Family maTTers - VIA Rail Canada

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Family maTTers - VIA Rail Canada
Value-Added ///
Plus-Value ///
Family
Matters
Une affaire
de famille
© Nuno Silva
By/Par Stéphane Champagne
Family companies are as old an idea as business
itself, and they continue to play a crucial role
in the Canadian economy. A look at a type of company that’s drawing more and more attention.
Philippe De Gaspé Beaubien knows more about family companies than most people. In the early 1990s, the former head of
Groupe Télémédia started a foundation with the mission of
studying and supporting entrepreneurial families. He was well
ahead of his time.
“I wanted to work with universities, but they all turned me
down, saying that family businesses weren’t a legitimate area
of study,” explains the businessman, whose career includes
stints as the leader of a 100-station radio network and head of
Canada’s largest publisher of women’s magazines.
Things have changed since then, and there are now several
research centres looking at families in business. Today, Mr.
De Gaspé Beaubien’s Business Family Foundation, which he
co-founded with his wife, Nan-b, has ten offices: five in Canada
and five in Mexico. “Soon we’ll open a centre in Singapore,
and we’ve had enquiries from England, Dubai, Hong Kong, and
India,” says the 83-year-old entrepreneur with evident pride.
It’s a little known fact, but family companies are the heart of
our economy. In Canada, according to Mr. De Gaspé Beaubien,
they make up 90% of all commercial enterprises—everything
from micro-businesses to publicly traded titans. Companies
run by two or more members of a single family help create two
out of every three jobs in Canada. The result: family businesses
are estimated to represent 55% of Canada’s GNP.
Danny Miller, a professor and researcher at HEC Montréal, looks at
things a little differently. He believes 80% of new jobs in Canada
are created by SMEs, of which 75% are family businesses. “A lot
of people will tell you the family model is old-fashioned, and
now we’re in the new-economy era. But we can see the results:
managers stay on for a few years, get rich off other people’s backs,
then leave. It’s a short-term thing. You don’t see that kind of
behaviour in family companies,” says Prof. Miller.
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Continued on page 62
10 antennes, dont 5 au Canada et 5 au Mexique. « Nous allons
bientôt ouvrir un centre à Singapour et nous avons des demandes
de l’Angleterre, de Dubaï, de Hong Kong et de l’Inde », annonce, non
sans fierté, l’entrepreneur aujourd’hui âgé de 83 ans.
Peu de gens s’en doutent, mais les entreprises familiales sont au
cœur de notre économie.
Au Canada, dit M. De Gaspé Beaubien, elles représentent 90 % de
toutes les entreprises commerciales. Cela va de la microentreprise
aux grands donneurs d’ordre inscrits en bourse. Les entreprises
dirigées par deux ou plusieurs membres d’une même famille
contribuent à créer les deux-tiers des emplois au Canada, et donc
à payer les salaires qui s’y rattachent. Bref, on évalue que les
entreprises familiales représentent 55 % du PIB canadien.
Danny Miller, professeur et chercheur à HEC Montréal, croit
plutôt que 80 % des nouveaux emplois au Canada sont créés
dans les PME. Or, 75 % des PME sont des entreprises familiales.
« Beaucoup de gens vous diront que le modèle familial est un
On évalue que les entreprises
familiales représentent 55 % du
PIB canadien.
vieux modèle et que nous sommes aujourd’hui dans la nouvelle
économie. Mais on voit ce que ça donne : les gestionnaires sont
en place pendant quelques années et s’enrichissent sur le
dos des gens avant de quitter leur poste. C’est du court terme.
On ne voit pas ce genre de comportements dans les entreprises
familiales », dit M. Miller.
Les entreprises familiales existent depuis la
nuit des temps et jouent un rôle crucial dans
l’économie canadienne. Portrait d’une réalité qui
attire de plus en plus l’attention.
Philippe De Gaspé Beaubien connaît les entreprises familiales
comme pas un. Autrefois à la tête du Groupe Télémédia, cet
homme d’affaires a mis sur pied, au début des années 1990, une
fondation pour étudier et soutenir les familles dans les affaires.
Il était visiblement en avance sur son époque.
« J’ai voulu m’associer aux universités, mais tout le monde a
décliné mon offre en prétextant que les entreprises familiales, ce
n’était pas un sujet d’études », explique l’entrepreneur qui a été
à la tête d’une centaine de stations de radio et du plus important
éditeur de magazines féminins au Canada.
Les choses ont cependant évolué. Les centres de recherches sur
les familles dans les affaires se sont multipliés. Et aujourd’hui, la
Fondation des familles en affaires (Business Family Foundation),
que M. De Gaspé Beaubien a fondé avec son épouse Nan-B, compte
À ceux qui clament que les entreprises familiales dépassent très
rarement la deuxième génération, le chercheur de HEC a des
nouvelles pour eux : « Les autres types d’entreprises ne durent
même pas une génération », explique Danny Miller qui, avec
sa conjointe Isabelle Breton, a publié le best-seller Managing for
the long Run (Réussir dans la durée). On y apprend les stratégies de
plusieurs entreprises familiales qui ont su traverser le temps.
La doyenne des familles en affaires
Parmi les familles qui bravent les époques, les Molson sont
incontestablement les doyens dans les affaires au Canada. En
2011, la Brasserie Molson-Coors célèbre ses 225 ans. Le brasseur
montréalais a fusionné à parts égales en 2005 avec l’américaine
Coors, qui est dirigée par la famille du même nom depuis cinq
générations.
Selon Geoffrey Molson, membre du conseil d’administration de
Molson-Coors et président du club de hockey des Canadiens de
Montréal, les entreprises familiales jouent certes un rôle dans
leur communauté, mais cela va beaucoup plus loin. « Si vous
demandez à un employé pourquoi il est fier de travailler chez
nous, il répondra qu’il sent qu’il fait partie d’une entreprise
familiale. Il s’identifie à moi et moi à lui », soutient M. Molson.
Il ajoute : « Les résultats financiers sont très importants, mais
quand la famille est impliquée, on peut penser à long terme.
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Suite page 62
© Molson Coors
The Molsons are Canada’s longest-running business family—this year, Molson Coors Brewing is celebrating 225 years in business.
Andrew and Geoffrey Molson are shown here with their father, Eric.
Molson est la plus vieille famille dans les affaires au Canada. En 2011, la Brasserie Molson Coors célèbre ses 225 ans. Ici, Andrew et
Geoffrey avec leur père, Eric Molson.
If you’re inclined to point out that family companies very rarely
survive past the second generation, Prof. Miller has news for
you. “Other types of companies don’t even last one generation,”
notes the co-author (with spouse Isabelle Breton) of the bestselling book Managing for the Long Run, which documents the
strategies used by a number of family businesses to survive and
thrive for multiple generations.
225 years in business!
Among those that break the two-generation barrier, the Molsons
are Canada’s undisputed champs. This year, Molson Coors Brewing is celebrating 225 years in business. In 2005 the Montréal-based
brewery entered a merger of equals with Colorado-based Coors, itself a five-generation family business.
According to Geoffrey Molson, a member of the Molson Coors
board and chairman of the Montréal Canadiens hockey franchise, family companies naturally play an important role in their
communities. But there’s more to it than that, he says. “If you
ask an employee why he’s proud to work for us, he’ll tell you it’s
because he’s a member of a family company. He identifies with
me, and I identify with him,” says Mr. Molson.
He adds: “Financials are very important, but when the family
is involved we have the opportunity to think long-term as well.
That said, it isn’t easy for a Molson to work for the company. A
lot of family members have tried and didn’t cut it. You have to
work just as hard as other people, if not harder. There’s no spe-
cial treatment,” he explains. Like his brothers, Geoffrey Molson
didn’t spend his summers playing golf, but delivering beer to
convenience stores and taverns.
It’s likely that the Molson dynasty will continue on to the eighth
generation: Geoffrey’s son has his sights on a career with the
company. A fact that should give pause to some managers
whose main ambition seems to be to set themselves up with
the best possible golden parachute.
Cela dit, ce n’est pas facile pour un Molson de travailler dans
l’entreprise. Beaucoup de membres de la famille n’ont pas réussi.
Il faut travailler autant, sinon plus, que les autres. Il n’y a pas de
traitements spéciaux », explique Geoffrey Molson qui, à l’instar
de ses frères, n’a pas passé ses étés de jeunesse à jouer au golf,
mais bien à livrer de la bière dans les dépanneurs et les bars !
Bonne nouvelle, le fils de Geoffrey Molson souhaite joindre
l’entreprise familiale, ce qui ferait de lui le digne représentant de
la huitième génération de Molson au sein de la brasserie. De quoi
faire réfléchir certains gestionnaires à la vision étroite pour qui
se préparer un parachute doré est la seule chose qui compte.
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