompagnement sur terres agricoles ;
- à 6-8 m pour les résineux (8 m pour le douglas) et pour les feuillus
accompagnés en peuplement ;
- à 7-9 m pour les peupliers.
Pour n'intervenir que sur des fines branches et respecter l'équilibre
général de l'arbre, les élagages seront d'autant plus précoces et
fréquents que la densité de plantation est faible : pour des arbres
isolés, des interventions annuelles sont parfois nécessaires.
Matériels
HAUTEUR D’INTERVENTION
INFERIEURE A 2,5 M
HAUTEUR D’INTERVENTION
SUPERIEURE A 2,5 M
scies égoïnes pliables
ou avec fourreau
La scie égoïne sert à couper les
branches trop grosses pour les
sécateurs, que ce soit pour
éliminer une branche trop
vigoureuse ou à angle d’insertion
trop aigu (risques de coloration ou
de pourriture du bois), pour
supprimer un rameau mort ou
pour recéper un tronc mal
conformé.
Par
rapport
au
sécateur, la coupe moins nette et
les plaies plus larges rendent la
cicatrisation plus lente.
Les scies emmanchées sur perche
télescopique
en
aluminium
possèdent une butée en tête de
lame (ou crochet avant) pour
arrêter la scie ainsi qu’un couteau
d’appoint à sa base permettant
l’entaille du dessous de la branche
afin d’éviter son arrachement en
fin de coupe. Les tubes de forme
ovale sont plus maniables et plus
solides que les tubes ronds. Ceux
en fibre de verre sont plus légers
mais plus fragiles.
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L’échelle classique en aluminium,
peu coûteuse, peut être améliorée
par une assise élargie à la base
pour améliorer la stabilité et par
une courbure caoutchoutée du
dernier barreau pour éviter de
blesser l’arbre. Des repose-pieds
épais améliorent le confort de
l’opérateur. Avant de grimper, il
convient de toujours vérifier la
stabilité de l’échelle, le bon
ancrage des pieds au sol et celui
des sabots d’appui contre l’arbre.
Sécateurs,
guides
de
tronçonneuse, scies circulaires ou
scies alternatives peuvent être
montés sur perche. Quatre
systèmes de motorisation ou
d’énergie existent : les outils à
commande électronique, les
centrales à compression d’air les
moteurs thermiques traditionnels
et les moteurs hydrauliques. Ces
matériels, assez onéreux, sont
surtout utilisés par du personnel
qualifié et des entrepreneurs.
Agroforesterie : taille de formation et élagage
Conclusions
En Wallonie, la taille de formation et l'élagage des arbres
permettent aux propriétaires de valoriser au mieux leurs
investissements de plantation, de régénération et d'obtenir
une plus-value de leur bois. Ces deux opérations
complémentaires ne doivent cependant jamais être
confondues :
• les tailles de formation pratiquées en majorité sur les
feuillus suppriment les fourches et les branches
dangereuses qui se redressent et concurrencent la cime,
pour avoir un tronc droit et vertical de 4 à 8 m selon
l’essence ;
• l’élagage permet, par une coupe des branches vivantes
ou mortes, d’obtenir du bois sans nœuds : il se pratique
sur feuillus et résineux.
Ces interventions doivent être à la fois réfléchies et
réalisées en temps opportun. L’idéal est d’opérer des
TAILLES ET ELAGAGES SELECTIFS (priorité aux arbres
d'avenir à rémunérer lors de la coupe finale), PRECOCES
(cicatrisation plus rapide), PROGRESSIFS (croissance
soutenue et équilibre hormonal) et CORRECTS (sections
nettes, sans arrachement ni écrasement).
Plusieurs autres conclusions d'ordre pratique peuvent
aussi être tirées :
• par le choix d'espèces adaptées à la station et d'origines
recommandées, le sylviculteur peut espérer réduire
considérablement les défauts de conformation ;
• le maintien et l’éducation d'un sous-étage ligneux
d'accompagnement peut favoriser l’élagage naturel des
arbres d’avenir ;
• les cloisonnements culturaux facilitent l’accès aux
arbres et diminuent les coûts d’interventions sylvicoles ;
• chaque type d’intervention appelle l'utilisation d'outils
spécifiques et de techniques efficaces, performantes et
garantes de sécurité.
Centre de développement agroforestier de Chimay asbl
Agroforesterie : taille de formation et élagage