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5 LIVRES 2 6 10 7 1 9 4 8 3 Dix éditeurs romands, dix coups de cœur du printemps 1 Le choix de Jean-Philippe Ayer, Editions de l’Hèbe, Charmey «Coffret», de Jacques Tornay «Il s’appelle Jacques Tornay, il est Valaisan, il est né le même jour que James Joyce, il a l’âme d’un poète et un humour décalé à souhait. Pour fêter ses quarante ans d’écriture (et ses 65 printemps!), les Editions de l’Hèbe ont recueilli en trois volumes ses productions courtes les plus récentes. C’était comme Elvis, L’apprentissage de la rondeur parfaite et L’ombre du chat sur la pelouse vous emmèneront dans un univers pour le moins étonnant.» 2 Le choix d’Andonia Dimitrijevic, Editions L’Age d’Homme, Lausanne «La petite galère», de Sacha Després «La petite maison dans la prairie se réveille au «royaume du béton» et suffoque. Caroline disparaît, Charles s’efface. Les rôles familiaux et sociaux sont bouleversés, l’identité de Laura et Marie est en crise. Elles se construisent à travers leur sexualité, entre innocence et perversion, adoptant les multiples visages de la féminité pour survivre. La violence de cette tragédie n’a d’égale que la beauté de son style incisif qui dépeint avec une poésie crue l’éveil du désir et un besoin d’amour qui, dans cet environnement, nous condamne. Une échappatoire? Votre imagination.» 3 Le choix de Stéphane Bovon, Editions Hélice Hélas, Vevey «Ohrtodhoxes», de Casimir M. Admonk «L’auteur n’a rien fait. Rien. Il arrive nu, debout sur une pirogue. Il serre discrètement un petit ouvrage: Ohrtodhoxes. L’argument, c’est le 66 L’HEBDO 16 AVRIL 2015 titre, sa propre objection. Ohrtodhoxes aime rire, réfute, tord, déjoue, viole. Il cherche la poésie là où elle s’endort, dans le lien commun, làhaut sur la montagne, la femme qui crie, on s’en fout de la femme, c’est juste qu’elle crie. La syntaxe est un puits. Ohrtodhoxes ne finit pas ses phrases, il ne les commence pas non plus, entre deux il efface les traces. La sémantique est linéaire, elle est diffuse et s’imprime comme une grammaire impressionniste, expressionniste, relativiste.» 4 Le choix de Laurence Gudin, Editions de la Baconnière, Genève «Les cartes du boyard Kraïenski», d’André Ourednik «André Ourednik est entré dans le monde littéraire par la poésie et l’essai. Il publie aujourd’hui son premier roman. Son bagage intellectuel est original: il est philosophe et géographe. On entre donc confiant dans un roman qui envoie un jeune chercheur tracer les limites exactes de l’Europe pour obtenir une carte irréprochable. Rapidement, le talent de conteur d’Ourednik prend le dessus et on est malmené, surpris, enchanté.» 5 Le choix de Bernard Campiche, Bernard Campiche Editeur, Orbe «Un lieu sans raison», d’Anne-Claire Decorvet «Cet ouvrage, fondé sur des rapports d’archives, m’a marqué par son approche de l’histoire de la psychiatrie au XXe siècle et la trajectoire incroyable de Marguerite Sirvins (1890-1957), dont la fameuse robe de mariée est exposée à la Collection de l’art brut. Une étude passionnante des rapports étranges entre l’art et la folie. C’est le troisième livre d’Anne-Claire Decorvet, Prix GeorgesNicole 2010 pour En habit de folie. Une auteure remarquable.» seul auteur parmi leur actualité du printemps. Dix plumes nouvelles ou à découvrir, Salon du livre de Genève. ISABELLE FALCONNIER 6 Le choix de Michel Moret, Editions de l’Aire, Vevey «Les angles morts», de David Amherdt «L’éditeur allemand Fischer disait qu’un bon éditeur est celui qui édite des livres que les autres ne veulent pas. Cela voudrait dire que le cœur d’un éditeur bat à un rythme différent. Il s’enthousiasme pour des auteurs inconnus. Ce fut mon cas récemment pour le premier livre de ce jeune professeur de philologie, remarquable par sa concision et sa limpidité. Il décline le thème de la mort. Sur tous les tons, alliant gravité et humour, et ce dans une qualité d’écriture de haute tenue, nous rappelant que la morale est d’abord une question d’esthétisme.» 7 Le choix d’Alexandre Regad, Editions Encre fraîche, Genève «L’enfant de Mers el-Kébir», de Sophie Colliex «Lire ce roman, c’est se plonger dans des pages oubliées de l’histoire de l’Algérie française. Avec ce premier roman lumineux, l’auteure fait revivre de manière convaincante la construction du grand port et les épreuves de la guerre. L’histoire de Michel et de son entourage, écrite avec une grande humanité, se développe dans ce contexte intense. Un mystère plane autour de l’enfant, tandis que ses yeux s’ouvrent sur un monde à la fois dangereux et passionnant.» 8 Le choix de Caroline Couteau, Editions Zoé, Carouge «Les neiges de Damas», d’Aude Seigne «Damas m’a changée», explique Alice. Six ans après un hiver passé dans les sous-sols du Musée national de Damas à répertorier des tablettes sumériennes, elle revient sur cet «hivernage» qui marque son passage à l’âge adulte. J’aime chez Aude Seigne sa douceur et sa précision, sa hardiesse aussi. Elle signe un voyage intérieur qui est une réflexion sur le désir, le doute et sa génération, celle de l’aprèsmur de Berlin. Grâce à Aude, je comprends comment les 20-30 ans voient le monde. Leur agilité à s’en emparer est réjouissante.» 9 Le choix d’Ivan Slatkine,Editions Slatkine, Genève «Au-delà des cerfs-volants. Chroniques d’une étrangère en Chine», d’Emmanuelle Werner Gillioz «En 2010, l’auteure s’installe à Pékin, où son mari est engagé à l’ambassade de Suisse. La Genevoise retrace dans ce premier livre, d’une plume fine et avec un style concis, cette aventure qui durera trois ans: la rencontre avec la Chine, le quotidien d’une famille d’expatriés, les différences culturelles. Sous forme de chroniques, ponctuées de photographies, elle livre le regard d’une étrangère sur la Chine contemporaine. Celui d’une femme, d’une mère, au-delà des préjugés.» 10 Le choix d’Alexandre Correa et de Tristan Donzé, Editions Torticolis, La Chaux-de-Fonds «Twins l’Elu», de Sandy Gauchat «On va publier Sandy Gauchat parce que dans sa trilogie fantastique il y a tout sauf de la prétention: un bel ado se découvre doté de pouvoirs en tombant dans une piscine, soirée trop arrosée. Sandy n’a pas fait d’écoles d’écriture : elle écrit bien. Des centaines de pages qu’on n’a pas envie de lâcher, loin des mots pour se perdre dans le récit de ces frères et sœurs sorciers. On publie Sandy parce qu’elle a compris notre esprit DIY, et parce que rien ne devrait jamais justifier absolument une publication.» ■ 16 AVRIL 2015 L’HEBDO 67 PAULO DE JESUS / DR / YVONNE BÖHLER / SOPHIE MONARI / PHILIPPE PACHE / DR / L’AGE D’HOMME / EDITION SLATKINE Actualité littéraire. «L’Hebdo» a demandé à dix éditeurs romands de choisir un dix rencontres à faire au prochain ■■■ LIVRES La Suisse romande a de nouveau son histoire littéraire Critique. Les Editions Zoé publient une nouvelle édition, en un seul volume, de la mythique «Histoire de la littérature en Suisse romande». Il était temps. ISABELLE FALCONNIER De quatre tomes d’un kilo et demi chacun couvrant le Moyen Age jusqu’à l’année 1998, on est passé à un seul tome de 1728 pages pesant deux petits kilos et allant d’Othon de Grandson jusqu’au décès d’Anne Cuneo, en ce début d’année 2015. Miracle. Grâce à l’infatigable Roger Francillon, ancien professeur de littérature française à l’Université de Zurich, codirecteur des Œuvres complètes de Ramuz chez Slatkine, déjà maître d’œuvre des volumes de l’Histoire de la littérature en Suisse romande parus entre 1996 et 1999 aux Editions Payot Lausanne Nadir, et à la tenace Caroline Coutau, directrice des Editions Zoé, la littérature romande a de nouveau sa carte de visite. Un soir de 2013, lors d’une réunion de la Fondation Ramuz, Roger Francillon, Daniel Maggetti et Sylviane Dupuis se retrouvent à déplorer que, depuis la disparition des Editions Payot Lausanne, les volumes soient introuvables. Ils contactent Caroline Coutau, qui accepte de remettre l’ouvrage sur le métier. «Cela ne pouvait mieux tomber, j’avais aussi ce rêve dans un coin de ma tête!» Un groupe de travail est constitué, composé d’experts comme Daniel Maggetti, directeur du Centre de recherches sur les lettres romandes, Sylviane Dupuis, professeur à Genève, ou Marion Graf, traductrice. Il se réunit tous les deux mois pendant deux CRÉDIT PHOTO/ CRÉDIT PHOTO GRAS / XXXXXX ■■■ ans et recrute des contributeurs parmi la fine fleur des spécialistes en littérature romande, comme Sylvie Jeanneret, Muriel Zeender, Jérôme Meizoz, Isabelle Rüf ou Anne Pitteloud. Au poste stratégique de secrétaire de rédaction, le prometteur Daniel Vuataz succède à Daniel Maggetti. «Un régal, ces réunions! se souvient Caroline Coutau. Les discussions ont été passionnées, articulées, respectueuses.» «Nous nous sommes retrouvés à quatre générations impliquées dans le même projet, s’enthousiasme Roger Francillon. La preuve que ce projet est rassembleur et tient compte de l’évolution des sensibilités!» PLACE AUX ÉCRIVAINS RÉCENTS La matière des trois premiers volumes, soit jusqu’en 1968, est mise à jour et réorganisée suivant l’état des recherches et du savoir sur les auteurs concernés. Le quatrième volume, couvrant les quatre dernières décennies, est en revanche entièrement remanié et rédigé à neuf, permettant notamment de faire de la place à la centaine d’écrivains romands apparus rien qu’entre 1999 et 2014 et de relire cette histoire récente selon des prismes socioculturels adéquats. Le résultat est un objet qui réussit parfaitement le pari du grand écart, à la fois objet de référence pour les milieux de la recherche francophone, carte de visite indispensable pour une région de francophonie coincée entre la Berne fédérale alémanique et l’indifférence d’une France parisiano-centriste et objet de lecture et de culture générale d’accès aisé pour tout un chacun. Quel régal, notamment que les chapitres sur le polar romand par Giuseppe Merrone, l’érotisme indigène signé Francillon lui-même ou les écrivains voyageurs par Anne-Lise Delacrétaz! Prenant acte de la disparition de la revendication, en tant que telle, d’une identité littéraire romande, le chapitre «Littérature et questions d’identité» du précédent volume 4 a été remplacé par un intelligent «Connexion, filiations et transversalités» signé Sylviane Dupuis. «Attention, c’est une histoire et non un dictionnaire», avertissent Caroline Coutau et Roger Francillon. «Nous avons fait des choix, défini des angles et ne prétendons pas à «Histoire de la littérature en l’exhaustivité. Dans quinze ans, il Suisse romande». faudra réviser la chose.» Caroline Dirigé par Roger Coutau réfléchit ainsi, avec la Francillon. Zoé, 1728 p. Bibliothèque universitaire de Vernissage Genève, à la création d’un site web er vendredi 1 mai, permettant une actualisation régu18 h, Salon du livre de Genève, lière autant que des recherches par Apostrophe. mots-clés. ■ MOT CLÉ 10 note neg. Xxxxxx Xxxxx xxxx xxxx xxxx 68 L’HEBDO 16 AVRIL 2015